Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-06-11
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 juin 1872 11 juin 1872
Description : 1872/06/11 (A6,N2226). 1872/06/11 (A6,N2226).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4715298q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
Le sieur Simon Souquet, dont l'industrie con-
siste à conduire des ours dans les principaux
marchés des environs, pour les faire combattre
contre des chiens, possédait un de ces animaux
d'une taille et d'une force remarquables, et en
même temps d'une férocité peu commune.
Dans la journée du 26 mai, étant appelé au
dehors par les travaux des champs, il avait atta-
ché cet ours à un arbre, au fond d'une prairie,
après avoir pris toutefois la précaution de le
museler. Pendant son absence, sa tante, Marie
Baque, une vieille femme de quatre-vingt-deux
ans, qui était restée seule à la maison, voulut
s'approcher de l'animal pour lui apporter quel-
que nourriture.
Mais, soit qu'elle ne se tînt pas suffisamment
en défiance, soit qu'elle se fût trop avancée,
l'ours saisit, à travers les branches de la muse-
lière, les doigts qu'elle lui tendait, et après les
avoir broyés, ayant attiré à lui la pauvre femme,
il la renversa, lui déchira le ventre avec ses
griffes et lui dévora les entrailles, sans que ses
cris fussent entendus et que l'arrivée de secours
pût interrompre celte horrible curée.
Lorsque, bientôt après, le sieur Souquet est
rentré, il a trouvé le cadavre de sa tante af-
freusement mutilé.
L'animal a été abattu sous les yeux de M. le
juge de paix de Montrejeau, qui s'est transporté
sur les lieux à la première nouvelle de l'événe-
ment. (Journal de Saint-Gaudens.)
ROUBAIX. - Il y a quelques jours l'Echo du 1
Nord annonçait la translation à l'hôpital Saint-
Sauveur du cabaretier Delannoy, qui après
avoir, à Roubaix, tenté d'assassiner sa femme,
avait essayé de se donner la mort, et n'avait
réussi qu'à se mutiler horriblement.
- Cet homme, qui était en proie à de fréquents
accès de délire furieux, avait été, à l'hôpital, mis
en cellule, revêtu de la camisole de force et gar-
rotté. On avait en outre commis à sa garde un
agent qui ne devait pas Te perdre de vue un
seul instant.
Malgré toutes les précautions qui furent prises,
Delannoy est parvenu à se suicider, dans des cir-
constances qui révèlent une énergie presque sau-
vage.
Le malheureux fou avait à la gorge trois pro-
fondes blessures et s'était en outre frappé à l'ab-
domen et aux bras.
Samedi, à la visite du matin, il supplia le mé-
decin de lui laisser les mains libres. Le médecin
(lui accorda cette grâce, et recommanda seulement
;à son gardien de le surveiller plus strictement
que jamais.
A midi, le gardien se trouve accidentellement
éloigné, Delannoy, travaillant alors des mains et
des dents, parvint à déchirer la camisole de
force qui paralysait ses mouvements, puis, aper-
cevant au-dessus de lui une corde correspon-
dant à un carreau mobile ouvert pour la venti-
lation de la salle, il se dressa sur sa couche, et
enroulant la corde autour de son cou se 'laissa
brusquement retomber.
- La mort ne fut pas lente avenir. Les blessu-
res qu'il avait à la gorge, encore mal fermées,
se rouvrirent en l'inondant de sang. Quand on
arriva,près de lui, ce n'était plus qu'un cadavre.
DOUBS. — A Ecot, commune du département
du Doubs, un chat avait été renfermé dans une
chambre, au rez-de-chaussée. En cherchant à
s'évader, il fit tomber un fusil chargé qui était
suspendu contre le mur.
' Le chien de cette arme porta contre le pavé et
partir le coup qui perfora le plancher et alla
atteindre, à travers le plafond, à l'étage supé-
rieur, la jeune Ananie Rebillot.
La jeune fille a eu les jambes criblées de bles-
sures.
LE COMMERCE DE LA FRANCE
La valeur des marchandises étrangères livrées
à la consommation n'a jamais été aussi élevée
.que dans les trois premiers mois de 1872: elle
atteint le chiffre de 927 millions, contre 550 mil-
lions de 1862 à 1865.
L'exportation des produits français, pour la
même période, représente la valeur de 869 mil-
lions, contre 732 en 1870 et en 1869.
Circonstance remarquable, les payements faits
par la France à l'étranger n'ont amené aucune
réduction dans le stock des métaux précieux : il
n'en est sorti que pour 59 millions, chiffre au-
dessous de tous ceux qui ont été constatés de
1862 à 1870.
La perception des droits d'entrée a rendu
28 millions. - . ,
Les contributions indirectes ont perçu, sur les
boissons, 60 millions et demi, 4 de plus qu'en
1870; la vente des tabacs a rapporté 61,812,000
francs, soit une augmentation de 500,000 fr. en-
viron. r-
Tous ces chiffres se rapportent à la période
écoulée du fer janvier au 31 mars 1872.
On ne connait que très-peu en France les ser-
vices que rendent nos escadres dans les stations
navales ; en voici un rapide aperçu :
Dans la Méditerranée, 17 navires protègent
un mouvement commercial de 1,692,500,000 fr. ;
dans l'Atlantique nord, 15 navires, commerce
817,000,000; dans l'Atlantique sud, 14 navires,
753 millions; dans les mers de Chine, 11 navires,
179 millions; dans les mers des Indes, 5 navires,
251 millions; dans l'Océan Pacifique, 11 navires,
142 millions.
Soit 73 navires qui protègent un mouvement
commercial de 3,834,500,000 fr.
PETITS COTÉS DE L'HISTOIRE
On voit dans certaines rues de Paris des
écriteaux incompréhensibles qui annoncent que
telle persienne est fausse, que telle fenêtre n'est
qu'un trompe-l'œil. Pourquoi ces indications ?
