Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-05-12
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 mai 1870 12 mai 1870
Description : 1870/05/12 (A5,N1484). 1870/05/12 (A5,N1484).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716912x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent. le numéro.
*
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro.'
1
Abonnements. — Troigmois shcmoî» UN ll
Paris & fr. 9 fr. 18 fr. 1
Départements 6 11 28 1
À dministra teur : B o u RD i L LIAT.
ëm9 année — JEUDI 12 MAI 1870, — N" 1484 1
Rédacteur en chef: A. DB Balathibr-Bragklonnh
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rn;3ronat
Administration : 13, quai Voltaire.
LE PLÉBISCITE DE 1870
Voici, moins l'Algérie et quelqi^^^tafefre-'i
ffients de troupes. ZiS* „ • -,-v »i
/s
LE RÉSULTAT DÉFINlflf^
tfu vole, y compris l'arnide et l<^pEriri^?'^^
mm, ..
NO-N
Lire à la fige suivante le tableau complet
des troubles de la nuit dernière.
PARIS, 11 MAI 1879
LA MENDICITÉ A PARIS
II
LES MENDIANTS D'AUTREFOIS
«Toute personne qui aura été trouvée
mendiant dans un lieu pour lequel il existera
un établissement public. afin d'obvier a la
mendicité, sera punie de trois à six mois
d'emprisonnement et sera, après l'expiration
de sa peine, conduite au Dépôt de men-
dicité. »
!
Telle est la loi. i
« — Pauvreté n'est pas vice, » répondent
à la fois le proverbe et la fraternité.
A quoi les observateurs répliquent :
— La loi a cependant raison contre la fra-
ternité et le proverbe, car quatre-vingt-dix-
neuf sur cent de ceux qui mendient n'obéis-
sent pas à un besoin impérieux ; ils exercent
un métier, et vous conviendrez que ce mé-
tier est condamnable au point de vue de la
morale qui flétrit la paresse aussi bien qu'à
celui de l'économie sociale qui prescrit la
production.
Celui qui donne fait bien de donner, car
il peut tomber par hasard sur le centième
mendiant qui ne peut faire autrement que de .
. demander. Mais la législation ne mérite pas
pour cela le reproche de cruauté, car son
point de départ est la règle et ne saurait
"Mge l'exception. 1
mendicité, autrefois, était non-seule-
ixàçTJun métier, mais une institution; elle
, actionnait régulièrement. Lu corporation
^«fes mendiants avait ses coutumes et ses rè-
glements, comme celles des orfèvres et des
tailleurs, par exemple ; elle se groupait autour
d'un chef électif, se maintenait et repoussait
les attaques.
Un chroniqueur, Sauvai, nous a conservé
le nom tïes catégories qui divisaient ce monde
étrange en corps de métiers où l'on n'était
reçu qu'après apprentissage, épreuves et
stage. M. Maxime Du Camp résume cette
curieuse étude au début de son travail :
Le chef suprême des mendiants s'appelait
le Coesre, mot rapporté de l'Orient par les
soldats des croisades et venant du persan
Kosrou, dont les Grecs ont fait Cosroès. Di-
rectement au-dessous , de lui, venaient les
grands officiers de la couronne, les Cagoux,
mandarins lettrés, professeurs d'argot, per-
cepteurs de la taxe imposée à ses sujets, par
le souverain, détenteurs des secrets du mé-
tier, febrieants de l'onguent qui produisait
des plaies hideuses quoique insensibles. Cet
onguent, — dont on connaît à présent la re-
cette, — avait pour buse la petite euphorbe
et l'éclairé qui croît au pied des vieux murs.
L'état-major du Coesre se montrait très-fier
rie ses fonctions, et ses membres disaient vo-
lontiers :
— Nous sommes gens de la petite flambe
ou de la courte épéel
M. Maxime Du Camp continue :
m
« La troupe était plus humble, mais,
comme on va le voir, elle ne manquait point
d'imagination lorsqu'il s'agissait de faire sor-
tir des escarcelles les deniers qu'elle con-
voitait.
a Les orphelins et les enfants, réunis par
groupes de trois ou quatre, s'en allaient par
les rues, grelottants, demi-nus, pleurant et
demandant du pain ; les rifodés, accompa-
gnés de femmes et d'enfants qui étaient à eux
ou à d'autres, montraient des certificats d-
testant que leurs biens avaient été détrui s
par la foudre ; les marcandùrs étaien t des
marchands que l'incendie avaient réduits à.
