Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-07-21
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 juillet 1872 21 juillet 1872
Description : 1872/07/21 (N2266). 1872/07/21 (N2266).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716066c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
ou quatre mille francs, intrinsèquement. Pour
un collectionneur, elle' est sans prix.
LES LIVADKS nI': MAZAS. — Les deux détenus
qui s'épient évadés de Mazas par le -grand égout
ont été repris4
Ces deux détenus sont les nommés Gouin et
Dupuis; ils vivent comparaître très-prochaine-
ment devant la cour d'assises.
Ils seront iésormais soumis à une surveillance
spéciale.
UNE ARRESTATION PITTORI BQUE.—Un inconnu se
présentait avant-hier chez M. D..., agent d af-
faires, rue aux Our,»:
-r- Monsieur, pendant mon absence de Paris,
sous la Commune, ma tanie mourut à la maison
■Dubois. Le commissaire du quartier fut chargé
d'apposer les scellés, pr, le lendemain de l'en-
trée des troupes à Paris, le commissaire de po-
lice procéda à la levée des scellés et... s'empara
d'une somme de 30,000 fr.
Ici, M. D... s'essuya le front.
— Le nom de ce commissaire de police ? bal-
fJbutia-t-i! ? _
— -C'est un nommé R..... qui a échappé jusqu'à
présent aux recberches de la police.
— Avez-vous quelque titre établissant vos droits
à cette succession ?
— J'ai justement sur moi une preuve incon-
testable, la voici :
M. D... pâlit affreusement.
Le prétendu héritier était un agent de police
et le prétendu homme d'affaires n'était autre que
îe voleur.
SOYEZ DONC CHARITABLE. — Avant-hier, une pe-
tite fille, âgée de dix ans, qui a déclaré se nom-
mer Adèle. B..., pleurait à chaudes larmes dans
une des allées de l'avenue des Champs-Elysées.
Les époux D..., qui. revenaient du Cirqu>, s'in-
téressèrent à cette douleur, dont ils demandè-
T'en!:. l'explication. L'enfant leur raconta qu'elle
avait été abandonnée seule à Paris par ses pa-
rents qui habitaient Gonesse et que, depuis le
:g¡,atin, elle n'avait pas mangé. Pris de compas-
sion pour une pareille infortune, les deux bon-
nes gens résolurent d'offrir l'hospitalité à la mal -
heureuse abandonnée, en attendant de pouvoir,
le lendemain, faire leur déposition chez le com-
missaire. M. D... entrait effectivement, hier ma-
tin, chez le magistrat, mais pour déposer une
plainte contre Adèle B..., qui avait disparu pen-
dant la nuit en emportant la chaîne et la mon-
tre de M. D... et le porte-monnaie de sa femme,
objets qu'elle était parvenue à dérober en s'in-
troduisant dans la chambre de ses bienfaiteurs
pendant leur sommeil.
DEUX NOUVEAUX JUD. — Jeudi dernier, Mme
Pineau, femme d'un ancien boucher de Bray, se
rendait à Paris pour toucher de l'argent, et, le
soir même, elle reprenait le train pour revenir
chez elle.
A Noisy-le-Sec, deux individus montèrent
dans le même compartiment où se trouvait Mme
Pineau. Pendant le trajet, cette dame s'endor-
mit et laissi passer la station de Longueville, où
elle devait descendre pour aller à Bray. Elle ne
se réveilla qu'à Flamboin, il était trois heures
un quart du matin. Pressée de rentrer, elle prit
la route de Flamboin à Everly. Ses deux com-
pagnons de route descendirent en même temps
qu'elle. A quelque distance de la gare, Mme Pi-
neau fut terrassée et à moitié étranglée par ces
deux hommes. i
Vendredi matin, un paysan trouva le corps de
cette malheureuse femme dans un fossé.
Mme Pineau n'était pas morte. Elle a pu ra- i
conter ce qui s'est passé. Bien entendu son ar- ■
gent a été volé.
La justice informe.
UN FOU FURIEUX. — Dans un accès d'aliénation
mentale. M. Vasselart, mécanicien, rue de Lyofl,
s'arma d'une hache et commença à détruire la
rampe de la maison qu'il habite. Puis il s'en
prit à la porte de la chambre de M. civière, lo-
cataire delà maison,l'enfonça d'un coup d'épaule,
et il aurait, sans doute, tout mis en pièces, . ¡ans
le courage de M. Rivière, ancien soldat d'Afri-
que, qui parvint à le désarmer après une longue
lutte dans laquelle il reçut deux graves bles-
sures.
Sur ces entrefaites, le concierge, suivi de
deux gardiens de la paix, pénétra dans la cham-
bre. A leur vue, le fou saisit un couteau de
chasse suspendu au mur, et en frappa le con-
cierge dans la région du ventre.
On se rendit maître de lui, et, après l'avoir
garrotté solidement, on le porta au poste. En-
fermé dans une cellule, le malheureux se brisa
le crâne contre les murs. Il expira deux heures
après.
M. Rivière et le concierge sont en danger de
mort.
LE QUART D'HEURE DE RABELAIS. — Un nommé
Louis, entre chez un restarateur du quartier
Vivienne, se fait servir à déjeuner, mange avec
un dévorant appétit, puis le quart d'heure de
Rabelais arrivé, il dit au maître de l'établisse-
ment qu'il a oublié son porte-monnaie, mais
qu'il a dans le voisinage un ami sur lequel il
peut faire fond pour avoir de l'argent. Tout en
parlant, il dépouille sa redingote, qu'il dépose
sur une chaise en nantissement, et sort en
manches de chemises, promettant de revenir
dans quelques instants.
Une heure s'écoule, tout à coup on le voit ar-
river entre des agents. Louis G... avait été rue
Neuve-des-Petits Champs, chez un commis-
sionnaire du Mont-de-Piété, auquel il avait of-
fert un couvert dérobé chez le restaurateur, et
qui n'était qu'en ruolz. Le commissionnaire,
dont la singularité de sa tenue avait déjà excité
les soupçons, l'avait questionné, et, ayant ob-
tenu de lui un aveu complet, l'avait livré à la
police.
GUILLOTINÉ PAR SA VOITURE. - Jeudi, après-
midi, en voulant lutter de vitesse avec un de
ses camarades, Pierre Daval, charretier en vins,
demeurant rue de la Brèche-aux-Loups, 6, a été
renversé par un soubresaut du lourd haquet
qu'il conduisait. La chute a été si malheureuse
que l'une des roues a passé ;sur le cou du pau-
vre charretier et l'a littéralement décapité. La
mort a été instantanée. M. Mercadier, commis-
saire de police, après les constatations d'usage,
a fait transporter le corps à son domicile.
