Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-04-10
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 avril 1870 10 avril 1870
Description : 1870/04/10 (A5,N1452). 1870/04/10 (A5,N1452).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716881t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
M. X... était satisfait et enchanté. I
Longlemps après, et alors que la seconde an-
nuité venait d'échoir, M. X... fut surpris de ne
recevoir aucune nouvelle de sa cliente.
Il attendit quelque temps. Même abstention de
la part de Mlle Harrivel, à laquelle il se décida
d'écrire pour lui rappeler l'échéance en question.
La lettre n'amena aucun résultat. L'emprun-
teuse continua de ne pas donner signe de vie.
Très-inquiet, M. X... attendit que l occasion
d'un voyage à Monlilly se présentât.
Le mois dernier, M. X... fut appelé pour un
inventaire dans une maison non loin de Ta de-
meure de Mlle Harrivel.
Il se disposait à se rendre chez cette dernière,
quand il reçut la visite d une dame qu 'il ne con-
naissait pas.
— Pardonnez-moi ma. démarche, monsieur,
dit-elle à M. X..., mais je viens d'apprendre à
l'instant votre arrivée à Montilly et j'accours pour
vous demander l'explication de la singulière let-
tre que j'ai reçue de vous ces temps derniers.
Et elle présenta au notaire la lettre qu'il avait
écrite à Mlle Harrivel..
— Je suis Mlle Harrivel, continua la jeune
dame, et je vois, monsieur, que vous avez été la
dupe d'une habile escroquerie,
M. X... faillit tomber à la renverse. Il eut beau
s'étonner et se frotter les yeux, il dut se rendre à
l'évidence.
Il s'agissait maintenant de mettre la main sur
; la fausse Mlle Harrivel.
L'enquète qui eut lieu à ce sujet amena la dé-
couverte d'une femme du voisinage qui, pressée
; par un besoin d'argent, n'avait rien trouvé de
fmieux que de se rendre à Flers et de se faire pas-
j-ser pour la riche Mlle Harrivel, aux yeux du trop
confiant notaire.
:. La commère sut si bien jouer sa petite comédie,
^que M. X... lui avait donné la réplique avec la
fplus incroyable crédulité.
Pas n'est besoin d'ajouter que l'héroïne de cette
. (histoire est actuellement sous les verrous et qu'elle
¡ comparaîtra aux prochaines assises de l'Orne.
■ Mais la condamnation qui l'attend ne fera pas
I rentrer à l'étude de Fiers les 10,000 francs qui y
lont été si habilement soustraits.
S Et c'est ce qui désole M. X..., lequel, mais un
peu tard, jure aujourd'hui qu'il ne déliera plus
les cordons de sa bourse sans au préalable allez
aux renseignements.
, Pour un notaire joué, voilà un notaire joué!...
AMÉDÉE BLONDEAU.
LA COMPAGNIE FRANÇAISE DES TABACS
Il n'y a certainement qu'une chose au monde qui,
après le vin, a pu changer tout à coup nos habitudes
et nous créer un besoin de première nécessité. Cette
choses, vous le devinez sans doute, c'est cette plante
chétive que fumaient les sauvages découverts par
Colomb.
Le tabac, puisqu'il faut l'appeler par son nom, a été,
lui aussi, critiqué, détesté, calomnié même; il fut un
temps, parait-il, ' où on lui faisait la guerre de telle
sorte, que tout individu qui se permettait de fumer
'était traité aussitôt d'homme qui sentait le tabac, c'est--
à dire do grossier personnage.
Hélas ! ce temps nous reporte d'uti seul coup aux
perruques à frimas, aux jabots de dentelles, aux mar-
quise, voire aux douairières qui n'avaient plus d'a-
mour que pour le musc, les petits chiens et les
pralines.
Aujourd'hui, du haut en bas de l'échelle sociale, il
serait dil'licile de trouver un individu à qui le tabac
ne soit pas nécessaire. C'est à coup sûr la chose utile et
agréable de la génération actuelle.
Soyez-en bien persuadé, le tabac a du bon.
« Quand sa fumée, ondoyante spirale,
« En tournoyant s'envole vers les cieux,
« Tout enivré du parfum qu'elle exhale,
« On suit de l'œil son vol capricieux. »
Et puis, l'on rêve... Eh bien! rêver, rêver douce-
ment, n'est-ce pas un charme? *
Je sais bien qu'un grand penseur a dit: (c Les mau-
vaises habitudes sont plus faciles à prendre et surtout
plus faciles à garder que les bonnes : la preuve, leta-
':bac. Chacun fume, et chacun, cependant, serait très-
embarrassé de répondre, si on demandait le plaisir
que l'on a à faire de sa bouche une sorte de chemi-
née. »
Mais il sera beaucoup pardonné à Chamfort, l'au-
teur de cette mauvaise pensée, parce qu'il raisonnait
'à peu près du tabac comme un aveugle des couleurs.
Mais, du reste, l'histoire nous apprend qu'avant
d'acquérir l'universalité gu'il a conquise, le tabac eût
: ses détracteurs, — peut-être même ses martyrs.
Ainsi, il se trouva des rois et des empereurs pour en
défendre l'usage à leurs sujets sous peine d'avoir le
f liez coupé.
Un pape, Urbain VIII, excommunia les priseurs.
Hélas ! si pareilles choses existaient encore, que de
nez coupés, et que d'excommunications lancées !