la misère ; les piètres excellaient à se ficeler
les jambes contre la cuisse et à tratner entre
deux béquilles leurs membres éclop,,)às ; les
malinrreux, jaunes et amaigris, étalaient
leurs plaies factices ; les fr ancl-mitoux, à
l'aide de ligatures, contrariaient si bien le
jeu de leurs veines, qu'ils en tombaient en
syncope; sabouleux se roulaient par terre
avec sauts de carpe et contorsions, ecu matent,
grâce à un morceau de savon placé dans la
bouche, et: feignaient d'être épileptiques,
exactement comme les batteurs de dig-dig que
la police ramasse encore sur nos trottoirs.
« Quelques-uns se donnaient comme une
sorte de. miracle vivant, comme une preuve
de l'excellcàce du culte des saints : lescallots,
qui prétendaient avoir été subitement déli-
vrés de la téigne par un pélerinaga à sainte-
Reine ; les hubains, que l'intercession de
saint Hubert avait guéris de la rage; les
coquillards, qui vendaient des coquilles bé-
nites aux autels de saint Jacques et de saint
Michel.
« D'autres avaient des habitudes spéciales:
les courtau2 de boulange ne' quémandaient
que pendant l'hiver, et les drilles ou narquois,
assez semblables au mendiant de G il filas,
réclamaient l'aumône le chapeau à la main
et l'épée au côté.
« Telle compagnie parcourant -la ville n'é-
tait point rassurante ; on ne paraît pas ce-
pendant s'en être trop effrayé; on s'en amu-
sait même en haut lieu, et Louis XIV ne
dédajgna point de danser en i653 le ballet
de la Nuit, dont l'entrée était la représenta-
ti on de ces fraudes misérables et hon-
teuses. »
- 4
Tous les lieux que les mendiants ont oc-
oupés à Paris et dont on les chassait tour à
tour, se sont appelés la Cour des Miracles.
Le miracle était qu'une fois arrivés là,
ces estropiés et ces mourants retrouvaient
subitement la santé. On voit encore la der-
nière cour des Miracles, au bout du passage
du Caire. C'est aujourd'hui un coin de pro-
vince, calme, presque désert, au centre d'un
des quartiers les plus bruyants de Paris,—
celui des rues Saint-Denis et Montorgueil.
L'enclos Saint-Jean-de-Latran, sur la place
Cambrai, en face du collège de France, était
encore, en 1849, une sorti; de refuge, où se
groupaient lès mendiants de Paris. L'ouver-
tare de la rue des Ecoles, le percement du
boulevard Saint-Germain, ont supprimé cette
dernière forteresse de la mendicité. Ceux
qui l'habitaient se sont dispersés dans
rues voisines, les rues Galande, des Anglais,,
de la Parcheminerie, la CiLé-Dorée, etc., etéV.
Les lois nouvelles, pas plus que les anciens
édits, n ont réussi à en débarrasser la vilîé.'-
Rien de plus curieux, qui caractérise mieux
l'esprit des diverses époques, que les mesures
prises contre les mendiants.
En 1524, on les condamne au fouet et au
bannissement.
En 1525, on leur enjoint de quitter Paris,
sous peine d'être pendus. ;
Plus tard, on décide qu'ils seront em-
ployés à eurer les égouts.
Plus tard encore, en prononce contre eux
la peine des galères.
Un arrêt du Parlement, de 1606, leur in-
flige le fouet en place publique, dit qu'ils
auront la tête rasée et qu'on les marquera
sur l'épaule.
Les mesures préventives succèdent aux
mesures de répression.
Un philanthrope, Jean Douet de Romp-
Croissant, propose d'utiliser les mendiants
en leur imposant un travail rémunéré : ils
balaieront Ips rues, wmme le font aujour-
d'hui les émigrants alsaciens et luxembou*-'
gaoi's, et ils veilleront à la sûreté de: la cip-
culation, — comme le, font nos sergents d-e
ville. "
Les hôpitaux s'établissent sur une grande
échelle.
Au commencement du dix-huitième siè-
cle, Law émet le projet de moraliser Parts,
en lui enlevant ses vagabonds pour les cnç-
voyer coloniser l'Amérique françaipe. Ce
projet, abandonné, repris, fut abandonné 00
nouveau : il amenait des révoltes du peupla
de Paris, qui n'en tendait rien à rAmO ri que
française, et prétendait que les personnes
enlevées étaient tuées pour fournir des baîns
de sang au roi Louis XV.
