Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1876-11-26
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 novembre 1876 26 novembre 1876
Description : 1876/11/26 (Numéro 42). 1876/11/26 (Numéro 42).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k470142x
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/10/2007
Première Année. NI' 42.
DIMANCHE 26 NOVEMBRE 1876,
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
11, nie dh Faubourg -ifôontniai'trQ
PARIS
ABOIEMENTS 3 mois ft*.
mois o fr.
PARIS [ Vu An l«jEr.
ABONNEMENTS 3 moi» ï fr.
6 mois 13 Ip.
.DÉPARTEMENTS Un An 94 te.
ANNONCES
G. GÉRARD et L. HANFF
19, BOULEVARD MONTMARTRE, PARIS
Petite 6oarse du aelr.
24 novembre.
Dix heure*. Marché do résistance mais »b-,
solumeiu sans affaires et cherchant à s'orienter
a travers les colitradictioua du nouvelles politi-
ques.
3 70 52
.S
Turc il
Italien TO 40
Egyptienne 263 XI
OU EST LA RESPONSABILITE?
M. Thiers nous disait récemment
Sous la monarchie constitutionnelle,
j'appréciais déjà tes avantagea de la Ré-
publique. Le roi m'aimait beaucoup,
mais sa volonté contrariait constamment
la mienne, et je me disais la Républi-
que, c'est un premier ministre débar-
rassé du roi. »
Jusqu'au 24 mai M. Thiers a été
ce premier ministre. Nommé par l'As-
semblée dont il faisait partie, défendant
lai-même sa politique à la tribune, il
gouvernait librement sous sa propre
responsabilité; le jour où l'Assemblée
lui retira sa confiance, il n'hésita pas à
déclarer qu'il sa t'ait ce qui lui restait à
faire, et il le dt.
Son successeur a d'autres droits ef
d'autres devoirs.
Nommé pour sept années, placé par
les lois constitutionnelles à l'abri des
accidents et des responsabilités du pou-
voir, responsable seulement dans le cas
de haute trahison, M. le maréchal de
Mac-Mahon préside et ne gouverne pas.
Nous parlerions plus exactement si
nous disions: M. le maréchal de Mac-
Mahon ne doit pas gouverner.
Ce n'est pas sans hésitation quo nous
abordons ce grave sujet. Mais il nous
parait que le temps est venu d'avertir
respectueusement M. le président de la
République qu'il méconnais, à son insu,
les règles essentielles du régime parle-
mentaire, consacrées par la Constitution.
Il est temps aussi d'avertir le pays
qu'il porte sur ses élus, sur les minis-
tres auxquels ils accordent leur cou-
fiance, des jugements qni s'égarent.
M. le président de la République veut
faire prévalou- son avis dans les ques-
tions ce législation et dans celles d'ad-
ministration.
Les louciionnaires hostiles au régime
républicain sont maintenus par la vo-
lonté de M. le maréchal du Mac-Ma-
hon.
La môme volonté s'oppose à l'abro-
gation de certaines lois, à l'exécution
de certaines autres.
Ce n'est un mystère pour personne
que, dans la question des honneurs fu-
nèbres à rendra aux membres de la Lé-
gion d'honneur, ce n'est pas la politique
ministérielle, c'est la politique prési-
dentielle qui a prévalu.
Nous pourrions citer bien des cas en-
core où les ministres n'ont été que les
instruments du po 'voir personnel.
Il n'out qu'à protester en so retirant,
dira on. Mais ici surgit un autre dan-
ger. Où la volonté qui gouverne ira-t-elle
chercher un nouveau cabinet ? Le même
oubli des traditions parlementaires peut
FEUILLETON DU PETIT PARISIEN
Du 26 Novembre 1876.
LE CoMTE
DE
MONTE-CRISTO
Par ALEXANDRE LUMAS
Le 24 février 1815, la vigie de Notre-Dame
de la Garde signala le trois-mAts le Pharaon,
venant de àmyrne, Trieste et Naples,
Comme d'habitude, un pilote côtier partit
aussitôt du port, rada le château d'If, et alla
aborder le navire entre le cap de Morgion et
l'Ile de Riou.
Aussitôt, comme d'habitude encore la
plate-foroio du fort Saint-Jean s'était cou-
verte de curieux; car c'est toujours une
grande affaire à Marseille que l'arrivée d'un
bâtiment, surtout quand ce bâtiment, com-
me le Pharaon, a été construit, gréé, arrimé
sur les chantiers de la vieille Phocée, et ap-
partient à uu armateur de la ville.
Cependant ce bâtiment s'avançait, il avait
heureusement franchi le détroit quequelque
secousse volcanique a creusé entre l'ile de
Calacareigne et l'Ile de Jaros; il avait doublé
Pomègue, et il s'avançait sous ses trois hu-
niels, sou grand foc et 8a brigantine, mais
si lentement <>\ d'une allure si triste, que
les curieux, avec cet instinct qui pressent
un malheur, se demandaient quel accident
pouvait être arrivé à bord. Néanmoins les
experts en navigation reconnaissaient que
amener la constitution d'un cabinet pris
en dehors de la majorité.
On comprend, dèi lors, pourquoi les
députés hésitent à faire retomber sur les
ministres la responsabilité d'une politi-
que qu'ils ont sulie, ou à les blâmer de
conserver des fonctionnaires qui leur
sont imposés.
Mais cette confusion des attributions,
cette atteinte intolérable aux institutions
parlementaires.
M. le pié-ident de la République n'en
̃a certainement pas aperçu la gravité.
;st pourquoi il est du devoir de la
aesse, il eat du devoir du parlement de
tire à sa loyauté uu appel qui cet taine-
ôut sera écouté.
Ce devoir, les bureaux de la Chambre
4 ont compris aujourd'hui. S'ils ont nom-
tiô des commissaires absolument oppo-
sés à la loi sur les honneurs militaires
présentée à la précédente séance, qu'on
ne s'y trompe pas, c'est afin de faire
connaître à d'autres qu'aux ministres
que le Parlement est décidé à ne subir
désormais aucune pression inconstitu-
tionnelle.
Le caractère de M. le maréchal de
Mac-Mahon nous inspire une trop haute
estime pour que nous puissions attendre
sans la moindre inquiétude les consé-
quences de cette attitude résolue.