Jugez-en par ces chiffres : Depuis 1811 jusqu'à au-
jourd'hui le tabac a produit plus de quatre milliards!
En Angleterre, les droits de consommation perçus
sur cette plante se sont élevés, dans une seule année,
à près de deux cent millions !...
La naturo, heureusement, dota cette plante d'abon-
dantes ressources pour faciliter sa propagation.
' Cependant le tabac a besoin d'un sol à part, presque
spécial ; Il lui faut un terrain frais, substantiel et
¡'bien fumé pour produire de grandes et belles feuilles.
Au mois de mars on le sème, et, un mois et demi
r après la transplantation, on cueille les feuilles mûres,
celles qui commencent à jaunir et à se pencher vers
13, terre. Puis, quand les feuilles avariées ont été netg
toyées, on les enfile pour former des paquets, et ou les
suspend dans des endroits bien aérés afin d'opérer la
riessication.
« On appelle rôle, dit un spécialiste en cette ma-
tière, une certaine quantité de leuilles préparées,
qu'on a fait préalablement crisper au feu et qu'on
roule après à la mécanique, de manière à en former
.une espèce de corde, qu'on coupe ensuite en lames
minces pour en tirer le tabac à fumer. Les ci-gares
consistent à rouler dans un fragment de leutlle une
petite quantité de débris, qu'on lie en les tordant par
un des bouts. Ceux de la Havane sont les meilleurs
et les mieux faits. »
Les cigares et les cigarettes de la. Havane ont une
réputation hors ligne. La preuve, c'est que la Compa-
gnie française des tabacs, fondée au capital de
7,500,000 francs, obtient le plus grand succès. Mats,
à ce sujet, disons en passant, pour rendre hommage à
une institution d'utilité publique, qu'une souscription
de 28,000 obligations hypothécaires, émises à 295 tr. et
remboursables, en vingt ans, à 500 fr., doit être ou-
verte au siège de la Société du 12 au 10 avril prochain.
Quant aux. intérêts, ils sont excellents, et nous le
démontrerons aisément, en racontant ce que sont les
usines de la Honradez, à la Havane:
Que l'on ose prétendre encore, comme on l'a dit à
Londres dernièrement, que le tabac n'est pas entré
dans nos mœurs comme une chose de première néces-
sité. Avec un fonds de roulement de 2,500,000 francs
seulement, les bénéfices nets se sont élevés, en cinq
ans, à plus de quatre millions. Mais où la cunosité va
s'attacher, c'est assurément dans les détails suivants :
Fumeurs, lisez ! *
Les machines que possède la Compagnie française
des tabacs, machines dont elle a seule la. propriété,
doivent fabriquer, au minimum, en dix heures,7,000 ci-
garettes; or, elle en produit 10,500. Si l'on suppose
1,200 machines (l'usine de la. Compagnie à Saint-Sé-
bastien, en Espagne, en emploiera à elle seule 7 50), (a-
bricant, par dix heures de travail, chacune 7,000 ciga-
rettes, on arrivera à un total par jour'" de 8,400,000!
Or, les bénéfices par mil1e sont ail moins de 1 fr. 50 !
Jugez...
Et cela, rien que pour des cigarettes' Que pensez-
vous d'une telle consommation. Huis que penseriez-
vous surtout, s'il se trouvait, aujourd'hui encore, des
tyrans pour condamner les fumeurs à avoir le nez
coupé?
Je crois, et vous le croyez peut-être aussi, que la
plupart des hommes seraient, privés de cette partie la
plus saillante d Il visage...
Heureusement, nous n'en sommes pas là.
C. E.
INCENDIE DANS UNE ÉCOLE
On écrit d'Anvers, 4 avril :
Hier, vers midi, un bruit sinistre se répandit en
ville : dans une salle, à Berchem, le feu avait pris à la
robe d'une communiante et s'était communiqué à cel-
les de sec compagnes. Plusieurs jeunes filles auraient
été brûlées vives, d'autres rôties, bref, une affreuse
catastrophe. Ces rumeurs nous étaient éclatement par-
venues, mais, ne voulant en parler qu'à bon escient,
nous avons attendu des renseignements précis et voici
ce que nous avons appris :
Environ soixante-dix à quatre-vingts enfants de-
vaient faire hier leur première communion à Ber-
chem, et M. Van de Velde, curé de celte commune,
avait prié ces enfants de se réunir vers huit heures
dans le local de la congrégation, nouvellement cons-
truit rue de la Paix, dans la commune susdite.
Deux salles avaient été préparées à cet effet, une
pour les filles et une autre pour les garçons. Dans la
première, on avait allumé un calorifère parce qu'on
craignait que, â cause de la récente construction du
local, les enfants n'eussent froid.
M. le curé était arrivé le premier et recevait les
communiants. Les filles en entrant furent conduites
dans une salle à gauche et les garçons dans une
autre à droite. Les portes étaient toutes grandes ou-
vertes, garçons et filles pouvaient se voir de loin. M.
le curé se promenait de long en large tout en causant
avec les enfants, qui étaient très-gais; il pria en mème
temps les filles de ne pas trop s'approcher du poêle,
de peur de se brûler ou de gâter leur toilette.