Voici à ce sujet quelques renseignements dont la
Patrie garantit l'exactitude,:
Le 24 mai, alors que le pillage et les incendies
épouvantaient Paris, Delescluze ordonna de
« détruire toute maison des fédérés de laquelle
on aurait tiré sur les gardes fédérés, et de pas-
ser par les armes TOUS LES HABITANTS, s'ils ne li-
vrent et n'exécutent eux-mêmes les auteurs de
ce crime. »
En outre, chaque fenêtre devait être visible,'
c'est-à-dire dégagée de ses volets ou persiennes,
afin qu'il ne fût pas possible de tirer sans être
aperçu.
C'est alors que les propriétaires ou locataires
des habitations où se trouvaient des persiennes
fausses ou des fenêtres condamnées se virent
obligés d'indiquer cette circonstance par des
écriteaux apposés sur la façade.
On peut en voir encore dans plusieurs en-
droits, notamment rue du 29 Juillet, n° 10, à
l'angle de la rue Saint-Honoré, et rue Saint-
Martin, n° 100, au premier étage. Ce dernier est
ainsi conçu : 4 fausses persiennes. Avenue de.
Lallmière, il y en a un sur lequel on lit : Y a
pas de danger, fausse fenêtre. On tirera pas.
Nous avons cru, à titre de curiosité, devoir
mentionner l'existence de ces singuliers écri-
teaux.
Le prince Christian de Schleswig-Holstein-
Sondcrbourg, dont on a annoncé l'arrivée à Pa-
ris, est l'époux de la princesse Hélène d'Angle-
terre, troisième fille de la reine Victoria. L'ori-
gine de son alliance avec la famille royale est
assez curieuse.
Un jour, se rendant à la tombe du prince Al-
bert, la reine y trouva, pleurant toutes les larmes
de ses yeux, un gros garçon aux moustaches
blondes, aux yeux bleu faïence, de l'aspect le
plus débonnaire. Elle s'informa du nom du lar-
moyeur : c'était un allié éloigné de son époux,
le prince Christian de Schleswig-Holstein.
Attendrie, la reine mêla SIl douleur à celle du
prince, tant et si bien que ce dernier lui pro-
posa de l'épouser — pour le plus grand culte de
la mémoire du regretté défunt. L'auguste veuve
refusa pour son compte; mais ne tarda pas à
faire son gendre de sa sensible Altesse. Le
prince Christian avait pour toute fortune huit
mille livres de rentes, à peu près le même re-
venu que le roi Léopold Ier, de Belgique, lors-
que simple duc de Cobourg il épousa laprincesse
Charlotte, fille de Georges IV.
On voit encore à Londres la modeste chambre
— ,.au" .SS\1S de boutique d'un fruitier — I
qu 'il habitait pendant qu'il faisait sa cour à la
princesse royale. (Paris-Journal.) !
UN DOCTEUR VINDICATIF
M. Reil, médecin par intérim du vice-roi d'Egypte,
et appartenant à la nationalité allemande, a adressé
la lettre suivante au directeur du Nil, journal d'A-
lexandrie, qui reproduit en feuilleton les Lettres
d'Hermann et de Dorothée, publiées dans la Revue
des Deux Mondes, et que ce susceptible docteur trouve
injurieuses pour sa patrie :
Monsieur,
Quand vous m'aviez fait l'offre de m'envoyer
votre journal le N'il, il y a un mois, sans que
j'étais jusque-là dans le nombre de vos abonnés,
je me doutais de l'intention que vous aviez de"
dans ; je croyais à un simple acte de courtoisie.
Depuis huit jours^seulement j'ai compris le des-
sein qui vous a dicté de m'envoyer votrejournal.
Voilà comment. Je ne lis pas le journal, mais
madame le lit; elle a trouvé donc dans le feuil-
leton des quatre derniers numéros des allusions
faites aux soldats allemands de la dernière
guerre, qui lui ont paru tellement misérables
que son bon sens d'impartialité (madame est
Suissesse) s'en est révolté. Elle m'a fait lire les
articles du feuilleton et je me suis convaincu que
madame avait raison. Mais en même temps j'ai
compris aussi que vous avez osé vous « moquer
de moi en m'envoyant dans ma qualité d'Alle-
mand et de Prussien vos calomnies ingnobles et
lâches. »
Bien sûr que ce feuilleton n'a pour but que
de nourrir la haine entre les deux nations, un
but qui n'a pas de raison ici sur le sol neutre
de l'Egypte, je vous déclare un lâche menteur et
calomniateur, vous-même, ainsi que l'auteur de
l'article, qui très-probablement se cachera der-
rière son incognito.
Je déclare en outre que je saurai vous trou-
i ver et vous faire apprendre raison, dussé-je
risquer ma vie et ma position.
J'attends votre réponse en cinq jours d'au-
iourd'hui.
Dr H. REIL.
Caire, le 20 mai 1872.
Il faut croire que l'irascible Germain a donné suite
à ses menaces, car une dépêche d'Alexandrie parle
d'une tentative d'assassinat commise par un médecin
allemand sur la personne du directeur du journal
le Nil.
ÉTRANGER
ITALIE. — On écrit de Civita-Vecchia au Jour-
nal de Rome, le 5 juin :
Ce matin, une chaloupe de YOrénoque, frégate
française à l'ancre dans ce port, s'est aventurée
dans la rade pour manœuvrer, malgré le mau-
vais temps.
• A peu de distance du fort de Michelangelo, la
chaloupe a chaviré; elle était montée par qua-
torze hommes et un officier.
Les marins italiens ont rivalisé de zèle avec
les marins français. Malheureusement une des
embarcations de YOrénoque, qui venait au sau-
vetage,s'est brisée sous les rochers du môle.
Après beaucoup d'efforts, en est parvenu à
sauver onze ou douze personnes. Quatre marins
seulement n'ont pu être ramenés à terre, et deux
de ceux qu'on a sauvés se trouvent dans un tel
état qu'on craint de les perdre dans la soirée.
