Titre : Candide : grand hebdomadaire parisien et littéraire ["puis" littéraire et parisien]
Éditeur : Fayard (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Date d'édition : 1939-02-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32737062q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 février 1939 22 février 1939
Description : 1939/02/22 (A15,N780). 1939/02/22 (A15,N780).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k46893661
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-125
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/07/2017
CANDIDE
Le numéro : 1 f r. 25
Page 3 : Une page de dessins de SENNEP
QtiINnBMB ANNEE. — N* 780. — 22 FEVRIER 1939.
Grand Hebdomadaire Parisien et Littéraire
18-20, rue du Saint4ethard, XIV"
H ...&t le jugement a... droit avec dmpM
o' ut pour cette niioa qa'ôa le aomiiMt w~ VOLTAIRE.
L'ESPAGNE
aux ESPAGNOLS
par le général DUVAL
ne peut parler de la ques-
tion espagnole sans tou-
cher à toutes les autres.
La politique européenne
forme un tout et elle se re-
trouve toute, en raccourci,
dans la région espagnole.
Aussi la question espagnole est-elle ex-
trêmement complexe. Pour les uns, elle
est faite d'idéologie, pour les autres
de calculs machiavéliques de l'Italie et
de l'Allemagne, pour d'autres encore
des dangers de guerre imminente, aux-
quels elle se mêle. Ce dernier aspect
domine à mes yeux tous les autres,
mais il ne les exclut pas. J'ai fait trois
séjours en Espagne depuis trois ans : une
première fois en septembre 1937, une
deuxième fois en juillet 1938, une troi-
sième fois, tout récemment, du 5 au 14 fé-
vrier dernier. N'ayant d'autre intention
que de m'informer, je me suis toujours
efforcé de demeurer objectif ;* je n'ai
affirmé que ce que j'ai pu observer, étu-
dier sur place. Souvent, ce que j'ai rap-
porté a heurté les idées toutes faites,
admises en France, du moins à Paris,
sans qu'on en puisse jamais connaître le
fondement. Elles sont l'œuvre de la pro-
pagande espagnole de Valence et de Bar-
celone, qui fonctionne remarquablement
comme permet d'en juger le travail publi-
quement accompli par l'office du boule-
vard de la Madeleine. Tout s'y déforme,
de ce qui se passe en Espagne, mais ce
que l'on croit trop souvent, en France,
ressemble étrangement à ces déforma-
tions.
Il est pourtant capital, lorsqu'il s'agit
de préparation à la guerre, de se garder
des illusions et du mensonge. Les erreurs
matérielles commises par les chefs d'Etac
et les diplomates se payent sur les champs
de bataille. La guerre est, de toutes les
réalités, la plus rude ; elle n'est même,
dans l'ordre politique, que la substitution
des méthodes de contrainte brutale aux
méthodes de persuasion par le verbe.
Toute stratégie est fausse qui s'appuie sur
de fausses données. Il est donc sans inté-
rêt de savoir ce qui plaît ou ce qui déplaît,
ce qui offense nos convictions politiques
et sociales ou ce qui les flatte. Il n'y a à
compter que ce qui est.. Or, ce qui est,
c'est d'abord, et cette considération limi-
naire domine toutes les autres, le danger
de guerre qui nous menace, non pas dans
un temps plus ou moins lointain, mais
dans un avenir immédiat, quelques semai-
nes peut-être. Nous devons, pour aborder
ce danger, nous mettre dans les meilleu-
res conditions possibles; c'est peut-être
même la seule chance que nous ayons d'y
échapper. Sachons donc braver les colères
et les injures pour dire simplement la
vérité.
La question espagnole
vue par les Français
Pour beaucoup de Français, et, malheu-
reusement, pour un grand nombre de ceux
qui inspirent notre gouvernement, les Es-
pagnols sont simplement victimes d'une
horrible rébellion militaire, qui n'a d'au-
tre but que de leur ravir la liberté. Les
chefs rebelles ont obtenu le concours
d'une importante fraction de l'armée ita-
lienne, en aliénant l'indépendance de leur
pays. Les troupes italiennes constituent
le pricipal élément de la force militaire
nationaliste qui leur doit la victoire.
Quant aux désordres, meurtres, incendies
commis par le « Frente popular », il n'en
faut pas parler, parce que les hommes de
Franco ont fait autant ou pire. D'où il ré-
sulte que la solution de la question espa-
gnole porterait sur deux points: renvoi
des Italiens dans leur pays et réconcilia-
tion des Espagnols dans un égal oubli du
passé. Ce ne serait pas plus difficile !
Je souhaite qu'à cela ne se ramènent
pas les instructions données à M. Léou
Bérard; je n'en voudrais pas jurer. Mais,
si cela est, à peine aura-t-il franchi notre
frontière et aura-t-il causé un quart
d'heure avec des Espagnols qu'il aura
honte de notre naïve ignorance. Il lui fau-
dra toute la souplesse de son esprit pour
se tirer de là. La principale difficulté
pour lui sera néanmoins de le faire com-
prendre à Paris.
Il m'est souvent arrivé d'interroger des
Espagnols sur l'origine de la guerre. Se
sont-ils croisés pour ou contre le fas-
cisme ? L'Espagnol, toujours courtois, ne
réi>oiid pas et sourit. Le fascisme, qu'est-;
ce que cela veut dire ? Le communisme
même, qu'est-ce que cela veut dire ? Il
n'y a pas de fascistes en Espagne ; il n'y a
pas davantage de communistes. Il y a des
phalangistes et il y a des syndicalistes. Et
les phàlangistes, nous le verrons, ne con-
damnent pas le syndicalisme. Ce dont per-
sonne ne veut, c'est du bolchevisme, préci-
sément parce qu'il n'est pas Espagnol; et
on veut guérir l'Espagne des atteintes de
cette mauvaise lèpre.
Quant à une rébellion militâire, per-
sonne n'en a jamais fait grief à l'armée,
ni à ses chefs. On attendait, ail contraire,
en ju;U(. : 1936, que ce mouvement se pro-
duisît, et non sans impatience. Le désor-
dre à Madrid et dans beaucoup de villes,
était devenu tel que chacun craignait.pour
sa vie. Le gouvernement, était impuissant
et laissait tout faire..Bien mieux, il
n'avait d'égards que pour les extrémistes,
qui étaient les maîtres de la rue. « Si l'on
voulait mettre le feu à quelques églises on
trouvait toutes facilités, a écrit Mendiza-
bal, qui n'est cependant pas suspect de
partialité envers les nationalistes; généra-
lement, les ordres reçus par les agents de
l'autorité découlaient du principe de non-
intervention. Mais si quelques personnes
montaient par précaution la garde d'une
église, afin d'empêcher qu'elle fût incen-
diée, elles étaient arrêtées par la police
à titre de dangereux transgresseurs de la
loi sur les réunions publiques » (1). Quand
un gouvernement en est là, il est naturel
que chacun se préoccupe de sa propre sû-
reté. Un officier espagnol me dit un jour:
« J'ai rejoint mes camarades pour sauver
ma vie et celle des miens ».
En Espagne, l'armée est intervenue de
tout temps dans la politique, au profit,
tantôt d'un parti, tantôt d'un autre. En
1930, lors de la tentative de soulèvement
de la garnison de Jaca, le mouvement
était inspiré par M. Azana et ses amis.
Les capitaines Galan et Hernandez, tra-
duits en conseil de guerre et fusillés, fu-
rent honorés comme des martyrs même
par les anarchistes de Barcelone. En 1936,
le gouvernement du « Frente popular >
avait peu à peu réduit les effectifs de
l'armée au point de n'y laisser que des
officiers et des sous-officiers. Encore
ceux-ci étaient-ils l'objet de mutations
continuelles pour les empêcher de se mê-
ler à la politique locale. Pour tout com-
pléter, dès le début de l'insurrection, le 19
juillet 1936, un décret fut pris ordonnant
la dissolution de tous les détachements
qui avaient pris part au mouvement La
plupart des soldats en profitèrent pour
rentrer dans leurs foyers. Le même jour,
le gouvernement décida d'armer le peuple
et pour cela, d'ouvrir les arsenaux qui fu-
rent pillés par la foule.
Pratiquement, il n'y eut d'armée ni d'un
côté, ni de l'autre. Franco disposa seule-
InPflt (?<■> dl- ."Pt à dix-hnit mille hom-
mes des troupes du Maroc. C'était peu
pour s'emparer de la Péninsule. Les deux
partis se hâtèrent, de constituer une ar-
mée, mais ils y durent consacrer beau-
coup de temps. Franco avait l'avantage
de disposer de cadres meilleurs et plna
nombreux ; les républicains possédaient,
en revanche, la plus grande partie du
matériel du temps de paix. Des deux
côtés furent accueillis avec satisfaction
les secours venus du dehors, Allemands
et Italiens chez les nationalistes, Russes
et brigades internationales chez les ré-
publicains. Cependant, le service mili-
taire fut rendu obligatoire de part et
d'autre, et chacun organisa le recrute-
ment sur le territoire qu'il occupait.
Il est contraire à la vérité de préten-
dre que des unités constituées de l'ar-
mée italienne aient jamais été envoyées
en Espagne. J'ai dit un jour, dans une
(1) A. Mendizabal. Aux origines d'une tragé-
die, p. 251.
conférence aux Ambassadeurs, le 27 avril
1938, qu'aucun lien organique ne ratta-
chait les volontaires italiens d'Espagne
au gouvernement de Rome,. et, parlant
des soldats, j'ai ajouté : « Ils ne sont
pas très jeunes. Ils ont de vingt-six à
quarante ans. Ce sont des hommes venus
de partout, les uns par enthousiasme po-
litique, d'autres par goût d'aventure,
d'autres enfin parce qu'ils étaient oisifs,
chômeurs. Aucun pour de l'argent : la
solde est médiocre, une dizaine de lire
par jour. » Ces propos ont provoqué, à
la tribune de la Chambre des députés,
les protestations véhémentes d'un député
de l'extrême gauche (1). Mais, qu'ils plai-
sent ou déplaisent, j'ai le devoir de les
maintenir, parce qu'ils sont l'expression
de la vérité. Ces hommes dont j'ai parlé,
je les ai vus, et quelques-uns, rencontrés
au hasard, ont même été interrogés en
ma présence. Je ne puis accepter le dé-
menti, sans preuve, de quelqu'un qui ja-
mais n'a été en Espagne, et n'a pas eu
l'occasion d'approcher ces troupes. Voici
comment les choses se sont passées.