EcROULI,,,',IENT D'UN ÉCHAFAUDAGE. — Jeudi vers
quatre heures un affreux malheur est venu jeter
la consternation dans la rue François-Miron.
Au numéro 74 de cette rue, un peintre venait
de faire poser un échafaudage mobile pour fa-
ciliter le travail et éviter les accidents à ses ou-
vriers.
Le loueur de cet échafaudage, M. Flavins,
entrepreneur, 19, rue Turenne, voulant s'assu-
rer de sa solidité, monta sur le toit de la mai-
son; il venait à peine de se rendre compte de
ce qu'il voulait, lorsque, la tête entraînant le
corps, il tomba inanimé sur le trottoir; relevé
aussitôt par les ouvriers, il fut transporté chez le
pharmacien au n° 82 de la même rue. Dans ce
court trajet, il expira.
Le commissaire de police du n° 20 de la rue
Vieille-du-Temple, est venu constater les faits.
Mme Flavins est venue reconnaitre le cadavre,
pour éviter son transport à la Morgue.
— Le duc d'Edimbourg est arrivé à Paris.
— Or. annonce l'arrivée prochaine à Paris du
scha '1 de Perse. Sa. Majesté persane était à Saint-
Pétersbourg le 10 juillet dernier.
— Dans la nuit du 17 au 18, un incendie considé-
rable a dévoré deux maisons à Besançon. La perte
est évaluée à 350,000 francs.
— Un accident de chemin de fer s'est produit à
la gare d'Eu r ville (Haute Marne), avant hier soir, à
8 h. 10 m.. Le chef de train a été blessé, plusieurs
voyageurs sont contusionnés.
— Dimanche 21 juillet 1872, courses au Vésinet.
3 prix y seront courus. Chemin de fer de l'Ouest.
CINQ FRANCS par mois pour chaque cen-
taine de francs d'acquisition. Livraison immédiate
des ouvrages suivants : Dict. de la Conversation,
16vol.,200fr.Dict.Vorepierre,80fr.Cbateaubriand,
9 vol., 100 fr. Histoire de France de Duruy, 8 vol.,
60 fr. Balzac, 20 vol., 100 fr., etc., etc., ainsi que
toutes les œuvres musicales au prix des éditeurs;
envoi'fo au-dessus de 100 fr. — Crédit littéraire
et musical, Abel Pilon, rue de fleurus, 33, Paris.
Monsieur le rédacteur,
J'ai vu tant de malades guéris du cancer par
le D' Joannard (17, rue Notre-Dame-de-Lorette à
Paris) et tant de lettres exprimant pour lui la
plus vive reconnaissance, que j'ai la conviction
d'être utile à l'humanité en joignant mon témoi-
gnage à ceux qui ont déjà attesté de semblables
succès. •
Agréez, etc,
L'abbé BARTHÉLÉMY,
1er vicaire de la Trinité, à Paris.
Insensibilisateur Duchesne.Guérison, extrac-
tionet pose de dents sans douleur, 45, rue Lafayette.
TRIBUNAUX
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE LA SEINE
(7e chambre)
Présidence de M. Chevillotte
Audience du 17 juillet.
Un faux prince Marocain. — Un faux
héritier du trône de Maroc. —
Usurpation de titres de noblesse.
— Port illégal de décorations.
Le prévenu dont nous allons parler est cet aven-
turier parisien qui a voulu se faire passer pour un
prince du Maroc, et qui, veuf, a réussi à contracter
un second mariage en Augleterre avec une veuve
appartenant au monde du faubourg Saint-Germain.
11 s'appelle Joly (Ferdinand-Napoléon). C'est le qua-
trième fils d'un militaire qui servait au 36e de ligne.
Le 19 octobre 18M, il s'engageait au 32e de ligne où
il devint sergent. En 1857, étanten garnison à Reims,
il s'y maria avec la demoiselle Fournier, et devint
veufen 1866.
Joly fut employé dans diverses maisons de com-
merce à Paris, et notamment chez M. Barbé, négo-
ciant en draps.
^ En septembre 1850, il fit à Paris la connaissance
d'un nommé Baillet, employé au ministère de la ma-
rine, qui se prit pour lui d'une vive affection.
Vers la fin de 1862, le prévenu tomba malade et
partit pour Mostaganem, mais après un court séjour
il disparut et l'on prétend qu'il était allé au Maroc.
Au commencement de 1863, après trois ou quatre
mois d'absence, il revint à Paris. Il avait fait con-
naissance, dans la famille Baillet, de M. l'abbé Mi-
chel, aumônier de la prison de Saint-Lazare, et il se
fit présenter par cet abbé à Mme la marquise de
Chaumont Quitry, qui voulut bien s'occuper de lui
chercher une position. Le 11 avril 1863, il entrait
comme auxiliaire au contrôle général de la préfec-
ture de police, et se trouvait sous les ordres de M.
Marseille. Le 24 novembre de la même année, il tut
nommé inspecteur au traitement de 1,200 fr.
C'est en cette année 1863 que commence et se dé-
veloppe la métamorphose de Ferdinand-Napoléon
Joly en prince marocain, fait qui forme la base de la
poursuite actuelle. Son voyage en Afrique fut le point
de départ de cette transformation et lui permit, se-
lon toute apparence, de recueillir les renseignements
nécessaires (.our donner quelque vraisemblance à sa
nouvelle incarnation. Déjà, avant son départ, il avait
préparé l'imagination de son ami Baiilet à ses récits
tuturs, eil lui disant qu'il y avait quelque chose de
vague et de mystérieux dans sa naissance.
Peu d...J temps après son retour, il lui révéla qu'il
était d'origine marocaine, parent de l'empereur du
Maroc et destiné à lui succéder sur le trône; que
son véritable nom était celui de prince Abdallah el
Guennaori; qu'étant enfant, il avait été fait prison-
nier à la prise de Tanger et recueilli par la famille
Joly, qui l'avait éievé. A l'appui de ses dires, il pré-
senta au sieur Baillet un soi-disant acte de naissance
au nom (j'AbdalJah el Guennaori, né au palais impé-
rial de Tanger, pièce visée par le préfet de police et
parle contrôleur général, M. Marseille.
