Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-05-18
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 mai 1870 18 mai 1870
Description : 1870/05/18 (A5,N1490). 1870/05/18 (A5,N1490).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716918d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro. , Z
5 cent. le numéro.
AJïONNEMENTS. — Trois mois Six mois Un an
Paris 5 fr.* la fr. B8 fr.
Départements 6 ' il SS
Administrateur: BOURDILLIAT.
omo année — MERCREDI 18 MAI 1870; — N° 1490
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER-BEIAGELONNE
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, PUOORONOT
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 17 MAI 1870
COURRIER DE VIENNE
INAUGURATION DE LA STATUE DE DONSARD
C'est beau d'être poëte, de sentir plus vi-
vement que les autres hommes, de trouver
des images et l'éloquence pour rendre ce
qu'on a senti. Mais ce qui est plus beau en-
core. c'est d'être aimé.
Ponsard était aimé à Vienne. Le cœur de
ses compatriotes battait 'à la nouvelle de
quelque chose d'heureux pour lui. On van-
tait ses qualités; on souffrait de ses fautes.
Sa ville natale l'avait choisi pour Benjamin.
Un Viennois allait à Paris porter Lucrèce;
les autres attendaient anxieux, se deman-
dant si l'univers civilisé aurait le mauvais
goût de ne pas acclamer cet enfant du Rhône,
sur le berceau duquel le souffle antique
avait passé.
On illuminait les jours de succès ; on s'at-
tristait les jours de revers. Le jour de la
mort, on prit le deuil.
Dimanche, lorsque le voile qui recouvrait
la statue tomba, vingt mille regards eurent
la fi i m mo de l'immortalité.
Voil\ pourquoi la fête a été belle.
C'est que les écharpes et les collets en-
guirlandés n'y étaient pour rien; c'est qu'en
fait d'uniformes, on ne voyait que ceux des
pompiers; c'est que l'esprit municipal,.ex-
clusif si l'on veut, mais indépendant et fier,
inspirait les discours et les actes ; c'est qu'en-
fin on honorait en famille la mémoire du
membre de la famille le plus grand, le meil-
leur- et le plus regretté.
Dès samedi, le vent apportait des fan-
fares.
Le soir, au théâtre, une grande arLisle,-
Mlle Périga, — secondée par des comédiens
de talent,—MM. Randoux, Martel, Donato,
Mlle Weber, d'autres encore dont je regrette ~
de ne pas me rappeler les noms,—joua
de Méranic.
Les trains du chemin de fer amenaient les
P"' urs du Nord et du Midi réunis dans un
nent commun.
imanchc, les hôtels étaient trop peu
reux, les maisons trop petites, les rues
étroites pour contenir la foule. Et tout
onde arrivait, content d'avoir fait le
;e, les mains tendues, la voix pleine, les
yeux éclairés.
La cérémonie,—le mot ici ne vaut rien,—
la réunion a eu lieu à une heure sur la place
publique, en plein soleil, en plein air libre.
Au fond, le vieil Hôtel-de-Ville dressait son
beffroi; les maisons à arcades, enceinte des
forums, s'étendaient sur les côtés. Les mu-
siciens occupaient une estrade à l'une des
extrémités ; à l'autre s'élevait la tribune des
invités.
Les galeries découvertes de l'Hôtel-de-
Ville et les fenêtres ('es maisons étaient oc-
cupées par des groupes de femmes élégantes
et de beaux enfanLs. Le peuple, c'est-à-dire
l'assemblée des citoyens, se pressait, sans
distinction de places, dans l'immense en-
1 ceinte.
Une Ouverture, une Cantate, une autre
Ouverture, une Ode, un Salut à Vienne, ont
été tour à tour exécutés par les musiques
d'harmonie et les chœurs.
Les paroles de la Cantate étaigi^d'un
Viennois, M. Siméon Gouët, et la musique
d'un autre Viennois, M. Edouard Girerd.
L'Ode avait pour auteur MM. Guillemaud
et Sainjd'Arod. Tous deux sont de Vienne
aussi.
Dans l'intervalle des morceaux, les ora-
teurs prenaient successivement la parole.