Enfin, l'heure de se rendre à l'église sonna et M. Van
de Velde quitta un instant les filles pour aller placer
en rang les garçons. A peine fut-il entré qu'il entend
les cris : Au feu! au feu! sortir du compartiment qu'il
venait de quitter. Il se retourne, et voit la salle des
filles tout en flammes. D'un bond, il s'élance, pousse
les petites hors du local, et étouffe lui-même autant
qu'il peut, l'incendie.
Naturellement, cet accident jeta un grand désordre
parmi les enfants, qui, saisis d'une terreur panique,
s'enfuient dans la l'ne, les vêtements en flammes, criant
au secours et se bousculant les uns sur les autres.
Heureusement, les témoins de l'accident ne perdi-
rent pas leur sang-froid et se précipitèrent sur les pe-
tites filles dont les robes avaient pris feu. Ils parvin-
rent à le maîtriser en quelques secondes. Quelques-
unes avaient eu leur toilette gâtée sans avoir reçu
toutefois des brûlures, et seulement la fille Hellings a
été brûlée aux bras et au cou plus ou moins grave-
ment. Le docteur Schobbens est arrivé immédiate-
ment sur les lieux et a soigné la blessée.
Il n'y a, du reste, rien à craindre pour la vie de'
l'enfant, et on pense que dans huit à dix jours elle
sera guérie. Toutes les autres en ont été quittes pour
la peur.
' Les premiers moments d'épouvante passés, les en-
fants ont fait leur première communion, à l'exception
de deux, la fille Hellings et une autre dont les habits
avaient été endommagés.
La première cause de cet accident, qui aurait pu
avoir les suites les plus graves, est attribuée à l'impru-
dence d'une petite fille qui s'était trop approchée du
calorifère et dont la robe avait pris feu. Cette enfant,
en voulant s'enfuir, a communiqué le feu aux habil-
lements de ses camarades. L'incendie a à peine duré
une minute, mais un instant les flammes ont atteint
deux mètres de hauteur.
Le local n'a pas subi de dégâts.
DRAMES JUDICIAIRES
30 ANS
DE
LA VIE D'UN CONDAMNÉ(1)
DEUXIEME PARTIE
XIII
Les idées de Mathéus.
— Voici, dit Mathéus. Ce sera court, mais subs-
tantiel ; vous n'êtes pas sans savoir, n'est-ce pas, t
que Mlle de Lignières est depuis quelque temps
étroitement liée auec Mlle Pauline Duprat.
— Je sais cela.
— Bon!... Cette liaison est née du malheur
même qui a frappé Mlle Hélène, et quant un cœur
est brisé, on prétend qu'il laisse plus volontiers
échapper ses secrets. g
I — Après?... après?...
— Selon toute vraisemblance, Mlle Duprat a f
confié à Mlle de Lignières l'amour qu'elle porte j
au duc de Sorrente; elle lui a raconté tous les
obstacles que le monde élevait entre elle et son
fiancé, les 'calomnies que l'on répandait sur son è
compte... et j'estime que je n'ai pas dù être épar- i
gné clans ces confidences.
— Pourquoi cela ?
— Ah! pourquoi? C'est indiqué, cependant. 1
Moi, je suis l'ennemi du duc, et le propre des na-
tures dévouées, c'est de deviner d'instinct ceux
qui leur sont hostiles ou dangereux.
— Eh bîen ? ;
— Eh bien ! suivez la logique de mon raison-
nement : Mlle Duprat flaire en moi un redoutable 1
adversaire ; elle me fait surveiller et elle apprend
par ce Lamblin, qu'elle soudoie, que j'attends des =
papiers qui peuvent compromettre le duc. <
— Et vous croyez....
— Je crois ce qui m'est prouvé. Lamblin va
prendre dans la maison même où habite Benoît
une chambre où il reçoit une femme voilée et d'où
il peut suivre tout ce qui se passe chez son voisin.
Un jour, il est question des documents, il s'en
empare, et, alléché par la récompense promise, il
les porte à Mlle Duprat. Est-ce clair?
— Ainsi, vous supposez....
— Je ne suppose pas, je constate. C'est formel .
comme un procès-verbal.
— Mais ces documents vont apprendre à Hé-
lène toute la vérité; elle sait maintenant que son
fiancé est un misérable.
Mathéus hocha la tête avec incrédulité.
— Vous êies jeune, monsieur Gaston, répondit-
il, et vous ne connaissez pas encore ces abîmes
que l'on nomme le cœur d'une femme ! Mlle Du-
prat aime, entendez-vous ? Elle aime avec un
complet oubli d'elle-même et des autres; et, si je
ne me trompe, savez-vous ce qu'elle va faire des
documer..' précieux qui viennent de lui être
remis ?
— Quoi Sjtîc?
— Elle les brûlera.
— Ah ! vous la calomniez!...
— Non ! mille fois non ! Elle les brûlera sans
les lire, ou, si elle les lit, elle n'y croira pas ; elle
aime trop pour ne pas chercher à avoir raison
contre ceux qui blâment son amour, et il n'y a
pas une femme qui, dans sa situation, ne ferait
ce qu'elle va faire.
Gaston garda le silence.
Ce qui se passait en lui serait bien difficile à
expliquer; au fond de son cœur, il ne pouvait se
dissimuler que Mathéus raisonnait juste, mais tout
son être se révoltait à la pensée de cet amour in-
sensé qu'Hélène éprouvait pour un autre, quand
lui, eût donné tout son sang pour l'inspirer.
