Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-02-27
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 février 1870 27 février 1870
Description : 1870/02/27 (A5,N1410). 1870/02/27 (A5,N1410).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47168397
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
Ce co'" i nal fut suivi d'un silence de mort, inter»'
rompu ; • 1 du sang qui jaillissait tde et troi»
inerte. '■ !L-ku s'inclina profondément, essuya son
labre c' ira. '
Le gi • filant dont. s'était servi le condamne
fut salt- ' ",' emporté comme preuve de l'exé-
cation.
Les r u- !'l.'Ipréæntant.s du mikado quittèrent leur
place, l:' - ■ Hnçaiit vers. nous, prirent les étrangers à
témoin ,, - a sentence avait été fidèlement exéçutée.
LES PREMIÈRES ARMES DE BONNINGTON
A pro)- , "e J'adjudication d'un-tableau de Bonning-
Ion, à la de la galerie San Donato, le marquis
lie Vill.'i...a- raconte, dans le Soir, cette charmante
mecdoi- ,
Bonni- - ' on est mort à- vingt-huit aris, pauvre,
«el'a va ;,;1 vs dire; il avait vendu cinq cents francs
— l'Il - 1 V et l'Ambassadeur d'Espagne, que
M. Andn .lu Gard) a payé ces jours-ci quatre-
vingt-tr "s -mile francs à la vente San Donato.
— « 0\ ;o i (J'lt.tti j'ai du pain ei je n'ai plus de
dents. a f/îv/'oîç, c'était le contraire, » a dit G¿r
varni, (p.m i tout dit.
Le b . Cros, un peintre qui eut du génie,
s'en vin : h jcair se poster derrière le dos de son
élève, >; ;s à son chevalet, et en train de pein-
dre.
— Tî'i. lington, est-ce que vous ne m'avez pas
îacoriti j'l.' votre père était cordonnier?
— (J: . in.iiiî'e, répondit le doux Bonnington.
— 11 i- ) ! mon cher, pourquoi n'essayez-vous
pas de i : o des bottes? Savez-vous que c'est un
méliei ■, i nourrit son homme!
Le i.a: ... Gros avait fait la Bataille d'Iéna et les
Pestitr l : c,'étâ7it ce temps admirable où on n'ap-
pelait |tM:- . ncore les artistes de génie Vieux
casqvc- » ■■;! les grands pactes » Raseurs, » mùme
quand i1 i'taicnt injustes, vaniteux ou cruels ;
Bonn i-, garda donc le silence devant une
telle in et disparut de l'atelier Gros.
Sepi is après, comme il étail revenu là pour
voir s ■ iTtiarades, le baron entra, et apercevant
l'élev.. ,.i u avait malmené, il alla à lui :
— Es: -c qu'il y a plusieurs Bonnington qui
font de Li uiîinturc?
r- ',;i que je sache, du moins.
. — Ci c-ï-ce vous qui avez fait le tableau qui
est ex. i- • .-H ce moment rue Laffltte?
— IvUv rii r-ic, reprit l'élève avec inquiét ude.
— Eu .iert, mon cher Bonnington., je vous sa- ■
lue e! v..u. ! i'rc mon chapeau: vous êtes un grand'
artiste, fi )e vous dem.ande pardon devant tous-
mes êI• ■ \ s du jugement précipité que j'ai porté
survol.
LES PRÊTS A VINGT POUR CENT
La v;-h' de Nappes est dans une agitation indicible;
des sr de désordre qu'on a peine à réprimer ne
cessai: iî't so produire. On accourt de tous côtés, des r
villes v ;> li'ies, des campagnes.
L1I h;:nqilc à intérêts (Banca usura), de M. Ruffo-
Scilln. vipiH 'le faire banqueroute.
Il 11" 'imU pas s'y tromper, ce désastre financier ne
pouvan ,!l''',ir que des conséquences déplorables..
Il \ .s iris ans, M. Ruflo-Scilla ouvrit à Naples une
banque- dans laquelle il recevait des impôts pour les-
quels il i, iv .it, des intérêts variant de 5 à 20 p. 100,
Nous i, pvi.'is pas besoin de dire avec qjiel empresse-
mem c. les épargnes de la ville et des environs se
précii'iiàvnt chez le dépositaire sans pareil, d'auiant
plus i|.i ,l i.ne époque où le papier-monnaie circulait
presque .<■■lusiveuient, il payait l'intérêt fabuleux que
nous v r s : s ; 11de il ire en espèces.
L'ail i 's-é. quelques journaux s'inquiétèrent de ces
agisse^ . de la banque Ruflo-Scilla et se hâtèrent
de pr. )!r'n'r les petits rentiers contre des financiers
. trop l" licieux pour se livrer à des opérations sûres et
honiit.'ie.- -. peine perdue, il n'en résultait-que des duels
entre les- détracteurs et les défenseurs de 1/ n'ii/ca
usura.
Le pis est que Ruffo-Scilla trouva des imitateurs, et
que \'iI1;':': maisons de banque de même nature se lon-
gèrent à Naples.
