Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-05-26
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 mai 1870 26 mai 1870
Description : 1870/05/26 (A5,N1498). 1870/05/26 (A5,N1498).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716926z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
1
fg Cent. le numéro.
P
JOURNAL QUOTIDIEN
cent. le numéro.
ftBpNNEMENTS. — Troismols Six mois Un III
Paris & fr. 9 fr. 1.8 fr.
Départements 0 il la
Administrateur: BOURDILLIAT,
6™ année — JliUDI 26 MAI 1870.. — N° 1498
Rédacteur en chef: A. DE BALATIInm-BRA.GRLONKW
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rnoDronot
ADMINISTRATION: 13, quai Voltaire.
PARIS, 25 MAI 1870
LA MENDICITÉ A LYON
II
La troisième catégorie des mendiants
Lyonnais, d'après M. Serrière-Dupré, com-
prend les enfants qui fuient le domicile de
leurs parents ou.les ateliers dans lesquels ils
étaient placés.
On nomme ces petits vagabonds les Re-
nards.
0
Cette classe est la plus importante de tou-
tes. En effet, ceux qui la composent ne sont
pas responsables de leur sort. Chez leurs
parents ils manquaient de pain, ou ils étaient
battus; à l'atelier, ils recevaient une tâche
au-dessus de leurs forces, ou ils avaient
affaire à un mauvais maître. Las de souffrir
de se plaindre en vain, de ne jouir d'aucun
de ces bonnes choses indispensables au pre-
mier âge : le grand air, le soleil, la liberté,
les jeux, ils ont pris la clef des.champs ; ils
ont demandé à l'aventure la satisfaction de
leurs instincts.
Sont-ils coupables? Non, évidemment.
Eh bien! Voyez! Ils vont expier leur fuite
tomme un crime.
Ils sonf cent à Lyon, et l'aumô.ne ne suf-
fit pas toujours à les faire vivre. Aussi y
ajoutent-ils le plus souvent une autre indus-
trie : ils s'organisent par bandes, ils se don-
nent des chefs et ils se partagent la besogne
de voler dans les étalages et les magasins.
L'un suit les mouvements des marchands;
d'autres surveillent la rue; d'autres reçoi-
vent pour l'emporter ce que les voleurs ont
pu prendre.
Certaines de ces bandes comptent dix ou
douze enfants, dont l'aîné a douze ans.
It1.." y a quelques années, fi. la Guillotiôre,
it une b,-tft de de quarante petits vaga-
| boadji qui travaillaient à la détourne.
1 y*ne autre compagnie avait choisi pour
^jB^écialité les jardins; elle arrachait .les clô-
tures, forçait les portes, volait les fruits des
arbres et le linge des armoires.
Sur cent cinquante vagabonds arrêtés,
cinquante au moins sont prévenus d'escro-
querie.
Les juges, défenseurs de la famille et de
la propriété, les condamnent. La loi le veut
ainsi.
Ils vont peupler les colonies pénitentiaires
et les prisons, d'où ils sortent plus mauvais
qu'ils ne l'étaient auparavant.
Un dixième tout au plus s'amende.
Quelques-uns continuent à mendier; ce
qui "était l'accident tourne à l'habitude.
D'autres ^deviennent pisteurs, marchands
de contremarques, colporteurs, saltimban-
ques ; à vingt et un ans, ceux que la cons-
cription ne prend pas se vendent. Le régi,
ment est encore Iii meiIlêltr6 fil1 qu*ils puis-
sent rêver.
Voilà pour les petits garçons.
Faut-il parler des petites nlle°?
A quoi bon? Qui ne sait où mène l'aban-
don dans les grandes villes?...
La 4e catégorie, celle des indigents pro-
prement dits, des infirmes, dés malades, des
pauvres mères chargées de famille, renferme
tout 'au plus la 30° partie des mendiants.
Aussi, envers cette classe, la charité doit c
pouvoir s'exercer sans entrave. Rien de plus d
cruel que la nécessité, de plus triste que
! l'impuissance, de plus digne de sympathie ^
que le malheur.
Reste à se demander si la mendicité est le c
| meilleur moyenne remédier nu mal.
Bien certainement la réponse sera : non. c
c
*
Le résumé du travail de M. Sorrièrc-
Dupré est 'désolant.
Il constate que les cinq sixièmes des mal-
faiteurs ont commencé par être des vaga-
bonds.
Il raconte que chaque année, dans le total
des condamnations correctionnelles, les en-
fants figurent pour un quart.