— Ce que vous dites là est horrible, reprit-il au
bout d'un instant, mais je me vois contraint d'a-
vouer que vous avez peut-être touché juste.
— N'est-ce pas ?
— Et dans cette hypothèse, que pensez-vous
qu'il y ait à faire?
— Rien !
— Ainsi, nous assisterons tranquillement au
mariage de Mlle Duprat avec ce misérable ?
— Connaissez-vous un moyen de l'empêcher?
— Je le tuerai.
— Vous avez essayé une fois... et vous avez
manqué le coup... il ne faut pas recommencer.
— Eh bien ! je verrai Geneviève, je lui dirai
tout, à elle, et si elle a une influence réelle sur
son amie, peut-être parviendra-t-elle ?
— Ça, c'est une idée.
— Vous me le conseillez.
— Faute de mieux.
— En ce cas, je vais y retourner.
Et déjà Gaston se disposait à s'éloigner. Ma-
théus le retint par le bras.
— Qu'est-ce donc ? fit le jeune homme. ¡
— Ecoutez, dit Mathéus.
; — Qu'entendez-vous ?
— On vient, c'est Lamblin sans doute, nous
. allons voir.
t — Il faut l'arrêter,,
5 — A quoi bon? Lamb1in n'avouera rien, et les
pièces qu'il m'a soustraites ne sont pas en sa pos-
1 session.
Les deux hommes se turent.
1 On entendait un bruit de pas qui se rapprochait
; d'instant en instant.
i Goston se pencha et regarda à travers l'ombre.
t La lune glissait quelques pâles rayons sous les
arbres.
(1) Voir le numéro d'hier.
?Tn homme passa, et Gaston le reconnut.
-- C'est lui !" murmura-t-il à l'oreille de Ma-
théus. ' '
— Parbleu ! fit ce dernier. „
— Il est stupide de le laisser s'éloigner ainsi,
— Que voulez-vous faire?
— J'ai une idée.
— N'allez rien compromettre, au moins.
— Je vous le promets.
— Vous voulez lui parler? y
— A demain, venez me voir, et je vous dirai,
ce que j'aurai obtenu de lui. 4
Lamblin, pendant l'échange de ces quelques j
mots, était arrivé à la petite porte, qu'il avait ou-:
verte et dont iq venait de franchir le seuil. !
Gaston fut presque en même temps que lui
dans la rue; il lui frappa sur l'épaule en l'appe-'
lant par son nom.
Lamblin se retourna.
— Est-ce à moi que vous en voulez? demanda-
t-il d'un ton où on sentait poindre une menace.
— Oui, mon brave, repondit Gaston.
— Que"voulez-vous?
— J'ai quelques mots à vous dire.
— A quel propos?
— Vous sortez de l'hôtal du général ?
— Puisque vous m'avez vu, j'aurais mauvaise
gràce à le nier.
— Cependant poursuivit Gaston, l'hôtel a été
fouillé dans tous les sens, et l'on ne vous y a
point trouvé.
— Eh bien?
— Eh bien ! n'êtes-vous pas curieux de savoir
à quelle intervention vous devez de n'avoir point
été découvert?
— Qu'est-ce que cela me fait?
— On aime quelquefois à connaitre ceux qui
nous ont rendu service.
— Pourquoi ? >g>
— Pour leur en être reconnaissant.
Lamblin regarda curieusement celui qui lui
parlait. «
— Ah ça ! dit-il, qu'est-ce que vous me narrez
là? C'est donc vous?...
-— C'est moi qui ai empêché Mathéus de péné-
1rer dans la chambre de Mlle de Lignières, et, en
échange de ce que j'ai fait pour vous, je viens
vous demander un service.
— A moi?
— A vous !
Lamblin fit un geste d'étonnement.
PIERRE ZACCONE.
(La suite à demain.)
LE TRÉSOR DU FOYER
HYGIÈNE
Voici venir l'été et ..son cortège de maladies, dont
l'origine est toujours un manque de précautions hy-
giéniques. Suivez avec soin la prescription du dicton
campagnard qui dit naïvement :
Attention, gars, pendant avril
Ne te découvre pas d'un fil.
Nous vivons dans un siècle de progrès où l'hygiène
est mise à la portée de tous. — Riches et artisans peu-
vent éviter les indispositions que nous amène la per-
fide saison, en faisant usage de la précieuse flanelle
de santé préparée par le docteur Bourdonnay, 12, bou-
levard Saint-Martin, dont la réputation est mainte-
nant universelle. Surtout, n'allez pas croire que ce
bienfaisant produit soit d'un prix élevé, il est à la
portée de tous.
UN CONSEIL PAR JOUR
La morgue, apanage de l'orgueil, n'est qu'une
I singerie de la dignité.
SANIAL-DUBAY.
LIBRAIRIE — SCIENCES — ARTS — AGRICULTURE
Histoire d'un Paysan (la Révolution française ra-
contée par îtn paysan), par Erckmann-Chatiuan, 120
beaux dessins, par Tri. Schuler :
lre partie : Les Etats-Gînéraux, 1789 ; — 2e partie :
La Patrie en danger, 1792, — trois séries parues à
1 fr. 10. — Prix : 3 fr. 20. — 3e partie en cours de
publication : L'an I de la Républiq'/:w, 1793 ; — 4e par-
tie : Le citoyen Bonaparte, 1794 à 1815 ; formeront
30 livraisons illustrées à 10 c., soit 3 séries à 1 fr. 10.