La Révolution amena les premiers plans
sérieux d'organisation du travail. Un décret
de la Constituante établissait des filatures
pour les femmes et les enfants, des chantiers
de terrassement pour les hommes.
La Rochefoucauld-Liancourt s'écriait à la
tribune : — Si le mendiant dit ;'- « Faites-
moi vivre, » la société répond :—« Donne-mai
ton travail. »
Cette pensée fut celle des déplorables ate-
liers nationaux de -1848. où un travail uni-
forme — accordé à des -gens d'aptitudes di.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XLV
Journal d'un fou de Bedlam
CHAPITRE XXXI
45
Le cigare que le gentleman avait offert à
Tom était sans dou!e imprégné d'un puissant
narcotique, car Tom dormir lourdement du-
rant plusieurs heures.
Quand il revint à lui, il se trouva dans une
obscurité complète.
En même temps, il voulut faire un mouve-
ment et se sentit garrotté. %
On lui avait attaché les jambes et lié les
mains derrière le dos.
Voir le numéro du 12 juin 1859.
Comme ir n'entendait aucun bruit, il en
conclut que le train ne marchait plus.
Mais bientôt, ses yeux commençant à se
faire à l'obscurité, il reconnut qu'il n'était
plus dans le train du chemin de f-r dans le-
quel il s'était endormi.
Où donc était-il ?
Il se mit à crier.
Personne 'ne répondit.
Il essaya de se lever et retomba.
Il était sur un sol humide, dans quelque
cachot sans doute. ^
Cependant ce sol n'était point fait de terre:
Tom devina soudain une parti® de la vérité.
Il était tombé dans un piège, et les gens
qui l'avalent garrotté avaient eu pour but '.::e
le séparer de lord William.
Tom était un homme énergique.
Dans les moments les plus critiques do son
existence, il n'avait jamais perdu complète-
ment la tête.
Tom se mit donc à réfléchir efc cessa de
crier.
A foî«,e de regarder, il lui sembla qu'un
rayon de clarté brillait près:de lui.
C'était comme un filet de lumière passant
au travers d'une fente.
Mais cette clarté s'éteignit.
1 En même temps, il éprouva comme une lé-
gère oscillation.
Tom se retourna sur le dos, et ses mains
liées tâtèrent le sol sur lequel il se irell! 'lait.
Il reconnut un parquet ou du moins un sol
en planches. ■
En même temps aus?i il respira une forte
odeur de goudron.
Puis les oscillations furent plus fortes-.
Alors Tom comprit.
Il était dans la cale d'une embarcation quel-
conque, canut ou navire.
Quelques minutes s'écoulèrent.
Tom entendit tout à coup marcher au-des •
sus de sa tête. -
Eî- le met de lumière reparut.
Des pas pressés se tirent entendre, puis des
voix, puis les oscillations se succédèrent.
Et enfin un dernier bruit lui parvint, qui
ne lui laissa plus le moindre doute sur sa si-
turttion.
Ce bruit, c'était la respiration haletante
d'une machine à vapeur qui se remettait en
mouvement.
Et avec ce bruit le mouvement d'une hélice
se fit tout à coup sentir.
Tom était à bord d'un navire à vapeur, lui
qui s'était endormi daas un wagon ..'le chemin
de fer. '
Où allait ce navire?
.—Tom ne le saviit'pas.
Aux mains de qui était-il tombé?
Il n'aurait pu la dire.
Cependant le nom de lord Evandale vint 1
ses lèvres.
Alors Tom se reprit à crier.
Pendant longtemps on ne lui répondis pas.'
Le navire venait sans doute de lever l'art-
cre, et les matelots, les gens du bord, occupés
à l'appareillas^ n'avait nul souci de lui.
La machine faisait un bruit d'enfer; l'hélice
précipitait ses ruta,ioaï.
Tom criait toujours.
Enfin, les pas qu'il avait déjà entendus re-
tentirent de nouveau.
Cette fois, une porto 3'uuvrit et un Soi de
lumière frappa Tom au \" lSlg'e.
En même temps un ho me lui apparut.
Cet homme portait un chapeau ciré et une
vareuse bleue.
— C'est toi qui fais tout ce vacarme? dit-il
eu regardant Tom.
— Où suis-j'1 ? demanda c'lui-ci. Pourquoi
suis-js lié comme ü-Il ir.alf.uteur ?
! p matelot * e -M" A rire.
