Titre : L'Auto-vélo : automobilisme, cyclisme, athlétisme, yachting, aérostation, escrime, hippisme / directeur Henri Desgrange
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-02-18
Contributeur : Desgrange, Henri (1865-1940). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327071375
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 février 1937 18 février 1937
Description : 1937/02/18 (A38,N13212). 1937/02/18 (A38,N13212).
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4629806t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-248
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/11/2016
Fait nouveau: le cinéma "au ralenti" plaide contre Marcel Thil!
L'Auto invite 3 ex-champions à juger
sur le vu de documents photographiques
« Coup régulier »
proclament Huat et Locatelli
mais Routis se réserve :
« Coup litigieux »
Toutefois, l'ex-champion du monde précise:
« Coup litigieux, mais plutôt haut que bas... »
Convoqués spécialement par l'Auto,
qui jugeait indispensable leur avis ap-
puyé sur une expérience indiscutable et
une connaissance profonde des milieux
pugilistiques de France et des Etats-
Unis, trois ex-champions du ring étaient
hier soir dans notre salle de rédaction.
L'un d'eux, en son temps, décrocha le
titre mondial : Routis. Les deux autres
ceignirent la couronne européenne : Huat
et Locatelli.
Sous leurs yeux. nous avons mis six
photos extraites du film exclusif du
combat, dans la partie précise où revit
le coup litigieux.
« Voilà, leur avons-nous dit. des docu-
ments irrécusables ; la photographie, pas
plus que le film. ne saurait mentir. Si
vous regardez ces six photos dans l ordre
où elles figurent dans la pellicule même,
vous pouvez reconstituer le coup porté
par Lou Brouillard. Regardez, regardez
de tous vos yeux, tranquillement, posé-
ment. Et dites-nous simplement si vous
estimez qu'il y a coup bas ou... si le coup
est régulier. » , - lt..
Un instant, nos hommes hésitèrent.
« Remarquez, avons-nous repris, que
nous ne vous demandons pas de dire que
Lou Brouillard a boxé régulièrement ou
irrégulièrement, mais uniquement de
vous prononcer sur le vu des documents
photographiques que voici. »
Un silence régna. On n'entendit plus
que le bruit du papier photographique
passant de main en main.
Puis, le premier. Huat parla :
« n n'y a pas coup bas, la photo le
prouve clairement. »
« Le coup est régulier », déclara en-
suite Locatelli.
Routis n'avait pas encore rendu son
jugement. On l'invita à se prononcer. Il
retira ses lunettes. les essuya longue-
ment et...
«-'En tout cas, dit-il lentement, le coup
est.:très litigieux, »
Et" comme ce verdict paraissait sur-
prendre les deux autres champions, Rou-
tis précisa :
« ... Coup litigieux, peut-être plus haut
que-bas... Mais ma vue ne me permet pas
de' porter un jugement définitif. »
Voilà ce qui dirent les trois champions
convoqués par l'Auto. Nous avons donne
leur oriinion très objectivement. Et nous
ne ferons aucun commentaire. —
F. L.
Coup bas!
rétorque Thil
Au sortir du Ciné-L'Auto, nous »vone
rejoint Marcel Thil.
a Qu'en pensez-vous ?
— Je pense que le coup est ba&.
Notre rédacteur en chet Jacques
Goddet vous demande de venir le voir.
L'Auto a fait tirer du film des photos—
— Je serais content de les voir. »
Nous voici dans le bureau avec notre
rédacteur en chef, Marcel Thil, sa fem-
me, Alex Taitard.
Thil tient en main les huit photos
que nous avons fait tirer du film. et
qui marquent les étapes du coup, du
poing lancé de loin qui part, décrit sa.
courbe, et va se loger... Où ?
« Il est bas. fait Thil après avoir re-
gardé avec une attention scrupuleuse.
et sans qu'on puisse lire sur sa. figure
autre chose qu'une calme conviction.
- N'avez-vous pas l'impression que le
point « chevauche » la lisière de la. cu-
lotte ?
Ma culotte était plutôt descendue.
Le coup est donc carrément bas. Regar-
dez la ligne de la cuisse, par exemple...
Et puis, le coup n'a. pas à être « un peu
bas », ou « plutôt bas ». S'il l'est. il est
irrégulier. C'est tout... »
D'une voix un peu. lasse, Marcel Thil
ajoute :
« Cela semble un peu drôle, après douze
ans de boxe loyale et sans histoire, de
sentir cëSOupçon... Vous protestez ? Met-
tons ce doute ! J'aurais tant voulu ga-
gner autrement. Ou perdre, même, mais
sans que ce soit un sujet de controverse,
« sans bavures »... Je n'ai pas mérité
cela. Après cette histoire,, je quitte sans
regret la boxe.
— Vous abandonnez la. boxe ?
Je crois, j'en ai l'envie... Qu'on me
laisse un peu tranquille quelques jours,
| voulez-vous ? » —
C. B.
UNE PROJECTION EN PRIVÉ, A L'USAGE DE L'Auto
Le quatrième juge : le film
n'est pas favorable à Thil
Hier auprès-midi, aux Studios Gaumont.
rue Carducci, la direction du Ciné-L'Auto
projetait en privé, à l'usage de l'Auto,
le film qui devait commencer à 18 heures
sa carrière au Palais Berlitz.
En arrivant rue Carducci, un gardien
sévère nous déclara :
« Pas d'embauche aujourd'hui ! »
Sans difficulté nous pûmes détromper
le concierge, nous ne briguions nul em-
ploi dans la figuration.
« Demandez France-Actualités, c'est au
fond du couloir ! »
Là. dans un petit studio particulier, la
direction du Cin è-L'Auto projetait au
ralenti le round litigieux du match Thil-
Lou Brouillard, le sixième !
Nous étions peu nombreux, est-il utile
de le dire ? Et par trois fois nous pûmes
faire repasser devant nos eux le ralenti
de l'instant pathétique de ce champion-
nat du monde.
Eh bien ? direz-vous.
Eh bien, le cinéma plaide contrç Thil.
Le ralenti du film a permis de constater
que le coup était moins bas que d'aucuns
né le pensaient lundi soir, au Palais des
Sports.
C'est un large uppercut du gauche par-
tant très loin en arriére — l'allonge de
Lou Brouillard est légèrement supérieure
à celle de Thil. alors que sa taille est in-
férieure de six centimètres à celle du
champion du monde — cet uppercut ar-
rive à cheval sur la ceinture, une partie
du poing touchant la base du foie, tandis
que la partie cœcale est atteinte.
Evidemmènt. il est nécessaire de dire
que, lorsqu'une bande n'est pas tournée
spécialement « au ralenti » par des ap-
pareils construits à cet effet, l'image
n'apparaît pas sous sa véritable forme.
De plus, le cinéma enlève le relief et
il faut compter également avec l'angle
de prisé de vue.
N'oubliez pas ces arrivées de courses à
pied ou cyclistes, où deux objectifs bra-
qués sous un angle différent, donnent un
classement dissemblable.
Après avoir vu le film à l'écran, il fut
décidé de le faire passer à nouveau sous
nos. yeux, à l'aide d'un appareil spécial
nommé Mauritone, ou table d'écoute.
Le film passe devant vos yeux. vous
pouvez le stopper à volonté. ou faire
revenir la. bande.
Cette fois, il était net que le coup
commençait bas, mais se terminait au
foie 1
Les arguments de M' Film étaient favo-
rables à. Lou Brouillard, il faut le recon-
naître !.«
Loys van Lée.