— 3 fr. 20. >
L'ouvrage complet illustré (6 séries) coûtera 6 fr.
broché. — J. HETZEL, 18, rue Jacob.
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belles, par Jules Frey 1 fr.
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GUÉRIN, r. Rivoli, 89,1 h. à3 h. Traitementpar corresp.
*********
L , . , Typographie JANNIN, quai VoUaira, 12*
Longlemps après, et alors que la seconde an-
nuité venait d'échoir, M. X... fut surpris de ne
recevoir aucune nouvelle de sa cliente.
Il attendit quelque temps. Même abstention de
la part de Mlle Harrivel, à laquelle il se décida
d'écrire pour lui rappeler l'échéance en question.
La lettre n'amena aucun résultat. L'emprun-
teuse continua de ne pas donner signe de vie.
Très-inquiet, M. X... attendit que l occasion
d'un voyage à Monlilly se présentât.
Le mois dernier, M. X... fut appelé pour un
inventaire dans une maison non loin de Ta de-
meure de Mlle Harrivel.
Il se disposait à se rendre chez cette dernière,
quand il reçut la visite d une dame qu 'il ne con-
naissait pas.
— Pardonnez-moi ma. démarche, monsieur,
dit-elle à M. X..., mais je viens d'apprendre à
l'instant votre arrivée à Montilly et j'accours pour
vous demander l'explication de la singulière let-
tre que j'ai reçue de vous ces temps derniers.
Et elle présenta au notaire la lettre qu'il avait
écrite à Mlle Harrivel..
— Je suis Mlle Harrivel, continua la jeune
dame, et je vois, monsieur, que vous avez été la
dupe d'une habile escroquerie,
M. X... faillit tomber à la renverse. Il eut beau
s'étonner et se frotter les yeux, il dut se rendre à
l'évidence.
Il s'agissait maintenant de mettre la main sur
; la fausse Mlle Harrivel.
L'enquète qui eut lieu à ce sujet amena la dé-
couverte d'une femme du voisinage qui, pressée
; par un besoin d'argent, n'avait rien trouvé de
fmieux que de se rendre à Flers et de se faire pas-
j-ser pour la riche Mlle Harrivel, aux yeux du trop
confiant notaire.
:. La commère sut si bien jouer sa petite comédie,
^que M. X... lui avait donné la réplique avec la
fplus incroyable crédulité.
Pas n'est besoin d'ajouter que l'héroïne de cette
. (histoire est actuellement sous les verrous et qu'elle
¡ comparaîtra aux prochaines assises de l'Orne.
■ Mais la condamnation qui l'attend ne fera pas
I rentrer à l'étude de Fiers les 10,000 francs qui y
lont été si habilement soustraits.
S Et c'est ce qui désole M. X..., lequel, mais un
peu tard, jure aujourd'hui qu'il ne déliera plus
les cordons de sa bourse sans au préalable allez
aux renseignements.
, Pour un notaire joué, voilà un notaire joué!...
AMÉDÉE BLONDEAU.
LA COMPAGNIE FRANÇAISE DES TABACS
Il n'y a certainement qu'une chose au monde qui,
après le vin, a pu changer tout à coup nos habitudes
et nous créer un besoin de première nécessité. Cette
choses, vous le devinez sans doute, c'est cette plante
chétive que fumaient les sauvages découverts par
Colomb.
Le tabac, puisqu'il faut l'appeler par son nom, a été,
lui aussi, critiqué, détesté, calomnié même; il fut un
temps, parait-il, ' où on lui faisait la guerre de telle
sorte, que tout individu qui se permettait de fumer
'était traité aussitôt d'homme qui sentait le tabac, c'est--
à dire do grossier personnage.
Hélas ! ce temps nous reporte d'uti seul coup aux
perruques à frimas, aux jabots de dentelles, aux mar-
quise, voire aux douairières qui n'avaient plus d'a-
mour que pour le musc, les petits chiens et les
pralines.
Aujourd'hui, du haut en bas de l'échelle sociale, il
serait dil'licile de trouver un individu à qui le tabac
ne soit pas nécessaire. C'est à coup sûr la chose utile et
agréable de la génération actuelle.
Soyez-en bien persuadé, le tabac a du bon.
« Quand sa fumée, ondoyante spirale,
« En tournoyant s'envole vers les cieux,
« Tout enivré du parfum qu'elle exhale,
« On suit de l'œil son vol capricieux. »
Et puis, l'on rêve... Eh bien! rêver, rêver douce-
ment, n'est-ce pas un charme? *
Je sais bien qu'un grand penseur a dit: (c Les mau-
vaises habitudes sont plus faciles à prendre et surtout
plus faciles à garder que les bonnes : la preuve, leta-
':bac. Chacun fume, et chacun, cependant, serait très-
embarrassé de répondre, si on demandait le plaisir
que l'on a à faire de sa bouche une sorte de chemi-
née. »
Mais il sera beaucoup pardonné à Chamfort, l'au-
teur de cette mauvaise pensée, parce qu'il raisonnait
'à peu près du tabac comme un aveugle des couleurs.
Mais, du reste, l'histoire nous apprend qu'avant
d'acquérir l'universalité gu'il a conquise, le tabac eût
: ses détracteurs, — peut-être même ses martyrs.