Ln matin, la police apprit que M. Ruffo-Scilla.
s apï-!"}i'ii ;i mettre, comme on dit, la clef sous la
porie - t'ile le fit ar!'eter.
i:o i-'-u en -iin. quand la fatale nouvelle se répandit,
ce un ..ne i(|ue générale et toutes les banques usu-
raiiv.-'i". n: laiihte c'a même temps, et leurs chefs
aller-m _r.-jniti.irc eu prison celui qu'ils avaient voulu
trnitc) : i! nett échappa qu'un, Zimermann:, deux au-
tres, !>;'sîii! et Paeileo, faillirent être mis 'en pièces.
Dans !a rnry]'-'()"lI Pirwer, dont le comptable vient d'être
arre'e n, nous apprend-on, on saisit les livres,
mais » ai ,le trouva en espèces que 1 300 fr.; dans une
autre, on n trouvé ô millions environ, mais on lui en
r.:ç ;n:e.> It elle en doit plus de soixante. Chez Buffo-
Sdn;,. "'1 a saisi 4 millions, mais son passif s'élève à
un lit:;; et!r3\-nnt. L'exaspération est à son comh)e'
011 a n tiMe !a garde de la prison que la foule vou)ait.
envahir.
A Sa!, rue, le désordre a été également, à son com-
vf'i 1 ;iîil'-ll.rs. succursales des banques usuraires de
Kaptes ont ete saccagées.
LES MISÉRABLES DE PARIS
publie une intéressante statistique,
établie par M. Dangin sur des documents officiels
de la lui- ere a Paris.
Parmi hommes assistés, il nous paraît cu-
rieux de reproduire la liste relevée sur les rap-
ports de i assistance publique :
y rcnua'qae "2.Z marchands de vin, 19 reslauru-
molpV ip:Tmaciens' 12 Pâtissiers, 9 épiciers, 70
maicL.mds de journaux, 1 marchand de friture et 3
xçareimais de coco.
On y voit encore: 10 hommes de lettres, 10 institn- j
teurs, 10 professeurs de langues, 2 interprètes, 1 mé-
decin et 1 professeur -ae danse, 3 tambours de la garde
nationale, 8 gardès de Paris. (Pour ces huit derniers,
j'avoue que je ne comprends pas; mais j'ai le docu-
ment officiel en main, et je le tiens à. la disposition des
curîeux.) ,
Viennent ensuite : 588 «onciefges mâles (et classés
parmi-les domestiques, attrape!) 422 commissionnai-
res, 50 frotteurs, 29 décrotteurs, 50 porteurs de jour-
naux, 26 vidangeurs, 32G chiffonniers, 227 balayeurs,
121 débardeurs.
Il y a en outre : 2 donneurs d'eau bénite (pourquoi
fEgtise ne les soutient-elle pas ?), 172 aveugles, 59
idiots et sourds-muets, et enfin 190 individus qui n'ont
jamais eu de profession (!!!)
Passons « au côté des femmes. J) Voici le détlÓm"
bremest des assistées :
43 employées au tabac, 33 modistes, f, r¡..n coutu- ,
rières, 1,137 hngères, 7 bandagistes, 58 marchandes à
la toilette, 457 marchandes de sucre d'orge, gâteaux,
etc., 34 marchandes des quatre saisons.
Je trouve .ensuite : un-e femme peintre, 6 femmes
artistes (1), 2 artistes dramatiques, 10 sages-femmes,
une artiste en cheveux, 23 institutrices, 4 maitresses
d'étude et C femmes professeurs.
Il convient de leur adjoindre : 1,917 femmes 'de mé-
nage, portières, 175 garde-malades, 24o chiffonnières,
108 balayeuses, 2 plieuses de journaux et 2 donneuses
dCaau bénite (sans.doute les épouses des deux messieurs
cités plus haut). (Pqur ces dames, même réflexion que
ci-dessus, augmentée de ceci : Jamais,, dans aucune
église, je n'ai vu des femmes présenter aux entrants
et sortants le goupillon d'eau bénite).
La liste se complète par 194 aveugles, 83 idiotes,
67 épilept'iqiio", 1 G paratytiques, 7 rachitiques, une am-
putée et enfin 221 femmes n'ayant jamais eu de pro-
fession.
En résumé, ia misère a Paris serait' représentée par
101,570 individus. dont '.0,03(. sont chefs de [,;101[1]., |
Le chiffre d.-- ; .. ''Mrjfcués est de :',:':i2,:,;(: i..-,
ce qui, (1.':1pr"\ le micul facile à vérifier de notre vuu-
frère, ferait à charpie individu un centime par jour.
DRAMES JUDICIAIRES
30 ANS
DE
LA VIE D'UN CONDAMNÉ
PREMIÈRE PARTIE
IX
Un coquin d'oncle.
En quittant la. rue Taitbout, Gaston était re-
monté dans son coupé, et s'était fait conduire rue
de la VilIe-l'Evèque.
Il y avait là, à cette époque, vers le milieu de la 1
rue, un charmant hôtel, dont. la façade .était
précédée d'une grille en fer forgé, et dont les
derrières étaient occupés par un jardin anglais,
qui avait fait de tout temps l'admiration des con-
naisseurs.
C'est dans cet hôtel que demeurait le général
de Pizan, l'oncle de Gaston de Prr.gui;.
Le coupé de ce dernier s'arrêta, à la porte de ■
l'hôtel, Gaston en descendit, et un grand cocher
en livrée vint le recevoir.
— Le général est chez lui ? demanda négligent
ment Gaston en passant devant le cocher.