Don George, cameraman
a manqué
le passage intéressant
Don George, le grand lutteur américain.
connait personnellement Lou Brouillard,
son camarade de voyage et de séjour à
Paris. On comprendra que la sotte défaite
dè son compagnon ne l'enchante point,
mais on compréndra aussi qu'il soit très
réservé dans ses appréciations.
Il faut dire aussi qu'il y a un style de
boxe « français ». un règlement et une
attitude de l'arbitre qui ne correspondent
qu'assez mal à ce que connaît Don George
des coutumes de matches de son pays.
Don George est désolé, « sorry », mais
discret.
Pourtant l'aventure l'a vivement inté-
ressé. Avec le petit appareil de cinéma qui
ne le quitte jamais, il a tourné une bonne
partie de la bagarre. Nous espérions qu'il
avait filmé les secondes dramatiques et
qu'on y trouverait un témoignage formai.
Très aimablement. E.D. George a fait
développer la pellicule et l'a fait projeter
devant nous : presque tout le match s'y
trouve : mais pas l'instant pathétique...
Don George, cameraman, était tellement
troublé, agité, excité par le spectacle, qu'il
' en avait oublié de tourner...
(Photo et cliché L'Auto)
« ET MOI, JE TE DIS QU'IL « LUI » A FAIT MAL... »
Locatelli, Routis ét Huat, entourant notre collaborateur .Jacques Arnault,
discutent discutent, discutent... Coup bas ou pas ? Les mains ouvertes sont
discutent, éloquentes, les opinions nullement partagées, chacun des trois champions
n'en démord pas... Ils ont boxé en Amérique, et cèla fait un sacré match-
conversation,
La vérité qu'on doit à un homme comme Thil
(Suite de notre article de première page)
Ce n'est pas ce qui permettrait de
contester leur bonne foi, puisque cette
impression ressentie à la vision du film
par des spectateurs prévenus, ne portant
leur attention que sur le geste d'un seul
individu, fut, lorsque ce geste fut re-
produit à sa vitesse normale, exactement
la même.
L'étude du ralenti du film, justifiant
les réserves formulées ici il y a vingt-
quatre heures, devait apprendre autre
chose. « L'Auto » s'est fait, hier, pré-
senter spécialement, dans un studio de
travail, en privé, le ralenti du sixième
round. Quatre fois nos collaborateurs le
firent repasser. On le tourna inversé, en
commençant par sa fin. On projeta en
fixe les phases principales. Cette exper-
tise, approfondie, apportait cette nou-
velle impression : l'uppercut type Lou,
vaste godille, en bois des il...Iusions per-
dues, reprenant de l'altitude, passe net-
tement détaché de la culotte du cham-
pion du monde et vient frapper, semble-
t-il, plus haut que la ceinture.
Le coup arrive-t-il à cheval ? Une
question : Qu'est-ce qui délimite la cein-
ture, en dehors d'une culotte dont la
hauteur est variable avec le goût des
combattants, l'épaisseur de leur taille et.
la résistance de l'élastique ?... Une autre
question : Enfin, surtout, quelles erreurs
d'optique peut-on commettre lorsqu'il faut
juger, en plan, des images plates repro-
duisant les contours de formes situées
sur des plans différents ?
Pas de conclusion absolue
On aurait aimé aboutir à une conclu-
sion nette, fût-eli- ^ftjavorable à Marcel
Thil. Mais, en toute équité, nous ne
nous sentons pas suffisamment armés
pour déclarer que Lou Brouillard a mis
knock-out le champion du monde. Le
raisonnement a toutes les raisons de ne
pas accepter le verdict de l'œil.
Le bilan établit que Thil porte à son
passif :
Le film au ralenti ;
Le fait que les coups portés dans les
zones protégées par la ceinture Everlast
ne le font pas souffrir.
Et je note, pour mémoire, le silence
de Carpentier, silence qui évidemment
renferme la thèse du coup régulier. Je
conviens que l'avis de Carpentier peut
n'être qu'un avis isolé, avis dont la vo-
leur est susceptible de ne pas atteindre
celle d'un autre technicien. Néanmoins,
il importait de noter l'attitude muette et
éloquente de celui dont l'avis, favorable
à Brouillard après le combat de 1936,
fit force de loi aux Etats-Unis.
L'actif présente les différents postes
suivants :
Le film tourné à l'allure normale ;
La possibilité des erreurs d'optique
sur une image déjà discutable en soi, et
que la reproduction en ralenti rend quel-
que peu flou ;
La difficulté de situer la hauteur ré-
glementaire de la ceinture de Thil, sa
culotte ayant nettement tendance à tom-
ber ;
Les antécédents Inquiétants de Broviil-
lard ;
La carrière loyale de Thil.
X
Nous savons, bon Marcel, cher Tai-
tard, petite Madame Thil qui, hier soir,
à l'« Auto », montriez le tableau délicat
d'une famille unie pour se défendre, se
soutenir et recevoir ensemble les désa-
gréments de la vie afin d'en foire le lot
commun, combien notre persévérance
dans la recherche peut vous sembler
cruelle. Nous nous rappellerons longtemps
cette stupeur qui vous frappa lorsque
nous vous fîmes part de l'impression que
nous procurait le film vu au ralenti.
Votre attitude contenait de la dignité et
de l'amertume. « Je ne boxerai plus... »
vous avez d'abord dit, Marcel, sans éclot,
avec une voix rauque. Et un regard chargé
de sollicitude amoureuse, d'approbation
à vos pensées, un regard d'épouse vous
apporta un doux renfort. Tandis que
beau-papa, homme positif, entreprenait
de prouver votre victoire à l'aide d'une
argutie d'avocat de campagne, habile par
ses formes rondes et ses accents bon-
enfants.
Et puis vous avez convenu : « Je
prendrai ma décision dans quinze jours. »
Il faut boxer encore, Marcel. Vous ne
pouvez pas renoncer à réapparaître dans
la lumière du ring parce que l'estime
qu'ont pour vous ceux qui vous croient
indigne de bénéficier d'une victoire dou-
teuse, les a poussés à jeter de la lumière
I sur les incidents de ce lundi. -
J. G.
(Photo et cliché L'Auto)
« BErN, l' M' SEMBLE QU' J'AVAIS RAISON ,!
Sur le quai de la gare Saint-Lazare, hier matin, au moment du départ du train, Lou Brouillard, son manager
Johnny Buckley et Jeît Dickson commentent le document publié par l'Auto.
HIER MATIN, GARE SAINT-LAZARE
Une dernière fois, à Paris
Brouillard a crié: "J'ai gagné "
Et sa protestation avait quelque chose d'infiniment
amer... car son cœur était profondément triste :
il venait d'apprendre la mort d'un des siens
n y avait une grosse animation, hier
matin, à la gare Saint-Lazare, sur le quai
de départ du train spécial du Paris, qui
effectue, actuellement, vers New-York, un
véritable « Sporting Trips ».
En èffet. outre les douze cyclistes qui
vont disputer les Six Jours new-yorkais,
Lou Brouillard et l'irritable et rondouil-
lard — oh ! Henri Béraud — Johnny Buc-
kley. regagnaient également New-York.
Mais Lou nous semblait métamorphosé
en vendeur de l'Auto, Engoncé dans un
confortable manteau de voyage, le Cana-
dien tenait, en effet, dans ses bras, outre
une valise de dimensions respectables, une
pile de numéros de notre journal.