Ainsi, il se trouva des rois et des empereurs pour en
défendre l'usage à leurs sujets sous peine d'avoir le
f liez coupé.
Un pape, Urbain VIII, excommunia les priseurs.
Hélas ! si pareilles choses existaient encore, que de
nez coupés, et que d'excommunications lancées !
Jugez-en par ces chiffres : Depuis 1811 jusqu'à au-
jourd'hui le tabac a produit plus de quatre milliards!
En Angleterre, les droits de consommation perçus
sur cette plante se sont élevés, dans une seule année,
à près de deux cent millions !...
La naturo, heureusement, dota cette plante d'abon-
dantes ressources pour faciliter sa propagation.
' Cependant le tabac a besoin d'un sol à part, presque
spécial ; Il lui faut un terrain frais, substantiel et
¡'bien fumé pour produire de grandes et belles feuilles.
Au mois de mars on le sème, et, un mois et demi
r après la transplantation, on cueille les feuilles mûres,
celles qui commencent à jaunir et à se pencher vers
13, terre. Puis, quand les feuilles avariées ont été netg
toyées, on les enfile pour former des paquets, et ou les
suspend dans des endroits bien aérés afin d'opérer la
riessication.
« On appelle rôle, dit un spécialiste en cette ma-
tière, une certaine quantité de leuilles préparées,
qu'on a fait préalablement crisper au feu et qu'on
roule après à la mécanique, de manière à en former
.une espèce de corde, qu'on coupe ensuite en lames
minces pour en tirer le tabac à fumer. Les ci-gares
consistent à rouler dans un fragment de leutlle une
petite quantité de débris, qu'on lie en les tordant par
un des bouts. Ceux de la Havane sont les meilleurs
et les mieux faits. »
Les cigares et les cigarettes de la. Havane ont une
réputation hors ligne. La preuve, c'est que la Compa-
gnie française des tabacs, fondée au capital de
7,500,000 francs, obtient le plus grand succès. Mats,
à ce sujet, disons en passant, pour rendre hommage à
une institution d'utilité publique, qu'une souscription
de 28,000 obligations hypothécaires, émises à 295 tr. et
remboursables, en vingt ans, à 500 fr., doit être ou-
verte au siège de la Société du 12 au 10 avril prochain.
Quant aux. intérêts, ils sont excellents, et nous le
démontrerons aisément, en racontant ce que sont les
usines de la Honradez, à la Havane:
Que l'on ose prétendre encore, comme on l'a dit à
Londres dernièrement, que le tabac n'est pas entré
dans nos mœurs comme une chose de première néces-
sité. Avec un fonds de roulement de 2,500,000 francs
seulement, les bénéfices nets se sont élevés, en cinq
ans, à plus de quatre millions. Mais où la cunosité va
s'attacher, c'est assurément dans les détails suivants :
Fumeurs, lisez ! *
Les machines que possède la Compagnie française
des tabacs, machines dont elle a seule la. propriété,
doivent fabriquer, au minimum, en dix heures,7,000 ci-
garettes; or, elle en produit 10,500. Si l'on suppose
1,200 machines (l'usine de la. Compagnie à Saint-Sé-
bastien, en Espagne, en emploiera à elle seule 7 50), (a-
bricant, par dix heures de travail, chacune 7,000 ciga-
rettes, on arrivera à un total par jour'" de 8,400,000!
Or, les bénéfices par mil1e sont ail moins de 1 fr. 50 !
Jugez...
Et cela, rien que pour des cigarettes' Que pensez-
vous d'une telle consommation. Huis que penseriez-
vous surtout, s'il se trouvait, aujourd'hui encore, des
tyrans pour condamner les fumeurs à avoir le nez
coupé?
Je crois, et vous le croyez peut-être aussi, que la
plupart des hommes seraient, privés de cette partie la
plus saillante d Il visage...
Heureusement, nous n'en sommes pas là.
C. E.
INCENDIE DANS UNE ÉCOLE
On écrit d'Anvers, 4 avril :
Hier, vers midi, un bruit sinistre se répandit en
ville : dans une salle, à Berchem, le feu avait pris à la
robe d'une communiante et s'était communiqué à cel-
les de sec compagnes. Plusieurs jeunes filles auraient
été brûlées vives, d'autres rôties, bref, une affreuse
catastrophe. Ces rumeurs nous étaient éclatement par-
venues, mais, ne voulant en parler qu'à bon escient,
nous avons attendu des renseignements précis et voici
ce que nous avons appris :
Environ soixante-dix à quatre-vingts enfants de-
vaient faire hier leur première communion à Ber-
chem, et M. Van de Velde, curé de celte commune,
avait prié ces enfants de se réunir vers huit heures
dans le local de la congrégation, nouvellement cons-
truit rue de la Paix, dans la commune susdite.
Deux salles avaient été préparées à cet effet, une
pour les filles et une autre pour les garçons. Dans la
première, on avait allumé un calorifère parce qu'on
craignait que, â cause de la récente construction du
local, les enfants n'eussent froid.
M. le curé était arrivé le premier et recevait les
communiants. Les filles en entrant furent conduites
dans une salle à gauche et les garçons dans une
autre à droite. Les portes étaient toutes grandes ou-
vertes, garçons et filles pouvaient se voir de loin. M.
le curé se promenait de long en large tout en causant
avec les enfants, qui étaient très-gais; il pria en mème
temps les filles de ne pas trop s'approcher du poêle,
de peur de se brûler ou de gâter leur toilette.