PRUSSE. — Il ne reste plus de l'ancienne pe-
tite ville de Bismark, qui au moyen âge appar-
tenait à la famille du chancelier de l'empire al-
lemand, qu'une grande tour. Les habitants de la
ville moderne, gens positifs, viennent d'en dé-
cider la démolition ; les débris doivent servir à
paver une route, à moins que le chancelier ne
donne un bon prix pour ce reste du berceau de
ses ancêtres.
! PERSE. — Le comité de secours, à Londres, a J
1 reçu la dépêche suivante, adressée d'Ispahan)
par M. Bruce : ;
« La famine est plus terrible que jamais. De-j
plus mauvais jours se préparent encore. On nel
peut obtenir du pain. Le prix nominal en est de '}
4 deniers jj2 (45 c.) par livre de trois kràus.'
Trabeesi, Maun, Julpa et Ispahan sont dans la.
désolation. Il nous faut donner aux pauvres ùnS!(
double pitance. Nous aurons à dépenser ce mois..
ci plus de 2,000 liv. st. »
— Le vapeur Amphitrite, se rendant à Trieste, a pris '
îeu par suite d une explosion de la chaudière. Pli.'-" '
sieurs personnes ont péri dans les flammes.
— Une violente tempête a sévi sur les côtes de lit
Nouvelle-Angleterre. Beaucoup de navires ont lié"'
naufrage.
court que le citoyen Lebeau, ex-délé»-1'
gué a 1 Officiel de la Commune et réfugié à Londres,';
serait mort dans cette ville.
— Un congrès des sections suisses de l'Internatir !
nale a eu lieu à Vevey (Suisse).
On y a discuté les moyens d'organiser une grè I
générale dnns toute l'Europe.
La question n'a pas été résolue.
- S. M. Orélie Ier, roi d'Araucanie, vient, dit-o;;,';
d écrire a la reine d'Angleterre pour lui demander •
main de sa fille cadette, la princesse Béatrix!!!
LE CYCLONE DU 15 AVRIL A ZANZIBAR
de Marseille a reçu de Zanzibar dt;t
détails fort intéressants sur un épouvantable cycloï4>[
qui a désolé ces parages le 15 avril dernier. Nous t:*'
extrayons les passages suivants : |
Dans la journée du 15 avril, un ouragan ter"
rible s est déchaîné sur notre île. La violence e&
était telle que, dans la matinée, tout ce qui éta :
sur rade, navires du sultan et caboteurs, e; 4
venu se briser à la côte. Les chambres en bo;;
que plusieurs Européens avaient, comme nouso1
montées sur les^ terrasses des maisons, étaient
enlevées des bâtisses qui les assujettissaient es"
volaient en éclats, ainsi que les meubles et ob-
jets qu elles renfermaient ; les mâts de pavillon - 1
étaient abattus et brisés ; toutes les toitures eu
zinc volaient dans les airs et par suite donnaient
passage à la pluie torrentielle qui tombait. Ma.v- .
tout cela n était encore que le prélude d'une ca**?
tastrophe générale. A midi, un calme subit S'V
fit, calme terrible pour un œil exercé, car :x
n'y avait plus à en douter, nous étions pris r paV
un cyclone. ;
En effet, après une heure de calme, pendant *
laquelle on voyait les malheureux arabes venir,
sur le quai pour examiner les désastres de lot
rade, sans se douter de ce qui les menaçait, le(
vent qui avait soufflé du Sud-Est dans la mati-.
née, passant tout d'un coup au Nord-Ouest, SA
déchaîna avec plus de fureur qu'auparavant. Por-'
tes et fenêtres volèrent en éclata ; tout ce qui
connaît prise au vent fut emporté, et chaque.'
maison fut inondée par la pluie. Le Lobelia,:
navire a_voHe-anglais,- qui avait tenu bon sur se5 '
ancres dans la matinée, cassa une de ses chaî-
nes, bi isa son guindeau et Dit jeté sur le quai
de la Douane, qu 'il démolit sur une longueur dû
plusieurs mètres, où il se creva.
Le vapeur français l'Abydos, seul, a pu s«
sauver au moyen de sa machine qui développait:
une force capable de le faire marcher douze.,
milles a 1 heure, et encore y a t-il eu un mo-
ment où, au dire du capitaine, la violence dur
é 1 telle que sa chaîne raidissait. s
Si le mal se fût arrêté, quelque grand qu'il
soit, a la rade et à la ville, il ne serait pas irré-
parable, mais malheureusement les trois quarts
des cocotiers ont été abattus ou déracinés, et on
peut dire qu il n'existe plus de girofliers.
Toutes les routes sont encombrées par les
troncs d arbres brisés ou déracinés, et on ne peut
guère sortir de la ville, que l'on traverse diffici-
lement, a cause des décombres qui obstruent ce
que 1 on appelle ici les rues..
Un brick complètement chargé et en départ
depuis deux jours, ayant cassé ses chaînes dans, 1
la matinée, a voulu fuir vent arrière par le nord
gy"*-» uijj- p.-U»
N° 52. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XII
La légende de la Palme d'or.
« La très-sainte Vierge lui apparut, portant
son divin Fils dans ses bras, et lui fit signe
de la suivre.
; « Elle le mena hors du village, dans un en-
droit où il semblait qu'il n'eût jamais été
élevé de constructions humaines, frappa du
pied le sol, et s'évanouit en un nuage lumi-
neux et parfumé.
« Gérard d'Avein comprit la signification
de cette radieuse apparition. Il fouilla la
terre, de la pioche et de la pelle, à l'endroit
où la Mère du Rédempteur s'était arrêtée, et
finit par y découvrir au moins la palme im-
périale, s'il n'y retrouva point son support de
porphyre.
« Sur la place ainsi révélée, il fit bâtir un
oratoire, dota un chapelain pour le de$servir;
et, à son retour en Europe, il emporta le pré-
cieux rameau, si dignement . gagné par lui.