ANDRIEOX
ÉCHOS DU PARLEMENT
Les bruits les plus divers circulent sur
l'imminence de la crite ministérielle.
Les uns parlent d'un cabinet dont M. Ju-
les Simon serait le président.
D'autres, qui sa prétendent peut-être
avec raison mieux informés, alarment
que le président de la République subit
complètement l'influence de son entourage
familier, et qu'il demandera conseil à MM.
de Broglie et Buffet.
Ces derniers diraient alors Notre mo-
n ment n'est pas encore venu. Prenez M. Ue-
cazes comme président du conseil, et
chargez-le de composer un ministère.
Mais, a fait observer un intercoluteur,
M. Decazes n'aurait point de majorité dans
la Chonbre, au contraire
Eh bieu, on gouvernerait sans majo-
rité, en attendant la dissolution.
Le bruit court qui M. de Marcère a télégra-
phié hier à M. wolche, préfet du Rhône,
l'ordre de rapporter l'arrêté de M. Ducros
contre les enterrements civils.
Malheureusement, cette nouvelle qui à des
chances d'être vraie demain, est encore pré-
LE SÉNAT
Séance du vendredi 24 novembre 1876
C'est M. d'Audiffret- Pasquler qui préside.
Cette journée ne sera pas sans Influence
sur son futur rô'e dans le Sénat. Si les droi-
tes l'emportent, la campagne sera vigoureu-
aement menée pour porter M. ButTet à la
présidence au mon de janvier prochain. Que
vont faire les amis de M. d'AudiiTrel, ces
constitutionnels par antiphrase, les Bochor,
les Détourne), jes Lambert-Sainte-Croix,
etc.?.
On connaît les candidats.
Pour la droite, MM. Chesnelong, l'entre-
si un accident était arrivé, ce ne pouvait
être au bâtiment lui-môme; car il s'avançait
dans toutes les conditions d'un navire par-
faitement gouverné son ancre était en
mouillage, ea haubans de beaupré décro-
chas; et près du pilote, qui s'apprêtait à di-
riger le Pharaon par l'étroite entrée du port
de Marseille, était un jeune homme au grt>te
rapide et à l'œil actif, qui surveillait chaque
mouvement du navire et répétait chaque
ordre du pilote.
La vague inquiétude qui planait sur la
foule avait particulièrement atteint un des
spectateurs do lVsp'anado de Saint-Jeau, de
sorte qu'il ne put attendre l'eatrée du bâti-
meut dans le port; Il sauta dans une petite
barque et ordonna de ramer au-devant du
Pharaon, qu'il atteignit en face de l'ause do
la Réserve.
En voyant venir cet homme, le jeune ma-
rin quitta son poste à côté du pdoie, et vint,
le chapeau à la main, s'appuyer à la muraille
du bâtiment.
C'était un jeune homme de dix huit à
vingt ans, grand, svelte, avec de banux
yeux noirs et des cheveux d'ébène; il y
avait dans toute sa personne cet air de cal-
me et de résolution particulier aux hommes
habitués depuis leur eufauce à lutter avec le
danger.
Ah! c'est vous, Dantès, cria l'homme à
la barque; qu'e»t-il donc arrivé, et pourquoi
cet air de tristesse répandu sur tout votre
bord?
Un grand malheur, mousieur Morrel!
répondit le jeune homme, uu grand mal-
heur, pour moi surtout à la hauteur do
Civita-Vecchia, nous avons perdu ce brave
capitaine Leclèro.
Et le chargement? demanda vivement
l'armateur.
Il est arrivé à bon port, mousieur Mor-
rel, et je crois que vous strtz content sous
cg rapport; mats ce pauvre capitaine Le-
clère.
metteur de la fusion, le porte-drapeau du
Syllabns, et le général Vinoy, bonapartiste
avéré.
Pour les gauches, hélas bien modestes
dans leurs prétentions MM. Renouard et
Alfred André.
Le scrutin s'ouvre à deux Heures vingt-
cinq minutes, et devra se fermer à trois
heures et demie.
M. Vandier, secrétaire, s'installe à la tri-
bune, et les sénateurs viennent tour à tour
déposer leur bulletin entre ses mains, et
jeter ensuite eux-mêmes dans l'urne de
contrôle les petites boules qui doivent se
trouver en nombre égal à celui des bulle-
tins, au moment du dépouillement.
Les prévisions sont incertaines. Da8 deux
cotés ou espère la victoire. Cependant, plu-
sieurs sénateurs manquent à gaucho les
géuéraux Chanzy et Pélissier, en comman-
dement M. Varroy, malade M. Luro, en
congé. D'autres sont venus qu'oa ne pouvait
pas espérer. M. Hérold désobéi, à son mé-
decin M. Gaultier de Rutnilly, l'ancien dé-
fenseur des quatre sergtmW de la Rochelle,
gravement indisposé, est aussi accouru.
A droite, volci M. Dupauloup, qui arrive
d'Orléans; M. de Mérode, le nouvel élu du
Doubs, qui n'a pas perdu une minute pour
venir donner sa voix aux ennemis les plus
acharnés de cette Constitution qu'il a promis
de défendrei
Et on vote, vivement, en rangs serréa.
Voici MJÏ. de Lasteyrie, -sans sa visière,
de Belgastel suivant M. Littré et suivi
parM.Ferrouillal; ôantithèse! Victor Hugo,
Hérold, Tolain, Laurent- Pichat, qui précèdent
l'évêque d'Orléanj.
Le fougueux prélat, en voulant déposer
sa bille dans l'urne, la laisse échapper; elle
roule bruyamment Eur l'escalier de la tri-
bune, et les mauvais plaisanta de s'écrior
M. Dupaoloup perd la boule!
C'est 3 heures 29. M. Hervé de Sairy entre
dans la salle, court à la tribune et dépose
son vote. Mauvais augure 1.
Mais non. voici la dernier votant qui ar-
rive tout essoufflé. M. Ferrouillat lui re-
met un bulletin. C'est une voix de plus
pour MM. Reoouard et Audré qui tombe
dans l'urne,» 3 heures 30 miuuiea. Le scru-
tin est clos et le dépouillement eonimonce.
Plusieurs orateurs montent la tribune
mais qui les écoute ?