Ces deux faits, dans leur simple brutalité,
valent tous les discours.
Notre grande préoccupation, la première
de toutes, doit nécessairement être celle-ci ;
Le sort des enfants.
Certains mendiants égaient, par leurs ex-
centricités, ce. sombre tableau.
jfr m
Un indigent était inscrit au bureau de
bienfaisance de la Croix-Rousse. Les mem-
bres du bureau finirent soupçonner que
cet indigent pourrait bien être plus riche
qu'eux. Ils envoient un commissaire de po-
lice aux renseignements, et ce dernier trouve
le mendiant assis devant une table bien ser-
vie, se disposant à attaquer une botte d'as-
perges. Or, les asperges se vendaient alors de
2 fr. 50 à 3 fr. la botte.
Un autre recevait, ses confrères et leurs j
dames. On avait passé la journée fi mendier ;
on employait la nuit à se divertir.On arrêta
ce drôL\—Enfin!—dirent ses voisins — pen-
dant quelque temps nous pourrons dormir 1
Un mendiant aveugle du pont Morand et
du pont du Change subvenait aux besoins et
aux plaisirs de son neveu, un grand garçon
de vingt-huit ans, ro'.uste et bien découplé.
Unifia-apjxa. 1848, des jeunes filles de la
campagne couraient les cafés en montrant,
comme un objet de curiosité, une croix dres-
sée dans une carafe en verre : ces filles men-
diaient pour un repris de justice qui s'était
installé à la Croix-Rousse, où il vivait du tra-
vail de ses amies. Quand on voulut l'arrêter,
il soutint un siégc en règle. Il menait une
vie si douce qu'il fallut une douzaine d'a-
gon ts pour le décider à y renoncer...
Qu'il s'agisse de la mendicité à Paris ou à
Lyon, on ne trouvera pas mieux sur la ma-
tière que l'ordonnance de Moulins (4566),:
Les pauvres de chaque ville, bourg ou village,
seront nourris et entretenus par ceux de la ville}
bourg ou village dont ils seront natifs et habi-
tants, sans qu'ils puissent vaguer et demandât
f aumône ailleurs qu'au lieu duquel ils sont.
Rapatrier les mendiants errants et confier
à chaque commune le soin de ses pauvres
serait en effelle mieux, jusqu'à ce qu'on ait
trouvé le moyen de supprimer la mendicité.
M. Serrière-Dupré conseille la déporta-
tion dans de certains cas.
En fait de déportation, on ne saurait a ci-
me ttre que la déportation à l'intérieur pro-
posée par M. Maxime Du Camp, c'est-à-dire
la colonisa! ion; qui aurait pour résultat de
mettre en valeur les terres incultes de la
France et d'augmenter la richesse du pays.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LIX
S9
Marmouset eut sans doute bientôt fait sa le-
çon à Shoking, car an quart d'heure après,
celui-ci sonnait à la grande porte de Béthleem
îiospital.
Marmouset demeurait au dehors, disant :
— Je vous atteüds.
Quand la porte fut ouverte, Shoking entra
dans la prison.
— Que désirez-vous, monsieur? demanda le
concierge.
— Mon ami, dit Shoking avec humeur,
vous pouvez m'appeler milord.
Le concierge se confondît en excuses.
Puis il renouvela sa question.
-1- Je désire parler au dircteur, dit Shoking.
— Lequel?
— Mais au directeur de Bediam, parbleu!
— C'est que je ferai observer une chose à
Votre Seigneurie.
— Quoi donc?
— Bediam a deux directeurs.
— Ah t fort bien.
— L'un quI se nomme Joseph Bell, esquire.
— Et l'autre?
— Mister Blount.
— Lequel est*Ie plus élevé en grade ?
— Ils sont égaux.
— Ah ! c'est différent. Eh bien ! annoncez-
moi à celui que vous voudrez.
— Je crois que M. John Bell est sorti ; aussi
vais-je conduire milord chez M. Blount.
Et le concierge prit un trousseau de clefs à
sa ceinture et ouvrit la grille "qui séparait le
parloir des corridors intérieur j de la prison.
Shoking traversa plusieurs cours et ensuite
un jardin au milieu duquel s'élevait un pavil-
lon.
C'était l'habitation particulière de l'honora-
ble M. Blount, l'un des directeurs,
Le concierge sonna à la porte.
Un grand laquais vêtu de rouge vint ouvrir'
— Qui annoncerai-je? demanda-t-il quand
le concierge l'eut mis au courant.