Voir le numéro d'hier. " 1
« Sa charge de général des galères flaman-
des ne tarda pas à lui permettre d'apprécier
la miraculeuse puissance, attachée au gage
de l'ardente piété de sainte Hélène, que sanc-
tifiait encore son long séjour, sur le lieu
béni par la Nativité de Celui qui racheta le
monde du péché originel.
« En outre, le nom de sainte Marie ne si-
gnifie-t-il pas : « Etoile de la Mer ? »
« Gérard d'Avein avait installé la palme
d'or dans un tabernacle, à l'arrière de sa ca-
pitane: de plusieurs épouvantables tempêtes
où périrent les autres navires sous ses ordres,
le sien s'échappa sans une seule avarie, sans
perdre un seul matelot !
« Cependant, devenu vieux et ne naviguant
plus, un scrupule de conscience envahit le
général des galères.
« Il se dit qu'il n'avait pas le droit, lui
laïque, de s'approprier à jamais un trésor
d une telle importance religieuse, et il légua
le merveilleux rameau, à cause de son ori-
gine toute féminine, au couvent des Bénédic-
tines, dont une de ses filles était la prieure.
« Seulement, il en réserva une feuille uni-
que pour l'aîné de sa race, héritier de sa
charge navale, comme un infaillible préserva-
tif contre les risques de la mer.
« En effet, dans toute la génération mascu-
line de Gérard d'Avein, ceux qui furent na-
vigateurs rentrèrent toujours sains et saufs au
port, jusqu'au temps de la jeunesse déréglée
du roi Charles VI.
« A cette époque, le seul rejeton de la fa-
mille était le comte Gilles, amiral de Flan-
dre, et l'un des compagnons ordinaires de fo-
li-e du prince français.
« impie de jeune. seigneur la
raillait sans cesse à propos de la relique de
Bethléem, qu'il portait habituellement en un
sachet sur sa poitrine, et « dont il n'aurait
pas à juger l'efficacité, puisqu'il exerçait son
emploi de parade à terre. »
« Exaspéré, un matin qu'il était déjà ivre,
messire Gilles d'Avein, mis au défi, jeta au
feu sa feuille mystique et en donna la netite
châsse vide à la reine Isabeau de Bavière.
« Le jour même de ce sacrilège, passant à .
gué le plus inoffensif des ruisseaux, il tomba
de cheval, la tête la première, sur un fond ro-
cailleux... et se noya.
« La catastrophe de cet ingrat incrédule
confirma la foi générale en la prodigieuse
puissance de la palme de sainte Hélène, et les J
Bénédictines, qui la gardaient avec vénéra- I
tion, furent accablées de propositions d'en i
acheter les moindres parcelles contre des mil- !
lions de fois leur pesant d'or. !
« Mais elles n'en céder'nt jamais des brins i
qu'aux chefs de nations, ou à leurs représen-
tants directs dans les expéditions navales. 1
Don Juan d'Autriche, entre autres, en avait j
une ramille à la célèbre bataille de Lépaiite, j
qui amena la décadence des mécréants ot- !
tomans. !;
« Et la chronique affirme que jamais, les il- I
lustres personnages, ainsi rarement et exclu- j
sivement favorisés, ne périrent sur mer, ni
par combat, ni par naufrage.
« A la grande Révolution, la révérende Mère, j'
qui institua plus tard ici notre congrégation, !
préserva, en l'enterrant ds nouveau, la reli-
que auguste de la destruction ou de la profa- i
nation des athées républicains. Elle la donna,
ça mourant, à notre chapelle... •
■. 11 ïïétas U^sigcle devenu Si çemrs et si1
inclinèrent en matière de religion, qu'il nie:-.:l
rait même _ la puissance de salut de notre
fui rappeler. espoir marin, si nous daignions la
_ Elise avait écouté le récit de sœur Anrion-
ciation avec une attention presque fébril e.
Ainsi, lui dit-elle, vous croyez, vous
une femme si instruite, vous croyez ferme-
ment qu une feuille dé ce rameau d'or pré-
I serverait, des périls de encore l'Océan?aujOUl'd'hui, ¡wn possesseur
A v le cr.01s • s'écria la religieuse scan-
dalisée. Mais rien que votre doute est un pé-
ché et je me repéra fort de vous avoir ra-
conté cette sainte histoire, mademoiselle. '
i n i o-n m philosophe devint pourpre et
Son ains, comme pour implorer son
frpTc.0Alî?^SAr-e:prit avec douceur la sous-maî-
îîmmo ï •UTlt réellement une bonne pâte de
femme, tions q i^ue imbue de toutes les supersti-,
mais mOW.tstiques, allons, vous excuse,.
y condition que vous ferez, ce soir, la
m i ^ ^ place de sœur Sainte-Prisca,.
vous affSe devant la relique sacrée par
(La. suite cl demain.)
JULES CAUVAIN.
LES RÉCOMPENSES AUX ARTISTES. — Le jury
gravures du Salon de 1872 a procédé à la distzi-: "
des récompenses. 1
des :: MM. D{Lnguin, GuiJIard" Bédouin ont obtentt
,;uts me.daillcs de première classe. ,
, , Mme Hilaire Bocket, MM. Bracquemart, Bru^
net, Deiaunay, Rochebrune, et Ysser (Edmond)'
: des médailles de seconde classe. J
> rhSi r-îî? tecol, Heldebrandt, Debois^Gaa^^
des Mentions honorabkSjr
siste à conduire des ours dans les principaux
marchés des environs, pour les faire combattre
contre des chiens, possédait un de ces animaux
d'une taille et d'une force remarquables, et en
même temps d'une férocité peu commune.
Dans la journée du 26 mai, étant appelé au
dehors par les travaux des champs, il avait atta-
ché cet ours à un arbre, au fond d'une prairie,
après avoir pris toutefois la précaution de le
museler. Pendant son absence, sa tante, Marie
Baque, une vieille femme de quatre-vingt-deux
ans, qui était restée seule à la maison, voulut
s'approcher de l'animal pour lui apporter quel-
que nourriture.