Des groupes se forme tt. Ici, Mil. Dupan-
loup, de Merode, Buffet, de Broglie, complo-
tent eusemble. Ea fac<%M. Littré cause pai-
niblement avec Victor Hugo. Certes, eu voilà
qui ne tripotant pas
Dans la tribune des journalistes on raconte
les petites histoires du jour. A la gare Saint
Lazare, tout a l'heure, le général CDangar-
nier étant dans un wagon, un jeune homme
y entre la clgarette aux ièvres.
Pardon, monsieur, dit le héros qui a
l'habitude de vaincre, la fumée m'incom-
mode
Le fumeur surpris regarde, reconnaît le
général à l'odeur, et, froidement, eu se reti-
rant
Et moi, monsieur, les parfums m'in-
commodent.
Enfin, voici le résultat du scrutin qu'on
apporte. (Mouvement de profonde atteu-
tion.) M. a' Audiifret- Pasquier lit d'uuo voix
claire
Nombre dos votants. 28'i
Majorité absolue 14
-Que lui eat-il donc arrivé? demanda
l'armateur d'un air visiblement soulagé; que
lui est-il donc arrivé, à ce brave capitaine?
Il est mort.
Tombé à la mer?
Non, monsieur; mort d'une fièvre céré-
brale, au milieu d'horribles souffrances. Puis,
se retournant vers ses hommes
Holà hé! dit-il, chacun à son poste pour
le mouillage!
L'équipage obéit. Au même instant les
huit ou dix matolota qui le composaient
(\'élancèrent les uns sur les écoutts, les au-
tres sur les bras, les autres aux drisses, les
autres aux hallebas des focs, enfin les au-
tres aux cargues dts voiles.
Le jeune marin jeta un coup d'u:il noncha-
lant sur ce commencement de manœuvre, et,
voyant que ses ordres allalent s'exécuter, il
ravint à son interlocuteur.
-Et comment ce malheur est-il donc
arrivé? continua l'armateur, reprenant la
conversation où le jeune marin l'avait quit-
tée.
Mon Dieu, monsieur, de la façon la plus
impnvue après une longue conversation
avec le commandant du port, le capitaine
Leclère quitta Napies fort ugit6; au bout de
vingt-quatre heures, la fièvre le prit; trois
jours après il était mort.
Nous lui avons fait les funérailles orJi-
naires, et il repose, décemment enveloppé
dans un hamac, avec un boulet de trente-six
aux pied6 et un a la tête, à la hauteur de
de l'lie d'el Giglio. Nous rapportons a sa
1 veuve sa croix d'honneur et son épé C'était
bien la peine, continua le jeune homme avec
un sourire mélan'o'ique, de faire dix ans la
guerre aux Anglais pour en arriver à mourir,
comme tout le monde, dans son lit.
Dame! que voulez-vous, monsieur Ed-
mond, reprit l'armateur qui paraissait se
consoler de plus en plus, nous sommes tous
mortels, et ll faut bien que les anciens fas-
Ont obtenu
M. Chesnelong 142
M. Viuoy i:i;i
M. Henouard 143
M. André. 143
M. Leplay 1
M. Dumas 1
M. Vacherot 1
Personne n'ayant obtenu la majorité ab-
solue, il y a lieu à un second tour de scru-
tin. Le Sénat décide que la vote commen-
cera immédiatement pour être clos à cinq
heures un quart, -et, sitôt dit, sitôt fait, le
défilé des Pères conscrits recommence
•*•
A six heures moins dix minutes M. Du-
pauloup annonce triomphalement, dans la
galerie des Tombeaux, queM. Chesnelong est
élu par 146 voix.
Cinq minutes après, le résultat officiel est
apporté
Nombre de votants 286
Sutfrages exprimés 286
Majorité absolue 144
obtenu
M. Chesnelong 147
M. Vinoy 136
M. Renouard 142
M.André 141
M. Chesnelong seul est élu Il y a lieu
de procéder à un troisième tour de scrutin.
Tout de suite crie-ton à gauche.
-A lundi! crie-t-on à droite.
A demain crie-ton au centre.
Le président interroge l'Assemblée.
Après une épreuve douteuse, la majorité,
formée de toutes les gauches, repousse lundi.
Sur Je renvoi au lendemain, deux épxeu-
ves successives sont déclarées douteuses
personne, dans les tribunes, ne partage l'ap-
préciation du bureau. La même majorité que
tout à l'heure parait certainement repousser
demain.
Ou va procéder au scrutin.
Les membres présents de la droite se dis-
posent à voter pour les absents. Mais la gau-
che a prévu la manœuvre, et dépose une de-
mande de scrutin à la tribune.
Les noms des signataires réclame la
droite.
Le président. La demanda est signée
par MM. Laurent Pichat, Hérold, Schœleher.
Eclats de rire d'un membre à droite à co
nom.
Le présiden;. Ces rires sont une iu-
convenance.
Oui, dit M. S.hœlcher, celui qui a ri
a commis une inconvenance, et je ne la
souffrirai pas.
L'inconvenant se tait prudemment.
Le scrutln à la tribune est décidé.
Là-dessus la droite, qui veut traîner les
choses en longueur, élève une discussion
interminable. Il s'agit, pour elle, de télé-
graphler à Paris pour faire revenir M. Du-
panloup et ses fidèles qui sont partis.
Pied à pied, elle défend le terrain. se réfu-
gie d'équivoque en équivoque comme un
chouan de buisson en buisson. Dix votes au
moins se succèdent pour fixer l'heure à la-
quelle sera fermé le scrutin à la tribune, et
la gauche l'emporte toujours. Le scrutin
sera fermé sept heures moins un quart, et
commence sur-le-champ.
Le scrutin est clos. mais Il faut un poin-
tige, Il y a plus do bulletins que de boules.
quel est le sénateur qui w'est lrompé?
Vingt minutes après, voici le résultat
Nombre des votants 262
Majorité absolue
sent place aux nouveaux, saus cela il n'y
aurait pas d'ivanement; et du moment que
vous m'assurez que la cargaison.
Est eu bon état, monsieur Morrel, je
vous en réponds. Voici un voyage que jo
vous donu>! le conseil do ne point escompter
pour 23,000 francs de bénéfice.
Puis, comme on venait de de passer la tour
roude
Range à carguer les voiles de huue, le
foc et la brigantiue cria le jeune marin
faites penaud!
L'ordre s'exécuta avec presque autant de
promptitud3 que sur un bâtiment de guerre.