« J'tiens la preuve, répétait sans cesse
l'ex-adversaire de Marcel Thil, avec cet
accent inimitable des descendants de
Montcalm, j'tiens la preuve que j'avais
gagné par k.o... oui. par k.o. 1 »
Et Lou déplit notre journal d'une dex-
tre vengeresse et montrait le document
que nous avions publié hier matin.
« J'avais gagné! » répétait obstinément,
comme un enfant boudeur, le Canadien,
tandis que son manager approuvait en
nasillant une litanie.
Il faut dire que ce départ était bien
tri6té.. Insensible aux manifestations de
sympathie dont il était l'objet, Lôu son-
geait surtout au deuil qui l'accablait.
Durant son séjour en France, .son grand-
père, Joseph Brouillard, était décédé. |
Son manager lui oa.cba. cette mauvaise
nouvelle et ce fut seulement après le
combat que Lou apprit la disparition de
celui qui fut pour lui un véritable père.
Et nous comprenons maintenant pour-
quoi Lou consigna sa porte au lendemain
du combat, pourquoi il ne se rendit pas
à l'invitation du Ciné-L'Auto et pourquoi
il est parti si rapidement.
« Quand bien même j'aurais été cham-
pion du monde, dit-il, je serais reparti
immédiatement. Ma peine est immense et
je ne songe plus à ma bataille.
« Mes documents, l'Auto ! »
« Une seule chose m'intéresse, le docu-
ment que voue avez publié dans l'Auto. Il
prouve que j'étais vainqueur par k.o. J'em-
mène tous s ces » Auto en Amérique pour
prouver la sincérité de mon succès 1
— Reviendrez-vous à Paris?
-r- Certainement !
— Pour combattre?
peut-être. Mais certainement pour
visiter l'Exposition. »
La. cloche rèntentit et Lou Brouillard
serre les mains de Jeff et de Huat.
Le train démarrait.
Adieu ou au revoir. Lou ?
! L'avenir nous l'apprendra. —
L. v. L.
AU HAVRE
S'embarquant
sur le « Paris »
Brouillard déclare:
« Je reviendrai !...
« Pour voir l'Exposition
internationale », précise-t-il
Le Havre, 17 février (de notre corr.
part.). — Quelle différence entre la
joyeuse arrivée par le Champlain voici
un peu plus de deux semaines et ce
départ sans tambour ni trompette par le
Paris, où Lou Brouillard s'est embarqué
sitôt après sa descente du train trans-
atlantique !
Silencieux, tête baissée, le feutre vert
— dernière acquisition de Paris — sur
les yeux. Brouillard, suivi comme son
ombre par son manager, passe le contrôle
de la douane. Arrivé devant la passerelle.
à l'endroit même où se déroulait la pe-
tite scène devant le micro, décrite lors
de son débarquement, il retrouva la pa-
role et. tout en continuant à mâcher
un énorme cigare, il commenta triste-
ment les événements du lundi soir, ne
cessant de répéter qu'il estimait avoir
gagné régulièrement le combat, battant
Marcel Thil par k. o.
Par ailleurs, à l'en croire, Lou Brouil-
lard compte fermement revenir en
France dans quelques mois.
« Simplement pour voir l'Exposition »,
nous a-t-il dit.
Cependant, M. Buckley, son manager,
dans sa cabine, sortit de ses poches
d'énormes paquets de numéros de l'Auto,
acquis, sans doute, dans l'intention d'oc-
cuper. par la lecture, ses loisirs pendant
la traversée. Puisse-t-il trouver un inter-
prète qualifié qui lui traduira ce qui a
été écrit sur sa conduite, pour le moins
étrange, car lui, en tout cas, n'a pas
d'excuses. — Emile Schaller.
Reviendra-t-il ?
PEUT-ETRE ! dit Jeff Dickson
PAS CONTRE CHRISTOFORIDIS ! proclame Gandon
NI CONTRE TENET ! renchérit Taitard
Tenét ? « Christo » ?
En fin d'après-midi. nous nous sommes
rendu chez Jeff Dickson, afin de lui de-
mander s'il envisageait un retour possi-
blè du champion canadien Lou Brouil-
lard !
« J'ai été voir, au Ciné-l'Auto, le film
du combat, nous déclare le promoteur, et,
vraiment, je trouve djue le cas est liti-
gieux. Lou reviendra presque certaine-
ment à Paris. mais, je crois, uniquement
pour visiter l'Exposition..
« J'avais envisagé aè le raire revenir
au mois d'avril, afin dè rencontrer soit
Tenet, soit ChriStoforidi6, et le vain-
queur eût été alors opposé à Marcel
Thil. Mais je crois que ni Taitard ni
Gandon ne voudront opposer soit Tenèt,
soit « Christo » au champion canadien ! »
*
« Tenet ne rencontrera jamais Lou »
déclare Alex
Au début de la solrée. en compagnie
d'Alex Tàitard. nous nous sommes rendu
à nouveau au Ciné-l'Auto, afin de voir le
ralenti du match de lundi, au Palais des
Sports.
« Envisagez-vous une rencontre possi-
ble de Tenèt avec Lôu ?
— Certainement pas. réplique Alex
Taitard avec vivacité. Je ne veux pas
que mon poulain soit abîmé par Lou
Brouillard, dont la boxe irrégulière est
vraiment dangereuse, »
« Christo », voilà un adversaire
possible pour Thil ! »
estime Gandon
« J'ai vu, ce matm, sur l'Auto, nous
| disait hier soir Gandon. que Marcel Thil
pensait que Christoforidis avait du mal
à faire la limite des poids moyens.
« Je tiens à vous déclarer que mon
élève n'a. pour le moment, aucune idée
de changer de catégorie et qu'il est, dés
maintenant, à l'entière disposition de
Marcel Thil.
« De plus, les sportifs français connais-
sent trop la loyauté et la sportivité de
« Christo », qui n'a jamais reçu un aver-
tissement, pour craindre irrégularités de
sa part.
— Et Lou ?
— Ah ! ça jamais ! Non. le Canadien
est rendu dangereux par sa façon de
boxer et je ne veux à aucun prix que
Christo soit opposé à un tel boxeur. »
Encore des chiffres
A propos de la recette réalisée par le
match ThiI-Brouilla.rd. recette indiquée
hier dans ces colonnes, et se montant à
750.000 francs, rappelons qu'en Europe le
record de la recette revient au match Car-
nèra-Pauline, organisé le 30 novembre
1930, à Barcelone, avec 81.000 spectateurs
et un peu plus de deux millions de francs.
Que. da.ne le monde, tous les records
furent battus par le match Dempsey-Gene
Tunney qui réunit, le 22 septembre 1927,
155.000 spectateurs autour du ring de
Chicago et produisit 2.658.660 dollars, soit
environ 65 millions de francs au court
du change pratiqué à l'époque.
VERITE EN DEÇA 1
La boxe en France? du style !
aux Etats-Unis ? du combat !
Telle est l'opinion donnée à par les 3 boxeurs
« Américains » Routis, Locatelli et Huat
Trois boxeurs connaissant particulière- 1
ment bien lés us et coutumes des rings 1
américains furent conviés hier soir par
nos soins k la conférence contradictoire
organisée par l'Auto, aux fins de faire
connaître leur opinion sur l' « Incident »,
avec un 1 majuscule, dont tout le monde
parle, c'est-à-dire sur l'incident vraiment
lamentable qui mit fin au combat Marcel
Thll-Lou Brouillard.