— Oui, monsieur, répondit ce crémier en s'incli-
nant.
— Et je puis le voir?
-- Je ne pense pas.
Gaston fit un mouvement.
— Comment, tu ne penses pas ? dit-il étonné.
Mais Ici général y est toujours' [Jüur moi. f
— Sans doute, monsieur; mais, ce matin, il a
fermé sa porte à tout le monde.
— Qu'cst-il donc arrivé ?
— Le général est rentré fort tard cette nuit ;
en rentrant, il parait qu'il a fait une scène à Jean,
son valet de chambre. Sa goutté lui est revenue,
et il n'a pas fermé l'œil. Peut-être qu'en ce mo-
ment il repose.
GasLon réprima un geste de mauvaise humeur
et fit deux pas vers le vestibule.
— Mlle Geneviève est au petit salon ? demanda-
-tl, tout en s'éloignant.
— Oui, monsieur, répondit le cocher.
Gaston pénétra dans la maison, monta au pre-
mier étage, et arriva ainsi jusqu'à -une sorte de
boudoir à la porte duquel.il frappa.
— Entrez! dirt une voix de femme.
Mais avant qu'il n'eut fait un mouvement, la
porte, s ouvrit d'elle-même, et il aperçut devant
lui. une ravissanle enfant qui lui tendit les mains
en souriant.
C'étllll, Gcr;cvicvc !
Elle avait dix-sept ans à peine... avec de beaux
cheveux b!on.:L-, une peau d'une blancheur ébloui-
saute... et une grâce, une distinction... à laquelle
la douceur pénétrante de son regard ajoutait en-
core un charme de plus.
Gaston attira familièrement l'enfant contre sa
poitrine, et pos-n ses lèvres sur son front.
bonjour, Geneviève, dit-il d'un tôn lîec-
lu eu.\ tu vas bien, aujourd'hui, je pense?
" > merci, mon,cousin, répondit la jeune
fille ; mais savez-vous qu'il y a longtemps qu'on
ne vous et vu!
— Oh ! huit jours à peine.
■ Si peu, vraiment! répliqua Gcheviève, ah !
je vous préviens que vous avez tort., monsieur
Gaston; le général se plaint de votre indi'tfé- •
rence à son égard, et pas plus tard qu'avant-hier,
il s'étonnait de vous voir si peu empressé autour
de sa succéssion.
La jeune fille qui parlait ainsi était une pa-
rente pauvre, du côté du général.
M. de Pizan n'avait jamais passé pour très-gé-
néreux ; on assurait même qu'il s'était toujours
montré profondément égoïste.
Geneviève était la seule bonne action que l'on
put mettre à son actif.
Fille d'un colonel qui avait servi l'Empire et la
Restauration avec le général, Mlle de Lignièreg
était restée orpheline fort jeune, et Dieu sait ce
que la pauvre enfant serait devenue si elle n'avait
été recueillie à temps par le vieux compagnon
d'armes de son père !
Il y avait hait années qu'elle était chez M. de
Pizan. Elle y avait été pour ainsi dire élevée avec
Gaston, auquel l'unissaient quelques liens de pa-
renté eloignée, et depuis le jour où elle étaii en-
trée dans cette maison jusqu'à celui où nous la
présentons au lecteur, son caractère ne s'était pas
démenti une seconde.
Et pourtant, la pauvre enfant avait eu bien à.
^opfTrir, sans que nul au monde eût jamais péné-
tré le secret qu'elle cachait au plus profond de
son cœur.
Cependant, aux quelques paroles qu'elle venait
de prononcer, et qui avait trait à là succession du
général dont Gaston était l'unique héritier, le
jeune homme s'était pris à sourire et avait haussé
les épaules.
— Je me moque bien de ses millions, répondit-
il iavec vivacité. Le vieux guerrier a encore fait
des fredaines cette nuit, à ce qu'il parait, et ce
matin, on dit (J'u'il est souffrant.
— Très-souffrant, en efEet.
— L'as-tu vu?
— Pas encore.
— Mais je ne puis m'en aller sans lui avoir serré
la main.
— L'avez-vous fait prévenir ?
. Geneviève achevait à peine cette question que
la porte du salon s'ouv it et que Jean vint cher-
cher Gaston de la part du général.
Gaston se tourna aussitôt vers la. jeune fille :
— Je te quitte, cousine, lui dit-il en lui ser-
,rant la main ; dès que j'aurai vu mon oncle, je
viendrai te donner de ses nouvelles.
Et il sortit. '
Le général de Pizan était dans sa chambre à
coucher, étendu sur une chaise, et il tenait à la
main le ïiit ur.
A l'arrivée de Gaston, il rejeta le journal et le-
va les yeux vers son Heveu.
— Ah ! ah ! c'est loi, dit-il d'un ton brusque ;
iil faut donc que je meure pour que tu viennes
me voir?
— Vous n'en êtes pas encore là, mon cher on-
cle, repartit le jeune homme; et votre mine est
excellente, quoique un peu fatiguée.
— Pardieu ! on le serait à moins.
— C'est votre faute aussi.
— A moi.?
— A qui donc... Vous vous croyez toujours à
vingt an?... et vous. m vous rappelez pas le mot
que le duc d'Ayen adressait à Louis XV.
— Tu m'ennuies avec tes mots.... Je ta dis que
je souffre, animal...