Il fit un récit semblable aux époux Disson, qu'il
rencontra, dans la.famille Baillet, à laquelle ils sont
alliés. Il produisit la même pièce, au bas de laquelle
on remarque les mêmes v sas; il ajouta que cet écrit
lui avait été remis mystérieusement par un mara-
bout, pendant son voyage en Afrique, de la part de
sa mère, qui jadis avait fait passer des secours à la
femme Joly pour l'aider à élever ses enfants. L'abbé
Michel, à qui le même récit fut fait, eut la candeur
de se prêter à une des r'ius odieuses manœuvres du
prévenu, qui l'avait séduit par la douceur de ses ma-
nières.
Le prétendu prince marocain manifesta le désir
d'abjurer la religion musulmane qui était, disait-il
la sienne, pour embrasser la religion c&'tboliqne.
L'eeclésiastique, accuillant avec joie les dispositions
qu'on lui témoignait, fit instruire le prévenm et ob-
tint de l'archevêque l'autorisation de le faire bapti-
ser. Le sieur Baillet fut son parrain, la dame Dis-
son sa marraine. La cérémonie de l'abjuratiou, qui ;
tut célébrée le 6 juin 1865 en l'église de Saint-Eus. -
tache, eut dû être entourée de quelque solennité j
mais, à la demande de l'imposteur, elle eut lieu
dans une chapelle spéciale où les invités ne furent
admis que sur la présentation de cartes particulières.
Le soi-disarit punce fit sa première communion le
lendemain, il fut confirmé quelques jours après.
Vers la même époque, il fréquentait, sous le nom
du prince Abdallah, le salon d'une courtisane du
nom de Cora Rearl, échangeait avec elle une corres-
pondance et lui taisait des propositions de mariage,
qui auraient peut-être été agréées si les intimes de
cette femme galante ne l'avaient dissuadée de dOIl-
ner suite à ce projet, à rai on des renseignements
qu'ils avaient recueillis sur son compte.
La Préfecture de police s'émut des manœuvres
auxquelles se livrait l'inspecteur Joly, Celui-ci cher-
cha à dissiper l'impression défavorable qu'elles de-
vaient produire dans l'administration à laquelle il ap-
partenait, en niant qu'il se fît passer lui-même pour
un prince marocain, et en racontant à ses collègues
du contrôle général qu'il avait reçu chez lui un jeune .
prince du Maroc, auquel il faisait voir Paris, et mon-
trait une chaîne et une montre d'un grand prix,
dont, disait il, le prince lui avait fait cadeau.
Il faisait copier par l'inspecteur Rousseau une
pièce contenant des noms arabes et ayaut l'apparence '
d'un acte de naissance, disant que c'étaient les pa-
piers du jeune prince qui voulait abjurer sa religion.
Le même récit se trouve consigné dans une lettre
adressée, en 1866, à M. MarseilLe, au moment où ce
dernier l'obligeait à donner sa démission.
'Vers la fin de 1866, Joly, à la recherche d'une po-
sition, eut la pensée de contracter mariage avec
Mme veuve de Presles, née Emilie Douville, appar-
tenant à une honorable famille aaglaise. Il se fit
présenter dans cette famille par le sieur Baillet qui
montra son prétendu acte de naissance écrit en rrabe
ainsi qu'âne carte d'invitation au baptême du soi-
disairï|Kj$nce. Sa demande fut agréée par Mme de
Pre:cli,d' Jls se rendirent ("n Angleterre où le mariage
fut célébré le 20 mars 1867.
A leur retour de Londrês, les nouveaux époux fu-
rent demeurer chez la dame Baiilet mère et y res-.
tèrent jusqu'en août 1868. Ils donnèrent, à l'occasion,
de leur mariage, une fête à laquelle Joly invita plu-
sieurs Arabes dont il avait fait la connaissance à -
Paris, notamment Salah ben Tahar, officier de ti-
railleurs algériens, et Ahmed ben Mohammed et.'
Guerrabe, iman desdits tirailleurs.
Ces deux Arabes tenaient de Joly le récit du conte
marocain, et, sans chercher à l'approfondir, concou-
raient à le répandre.
Joly avait compris depuis longtemps que son igno-
rance de la langue arabe venait donner un dé-
menti à l'origine qu'il s'attribuait. Il se fit donc don-;
ner des leçons d'arabe par l'iman Mohammed; mais;
il ne paraît pas avoir fait de grands progrès danï:r
cette étude.
Pendant qu'il étudiait l'arabe, le prévenu em-
ploya en même temps la bonne volonté de son maî-
tre pour des services d'un autre ordre ; il lui remit
un écrit rédigé en français sur une feuille de papier .1
timbré, et relatant le fait de sa naissance à Tanger,'
avec prière de le traduire en arabe.
Mohammed, croyant à la production d'un acte de'
naissance authentique, consentit à faire cette traduc- ,
tion, au bas de laquede il apposa son cachet d'iman
des Chaonias. Cette pièce a été retrouvée plus tard:
au domicile du prévenu, à son retour d'Angleterre_'
Joly imagina également de faire traduire en arabe
par Mohammed, dans la forme'musulmane, le ma-
riage qu'il venait de contracter avec Mme de
Presles. ' ,
Après son mariage, Joly continua de se parer plus ;
que jamais du titre de prince marocain, et sa -,-
femme, dont la bonne foi paraît certaine, s'empressa 1
d'adopter ce titre. -
Dans ce système, le prévenu n'accepte, comme se ?
rapportant à lui-même, que la seconde partie de son'
existence depuis 1.888, et'ne l'accepte qu'avec sa qua-, '
lité de prince El Guennaori; la première partie, j us-,
qu'après son mariage à Paris avec- la dame Fnier, lui demeure étrangère, puisqu'il n'est pas, dit-
il, Napoléon Joly.
Des marchands marocains établis à Paris, et le sieur-
Gabeau, interprète militaire principal, refusent d'e
prendre au sérieux cette nouvelle explication; de
plus il n'y a point de palais impérial à Tanger, et;
I le prévenu ne peut être le fils de Muley Soliman,
; dont !a. mort remonte, à plus de soixante ans. 'En'
| outre, la résidence des membresde la famille de Mu-
! ley-Saliman s'appeilp, : Tefilabet ou T'atilalé, et non :
Talifet. Le prénom israélité de Rebecca que l'inculpés
prête à sa mère qui aurait été t'a femme légitime
d'un chérif de sang impérial, est invraisemblable, et
s'il était lui-même fils de Muiey-S diman,- son nom
devrait être précédédes mots ben ou oued (fils de Mu-
N° 89. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXXI
Une lettre curieuse.