On a entendu aussi tour à tour un jeune
conseiller municipal, M. Molard, M. Viol-
lit-Leduc, M. Emile Augier au nom de
l'Académie, M. Francis Ducuing au nom
de la Société des gens de lettres, M.Edouard
Thierry au nom de la Comédie-Française, et
M. Alexandre Laya au .nom du barreau. La
Société des auteurs dramatiques était repré-
sentée par M. Jules Barbier, et la presse
par une douzaine de ses membres les plus 1
spirituels et les plus sympathiques.
Entre les discours, celui de M. Emlle
Augier surtout a produit une impression
profonde. C'est que le petit-fils de Pigault-
Lebrun, cet esprit si français, cette intelli-
gence si nette, cette observation moyenne si
juste et si droite, avait été l'ami 'de Ponsard,
son ami de la première heure, et qu'il avait
trouvé, dans l'émotion de son souvenir, l'é-
motion du vers pour louer en poëte le poëte
endormi dans le tombeau.
Quelques-unes de ses strophes étaient con-
sacrées à la veuve de Ponsard et à son fils.
Tous les regards alors se sont lournés vers
une des fenêtres de l'Hôtel-de-Ville, où la
jeune femme se tenait assise, émue, la tête
blonde de son enfant appuyée contre sa robe
de deuil...
Il y a, à Vienne, un homme qui, par la
franchise de son accueil, la cordialité de sa
bienvenue, rappelle les grands hôteliers du
temps des ducs et des Corporations.
C'est M. Ombry. Aidé par sa femme, sa
fille, une pléïade de serviteurs pareille à une
famille, il a pris à tâche de prouver à tous
les invités du Comité que la renommée
n'avait surfait ni sa province, ni sa ville, ni
sa maison.
La chère était exquise, et les grands vins
du Rhône se succédaient avec une abon-
dance dans le faste dont aucune inaugura-
tion passée ne saurait donner l'idéo.
Les toasts ont été nombreux, chauds, ac-
cueillis avec enthousiasme.
Je les énumère rapidement :
M. Berger, avocat-général à Grenoble, a
bu au nom du comité de Vienne, à la santé
du comité de Paris, des journalistes et des
invités.
M. Moreau-Chaslon a donné un souvenir
aux amis de Ponsard absents.
M. Viollet-Leduc a remercié les Viennois
de leur accueil.
M. Soupé, professeur tt la faculté des let-
tres de Lyon, a lu cles vers d'un sentiment
élevé et d'une forme très-naturelle et très-
vive.
Les deux frères de Mme Ponsard, tous deux
anciens élèves de l'Ecole Polytechnique, j
maintenant ingénieurs, avaient quitté, l'un j
son séjour de Mostaganem, l'autre sa rési- j
dence de Tours, pour venir honorer la mé
moire de Ponsard.
L'aîné, M. Henry Dormoys, a remercié
M. Jules Janin de l'amitié active que le cri.
tiqpe a toujours témoignée au poëte.
M. Edouard Fournier, de la Patrie, a ré-
pondu, en parlant théâtre, avec une verve
qui touchait à l'éloquence.
Un Viennois, M. Ronjat, le frère du seul
peintre qui nous ait donné un portrait de
Ponsard, a bu à M. Geoffroi de Chaume, .
l'auteur de la statue inaugurée.
Enfin, j'ai pris la parole pour dire à-nos
amis de Vienne, à Timon, à Orcel, à Gouët,
à Ronjat, surtout au vénérable M. Bruant,
l'oncle et le second père de Ponsard, com-
bien était solide le lien que la mémoire de
notre cher mort avait créé entre nous...
Il était neuf heures.
Le feu d'artifice succéda au banquet et le
spectacle au feu d'artifice.
Ce soir, Agnès de Méranie avait fait place
à Charlotte Corday, Û. Horace et Lydie, [l
Lucrèce, à un à-propos intitulé : Ponsard et
les deux écoles, œUVL'e d'un jeune poëte vien-
nois, M. Siméon Gouët.
Les artistes étaient Mmes Agar et Tor-, ■
deus, de la Comédie-Française, MUes Julie
Riel, du Vaudeville, et Duret, de l'Odéon,
M. Masset, du Théâtre-Français, etc. Ton;-,
Agar en tête, — la future Charlotte Cord
de Paris, — ont mérité le grand succès qu'ils
ont obtenu.