Enfin, l'heure de se rendre à l'église sonna et M. Van
de Velde quitta un instant les filles pour aller placer
en rang les garçons. A peine fut-il entré qu'il entend
les cris : Au feu! au feu! sortir du compartiment qu'il
venait de quitter. Il se retourne, et voit la salle des
filles tout en flammes. D'un bond, il s'élance, pousse
les petites hors du local, et étouffe lui-même autant
qu'il peut, l'incendie.
Naturellement, cet accident jeta un grand désordre
parmi les enfants, qui, saisis d'une terreur panique,
s'enfuient dans la l'ne, les vêtements en flammes, criant
au secours et se bousculant les uns sur les autres.
Heureusement, les témoins de l'accident ne perdi-
rent pas leur sang-froid et se précipitèrent sur les pe-
tites filles dont les robes avaient pris feu. Ils parvin-
rent à le maîtriser en quelques secondes. Quelques-
unes avaient eu leur toilette gâtée sans avoir reçu
toutefois des brûlures, et seulement la fille Hellings a
été brûlée aux bras et au cou plus ou moins grave-
ment. Le docteur Schobbens est arrivé immédiate-
ment sur les lieux et a soigné la blessée.
Il n'y a, du reste, rien à craindre pour la vie de'
l'enfant, et on pense que dans huit à dix jours elle
sera guérie. Toutes les autres en ont été quittes pour
la peur.
' Les premiers moments d'épouvante passés, les en-
fants ont fait leur première communion, à l'exception
de deux, la fille Hellings et une autre dont les habits
avaient été endommagés.
La première cause de cet accident, qui aurait pu
avoir les suites les plus graves, est attribuée à l'impru-
dence d'une petite fille qui s'était trop approchée du
calorifère et dont la robe avait pris feu. Cette enfant,
en voulant s'enfuir, a communiqué le feu aux habil-
lements de ses camarades. L'incendie a à peine duré
une minute, mais un instant les flammes ont atteint
deux mètres de hauteur.
Le local n'a pas subi de dégâts.
DRAMES JUDICIAIRES
30 ANS
DE
LA VIE D'UN CONDAMNÉ(1)
DEUXIEME PARTIE
XIII
Les idées de Mathéus.
— Voici, dit Mathéus. Ce sera court, mais subs-
tantiel ; vous n'êtes pas sans savoir, n'est-ce pas, t
que Mlle de Lignières est depuis quelque temps
étroitement liée auec Mlle Pauline Duprat.
— Je sais cela.
— Bon!... Cette liaison est née du malheur
même qui a frappé Mlle Hélène, et quant un cœur
est brisé, on prétend qu'il laisse plus volontiers
échapper ses secrets. g
I — Après?... après?...
— Selon toute vraisemblance, Mlle Duprat a f
confié à Mlle de Lignières l'amour qu'elle porte j
au duc de Sorrente; elle lui a raconté tous les
obstacles que le monde élevait entre elle et son
fiancé, les 'calomnies que l'on répandait sur son è
compte... et j'estime que je n'ai pas dù être épar- i
gné clans ces confidences.
— Pourquoi cela ?
— Ah! pourquoi? C'est indiqué, cependant. 1
Moi, je suis l'ennemi du duc, et le propre des na-
tures dévouées, c'est de deviner d'instinct ceux
qui leur sont hostiles ou dangereux.
— Eh bîen ? ;
— Eh bien ! suivez la logique de mon raison-
nement : Mlle Duprat flaire en moi un redoutable 1
adversaire ; elle me fait surveiller et elle apprend
par ce Lamblin, qu'elle soudoie, que j'attends des =
papiers qui peuvent compromettre le duc. <
— Et vous croyez....
— Je crois ce qui m'est prouvé. Lamblin va
prendre dans la maison même où habite Benoît
une chambre où il reçoit une femme voilée et d'où
il peut suivre tout ce qui se passe chez son voisin.
Un jour, il est question des documents, il s'en
empare, et, alléché par la récompense promise, il
les porte à Mlle Duprat. Est-ce clair?
— Ainsi, vous supposez....
— Je ne suppose pas, je constate. C'est formel .
comme un procès-verbal.
— Mais ces documents vont apprendre à Hé-
lène toute la vérité; elle sait maintenant que son
fiancé est un misérable.
Mathéus hocha la tête avec incrédulité.
— Vous êies jeune, monsieur Gaston, répondit-
il, et vous ne connaissez pas encore ces abîmes
que l'on nomme le cœur d'une femme ! Mlle Du-
prat aime, entendez-vous ? Elle aime avec un
complet oubli d'elle-même et des autres; et, si je
ne me trompe, savez-vous ce qu'elle va faire des
documer..' précieux qui viennent de lui être
remis ?
— Quoi Sjtîc?
— Elle les brûlera.
— Ah ! vous la calomniez!...
— Non ! mille fois non ! Elle les brûlera sans
les lire, ou, si elle les lit, elle n'y croira pas ; elle
aime trop pour ne pas chercher à avoir raison
contre ceux qui blâment son amour, et il n'y a
pas une femme qui, dans sa situation, ne ferait
ce qu'elle va faire.
Gaston garda le silence.