Un mois s'est écoulé, depuis le premier dîner
intime de Powschine chez le couple Willcomb.
Nous ne notons ce détail que pour prendre
date, car notre drame change momentanément
de scène.
Nous sommes chez la fameuse Irma de Mont-
carmé, mais dans un hôtel autrement somptueux
que l'appartement, déjà assez riche, de la rue
Labruyère, où l'avide lorette a subi sa mémora-
ble mystification matrimoniale.
« Mauvaise herbe est précoce et croît avant le
temps ; » Aussi la fortune louche de la rapace
courtisane a décuplé, en moins de deux ans, par
ses trafics boursicotiers et autres.
Il a fallu à cette Vénus jouant si habilement
du caducée de Mercure, un temple digne de son
opulence ; de là son installation dans un des pe-
tits palais du quartier galant de la Nouvelle-
Athènes, vers la place Vintimille.
Il est encore matin pour la grande cocotte,
quoique le midi du commun des mortels appro-
che. Cela nous permet de la surprendre au lit,
. jy9kl%n\méro '
dans une chambre à coucher luxueuse au point
de toucher, d'un côté la splendeur royale, de
l'autre le mauvais goût.
Sa beauté majestueuse à la Junon est sensi-
blement augmentée, elle tombe même un peu
trop dans les ampleurs de Cybèle ou d'Isis.
Mme de Montcarmé, bien éveillée, dépouille
son courrier des premières levées, que vient de
lui apporter, sur un plat d'argent, sa camériste.
C'est toujours Mlle Mariette, qui n'a pas tâté
du conjungo avec le fourrier au pompon révé-
lateur.
Ce scrupuleux soudard a découvert à temps
qu'il affronterait le risque, en se mariant, lui,
« petit blanc, » de devenir le père phénomé-
nal d'un mulâtre ; car Ali-Cogia-Cincinnatus
s'est oublié, un soir, jusqu'à pousser au delà de
toute convenance la manifestation de ses regrets,
à propos de la fusion manquée... légalement,
entre sa race africaine et la race caucasique de
la soubrette.
Or, le vertueux Chavassieu, le concierge ter-
rible' sur les mœurs, quand on ne bouche pas
ses prunelles austères avec des pièces d'or, s'est
aperçu du manège coupable, et n'ayant pu faire
chanter les complices, les a noblement dénoncés
au vaillant troupier, précisément le lendemain
du jour où le Transatlantique démasquait Zidore
Janotesco.
La disparitition du noir séducteur l'a mis à
l'abri de la rancune rageuse du héros au pom-
pon, mais celui-ci a rompu immédiatement avec
son infidèle, qui s'est vengée en faisant chasser
le prudhÓmmiqne Chavassieu par sa maîtresse.
Mariette chiffonne au bout de la pièce, pen-
dant qu'Irma s'absorbe tellement dans la lec-
ture d'une de ses lettres, qu'elle ne remarque pas
i -A--" deux yeux inquisitifs qui la guettent de loin.
Lisons aussi par dessus son épaule ronde et
grasse.
« Chère alliée et future comtesse,
« Pour mener à bien notre importante entre-
« prise, et pour accréditer partout notre falla-
« cieuse rupture, il a été convenu que nous ces-
« serions complètement de nous voir, jusqu'au
« dénouement de la tragi-comédie.
« Aussi prudente qu'enchanteresse, vous avez
« opposé votre veto absolu à toutes les supplica-
« tiôns de mon amour, sollicitant au moins
« quelques réceptions sous le plus strict inco-
« gnito - je n'ai pu obtenir de vous cet encou-
« ragement suprême !
« Il est. vrai que le prix promis à la victoire
« me semble déjà assez magnifique pour pousser
« seul mon dévouement à son apogée.
« Mais la convention qui m'interdit toute rela-
« tion directe avec ma Bellone, m'ordonne, en
a revanche, de l'avertir par écrit, dès qu'une
« importante péripétie se prépare, dans le drame
« dont elle est le Deus ex machina.
« Puisque nous approchons de la bataille dé-
« cisfve, récapitulons les manœuvres qui ont con-
« tribué à l'amener.
« Un heureux combat d'avant-garde m'a por-
« té au cœur de l'armée ennemie... Sans méta-
« phore, ce duol tapageur, où j'ai servi comme
« de plastron à la poitrine menacée de son mari,
« m'a donné, près de la sentimentale loquetiè-
« re, l'auréole du dévouement amical, et aussi
« le prestige effroyant du raffiné d'honneur.
« Dlle croit fermement que, sur le . terrain, je
« manque mon homme seulement quand je le
« veux bien.
« D'autre part, ce service de vie et de mort
» que je lui ai,rendu malgré lui, a achevé de me j
« conquérir M. Crésus, près de qui je joue un.
« rôle très-noble en apparence..
« Faisant étalage de l'élévation de mes. prin-
« cipes politiques, j'ai fini par lui persuader,
« moi, le défenseur proscrit du patriote Scbamyl,
ce qu'il était indigne de lui, Hercule, de filer-
« constamment aux pieds d'Omphale, quand se
« débat la question immense d'une guerre pos-
te sible entre son pays natal et la France, au su-
« jet de l'occupation du Mexique.
« Bref, j'ai tellement piqué d'un beau' zèle ce .
« philanthrope cosmopolite que, depuis quinze
« jours, il quitte son hôtel presque à l'aurore,
« pour n'y rentrer qu'à la nuit tombée : ou
« travaille avec son ambassadeur, ou il dîne chez
« ceux des membres du cabinet des Tuileries
« qu'il connaît intimement, ou il visite certains',
« personnages, ayant été mêlés à ses relations
« de célibataire, et qui possèdent une Influence...
« occulte sur le maître suprême. ;
« Eh bien, son œuvre de dévouement patrio- ;
« tiq« sa tendre mbitié, tend à le brouiller avec ce <
« petit esprit-là, très-fermé aux graves intérêts. »
« la diplomatie. ^ -
« C'est sur ce résultat que je comptais, en " op-^
« posant le sectateur ardent de la paix du monde
« à l'amoureux passionné, dans lè même for- ,
«intérieur!
« L'aimable mais jalouse fleur de la hotte'
« n'admet pas que son adorateur, hier encore si i
« assidu, la néglige ainsi presque complètement.
« En vain le tourtereau ou le pigeon, dans les
« rares répits de sa généreuse tâche, explique-t-iL
« à sa colombe qu'il reviendra bientôt. tout à,'
« elle, l'abandonnée n'accueille sa justification;
« rm'avAP. nnf défiante et. arrière tri tesse.