• Quoi encore? je voudrais tout dire, nom-
mer tout le monde, et j'oublie la moitié des
choses et les deux tiers des gens.Une b'o-
graphie de Ponsard, par M. Paulin Blanc,
i professeur au lycée de Grenoble, s'est ven.
due à trois milles exemplaires en deux
[ jours. A égale distance de l'éloge sans une
1 ombre et de la partialité en mauvaise part,
| impartiale,, bien écrite, cette étude restera
| comme le document le plus précis et le plus
i complet de la vie du poète.
Au revoir, mes amis de Vienne ; votre
ville est de celles oti l'on revient.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LI
Journal d'un fou de Bedlam
CHAPITRE XXXVII
51
— Mais qu'est-il donc arrivé ? demanda
Tom anxieux.
— Un grand malheur, monsieur.
— Quel malheur ?
— M. Simouns est mort.
Tom jeta un cri.
En ce moment un, jeune homme fendit la
foule et s'approcha de Tom.
V oir le numéro du 12 juin 1809,
j Tom le reconnut.
C'était ce même clerc de M. Simouns que le
solicitor avait envoyé, chercher le lieutenant
Percy quelques jours auparavant.
— Ah ! monsieur Tom, dit-il les larmes aux
yeux, quel malheur ! monsieur Tom, quel
m?.1hellr!
Tom était stupidr.
— Mais cela est impossible ! dit-il enfin.
— Oh! je suis comme vous, monsieur; je
ne voulais pas le croire il y a une heure. Mais
je l'ai vu mort, -bien mort...
Et alors le clerc racoma à Tom que M. Si-
mouns était rentré chez lui, la veille au soir
fort bien portant et de joyeuse humeur.
Il avait soupé comme à son habitude et s'é-
tait mis au lit un peu avant minuit.
Le lendemain matin, à huit heures, comme
il tardait à sonner son valet de chambre, Mme
Simouns, inquiète, était allée frapper à sa
porte.
Puis, comme on ne répondait pas, elle était
entrée.
M. Simouns était,couche sur son lit et il
était mort.
Un médecin, appelé en toute hâte,- avait
constaté qu'il venait de succomber à une con-
gestion cérébrale déterminée par une cause in-
connue. •
Tom, pendant le récit du clerc, avait fait t
appel à tout son courage, à toute son énergie.
— Mais, dit-il enfin, c'est bien ici qu'il est
mort?
r
— Non, monsieur, il est mort à son domi-
cile, hors de Londres.
— Alors pourquoi tout ce monde?
— Parce que la justice est ici.
— Et'pourquoi la justice est-elle ici?
— Oh! elle y est depuis ce matin, monsieur.
Il n'y avait pas une heure que la mort de mon
pauvre patron était connue, que les juges sont
arrivas.
— Mais que viennent-ils donc faire?
— Ils viennent apposer les scellés sur les
papiers de M. Simouns.
Cette réponse fut un nouveau coup de fou-
dre pour Tom.
Parmi les papiers de M. Simouns se trouvai;
évidemment la fameuse déclaration du lieute-
nant Percy, visée par l'ambassade d'Angle-
terre à Paris, l'unique pièce au moyen de la-
quelle on pût amener lord Evandale à compo-
sition.
Et Tom connaissait les lenteurs de la justice
anglaise.
Il savait que lorsqu'elle met les scellés sur
quelque chose, ils v restent ions-ternes.
I Il finit par fendre la foule et entrer dans la
| maison sur les pas du clerc.
Le cabinet du solicifor était déjà fermé avec
î des empreintes à la cire.
j Et bien qu'il fût plus de deux heures, lord
! E vandale n'avait poinr-paru.
Tom passa tout le jour à errer dans Pater-
Noster.
Il attendait toujours lord E vandale,
Mais lord E vandale ne parut pas.
Tom é! ai t. fixé.
M. Simouns n'était pas mort de sa bellfc
i mort.
Il avait été frappé par cette main mysté-
rieuse qui avait écrit les lettres faussement at-
tribuées à lord William. ,
Et Tom se trouvait seul désormais en pré- .
sence de pareils adversaires.
Mais, nous l'avons dit, Tom était un hom-
me cie robuste énergie.
Il ne se décourageait jamais complétement,
et il avait la patience des trappeurs du nou-
veau monde.
Il attendit quinze jours, caché avec Betsy, ~
dans un faubourg de Londres.
Un bout de ce temps, l'étude de M. Simouns,
reprit ses travaux.
Ce même clerc qui avait appris à Tom la
mort de son patron fut nommé, par ordon-;
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro. , Z
5 cent. le numéro.
AJïONNEMENTS. — Trois mois Six mois Un an
Paris 5 fr.* la fr. B8 fr.
Départements 6 ' il SS
Administrateur: BOURDILLIAT.
omo année — MERCREDI 18 MAI 1870; — N° 1490
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER-BEIAGELONNE
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, PUOORONOT
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 17 MAI 1870
COURRIER DE VIENNE
INAUGURATION DE LA STATUE DE DONSARD
C'est beau d'être poëte, de sentir plus vi-
vement que les autres hommes, de trouver
des images et l'éloquence pour rendre ce
qu'on a senti. Mais ce qui est plus beau en-
core. c'est d'être aimé.
Ponsard était aimé à Vienne. Le cœur de
ses compatriotes battait 'à la nouvelle de
quelque chose d'heureux pour lui. On van-
tait ses qualités; on souffrait de ses fautes.
Sa ville natale l'avait choisi pour Benjamin.
Un Viennois allait à Paris porter Lucrèce;
les autres attendaient anxieux, se deman-
dant si l'univers civilisé aurait le mauvais
goût de ne pas acclamer cet enfant du Rhône,
sur le berceau duquel le souffle antique
avait passé.
On illuminait les jours de succès ; on s'at-
tristait les jours de revers. Le jour de la
mort, on prit le deuil.
Dimanche, lorsque le voile qui recouvrait
la statue tomba, vingt mille regards eurent
la fi i m mo de l'immortalité.
Voil\ pourquoi la fête a été belle.
C'est que les écharpes et les collets en-
guirlandés n'y étaient pour rien; c'est qu'en
fait d'uniformes, on ne voyait que ceux des
pompiers; c'est que l'esprit municipal,.ex-
clusif si l'on veut, mais indépendant et fier,
inspirait les discours et les actes ; c'est qu'en-
fin on honorait en famille la mémoire du
membre de la famille le plus grand, le meil-
leur- et le plus regretté.
Dès samedi, le vent apportait des fan-
fares.
Le soir, au théâtre, une grande arLisle,-
Mlle Périga, — secondée par des comédiens
de talent,—MM. Randoux, Martel, Donato,
Mlle Weber, d'autres encore dont je regrette ~
de ne pas me rappeler les noms,—joua
de Méranic.
Les trains du chemin de fer amenaient les
P"' urs du Nord et du Midi réunis dans un
nent commun.
imanchc, les hôtels étaient trop peu
reux, les maisons trop petites, les rues
étroites pour contenir la foule. Et tout
onde arrivait, content d'avoir fait le
;e, les mains tendues, la voix pleine, les
yeux éclairés.
La cérémonie,—le mot ici ne vaut rien,—
la réunion a eu lieu à une heure sur la place
publique, en plein soleil, en plein air libre.
Au fond, le vieil Hôtel-de-Ville dressait son
beffroi; les maisons à arcades, enceinte des
forums, s'étendaient sur les côtés. Les mu-
siciens occupaient une estrade à l'une des
extrémités ; à l'autre s'élevait la tribune des
invités.
Les galeries découvertes de l'Hôtel-de-
Ville et les fenêtres ('es maisons étaient oc-
cupées par des groupes de femmes élégantes
et de beaux enfanLs. Le peuple, c'est-à-dire
l'assemblée des citoyens, se pressait, sans
distinction de places, dans l'immense en-
1 ceinte.
Une Ouverture, une Cantate, une autre
Ouverture, une Ode, un Salut à Vienne, ont
été tour à tour exécutés par les musiques
d'harmonie et les chœurs.
Les paroles de la Cantate étaigi^d'un
Viennois, M. Siméon Gouët, et la musique
d'un autre Viennois, M. Edouard Girerd.
L'Ode avait pour auteur MM. Guillemaud
et Sainjd'Arod. Tous deux sont de Vienne
aussi.
Dans l'intervalle des morceaux, les ora-
teurs prenaient successivement la parole.
On a entendu aussi tour à tour un jeune
conseiller municipal, M. Molard, M. Viol-
lit-Leduc, M. Emile Augier au nom de
l'Académie, M. Francis Ducuing au nom
de la Société des gens de lettres, M.Edouard
Thierry au nom de la Comédie-Française, et
M. Alexandre Laya au .nom du barreau. La
Société des auteurs dramatiques était repré-
sentée par M. Jules Barbier, et la presse
par une douzaine de ses membres les plus 1
spirituels et les plus sympathiques.