Le gouvernement italien a donné aux
Espagnols les autorisations et facilités
nécessaires pour ouvrir en Italie des bu-
reaux de recrutement. Il a, à coup sûr,
encouragé les volontaires à s'y présenter.
Ceux-ci provenaient pour la plupart, di-
rectement ou Indirectement, des divisions
de Chemises Noires rapatriées et dis-
soutes après la campagne d'Ethiopie. Tous
ces engagés volontaires furent transpor-
tés en Espagne et débarqués à Cadix, à
la fin de 1936 et au début de 1937. Des
armes furent également fournies, non
gratuitement ; toutes les fournitures ita-
liennes ont été payées par l'Espagne.
C'est sur le territoire de la Péninsule
que s'acheva l'organisation en régiments
et divisions. Les officiers généraux et les
officiers d'étàt-ma.ior prorensl' nt fteiils
de l'armée active. Cette organisation hâ-
tive explique le désastre de Guadalajara,
(1) Séance du 19 janvier 1939. Journal offi-
ciel, p. 104.
au mois de mars. Après Guadalajara,
toute l'organisation fut reprise, les diver-
ses unités remises en main, et la Légion
italienne, comprenant les trois divisions :
Flammes Noires, XXIII Mars, Littorio,
fut de nouveau engagée dans le courant
de mai sur le front de Bilbao. A ce mo-
ment, l'armée de Franco, elle aussi, com-
mençait de grandir. Les trois divisions
italiennes en faisaient partie intégrante;
jamais elles ne furent considérées comme
des troupes alliées jouissant de leur in-
dépendance. Peu à peu, elles se réduisi-
rent à la manière de la peau de chagrin.
La division des Flammes Noirès dispa-
rut à l'automne de 1937 ; en 1938, ce fut
le tour de la division du XXIII Mars. On
crut voir, en France et en Angleterre,
dans cette réduction progressive, un suc-
cès du comité de non-intervention. Ce
n'est pas certain. Le recrutement des vo-
lontaires devenait de plus en plus diffi-
cile, et je crois, quant à mol, que deux
divisions sur trois ont disparu faute
d'hommes pour les maintenir. Ces deux
divisions ont, en effet, totalement cessé
d'exister ; elles n'ont à aucun moment
repris place dans l'armée italienne, ce
qui achève de démontrer qu'elles n'en
provenaient pas.
Lors de l'opération de Catalogne, le
général Franco a accordé une satisfac-
tion d'amour-propre au général Gam-
bara qui commandait la division Littorio.
Il a joint à celle-ci trois divisions des
Flèches et a constitué ainsi un corps
d'armée de quatre divisions. Mais les di-
visions des Flèches sont entièrement com-
posées d'Espagnols, sauf une partie du
cadre qui est italienne. De telles divi-
sions ne peuvent, en aucun cas, échapper
à l'autorité du haut commandement es-
pagnol.
Il est, en résumé, contraire à la vérité
de prétendre, que l'armée espagnole doive
sa force et ses succès au contingent ita-
lien ; c'est même absurde. Il y a, à
l'heure actuelle, plus de cinquante divi-
sions espagnoles, il y en a une italienne.
La semaine prochaine * H A
candide \Ê Roger*
commencera un grand « gBËf
roman inédit de Vjstf Br Br fl
w tnutl
JEAN VILLEMEUR
liiMM
JOUHAUX EN TUNISIE
LEON9 ex-Banque de France. - Une régence !... Dessin de SENNEP.
DOIT-ON LE DIRE?
Trop d'idéologues
On a assez dit et répété : « Pas de
guerre idéologique 1 »
Et pourtant, l'idéologie c'est la plaie
de l'humanité. La plaie de l'humanité
n'est pas, quoi qu'on en dise, l'avidité
matérielle, l'amour des biens positifs,
ni l'appétit de jouissance. Plût au ciel
qu'elle ne connût que ces défauts
mineurs. x
L'idéologie est bien plus dangereuse.
V oyez ce qui se passe dans un
pays de libre discussion comme la
France. Chacun, qui dans un salon,
qui au cercle, qui au bord du zinc,
a une opinion définitive sur tous
les problèmes. Question d'Espagne,
élection du Pape, message de Roose.
velt, discours d'Hitler, occupation de
JFfaïnan : l'ouvrier, le bourgeois, la
femme du monde sort de son cerveau
une théorie toute faite, absolue pt
sans réplique.
T out le monde se réclame du
« réalisme politique ». Mais chacun
prétend accorder le réalisme à un
vaste système philosophique préétabli.
En gros, de nos jours, il y a deux
systèmes. Le fascisme et l'antifascisme.
Entre les deux, point de nuances.
Sur les questions les plus simples,
la 'philosophie s'abat d'un seul coup.
Un camp d'hébergement de fuyards
est-il encore médiocrement installé ?...
Boum 1 Un article vengeur de M. Léon
Blum nous apprend que c'est un coup
du fascisme international et que,
jusque dans le refuge où ils cherchent
la paix, on persécute les malheureux
Espagnols victimes de leurs opinions
républicaines. Un peu de sang-froid
vaudrait mieux que toutes ces diatribes.
Ne tombons pas dans ces excès.
Ne prétendons même pas, nous, déter-
miner quel gouvernement convient le
mieux à l'Espagne, dans l'absolu, de
celui de Franco ou de celui de Négrin.
Il nous suffit de constater que l'un a
vaincu l'autre et que l'Espagne opte
aujourd'hui pour sa tradition contre
des idées qui ne lui ont pas plu.
La droite est tout de même
moins sectaire que la gauche. Quand
Alphonse XIII a abdiqué, elle n'a pas
prétendu que nous rompions toute
relation avec l'Espagne devenue répu-
blicaine. Elle n'a pas demandé que l'on
traitât l'ancien roi comme le souverain
légitime.
Je crois bien que si M. Azana démis.
sionnait, la gauche hurlerait que cette
démission compte pour du beurre et
qu'il n'y a rien de changé dans
l'Espagne plus républicaine que jamais.
CANDIDE.
Au Sud-Ouest rien de nouveau
Sous le couvert de son hospitalité géné-
reuse, la France est aujourd'hui la proie d'une
véritable invasion.
L'Observateur le dit plus loin': la rubrique
des faits divers s'enrichit quotidiennement des
exploits des miliciens réfugiés sur notre terri-
toire.
Chaque jour, on arrête dans les grandes
villes, et surtout à Paris, quelques évadés des
camps de concentration.
A Marseille, dont la municipalité sociale-
communiste a fait une terre d'élection de la
canaille, les mauvais sujets de M. Negrin se
sont déjà signalés par des agressions à main
armée, par un crime crapuleux sur la personne
d'un cabaretier du Pont-de-Vivaux.
Dans tout le pays, ce ne sont que vols,
cambriolages, scènes scandaleuses.
A l'hôpital de Chaumont, trois miliciens
menacent leurs infirmiers, parce qu'il y a un
crucifix accroché au mur de leur chambre.
A Cherbourg, deux cents réfugiés, que l'on
dirige vers Saint-Vaast et Barneville, traver-
sent la ville le poing levé en chantant L'Inter-
nationale.
A Rouen, dans un centre d'hébergement, et
à Mont-Saint-Aignan, les menus ne plaisent
pas aux camarades catalans. Ils réclament du
chocolat pour leur petit déjeuner. Comme on
continue de leur servir du café au lait, ils
outragent le personnel.
Voilà les gens que M. Léon Blum a le
front d'appeler les « héros indignement trai-
tés par l'hospitalité française ».
Fort heureusement, cela n'est pas perdu.
Dans ces contacts forcés avec les voyous
et les bandits du Frente popular, les popula-
tions françaises prennent une exacte mesure
des événements.
Ces quelques semaines d'enseignement par
l'exemple auront plus fait, pour détacher les
Français des gens et des doctrines de Mos-
cou, que des années de propagande contre-
révolutionnaire.
Le diable porte pierre...
Une seule chance de mettre un terme à ces
intolérables désordres : en finir avec l'irritante
question de la reconnaissance de jure du gou-
vernement franquiste.
En dépit des déclarations optimistes de
M. Léon Bérard, il ne semble pourtant pas
que les négociations aillent facilement entre
notre ambassadeur extraordinaire et le général
Jordana.
Nos marchandages de la dernière heure
indisposent le général Franco sans hâter aucune
solution.
De leur côté, les hommes du Front popu-
laire, poussant M. Negrin et le général Miaja
à la résistance, agissent comme s'ils n'avaient
pas perdu tout espoir de voir le conflit espa-
gnol dégénérer en une guerre générale.
Tant qu'un foyer subsiste à Madrid, il
peut être attisé ; il risque de communiquer le
feu à l'Europe.
Toutefois, aux dernières nouvelles, un peu
de raison paraissait avoir reconquis la cervelle
de M. Azana.
Le président de la République fantôme est
près de se rendre, dit-on, aux conseils de
sagesse que Candide lui donnait la semaine
dernière.
Refusant d'obéir aux injonctions de Negrin
et de ses maîtres moscovites, M. Azana ne
veut pas quitter Paris pour regagner Madrid.
Il n'attendrait pas la fin de la semaine pour
donner sa démission.
Privé d'armée, privé de Parlement, privé de
chef, l'Etat républicain espagnol, qui a cessé
d'exister en fait, cessera dès lors d'exister en
droit.
De Bourg-madame à Perpignan.
Le plus grand désordre continue à sévir
dans les départements français qui avoisinent
la frontière catalane.
Rien ne peut donner une idée du gâchis
qui règne en ces lieux et de l'incapacité dont
n'a cessé de faire preuve l'administration de
M. Albert Sarraut.
Les inspections se succèdent, ministres, gé-
néraux, députés, mais rien n'est organisé, tout
va de mal en pis.
A Bourg-Madàrne, le chaos est indescrip-
tible.
De nombreux troupeaux sont arrivés et
n'ont rien trouvé à brouter dans les champs,
dont beaucoup sont enneigés. Il y eut une
véritable hécatombe de bétail. <
Les êtres humains ne sont pas mieux par-
tagés. Un grand nombre n'ont pas trouvé
d'abri, les. moyens de chauffage font déplora-
blement défaut, les stocks de vivres sont in-
suffisants. "
Le secteur a heureusement le privilège
d'être dirigé par un chef de premier ordre, le
commandant Swilling.
A force d'ingéniosité, il est parvenu à sup-
pléer, en partie, aux lamentables carences de
l'administration.
Mais pourquoi M. Sarraut et M. Rucart
n'ont-ils pas poussé leur visite jusqu'à Bourg-
Madame ?
Est-ce parce que, dans cette région, les
municipalités sont nationales ?
Le numéro : 1 f r. 25
Page 3 : Une page de dessins de SENNEP
QtiINnBMB ANNEE. — N* 780. — 22 FEVRIER 1939.
Grand Hebdomadaire Parisien et Littéraire
18-20, rue du Saint4ethard, XIV"
H ...&t le jugement a... droit avec dmpM
o' ut pour cette niioa qa'ôa le aomiiMt w~ VOLTAIRE.
L'ESPAGNE
aux ESPAGNOLS
par le général DUVAL
ne peut parler de la ques-
tion espagnole sans tou-
cher à toutes les autres.
La politique européenne
forme un tout et elle se re-
trouve toute, en raccourci,
dans la région espagnole.
Aussi la question espagnole est-elle ex-
trêmement complexe. Pour les uns, elle
est faite d'idéologie, pour les autres
de calculs machiavéliques de l'Italie et
de l'Allemagne, pour d'autres encore
des dangers de guerre imminente, aux-
quels elle se mêle. Ce dernier aspect
domine à mes yeux tous les autres,
mais il ne les exclut pas. J'ai fait trois
séjours en Espagne depuis trois ans : une
première fois en septembre 1937, une
deuxième fois en juillet 1938, une troi-
sième fois, tout récemment, du 5 au 14 fé-
vrier dernier. N'ayant d'autre intention
que de m'informer, je me suis toujours
efforcé de demeurer objectif ;* je n'ai
affirmé que ce que j'ai pu observer, étu-
dier sur place. Souvent, ce que j'ai rap-
porté a heurté les idées toutes faites,
admises en France, du moins à Paris,
sans qu'on en puisse jamais connaître le
fondement. Elles sont l'œuvre de la pro-
pagande espagnole de Valence et de Bar-
celone, qui fonctionne remarquablement
comme permet d'en juger le travail publi-
quement accompli par l'office du boule-
vard de la Madeleine. Tout s'y déforme,
de ce qui se passe en Espagne, mais ce
que l'on croit trop souvent, en France,
ressemble étrangement à ces déforma-
tions.
Il est pourtant capital, lorsqu'il s'agit
de préparation à la guerre, de se garder
des illusions et du mensonge. Les erreurs
matérielles commises par les chefs d'Etac
et les diplomates se payent sur les champs
de bataille. La guerre est, de toutes les
réalités, la plus rude ; elle n'est même,
dans l'ordre politique, que la substitution
des méthodes de contrainte brutale aux
méthodes de persuasion par le verbe.
Toute stratégie est fausse qui s'appuie sur
de fausses données. Il est donc sans inté-
rêt de savoir ce qui plaît ou ce qui déplaît,
ce qui offense nos convictions politiques
et sociales ou ce qui les flatte. Il n'y a à
compter que ce qui est.. Or, ce qui est,
c'est d'abord, et cette considération limi-
naire domine toutes les autres, le danger
de guerre qui nous menace, non pas dans
un temps plus ou moins lointain, mais
dans un avenir immédiat, quelques semai-
nes peut-être. Nous devons, pour aborder
ce danger, nous mettre dans les meilleu-
res conditions possibles; c'est peut-être
même la seule chance que nous ayons d'y
échapper. Sachons donc braver les colères
et les injures pour dire simplement la
vérité.
La question espagnole
vue par les Français
Pour beaucoup de Français, et, malheu-
reusement, pour un grand nombre de ceux
qui inspirent notre gouvernement, les Es-
pagnols sont simplement victimes d'une
horrible rébellion militaire, qui n'a d'au-
tre but que de leur ravir la liberté. Les
chefs rebelles ont obtenu le concours
d'une importante fraction de l'armée ita-
lienne, en aliénant l'indépendance de leur
pays. Les troupes italiennes constituent
le pricipal élément de la force militaire
nationaliste qui leur doit la victoire.
Quant aux désordres, meurtres, incendies
commis par le « Frente popular », il n'en
faut pas parler, parce que les hommes de
Franco ont fait autant ou pire. D'où il ré-
sulte que la solution de la question espa-
gnole porterait sur deux points: renvoi
des Italiens dans leur pays et réconcilia-
tion des Espagnols dans un égal oubli du
passé. Ce ne serait pas plus difficile !
Je souhaite qu'à cela ne se ramènent
pas les instructions données à M. Léou
Bérard; je n'en voudrais pas jurer. Mais,
si cela est, à peine aura-t-il franchi notre
frontière et aura-t-il causé un quart
d'heure avec des Espagnols qu'il aura
honte de notre naïve ignorance. Il lui fau-
dra toute la souplesse de son esprit pour
se tirer de là. La principale difficulté
pour lui sera néanmoins de le faire com-
prendre à Paris.
Il m'est souvent arrivé d'interroger des
Espagnols sur l'origine de la guerre. Se
sont-ils croisés pour ou contre le fas-
cisme ? L'Espagnol, toujours courtois, ne
réi>oiid pas et sourit. Le fascisme, qu'est-;
ce que cela veut dire ? Le communisme
même, qu'est-ce que cela veut dire ? Il
n'y a pas de fascistes en Espagne ; il n'y a
pas davantage de communistes. Il y a des
phalangistes et il y a des syndicalistes. Et
les phàlangistes, nous le verrons, ne con-
damnent pas le syndicalisme. Ce dont per-
sonne ne veut, c'est du bolchevisme, préci-
sément parce qu'il n'est pas Espagnol; et
on veut guérir l'Espagne des atteintes de
cette mauvaise lèpre.
Quant à une rébellion militâire, per-
sonne n'en a jamais fait grief à l'armée,
ni à ses chefs. On attendait, ail contraire,
en ju;U(. : 1936, que ce mouvement se pro-
duisît, et non sans impatience. Le désor-
dre à Madrid et dans beaucoup de villes,
était devenu tel que chacun craignait.pour
sa vie. Le gouvernement, était impuissant
et laissait tout faire..Bien mieux, il
n'avait d'égards que pour les extrémistes,
qui étaient les maîtres de la rue. « Si l'on
voulait mettre le feu à quelques églises on
trouvait toutes facilités, a écrit Mendiza-
bal, qui n'est cependant pas suspect de
partialité envers les nationalistes; généra-
lement, les ordres reçus par les agents de
l'autorité découlaient du principe de non-
intervention. Mais si quelques personnes
montaient par précaution la garde d'une
église, afin d'empêcher qu'elle fût incen-
diée, elles étaient arrêtées par la police
à titre de dangereux transgresseurs de la
loi sur les réunions publiques » (1). Quand
un gouvernement en est là, il est naturel
que chacun se préoccupe de sa propre sû-
reté. Un officier espagnol me dit un jour:
« J'ai rejoint mes camarades pour sauver
ma vie et celle des miens ».
En Espagne, l'armée est intervenue de
tout temps dans la politique, au profit,
tantôt d'un parti, tantôt d'un autre. En
1930, lors de la tentative de soulèvement
de la garnison de Jaca, le mouvement
était inspiré par M. Azana et ses amis.
Les capitaines Galan et Hernandez, tra-
duits en conseil de guerre et fusillés, fu-
rent honorés comme des martyrs même
par les anarchistes de Barcelone. En 1936,
le gouvernement du « Frente popular >
avait peu à peu réduit les effectifs de
l'armée au point de n'y laisser que des
officiers et des sous-officiers. Encore
ceux-ci étaient-ils l'objet de mutations
continuelles pour les empêcher de se mê-
ler à la politique locale. Pour tout com-
pléter, dès le début de l'insurrection, le 19
juillet 1936, un décret fut pris ordonnant
la dissolution de tous les détachements
qui avaient pris part au mouvement La
plupart des soldats en profitèrent pour
rentrer dans leurs foyers. Le même jour,
le gouvernement décida d'armer le peuple
et pour cela, d'ouvrir les arsenaux qui fu-
rent pillés par la foule.
Pratiquement, il n'y eut d'armée ni d'un
côté, ni de l'autre. Franco disposa seule-
InPflt (?<■> dl- ."Pt à dix-hnit mille hom-
mes des troupes du Maroc. C'était peu
pour s'emparer de la Péninsule. Les deux
partis se hâtèrent, de constituer une ar-
mée, mais ils y durent consacrer beau-
coup de temps. Franco avait l'avantage
de disposer de cadres meilleurs et plna
nombreux ; les républicains possédaient,
en revanche, la plus grande partie du
matériel du temps de paix. Des deux
côtés furent accueillis avec satisfaction
les secours venus du dehors, Allemands
et Italiens chez les nationalistes, Russes
et brigades internationales chez les ré-
publicains. Cependant, le service mili-
taire fut rendu obligatoire de part et
d'autre, et chacun organisa le recrute-
ment sur le territoire qu'il occupait.
Il est contraire à la vérité de préten-
dre que des unités constituées de l'ar-
mée italienne aient jamais été envoyées
en Espagne. J'ai dit un jour, dans une
(1) A. Mendizabal. Aux origines d'une tragé-
die, p. 251.
conférence aux Ambassadeurs, le 27 avril
1938, qu'aucun lien organique ne ratta-
chait les volontaires italiens d'Espagne
au gouvernement de Rome,. et, parlant
des soldats, j'ai ajouté : « Ils ne sont
pas très jeunes. Ils ont de vingt-six à
quarante ans. Ce sont des hommes venus
de partout, les uns par enthousiasme po-
litique, d'autres par goût d'aventure,
d'autres enfin parce qu'ils étaient oisifs,
chômeurs. Aucun pour de l'argent : la
solde est médiocre, une dizaine de lire
par jour. » Ces propos ont provoqué, à
la tribune de la Chambre des députés,
les protestations véhémentes d'un député
de l'extrême gauche (1). Mais, qu'ils plai-
sent ou déplaisent, j'ai le devoir de les
maintenir, parce qu'ils sont l'expression
de la vérité. Ces hommes dont j'ai parlé,
je les ai vus, et quelques-uns, rencontrés
au hasard, ont même été interrogés en
ma présence. Je ne puis accepter le dé-
menti, sans preuve, de quelqu'un qui ja-
mais n'a été en Espagne, et n'a pas eu
l'occasion d'approcher ces troupes. Voici
comment les choses se sont passées.
Le gouvernement italien a donné aux
Espagnols les autorisations et facilités
nécessaires pour ouvrir en Italie des bu-
reaux de recrutement. Il a, à coup sûr,
encouragé les volontaires à s'y présenter.
Ceux-ci provenaient pour la plupart, di-
rectement ou Indirectement, des divisions
de Chemises Noires rapatriées et dis-
soutes après la campagne d'Ethiopie. Tous
ces engagés volontaires furent transpor-
tés en Espagne et débarqués à Cadix, à
la fin de 1936 et au début de 1937. Des
armes furent également fournies, non
gratuitement ; toutes les fournitures ita-
liennes ont été payées par l'Espagne.
C'est sur le territoire de la Péninsule
que s'acheva l'organisation en régiments
et divisions. Les officiers généraux et les
officiers d'étàt-ma.ior prorensl' nt fteiils
de l'armée active. Cette organisation hâ-
tive explique le désastre de Guadalajara,
(1) Séance du 19 janvier 1939. Journal offi-
ciel, p. 104.
au mois de mars. Après Guadalajara,
toute l'organisation fut reprise, les diver-
ses unités remises en main, et la Légion
italienne, comprenant les trois divisions :
Flammes Noires, XXIII Mars, Littorio,
fut de nouveau engagée dans le courant
de mai sur le front de Bilbao. A ce mo-
ment, l'armée de Franco, elle aussi, com-
mençait de grandir. Les trois divisions
italiennes en faisaient partie intégrante;
jamais elles ne furent considérées comme
des troupes alliées jouissant de leur in-
dépendance. Peu à peu, elles se réduisi-
rent à la manière de la peau de chagrin.
La division des Flammes Noirès dispa-
rut à l'automne de 1937 ; en 1938, ce fut
le tour de la division du XXIII Mars. On
crut voir, en France et en Angleterre,
dans cette réduction progressive, un suc-
cès du comité de non-intervention. Ce
n'est pas certain. Le recrutement des vo-
lontaires devenait de plus en plus diffi-
cile, et je crois, quant à mol, que deux
divisions sur trois ont disparu faute
d'hommes pour les maintenir. Ces deux
divisions ont, en effet, totalement cessé
d'exister ; elles n'ont à aucun moment
repris place dans l'armée italienne, ce
qui achève de démontrer qu'elles n'en
provenaient pas.
Lors de l'opération de Catalogne, le
général Franco a accordé une satisfac-
tion d'amour-propre au général Gam-
bara qui commandait la division Littorio.
Il a joint à celle-ci trois divisions des
Flèches et a constitué ainsi un corps
d'armée de quatre divisions. Mais les di-
visions des Flèches sont entièrement com-
posées d'Espagnols, sauf une partie du
cadre qui est italienne. De telles divi-
sions ne peuvent, en aucun cas, échapper
à l'autorité du haut commandement es-
pagnol.
Il est, en résumé, contraire à la vérité
de prétendre, que l'armée espagnole doive
sa force et ses succès au contingent ita-
lien ; c'est même absurde. Il y a, à
l'heure actuelle, plus de cinquante divi-
sions espagnoles, il y en a une italienne.
La semaine prochaine * H A
candide \Ê Roger*
commencera un grand « gBËf
roman inédit de Vjstf Br Br fl
w tnutl
JEAN VILLEMEUR
liiMM
JOUHAUX EN TUNISIE
LEON9 ex-Banque de France. - Une régence !... Dessin de SENNEP.
DOIT-ON LE DIRE?
Trop d'idéologues
On a assez dit et répété : « Pas de
guerre idéologique 1 »
Et pourtant, l'idéologie c'est la plaie
de l'humanité. La plaie de l'humanité
n'est pas, quoi qu'on en dise, l'avidité
matérielle, l'amour des biens positifs,
ni l'appétit de jouissance. Plût au ciel
qu'elle ne connût que ces défauts
mineurs. x
L'idéologie est bien plus dangereuse.
V oyez ce qui se passe dans un
pays de libre discussion comme la
France. Chacun, qui dans un salon,
qui au cercle, qui au bord du zinc,
a une opinion définitive sur tous
les problèmes. Question d'Espagne,
élection du Pape, message de Roose.
velt, discours d'Hitler, occupation de
JFfaïnan : l'ouvrier, le bourgeois, la
femme du monde sort de son cerveau
une théorie toute faite, absolue pt
sans réplique.
T out le monde se réclame du
« réalisme politique ». Mais chacun
prétend accorder le réalisme à un
vaste système philosophique préétabli.
En gros, de nos jours, il y a deux
systèmes. Le fascisme et l'antifascisme.
Entre les deux, point de nuances.
Sur les questions les plus simples,
la 'philosophie s'abat d'un seul coup.
Un camp d'hébergement de fuyards
est-il encore médiocrement installé ?...
Boum 1 Un article vengeur de M. Léon
Blum nous apprend que c'est un coup
du fascisme international et que,
jusque dans le refuge où ils cherchent
la paix, on persécute les malheureux
Espagnols victimes de leurs opinions
républicaines. Un peu de sang-froid
vaudrait mieux que toutes ces diatribes.
Ne tombons pas dans ces excès.
Ne prétendons même pas, nous, déter-
miner quel gouvernement convient le
mieux à l'Espagne, dans l'absolu, de
celui de Franco ou de celui de Négrin.
Il nous suffit de constater que l'un a
vaincu l'autre et que l'Espagne opte
aujourd'hui pour sa tradition contre
des idées qui ne lui ont pas plu.
La droite est tout de même
moins sectaire que la gauche. Quand
Alphonse XIII a abdiqué, elle n'a pas
prétendu que nous rompions toute
relation avec l'Espagne devenue répu-
blicaine. Elle n'a pas demandé que l'on
traitât l'ancien roi comme le souverain
légitime.
Je crois bien que si M. Azana démis.
sionnait, la gauche hurlerait que cette
démission compte pour du beurre et
qu'il n'y a rien de changé dans
l'Espagne plus républicaine que jamais.
CANDIDE.
Au Sud-Ouest rien de nouveau
Sous le couvert de son hospitalité géné-
reuse, la France est aujourd'hui la proie d'une
véritable invasion.
L'Observateur le dit plus loin': la rubrique
des faits divers s'enrichit quotidiennement des
exploits des miliciens réfugiés sur notre terri-
toire.
Chaque jour, on arrête dans les grandes
villes, et surtout à Paris, quelques évadés des
camps de concentration.
A Marseille, dont la municipalité sociale-
communiste a fait une terre d'élection de la
canaille, les mauvais sujets de M. Negrin se
sont déjà signalés par des agressions à main
armée, par un crime crapuleux sur la personne
d'un cabaretier du Pont-de-Vivaux.
Dans tout le pays, ce ne sont que vols,
cambriolages, scènes scandaleuses.
A l'hôpital de Chaumont, trois miliciens
menacent leurs infirmiers, parce qu'il y a un
crucifix accroché au mur de leur chambre.
A Cherbourg, deux cents réfugiés, que l'on
dirige vers Saint-Vaast et Barneville, traver-
sent la ville le poing levé en chantant L'Inter-
nationale.
A Rouen, dans un centre d'hébergement, et
à Mont-Saint-Aignan, les menus ne plaisent
pas aux camarades catalans. Ils réclament du
chocolat pour leur petit déjeuner. Comme on
continue de leur servir du café au lait, ils
outragent le personnel.
Voilà les gens que M. Léon Blum a le
front d'appeler les « héros indignement trai-
tés par l'hospitalité française ».
Fort heureusement, cela n'est pas perdu.
Dans ces contacts forcés avec les voyous
et les bandits du Frente popular, les popula-
tions françaises prennent une exacte mesure
des événements.
Ces quelques semaines d'enseignement par
l'exemple auront plus fait, pour détacher les
Français des gens et des doctrines de Mos-
cou, que des années de propagande contre-
révolutionnaire.
Le diable porte pierre...
Une seule chance de mettre un terme à ces
intolérables désordres : en finir avec l'irritante
question de la reconnaissance de jure du gou-
vernement franquiste.
En dépit des déclarations optimistes de
M. Léon Bérard, il ne semble pourtant pas
que les négociations aillent facilement entre
notre ambassadeur extraordinaire et le général
Jordana.
Nos marchandages de la dernière heure
indisposent le général Franco sans hâter aucune
solution.
De leur côté, les hommes du Front popu-
laire, poussant M. Negrin et le général Miaja
à la résistance, agissent comme s'ils n'avaient
pas perdu tout espoir de voir le conflit espa-
gnol dégénérer en une guerre générale.
Tant qu'un foyer subsiste à Madrid, il
peut être attisé ; il risque de communiquer le
feu à l'Europe.
Toutefois, aux dernières nouvelles, un peu
de raison paraissait avoir reconquis la cervelle
de M. Azana.
Le président de la République fantôme est
près de se rendre, dit-on, aux conseils de
sagesse que Candide lui donnait la semaine
dernière.
Refusant d'obéir aux injonctions de Negrin
et de ses maîtres moscovites, M. Azana ne
veut pas quitter Paris pour regagner Madrid.
Il n'attendrait pas la fin de la semaine pour
donner sa démission.
Privé d'armée, privé de Parlement, privé de
chef, l'Etat républicain espagnol, qui a cessé
d'exister en fait, cessera dès lors d'exister en
droit.
De Bourg-madame à Perpignan.
Le plus grand désordre continue à sévir
dans les départements français qui avoisinent
la frontière catalane.
Rien ne peut donner une idée du gâchis
qui règne en ces lieux et de l'incapacité dont
n'a cessé de faire preuve l'administration de
M. Albert Sarraut.
Les inspections se succèdent, ministres, gé-
néraux, députés, mais rien n'est organisé, tout
va de mal en pis.
A Bourg-Madàrne, le chaos est indescrip-
tible.
De nombreux troupeaux sont arrivés et
n'ont rien trouvé à brouter dans les champs,
dont beaucoup sont enneigés. Il y eut une
véritable hécatombe de bétail. <
Les êtres humains ne sont pas mieux par-
tagés. Un grand nombre n'ont pas trouvé
d'abri, les. moyens de chauffage font déplora-
blement défaut, les stocks de vivres sont in-
suffisants. "
Le secteur a heureusement le privilège
d'être dirigé par un chef de premier ordre, le
commandant Swilling.
A force d'ingéniosité, il est parvenu à sup-
pléer, en partie, aux lamentables carences de
l'administration.
Mais pourquoi M. Sarraut et M. Rucart
n'ont-ils pas poussé leur visite jusqu'à Bourg-
Madame ?
Est-ce parce que, dans cette région, les
municipalités sont nationales ?
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