Mais, soit qu'elle ne se tînt pas suffisamment
en défiance, soit qu'elle se fût trop avancée,
l'ours saisit, à travers les branches de la muse-
lière, les doigts qu'elle lui tendait, et après les
avoir broyés, ayant attiré à lui la pauvre femme,
il la renversa, lui déchira le ventre avec ses
griffes et lui dévora les entrailles, sans que ses
cris fussent entendus et que l'arrivée de secours
pût interrompre celte horrible curée.
Lorsque, bientôt après, le sieur Souquet est
rentré, il a trouvé le cadavre de sa tante af-
freusement mutilé.
L'animal a été abattu sous les yeux de M. le
juge de paix de Montrejeau, qui s'est transporté
sur les lieux à la première nouvelle de l'événe-
ment. (Journal de Saint-Gaudens.)
ROUBAIX. - Il y a quelques jours l'Echo du 1
Nord annonçait la translation à l'hôpital Saint-
Sauveur du cabaretier Delannoy, qui après
avoir, à Roubaix, tenté d'assassiner sa femme,
avait essayé de se donner la mort, et n'avait
réussi qu'à se mutiler horriblement.
- Cet homme, qui était en proie à de fréquents
accès de délire furieux, avait été, à l'hôpital, mis
en cellule, revêtu de la camisole de force et gar-
rotté. On avait en outre commis à sa garde un
agent qui ne devait pas Te perdre de vue un
seul instant.
Malgré toutes les précautions qui furent prises,
Delannoy est parvenu à se suicider, dans des cir-
constances qui révèlent une énergie presque sau-
vage.
Le malheureux fou avait à la gorge trois pro-
fondes blessures et s'était en outre frappé à l'ab-
domen et aux bras.
Samedi, à la visite du matin, il supplia le mé-
decin de lui laisser les mains libres. Le médecin
(lui accorda cette grâce, et recommanda seulement
;à son gardien de le surveiller plus strictement
que jamais.
A midi, le gardien se trouve accidentellement
éloigné, Delannoy, travaillant alors des mains et
des dents, parvint à déchirer la camisole de
force qui paralysait ses mouvements, puis, aper-
cevant au-dessus de lui une corde correspon-
dant à un carreau mobile ouvert pour la venti-
lation de la salle, il se dressa sur sa couche, et
enroulant la corde autour de son cou se 'laissa
brusquement retomber.
- La mort ne fut pas lente avenir. Les blessu-
res qu'il avait à la gorge, encore mal fermées,
se rouvrirent en l'inondant de sang. Quand on
arriva,près de lui, ce n'était plus qu'un cadavre.
DOUBS. — A Ecot, commune du département
du Doubs, un chat avait été renfermé dans une
chambre, au rez-de-chaussée. En cherchant à
s'évader, il fit tomber un fusil chargé qui était
suspendu contre le mur.
' Le chien de cette arme porta contre le pavé et
partir le coup qui perfora le plancher et alla
atteindre, à travers le plafond, à l'étage supé-
rieur, la jeune Ananie Rebillot.
La jeune fille a eu les jambes criblées de bles-
sures.
LE COMMERCE DE LA FRANCE
La valeur des marchandises étrangères livrées
à la consommation n'a jamais été aussi élevée
.que dans les trois premiers mois de 1872: elle
atteint le chiffre de 927 millions, contre 550 mil-
lions de 1862 à 1865.
L'exportation des produits français, pour la
même période, représente la valeur de 869 mil-
lions, contre 732 en 1870 et en 1869.
Circonstance remarquable, les payements faits
par la France à l'étranger n'ont amené aucune
réduction dans le stock des métaux précieux : il
n'en est sorti que pour 59 millions, chiffre au-
dessous de tous ceux qui ont été constatés de
1862 à 1870.
La perception des droits d'entrée a rendu
28 millions. - . ,
Les contributions indirectes ont perçu, sur les
boissons, 60 millions et demi, 4 de plus qu'en
1870; la vente des tabacs a rapporté 61,812,000
francs, soit une augmentation de 500,000 fr. en-
viron. r-
Tous ces chiffres se rapportent à la période
écoulée du fer janvier au 31 mars 1872.
On ne connait que très-peu en France les ser-
vices que rendent nos escadres dans les stations
navales ; en voici un rapide aperçu :
Dans la Méditerranée, 17 navires protègent
un mouvement commercial de 1,692,500,000 fr. ;
dans l'Atlantique nord, 15 navires, commerce
817,000,000; dans l'Atlantique sud, 14 navires,
753 millions; dans les mers de Chine, 11 navires,
179 millions; dans les mers des Indes, 5 navires,
251 millions; dans l'Océan Pacifique, 11 navires,
142 millions.
Soit 73 navires qui protègent un mouvement
commercial de 3,834,500,000 fr.
PETITS COTÉS DE L'HISTOIRE
On voit dans certaines rues de Paris des
écriteaux incompréhensibles qui annoncent que
telle persienne est fausse, que telle fenêtre n'est
qu'un trompe-l'œil. Pourquoi ces indications ?
Voici à ce sujet quelques renseignements dont la
Patrie garantit l'exactitude,:
Le 24 mai, alors que le pillage et les incendies
épouvantaient Paris, Delescluze ordonna de
« détruire toute maison des fédérés de laquelle
on aurait tiré sur les gardes fédérés, et de pas-
ser par les armes TOUS LES HABITANTS, s'ils ne li-
vrent et n'exécutent eux-mêmes les auteurs de
ce crime. »
En outre, chaque fenêtre devait être visible,'
c'est-à-dire dégagée de ses volets ou persiennes,
afin qu'il ne fût pas possible de tirer sans être
aperçu.