Entre les discours, celui de M. Emlle
Augier surtout a produit une impression
profonde. C'est que le petit-fils de Pigault-
Lebrun, cet esprit si français, cette intelli-
gence si nette, cette observation moyenne si
juste et si droite, avait été l'ami 'de Ponsard,
son ami de la première heure, et qu'il avait
trouvé, dans l'émotion de son souvenir, l'é-
motion du vers pour louer en poëte le poëte
endormi dans le tombeau.
Quelques-unes de ses strophes étaient con-
sacrées à la veuve de Ponsard et à son fils.
Tous les regards alors se sont lournés vers
une des fenêtres de l'Hôtel-de-Ville, où la
jeune femme se tenait assise, émue, la tête
blonde de son enfant appuyée contre sa robe
de deuil...
Il y a, à Vienne, un homme qui, par la
franchise de son accueil, la cordialité de sa
bienvenue, rappelle les grands hôteliers du
temps des ducs et des Corporations.
C'est M. Ombry. Aidé par sa femme, sa
fille, une pléïade de serviteurs pareille à une
famille, il a pris à tâche de prouver à tous
les invités du Comité que la renommée
n'avait surfait ni sa province, ni sa ville, ni
sa maison.
La chère était exquise, et les grands vins
du Rhône se succédaient avec une abon-
dance dans le faste dont aucune inaugura-
tion passée ne saurait donner l'idéo.
Les toasts ont été nombreux, chauds, ac-
cueillis avec enthousiasme.
Je les énumère rapidement :
M. Berger, avocat-général à Grenoble, a
bu au nom du comité de Vienne, à la santé
du comité de Paris, des journalistes et des
invités.
M. Moreau-Chaslon a donné un souvenir
aux amis de Ponsard absents.
M. Viollet-Leduc a remercié les Viennois
de leur accueil.
M. Soupé, professeur tt la faculté des let-
tres de Lyon, a lu cles vers d'un sentiment
élevé et d'une forme très-naturelle et très-
vive.
Les deux frères de Mme Ponsard, tous deux
anciens élèves de l'Ecole Polytechnique, j
maintenant ingénieurs, avaient quitté, l'un j
son séjour de Mostaganem, l'autre sa rési- j
dence de Tours, pour venir honorer la mé
moire de Ponsard.
L'aîné, M. Henry Dormoys, a remercié
M. Jules Janin de l'amitié active que le cri.
tiqpe a toujours témoignée au poëte.
M. Edouard Fournier, de la Patrie, a ré-
pondu, en parlant théâtre, avec une verve
qui touchait à l'éloquence.
Un Viennois, M. Ronjat, le frère du seul
peintre qui nous ait donné un portrait de
Ponsard, a bu à M. Geoffroi de Chaume, .
l'auteur de la statue inaugurée.
Enfin, j'ai pris la parole pour dire à-nos
amis de Vienne, à Timon, à Orcel, à Gouët,
à Ronjat, surtout au vénérable M. Bruant,
l'oncle et le second père de Ponsard, com-
bien était solide le lien que la mémoire de
notre cher mort avait créé entre nous...
Il était neuf heures.
Le feu d'artifice succéda au banquet et le
spectacle au feu d'artifice.
Ce soir, Agnès de Méranie avait fait place
à Charlotte Corday, Û. Horace et Lydie, [l
Lucrèce, à un à-propos intitulé : Ponsard et
les deux écoles, œUVL'e d'un jeune poëte vien-
nois, M. Siméon Gouët.
Les artistes étaient Mmes Agar et Tor-, ■
deus, de la Comédie-Française, MUes Julie
Riel, du Vaudeville, et Duret, de l'Odéon,
M. Masset, du Théâtre-Français, etc. Ton;-,
Agar en tête, — la future Charlotte Cord
de Paris, — ont mérité le grand succès qu'ils
ont obtenu.