Ce qui se passait en lui serait bien difficile à
expliquer; au fond de son cœur, il ne pouvait se
dissimuler que Mathéus raisonnait juste, mais tout
son être se révoltait à la pensée de cet amour in-
sensé qu'Hélène éprouvait pour un autre, quand
lui, eût donné tout son sang pour l'inspirer.
— Ce que vous dites là est horrible, reprit-il au
bout d'un instant, mais je me vois contraint d'a-
vouer que vous avez peut-être touché juste.
— N'est-ce pas ?
— Et dans cette hypothèse, que pensez-vous
qu'il y ait à faire?
— Rien !
— Ainsi, nous assisterons tranquillement au
mariage de Mlle Duprat avec ce misérable ?
— Connaissez-vous un moyen de l'empêcher?
— Je le tuerai.
— Vous avez essayé une fois... et vous avez
manqué le coup... il ne faut pas recommencer.
— Eh bien ! je verrai Geneviève, je lui dirai
tout, à elle, et si elle a une influence réelle sur
son amie, peut-être parviendra-t-elle ?
— Ça, c'est une idée.
— Vous me le conseillez.
— Faute de mieux.
— En ce cas, je vais y retourner.
Et déjà Gaston se disposait à s'éloigner. Ma-
théus le retint par le bras.
— Qu'est-ce donc ? fit le jeune homme. ¡
— Ecoutez, dit Mathéus.
; — Qu'entendez-vous ?
— On vient, c'est Lamblin sans doute, nous
. allons voir.
t — Il faut l'arrêter,,
5 — A quoi bon? Lamb1in n'avouera rien, et les
pièces qu'il m'a soustraites ne sont pas en sa pos-
1 session.
Les deux hommes se turent.
1 On entendait un bruit de pas qui se rapprochait
; d'instant en instant.
i Goston se pencha et regarda à travers l'ombre.
t La lune glissait quelques pâles rayons sous les
arbres.
(1) Voir le numéro d'hier.
?Tn homme passa, et Gaston le reconnut.
-- C'est lui !" murmura-t-il à l'oreille de Ma-
théus. ' '
— Parbleu ! fit ce dernier. „
— Il est stupide de le laisser s'éloigner ainsi,
— Que voulez-vous faire?
— J'ai une idée.
— N'allez rien compromettre, au moins.
— Je vous le promets.
— Vous voulez lui parler? y
— A demain, venez me voir, et je vous dirai,
ce que j'aurai obtenu de lui. 4
Lamblin, pendant l'échange de ces quelques j
mots, était arrivé à la petite porte, qu'il avait ou-:
verte et dont iq venait de franchir le seuil. !
Gaston fut presque en même temps que lui
dans la rue; il lui frappa sur l'épaule en l'appe-'
lant par son nom.
Lamblin se retourna.
— Est-ce à moi que vous en voulez? demanda-
t-il d'un ton où on sentait poindre une menace.
— Oui, mon brave, repondit Gaston.
— Que"voulez-vous?
— J'ai quelques mots à vous dire.
— A quel propos?
— Vous sortez de l'hôtal du général ?
— Puisque vous m'avez vu, j'aurais mauvaise
gràce à le nier.
— Cependant poursuivit Gaston, l'hôtel a été
fouillé dans tous les sens, et l'on ne vous y a
point trouvé.
— Eh bien?
— Eh bien ! n'êtes-vous pas curieux de savoir
à quelle intervention vous devez de n'avoir point
été découvert?
— Qu'est-ce que cela me fait?
— On aime quelquefois à connaitre ceux qui
nous ont rendu service.
— Pourquoi ? >g>
— Pour leur en être reconnaissant.
Lamblin regarda curieusement celui qui lui
parlait. «
— Ah ça ! dit-il, qu'est-ce que vous me narrez
là? C'est donc vous?...
-— C'est moi qui ai empêché Mathéus de péné-
1rer dans la chambre de Mlle de Lignières, et, en
échange de ce que j'ai fait pour vous, je viens
vous demander un service.
— A moi?
— A vous !
Lamblin fit un geste d'étonnement.
PIERRE ZACCONE.
(La suite à demain.)
LE TRÉSOR DU FOYER
HYGIÈNE
Voici venir l'été et ..son cortège de maladies, dont
l'origine est toujours un manque de précautions hy-
giéniques. Suivez avec soin la prescription du dicton
campagnard qui dit naïvement :
Attention, gars, pendant avril
Ne te découvre pas d'un fil.
Nous vivons dans un siècle de progrès où l'hygiène
est mise à la portée de tous. — Riches et artisans peu-
vent éviter les indispositions que nous amène la per-
fide saison, en faisant usage de la précieuse flanelle
de santé préparée par le docteur Bourdonnay, 12, bou-
levard Saint-Martin, dont la réputation est mainte-
nant universelle. Surtout, n'allez pas croire que ce
bienfaisant produit soit d'un prix élevé, il est à la
portée de tous.
UN CONSEIL PAR JOUR
La morgue, apanage de l'orgueil, n'est qu'une
I singerie de la dignité.
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Histoire d'un Paysan (la Révolution française ra-
contée par îtn paysan), par Erckmann-Chatiuan, 120
beaux dessins, par Tri. Schuler :
lre partie : Les Etats-Gînéraux, 1789 ; — 2e partie :
La Patrie en danger, 1792, — trois séries parues à
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publication : L'an I de la Républiq'/:w, 1793 ; — 4e par-
tie : Le citoyen Bonaparte, 1794 à 1815 ; formeront
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