— Eh bien ! il faut vous soigner.
— Qu'est-ce que j'e fais ?
— Ne pas sortir...
— Laisse-moi tranquille.
— Et surtout...
-. Q-uoi?... qurentends-tu par ton surtout...?
Gaston s'assit près du général.
- Surtont, mon cher oncle, continua-t-il, ne
pas vous rendre trop souvent au petit hôtel de la
barrière Blanche.
Le général se contenta de grommeler quel-
ques mots inintelligibles au lieu de répondre.
— C'est bon ! c'est bon ! dit-il avec humeur ;
on ne te demande pas ton avis là-dessus..,. Il se- J
rait plaisant qu'un morveux comme toi voulut en
rem'ontrer à une vieille moustache.
— Mais je ne prétends pas... -
En voilà assez. Ecoute, il faut quetu me
rendes un service. i '
— A la bonne heure, mon oncle ,* pour cela,
vous me trouverez toujours dit-posé.
' — Tu connais Mme Pauline Dcsmo.rcs?
— Le petit hôtel ?
— Soit, le petit hôtel. -Mais, réponds, la connais-
tu?
_«—Comme tout le monde, mon oncle. Je veux
dire que comme tout le monde je sais que Mme
Pauline Desmares est la plus charmante femme
•qui soit à Pi;-is.
— A la bonne heure. Eh bien, veux-tu me
rendre le service d'aller la voir?
— Moi!...
-, Aujourd'hui, à l'instant même.
— Et que lui dirai-je ?
— Une chose que je ne puis confier à â'autres
qu'à toi et que je ne pais lui écrire à elle, puis-
que ma main est inerte pour plusieurs jours en-
core, au dire de cet âne de docteur.
— Enfin, quelle est cette.chose ?
— Deux mots.
— Lesquels?
— Il parait qa'hier j'ai été d'une humeur mas-
sacrante... c'est mon accès qui me cherchait; nous
nous sommes pris de querelle, et j'ai été brutal.
— Oh Inion oncle !
— Oh ! mon oncle ! oh ! mon oncle ! je te con-
seine de faire le bon apôtre ! Ce qu'il y a de cer-
tain, c'est que nous nous sommes quittés fort
mal, et que je veux lui envoyer mcs excuses.
— Je vous promets de les lui por!or.
— Tu h.ii diras que je regrette se que je lui ai
dit.
— Très-Lien.
— Que j'irai chercher mon pardon dès que j<
sciai sur pied..
> — Je n'y manquerai pas.
- Enfin,-rpip pour ce qui regarde en qu'elle
m a demandé, je ne dis pas non, mais qu'il raW
faut encore quelques jours de réflexion... Tu as'
compris ?
— A mcrveliie.
— Et tu vas t'y rendre.
Gustave s'était levé.
— Mon coupé est en bas, répondit-il, et j'at
fait atteler mon meilienr cheval. Avant un quart
d'heure je serai chez Mlle Pauline Desmares.
La figure du général se rassénéra... il serra la
main de son neveu.
.— Va 1 va ! lui dit-il avec effusion, et reviens
vite me conter le résultat de ta visite.
Gaston ne se fit p.as répéter l'invitation, et en
quelques bonds il fut dans sa voiture.
La raison pour laquelle Gaston avait accepté la
proposition de son oncle avec tant d'en!prpseè
ment a son importance dans ce récit, et nous al-
lons l'expliquer au lecteur.
PIERRE ZACCONE.
(La suite il demain.)
LE TRÉSOR DU FOYER
ÉCONOMIE DOMESTIQUE
Le combustible. — On sait que- pour la cuisine, à
Paris, du moins, le seul combustible possible est le
charbon de bois. Sur ce point, nous signalerons aux
ménagères un progrès important apports par l'Entre-
pôt d'Ivry, qui porte à domicile des petits sacs de 25
kilogrammes. Cette facilité de livraison au détail, due
à la vente considérable de l'Entrepôt d'Ivry, répond à.
l'exiguïté des logements, et elle sera appréciée, nous
n'en doutons pas, par toutes les personnes économes
qui ne peuvent, faute de place ou pour s'éviter une
dépense de quelque importance, faire un approvision-
nement de combustible aussi enconibrant que le char-
bon de bois.
Profiter, moyennant la modique somme de 3 francs
par sac, de la remise faite à la vente en gros, est éga.-
lement un avantage sur lequel nous tenions à appeler
l'attention de nos lectrices, et nous compléterons ce
renseignement en les invitant à adresser une com-
mande affranchie, 21, quai Bourbon, au Directeur de
l'Entrepôt d'Ivry, qui fait rembourser le timbre-poste
au moment de la livraison, opérée lejour même.
UN CONSEIL PAR JOUR
Les illusions sont comme le découragement,
elles obscurcissent l'esprit.
Pour être heureux, l'homme devrait se tenir Ii
égale, distance de l'enthousiasme qui grise, et du
découragement qui abat.
HENRI D'ALLEBER.
LIBRAIRIE — SCIENCES — ARTS — AGRICULTURE
LA mm iîe LA mm
Rédacteur en chef : EDMOND PELLETIER,
Directeur de o,,ve (f' ËS&wse
4 FR, PAR AN - 52 NUMÉROS
Cette feuille indépendante publie : Articles criti-
quey sur ILI Sociétés anciennes .et les affaires nou-
vel/es' Conseils éclairés sur les bons (tI'/Jz'tl'og"\' et les
meilleurs piaccmmÔ; Revue de la Bourse; nouvel-
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Yl'ÍèrsdeJapcnsét:\paI'IeDrDllmont,dcMonteux. » 75
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■ Yriarte ..3 »
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ment transféré b. Poissonnière, 13,visiMe tous les jours.
# £ Ht -i: * Vf. -,'fi H!
TvDogranliie JA.NNIN. Maj. ViUiira» L14
rompu ; • 1 du sang qui jaillissait tde et troi»
inerte. '■ !L-ku s'inclina profondément, essuya son
labre c' ira. '
Le gi • filant dont. s'était servi le condamne
fut salt- ' ",' emporté comme preuve de l'exé-
cation.
Les r u- !'l.'Ipréæntant.s du mikado quittèrent leur
place, l:' - ■ Hnçaiit vers. nous, prirent les étrangers à
témoin ,, - a sentence avait été fidèlement exéçutée.
LES PREMIÈRES ARMES DE BONNINGTON
A pro)- , "e J'adjudication d'un-tableau de Bonning-
Ion, à la de la galerie San Donato, le marquis
lie Vill.'i...a- raconte, dans le Soir, cette charmante
mecdoi- ,
Bonni- - ' on est mort à- vingt-huit aris, pauvre,
«el'a va ;,;1 vs dire; il avait vendu cinq cents francs
— l'Il - 1 V et l'Ambassadeur d'Espagne, que
M. Andn .lu Gard) a payé ces jours-ci quatre-
vingt-tr "s -mile francs à la vente San Donato.
— « 0\ ;o i (J'lt.tti j'ai du pain ei je n'ai plus de
dents. a f/îv/'oîç, c'était le contraire, » a dit G¿r
varni, (p.m i tout dit.
Le b . Cros, un peintre qui eut du génie,
s'en vin : h jcair se poster derrière le dos de son
élève, >; ;s à son chevalet, et en train de pein-
dre.
— Tî'i. lington, est-ce que vous ne m'avez pas
îacoriti j'l.' votre père était cordonnier?
— (J: . in.iiiî'e, répondit le doux Bonnington.
— 11 i- ) ! mon cher, pourquoi n'essayez-vous
pas de i : o des bottes? Savez-vous que c'est un
méliei ■, i nourrit son homme!
Le i.a: ... Gros avait fait la Bataille d'Iéna et les
Pestitr l : c,'étâ7it ce temps admirable où on n'ap-
pelait |tM:- . ncore les artistes de génie Vieux
casqvc- » ■■;! les grands pactes » Raseurs, » mùme
quand i1 i'taicnt injustes, vaniteux ou cruels ;
Bonn i-, garda donc le silence devant une
telle in et disparut de l'atelier Gros.
Sepi is après, comme il étail revenu là pour
voir s ■ iTtiarades, le baron entra, et apercevant
l'élev.. ,.i u avait malmené, il alla à lui :
— Es: -c qu'il y a plusieurs Bonnington qui
font de Li uiîinturc?
r- ',;i que je sache, du moins.
. — Ci c-ï-ce vous qui avez fait le tableau qui
est ex. i- • .-H ce moment rue Laffltte?
— IvUv rii r-ic, reprit l'élève avec inquiét ude.
— Eu .iert, mon cher Bonnington., je vous sa- ■
lue e! v..u. ! i'rc mon chapeau: vous êtes un grand'
artiste, fi )e vous dem.ande pardon devant tous-
mes êI• ■ \ s du jugement précipité que j'ai porté
survol.
LES PRÊTS A VINGT POUR CENT
La v;-h' de Nappes est dans une agitation indicible;
des sr de désordre qu'on a peine à réprimer ne
cessai: iî't so produire. On accourt de tous côtés, des r
villes v ;> li'ies, des campagnes.
L1I h;:nqilc à intérêts (Banca usura), de M. Ruffo-
Scilln. vipiH 'le faire banqueroute.
Il 11" 'imU pas s'y tromper, ce désastre financier ne
pouvan ,!l''',ir que des conséquences déplorables..
Il \ .s iris ans, M. Ruflo-Scilla ouvrit à Naples une
banque- dans laquelle il recevait des impôts pour les-
quels il i, iv .it, des intérêts variant de 5 à 20 p. 100,
Nous i, pvi.'is pas besoin de dire avec qjiel empresse-
mem c. les épargnes de la ville et des environs se
précii'iiàvnt chez le dépositaire sans pareil, d'auiant
plus i|.i ,l i.ne époque où le papier-monnaie circulait
presque .<■■lusiveuient, il payait l'intérêt fabuleux que
nous v r s : s ; 11de il ire en espèces.
L'ail i 's-é. quelques journaux s'inquiétèrent de ces
agisse^ . de la banque Ruflo-Scilla et se hâtèrent
de pr. )!r'n'r les petits rentiers contre des financiers
. trop l" licieux pour se livrer à des opérations sûres et
honiit.'ie.- -. peine perdue, il n'en résultait-que des duels
entre les- détracteurs et les défenseurs de 1/ n'ii/ca
usura.
Le pis est que Ruffo-Scilla trouva des imitateurs, et
que \'iI1;':': maisons de banque de même nature se lon-
gèrent à Naples.