Ces trois boxeurs s'appelaient André
Routis. Cleto Locatelli et Eugène Huat.
On verra, d'autre part, quels ont été
leurs points de vue respectifs sur ce sujet
particulièrement... brûlant.
Insatiables cependant, comme le sont
par profession tous les journalistes, nous
ne voulûmes point les laisser partir avant
qu'ils aient donné aussi leur opinion sur
la boxe telle qu'elle est pratiquée en
Amérique.
Voici sur ce point particulier ce que
chacun, avec son tempérament propre,
nous a confié ;
« Les Américains ont de la boxe
une conception qui vaut bien la nôtre »
déclare Eugène Huat
Le premier. Eugène Ruat. Passa, toutes
ses griffes de c chat-tigre » rentrées, sur
la sellette :
< La boxe en Amérique ? Elle est ce
que le public voulait qu'elle fût. c'est-à-
dire de la boxe de combat. Foin pour les
Américains du pugilisme académique, cher
à Lord Queensbury.
< Là-bas. on aime la bataille, serait-elle
même un peu confuse, et le& fioritures de
style n'ont point cours.
« A tout prendre, cette conception vaut
bien la nôtre. qui consiste à vouloir Im-
poser de la boxe style anglais à un public
qui. comme le public d'outre-Atlantlque,
est friand de combats menés à toute
allure et sans ménagements.
« A vous parler franc. je me suis tou-
jours senti, sur les rings de là-bas, très
à l'aise, aussi à l'aise, sinon davantage,
que sur les rings européens, où les ar-
bitres deviennent souvent des e empê-
cheurs de boxer en rond » par la multi-,
tude dee observations sous laquelle ils
vous submergent et qui ne fait que trou-
bler les boxeurs... »
« Un style différent
et des irrégularités ! »
nous dit Cleto Locatelli
Gentleman du ring et gentleman tout
court, Locatelli est l'un des boxeurs les
plus académiques que l'Europe ait pro-
duite durant cee dix dernières années. Bel
escrimeur du poing, Locatelli manie, si
l'on ose dire, la parole à la manière d'un
fleuret, avec une élégance de pensées
toute latine. C'est ainsi que nous l'enten-
dîmes nous dire :
< Le ring, en Amérique, est un champ
clos où les battants sont rois et où, de ce
fait, ce que vous appelez les escrimeurs
du poing doivent modifier leur style aux
| fins de l'adapter à celui de leurs adver-
saires.
Il Ne croyez pas que, disant cela '
sinue que .les Américains sont gem', '°l0'
rants des finesses ctu t noble an
y a, en effet, parmi leurs charapw'11
très grands boxeurs, au seng mC'
plus anglais de ce mot. 6 !s
« Certes, cet amour de la bataille 91'
souvent ressembler le combat à une bi'
garre échevelee ou fatalement les
c1pes de la correction, chers au nf!?'
d'outre-Manche. sont, complètement ?'
bliés. C'est ainsi que les accrochages '!?i
tenus et autres gentillesses du r1ng
là-bas très en faveur et ne provo
ni l'indignation ni même l'etormï^;3:
des spectateurs.
a Les coups bas ? Ils sont qui ln connus 60nt Cdl'
les ceintures protectrices qui
usage là-bas, qu'elles soient de la ajJ5
Everlast ou UnlVerSal, excluent tom "
que d'en être victime. Si les courn
sont inconnus. Ils n'en sont pas ;"
cependant reconnus par l'arbitre 0p
sanctionne ceux-ci par la perte dU ^
pour le fautif. Vous saveoz., en eitet, q»
là-bas, l'on ne s'embarrasse point pj;
Juger un combat d'un comptage amti^
tique. et. que chaque, round est consicje-j
comme un combat de trois minutes .,s
rounds pour A. quatre rounds pour B'«
A est proclamé vainqueur.
c Si donc A s'était rendu coupahle d'un
coup bas, il n'aurait été Credite que ua
cinq rounds et le match eût été
d'après le principe américain, dedans nui
c Comme vous voyez, ceci est assejlJ
j simple», sinon même assez simpliste,,,
« La boxe américaine ?
Elle n'est point faite
pour les petits garçons ! »
proclame l'ex-champion du monde
André Routis
Si Routis porte lunettes dans la via,
ce qui implique une vue basse, dans il
sens propre de cette expression, sa VUi
sur la boxe et sur les pugilistes est, par
contre, excellente.
En Bordelais ardent, 11 exprime sa pen-
sée avec une ardeur et aussi une fol p&
suasives,
c La boxe en Amérique 7 Elle n'est
point faite pour les enfants 1 Là-bas, les
boxeurs entament les combats au sprint
et les terminent au sprint 1 Les répits
les fioritures, les « chichis » n'existent
pas. On se bat et c'est tout. On se bat QI
tout son cœur pour gagner. N'est-ce pont
là, d'ailleurs, une image de ce « struggli
for life » cher aux Américains. On fa::
fortune en six mois, on se ruine en à
heures 1 Tout marche a. une cadsne;
accélérée et, en fin de compte, cro:,-,
m'en, cela donne à l'existence, non ses
lement un piquant tout particulier, toi
pant de façon heureuse avec la monoton
quotidienne, mais encore un cem
charme !... »
... Et c'est ainsi que, parlant aura:
« avé les mains » qu'avec la t'ouca
André Routis termina ce triple intm:e;
Jacques Arnault.
COMME UN ECHO
Le match Thil-Brouillard continue
sur l'écran... et dans la salle
de Ciné-L'Auto
Mais, partisans et adversaires du coup bas
applaudissent le champion français
n faut attendre son tour POur entrer au
Giné-L'Arito....
Calmement, on discute; chacun fait taire
sa sympathie pour Marcel afin d'examiner
posément le problème, avec « le bon bout
de sa. raison ».
Voici des spectateurs qui sortent avec la
mine sérieuse de gens mêlée à une affaire
importante. Avec le flot, entrons.
Mais un sportif avait reconnu dans un
fauteuil la lourde carrure du champion.
Déjà, on chuchotait : «Thil... Thil est 1CJ-J®
La. lumière se fit un instant pour qu on
pût regarder Marcel. Une mère- ceci n e«st
pas une fable — se leva. avec son enfant
et 1«? mains affectueusement posées sur sa
tête, lui fit contempler l'idole.
La petite comédie qu 'on noue prteentait
maintenant, les aventures de Mickey. les
actualités... personne cette fois n était venu
pour cela, On était venu voir — on reveir —
la bataille.
Elle recommençait sur l 'écran.
Le silence était devenu si absolu dans la
salle, que l'on pouvait constater combien
le silence avait été absolu, lundi soir, au
Palais des Sports, pendant la première re-
pri-e.
A mesure qu'elle se déroulait sur l'écran,
on retrouvait dans sa mémoire les phases
de la bataille, avec l'étrange impression de
vivre un événement dont on connaît par
divination le dénouement.
Au Palais des Sports, on sentait que la
tension des esprits montait, la rumeur nous
arrivait plus forte et une rumeur gourde
lui répondait ici. Devant l'altercation arec
rarbitre.' les -coups de sifflet qui jaillirent
de la salle couvrirent eTaetentenv œni de
la bande sonore.
Mêmes <■ oh ! , frémissants quand un cro-
chet de volée secouait la face de Lou Brouil.
lard. Mêmes huées devant les mêmes accro-
chages...