— Va te ÚU.llaihLi' a a 'commmdaU, ,hL- U.
\ -
5 cent. le numéro.
*
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro.'
1
Abonnements. — Troigmois shcmoî» UN ll
Paris & fr. 9 fr. 18 fr. 1
Départements 6 11 28 1
À dministra teur : B o u RD i L LIAT.
ëm9 année — JEUDI 12 MAI 1870, — N" 1484 1
Rédacteur en chef: A. DB Balathibr-Bragklonnh
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rn;3ronat
Administration : 13, quai Voltaire.
LE PLÉBISCITE DE 1870
Voici, moins l'Algérie et quelqi^^^tafefre-'i
ffients de troupes. ZiS* „ • -,-v »i
/s
LE RÉSULTAT DÉFINlflf^
tfu vole, y compris l'arnide et l<^pEriri^?'^^
mm, ..
NO-N
Lire à la fige suivante le tableau complet
des troubles de la nuit dernière.
PARIS, 11 MAI 1879
LA MENDICITÉ A PARIS
II
LES MENDIANTS D'AUTREFOIS
«Toute personne qui aura été trouvée
mendiant dans un lieu pour lequel il existera
un établissement public. afin d'obvier a la
mendicité, sera punie de trois à six mois
d'emprisonnement et sera, après l'expiration
de sa peine, conduite au Dépôt de men-
dicité. »
!
Telle est la loi. i
« — Pauvreté n'est pas vice, » répondent
à la fois le proverbe et la fraternité.
A quoi les observateurs répliquent :
— La loi a cependant raison contre la fra-
ternité et le proverbe, car quatre-vingt-dix-
neuf sur cent de ceux qui mendient n'obéis-
sent pas à un besoin impérieux ; ils exercent
un métier, et vous conviendrez que ce mé-
tier est condamnable au point de vue de la
morale qui flétrit la paresse aussi bien qu'à
celui de l'économie sociale qui prescrit la
production.
Celui qui donne fait bien de donner, car
il peut tomber par hasard sur le centième
mendiant qui ne peut faire autrement que de .
. demander. Mais la législation ne mérite pas
pour cela le reproche de cruauté, car son
point de départ est la règle et ne saurait
"Mge l'exception. 1
mendicité, autrefois, était non-seule-
ixàçTJun métier, mais une institution; elle
, actionnait régulièrement. Lu corporation
^«fes mendiants avait ses coutumes et ses rè-
glements, comme celles des orfèvres et des
tailleurs, par exemple ; elle se groupait autour
d'un chef électif, se maintenait et repoussait
les attaques.
Un chroniqueur, Sauvai, nous a conservé
le nom tïes catégories qui divisaient ce monde
étrange en corps de métiers où l'on n'était
reçu qu'après apprentissage, épreuves et
stage. M. Maxime Du Camp résume cette
curieuse étude au début de son travail :
Le chef suprême des mendiants s'appelait
le Coesre, mot rapporté de l'Orient par les
soldats des croisades et venant du persan
Kosrou, dont les Grecs ont fait Cosroès. Di-
rectement au-dessous , de lui, venaient les
grands officiers de la couronne, les Cagoux,
mandarins lettrés, professeurs d'argot, per-
cepteurs de la taxe imposée à ses sujets, par
le souverain, détenteurs des secrets du mé-
tier, febrieants de l'onguent qui produisait
des plaies hideuses quoique insensibles. Cet
onguent, — dont on connaît à présent la re-
cette, — avait pour buse la petite euphorbe
et l'éclairé qui croît au pied des vieux murs.
L'état-major du Coesre se montrait très-fier
rie ses fonctions, et ses membres disaient vo-
lontiers :
— Nous sommes gens de la petite flambe
ou de la courte épéel
M. Maxime Du Camp continue :
m
« La troupe était plus humble, mais,
comme on va le voir, elle ne manquait point
d'imagination lorsqu'il s'agissait de faire sor-
tir des escarcelles les deniers qu'elle con-
voitait.
a Les orphelins et les enfants, réunis par
groupes de trois ou quatre, s'en allaient par
les rues, grelottants, demi-nus, pleurant et
demandant du pain ; les rifodés, accompa-
gnés de femmes et d'enfants qui étaient à eux
ou à d'autres, montraient des certificats d-
testant que leurs biens avaient été détrui s
par la foudre ; les marcandùrs étaien t des
marchands que l'incendie avaient réduits à.
la misère ; les piètres excellaient à se ficeler
les jambes contre la cuisse et à tratner entre
deux béquilles leurs membres éclop,,)às ; les
malinrreux, jaunes et amaigris, étalaient
leurs plaies factices ; les fr ancl-mitoux, à
l'aide de ligatures, contrariaient si bien le
jeu de leurs veines, qu'ils en tombaient en
syncope; sabouleux se roulaient par terre
avec sauts de carpe et contorsions, ecu matent,
grâce à un morceau de savon placé dans la
bouche, et: feignaient d'être épileptiques,
exactement comme les batteurs de dig-dig que
la police ramasse encore sur nos trottoirs.
« Quelques-uns se donnaient comme une
sorte de. miracle vivant, comme une preuve
de l'excellcàce du culte des saints : lescallots,
qui prétendaient avoir été subitement déli-
vrés de la téigne par un pélerinaga à sainte-
Reine ; les hubains, que l'intercession de
saint Hubert avait guéris de la rage; les
coquillards, qui vendaient des coquilles bé-
nites aux autels de saint Jacques et de saint
Michel.
« D'autres avaient des habitudes spéciales:
les courtau2 de boulange ne' quémandaient
que pendant l'hiver, et les drilles ou narquois,
assez semblables au mendiant de G il filas,
réclamaient l'aumône le chapeau à la main
et l'épée au côté.
« Telle compagnie parcourant -la ville n'é-
tait point rassurante ; on ne paraît pas ce-
pendant s'en être trop effrayé; on s'en amu-
sait même en haut lieu, et Louis XIV ne
dédajgna point de danser en i653 le ballet
de la Nuit, dont l'entrée était la représenta-
ti on de ces fraudes misérables et hon-
teuses. »
- 4
Tous les lieux que les mendiants ont oc-
oupés à Paris et dont on les chassait tour à
tour, se sont appelés la Cour des Miracles.
Le miracle était qu'une fois arrivés là,
ces estropiés et ces mourants retrouvaient
subitement la santé. On voit encore la der-
nière cour des Miracles, au bout du passage
du Caire. C'est aujourd'hui un coin de pro-
vince, calme, presque désert, au centre d'un
des quartiers les plus bruyants de Paris,—
celui des rues Saint-Denis et Montorgueil.
L'enclos Saint-Jean-de-Latran, sur la place
Cambrai, en face du collège de France, était
encore, en 1849, une sorti; de refuge, où se
groupaient lès mendiants de Paris. L'ouver-
tare de la rue des Ecoles, le percement du
boulevard Saint-Germain, ont supprimé cette
dernière forteresse de la mendicité. Ceux
qui l'habitaient se sont dispersés dans
rues voisines, les rues Galande, des Anglais,,
de la Parcheminerie, la CiLé-Dorée, etc., etéV.
Les lois nouvelles, pas plus que les anciens
édits, n ont réussi à en débarrasser la vilîé.'-
Rien de plus curieux, qui caractérise mieux
l'esprit des diverses époques, que les mesures
prises contre les mendiants.
En 1524, on les condamne au fouet et au
bannissement.
En 1525, on leur enjoint de quitter Paris,
sous peine d'être pendus. ;
Plus tard, on décide qu'ils seront em-
ployés à eurer les égouts.
Plus tard encore, en prononce contre eux
la peine des galères.
Un arrêt du Parlement, de 1606, leur in-
flige le fouet en place publique, dit qu'ils
auront la tête rasée et qu'on les marquera
sur l'épaule.
Les mesures préventives succèdent aux
mesures de répression.
Un philanthrope, Jean Douet de Romp-
Croissant, propose d'utiliser les mendiants
en leur imposant un travail rémunéré : ils
balaieront Ips rues, wmme le font aujour-
d'hui les émigrants alsaciens et luxembou*-'
gaoi's, et ils veilleront à la sûreté de: la cip-
culation, — comme le, font nos sergents d-e
ville. "
Les hôpitaux s'établissent sur une grande
échelle.
Au commencement du dix-huitième siè-
cle, Law émet le projet de moraliser Parts,
en lui enlevant ses vagabonds pour les cnç-
voyer coloniser l'Amérique françaipe. Ce
projet, abandonné, repris, fut abandonné 00
nouveau : il amenait des révoltes du peupla
de Paris, qui n'en tendait rien à rAmO ri que
française, et prétendait que les personnes
enlevées étaient tuées pour fournir des baîns
de sang au roi Louis XV.