Amène et cargue partout
Au dernier commandement, toutes les voi-
les s'abaissèrent, et le navire s'avauça d'une
façon presque insensible, ne marchant plus
que par l'impulsion donnée.
Et maintenant, si vous voulez monter,
monsieur Morre), dit Dautès, voyant l'im-
patience de l'armateur, voici votre comptable,
M. Danglars, qui sort de si cabine, et qui
vous donnera toi.s les renseignements que
vous pouvez désirer. Quanta moi, il faut que
je veille au mouillage et que je mette le na-
vire en deuil.
L'armateur ne se le tit pas dire deux fois.
Il saisit un câbla que lui jetaDantès, et, avec
une dextérité qui eût fait honneur à un hom-
me de mer, il gravit les échelons cloués sur
le flanc rebondi du bâtiment, tandis que ce-
lui-ci, retournant à eon poste de second, cé-
dait la conversation à celui qu'il avait an-
noncé sous le nom de Danglars, et qui, sor-
tant de sa cabine, s'avançait effectivement
au devant do l'armateur.
Le nouveau venu était un homme de
vingt-cinq à vingt-six ans, d'une figure as-
sezsombrc, obséquieux enversses supérieurs,
insolent envers ses subordour.es aussi
outre son titre d'agent comptable, qui est
toujours un motif de répulsion pour les ma-
telots, était il généralement aussi mal vu de
Pour t3t
Contre. 131
En conséquence, le renvoi à demain est
repoussé.
Al. Paris. Renvoyons le vote. Il man-
que 22 sénateurs; c'est une question de
loyauté.
Af. le comte Rampon. Vous. parlez de
loyauté. Nous en avons autant que vous 1
Nous demandons le vote immédiat
La scène qui suit est inénarrable. La droite
ne veut pas laisser voter ce soir, pour éviter
une défaite assurée. Les propositions les
plus dérisoires sont portées par elle succes-
sivement à la tribune, et M. d'Audiffret-Pas-
quier la soutient.
Voudrait-il ramener la droite à lui?.
En vain. MM. Tolaln, Laboulaye, Picard
démontrent mathématiquement l'absurdité
le mot n'est pas trop fort des motions
de la droite qui veut maintenant, au mépris
de trois votes successifs, faire renvoyer l'élec-
tion à mardi. M. d'Audifïret Pasquier per-
siste, et met aux voix le renvoi à mardi.
Il est repoussé. Le ministère a voté avec
les gauches.
L'élection immédiate est mise aux voix. La
droite demande l'appel nominal et le scrutin
secret.
M. Tolain. Le Sénat compromet aa di-
gnité
M. Bèretger. On a repoussé mardi;
on a repoussé lundi on a repoussé demain;
le plus simple bon sens ne dit-il pas qu'il en
résulte qu'il faut voter sur-le-champ. (Tu-
multe droite !)
Le président (se tournant vers la droite) Vous
avez été battus quatre fois; sachez vous ré-
signer
La droite se tait, et on met aux voix l'heu-
re de la fermeture du scrutin, qui commen-
cera Immédiatement.
Minuit dit-on à droite.
Onze heures sont repoussées. Dix heures
sont acceptées. On aura lo temps de faire
revenir de Paris les membres de la droite
absents.
Et le vote recommence à huit heures
moins un quart.
A l'heure où nous mettons sous presse
(minuit), nous n'en connaissons pas encore
le résultat.
FRAKCK.
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
Versailles, 2i novembre.
Au Sénat, on vote. A la Chambre des dé-
putés, on nomme, dans les bureaux, les
membres de la commission qui doit exami-
ner la loi présentée hier par le gouverne-
ment. Ces nominations, sur lesquelles nous
reviendrons demain, sont en général hosti-
les au projet de loi.
La séance s'ouvre tard. Pendant deux heu-
res noas voyous passer dans les couloirs les
députés qui vont et viennent dans les bu-
reaux. Ils sont fort échauffés. La question
est grave, compliquée. Et puis M. Thiers est
venu à Versatlles
Le président agite longtemps sa sonnette
avant que le calme soit rétabli et que les
conversations prennent fin. On a pourtant
appris que le prince Napoléon devait de-
mander la parole, et que ce n'est pas en
vain qu'il a pris des notes hier, pendant que
M. de Cassagnac parlait longuement. de la
religion et de sa conscience. Cependant le
prince Napoléon hésitait. « Je crains qu'on
me reçoive mal, » disait-il c à droite, à
cause de mes opinions; à gauche, à cause de
mon nom. C'est une crainte chimérique,
au moins en ce qui touche la gauche.
l'équipage qu'Edmond Dantès au contraire
en était aimé.
Eh bien, monsieur Morrel, dit Danglars
vous savez lo malheur, n'est-ce pas?
Oui, oui. Pauvre capitaine Leclère!
c'était un brave et honnête homme!
Et un eacellent marin surtout, vieilli
entre le ciel et l'eau, comme il convient à un
homme chargé des intérêts d'une maison
aussi importante que la maison Mortel et
fils, répondit Dangtars.
Mais, dit l'armateur suivant des yeux
Dantès qui cherchait son mouillage, mais il
me semble qu'il n'y a pas besoin d'être si
vieux marin que vous le dites, Danglars,
pour connaître son métier, et voici notre
ami Edmond qui fait le sien, en me semble,
en homme qui n'a besoin de demander des
conseils à personne.
Oui, dit Danglars en jetant sur Dantès
un regard oblique où brilla un éclair de
haine, oui, c'est jeune, et cela ne doute de
rien. A peine lo capitaine a-t-il été mort
qu'il a pris le commandement sans consul-
ter personne, et qu'il nous a fait perdre un
jour et demi à I'ile d'Elbe, au lieu de revenir
directement à Marseille.
Quant à prendre le commandement du
navire, dit l'armateur, c'était son devoir
comme second; quant à perdre un jour et
demi à l'Ile d'Elbe, il a eu tort; à moins que
le navire n'ait eu quelque avarie à réparer.
Le navire se portait comme je me porte,
et comme je désire que vous vous portiez,
monsieur Morrel,; et cette journée et demie
a été perdue par pur caprice, pour le plaisir
d'aller à terre, voilà tout.
-Dantès, dit l'armateur se retournant
vers le jeune homme, venez donc ici.
Pardon, monsieur, dit Dantès, je suis à
vous dans un instant. Puis s'adressant à l'é-
quipage
Mouille dit-il.