Au coup de gong de la cinquième
les bustes se penchèrent et les co ^ ,i:
dirent; comme ils l'avaient fait■ 1 ■ ^
que Thil avait déolenché le fléan ra
L'attention devint-elle plus Pass
La chronique du DOCTEUR VITAMINE
Après le match
Bra.TO !... vous venez de
effort et von» êtes fier de vo maà, J
vous h&tet pas de . célébrer » tt, bel
partie ! Si VOU6 êtes joyein e
votre corps eet harassé de i. ,CTe, et ';
n'est pas le marnent d 'absorb ()gS jJqP¡
des échauffante on excitant!!... elq"eque
minutes vous détruirÍez cette ]]e f0nj>
qui vous & coûte des mois péPlr:1
entraînement. Oe dont votre * «ranis®6,.!
tiguê a besoin aussitôt ap™ "je ;
c'est d'un réconfortant leger 9.
ment ne saurait mieux rempli rôle 5
BAiNANlA..
BAlN ANIA. direz-vous, est t'il petit ifj ,
ner, Uni, et même le petJst ^ner ¡dl
dn sportif... maIs BA^AlNJ- anssi '
d)qne chaque fois que vot n or?ani''lie!(,.
sire nn reconstituant léger- "^ntrôl^v i \
là formule est médicalemen flWnK(
compose uniquement
et nutritifs. Tous ces eleroen M cou'j
forment sou.. un faible vol ufl re<'
fort&Dt. vraiment complet.
J'AI GARDÉ
TOUTES
MES DENTS
« Evidemmenb, je mets toujours
un protège-dents, nous dit Marcel
Thil, mais là n'est pas tout le se-
crét, J è prends le plus grand soin
de mes dents, car une bonne den-
ture est un facteur d'e sauté et de
force. Je consulte rigoureusement
un dentiste tous lee trois mois et
je n'emploie que les dentifrices
Alarnï au Héla du Dahomey. Suivez
l'non exemple, dit Marcél. »
Amis lecteurs, imitez notre ayœPa't^^T^P;^'
»la^ï les séuls qui contiennent de J extrait ae neiu, ^ ^ , .«
Dahomey, dont lee racines sont utilisées depuis dée siècles pa,r dentIfrIce e
se frotter les dents et ainsi les «ettoyer ^ 1 " |
du Dahomey sont en venté eheim£us lm 1>6ns oeifféuro~. àoou*", ^ I
dans les Gra.ndl Yjwtmiis& »«ATCTT t * -- taim I
pour frais de port, à T-~ fclfcnA. % »W*4 ■
L'Auto invite 3 ex-champions à juger
sur le vu de documents photographiques
« Coup régulier »
proclament Huat et Locatelli
mais Routis se réserve :
« Coup litigieux »
Toutefois, l'ex-champion du monde précise:
« Coup litigieux, mais plutôt haut que bas... »
Convoqués spécialement par l'Auto,
qui jugeait indispensable leur avis ap-
puyé sur une expérience indiscutable et
une connaissance profonde des milieux
pugilistiques de France et des Etats-
Unis, trois ex-champions du ring étaient
hier soir dans notre salle de rédaction.
L'un d'eux, en son temps, décrocha le
titre mondial : Routis. Les deux autres
ceignirent la couronne européenne : Huat
et Locatelli.
Sous leurs yeux. nous avons mis six
photos extraites du film exclusif du
combat, dans la partie précise où revit
le coup litigieux.
« Voilà, leur avons-nous dit. des docu-
ments irrécusables ; la photographie, pas
plus que le film. ne saurait mentir. Si
vous regardez ces six photos dans l ordre
où elles figurent dans la pellicule même,
vous pouvez reconstituer le coup porté
par Lou Brouillard. Regardez, regardez
de tous vos yeux, tranquillement, posé-
ment. Et dites-nous simplement si vous
estimez qu'il y a coup bas ou... si le coup
est régulier. » , - lt..
Un instant, nos hommes hésitèrent.
« Remarquez, avons-nous repris, que
nous ne vous demandons pas de dire que
Lou Brouillard a boxé régulièrement ou
irrégulièrement, mais uniquement de
vous prononcer sur le vu des documents
photographiques que voici. »
Un silence régna. On n'entendit plus
que le bruit du papier photographique
passant de main en main.
Puis, le premier. Huat parla :
« n n'y a pas coup bas, la photo le
prouve clairement. »
« Le coup est régulier », déclara en-
suite Locatelli.
Routis n'avait pas encore rendu son
jugement. On l'invita à se prononcer. Il
retira ses lunettes. les essuya longue-
ment et...
«-'En tout cas, dit-il lentement, le coup
est.:très litigieux, »
Et" comme ce verdict paraissait sur-
prendre les deux autres champions, Rou-
tis précisa :
« ... Coup litigieux, peut-être plus haut
que-bas... Mais ma vue ne me permet pas
de' porter un jugement définitif. »
Voilà ce qui dirent les trois champions
convoqués par l'Auto. Nous avons donne
leur oriinion très objectivement. Et nous
ne ferons aucun commentaire. —
F. L.
Coup bas!
rétorque Thil
Au sortir du Ciné-L'Auto, nous »vone
rejoint Marcel Thil.
a Qu'en pensez-vous ?
— Je pense que le coup est ba&.
Notre rédacteur en chet Jacques
Goddet vous demande de venir le voir.
L'Auto a fait tirer du film des photos—
— Je serais content de les voir. »
Nous voici dans le bureau avec notre
rédacteur en chef, Marcel Thil, sa fem-
me, Alex Taitard.
Thil tient en main les huit photos
que nous avons fait tirer du film. et
qui marquent les étapes du coup, du
poing lancé de loin qui part, décrit sa.
courbe, et va se loger... Où ?
« Il est bas. fait Thil après avoir re-
gardé avec une attention scrupuleuse.
et sans qu'on puisse lire sur sa. figure
autre chose qu'une calme conviction.
- N'avez-vous pas l'impression que le
point « chevauche » la lisière de la. cu-
lotte ?
Ma culotte était plutôt descendue.
Le coup est donc carrément bas. Regar-
dez la ligne de la cuisse, par exemple...
Et puis, le coup n'a. pas à être « un peu
bas », ou « plutôt bas ». S'il l'est. il est
irrégulier. C'est tout... »
D'une voix un peu. lasse, Marcel Thil
ajoute :
« Cela semble un peu drôle, après douze
ans de boxe loyale et sans histoire, de
sentir cëSOupçon... Vous protestez ? Met-
tons ce doute ! J'aurais tant voulu ga-
gner autrement. Ou perdre, même, mais
sans que ce soit un sujet de controverse,
« sans bavures »... Je n'ai pas mérité
cela. Après cette histoire,, je quitte sans
regret la boxe.
— Vous abandonnez la. boxe ?
Je crois, j'en ai l'envie... Qu'on me
laisse un peu tranquille quelques jours,
| voulez-vous ? » —
C. B.
UNE PROJECTION EN PRIVÉ, A L'USAGE DE L'Auto
Le quatrième juge : le film
n'est pas favorable à Thil
Hier auprès-midi, aux Studios Gaumont.
rue Carducci, la direction du Ciné-L'Auto
projetait en privé, à l'usage de l'Auto,
le film qui devait commencer à 18 heures
sa carrière au Palais Berlitz.
En arrivant rue Carducci, un gardien
sévère nous déclara :
« Pas d'embauche aujourd'hui ! »
Sans difficulté nous pûmes détromper
le concierge, nous ne briguions nul em-
ploi dans la figuration.