C'est alors que les propriétaires ou locataires
des habitations où se trouvaient des persiennes
fausses ou des fenêtres condamnées se virent
obligés d'indiquer cette circonstance par des
écriteaux apposés sur la façade.
On peut en voir encore dans plusieurs en-
droits, notamment rue du 29 Juillet, n° 10, à
l'angle de la rue Saint-Honoré, et rue Saint-
Martin, n° 100, au premier étage. Ce dernier est
ainsi conçu : 4 fausses persiennes. Avenue de.
Lallmière, il y en a un sur lequel on lit : Y a
pas de danger, fausse fenêtre. On tirera pas.
Nous avons cru, à titre de curiosité, devoir
mentionner l'existence de ces singuliers écri-
teaux.
Le prince Christian de Schleswig-Holstein-
Sondcrbourg, dont on a annoncé l'arrivée à Pa-
ris, est l'époux de la princesse Hélène d'Angle-
terre, troisième fille de la reine Victoria. L'ori-
gine de son alliance avec la famille royale est
assez curieuse.
Un jour, se rendant à la tombe du prince Al-
bert, la reine y trouva, pleurant toutes les larmes
de ses yeux, un gros garçon aux moustaches
blondes, aux yeux bleu faïence, de l'aspect le
plus débonnaire. Elle s'informa du nom du lar-
moyeur : c'était un allié éloigné de son époux,
le prince Christian de Schleswig-Holstein.
Attendrie, la reine mêla SIl douleur à celle du
prince, tant et si bien que ce dernier lui pro-
posa de l'épouser — pour le plus grand culte de
la mémoire du regretté défunt. L'auguste veuve
refusa pour son compte; mais ne tarda pas à
faire son gendre de sa sensible Altesse. Le
prince Christian avait pour toute fortune huit
mille livres de rentes, à peu près le même re-
venu que le roi Léopold Ier, de Belgique, lors-
que simple duc de Cobourg il épousa laprincesse
Charlotte, fille de Georges IV.
On voit encore à Londres la modeste chambre
— ,.au" .SS\1S de boutique d'un fruitier — I
qu 'il habitait pendant qu'il faisait sa cour à la
princesse royale. (Paris-Journal.) !
UN DOCTEUR VINDICATIF
M. Reil, médecin par intérim du vice-roi d'Egypte,
et appartenant à la nationalité allemande, a adressé
la lettre suivante au directeur du Nil, journal d'A-
lexandrie, qui reproduit en feuilleton les Lettres
d'Hermann et de Dorothée, publiées dans la Revue
des Deux Mondes, et que ce susceptible docteur trouve
injurieuses pour sa patrie :
Monsieur,
Quand vous m'aviez fait l'offre de m'envoyer
votre journal le N'il, il y a un mois, sans que
j'étais jusque-là dans le nombre de vos abonnés,
je me doutais de l'intention que vous aviez de"
dans ; je croyais à un simple acte de courtoisie.
Depuis huit jours^seulement j'ai compris le des-
sein qui vous a dicté de m'envoyer votrejournal.
Voilà comment. Je ne lis pas le journal, mais
madame le lit; elle a trouvé donc dans le feuil-
leton des quatre derniers numéros des allusions
faites aux soldats allemands de la dernière
guerre, qui lui ont paru tellement misérables
que son bon sens d'impartialité (madame est
Suissesse) s'en est révolté. Elle m'a fait lire les
articles du feuilleton et je me suis convaincu que
madame avait raison. Mais en même temps j'ai
compris aussi que vous avez osé vous « moquer
de moi en m'envoyant dans ma qualité d'Alle-
mand et de Prussien vos calomnies ingnobles et
lâches. »
Bien sûr que ce feuilleton n'a pour but que
de nourrir la haine entre les deux nations, un
but qui n'a pas de raison ici sur le sol neutre
de l'Egypte, je vous déclare un lâche menteur et
calomniateur, vous-même, ainsi que l'auteur de
l'article, qui très-probablement se cachera der-
rière son incognito.
Je déclare en outre que je saurai vous trou-
i ver et vous faire apprendre raison, dussé-je
risquer ma vie et ma position.
J'attends votre réponse en cinq jours d'au-
iourd'hui.
Dr H. REIL.
Caire, le 20 mai 1872.
Il faut croire que l'irascible Germain a donné suite
à ses menaces, car une dépêche d'Alexandrie parle
d'une tentative d'assassinat commise par un médecin
allemand sur la personne du directeur du journal
le Nil.
ÉTRANGER
ITALIE. — On écrit de Civita-Vecchia au Jour-
nal de Rome, le 5 juin :
Ce matin, une chaloupe de YOrénoque, frégate
française à l'ancre dans ce port, s'est aventurée
dans la rade pour manœuvrer, malgré le mau-
vais temps.
• A peu de distance du fort de Michelangelo, la
chaloupe a chaviré; elle était montée par qua-
torze hommes et un officier.
Les marins italiens ont rivalisé de zèle avec
les marins français. Malheureusement une des
embarcations de YOrénoque, qui venait au sau-
vetage,s'est brisée sous les rochers du môle.
Après beaucoup d'efforts, en est parvenu à
sauver onze ou douze personnes. Quatre marins
seulement n'ont pu être ramenés à terre, et deux
de ceux qu'on a sauvés se trouvent dans un tel
état qu'on craint de les perdre dans la soirée.
PRUSSE. — Il ne reste plus de l'ancienne pe-
tite ville de Bismark, qui au moyen âge appar-
tenait à la famille du chancelier de l'empire al-
lemand, qu'une grande tour. Les habitants de la
ville moderne, gens positifs, viennent d'en dé-
cider la démolition ; les débris doivent servir à
paver une route, à moins que le chancelier ne
donne un bon prix pour ce reste du berceau de
ses ancêtres.
! PERSE. — Le comité de secours, à Londres, a J
1 reçu la dépêche suivante, adressée d'Ispahan)
par M. Bruce : ;
« La famine est plus terrible que jamais. De-j
plus mauvais jours se préparent encore. On nel
peut obtenir du pain. Le prix nominal en est de '}
4 deniers jj2 (45 c.) par livre de trois kràus.'