Aussitôt l'ancre tomba, et la chaise fila
DIMANCHE 26 NOVEMBRE 1876,
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
11, nie dh Faubourg -ifôontniai'trQ
PARIS
ABOIEMENTS 3 mois ft*.
mois o fr.
PARIS [ Vu An l«jEr.
ABONNEMENTS 3 moi» ï fr.
6 mois 13 Ip.
.DÉPARTEMENTS Un An 94 te.
ANNONCES
G. GÉRARD et L. HANFF
19, BOULEVARD MONTMARTRE, PARIS
Petite 6oarse du aelr.
24 novembre.
Dix heure*. Marché do résistance mais »b-,
solumeiu sans affaires et cherchant à s'orienter
a travers les colitradictioua du nouvelles politi-
ques.
3 70 52
.S
Turc il
Italien TO 40
Egyptienne 263 XI
OU EST LA RESPONSABILITE?
M. Thiers nous disait récemment
Sous la monarchie constitutionnelle,
j'appréciais déjà tes avantagea de la Ré-
publique. Le roi m'aimait beaucoup,
mais sa volonté contrariait constamment
la mienne, et je me disais la Républi-
que, c'est un premier ministre débar-
rassé du roi. »
Jusqu'au 24 mai M. Thiers a été
ce premier ministre. Nommé par l'As-
semblée dont il faisait partie, défendant
lai-même sa politique à la tribune, il
gouvernait librement sous sa propre
responsabilité; le jour où l'Assemblée
lui retira sa confiance, il n'hésita pas à
déclarer qu'il sa t'ait ce qui lui restait à
faire, et il le dt.
Son successeur a d'autres droits ef
d'autres devoirs.
Nommé pour sept années, placé par
les lois constitutionnelles à l'abri des
accidents et des responsabilités du pou-
voir, responsable seulement dans le cas
de haute trahison, M. le maréchal de
Mac-Mahon préside et ne gouverne pas.
Nous parlerions plus exactement si
nous disions: M. le maréchal de Mac-
Mahon ne doit pas gouverner.
Ce n'est pas sans hésitation quo nous
abordons ce grave sujet. Mais il nous
parait que le temps est venu d'avertir
respectueusement M. le président de la
République qu'il méconnais, à son insu,
les règles essentielles du régime parle-
mentaire, consacrées par la Constitution.
Il est temps aussi d'avertir le pays
qu'il porte sur ses élus, sur les minis-
tres auxquels ils accordent leur cou-
fiance, des jugements qni s'égarent.
M. le président de la République veut
faire prévalou- son avis dans les ques-
tions ce législation et dans celles d'ad-
ministration.
Les louciionnaires hostiles au régime
républicain sont maintenus par la vo-
lonté de M. le maréchal du Mac-Ma-
hon.
La môme volonté s'oppose à l'abro-
gation de certaines lois, à l'exécution
de certaines autres.
Ce n'est un mystère pour personne
que, dans la question des honneurs fu-
nèbres à rendra aux membres de la Lé-
gion d'honneur, ce n'est pas la politique
ministérielle, c'est la politique prési-
dentielle qui a prévalu.
Nous pourrions citer bien des cas en-
core où les ministres n'ont été que les
instruments du po 'voir personnel.
Il n'out qu'à protester en so retirant,
dira on. Mais ici surgit un autre dan-
ger. Où la volonté qui gouverne ira-t-elle
chercher un nouveau cabinet ? Le même
oubli des traditions parlementaires peut
FEUILLETON DU PETIT PARISIEN
Du 26 Novembre 1876.
LE CoMTE
DE
MONTE-CRISTO
Par ALEXANDRE LUMAS
Le 24 février 1815, la vigie de Notre-Dame
de la Garde signala le trois-mAts le Pharaon,
venant de àmyrne, Trieste et Naples,
Comme d'habitude, un pilote côtier partit
aussitôt du port, rada le château d'If, et alla
aborder le navire entre le cap de Morgion et
l'Ile de Riou.
Aussitôt, comme d'habitude encore la
plate-foroio du fort Saint-Jean s'était cou-
verte de curieux; car c'est toujours une
grande affaire à Marseille que l'arrivée d'un
bâtiment, surtout quand ce bâtiment, com-
me le Pharaon, a été construit, gréé, arrimé
sur les chantiers de la vieille Phocée, et ap-
partient à uu armateur de la ville.
Cependant ce bâtiment s'avançait, il avait
heureusement franchi le détroit quequelque
secousse volcanique a creusé entre l'ile de
Calacareigne et l'Ile de Jaros; il avait doublé
Pomègue, et il s'avançait sous ses trois hu-
niels, sou grand foc et 8a brigantine, mais
si lentement <>\ d'une allure si triste, que
les curieux, avec cet instinct qui pressent
un malheur, se demandaient quel accident
pouvait être arrivé à bord. Néanmoins les
experts en navigation reconnaissaient que
amener la constitution d'un cabinet pris
en dehors de la majorité.
On comprend, dèi lors, pourquoi les
députés hésitent à faire retomber sur les
ministres la responsabilité d'une politi-
que qu'ils ont sulie, ou à les blâmer de
conserver des fonctionnaires qui leur
sont imposés.
Mais cette confusion des attributions,
cette atteinte intolérable aux institutions
parlementaires.
M. le pié-ident de la République n'en
̃a certainement pas aperçu la gravité.
;st pourquoi il est du devoir de la
aesse, il eat du devoir du parlement de
tire à sa loyauté uu appel qui cet taine-
ôut sera écouté.
Ce devoir, les bureaux de la Chambre
4 ont compris aujourd'hui. S'ils ont nom-
tiô des commissaires absolument oppo-
sés à la loi sur les honneurs militaires
présentée à la précédente séance, qu'on
ne s'y trompe pas, c'est afin de faire
connaître à d'autres qu'aux ministres
que le Parlement est décidé à ne subir
désormais aucune pression inconstitu-
tionnelle.
Le caractère de M. le maréchal de
Mac-Mahon nous inspire une trop haute
estime pour que nous puissions attendre
sans la moindre inquiétude les consé-
quences de cette attitude résolue.
ANDRIEOX
ÉCHOS DU PARLEMENT
Les bruits les plus divers circulent sur
l'imminence de la crite ministérielle.
Les uns parlent d'un cabinet dont M. Ju-
les Simon serait le président.
D'autres, qui sa prétendent peut-être
avec raison mieux informés, alarment
que le président de la République subit
complètement l'influence de son entourage
familier, et qu'il demandera conseil à MM.
de Broglie et Buffet.
Ces derniers diraient alors Notre mo-
n ment n'est pas encore venu. Prenez M. Ue-
cazes comme président du conseil, et
chargez-le de composer un ministère.
Mais, a fait observer un intercoluteur,
M. Decazes n'aurait point de majorité dans
la Chonbre, au contraire
Eh bieu, on gouvernerait sans majo-
rité, en attendant la dissolution.
Le bruit court qui M. de Marcère a télégra-
phié hier à M. wolche, préfet du Rhône,
l'ordre de rapporter l'arrêté de M. Ducros
contre les enterrements civils.
Malheureusement, cette nouvelle qui à des
chances d'être vraie demain, est encore pré-
LE SÉNAT
Séance du vendredi 24 novembre 1876
C'est M. d'Audiffret- Pasquler qui préside.
Cette journée ne sera pas sans Influence
sur son futur rô'e dans le Sénat. Si les droi-
tes l'emportent, la campagne sera vigoureu-
aement menée pour porter M. ButTet à la
présidence au mon de janvier prochain. Que
vont faire les amis de M. d'AudiiTrel, ces
constitutionnels par antiphrase, les Bochor,
les Détourne), jes Lambert-Sainte-Croix,
etc.?.
On connaît les candidats.
Pour la droite, MM. Chesnelong, l'entre-
si un accident était arrivé, ce ne pouvait
être au bâtiment lui-môme; car il s'avançait
dans toutes les conditions d'un navire par-
faitement gouverné son ancre était en
mouillage, ea haubans de beaupré décro-
chas; et près du pilote, qui s'apprêtait à di-
riger le Pharaon par l'étroite entrée du port
de Marseille, était un jeune homme au grt>te
rapide et à l'œil actif, qui surveillait chaque
mouvement du navire et répétait chaque
ordre du pilote.
La vague inquiétude qui planait sur la
foule avait particulièrement atteint un des
spectateurs do lVsp'anado de Saint-Jeau, de
sorte qu'il ne put attendre l'eatrée du bâti-
meut dans le port; Il sauta dans une petite
barque et ordonna de ramer au-devant du
Pharaon, qu'il atteignit en face de l'ause do
la Réserve.
En voyant venir cet homme, le jeune ma-
rin quitta son poste à côté du pdoie, et vint,
le chapeau à la main, s'appuyer à la muraille
du bâtiment.
C'était un jeune homme de dix huit à
vingt ans, grand, svelte, avec de banux
yeux noirs et des cheveux d'ébène; il y
avait dans toute sa personne cet air de cal-
me et de résolution particulier aux hommes
habitués depuis leur eufauce à lutter avec le
danger.
Ah! c'est vous, Dantès, cria l'homme à
la barque; qu'e»t-il donc arrivé, et pourquoi
cet air de tristesse répandu sur tout votre
bord?
Un grand malheur, mousieur Morrel!
répondit le jeune homme, uu grand mal-
heur, pour moi surtout à la hauteur do
Civita-Vecchia, nous avons perdu ce brave
capitaine Leclèro.
Et le chargement? demanda vivement
l'armateur.
Il est arrivé à bon port, mousieur Mor-
rel, et je crois que vous strtz content sous
cg rapport; mats ce pauvre capitaine Le-
clère.
metteur de la fusion, le porte-drapeau du
Syllabns, et le général Vinoy, bonapartiste
avéré.
Pour les gauches, hélas bien modestes
dans leurs prétentions MM. Renouard et
Alfred André.
Le scrutin s'ouvre à deux Heures vingt-
cinq minutes, et devra se fermer à trois
heures et demie.
M. Vandier, secrétaire, s'installe à la tri-
bune, et les sénateurs viennent tour à tour
déposer leur bulletin entre ses mains, et
jeter ensuite eux-mêmes dans l'urne de
contrôle les petites boules qui doivent se
trouver en nombre égal à celui des bulle-
tins, au moment du dépouillement.
Les prévisions sont incertaines. Da8 deux
cotés ou espère la victoire. Cependant, plu-
sieurs sénateurs manquent à gaucho les
géuéraux Chanzy et Pélissier, en comman-
dement M. Varroy, malade M. Luro, en
congé. D'autres sont venus qu'oa ne pouvait
pas espérer. M. Hérold désobéi, à son mé-
decin M. Gaultier de Rutnilly, l'ancien dé-
fenseur des quatre sergtmW de la Rochelle,
gravement indisposé, est aussi accouru.
A droite, volci M. Dupauloup, qui arrive
d'Orléans; M. de Mérode, le nouvel élu du
Doubs, qui n'a pas perdu une minute pour
venir donner sa voix aux ennemis les plus
acharnés de cette Constitution qu'il a promis
de défendrei
Et on vote, vivement, en rangs serréa.
Voici MJÏ. de Lasteyrie, -sans sa visière,
de Belgastel suivant M. Littré et suivi
parM.Ferrouillal; ôantithèse! Victor Hugo,
Hérold, Tolain, Laurent- Pichat, qui précèdent
l'évêque d'Orléanj.
Le fougueux prélat, en voulant déposer
sa bille dans l'urne, la laisse échapper; elle
roule bruyamment Eur l'escalier de la tri-
bune, et les mauvais plaisanta de s'écrior
M. Dupaoloup perd la boule!
C'est 3 heures 29. M. Hervé de Sairy entre
dans la salle, court à la tribune et dépose
son vote. Mauvais augure 1.
Mais non. voici la dernier votant qui ar-
rive tout essoufflé. M. Ferrouillat lui re-
met un bulletin. C'est une voix de plus
pour MM. Reoouard et Audré qui tombe
dans l'urne,» 3 heures 30 miuuiea. Le scru-
tin est clos et le dépouillement eonimonce.
Plusieurs orateurs montent la tribune
mais qui les écoute ?
Des groupes se forme tt. Ici, Mil. Dupan-
loup, de Merode, Buffet, de Broglie, complo-
tent eusemble. Ea fac<%M. Littré cause pai-
niblement avec Victor Hugo. Certes, eu voilà
qui ne tripotant pas
Dans la tribune des journalistes on raconte
les petites histoires du jour. A la gare Saint
Lazare, tout a l'heure, le général CDangar-
nier étant dans un wagon, un jeune homme
y entre la clgarette aux ièvres.
Pardon, monsieur, dit le héros qui a
l'habitude de vaincre, la fumée m'incom-
mode
Le fumeur surpris regarde, reconnaît le
général à l'odeur, et, froidement, eu se reti-
rant
Et moi, monsieur, les parfums m'in-
commodent.
Enfin, voici le résultat du scrutin qu'on
apporte. (Mouvement de profonde atteu-
tion.) M. a' Audiifret- Pasquier lit d'uuo voix
claire
Nombre dos votants. 28'i
Majorité absolue 14
-Que lui eat-il donc arrivé? demanda
l'armateur d'un air visiblement soulagé; que
lui est-il donc arrivé, à ce brave capitaine?
Il est mort.
Tombé à la mer?
Non, monsieur; mort d'une fièvre céré-
brale, au milieu d'horribles souffrances. Puis,
se retournant vers ses hommes
Holà hé! dit-il, chacun à son poste pour
le mouillage!
L'équipage obéit. Au même instant les
huit ou dix matolota qui le composaient
(\'élancèrent les uns sur les écoutts, les au-
tres sur les bras, les autres aux drisses, les
autres aux hallebas des focs, enfin les au-
tres aux cargues dts voiles.
Le jeune marin jeta un coup d'u:il noncha-
lant sur ce commencement de manœuvre, et,
voyant que ses ordres allalent s'exécuter, il
ravint à son interlocuteur.
-Et comment ce malheur est-il donc
arrivé? continua l'armateur, reprenant la
conversation où le jeune marin l'avait quit-
tée.
Mon Dieu, monsieur, de la façon la plus
impnvue après une longue conversation
avec le commandant du port, le capitaine
Leclère quitta Napies fort ugit6; au bout de
vingt-quatre heures, la fièvre le prit; trois
jours après il était mort.
Nous lui avons fait les funérailles orJi-
naires, et il repose, décemment enveloppé
dans un hamac, avec un boulet de trente-six
aux pied6 et un a la tête, à la hauteur de
de l'lie d'el Giglio. Nous rapportons a sa
1 veuve sa croix d'honneur et son épé C'était
bien la peine, continua le jeune homme avec
un sourire mélan'o'ique, de faire dix ans la
guerre aux Anglais pour en arriver à mourir,
comme tout le monde, dans son lit.
Dame! que voulez-vous, monsieur Ed-
mond, reprit l'armateur qui paraissait se
consoler de plus en plus, nous sommes tous
mortels, et ll faut bien que les anciens fas-
Ont obtenu
M. Chesnelong 142
M. Viuoy i:i;i
M. Henouard 143
M. André. 143
M. Leplay 1
M. Dumas 1
M. Vacherot 1
Personne n'ayant obtenu la majorité ab-
solue, il y a lieu à un second tour de scru-
tin. Le Sénat décide que la vote commen-
cera immédiatement pour être clos à cinq
heures un quart, -et, sitôt dit, sitôt fait, le
défilé des Pères conscrits recommence
•*•
A six heures moins dix minutes M. Du-
pauloup annonce triomphalement, dans la
galerie des Tombeaux, queM. Chesnelong est
élu par 146 voix.
Cinq minutes après, le résultat officiel est
apporté
Nombre de votants 286
Sutfrages exprimés 286
Majorité absolue 144
obtenu
M. Chesnelong 147
M. Vinoy 136
M. Renouard 142
M.André 141
M. Chesnelong seul est élu Il y a lieu
de procéder à un troisième tour de scrutin.
Tout de suite crie-ton à gauche.
-A lundi! crie-t-on à droite.
A demain crie-ton au centre.
Le président interroge l'Assemblée.
Après une épreuve douteuse, la majorité,
formée de toutes les gauches, repousse lundi.
Sur Je renvoi au lendemain, deux épxeu-
ves successives sont déclarées douteuses
personne, dans les tribunes, ne partage l'ap-
préciation du bureau. La même majorité que
tout à l'heure parait certainement repousser
demain.
Ou va procéder au scrutin.
Les membres présents de la droite se dis-
posent à voter pour les absents. Mais la gau-
che a prévu la manœuvre, et dépose une de-
mande de scrutin à la tribune.
Les noms des signataires réclame la
droite.
Le président. La demanda est signée
par MM. Laurent Pichat, Hérold, Schœleher.
Eclats de rire d'un membre à droite à co
nom.
Le présiden;. Ces rires sont une iu-
convenance.
Oui, dit M. S.hœlcher, celui qui a ri
a commis une inconvenance, et je ne la
souffrirai pas.
L'inconvenant se tait prudemment.
Le scrutln à la tribune est décidé.
Là-dessus la droite, qui veut traîner les
choses en longueur, élève une discussion
interminable. Il s'agit, pour elle, de télé-
graphler à Paris pour faire revenir M. Du-
panloup et ses fidèles qui sont partis.
Pied à pied, elle défend le terrain. se réfu-
gie d'équivoque en équivoque comme un
chouan de buisson en buisson. Dix votes au
moins se succèdent pour fixer l'heure à la-
quelle sera fermé le scrutin à la tribune, et
la gauche l'emporte toujours. Le scrutin
sera fermé sept heures moins un quart, et
commence sur-le-champ.
Le scrutin est clos. mais Il faut un poin-
tige, Il y a plus do bulletins que de boules.
quel est le sénateur qui w'est lrompé?
Vingt minutes après, voici le résultat
Nombre des votants 262
Majorité absolue
sent place aux nouveaux, saus cela il n'y
aurait pas d'ivanement; et du moment que
vous m'assurez que la cargaison.
Est eu bon état, monsieur Morrel, je
vous en réponds. Voici un voyage que jo
vous donu>! le conseil do ne point escompter
pour 23,000 francs de bénéfice.
Puis, comme on venait de de passer la tour
roude
Range à carguer les voiles de huue, le
foc et la brigantiue cria le jeune marin
faites penaud!
L'ordre s'exécuta avec presque autant de
promptitud3 que sur un bâtiment de guerre.
Amène et cargue partout
Au dernier commandement, toutes les voi-
les s'abaissèrent, et le navire s'avauça d'une
façon presque insensible, ne marchant plus
que par l'impulsion donnée.
Et maintenant, si vous voulez monter,
monsieur Morre), dit Dautès, voyant l'im-
patience de l'armateur, voici votre comptable,
M. Danglars, qui sort de si cabine, et qui
vous donnera toi.s les renseignements que
vous pouvez désirer. Quanta moi, il faut que
je veille au mouillage et que je mette le na-
vire en deuil.
L'armateur ne se le tit pas dire deux fois.
Il saisit un câbla que lui jetaDantès, et, avec
une dextérité qui eût fait honneur à un hom-
me de mer, il gravit les échelons cloués sur
le flanc rebondi du bâtiment, tandis que ce-
lui-ci, retournant à eon poste de second, cé-
dait la conversation à celui qu'il avait an-
noncé sous le nom de Danglars, et qui, sor-
tant de sa cabine, s'avançait effectivement
au devant do l'armateur.
Le nouveau venu était un homme de
vingt-cinq à vingt-six ans, d'une figure as-
sezsombrc, obséquieux enversses supérieurs,
insolent envers ses subordour.es aussi
outre son titre d'agent comptable, qui est
toujours un motif de répulsion pour les ma-
telots, était il généralement aussi mal vu de
Pour t3t
Contre. 131
En conséquence, le renvoi à demain est
repoussé.
Al. Paris. Renvoyons le vote. Il man-
que 22 sénateurs; c'est une question de
loyauté.
Af. le comte Rampon. Vous. parlez de
loyauté. Nous en avons autant que vous 1
Nous demandons le vote immédiat
La scène qui suit est inénarrable. La droite
ne veut pas laisser voter ce soir, pour éviter
une défaite assurée. Les propositions les
plus dérisoires sont portées par elle succes-
sivement à la tribune, et M. d'Audiffret-Pas-
quier la soutient.
Voudrait-il ramener la droite à lui?.
En vain. MM. Tolaln, Laboulaye, Picard
démontrent mathématiquement l'absurdité
le mot n'est pas trop fort des motions
de la droite qui veut maintenant, au mépris
de trois votes successifs, faire renvoyer l'élec-
tion à mardi. M. d'Audifïret Pasquier per-
siste, et met aux voix le renvoi à mardi.
Il est repoussé. Le ministère a voté avec
les gauches.
L'élection immédiate est mise aux voix. La
droite demande l'appel nominal et le scrutin
secret.
M. Tolain. Le Sénat compromet aa di-
gnité
M. Bèretger. On a repoussé mardi;
on a repoussé lundi on a repoussé demain;
le plus simple bon sens ne dit-il pas qu'il en
résulte qu'il faut voter sur-le-champ. (Tu-
multe droite !)
Le président (se tournant vers la droite) Vous
avez été battus quatre fois; sachez vous ré-
signer
La droite se tait, et on met aux voix l'heu-
re de la fermeture du scrutin, qui commen-
cera Immédiatement.
Minuit dit-on à droite.
Onze heures sont repoussées. Dix heures
sont acceptées. On aura lo temps de faire
revenir de Paris les membres de la droite
absents.
Et le vote recommence à huit heures
moins un quart.
A l'heure où nous mettons sous presse
(minuit), nous n'en connaissons pas encore
le résultat.
FRAKCK.
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
Versailles, 2i novembre.
Au Sénat, on vote. A la Chambre des dé-
putés, on nomme, dans les bureaux, les
membres de la commission qui doit exami-
ner la loi présentée hier par le gouverne-
ment. Ces nominations, sur lesquelles nous
reviendrons demain, sont en général hosti-
les au projet de loi.
La séance s'ouvre tard. Pendant deux heu-
res noas voyous passer dans les couloirs les
députés qui vont et viennent dans les bu-
reaux. Ils sont fort échauffés. La question
est grave, compliquée. Et puis M. Thiers est
venu à Versatlles
Le président agite longtemps sa sonnette
avant que le calme soit rétabli et que les
conversations prennent fin. On a pourtant
appris que le prince Napoléon devait de-
mander la parole, et que ce n'est pas en
vain qu'il a pris des notes hier, pendant que
M. de Cassagnac parlait longuement. de la
religion et de sa conscience. Cependant le
prince Napoléon hésitait. « Je crains qu'on
me reçoive mal, » disait-il c à droite, à
cause de mes opinions; à gauche, à cause de
mon nom. C'est une crainte chimérique,
au moins en ce qui touche la gauche.
l'équipage qu'Edmond Dantès au contraire
en était aimé.
Eh bien, monsieur Morrel, dit Danglars
vous savez lo malheur, n'est-ce pas?
Oui, oui. Pauvre capitaine Leclère!
c'était un brave et honnête homme!
Et un eacellent marin surtout, vieilli
entre le ciel et l'eau, comme il convient à un
homme chargé des intérêts d'une maison
aussi importante que la maison Mortel et
fils, répondit Dangtars.
Mais, dit l'armateur suivant des yeux
Dantès qui cherchait son mouillage, mais il
me semble qu'il n'y a pas besoin d'être si
vieux marin que vous le dites, Danglars,
pour connaître son métier, et voici notre
ami Edmond qui fait le sien, en me semble,
en homme qui n'a besoin de demander des
conseils à personne.
Oui, dit Danglars en jetant sur Dantès
un regard oblique où brilla un éclair de
haine, oui, c'est jeune, et cela ne doute de
rien. A peine lo capitaine a-t-il été mort
qu'il a pris le commandement sans consul-
ter personne, et qu'il nous a fait perdre un
jour et demi à I'ile d'Elbe, au lieu de revenir
directement à Marseille.
Quant à prendre le commandement du
navire, dit l'armateur, c'était son devoir
comme second; quant à perdre un jour et
demi à l'Ile d'Elbe, il a eu tort; à moins que
le navire n'ait eu quelque avarie à réparer.
Le navire se portait comme je me porte,
et comme je désire que vous vous portiez,
monsieur Morrel,; et cette journée et demie
a été perdue par pur caprice, pour le plaisir
d'aller à terre, voilà tout.
-Dantès, dit l'armateur se retournant
vers le jeune homme, venez donc ici.
Pardon, monsieur, dit Dantès, je suis à
vous dans un instant. Puis s'adressant à l'é-
quipage
Mouille dit-il.
Aussitôt l'ancre tomba, et la chaise fila
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