« Demandez France-Actualités, c'est au
fond du couloir ! »
Là. dans un petit studio particulier, la
direction du Cin è-L'Auto projetait au
ralenti le round litigieux du match Thil-
Lou Brouillard, le sixième !
Nous étions peu nombreux, est-il utile
de le dire ? Et par trois fois nous pûmes
faire repasser devant nos eux le ralenti
de l'instant pathétique de ce champion-
nat du monde.
Eh bien ? direz-vous.
Eh bien, le cinéma plaide contrç Thil.
Le ralenti du film a permis de constater
que le coup était moins bas que d'aucuns
né le pensaient lundi soir, au Palais des
Sports.
C'est un large uppercut du gauche par-
tant très loin en arriére — l'allonge de
Lou Brouillard est légèrement supérieure
à celle de Thil. alors que sa taille est in-
férieure de six centimètres à celle du
champion du monde — cet uppercut ar-
rive à cheval sur la ceinture, une partie
du poing touchant la base du foie, tandis
que la partie cœcale est atteinte.
Evidemmènt. il est nécessaire de dire
que, lorsqu'une bande n'est pas tournée
spécialement « au ralenti » par des ap-
pareils construits à cet effet, l'image
n'apparaît pas sous sa véritable forme.
De plus, le cinéma enlève le relief et
il faut compter également avec l'angle
de prisé de vue.
N'oubliez pas ces arrivées de courses à
pied ou cyclistes, où deux objectifs bra-
qués sous un angle différent, donnent un
classement dissemblable.
Après avoir vu le film à l'écran, il fut
décidé de le faire passer à nouveau sous
nos. yeux, à l'aide d'un appareil spécial
nommé Mauritone, ou table d'écoute.
Le film passe devant vos yeux. vous
pouvez le stopper à volonté. ou faire
revenir la. bande.
Cette fois, il était net que le coup
commençait bas, mais se terminait au
foie 1
Les arguments de M' Film étaient favo-
rables à. Lou Brouillard, il faut le recon-
naître !.«
Loys van Lée.
Don George, cameraman
a manqué
le passage intéressant
Don George, le grand lutteur américain.
connait personnellement Lou Brouillard,
son camarade de voyage et de séjour à
Paris. On comprendra que la sotte défaite
dè son compagnon ne l'enchante point,
mais on compréndra aussi qu'il soit très
réservé dans ses appréciations.
Il faut dire aussi qu'il y a un style de
boxe « français ». un règlement et une
attitude de l'arbitre qui ne correspondent
qu'assez mal à ce que connaît Don George
des coutumes de matches de son pays.
Don George est désolé, « sorry », mais
discret.
Pourtant l'aventure l'a vivement inté-
ressé. Avec le petit appareil de cinéma qui
ne le quitte jamais, il a tourné une bonne
partie de la bagarre. Nous espérions qu'il
avait filmé les secondes dramatiques et
qu'on y trouverait un témoignage formai.
Très aimablement. E.D. George a fait
développer la pellicule et l'a fait projeter
devant nous : presque tout le match s'y
trouve : mais pas l'instant pathétique...
Don George, cameraman, était tellement
troublé, agité, excité par le spectacle, qu'il
' en avait oublié de tourner...
(Photo et cliché L'Auto)
« ET MOI, JE TE DIS QU'IL « LUI » A FAIT MAL... »
Locatelli, Routis ét Huat, entourant notre collaborateur .Jacques Arnault,
discutent discutent, discutent... Coup bas ou pas ? Les mains ouvertes sont
discutent, éloquentes, les opinions nullement partagées, chacun des trois champions
n'en démord pas... Ils ont boxé en Amérique, et cèla fait un sacré match-
conversation,
La vérité qu'on doit à un homme comme Thil
(Suite de notre article de première page)
Ce n'est pas ce qui permettrait de
contester leur bonne foi, puisque cette
impression ressentie à la vision du film
par des spectateurs prévenus, ne portant
leur attention que sur le geste d'un seul
individu, fut, lorsque ce geste fut re-
produit à sa vitesse normale, exactement
la même.
L'étude du ralenti du film, justifiant
les réserves formulées ici il y a vingt-
quatre heures, devait apprendre autre
chose. « L'Auto » s'est fait, hier, pré-
senter spécialement, dans un studio de
travail, en privé, le ralenti du sixième
round. Quatre fois nos collaborateurs le
firent repasser. On le tourna inversé, en
commençant par sa fin. On projeta en
fixe les phases principales. Cette exper-
tise, approfondie, apportait cette nou-
velle impression : l'uppercut type Lou,
vaste godille, en bois des il...Iusions per-
dues, reprenant de l'altitude, passe net-
tement détaché de la culotte du cham-
pion du monde et vient frapper, semble-
t-il, plus haut que la ceinture.
Le coup arrive-t-il à cheval ? Une
question : Qu'est-ce qui délimite la cein-
ture, en dehors d'une culotte dont la
hauteur est variable avec le goût des
combattants, l'épaisseur de leur taille et.
la résistance de l'élastique ?... Une autre
question : Enfin, surtout, quelles erreurs
d'optique peut-on commettre lorsqu'il faut
juger, en plan, des images plates repro-
duisant les contours de formes situées
sur des plans différents ?
Pas de conclusion absolue
On aurait aimé aboutir à une conclu-
sion nette, fût-eli- ^ftjavorable à Marcel
Thil. Mais, en toute équité, nous ne
nous sentons pas suffisamment armés
pour déclarer que Lou Brouillard a mis
knock-out le champion du monde. Le
raisonnement a toutes les raisons de ne
pas accepter le verdict de l'œil.
Le bilan établit que Thil porte à son
passif :
Le film au ralenti ;
Le fait que les coups portés dans les
zones protégées par la ceinture Everlast
ne le font pas souffrir.
Et je note, pour mémoire, le silence
de Carpentier, silence qui évidemment
renferme la thèse du coup régulier. Je
conviens que l'avis de Carpentier peut
n'être qu'un avis isolé, avis dont la vo-
leur est susceptible de ne pas atteindre
celle d'un autre technicien. Néanmoins,
il importait de noter l'attitude muette et
éloquente de celui dont l'avis, favorable
à Brouillard après le combat de 1936,
fit force de loi aux Etats-Unis.
L'actif présente les différents postes
suivants :
Le film tourné à l'allure normale ;
La possibilité des erreurs d'optique
sur une image déjà discutable en soi, et
que la reproduction en ralenti rend quel-
que peu flou ;
La difficulté de situer la hauteur ré-
glementaire de la ceinture de Thil, sa
culotte ayant nettement tendance à tom-
ber ;
Les antécédents Inquiétants de Broviil-
lard ;
La carrière loyale de Thil.
X
Nous savons, bon Marcel, cher Tai-
tard, petite Madame Thil qui, hier soir,
à l'« Auto », montriez le tableau délicat
d'une famille unie pour se défendre, se
soutenir et recevoir ensemble les désa-
gréments de la vie afin d'en foire le lot
commun, combien notre persévérance
dans la recherche peut vous sembler
cruelle. Nous nous rappellerons longtemps
cette stupeur qui vous frappa lorsque
nous vous fîmes part de l'impression que
nous procurait le film vu au ralenti.
Votre attitude contenait de la dignité et
de l'amertume. « Je ne boxerai plus... »
vous avez d'abord dit, Marcel, sans éclot,
avec une voix rauque. Et un regard chargé
de sollicitude amoureuse, d'approbation
à vos pensées, un regard d'épouse vous
apporta un doux renfort. Tandis que
beau-papa, homme positif, entreprenait
de prouver votre victoire à l'aide d'une
argutie d'avocat de campagne, habile par
ses formes rondes et ses accents bon-
enfants.
Et puis vous avez convenu : « Je
prendrai ma décision dans quinze jours. »
Il faut boxer encore, Marcel. Vous ne
pouvez pas renoncer à réapparaître dans
la lumière du ring parce que l'estime
qu'ont pour vous ceux qui vous croient
indigne de bénéficier d'une victoire dou-
teuse, les a poussés à jeter de la lumière
I sur les incidents de ce lundi. -
J. G.
(Photo et cliché L'Auto)
« BErN, l' M' SEMBLE QU' J'AVAIS RAISON ,!
Sur le quai de la gare Saint-Lazare, hier matin, au moment du départ du train, Lou Brouillard, son manager
Johnny Buckley et Jeît Dickson commentent le document publié par l'Auto.
HIER MATIN, GARE SAINT-LAZARE
Une dernière fois, à Paris
Brouillard a crié: "J'ai gagné "
Et sa protestation avait quelque chose d'infiniment
amer... car son cœur était profondément triste :
il venait d'apprendre la mort d'un des siens
n y avait une grosse animation, hier
matin, à la gare Saint-Lazare, sur le quai
de départ du train spécial du Paris, qui
effectue, actuellement, vers New-York, un
véritable « Sporting Trips ».
En èffet. outre les douze cyclistes qui
vont disputer les Six Jours new-yorkais,
Lou Brouillard et l'irritable et rondouil-
lard — oh ! Henri Béraud — Johnny Buc-
kley. regagnaient également New-York.
Mais Lou nous semblait métamorphosé
en vendeur de l'Auto, Engoncé dans un
confortable manteau de voyage, le Cana-
dien tenait, en effet, dans ses bras, outre
une valise de dimensions respectables, une
pile de numéros de notre journal.
« J'tiens la preuve, répétait sans cesse
l'ex-adversaire de Marcel Thil, avec cet
accent inimitable des descendants de
Montcalm, j'tiens la preuve que j'avais
gagné par k.o... oui. par k.o. 1 »
Et Lou déplit notre journal d'une dex-
tre vengeresse et montrait le document
que nous avions publié hier matin.
« J'avais gagné! » répétait obstinément,
comme un enfant boudeur, le Canadien,
tandis que son manager approuvait en
nasillant une litanie.
Il faut dire que ce départ était bien
tri6té.. Insensible aux manifestations de
sympathie dont il était l'objet, Lôu son-
geait surtout au deuil qui l'accablait.
Durant son séjour en France, .son grand-
père, Joseph Brouillard, était décédé. |
Son manager lui oa.cba. cette mauvaise
nouvelle et ce fut seulement après le
combat que Lou apprit la disparition de
celui qui fut pour lui un véritable père.
Et nous comprenons maintenant pour-
quoi Lou consigna sa porte au lendemain
du combat, pourquoi il ne se rendit pas
à l'invitation du Ciné-L'Auto et pourquoi
il est parti si rapidement.
« Quand bien même j'aurais été cham-
pion du monde, dit-il, je serais reparti
immédiatement. Ma peine est immense et
je ne songe plus à ma bataille.
« Mes documents, l'Auto ! »
« Une seule chose m'intéresse, le docu-
ment que voue avez publié dans l'Auto. Il
prouve que j'étais vainqueur par k.o. J'em-
mène tous s ces » Auto en Amérique pour
prouver la sincérité de mon succès 1
— Reviendrez-vous à Paris?
-r- Certainement !
— Pour combattre?
peut-être. Mais certainement pour
visiter l'Exposition. »
La. cloche rèntentit et Lou Brouillard
serre les mains de Jeff et de Huat.
Le train démarrait.
Adieu ou au revoir. Lou ?
! L'avenir nous l'apprendra. —
L. v. L.
AU HAVRE
S'embarquant
sur le « Paris »
Brouillard déclare:
« Je reviendrai !...
« Pour voir l'Exposition
internationale », précise-t-il
Le Havre, 17 février (de notre corr.
part.). — Quelle différence entre la
joyeuse arrivée par le Champlain voici
un peu plus de deux semaines et ce
départ sans tambour ni trompette par le
Paris, où Lou Brouillard s'est embarqué
sitôt après sa descente du train trans-
atlantique !
Silencieux, tête baissée, le feutre vert
— dernière acquisition de Paris — sur
les yeux. Brouillard, suivi comme son
ombre par son manager, passe le contrôle
de la douane. Arrivé devant la passerelle.
à l'endroit même où se déroulait la pe-
tite scène devant le micro, décrite lors
de son débarquement, il retrouva la pa-
role et. tout en continuant à mâcher
un énorme cigare, il commenta triste-
ment les événements du lundi soir, ne
cessant de répéter qu'il estimait avoir
gagné régulièrement le combat, battant
Marcel Thil par k. o.
Par ailleurs, à l'en croire, Lou Brouil-
lard compte fermement revenir en
France dans quelques mois.
« Simplement pour voir l'Exposition »,
nous a-t-il dit.
Cependant, M. Buckley, son manager,
dans sa cabine, sortit de ses poches
d'énormes paquets de numéros de l'Auto,
acquis, sans doute, dans l'intention d'oc-
cuper. par la lecture, ses loisirs pendant
la traversée. Puisse-t-il trouver un inter-
prète qualifié qui lui traduira ce qui a
été écrit sur sa conduite, pour le moins
étrange, car lui, en tout cas, n'a pas
d'excuses. — Emile Schaller.
Reviendra-t-il ?
PEUT-ETRE ! dit Jeff Dickson
PAS CONTRE CHRISTOFORIDIS ! proclame Gandon
NI CONTRE TENET ! renchérit Taitard
Tenét ? « Christo » ?
En fin d'après-midi. nous nous sommes
rendu chez Jeff Dickson, afin de lui de-
mander s'il envisageait un retour possi-
blè du champion canadien Lou Brouil-
lard !
« J'ai été voir, au Ciné-l'Auto, le film
du combat, nous déclare le promoteur, et,
vraiment, je trouve djue le cas est liti-
gieux. Lou reviendra presque certaine-
ment à Paris. mais, je crois, uniquement
pour visiter l'Exposition..
« J'avais envisagé aè le raire revenir
au mois d'avril, afin dè rencontrer soit
Tenet, soit ChriStoforidi6, et le vain-
queur eût été alors opposé à Marcel
Thil. Mais je crois que ni Taitard ni
Gandon ne voudront opposer soit Tenèt,
soit « Christo » au champion canadien ! »
*
« Tenet ne rencontrera jamais Lou »
déclare Alex
Au début de la solrée. en compagnie
d'Alex Tàitard. nous nous sommes rendu
à nouveau au Ciné-l'Auto, afin de voir le
ralenti du match de lundi, au Palais des
Sports.
« Envisagez-vous une rencontre possi-
ble de Tenèt avec Lôu ?
— Certainement pas. réplique Alex
Taitard avec vivacité. Je ne veux pas
que mon poulain soit abîmé par Lou
Brouillard, dont la boxe irrégulière est
vraiment dangereuse, »
« Christo », voilà un adversaire
possible pour Thil ! »
estime Gandon
« J'ai vu, ce matm, sur l'Auto, nous
| disait hier soir Gandon. que Marcel Thil
pensait que Christoforidis avait du mal
à faire la limite des poids moyens.