Ln matin, la police apprit que M. Ruffo-Scilla.
s apï-!"}i'ii ;i mettre, comme on dit, la clef sous la
porie - t'ile le fit ar!'eter.
i:o i-'-u en -iin. quand la fatale nouvelle se répandit,
ce un ..ne i(|ue générale et toutes les banques usu-
raiiv.-'i". n: laiihte c'a même temps, et leurs chefs
aller-m _r.-jniti.irc eu prison celui qu'ils avaient voulu
trnitc) : i! nett échappa qu'un, Zimermann:, deux au-
tres, !>;'sîii! et Paeileo, faillirent être mis 'en pièces.
Dans !a rnry]'-'()"lI Pirwer, dont le comptable vient d'être
arre'e n, nous apprend-on, on saisit les livres,
mais » ai ,le trouva en espèces que 1 300 fr.; dans une
autre, on n trouvé ô millions environ, mais on lui en
r.:ç ;n:e.> It elle en doit plus de soixante. Chez Buffo-
Sdn;,. "'1 a saisi 4 millions, mais son passif s'élève à
un lit:;; et!r3\-nnt. L'exaspération est à son comh)e'
011 a n tiMe !a garde de la prison que la foule vou)ait.
envahir.
A Sa!, rue, le désordre a été également, à son com-
vf'i 1 ;iîil'-ll.rs. succursales des banques usuraires de
Kaptes ont ete saccagées.
LES MISÉRABLES DE PARIS
publie une intéressante statistique,
établie par M. Dangin sur des documents officiels
de la lui- ere a Paris.
Parmi hommes assistés, il nous paraît cu-
rieux de reproduire la liste relevée sur les rap-
ports de i assistance publique :
y rcnua'qae "2.Z marchands de vin, 19 reslauru-
molpV ip:Tmaciens' 12 Pâtissiers, 9 épiciers, 70
maicL.mds de journaux, 1 marchand de friture et 3
xçareimais de coco.
On y voit encore: 10 hommes de lettres, 10 institn- j
teurs, 10 professeurs de langues, 2 interprètes, 1 mé-
decin et 1 professeur -ae danse, 3 tambours de la garde
nationale, 8 gardès de Paris. (Pour ces huit derniers,
j'avoue que je ne comprends pas; mais j'ai le docu-
ment officiel en main, et je le tiens à. la disposition des
curîeux.) ,
Viennent ensuite : 588 «onciefges mâles (et classés
parmi-les domestiques, attrape!) 422 commissionnai-
res, 50 frotteurs, 29 décrotteurs, 50 porteurs de jour-
naux, 26 vidangeurs, 32G chiffonniers, 227 balayeurs,
121 débardeurs.
Il y a en outre : 2 donneurs d'eau bénite (pourquoi
fEgtise ne les soutient-elle pas ?), 172 aveugles, 59
idiots et sourds-muets, et enfin 190 individus qui n'ont
jamais eu de profession (!!!)
Passons « au côté des femmes. J) Voici le détlÓm"
bremest des assistées :
43 employées au tabac, 33 modistes, f, r¡..n coutu- ,
rières, 1,137 hngères, 7 bandagistes, 58 marchandes à
la toilette, 457 marchandes de sucre d'orge, gâteaux,
etc., 34 marchandes des quatre saisons.
Je trouve .ensuite : un-e femme peintre, 6 femmes
artistes (1), 2 artistes dramatiques, 10 sages-femmes,
une artiste en cheveux, 23 institutrices, 4 maitresses
d'étude et C femmes professeurs.
Il convient de leur adjoindre : 1,917 femmes 'de mé-
nage, portières, 175 garde-malades, 24o chiffonnières,
108 balayeuses, 2 plieuses de journaux et 2 donneuses
dCaau bénite (sans.doute les épouses des deux messieurs
cités plus haut). (Pqur ces dames, même réflexion que
ci-dessus, augmentée de ceci : Jamais,, dans aucune
église, je n'ai vu des femmes présenter aux entrants
et sortants le goupillon d'eau bénite).
La liste se complète par 194 aveugles, 83 idiotes,
67 épilept'iqiio", 1 G paratytiques, 7 rachitiques, une am-
putée et enfin 221 femmes n'ayant jamais eu de pro-
fession.
En résumé, ia misère a Paris serait' représentée par
101,570 individus. dont '.0,03(. sont chefs de [,;101[1]., |
Le chiffre d.-- ; .. ''Mrjfcués est de :',:':i2,:,;(: i..-,
ce qui, (1.':1pr"\ le micul facile à vérifier de notre vuu-
frère, ferait à charpie individu un centime par jour.
DRAMES JUDICIAIRES
30 ANS
DE
LA VIE D'UN CONDAMNÉ
PREMIÈRE PARTIE
IX
Un coquin d'oncle.
En quittant la. rue Taitbout, Gaston était re-
monté dans son coupé, et s'était fait conduire rue
de la VilIe-l'Evèque.
Il y avait là, à cette époque, vers le milieu de la 1
rue, un charmant hôtel, dont. la façade .était
précédée d'une grille en fer forgé, et dont les
derrières étaient occupés par un jardin anglais,
qui avait fait de tout temps l'admiration des con-
naisseurs.
C'est dans cet hôtel que demeurait le général
de Pizan, l'oncle de Gaston de Prr.gui;.
Le coupé de ce dernier s'arrêta, à la porte de ■
l'hôtel, Gaston en descendit, et un grand cocher
en livrée vint le recevoir.
— Le général est chez lui ? demanda négligent
ment Gaston en passant devant le cocher.
— Oui, monsieur, répondit ce crémier en s'incli-
nant.
— Et je puis le voir?
-- Je ne pense pas.
Gaston fit un mouvement.
— Comment, tu ne penses pas ? dit-il étonné.
Mais Ici général y est toujours' [Jüur moi. f
— Sans doute, monsieur; mais, ce matin, il a
fermé sa porte à tout le monde.
— Qu'cst-il donc arrivé ?
— Le général est rentré fort tard cette nuit ;
en rentrant, il parait qu'il a fait une scène à Jean,
son valet de chambre. Sa goutté lui est revenue,
et il n'a pas fermé l'œil. Peut-être qu'en ce mo-
ment il repose.
GasLon réprima un geste de mauvaise humeur
et fit deux pas vers le vestibule.
— Mlle Geneviève est au petit salon ? demanda-
-tl, tout en s'éloignant.
— Oui, monsieur, répondit le cocher.
Gaston pénétra dans la maison, monta au pre-
mier étage, et arriva ainsi jusqu'à -une sorte de
boudoir à la porte duquel.il frappa.
— Entrez! dirt une voix de femme.
Mais avant qu'il n'eut fait un mouvement, la
porte, s ouvrit d'elle-même, et il aperçut devant
lui. une ravissanle enfant qui lui tendit les mains
en souriant.
C'étllll, Gcr;cvicvc !
Elle avait dix-sept ans à peine... avec de beaux
cheveux b!on.:L-, une peau d'une blancheur ébloui-
saute... et une grâce, une distinction... à laquelle
la douceur pénétrante de son regard ajoutait en-
core un charme de plus.
Gaston attira familièrement l'enfant contre sa
poitrine, et pos-n ses lèvres sur son front.
bonjour, Geneviève, dit-il d'un tôn lîec-
lu eu.\ tu vas bien, aujourd'hui, je pense?
" > merci, mon,cousin, répondit la jeune
fille ; mais savez-vous qu'il y a longtemps qu'on
ne vous et vu!
— Oh ! huit jours à peine.
■ Si peu, vraiment! répliqua Gcheviève, ah !
je vous préviens que vous avez tort., monsieur
Gaston; le général se plaint de votre indi'tfé- •
rence à son égard, et pas plus tard qu'avant-hier,
il s'étonnait de vous voir si peu empressé autour
de sa succéssion.
La jeune fille qui parlait ainsi était une pa-
rente pauvre, du côté du général.
M. de Pizan n'avait jamais passé pour très-gé-
néreux ; on assurait même qu'il s'était toujours
montré profondément égoïste.
Geneviève était la seule bonne action que l'on
put mettre à son actif.
Fille d'un colonel qui avait servi l'Empire et la
Restauration avec le général, Mlle de Lignièreg
était restée orpheline fort jeune, et Dieu sait ce
que la pauvre enfant serait devenue si elle n'avait
été recueillie à temps par le vieux compagnon
d'armes de son père !
Il y avait hait années qu'elle était chez M. de
Pizan. Elle y avait été pour ainsi dire élevée avec
Gaston, auquel l'unissaient quelques liens de pa-
renté eloignée, et depuis le jour où elle étaii en-
trée dans cette maison jusqu'à celui où nous la
présentons au lecteur, son caractère ne s'était pas
démenti une seconde.
Et pourtant, la pauvre enfant avait eu bien à.
^opfTrir, sans que nul au monde eût jamais péné-
tré le secret qu'elle cachait au plus profond de
son cœur.
Cependant, aux quelques paroles qu'elle venait
de prononcer, et qui avait trait à là succession du
général dont Gaston était l'unique héritier, le
jeune homme s'était pris à sourire et avait haussé
les épaules.
— Je me moque bien de ses millions, répondit-
il iavec vivacité. Le vieux guerrier a encore fait
des fredaines cette nuit, à ce qu'il parait, et ce
matin, on dit (J'u'il est souffrant.
— Très-souffrant, en efEet.
— L'as-tu vu?
— Pas encore.
— Mais je ne puis m'en aller sans lui avoir serré
la main.
— L'avez-vous fait prévenir ?
. Geneviève achevait à peine cette question que
la porte du salon s'ouv it et que Jean vint cher-
cher Gaston de la part du général.
Gaston se tourna aussitôt vers la. jeune fille :
— Je te quitte, cousine, lui dit-il en lui ser-
,rant la main ; dès que j'aurai vu mon oncle, je
viendrai te donner de ses nouvelles.
Et il sortit. '
Le général de Pizan était dans sa chambre à
coucher, étendu sur une chaise, et il tenait à la
main le ïiit ur.
A l'arrivée de Gaston, il rejeta le journal et le-
va les yeux vers son Heveu.
— Ah ! ah ! c'est loi, dit-il d'un ton brusque ;
iil faut donc que je meure pour que tu viennes
me voir?
— Vous n'en êtes pas encore là, mon cher on-
cle, repartit le jeune homme; et votre mine est
excellente, quoique un peu fatiguée.
— Pardieu ! on le serait à moins.
— C'est votre faute aussi.
— A moi.?
— A qui donc... Vous vous croyez toujours à
vingt an?... et vous. m vous rappelez pas le mot
que le duc d'Ayen adressait à Louis XV.
— Tu m'ennuies avec tes mots.... Je ta dis que
je souffre, animal...
— Eh bien ! il faut vous soigner.
— Qu'est-ce que j'e fais ?
— Ne pas sortir...
— Laisse-moi tranquille.
— Et surtout...
-. Q-uoi?... qurentends-tu par ton surtout...?
Gaston s'assit près du général.
- Surtont, mon cher oncle, continua-t-il, ne
pas vous rendre trop souvent au petit hôtel de la
barrière Blanche.
Le général se contenta de grommeler quel-
ques mots inintelligibles au lieu de répondre.
— C'est bon ! c'est bon ! dit-il avec humeur ;
on ne te demande pas ton avis là-dessus..,. Il se- J
rait plaisant qu'un morveux comme toi voulut en
rem'ontrer à une vieille moustache.
— Mais je ne prétends pas... -
En voilà assez. Ecoute, il faut quetu me
rendes un service. i '
— A la bonne heure, mon oncle ,* pour cela,
vous me trouverez toujours dit-posé.
' — Tu connais Mme Pauline Dcsmo.rcs?
— Le petit hôtel ?
— Soit, le petit hôtel. -Mais, réponds, la connais-
tu?
_«—Comme tout le monde, mon oncle. Je veux
dire que comme tout le monde je sais que Mme
Pauline Desmares est la plus charmante femme
•qui soit à Pi;-is.
— A la bonne heure. Eh bien, veux-tu me
rendre le service d'aller la voir?
— Moi!...
-, Aujourd'hui, à l'instant même.
— Et que lui dirai-je ?
— Une chose que je ne puis confier à â'autres
qu'à toi et que je ne pais lui écrire à elle, puis-
que ma main est inerte pour plusieurs jours en-
core, au dire de cet âne de docteur.
— Enfin, quelle est cette.chose ?
— Deux mots.
— Lesquels?
— Il parait qa'hier j'ai été d'une humeur mas-
sacrante... c'est mon accès qui me cherchait; nous
nous sommes pris de querelle, et j'ai été brutal.
— Oh Inion oncle !
— Oh ! mon oncle ! oh ! mon oncle ! je te con-
seine de faire le bon apôtre ! Ce qu'il y a de cer-
tain, c'est que nous nous sommes quittés fort
mal, et que je veux lui envoyer mcs excuses.
— Je vous promets de les lui por!or.
— Tu h.ii diras que je regrette se que je lui ai
dit.
— Très-Lien.
— Que j'irai chercher mon pardon dès que j<
sciai sur pied..
> — Je n'y manquerai pas.
- Enfin,-rpip pour ce qui regarde en qu'elle
m a demandé, je ne dis pas non, mais qu'il raW
faut encore quelques jours de réflexion... Tu as'
compris ?
— A mcrveliie.
— Et tu vas t'y rendre.
Gustave s'était levé.
— Mon coupé est en bas, répondit-il, et j'at
fait atteler mon meilienr cheval. Avant un quart
d'heure je serai chez Mlle Pauline Desmares.
La figure du général se rassénéra... il serra la
main de son neveu.
.— Va 1 va ! lui dit-il avec effusion, et reviens
vite me conter le résultat de ta visite.
Gaston ne se fit p.as répéter l'invitation, et en
quelques bonds il fut dans sa voiture.
La raison pour laquelle Gaston avait accepté la
proposition de son oncle avec tant d'en!prpseè
ment a son importance dans ce récit, et nous al-
lons l'expliquer au lecteur.
PIERRE ZACCONE.
(La suite il demain.)
LE TRÉSOR DU FOYER
ÉCONOMIE DOMESTIQUE
Le combustible. — On sait que- pour la cuisine, à
Paris, du moins, le seul combustible possible est le
charbon de bois. Sur ce point, nous signalerons aux
ménagères un progrès important apports par l'Entre-
pôt d'Ivry, qui porte à domicile des petits sacs de 25
kilogrammes. Cette facilité de livraison au détail, due
à la vente considérable de l'Entrepôt d'Ivry, répond à.
l'exiguïté des logements, et elle sera appréciée, nous
n'en doutons pas, par toutes les personnes économes
qui ne peuvent, faute de place ou pour s'éviter une
dépense de quelque importance, faire un approvision-
nement de combustible aussi enconibrant que le char-
bon de bois.
Profiter, moyennant la modique somme de 3 francs
par sac, de la remise faite à la vente en gros, est éga.-
lement un avantage sur lequel nous tenions à appeler
l'attention de nos lectrices, et nous compléterons ce
renseignement en les invitant à adresser une com-
mande affranchie, 21, quai Bourbon, au Directeur de
l'Entrepôt d'Ivry, qui fait rembourser le timbre-poste
au moment de la livraison, opérée lejour même.
UN CONSEIL PAR JOUR
Les illusions sont comme le découragement,
elles obscurcissent l'esprit.
Pour être heureux, l'homme devrait se tenir Ii
égale, distance de l'enthousiasme qui grise, et du
découragement qui abat.
HENRI D'ALLEBER.
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