Trabeesi, Maun, Julpa et Ispahan sont dans la.
désolation. Il nous faut donner aux pauvres ùnS!(
double pitance. Nous aurons à dépenser ce mois..
ci plus de 2,000 liv. st. »
— Le vapeur Amphitrite, se rendant à Trieste, a pris '
îeu par suite d une explosion de la chaudière. Pli.'-" '
sieurs personnes ont péri dans les flammes.
— Une violente tempête a sévi sur les côtes de lit
Nouvelle-Angleterre. Beaucoup de navires ont lié"'
naufrage.
court que le citoyen Lebeau, ex-délé»-1'
gué a 1 Officiel de la Commune et réfugié à Londres,';
serait mort dans cette ville.
— Un congrès des sections suisses de l'Internatir !
nale a eu lieu à Vevey (Suisse).
On y a discuté les moyens d'organiser une grè I
générale dnns toute l'Europe.
La question n'a pas été résolue.
- S. M. Orélie Ier, roi d'Araucanie, vient, dit-o;;,';
d écrire a la reine d'Angleterre pour lui demander •
main de sa fille cadette, la princesse Béatrix!!!
LE CYCLONE DU 15 AVRIL A ZANZIBAR
de Marseille a reçu de Zanzibar dt;t
détails fort intéressants sur un épouvantable cycloï4>[
qui a désolé ces parages le 15 avril dernier. Nous t:*'
extrayons les passages suivants : |
Dans la journée du 15 avril, un ouragan ter"
rible s est déchaîné sur notre île. La violence e&
était telle que, dans la matinée, tout ce qui éta :
sur rade, navires du sultan et caboteurs, e; 4
venu se briser à la côte. Les chambres en bo;;
que plusieurs Européens avaient, comme nouso1
montées sur les^ terrasses des maisons, étaient
enlevées des bâtisses qui les assujettissaient es"
volaient en éclats, ainsi que les meubles et ob-
jets qu elles renfermaient ; les mâts de pavillon - 1
étaient abattus et brisés ; toutes les toitures eu
zinc volaient dans les airs et par suite donnaient
passage à la pluie torrentielle qui tombait. Ma.v- .
tout cela n était encore que le prélude d'une ca**?
tastrophe générale. A midi, un calme subit S'V
fit, calme terrible pour un œil exercé, car :x
n'y avait plus à en douter, nous étions pris r paV
un cyclone. ;
En effet, après une heure de calme, pendant *
laquelle on voyait les malheureux arabes venir,
sur le quai pour examiner les désastres de lot
rade, sans se douter de ce qui les menaçait, le(
vent qui avait soufflé du Sud-Est dans la mati-.
née, passant tout d'un coup au Nord-Ouest, SA
déchaîna avec plus de fureur qu'auparavant. Por-'
tes et fenêtres volèrent en éclata ; tout ce qui
connaît prise au vent fut emporté, et chaque.'
maison fut inondée par la pluie. Le Lobelia,:
navire a_voHe-anglais,- qui avait tenu bon sur se5 '
ancres dans la matinée, cassa une de ses chaî-
nes, bi isa son guindeau et Dit jeté sur le quai
de la Douane, qu 'il démolit sur une longueur dû
plusieurs mètres, où il se creva.
Le vapeur français l'Abydos, seul, a pu s«
sauver au moyen de sa machine qui développait:
une force capable de le faire marcher douze.,
milles a 1 heure, et encore y a t-il eu un mo-
ment où, au dire du capitaine, la violence dur
é 1 telle que sa chaîne raidissait. s
Si le mal se fût arrêté, quelque grand qu'il
soit, a la rade et à la ville, il ne serait pas irré-
parable, mais malheureusement les trois quarts
des cocotiers ont été abattus ou déracinés, et on
peut dire qu il n'existe plus de girofliers.
Toutes les routes sont encombrées par les
troncs d arbres brisés ou déracinés, et on ne peut
guère sortir de la ville, que l'on traverse diffici-
lement, a cause des décombres qui obstruent ce
que 1 on appelle ici les rues..
Un brick complètement chargé et en départ
depuis deux jours, ayant cassé ses chaînes dans, 1
la matinée, a voulu fuir vent arrière par le nord
gy"*-» uijj- p.-U»
N° 52. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XII
La légende de la Palme d'or.
« La très-sainte Vierge lui apparut, portant
son divin Fils dans ses bras, et lui fit signe
de la suivre.
; « Elle le mena hors du village, dans un en-
droit où il semblait qu'il n'eût jamais été
élevé de constructions humaines, frappa du
pied le sol, et s'évanouit en un nuage lumi-
neux et parfumé.
« Gérard d'Avein comprit la signification
de cette radieuse apparition. Il fouilla la
terre, de la pioche et de la pelle, à l'endroit
où la Mère du Rédempteur s'était arrêtée, et
finit par y découvrir au moins la palme im-
périale, s'il n'y retrouva point son support de
porphyre.
« Sur la place ainsi révélée, il fit bâtir un
oratoire, dota un chapelain pour le de$servir;
et, à son retour en Europe, il emporta le pré-
cieux rameau, si dignement . gagné par lui.
Voir le numéro d'hier. " 1
« Sa charge de général des galères flaman-
des ne tarda pas à lui permettre d'apprécier
la miraculeuse puissance, attachée au gage
de l'ardente piété de sainte Hélène, que sanc-
tifiait encore son long séjour, sur le lieu
béni par la Nativité de Celui qui racheta le
monde du péché originel.
« En outre, le nom de sainte Marie ne si-
gnifie-t-il pas : « Etoile de la Mer ? »
« Gérard d'Avein avait installé la palme
d'or dans un tabernacle, à l'arrière de sa ca-
pitane: de plusieurs épouvantables tempêtes
où périrent les autres navires sous ses ordres,
le sien s'échappa sans une seule avarie, sans
perdre un seul matelot !