— Lord Wilmot, répondit majestueusement
Shoking.
M. Blount était encore à pouper.
On introduisit Shoking au salon et on le
laissa seul quelques minutes..
Ce temps lui suffit .poar s'adresser, en guise
de monologue, la réflexion suivante : .
— Je forai certainement tout ca que Mar-
mouset m'a dit de faire, je dirai tout ce qu'il
m'a chargé de dire, mais, f ji de Shoking et
de loyal Anglais que je suis, je veux être
pendu avec la corde de Tom, que le sacris-
tain m'a donnée, si je comprends quelque chose
à tout cela.
Comme Shoking parlait ainsi en lui-même,
une porte s'ouvrit au fond du salon et M.
Blount entra.
C'était un petit homme un peu obèse, quel-
que peu chauve, brun de peau, la lèvre sou-
riante et charnue, qui, de temps en temps,
métrait à nu de belles dents blanches.
M. Blount était un homme d'environ qua-
rante-huit ?
Lord Wilmot, c'est-à-dire notre ami Sho-
king, qui avait décidément du goût pour les
gran-deurs, lord Wilmot, disons-nous, rendit
avec une dignité parfaite le salut que lui
adressa M. Blount.
Puis il s'excusa de se présenter aussi tard,
et puisa son excuse dans une pressante néces-
si té. 5
— Milord, répondit M. Blount, j'écoute Vo-1"'
tre Seigneurie.
— Mon cher monsieur, dit alors Shcking
sans se départir . d'un petit ton protecteur,
vous voyez en ma personne un homme aussi
malheureux que riche.
— Ah ! vraiment?
Et M. Blount regarda le noble personnage
avec intérêt.
— Je suis veuf de lady Wilmot, née D un-
cas t.rc, poursuivit Shokillg.
M. Blount s'inçUn'J.
— Veuf et sans enfant...
• Ici lord Wilmot soupira.
Puis il reprit :
— Mais j'ai un neveu... un neveu sur lequel
j'avais concentré toutes mes affections.
— Hélas! monsieur, dit charitablement .
M. Blount, en vous voyant ici, j'ai peur de
deviner...
— Vous devinez sûrement, monsieur, mon
neveu a perdu la raison.
— En vérité!
ycir le numéro du i2 juin isod,
1
fg Cent. le numéro.
P
JOURNAL QUOTIDIEN
cent. le numéro.
ftBpNNEMENTS. — Troismols Six mois Un III
Paris & fr. 9 fr. 1.8 fr.
Départements 0 il la
Administrateur: BOURDILLIAT,
6™ année — JliUDI 26 MAI 1870.. — N° 1498
Rédacteur en chef: A. DE BALATIInm-BRA.GRLONKW
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rnoDronot
ADMINISTRATION: 13, quai Voltaire.
PARIS, 25 MAI 1870
LA MENDICITÉ A LYON
II
La troisième catégorie des mendiants
Lyonnais, d'après M. Serrière-Dupré, com-
prend les enfants qui fuient le domicile de
leurs parents ou.les ateliers dans lesquels ils
étaient placés.
On nomme ces petits vagabonds les Re-
nards.
0
Cette classe est la plus importante de tou-
tes. En effet, ceux qui la composent ne sont
pas responsables de leur sort. Chez leurs
parents ils manquaient de pain, ou ils étaient
battus; à l'atelier, ils recevaient une tâche
au-dessus de leurs forces, ou ils avaient
affaire à un mauvais maître. Las de souffrir
de se plaindre en vain, de ne jouir d'aucun
de ces bonnes choses indispensables au pre-
mier âge : le grand air, le soleil, la liberté,
les jeux, ils ont pris la clef des.champs ; ils
ont demandé à l'aventure la satisfaction de
leurs instincts.
Sont-ils coupables? Non, évidemment.
Eh bien! Voyez! Ils vont expier leur fuite
tomme un crime.
Ils sonf cent à Lyon, et l'aumô.ne ne suf-
fit pas toujours à les faire vivre. Aussi y
ajoutent-ils le plus souvent une autre indus-
trie : ils s'organisent par bandes, ils se don-
nent des chefs et ils se partagent la besogne
de voler dans les étalages et les magasins.
L'un suit les mouvements des marchands;
d'autres surveillent la rue; d'autres reçoi-
vent pour l'emporter ce que les voleurs ont
pu prendre.
Certaines de ces bandes comptent dix ou
douze enfants, dont l'aîné a douze ans.
It1.." y a quelques années, fi. la Guillotiôre,
it une b,-tft de de quarante petits vaga-
| boadji qui travaillaient à la détourne.
1 y*ne autre compagnie avait choisi pour
^jB^écialité les jardins; elle arrachait .les clô-
tures, forçait les portes, volait les fruits des
arbres et le linge des armoires.
Sur cent cinquante vagabonds arrêtés,
cinquante au moins sont prévenus d'escro-
querie.
Les juges, défenseurs de la famille et de
la propriété, les condamnent. La loi le veut
ainsi.
Ils vont peupler les colonies pénitentiaires
et les prisons, d'où ils sortent plus mauvais
qu'ils ne l'étaient auparavant.
Un dixième tout au plus s'amende.
Quelques-uns continuent à mendier; ce
qui "était l'accident tourne à l'habitude.
D'autres ^deviennent pisteurs, marchands
de contremarques, colporteurs, saltimban-
ques ; à vingt et un ans, ceux que la cons-
cription ne prend pas se vendent. Le régi,
ment est encore Iii meiIlêltr6 fil1 qu*ils puis-
sent rêver.
Voilà pour les petits garçons.
Faut-il parler des petites nlle°?
A quoi bon? Qui ne sait où mène l'aban-
don dans les grandes villes?...
La 4e catégorie, celle des indigents pro-
prement dits, des infirmes, dés malades, des
pauvres mères chargées de famille, renferme
tout 'au plus la 30° partie des mendiants.
Aussi, envers cette classe, la charité doit c
pouvoir s'exercer sans entrave. Rien de plus d
cruel que la nécessité, de plus triste que
! l'impuissance, de plus digne de sympathie ^
que le malheur.
Reste à se demander si la mendicité est le c
| meilleur moyenne remédier nu mal.
Bien certainement la réponse sera : non. c
c
*
Le résumé du travail de M. Sorrièrc-
Dupré est 'désolant.
Il constate que les cinq sixièmes des mal-
faiteurs ont commencé par être des vaga-
bonds.
Il raconte que chaque année, dans le total
des condamnations correctionnelles, les en-
fants figurent pour un quart.
Ces deux faits, dans leur simple brutalité,
valent tous les discours.
Notre grande préoccupation, la première
de toutes, doit nécessairement être celle-ci ;
Le sort des enfants.
Certains mendiants égaient, par leurs ex-
centricités, ce. sombre tableau.
jfr m
Un indigent était inscrit au bureau de
bienfaisance de la Croix-Rousse. Les mem-
bres du bureau finirent soupçonner que
cet indigent pourrait bien être plus riche
qu'eux. Ils envoient un commissaire de po-
lice aux renseignements, et ce dernier trouve
le mendiant assis devant une table bien ser-
vie, se disposant à attaquer une botte d'as-
perges. Or, les asperges se vendaient alors de
2 fr. 50 à 3 fr. la botte.
Un autre recevait, ses confrères et leurs j
dames. On avait passé la journée fi mendier ;
on employait la nuit à se divertir.On arrêta
ce drôL\—Enfin!—dirent ses voisins — pen-
dant quelque temps nous pourrons dormir 1
Un mendiant aveugle du pont Morand et
du pont du Change subvenait aux besoins et
aux plaisirs de son neveu, un grand garçon
de vingt-huit ans, ro'.uste et bien découplé.
Unifia-apjxa. 1848, des jeunes filles de la
campagne couraient les cafés en montrant,
comme un objet de curiosité, une croix dres-
sée dans une carafe en verre : ces filles men-
diaient pour un repris de justice qui s'était
installé à la Croix-Rousse, où il vivait du tra-
vail de ses amies. Quand on voulut l'arrêter,
il soutint un siégc en règle. Il menait une
vie si douce qu'il fallut une douzaine d'a-
gon ts pour le décider à y renoncer...
Qu'il s'agisse de la mendicité à Paris ou à
Lyon, on ne trouvera pas mieux sur la ma-
tière que l'ordonnance de Moulins (4566),:
Les pauvres de chaque ville, bourg ou village,
seront nourris et entretenus par ceux de la ville}
bourg ou village dont ils seront natifs et habi-
tants, sans qu'ils puissent vaguer et demandât
f aumône ailleurs qu'au lieu duquel ils sont.
Rapatrier les mendiants errants et confier
à chaque commune le soin de ses pauvres
serait en effelle mieux, jusqu'à ce qu'on ait
trouvé le moyen de supprimer la mendicité.
M. Serrière-Dupré conseille la déporta-
tion dans de certains cas.
En fait de déportation, on ne saurait a ci-
me ttre que la déportation à l'intérieur pro-
posée par M. Maxime Du Camp, c'est-à-dire
la colonisa! ion; qui aurait pour résultat de
mettre en valeur les terres incultes de la
France et d'augmenter la richesse du pays.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LIX
S9
Marmouset eut sans doute bientôt fait sa le-
çon à Shoking, car an quart d'heure après,
celui-ci sonnait à la grande porte de Béthleem
îiospital.
Marmouset demeurait au dehors, disant :
— Je vous atteüds.
Quand la porte fut ouverte, Shoking entra
dans la prison.
— Que désirez-vous, monsieur? demanda le
concierge.
— Mon ami, dit Shoking avec humeur,
vous pouvez m'appeler milord.
Le concierge se confondît en excuses.
Puis il renouvela sa question.
-1- Je désire parler au dircteur, dit Shoking.
— Lequel?
— Mais au directeur de Bediam, parbleu!
— C'est que je ferai observer une chose à
Votre Seigneurie.
— Quoi donc?
— Bediam a deux directeurs.
— Ah t fort bien.
— L'un quI se nomme Joseph Bell, esquire.
— Et l'autre?
— Mister Blount.
— Lequel est*Ie plus élevé en grade ?
— Ils sont égaux.
— Ah ! c'est différent. Eh bien ! annoncez-
moi à celui que vous voudrez.
— Je crois que M. John Bell est sorti ; aussi
vais-je conduire milord chez M. Blount.
Et le concierge prit un trousseau de clefs à
sa ceinture et ouvrit la grille "qui séparait le
parloir des corridors intérieur j de la prison.
Shoking traversa plusieurs cours et ensuite
un jardin au milieu duquel s'élevait un pavil-
lon.
C'était l'habitation particulière de l'honora-
ble M. Blount, l'un des directeurs,
Le concierge sonna à la porte.
Un grand laquais vêtu de rouge vint ouvrir'
— Qui annoncerai-je? demanda-t-il quand
le concierge l'eut mis au courant.
— Lord Wilmot, répondit majestueusement
Shoking.
M. Blount était encore à pouper.
On introduisit Shoking au salon et on le
laissa seul quelques minutes..
Ce temps lui suffit .poar s'adresser, en guise
de monologue, la réflexion suivante : .
— Je forai certainement tout ca que Mar-
mouset m'a dit de faire, je dirai tout ce qu'il
m'a chargé de dire, mais, f ji de Shoking et
de loyal Anglais que je suis, je veux être
pendu avec la corde de Tom, que le sacris-
tain m'a donnée, si je comprends quelque chose
à tout cela.
Comme Shoking parlait ainsi en lui-même,
une porte s'ouvrit au fond du salon et M.
Blount entra.
C'était un petit homme un peu obèse, quel-
que peu chauve, brun de peau, la lèvre sou-
riante et charnue, qui, de temps en temps,
métrait à nu de belles dents blanches.
M. Blount était un homme d'environ qua-
rante-huit ?
Lord Wilmot, c'est-à-dire notre ami Sho-
king, qui avait décidément du goût pour les
gran-deurs, lord Wilmot, disons-nous, rendit
avec une dignité parfaite le salut que lui
adressa M. Blount.
Puis il s'excusa de se présenter aussi tard,
et puisa son excuse dans une pressante néces-
si té. 5
— Milord, répondit M. Blount, j'écoute Vo-1"'
tre Seigneurie.
— Mon cher monsieur, dit alors Shcking
sans se départir . d'un petit ton protecteur,
vous voyez en ma personne un homme aussi
malheureux que riche.
— Ah ! vraiment?
Et M. Blount regarda le noble personnage
avec intérêt.
— Je suis veuf de lady Wilmot, née D un-
cas t.rc, poursuivit Shokillg.
M. Blount s'inçUn'J.
— Veuf et sans enfant...
• Ici lord Wilmot soupira.
Puis il reprit :
— Mais j'ai un neveu... un neveu sur lequel
j'avais concentré toutes mes affections.
— Hélas! monsieur, dit charitablement .
M. Blount, en vous voyant ici, j'ai peur de
deviner...
— Vous devinez sûrement, monsieur, mon
neveu a perdu la raison.
— En vérité!
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