La Révolution amena les premiers plans
sérieux d'organisation du travail. Un décret
de la Constituante établissait des filatures
pour les femmes et les enfants, des chantiers
de terrassement pour les hommes.
La Rochefoucauld-Liancourt s'écriait à la
tribune : — Si le mendiant dit ;'- « Faites-
moi vivre, » la société répond :—« Donne-mai
ton travail. »
Cette pensée fut celle des déplorables ate-
liers nationaux de -1848. où un travail uni-
forme — accordé à des -gens d'aptitudes di.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XLV
Journal d'un fou de Bedlam
CHAPITRE XXXI
45
Le cigare que le gentleman avait offert à
Tom était sans dou!e imprégné d'un puissant
narcotique, car Tom dormir lourdement du-
rant plusieurs heures.
Quand il revint à lui, il se trouva dans une
obscurité complète.
En même temps, il voulut faire un mouve-
ment et se sentit garrotté. %
On lui avait attaché les jambes et lié les
mains derrière le dos.
Voir le numéro du 12 juin 1859.
Comme ir n'entendait aucun bruit, il en
conclut que le train ne marchait plus.
Mais bientôt, ses yeux commençant à se
faire à l'obscurité, il reconnut qu'il n'était
plus dans le train du chemin de f-r dans le-
quel il s'était endormi.
Où donc était-il ?
Il se mit à crier.
Personne 'ne répondit.
Il essaya de se lever et retomba.
Il était sur un sol humide, dans quelque
cachot sans doute. ^
Cependant ce sol n'était point fait de terre:
Tom devina soudain une parti® de la vérité.
Il était tombé dans un piège, et les gens
qui l'avalent garrotté avaient eu pour but '.::e
le séparer de lord William.
Tom était un homme énergique.
Dans les moments les plus critiques do son
existence, il n'avait jamais perdu complète-
ment la tête.
Tom se mit donc à réfléchir efc cessa de
crier.
A foî«,e de regarder, il lui sembla qu'un
rayon de clarté brillait près:de lui.
C'était comme un filet de lumière passant
au travers d'une fente.
Mais cette clarté s'éteignit.
1 En même temps, il éprouva comme une lé-
gère oscillation.
Tom se retourna sur le dos, et ses mains
liées tâtèrent le sol sur lequel il se irell! 'lait.
Il reconnut un parquet ou du moins un sol
en planches. ■
En même temps aus?i il respira une forte
odeur de goudron.
Puis les oscillations furent plus fortes-.
Alors Tom comprit.
Il était dans la cale d'une embarcation quel-
conque, canut ou navire.
Quelques minutes s'écoulèrent.
Tom entendit tout à coup marcher au-des •
sus de sa tête. -
Eî- le met de lumière reparut.
Des pas pressés se tirent entendre, puis des
voix, puis les oscillations se succédèrent.
Et enfin un dernier bruit lui parvint, qui
ne lui laissa plus le moindre doute sur sa si-
turttion.
Ce bruit, c'était la respiration haletante
d'une machine à vapeur qui se remettait en
mouvement.
Et avec ce bruit le mouvement d'une hélice
se fit tout à coup sentir.
Tom était à bord d'un navire à vapeur, lui
qui s'était endormi daas un wagon ..'le chemin
de fer. '
Où allait ce navire?
.—Tom ne le saviit'pas.
Aux mains de qui était-il tombé?
Il n'aurait pu la dire.
Cependant le nom de lord Evandale vint 1
ses lèvres.
Alors Tom se reprit à crier.
Pendant longtemps on ne lui répondis pas.'
Le navire venait sans doute de lever l'art-
cre, et les matelots, les gens du bord, occupés
à l'appareillas^ n'avait nul souci de lui.
La machine faisait un bruit d'enfer; l'hélice
précipitait ses ruta,ioaï.
Tom criait toujours.
Enfin, les pas qu'il avait déjà entendus re-
tentirent de nouveau.
Cette fois, une porto 3'uuvrit et un Soi de
lumière frappa Tom au \" lSlg'e.
En même temps un ho me lui apparut.
Cet homme portait un chapeau ciré et une
vareuse bleue.
— C'est toi qui fais tout ce vacarme? dit-il
eu regardant Tom.
— Où suis-j'1 ? demanda c'lui-ci. Pourquoi
suis-js lié comme ü-Il ir.alf.uteur ?
! p matelot * e -M" A rire.
— Va te ÚU.llaihLi' a a 'commmdaU, ,hL- U.
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