« Cependant, devenu vieux et ne naviguant
plus, un scrupule de conscience envahit le
général des galères.
« Il se dit qu'il n'avait pas le droit, lui
laïque, de s'approprier à jamais un trésor
d une telle importance religieuse, et il légua
le merveilleux rameau, à cause de son ori-
gine toute féminine, au couvent des Bénédic-
tines, dont une de ses filles était la prieure.
« Seulement, il en réserva une feuille uni-
que pour l'aîné de sa race, héritier de sa
charge navale, comme un infaillible préserva-
tif contre les risques de la mer.
« En effet, dans toute la génération mascu-
line de Gérard d'Avein, ceux qui furent na-
vigateurs rentrèrent toujours sains et saufs au
port, jusqu'au temps de la jeunesse déréglée
du roi Charles VI.
« A cette époque, le seul rejeton de la fa-
mille était le comte Gilles, amiral de Flan-
dre, et l'un des compagnons ordinaires de fo-
li-e du prince français.
« impie de jeune. seigneur la
raillait sans cesse à propos de la relique de
Bethléem, qu'il portait habituellement en un
sachet sur sa poitrine, et « dont il n'aurait
pas à juger l'efficacité, puisqu'il exerçait son
emploi de parade à terre. »
« Exaspéré, un matin qu'il était déjà ivre,
messire Gilles d'Avein, mis au défi, jeta au
feu sa feuille mystique et en donna la netite
châsse vide à la reine Isabeau de Bavière.
« Le jour même de ce sacrilège, passant à .
gué le plus inoffensif des ruisseaux, il tomba
de cheval, la tête la première, sur un fond ro-
cailleux... et se noya.
« La catastrophe de cet ingrat incrédule
confirma la foi générale en la prodigieuse
puissance de la palme de sainte Hélène, et les J
Bénédictines, qui la gardaient avec vénéra- I
tion, furent accablées de propositions d'en i
acheter les moindres parcelles contre des mil- !
lions de fois leur pesant d'or. !
« Mais elles n'en céder'nt jamais des brins i
qu'aux chefs de nations, ou à leurs représen-
tants directs dans les expéditions navales. 1
Don Juan d'Autriche, entre autres, en avait j
une ramille à la célèbre bataille de Lépaiite, j
qui amena la décadence des mécréants ot- !
tomans. !;
« Et la chronique affirme que jamais, les il- I
lustres personnages, ainsi rarement et exclu- j
sivement favorisés, ne périrent sur mer, ni
par combat, ni par naufrage.
« A la grande Révolution, la révérende Mère, j'
qui institua plus tard ici notre congrégation, !
préserva, en l'enterrant ds nouveau, la reli-
que auguste de la destruction ou de la profa- i
nation des athées républicains. Elle la donna,
ça mourant, à notre chapelle... •
■. 11 ïïétas U^sigcle devenu Si çemrs et si1
inclinèrent en matière de religion, qu'il nie:-.:l
rait même _ la puissance de salut de notre
fui rappeler. espoir marin, si nous daignions la
_ Elise avait écouté le récit de sœur Anrion-
ciation avec une attention presque fébril e.
Ainsi, lui dit-elle, vous croyez, vous
une femme si instruite, vous croyez ferme-
ment qu une feuille dé ce rameau d'or pré-
I serverait, des périls de encore l'Océan?aujOUl'd'hui, ¡wn possesseur
A v le cr.01s • s'écria la religieuse scan-
dalisée. Mais rien que votre doute est un pé-
ché et je me repéra fort de vous avoir ra-
conté cette sainte histoire, mademoiselle. '
i n i o-n m philosophe devint pourpre et
Son ains, comme pour implorer son
frpTc.0Alî?^SAr-e:prit avec douceur la sous-maî-
îîmmo ï •UTlt réellement une bonne pâte de
femme, tions q i^ue imbue de toutes les supersti-,
mais mOW.tstiques, allons, vous excuse,.
y condition que vous ferez, ce soir, la
m i ^ ^ place de sœur Sainte-Prisca,.
vous affSe devant la relique sacrée par
(La. suite cl demain.)
JULES CAUVAIN.
LES RÉCOMPENSES AUX ARTISTES. — Le jury
gravures du Salon de 1872 a procédé à la distzi-: "
des récompenses. 1
des :: MM. D{Lnguin, GuiJIard" Bédouin ont obtentt
,;uts me.daillcs de première classe. ,
, , Mme Hilaire Bocket, MM. Bracquemart, Bru^
net, Deiaunay, Rochebrune, et Ysser (Edmond)'
: des médailles de seconde classe. J
> rhSi r-îî? tecol, Heldebrandt, Debois^Gaa^^
des Mentions honorabkSjr
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93.62%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93.62%.
- Collections numériques similaires Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas" or dc.contributor adj "Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas")Colnet du Ravel Charles Joseph Colnet du Ravel Charles Joseph /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Colnet du Ravel Charles Joseph" or dc.contributor adj "Colnet du Ravel Charles Joseph") Porthmann Jules Louis Melchior Porthmann Jules Louis Melchior /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Porthmann Jules Louis Melchior" or dc.contributor adj "Porthmann Jules Louis Melchior")
- Auteurs similaires Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas" or dc.contributor adj "Dusaulchoy de Bergemont Joseph François Nicolas")Colnet du Ravel Charles Joseph Colnet du Ravel Charles Joseph /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Colnet du Ravel Charles Joseph" or dc.contributor adj "Colnet du Ravel Charles Joseph") Porthmann Jules Louis Melchior Porthmann Jules Louis Melchior /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Porthmann Jules Louis Melchior" or dc.contributor adj "Porthmann Jules Louis Melchior")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 3/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k4715298q/f3.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k4715298q/f3.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k4715298q/f3.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k4715298q/f3.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k4715298q
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k4715298q
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k4715298q/f3.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest