Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-05-17
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 mai 1872 17 mai 1872
Description : 1872/05/17 (A6,N2201). 1872/05/17 (A6,N2201).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4715273w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro -
'
5 cent. le numéro
ABONNEMENTS —Trois mois Six mois Un an
Paria 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements 6 11 22
Administrateur : BOURDILLIAT
; i 1 , VErW¡¡Em f7 ÑIAI 1872. — saint PASCAL. — N- 2201:
RÉDACTION ET ADMINISTRATION /
13> quai Voltaire
Succursale : 9, rue Drouot, 9
RAPPORT DE M. KELLER
SUR LE PROJET DE LOI RELATIF
A la composition des Conseils de guerre
Messieurs,
Vous nous aviez donné une première mis-
sion, c'était d'examiner, en vertu de la pro-
v position de M. Bamberger et de plusieurs de
ses collègues, dans quelle mesure devaient
être publiés les travaux du conseil d'enquête.,
appelé à donner son avis sur les capitulations
de la dernière guerre.
'Votre commission a été unanime à penser
qu'à la suite des événements auxquels nous
avons assisté, le silence offenserait la cons-
cience publique, et que la lumière devait être
aussi complète que possible. Une première sa-
tisfaction nous a été donnée par la publica-
tion ' au Journal officiel des avis motivés du
conseil d'enquête. A nos yeux, elle ne suffit
pas.
Toutefois, nous nous sommes arrêtés devant
un intérêt supérieur, et, par égard pour les ac-
cusés, nous n'avons pas voulu devancer la dé-
cision des conseils de guerre qui pouvaient
être appelés à statuer sur quelques-unes de
ces capitulations. Aussi, nous attendrons, pour
« vous faire un rapport à ce sujet, que le Gou-
vernement ait pris une décision sur la suite
qu'il compte donner à chacune de ces affaires.
Dans une question qui touche aux douleurs
les'plus vives du pays, nous avons regardé
comme un devoir impérieux de ne rien faire
qui pût, à un degré quelconque, refléter, dans
un sens ou dans un autre, l'émotion publi-
que, et de nous placer au-dessus de toute con-
sidération de personne.
Nous avons vu avec regret que le préam-
bule du projet de loi relatif à la compesition
des conseils de guerre s'écartait de cette règle,
et c'est pour vous associer à notre sentiment
que vous nous avez chargés de l'examen de
cette seconde proposition.
Cette réserve faite, nous avons examiné le
projet de loi tout à fait en dehors du fait par-
ticulier qui en est l'occasion, au point de vue
des applications qu'il pourra recevoir dans la
suite, et des principes généraux qui ont pré-
sidé à la rédaction de notre loi de justice mi-
litaire.
Pour que ces nouvelles dispositions fassent,
désormais, corps avec notre législation, nous
n avons rien changé à l'ordre adopté par la
loi de justice militaire, et nous avons l'hon-
neur de vous proposer le projet de loi ci-
joint :
PROJET DE LA COMMISSION
Article unique.
Les articles il, 12 et 30 du code de justice
militaire sont modifiés àinsi qu'il suit :
Art. 11.
juger un gênerai de division ou un ma-
réchal de France, les maréchaux et les généraux
de division sont appelés suivant l'ordre de l'an-
cienneté à siéger dans le conseil de guerre, à
moins d'empêchements admis par le ministre de
la guerre.
Le président du conseil de guerre est choisi
parmi les maréchaux désignés en vertu du para-
graphe précédent ou, a défaut d'un maréchal,
parmi les juges désignes dans les conditions que
détermine l'art. 12.
Art. 12.
A défaut d'un nombre suffisant de maréchaux,
sont appelés à faire partie du conseil de guerre
d'après leur rang d'ancienneté et dans l'ordre
suivant:
1° Des amiraux ;
2^ Des officiers généraux ayant commandé en
chef une armée devant l'ennemi ;
3° Des officiers généraux ayant commandé en
chef devant l'ennemi un corps d'armée ou les
armes de l'artillerie et du génie dans une armée
composée de plusieurs corps d'armée. Ces offi-
ciers généraux seront nommés par le ministre
de la guerre qui restera juge des cas d'empêche-
ment.
Les fonctions de commissaire du Gouverne-
ment peuvent être remplies par un général de
division, et celles de rapporteur sont exercées
par un officier général.
Art. 30.
Lorsque le conseil dr, guerre dont le jugement
est.aUaqué a été présidé par un général de divi-
sion ou par un maréchal de France, le conseil de
révision est. également présidé par un général
de division ou par un maréchal de France, ou,
à défaut d'un marécha!, par un officier général
désigné suivant les conditions ['déterminées par
l'article 12.
Le général de brigade siège alors comme juge,
et le chef de bataillon, ou le chef d'escadron, ou
le major le moins ancien de grade, ou, à égalité
d'ancienneté, le moins âgé, ne prend point part
au jugement de l'affaire.
PARIS, 16 MAI
KÉPIS ET SHAKOS
Vous souvenez-vous d'avoir vu Héfiler le
5 mai, autour de la colonne, — avant le' dé-
boulonnement, — la vénérable procession des
vieux soldats du premier Empire?
Il y avait des hussards ventrus, des gre-
nadiers de la garde en cheveux blancs, des
cuirassiers appuyés sur des béquilles, des
tambours-majors courbés en deux par le
poids des ans.
En les regardant marcher fièrement,
comme s'il s'était agi d'entrer à Berlin ou
à IVladrid, on pensai t malgré soi à la bal-
lade où le poète Seydlitz évoque les morts
de cette époque héroïque.
« C'est la grande revue—qu'à l'heure de
minuit — tient César décédé: » '
Hélas ! beaucoup "de ces pauvres bravés
j ont assez vécu pour assister encore une fois
| à l'invasion de leur pays. -
j Ils ont pu voir les Barbares attacher,
| comme en 1814, leurs chevaux aux arbres
des Champs-Elysées ; ils ont pu entendre les
échos des Tuileries répéter les fanfares prus-
siennes.
Mais je suis bien sûr qu'ils ont gardé
l'amour de la patrie et la foi en son avenir.
Que la colonne S8 relève, et le bataillon
sacré reviendra nous montrer ses glorieux
uniformes.
Je les saluerai comme un brillant souve-
nir de notre grandeur passée et aussi comme
un espoir de futurs triomphes.
La génération qui nous succédera vain-
cra comme nos pères, j'en ai la ferme con-
fiance, seulement... elle ne se coiffera pas
comme eux. :
Casques à chenille et à cimier, bonnets
à poil ornés d'un plumet ondoyant, shakos
évasés aux formes architecturales, quels
monuments que tous ces couvre-chefs de la
grande armée !
Elle a pourtant conquis l'Europe, et ses
panaches se sont promenés de Cadix à Mos-
cou, mais ce n'est point une raison pour
charger les têtes de nos troupiers modernes
d'objets si imposants et si lourds.
Aussi n'ai-je pu m'empêcher de gémir
l'autre jour en contemplant à la vitrine d'un
passementier un spécimen du futur modèle
qu'élaborent en ce moment les bureaux de
la guerre.
Il est noir avec un large galon, il a des
ventouses au sommet, pour l'aération du
crâne du conscrit, une toile cirée pour pré-
server ledit crâne de la pluie, et une vi-
sière en b£c de canard pour agrémenter le
tout.
Bref, c'est _ un shako, un vrai shako,
dur, droit, rigide, majestueux et surtout
incommode.
Après les campagnes désastreuses de
1870, après le siège de Paris, après les
longues étapes sous le soleil d'août et les
nuits de tranchée sous la neige de décem-
bre, on ne s'attendait guère à voir ériger
de nouveau cette pyramide de cuir, de feu-
t're et de carton qui ne préserve ni de la
chaleur, ni du froid, mais qui gêne pour
marcher et pour dormir.
Il faut croire qu'une vertu particulière
réside dans l'inflexibilité des lignes et dans
la hauteur de la cuve: car, dé tout temps,
l'administration militaire en France a été
possédée d'une passion malheureuse pour
coiffer le soldat de toutes sortes d'édifices
bizarres.
Je sais bien que l'idée première n'est pas i
française et que d'autres nations se sont li- I
vrées avant la nôtre à des extravagances de
chapellerie guerrière. I
C'est ainsi qu'à Constantinople les fa- 1
meux janissaires du vieil empire turc por-
taient des bonnets hauts pour le moins d'un
pied et demi.
Les Russes de Catherine II et de Paul I«
s étaient empressés d'imiter cet agréable
usage et les grenadiers de Suwarow défen-
dirent le passage du Saint-Gothard sans
quitter 1 échafaudage pointu et recourbé
qui leur couvrait la tête.
• On peut même admirer un échantillon d'e
cette gracieuse invention dans un coin du
tableau de Gros qui représente la bataille
d Lylau, car cette manie dura jusqu'à la fin
des guerres de Napoléon Ior, et même rplus
tard. -f.
Le principe de toutes ces singularités re-
posait sur l'idée quelque peu primitive de
faire peur à l'ennemi.
On élevait par des appareils factices la
stature du soldat, afin cîo persuader à ses ad-
versaires qu'ils allaient se battre contre une
armée de géants.
C'était, à peu de chose près, le procédé
naïf des Chinois qui s'en vont en guerre,
couverts de boucliers sur lesquels ils ont
peint des lions, des tigres et autres bêtes re-
doutables.
réexpédition d'Afrique en 1830 donna le
signal d'une révolution dans les coiffures
militaires.
Cavaliers et fantassins, dans les plaines
brûlantes de la Mitidja, s'aperçurent bien
vite des inconvénients que présentait par
quarante degrés de chaleur la tenue régle-
mentaire.. J :
Le soleil algérien se chargea de réformer
les ordonnances et on vit peu à peu le shako
se simplifier, s'alléger, et enfin s'amoindrir
et se ramollir jusqu'à se transformer en
une humble casquette, laquelle, sur la tête
du père Bugeaud', devint légendaire.
On en fit même une chanson.
Le képi était trouvé et vraiment l'inven-
tion était assez heureuse.
Mais, de même que dans la vieille An-
gleterre, un juge ne saurait juger sans s'af-
fubler d'une perruque à marteaux, en France
on pensa qu'un soldat ne devait pas com-
battre sans être solidement et magistrale-
ment coiffé.
On médita et, après de longues réflexions
sur ce grave sujet, on produisit enfin l'é-
blouissant shako-képi rouge qui, surtout *
revêtu de sa cloche en caoutchouc, était
bien la plus laide chose du monde.
J'omets volontairement les bonnets à poil
de la garde, cette réminiscence malencon-
treuse.
Les grenadiers qui les portaient en 187G
n'étaient pas moins braves que ceux de
Cambronne, mais on les a menés à Sedan
au lieu de les mener à Waterloo.
Ce qui advint au shako-képi, demandez-
le aux spldats de Reichshoffen et de Grave-
lotte.
N° 28. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
PREMIÈRE PARTIE
LA BATAILLE DES 800,000 FRANCS
XXII (suite)
Les diplomaties de Mme Paphos.
. — Une contrariété de rien, répondit la chif-
fonnière, que monsieur saura bien y mettre
ordre. Quant à savoir quelque chose, je le lui
Sioî' iau père; il ne doit rentrer que
très-tard, et tu seras depuis longtemps dans
l'orfèvre (Morphée), quand il se
^bloquera chez lui.
-Ah! mademoiselle Elise, ne nous refusez
pas, dit alors Jaluzot, de vous avoir pour mar-
fantî' p ortera tant de bonheur à notre en- j
MrJSoi> porter du bonheur à quelqu'un !
dit mélancoliquement l'orpheline.
v - Oui, ma chère belle, reprit le blanchis-
seur, du bonheur à l'enfant et à vous, parce
StnnS éprouvée, si bonne et si mé-
ritante, le bon Dieu, j'en mettrais nui. main
yoir le numéro d'hier, -
" "• 1:
au feu, n'attend que l'occasion de vous offrir
un dédommagement..
— C'est pourtant vrai, ce qu'il dit là! ht
Mme Paphos en essuyant une larme ; puis,
presque aussitôt revenue à ses allures habi-
tuelles : D'abord Elise, poursuivit-elle, je te le
proclame, nous nous brouillons, si tu es pour
faire manquer la plus riche occasion que je
m aye avisée de ma vie.
- Allons, elle consent! dit vVillcomb, et,
offrant son bras à l'orpheline : Voulez-vous
ma commère, ajouta-t-il, que M. Jaluzot nous
présente à l'accouché@ ? '
+ s avoir traversé une salle où une vaste
table à repasser pouvait facilement devenir
une table de vingt-cinq à trente couverts, le
parrain et la marraine furent introduits dans
une chambreà coucher proprette et ragoûtante.
— Ne tourne pas ton lait, marne Jaluzot,
s écria en entrant le blanchisseur, je t'amène
de rechange un parrain et une marraine- qui
valent les autres, je t'en réponds.
La recommandation n'était pas hors de sai- '
son; car, assise dans son lit, en cornette et
SrS® blanches, Mme Jaluzot, appétissante
ïï f ' un peu pâle de sa maternité
fnS r^ i occupée, au milieu d'un cercle
formé par la sage-femme, la garde .et quelques
superbe enfant. du voisinage, à donner le sein à un
écMnrgIes^elgUeS phrases de circonstance
nw Ah il çà, ce n'est pas le tout, dit Mme Pa-
pJ\r^oî3 ne s agit pas de faire attendre M.
"e^ vicaire. Oùs-ce que vous allez avoir par •'
ici un fiacre, papa Jaluzot?
Tnutile, dit J'ai ma voiture au ,
bout de la rue, il n'y a qu:à envoyer quelqu'un ,
pour la faire avancer. j
— J'y vais, si le monsieur veu,t, dit un !
blondin de six ans, en se présentant tout bar- j
bouillé de la confiture étalée sur une tartine
dans laquelle il mordait à belles dents. 1
— C'est ça 1 Voilà pour toi, dit l'Américain, j
en donnant au bambin une pièce de monnaie !
blanche; tu diras'au cocher que son' maître, ;
M. Willcom]), l'attend au n° ...? !
— 13, répondit Jaluzot, et, aujourd'hui, il
n'est pas de mauvaise augure. j
Si l'effet du mot : j'ai ma t'p:7M)'c, avait été :
immense sur l'assistance, on peut se repré- |
senter celui que dut produire, au milieu de j
cette rue déserte, le fracas d'un élégant coupé j
conduit à toute bride, et venant, quelques ,
instants plus tard, s'arrêter à la porte de la !
maison. i
Sechargeant d'organiser l'ordre et la marche: '
— Voyons ! d'abord la sage-femme et l'en- I
fant, dit Willcomb, ensuite Mlle Elise, et !"
vous, madame Paphos, sur le strapontin. j
Comme la chiffonnière menaçait de se ré- !
pandre en cdrémoriiés : i
— Montez donc, montez donc, fit vivement J
l'Américain, est-ce qu'une 'mère se sépare de j
sa fille? ' ^ !
— Mais vous*? dit la chiffonnière tout j
ébabie. i
— Moi, répondit Willcomb en prenant le i
bras de Jaluzot, je m'en vais à pied avec mon j
compère, quand il aura expliqué au cocher
le chemin de l'église où nous nous. rendons. j
XXIII
Les malheurs d'un père heureux.
La cérémonie terminée, l'Américain prit s
part, le vieux prêtre qui avait officié et causa
un moment avec lui. Il était à supposer qu il
s'excusait, en sa qualité de parrain improvisé,
de n'être pas muni de la boîte de dragées, dans
laquelle il est d'usage de glisser l'offrande bap-
tismale destinée à MM. du clergé.
Un large pourboire distribué au suisse et au
bedeau, Willcomb pria ce dernier de lui pro-
curer une voiture à quatre places en lui re-
mettant d'avance le prix de la course.
Pendant -la courte absence de cet homme,
Mme Paphos eut un aperçu rétrospectif,
— En venant, dit-elle, j'en ai eu une drôle
de saoûleur que tout monsangn'enafaitqu'un
tour 1 U-il Américain, je me fais la réflexion,
;.a doit être comme les Anglais, tous athées
le notre religion ; un beau fichu parrain q|ie
é m'ai avisé là! l'enfant va être'renvoyé ih-
:ompé!:en!,!
— 'Vous vous trompiez, ma chère dame; aux
S[,ats-Uhis, il y a de tout, même des catholi-
ques, et surtout, dans le Sud, parmi les liabi-
ants d'origine fraileaise, comme mOl, du côté
naternel. " ■;
— Je m'en ai aperçùe et que vous avez exé-
cuté votre credo comme un chérubin !
Quand on fut à la porte de l'église, allant '
mvrir la voiture de louage, Willcomb fit
non ter son filleul, la marraine, Mme Paphos
;t le blanchisseur :
— Eh bien, et vous? dit la elliffonni'--re avec
a même préoccupation qu'au départ.
— Moi. répondit l'Amérîcain) il faut que|ô
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro -
'
5 cent. le numéro
ABONNEMENTS —Trois mois Six mois Un an
Paria 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements 6 11 22
Administrateur : BOURDILLIAT
; i 1 , VErW¡¡Em f7 ÑIAI 1872. — saint PASCAL. — N- 2201:
RÉDACTION ET ADMINISTRATION /
13> quai Voltaire
Succursale : 9, rue Drouot, 9
RAPPORT DE M. KELLER
SUR LE PROJET DE LOI RELATIF
A la composition des Conseils de guerre
Messieurs,
Vous nous aviez donné une première mis-
sion, c'était d'examiner, en vertu de la pro-
v position de M. Bamberger et de plusieurs de
ses collègues, dans quelle mesure devaient
être publiés les travaux du conseil d'enquête.,
appelé à donner son avis sur les capitulations
de la dernière guerre.
'Votre commission a été unanime à penser
qu'à la suite des événements auxquels nous
avons assisté, le silence offenserait la cons-
cience publique, et que la lumière devait être
aussi complète que possible. Une première sa-
tisfaction nous a été donnée par la publica-
tion ' au Journal officiel des avis motivés du
conseil d'enquête. A nos yeux, elle ne suffit
pas.
Toutefois, nous nous sommes arrêtés devant
un intérêt supérieur, et, par égard pour les ac-
cusés, nous n'avons pas voulu devancer la dé-
cision des conseils de guerre qui pouvaient
être appelés à statuer sur quelques-unes de
ces capitulations. Aussi, nous attendrons, pour
« vous faire un rapport à ce sujet, que le Gou-
vernement ait pris une décision sur la suite
qu'il compte donner à chacune de ces affaires.
Dans une question qui touche aux douleurs
les'plus vives du pays, nous avons regardé
comme un devoir impérieux de ne rien faire
qui pût, à un degré quelconque, refléter, dans
un sens ou dans un autre, l'émotion publi-
que, et de nous placer au-dessus de toute con-
sidération de personne.
Nous avons vu avec regret que le préam-
bule du projet de loi relatif à la compesition
des conseils de guerre s'écartait de cette règle,
et c'est pour vous associer à notre sentiment
que vous nous avez chargés de l'examen de
cette seconde proposition.
Cette réserve faite, nous avons examiné le
projet de loi tout à fait en dehors du fait par-
ticulier qui en est l'occasion, au point de vue
des applications qu'il pourra recevoir dans la
suite, et des principes généraux qui ont pré-
sidé à la rédaction de notre loi de justice mi-
litaire.
Pour que ces nouvelles dispositions fassent,
désormais, corps avec notre législation, nous
n avons rien changé à l'ordre adopté par la
loi de justice militaire, et nous avons l'hon-
neur de vous proposer le projet de loi ci-
joint :
PROJET DE LA COMMISSION
Article unique.
Les articles il, 12 et 30 du code de justice
militaire sont modifiés àinsi qu'il suit :
Art. 11.
juger un gênerai de division ou un ma-
réchal de France, les maréchaux et les généraux
de division sont appelés suivant l'ordre de l'an-
cienneté à siéger dans le conseil de guerre, à
moins d'empêchements admis par le ministre de
la guerre.
Le président du conseil de guerre est choisi
parmi les maréchaux désignés en vertu du para-
graphe précédent ou, a défaut d'un maréchal,
parmi les juges désignes dans les conditions que
détermine l'art. 12.
Art. 12.
A défaut d'un nombre suffisant de maréchaux,
sont appelés à faire partie du conseil de guerre
d'après leur rang d'ancienneté et dans l'ordre
suivant:
1° Des amiraux ;
2^ Des officiers généraux ayant commandé en
chef une armée devant l'ennemi ;
3° Des officiers généraux ayant commandé en
chef devant l'ennemi un corps d'armée ou les
armes de l'artillerie et du génie dans une armée
composée de plusieurs corps d'armée. Ces offi-
ciers généraux seront nommés par le ministre
de la guerre qui restera juge des cas d'empêche-
ment.
Les fonctions de commissaire du Gouverne-
ment peuvent être remplies par un général de
division, et celles de rapporteur sont exercées
par un officier général.
Art. 30.
Lorsque le conseil dr, guerre dont le jugement
est.aUaqué a été présidé par un général de divi-
sion ou par un maréchal de France, le conseil de
révision est. également présidé par un général
de division ou par un maréchal de France, ou,
à défaut d'un marécha!, par un officier général
désigné suivant les conditions ['déterminées par
l'article 12.
Le général de brigade siège alors comme juge,
et le chef de bataillon, ou le chef d'escadron, ou
le major le moins ancien de grade, ou, à égalité
d'ancienneté, le moins âgé, ne prend point part
au jugement de l'affaire.
PARIS, 16 MAI
KÉPIS ET SHAKOS
Vous souvenez-vous d'avoir vu Héfiler le
5 mai, autour de la colonne, — avant le' dé-
boulonnement, — la vénérable procession des
vieux soldats du premier Empire?
Il y avait des hussards ventrus, des gre-
nadiers de la garde en cheveux blancs, des
cuirassiers appuyés sur des béquilles, des
tambours-majors courbés en deux par le
poids des ans.
En les regardant marcher fièrement,
comme s'il s'était agi d'entrer à Berlin ou
à IVladrid, on pensai t malgré soi à la bal-
lade où le poète Seydlitz évoque les morts
de cette époque héroïque.
« C'est la grande revue—qu'à l'heure de
minuit — tient César décédé: » '
Hélas ! beaucoup "de ces pauvres bravés
j ont assez vécu pour assister encore une fois
| à l'invasion de leur pays. -
j Ils ont pu voir les Barbares attacher,
| comme en 1814, leurs chevaux aux arbres
des Champs-Elysées ; ils ont pu entendre les
échos des Tuileries répéter les fanfares prus-
siennes.
Mais je suis bien sûr qu'ils ont gardé
l'amour de la patrie et la foi en son avenir.
Que la colonne S8 relève, et le bataillon
sacré reviendra nous montrer ses glorieux
uniformes.
Je les saluerai comme un brillant souve-
nir de notre grandeur passée et aussi comme
un espoir de futurs triomphes.
La génération qui nous succédera vain-
cra comme nos pères, j'en ai la ferme con-
fiance, seulement... elle ne se coiffera pas
comme eux. :
Casques à chenille et à cimier, bonnets
à poil ornés d'un plumet ondoyant, shakos
évasés aux formes architecturales, quels
monuments que tous ces couvre-chefs de la
grande armée !
Elle a pourtant conquis l'Europe, et ses
panaches se sont promenés de Cadix à Mos-
cou, mais ce n'est point une raison pour
charger les têtes de nos troupiers modernes
d'objets si imposants et si lourds.
Aussi n'ai-je pu m'empêcher de gémir
l'autre jour en contemplant à la vitrine d'un
passementier un spécimen du futur modèle
qu'élaborent en ce moment les bureaux de
la guerre.
Il est noir avec un large galon, il a des
ventouses au sommet, pour l'aération du
crâne du conscrit, une toile cirée pour pré-
server ledit crâne de la pluie, et une vi-
sière en b£c de canard pour agrémenter le
tout.
Bref, c'est _ un shako, un vrai shako,
dur, droit, rigide, majestueux et surtout
incommode.
Après les campagnes désastreuses de
1870, après le siège de Paris, après les
longues étapes sous le soleil d'août et les
nuits de tranchée sous la neige de décem-
bre, on ne s'attendait guère à voir ériger
de nouveau cette pyramide de cuir, de feu-
t're et de carton qui ne préserve ni de la
chaleur, ni du froid, mais qui gêne pour
marcher et pour dormir.
Il faut croire qu'une vertu particulière
réside dans l'inflexibilité des lignes et dans
la hauteur de la cuve: car, dé tout temps,
l'administration militaire en France a été
possédée d'une passion malheureuse pour
coiffer le soldat de toutes sortes d'édifices
bizarres.
Je sais bien que l'idée première n'est pas i
française et que d'autres nations se sont li- I
vrées avant la nôtre à des extravagances de
chapellerie guerrière. I
C'est ainsi qu'à Constantinople les fa- 1
meux janissaires du vieil empire turc por-
taient des bonnets hauts pour le moins d'un
pied et demi.
Les Russes de Catherine II et de Paul I«
s étaient empressés d'imiter cet agréable
usage et les grenadiers de Suwarow défen-
dirent le passage du Saint-Gothard sans
quitter 1 échafaudage pointu et recourbé
qui leur couvrait la tête.
• On peut même admirer un échantillon d'e
cette gracieuse invention dans un coin du
tableau de Gros qui représente la bataille
d Lylau, car cette manie dura jusqu'à la fin
des guerres de Napoléon Ior, et même rplus
tard. -f.
Le principe de toutes ces singularités re-
posait sur l'idée quelque peu primitive de
faire peur à l'ennemi.
On élevait par des appareils factices la
stature du soldat, afin cîo persuader à ses ad-
versaires qu'ils allaient se battre contre une
armée de géants.
C'était, à peu de chose près, le procédé
naïf des Chinois qui s'en vont en guerre,
couverts de boucliers sur lesquels ils ont
peint des lions, des tigres et autres bêtes re-
doutables.
réexpédition d'Afrique en 1830 donna le
signal d'une révolution dans les coiffures
militaires.
Cavaliers et fantassins, dans les plaines
brûlantes de la Mitidja, s'aperçurent bien
vite des inconvénients que présentait par
quarante degrés de chaleur la tenue régle-
mentaire.. J :
Le soleil algérien se chargea de réformer
les ordonnances et on vit peu à peu le shako
se simplifier, s'alléger, et enfin s'amoindrir
et se ramollir jusqu'à se transformer en
une humble casquette, laquelle, sur la tête
du père Bugeaud', devint légendaire.
On en fit même une chanson.
Le képi était trouvé et vraiment l'inven-
tion était assez heureuse.
Mais, de même que dans la vieille An-
gleterre, un juge ne saurait juger sans s'af-
fubler d'une perruque à marteaux, en France
on pensa qu'un soldat ne devait pas com-
battre sans être solidement et magistrale-
ment coiffé.
On médita et, après de longues réflexions
sur ce grave sujet, on produisit enfin l'é-
blouissant shako-képi rouge qui, surtout *
revêtu de sa cloche en caoutchouc, était
bien la plus laide chose du monde.
J'omets volontairement les bonnets à poil
de la garde, cette réminiscence malencon-
treuse.
Les grenadiers qui les portaient en 187G
n'étaient pas moins braves que ceux de
Cambronne, mais on les a menés à Sedan
au lieu de les mener à Waterloo.
Ce qui advint au shako-képi, demandez-
le aux spldats de Reichshoffen et de Grave-
lotte.
N° 28. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
PREMIÈRE PARTIE
LA BATAILLE DES 800,000 FRANCS
XXII (suite)
Les diplomaties de Mme Paphos.
. — Une contrariété de rien, répondit la chif-
fonnière, que monsieur saura bien y mettre
ordre. Quant à savoir quelque chose, je le lui
Sioî' iau père; il ne doit rentrer que
très-tard, et tu seras depuis longtemps dans
l'orfèvre (Morphée), quand il se
^bloquera chez lui.
-Ah! mademoiselle Elise, ne nous refusez
pas, dit alors Jaluzot, de vous avoir pour mar-
fantî' p ortera tant de bonheur à notre en- j
MrJSoi> porter du bonheur à quelqu'un !
dit mélancoliquement l'orpheline.
v - Oui, ma chère belle, reprit le blanchis-
seur, du bonheur à l'enfant et à vous, parce
StnnS éprouvée, si bonne et si mé-
ritante, le bon Dieu, j'en mettrais nui. main
yoir le numéro d'hier, -
" "• 1:
au feu, n'attend que l'occasion de vous offrir
un dédommagement..
— C'est pourtant vrai, ce qu'il dit là! ht
Mme Paphos en essuyant une larme ; puis,
presque aussitôt revenue à ses allures habi-
tuelles : D'abord Elise, poursuivit-elle, je te le
proclame, nous nous brouillons, si tu es pour
faire manquer la plus riche occasion que je
m aye avisée de ma vie.
- Allons, elle consent! dit vVillcomb, et,
offrant son bras à l'orpheline : Voulez-vous
ma commère, ajouta-t-il, que M. Jaluzot nous
présente à l'accouché@ ? '
+ s avoir traversé une salle où une vaste
table à repasser pouvait facilement devenir
une table de vingt-cinq à trente couverts, le
parrain et la marraine furent introduits dans
une chambreà coucher proprette et ragoûtante.
— Ne tourne pas ton lait, marne Jaluzot,
s écria en entrant le blanchisseur, je t'amène
de rechange un parrain et une marraine- qui
valent les autres, je t'en réponds.
La recommandation n'était pas hors de sai- '
son; car, assise dans son lit, en cornette et
SrS® blanches, Mme Jaluzot, appétissante
ïï f ' un peu pâle de sa maternité
fnS r^ i occupée, au milieu d'un cercle
formé par la sage-femme, la garde .et quelques
superbe enfant. du voisinage, à donner le sein à un
écMnrgIes^elgUeS phrases de circonstance
nw Ah il çà, ce n'est pas le tout, dit Mme Pa-
pJ\r^oî3 ne s agit pas de faire attendre M.
"e^ vicaire. Oùs-ce que vous allez avoir par •'
ici un fiacre, papa Jaluzot?
Tnutile, dit J'ai ma voiture au ,
bout de la rue, il n'y a qu:à envoyer quelqu'un ,
pour la faire avancer. j
— J'y vais, si le monsieur veu,t, dit un !
blondin de six ans, en se présentant tout bar- j
bouillé de la confiture étalée sur une tartine
dans laquelle il mordait à belles dents. 1
— C'est ça 1 Voilà pour toi, dit l'Américain, j
en donnant au bambin une pièce de monnaie !
blanche; tu diras'au cocher que son' maître, ;
M. Willcom]), l'attend au n° ...? !
— 13, répondit Jaluzot, et, aujourd'hui, il
n'est pas de mauvaise augure. j
Si l'effet du mot : j'ai ma t'p:7M)'c, avait été :
immense sur l'assistance, on peut se repré- |
senter celui que dut produire, au milieu de j
cette rue déserte, le fracas d'un élégant coupé j
conduit à toute bride, et venant, quelques ,
instants plus tard, s'arrêter à la porte de la !
maison. i
Sechargeant d'organiser l'ordre et la marche: '
— Voyons ! d'abord la sage-femme et l'en- I
fant, dit Willcomb, ensuite Mlle Elise, et !"
vous, madame Paphos, sur le strapontin. j
Comme la chiffonnière menaçait de se ré- !
pandre en cdrémoriiés : i
— Montez donc, montez donc, fit vivement J
l'Américain, est-ce qu'une 'mère se sépare de j
sa fille? ' ^ !
— Mais vous*? dit la chiffonnière tout j
ébabie. i
— Moi, répondit Willcomb en prenant le i
bras de Jaluzot, je m'en vais à pied avec mon j
compère, quand il aura expliqué au cocher
le chemin de l'église où nous nous. rendons. j
XXIII
Les malheurs d'un père heureux.
La cérémonie terminée, l'Américain prit s
part, le vieux prêtre qui avait officié et causa
un moment avec lui. Il était à supposer qu il
s'excusait, en sa qualité de parrain improvisé,
de n'être pas muni de la boîte de dragées, dans
laquelle il est d'usage de glisser l'offrande bap-
tismale destinée à MM. du clergé.
Un large pourboire distribué au suisse et au
bedeau, Willcomb pria ce dernier de lui pro-
curer une voiture à quatre places en lui re-
mettant d'avance le prix de la course.
Pendant -la courte absence de cet homme,
Mme Paphos eut un aperçu rétrospectif,
— En venant, dit-elle, j'en ai eu une drôle
de saoûleur que tout monsangn'enafaitqu'un
tour 1 U-il Américain, je me fais la réflexion,
;.a doit être comme les Anglais, tous athées
le notre religion ; un beau fichu parrain q|ie
é m'ai avisé là! l'enfant va être'renvoyé ih-
:ompé!:en!,!
— 'Vous vous trompiez, ma chère dame; aux
S[,ats-Uhis, il y a de tout, même des catholi-
ques, et surtout, dans le Sud, parmi les liabi-
ants d'origine fraileaise, comme mOl, du côté
naternel. " ■;
— Je m'en ai aperçùe et que vous avez exé-
cuté votre credo comme un chérubin !
Quand on fut à la porte de l'église, allant '
mvrir la voiture de louage, Willcomb fit
non ter son filleul, la marraine, Mme Paphos
;t le blanchisseur :
— Eh bien, et vous? dit la elliffonni'--re avec
a même préoccupation qu'au départ.
— Moi. répondit l'Amérîcain) il faut que|ô
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