(La suite à demain,X ,
JULES CAUVAIN.
un collectionneur, elle' est sans prix.
LES LIVADKS nI': MAZAS. — Les deux détenus
qui s'épient évadés de Mazas par le -grand égout
ont été repris4
Ces deux détenus sont les nommés Gouin et
Dupuis; ils vivent comparaître très-prochaine-
ment devant la cour d'assises.
Ils seront iésormais soumis à une surveillance
spéciale.
UNE ARRESTATION PITTORI BQUE.—Un inconnu se
présentait avant-hier chez M. D..., agent d af-
faires, rue aux Our,»:
-r- Monsieur, pendant mon absence de Paris,
sous la Commune, ma tanie mourut à la maison
■Dubois. Le commissaire du quartier fut chargé
d'apposer les scellés, pr, le lendemain de l'en-
trée des troupes à Paris, le commissaire de po-
lice procéda à la levée des scellés et... s'empara
d'une somme de 30,000 fr.
Ici, M. D... s'essuya le front.
— Le nom de ce commissaire de police ? bal-
fJbutia-t-i! ? _
— -C'est un nommé R..... qui a échappé jusqu'à
présent aux recberches de la police.
— Avez-vous quelque titre établissant vos droits
à cette succession ?
— J'ai justement sur moi une preuve incon-
testable, la voici :
M. D... pâlit affreusement.
Le prétendu héritier était un agent de police
et le prétendu homme d'affaires n'était autre que
îe voleur.
SOYEZ DONC CHARITABLE. — Avant-hier, une pe-
tite fille, âgée de dix ans, qui a déclaré se nom-
mer Adèle. B..., pleurait à chaudes larmes dans
une des allées de l'avenue des Champs-Elysées.
Les époux D..., qui. revenaient du Cirqu>, s'in-
téressèrent à cette douleur, dont ils demandè-
T'en!:. l'explication. L'enfant leur raconta qu'elle
avait été abandonnée seule à Paris par ses pa-
rents qui habitaient Gonesse et que, depuis le
:g¡,atin, elle n'avait pas mangé. Pris de compas-
sion pour une pareille infortune, les deux bon-
nes gens résolurent d'offrir l'hospitalité à la mal -
heureuse abandonnée, en attendant de pouvoir,
le lendemain, faire leur déposition chez le com-
missaire. M. D... entrait effectivement, hier ma-
tin, chez le magistrat, mais pour déposer une
plainte contre Adèle B..., qui avait disparu pen-
dant la nuit en emportant la chaîne et la mon-
tre de M. D... et le porte-monnaie de sa femme,
objets qu'elle était parvenue à dérober en s'in-
troduisant dans la chambre de ses bienfaiteurs
pendant leur sommeil.
DEUX NOUVEAUX JUD. — Jeudi dernier, Mme
Pineau, femme d'un ancien boucher de Bray, se
rendait à Paris pour toucher de l'argent, et, le
soir même, elle reprenait le train pour revenir
chez elle.
A Noisy-le-Sec, deux individus montèrent
dans le même compartiment où se trouvait Mme
Pineau. Pendant le trajet, cette dame s'endor-
mit et laissi passer la station de Longueville, où
elle devait descendre pour aller à Bray. Elle ne
se réveilla qu'à Flamboin, il était trois heures
un quart du matin. Pressée de rentrer, elle prit
la route de Flamboin à Everly. Ses deux com-
pagnons de route descendirent en même temps
qu'elle. A quelque distance de la gare, Mme Pi-
neau fut terrassée et à moitié étranglée par ces
deux hommes. i
Vendredi matin, un paysan trouva le corps de
cette malheureuse femme dans un fossé.
Mme Pineau n'était pas morte. Elle a pu ra- i
conter ce qui s'est passé. Bien entendu son ar- ■
gent a été volé.
La justice informe.
UN FOU FURIEUX. — Dans un accès d'aliénation
mentale. M. Vasselart, mécanicien, rue de Lyofl,
s'arma d'une hache et commença à détruire la
rampe de la maison qu'il habite. Puis il s'en
prit à la porte de la chambre de M. civière, lo-
cataire delà maison,l'enfonça d'un coup d'épaule,
et il aurait, sans doute, tout mis en pièces, . ¡ans
le courage de M. Rivière, ancien soldat d'Afri-
que, qui parvint à le désarmer après une longue
lutte dans laquelle il reçut deux graves bles-
sures.
Sur ces entrefaites, le concierge, suivi de
deux gardiens de la paix, pénétra dans la cham-
bre. A leur vue, le fou saisit un couteau de
chasse suspendu au mur, et en frappa le con-
cierge dans la région du ventre.
On se rendit maître de lui, et, après l'avoir
garrotté solidement, on le porta au poste. En-
fermé dans une cellule, le malheureux se brisa
le crâne contre les murs. Il expira deux heures
après.
M. Rivière et le concierge sont en danger de
mort.
LE QUART D'HEURE DE RABELAIS. — Un nommé
Louis, entre chez un restarateur du quartier
Vivienne, se fait servir à déjeuner, mange avec
un dévorant appétit, puis le quart d'heure de
Rabelais arrivé, il dit au maître de l'établisse-
ment qu'il a oublié son porte-monnaie, mais
qu'il a dans le voisinage un ami sur lequel il
peut faire fond pour avoir de l'argent. Tout en
parlant, il dépouille sa redingote, qu'il dépose
sur une chaise en nantissement, et sort en
manches de chemises, promettant de revenir
dans quelques instants.
Une heure s'écoule, tout à coup on le voit ar-
river entre des agents. Louis G... avait été rue
Neuve-des-Petits Champs, chez un commis-
sionnaire du Mont-de-Piété, auquel il avait of-
fert un couvert dérobé chez le restaurateur, et
qui n'était qu'en ruolz. Le commissionnaire,
dont la singularité de sa tenue avait déjà excité
les soupçons, l'avait questionné, et, ayant ob-
tenu de lui un aveu complet, l'avait livré à la
police.
GUILLOTINÉ PAR SA VOITURE. - Jeudi, après-
midi, en voulant lutter de vitesse avec un de
ses camarades, Pierre Daval, charretier en vins,
demeurant rue de la Brèche-aux-Loups, 6, a été
renversé par un soubresaut du lourd haquet
qu'il conduisait. La chute a été si malheureuse
que l'une des roues a passé ;sur le cou du pau-
vre charretier et l'a littéralement décapité. La
mort a été instantanée. M. Mercadier, commis-
saire de police, après les constatations d'usage,
a fait transporter le corps à son domicile.
EcROULI,,,',IENT D'UN ÉCHAFAUDAGE. — Jeudi vers
quatre heures un affreux malheur est venu jeter
la consternation dans la rue François-Miron.
Au numéro 74 de cette rue, un peintre venait
de faire poser un échafaudage mobile pour fa-
ciliter le travail et éviter les accidents à ses ou-
vriers.
Le loueur de cet échafaudage, M. Flavins,
entrepreneur, 19, rue Turenne, voulant s'assu-
rer de sa solidité, monta sur le toit de la mai-
son; il venait à peine de se rendre compte de
ce qu'il voulait, lorsque, la tête entraînant le
corps, il tomba inanimé sur le trottoir; relevé
aussitôt par les ouvriers, il fut transporté chez le
pharmacien au n° 82 de la même rue. Dans ce
court trajet, il expira.
Le commissaire de police du n° 20 de la rue
Vieille-du-Temple, est venu constater les faits.
Mme Flavins est venue reconnaitre le cadavre,
pour éviter son transport à la Morgue.
— Le duc d'Edimbourg est arrivé à Paris.
— Or. annonce l'arrivée prochaine à Paris du
scha '1 de Perse. Sa. Majesté persane était à Saint-
Pétersbourg le 10 juillet dernier.
— Dans la nuit du 17 au 18, un incendie considé-
rable a dévoré deux maisons à Besançon. La perte
est évaluée à 350,000 francs.
— Un accident de chemin de fer s'est produit à
la gare d'Eu r ville (Haute Marne), avant hier soir, à
8 h. 10 m.. Le chef de train a été blessé, plusieurs
voyageurs sont contusionnés.
— Dimanche 21 juillet 1872, courses au Vésinet.
3 prix y seront courus. Chemin de fer de l'Ouest.
CINQ FRANCS par mois pour chaque cen-
taine de francs d'acquisition. Livraison immédiate
des ouvrages suivants : Dict. de la Conversation,
16vol.,200fr.Dict.Vorepierre,80fr.Cbateaubriand,
9 vol., 100 fr. Histoire de France de Duruy, 8 vol.,
60 fr. Balzac, 20 vol., 100 fr., etc., etc., ainsi que
toutes les œuvres musicales au prix des éditeurs;
envoi'fo au-dessus de 100 fr. — Crédit littéraire
et musical, Abel Pilon, rue de fleurus, 33, Paris.
Monsieur le rédacteur,
J'ai vu tant de malades guéris du cancer par
le D' Joannard (17, rue Notre-Dame-de-Lorette à
Paris) et tant de lettres exprimant pour lui la
plus vive reconnaissance, que j'ai la conviction
d'être utile à l'humanité en joignant mon témoi-
gnage à ceux qui ont déjà attesté de semblables
succès. •
Agréez, etc,
L'abbé BARTHÉLÉMY,
1er vicaire de la Trinité, à Paris.
Insensibilisateur Duchesne.Guérison, extrac-
tionet pose de dents sans douleur, 45, rue Lafayette.
TRIBUNAUX
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE LA SEINE
(7e chambre)
Présidence de M. Chevillotte
Audience du 17 juillet.
Un faux prince Marocain. — Un faux
héritier du trône de Maroc. —
Usurpation de titres de noblesse.
— Port illégal de décorations.
Le prévenu dont nous allons parler est cet aven-
turier parisien qui a voulu se faire passer pour un
prince du Maroc, et qui, veuf, a réussi à contracter
un second mariage en Augleterre avec une veuve
appartenant au monde du faubourg Saint-Germain.
11 s'appelle Joly (Ferdinand-Napoléon). C'est le qua-
trième fils d'un militaire qui servait au 36e de ligne.
Le 19 octobre 18M, il s'engageait au 32e de ligne où
il devint sergent. En 1857, étanten garnison à Reims,
il s'y maria avec la demoiselle Fournier, et devint
veufen 1866.
Joly fut employé dans diverses maisons de com-
merce à Paris, et notamment chez M. Barbé, négo-
ciant en draps.
^ En septembre 1850, il fit à Paris la connaissance
d'un nommé Baillet, employé au ministère de la ma-
rine, qui se prit pour lui d'une vive affection.
Vers la fin de 1862, le prévenu tomba malade et
partit pour Mostaganem, mais après un court séjour
il disparut et l'on prétend qu'il était allé au Maroc.
Au commencement de 1863, après trois ou quatre
mois d'absence, il revint à Paris. Il avait fait con-
naissance, dans la famille Baillet, de M. l'abbé Mi-
chel, aumônier de la prison de Saint-Lazare, et il se
fit présenter par cet abbé à Mme la marquise de
Chaumont Quitry, qui voulut bien s'occuper de lui
chercher une position. Le 11 avril 1863, il entrait
comme auxiliaire au contrôle général de la préfec-
ture de police, et se trouvait sous les ordres de M.
Marseille. Le 24 novembre de la même année, il tut
nommé inspecteur au traitement de 1,200 fr.
C'est en cette année 1863 que commence et se dé-
veloppe la métamorphose de Ferdinand-Napoléon
Joly en prince marocain, fait qui forme la base de la
poursuite actuelle. Son voyage en Afrique fut le point
de départ de cette transformation et lui permit, se-
lon toute apparence, de recueillir les renseignements
nécessaires (.our donner quelque vraisemblance à sa
nouvelle incarnation. Déjà, avant son départ, il avait
préparé l'imagination de son ami Baiilet à ses récits
tuturs, eil lui disant qu'il y avait quelque chose de
vague et de mystérieux dans sa naissance.
Peu d...J temps après son retour, il lui révéla qu'il
était d'origine marocaine, parent de l'empereur du
Maroc et destiné à lui succéder sur le trône; que
son véritable nom était celui de prince Abdallah el
Guennaori; qu'étant enfant, il avait été fait prison-
nier à la prise de Tanger et recueilli par la famille
Joly, qui l'avait éievé. A l'appui de ses dires, il pré-
senta au sieur Baillet un soi-disant acte de naissance
au nom (j'AbdalJah el Guennaori, né au palais impé-
rial de Tanger, pièce visée par le préfet de police et
parle contrôleur général, M. Marseille.
Il fit un récit semblable aux époux Disson, qu'il
rencontra, dans la.famille Baillet, à laquelle ils sont
alliés. Il produisit la même pièce, au bas de laquelle
on remarque les mêmes v sas; il ajouta que cet écrit
lui avait été remis mystérieusement par un mara-
bout, pendant son voyage en Afrique, de la part de
sa mère, qui jadis avait fait passer des secours à la
femme Joly pour l'aider à élever ses enfants. L'abbé
Michel, à qui le même récit fut fait, eut la candeur
de se prêter à une des r'ius odieuses manœuvres du
prévenu, qui l'avait séduit par la douceur de ses ma-
nières.
Le prétendu prince marocain manifesta le désir
d'abjurer la religion musulmane qui était, disait-il
la sienne, pour embrasser la religion c&'tboliqne.
L'eeclésiastique, accuillant avec joie les dispositions
qu'on lui témoignait, fit instruire le prévenm et ob-
tint de l'archevêque l'autorisation de le faire bapti-
ser. Le sieur Baillet fut son parrain, la dame Dis-
son sa marraine. La cérémonie de l'abjuratiou, qui ;
tut célébrée le 6 juin 1865 en l'église de Saint-Eus. -
tache, eut dû être entourée de quelque solennité j
mais, à la demande de l'imposteur, elle eut lieu
dans une chapelle spéciale où les invités ne furent
admis que sur la présentation de cartes particulières.
Le soi-disarit punce fit sa première communion le
lendemain, il fut confirmé quelques jours après.
Vers la même époque, il fréquentait, sous le nom
du prince Abdallah, le salon d'une courtisane du
nom de Cora Rearl, échangeait avec elle une corres-
pondance et lui taisait des propositions de mariage,
qui auraient peut-être été agréées si les intimes de
cette femme galante ne l'avaient dissuadée de dOIl-
ner suite à ce projet, à rai on des renseignements
qu'ils avaient recueillis sur son compte.
La Préfecture de police s'émut des manœuvres
auxquelles se livrait l'inspecteur Joly, Celui-ci cher-
cha à dissiper l'impression défavorable qu'elles de-
vaient produire dans l'administration à laquelle il ap-
partenait, en niant qu'il se fît passer lui-même pour
un prince marocain, et en racontant à ses collègues
du contrôle général qu'il avait reçu chez lui un jeune .
prince du Maroc, auquel il faisait voir Paris, et mon-
trait une chaîne et une montre d'un grand prix,
dont, disait il, le prince lui avait fait cadeau.
Il faisait copier par l'inspecteur Rousseau une
pièce contenant des noms arabes et ayaut l'apparence '
d'un acte de naissance, disant que c'étaient les pa-
piers du jeune prince qui voulait abjurer sa religion.
Le même récit se trouve consigné dans une lettre
adressée, en 1866, à M. MarseilLe, au moment où ce
dernier l'obligeait à donner sa démission.
'Vers la fin de 1866, Joly, à la recherche d'une po-
sition, eut la pensée de contracter mariage avec
Mme veuve de Presles, née Emilie Douville, appar-
tenant à une honorable famille aaglaise. Il se fit
présenter dans cette famille par le sieur Baillet qui
montra son prétendu acte de naissance écrit en rrabe
ainsi qu'âne carte d'invitation au baptême du soi-
disairï|Kj$nce. Sa demande fut agréée par Mme de
Pre:cli,d' Jls se rendirent ("n Angleterre où le mariage
fut célébré le 20 mars 1867.
A leur retour de Londrês, les nouveaux époux fu-
rent demeurer chez la dame Baiilet mère et y res-.
tèrent jusqu'en août 1868. Ils donnèrent, à l'occasion,
de leur mariage, une fête à laquelle Joly invita plu-
sieurs Arabes dont il avait fait la connaissance à -
Paris, notamment Salah ben Tahar, officier de ti-
railleurs algériens, et Ahmed ben Mohammed et.'
Guerrabe, iman desdits tirailleurs.
Ces deux Arabes tenaient de Joly le récit du conte
marocain, et, sans chercher à l'approfondir, concou-
raient à le répandre.
Joly avait compris depuis longtemps que son igno-
rance de la langue arabe venait donner un dé-
menti à l'origine qu'il s'attribuait. Il se fit donc don-;
ner des leçons d'arabe par l'iman Mohammed; mais;
il ne paraît pas avoir fait de grands progrès danï:r
cette étude.
Pendant qu'il étudiait l'arabe, le prévenu em-
ploya en même temps la bonne volonté de son maî-
tre pour des services d'un autre ordre ; il lui remit
un écrit rédigé en français sur une feuille de papier .1
timbré, et relatant le fait de sa naissance à Tanger,'
avec prière de le traduire en arabe.
Mohammed, croyant à la production d'un acte de'
naissance authentique, consentit à faire cette traduc- ,
tion, au bas de laquede il apposa son cachet d'iman
des Chaonias. Cette pièce a été retrouvée plus tard:
au domicile du prévenu, à son retour d'Angleterre_'
Joly imagina également de faire traduire en arabe
par Mohammed, dans la forme'musulmane, le ma-
riage qu'il venait de contracter avec Mme de
Presles. ' ,
Après son mariage, Joly continua de se parer plus ;
que jamais du titre de prince marocain, et sa -,-
femme, dont la bonne foi paraît certaine, s'empressa 1
d'adopter ce titre. -
Dans ce système, le prévenu n'accepte, comme se ?
rapportant à lui-même, que la seconde partie de son'
existence depuis 1.888, et'ne l'accepte qu'avec sa qua-, '
lité de prince El Guennaori; la première partie, j us-,
qu'après son mariage à Paris avec- la dame F
il, Napoléon Joly.
Des marchands marocains établis à Paris, et le sieur-
Gabeau, interprète militaire principal, refusent d'e
prendre au sérieux cette nouvelle explication; de
plus il n'y a point de palais impérial à Tanger, et;
I le prévenu ne peut être le fils de Muley Soliman,
; dont !a. mort remonte, à plus de soixante ans. 'En'
| outre, la résidence des membresde la famille de Mu-
! ley-Saliman s'appeilp, : Tefilabet ou T'atilalé, et non :
Talifet. Le prénom israélité de Rebecca que l'inculpés
prête à sa mère qui aurait été t'a femme légitime
d'un chérif de sang impérial, est invraisemblable, et
s'il était lui-même fils de Muiey-S diman,- son nom
devrait être précédédes mots ben ou oued (fils de Mu-
N° 89. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXXI
Une lettre curieuse.
Un mois s'est écoulé, depuis le premier dîner
intime de Powschine chez le couple Willcomb.
Nous ne notons ce détail que pour prendre
date, car notre drame change momentanément
de scène.
Nous sommes chez la fameuse Irma de Mont-
carmé, mais dans un hôtel autrement somptueux
que l'appartement, déjà assez riche, de la rue
Labruyère, où l'avide lorette a subi sa mémora-
ble mystification matrimoniale.
« Mauvaise herbe est précoce et croît avant le
temps ; » Aussi la fortune louche de la rapace
courtisane a décuplé, en moins de deux ans, par
ses trafics boursicotiers et autres.
Il a fallu à cette Vénus jouant si habilement
du caducée de Mercure, un temple digne de son
opulence ; de là son installation dans un des pe-
tits palais du quartier galant de la Nouvelle-
Athènes, vers la place Vintimille.
Il est encore matin pour la grande cocotte,
quoique le midi du commun des mortels appro-
che. Cela nous permet de la surprendre au lit,
. jy9kl%n\méro '
dans une chambre à coucher luxueuse au point
de toucher, d'un côté la splendeur royale, de
l'autre le mauvais goût.
Sa beauté majestueuse à la Junon est sensi-
blement augmentée, elle tombe même un peu
trop dans les ampleurs de Cybèle ou d'Isis.
Mme de Montcarmé, bien éveillée, dépouille
son courrier des premières levées, que vient de
lui apporter, sur un plat d'argent, sa camériste.
C'est toujours Mlle Mariette, qui n'a pas tâté
du conjungo avec le fourrier au pompon révé-
lateur.
Ce scrupuleux soudard a découvert à temps
qu'il affronterait le risque, en se mariant, lui,
« petit blanc, » de devenir le père phénomé-
nal d'un mulâtre ; car Ali-Cogia-Cincinnatus
s'est oublié, un soir, jusqu'à pousser au delà de
toute convenance la manifestation de ses regrets,
à propos de la fusion manquée... légalement,
entre sa race africaine et la race caucasique de
la soubrette.
Or, le vertueux Chavassieu, le concierge ter-
rible' sur les mœurs, quand on ne bouche pas
ses prunelles austères avec des pièces d'or, s'est
aperçu du manège coupable, et n'ayant pu faire
chanter les complices, les a noblement dénoncés
au vaillant troupier, précisément le lendemain
du jour où le Transatlantique démasquait Zidore
Janotesco.
La disparitition du noir séducteur l'a mis à
l'abri de la rancune rageuse du héros au pom-
pon, mais celui-ci a rompu immédiatement avec
son infidèle, qui s'est vengée en faisant chasser
le prudhÓmmiqne Chavassieu par sa maîtresse.
Mariette chiffonne au bout de la pièce, pen-
dant qu'Irma s'absorbe tellement dans la lec-
ture d'une de ses lettres, qu'elle ne remarque pas
i -A--" deux yeux inquisitifs qui la guettent de loin.
Lisons aussi par dessus son épaule ronde et
grasse.
« Chère alliée et future comtesse,
« Pour mener à bien notre importante entre-
« prise, et pour accréditer partout notre falla-
« cieuse rupture, il a été convenu que nous ces-
« serions complètement de nous voir, jusqu'au
« dénouement de la tragi-comédie.
« Aussi prudente qu'enchanteresse, vous avez
« opposé votre veto absolu à toutes les supplica-
« tiôns de mon amour, sollicitant au moins
« quelques réceptions sous le plus strict inco-
« gnito - je n'ai pu obtenir de vous cet encou-
« ragement suprême !
« Il est. vrai que le prix promis à la victoire
« me semble déjà assez magnifique pour pousser
« seul mon dévouement à son apogée.
« Mais la convention qui m'interdit toute rela-
« tion directe avec ma Bellone, m'ordonne, en
a revanche, de l'avertir par écrit, dès qu'une
« importante péripétie se prépare, dans le drame
« dont elle est le Deus ex machina.
« Puisque nous approchons de la bataille dé-
« cisfve, récapitulons les manœuvres qui ont con-
« tribué à l'amener.
« Un heureux combat d'avant-garde m'a por-
« té au cœur de l'armée ennemie... Sans méta-
« phore, ce duol tapageur, où j'ai servi comme
« de plastron à la poitrine menacée de son mari,
« m'a donné, près de la sentimentale loquetiè-
« re, l'auréole du dévouement amical, et aussi
« le prestige effroyant du raffiné d'honneur.
« Dlle croit fermement que, sur le . terrain, je
« manque mon homme seulement quand je le
« veux bien.
« D'autre part, ce service de vie et de mort
» que je lui ai,rendu malgré lui, a achevé de me j
« conquérir M. Crésus, près de qui je joue un.
« rôle très-noble en apparence..
« Faisant étalage de l'élévation de mes. prin-
« cipes politiques, j'ai fini par lui persuader,
« moi, le défenseur proscrit du patriote Scbamyl,
ce qu'il était indigne de lui, Hercule, de filer-
« constamment aux pieds d'Omphale, quand se
« débat la question immense d'une guerre pos-
te sible entre son pays natal et la France, au su-
« jet de l'occupation du Mexique.
« Bref, j'ai tellement piqué d'un beau' zèle ce .
« philanthrope cosmopolite que, depuis quinze
« jours, il quitte son hôtel presque à l'aurore,
« pour n'y rentrer qu'à la nuit tombée : ou
« travaille avec son ambassadeur, ou il dîne chez
« ceux des membres du cabinet des Tuileries
« qu'il connaît intimement, ou il visite certains',
« personnages, ayant été mêlés à ses relations
« de célibataire, et qui possèdent une Influence...
« occulte sur le maître suprême. ;
« Eh bien, son œuvre de dévouement patrio- ;
« tiq
« petit esprit-là, très-fermé aux graves intérêts. »
« la diplomatie. ^ -
« C'est sur ce résultat que je comptais, en " op-^
« posant le sectateur ardent de la paix du monde
« à l'amoureux passionné, dans lè même for- ,
«intérieur!
« L'aimable mais jalouse fleur de la hotte'
« n'admet pas que son adorateur, hier encore si i
« assidu, la néglige ainsi presque complètement.
« En vain le tourtereau ou le pigeon, dans les
« rares répits de sa généreuse tâche, explique-t-iL
« à sa colombe qu'il reviendra bientôt. tout à,'
« elle, l'abandonnée n'accueille sa justification;
« rm'avAP. nnf défiante et. arrière tri tesse.
(La suite à demain,X ,
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