• Quoi encore? je voudrais tout dire, nom-
mer tout le monde, et j'oublie la moitié des
choses et les deux tiers des gens.Une b'o-
graphie de Ponsard, par M. Paulin Blanc,
i professeur au lycée de Grenoble, s'est ven.
due à trois milles exemplaires en deux
[ jours. A égale distance de l'éloge sans une
1 ombre et de la partialité en mauvaise part,
| impartiale,, bien écrite, cette étude restera
| comme le document le plus précis et le plus
i complet de la vie du poète.
Au revoir, mes amis de Vienne ; votre
ville est de celles oti l'on revient.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LI
Journal d'un fou de Bedlam
CHAPITRE XXXVII
51
— Mais qu'est-il donc arrivé ? demanda
Tom anxieux.
— Un grand malheur, monsieur.
— Quel malheur ?
— M. Simouns est mort.
Tom jeta un cri.
En ce moment un, jeune homme fendit la
foule et s'approcha de Tom.
V oir le numéro du 12 juin 1809,
j Tom le reconnut.
C'était ce même clerc de M. Simouns que le
solicitor avait envoyé, chercher le lieutenant
Percy quelques jours auparavant.
— Ah ! monsieur Tom, dit-il les larmes aux
yeux, quel malheur ! monsieur Tom, quel
m?.1hellr!
Tom était stupidr.
— Mais cela est impossible ! dit-il enfin.
— Oh! je suis comme vous, monsieur; je
ne voulais pas le croire il y a une heure. Mais
je l'ai vu mort, -bien mort...
Et alors le clerc racoma à Tom que M. Si-
mouns était rentré chez lui, la veille au soir
fort bien portant et de joyeuse humeur.
Il avait soupé comme à son habitude et s'é-
tait mis au lit un peu avant minuit.
Le lendemain matin, à huit heures, comme
il tardait à sonner son valet de chambre, Mme
Simouns, inquiète, était allée frapper à sa
porte.
Puis, comme on ne répondait pas, elle était
entrée.
M. Simouns était,couche sur son lit et il
était mort.
Un médecin, appelé en toute hâte,- avait
constaté qu'il venait de succomber à une con-
gestion cérébrale déterminée par une cause in-
connue. •
Tom, pendant le récit du clerc, avait fait t
appel à tout son courage, à toute son énergie.
— Mais, dit-il enfin, c'est bien ici qu'il est
mort?
r
— Non, monsieur, il est mort à son domi-
cile, hors de Londres.
— Alors pourquoi tout ce monde?
— Parce que la justice est ici.
— Et'pourquoi la justice est-elle ici?
— Oh! elle y est depuis ce matin, monsieur.
Il n'y avait pas une heure que la mort de mon
pauvre patron était connue, que les juges sont
arrivas.
— Mais que viennent-ils donc faire?
— Ils viennent apposer les scellés sur les
papiers de M. Simouns.
Cette réponse fut un nouveau coup de fou-
dre pour Tom.
Parmi les papiers de M. Simouns se trouvai;
évidemment la fameuse déclaration du lieute-
nant Percy, visée par l'ambassade d'Angle-
terre à Paris, l'unique pièce au moyen de la-
quelle on pût amener lord Evandale à compo-
sition.
Et Tom connaissait les lenteurs de la justice
anglaise.
Il savait que lorsqu'elle met les scellés sur
quelque chose, ils v restent ions-ternes.
I Il finit par fendre la foule et entrer dans la
| maison sur les pas du clerc.
Le cabinet du solicifor était déjà fermé avec
î des empreintes à la cire.
j Et bien qu'il fût plus de deux heures, lord
! E vandale n'avait poinr-paru.
Tom passa tout le jour à errer dans Pater-
Noster.
Il attendait toujours lord E vandale,
Mais lord E vandale ne parut pas.
Tom é! ai t. fixé.
M. Simouns n'était pas mort de sa bellfc
i mort.
Il avait été frappé par cette main mysté-
rieuse qui avait écrit les lettres faussement at-
tribuées à lord William. ,
Et Tom se trouvait seul désormais en pré- .
sence de pareils adversaires.
Mais, nous l'avons dit, Tom était un hom-
me cie robuste énergie.
Il ne se décourageait jamais complétement,
et il avait la patience des trappeurs du nou-
veau monde.
Il attendit quinze jours, caché avec Betsy, ~
dans un faubourg de Londres.
Un bout de ce temps, l'étude de M. Simouns,
reprit ses travaux.
Ce même clerc qui avait appris à Tom la
mort de son patron fut nommé, par ordon-;
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