« Je tiens à vous déclarer que mon
élève n'a. pour le moment, aucune idée
de changer de catégorie et qu'il est, dés
maintenant, à l'entière disposition de
Marcel Thil.
« De plus, les sportifs français connais-
sent trop la loyauté et la sportivité de
« Christo », qui n'a jamais reçu un aver-
tissement, pour craindre irrégularités de
sa part.
— Et Lou ?
— Ah ! ça jamais ! Non. le Canadien
est rendu dangereux par sa façon de
boxer et je ne veux à aucun prix que
Christo soit opposé à un tel boxeur. »
Encore des chiffres
A propos de la recette réalisée par le
match ThiI-Brouilla.rd. recette indiquée
hier dans ces colonnes, et se montant à
750.000 francs, rappelons qu'en Europe le
record de la recette revient au match Car-
nèra-Pauline, organisé le 30 novembre
1930, à Barcelone, avec 81.000 spectateurs
et un peu plus de deux millions de francs.
Que. da.ne le monde, tous les records
furent battus par le match Dempsey-Gene
Tunney qui réunit, le 22 septembre 1927,
155.000 spectateurs autour du ring de
Chicago et produisit 2.658.660 dollars, soit
environ 65 millions de francs au court
du change pratiqué à l'époque.
VERITE EN DEÇA 1
La boxe en France? du style !
aux Etats-Unis ? du combat !
Telle est l'opinion donnée à par les 3 boxeurs
« Américains » Routis, Locatelli et Huat
Trois boxeurs connaissant particulière- 1
ment bien lés us et coutumes des rings 1
américains furent conviés hier soir par
nos soins k la conférence contradictoire
organisée par l'Auto, aux fins de faire
connaître leur opinion sur l' « Incident »,
avec un 1 majuscule, dont tout le monde
parle, c'est-à-dire sur l'incident vraiment
lamentable qui mit fin au combat Marcel
Thll-Lou Brouillard.
Ces trois boxeurs s'appelaient André
Routis. Cleto Locatelli et Eugène Huat.
On verra, d'autre part, quels ont été
leurs points de vue respectifs sur ce sujet
particulièrement... brûlant.
Insatiables cependant, comme le sont
par profession tous les journalistes, nous
ne voulûmes point les laisser partir avant
qu'ils aient donné aussi leur opinion sur
la boxe telle qu'elle est pratiquée en
Amérique.
Voici sur ce point particulier ce que
chacun, avec son tempérament propre,
nous a confié ;
« Les Américains ont de la boxe
une conception qui vaut bien la nôtre »
déclare Eugène Huat
Le premier. Eugène Ruat. Passa, toutes
ses griffes de c chat-tigre » rentrées, sur
la sellette :
< La boxe en Amérique ? Elle est ce
que le public voulait qu'elle fût. c'est-à-
dire de la boxe de combat. Foin pour les
Américains du pugilisme académique, cher
à Lord Queensbury.
< Là-bas. on aime la bataille, serait-elle
même un peu confuse, et le& fioritures de
style n'ont point cours.
« A tout prendre, cette conception vaut
bien la nôtre. qui consiste à vouloir Im-
poser de la boxe style anglais à un public
qui. comme le public d'outre-Atlantlque,
est friand de combats menés à toute
allure et sans ménagements.
« A vous parler franc. je me suis tou-
jours senti, sur les rings de là-bas, très
à l'aise, aussi à l'aise, sinon davantage,
que sur les rings européens, où les ar-
bitres deviennent souvent des e empê-
cheurs de boxer en rond » par la multi-,
tude dee observations sous laquelle ils
vous submergent et qui ne fait que trou-
bler les boxeurs... »
« Un style différent
et des irrégularités ! »
nous dit Cleto Locatelli
Gentleman du ring et gentleman tout
court, Locatelli est l'un des boxeurs les
plus académiques que l'Europe ait pro-
duite durant cee dix dernières années. Bel
escrimeur du poing, Locatelli manie, si
l'on ose dire, la parole à la manière d'un
fleuret, avec une élégance de pensées
toute latine. C'est ainsi que nous l'enten-
dîmes nous dire :
< Le ring, en Amérique, est un champ
clos où les battants sont rois et où, de ce
fait, ce que vous appelez les escrimeurs
du poing doivent modifier leur style aux
| fins de l'adapter à celui de leurs adver-
saires.
Il Ne croyez pas que, disant cela '
sinue que .les Américains sont gem', '°l0'
rants des finesses ctu t noble an
y a, en effet, parmi leurs charapw'11
très grands boxeurs, au seng mC'
plus anglais de ce mot. 6 !s
« Certes, cet amour de la bataille 91'
souvent ressembler le combat à une bi'
garre échevelee ou fatalement les
c1pes de la correction, chers au nf!?'
d'outre-Manche. sont, complètement ?'
bliés. C'est ainsi que les accrochages '!?i
tenus et autres gentillesses du r1ng
là-bas très en faveur et ne provo
ni l'indignation ni même l'etormï^;3:
des spectateurs.
a Les coups bas ? Ils sont qui ln connus 60nt Cdl'
les ceintures protectrices qui
usage là-bas, qu'elles soient de la ajJ5
Everlast ou UnlVerSal, excluent tom "
que d'en être victime. Si les courn
sont inconnus. Ils n'en sont pas ;"
cependant reconnus par l'arbitre 0p
sanctionne ceux-ci par la perte dU ^
pour le fautif. Vous saveoz., en eitet, q»
là-bas, l'on ne s'embarrasse point pj;
Juger un combat d'un comptage amti^
tique. et. que chaque, round est consicje-j
comme un combat de trois minutes .,s
rounds pour A. quatre rounds pour B'«
A est proclamé vainqueur.
c Si donc A s'était rendu coupahle d'un
coup bas, il n'aurait été Credite que ua
cinq rounds et le match eût été
d'après le principe américain, dedans nui
c Comme vous voyez, ceci est assejlJ
j simple», sinon même assez simpliste,,,
« La boxe américaine ?
Elle n'est point faite
pour les petits garçons ! »
proclame l'ex-champion du monde
André Routis
Si Routis porte lunettes dans la via,
ce qui implique une vue basse, dans il
sens propre de cette expression, sa VUi
sur la boxe et sur les pugilistes est, par
contre, excellente.
En Bordelais ardent, 11 exprime sa pen-
sée avec une ardeur et aussi une fol p&
suasives,
c La boxe en Amérique 7 Elle n'est
point faite pour les enfants 1 Là-bas, les
boxeurs entament les combats au sprint
et les terminent au sprint 1 Les répits
les fioritures, les « chichis » n'existent
pas. On se bat et c'est tout. On se bat QI
tout son cœur pour gagner. N'est-ce pont
là, d'ailleurs, une image de ce « struggli
for life » cher aux Américains. On fa::
fortune en six mois, on se ruine en à
heures 1 Tout marche a. une cadsne;
accélérée et, en fin de compte, cro:,-,
m'en, cela donne à l'existence, non ses
lement un piquant tout particulier, toi
pant de façon heureuse avec la monoton
quotidienne, mais encore un cem
charme !... »
... Et c'est ainsi que, parlant aura:
« avé les mains » qu'avec la t'ouca
André Routis termina ce triple intm:e;
Jacques Arnault.
COMME UN ECHO
Le match Thil-Brouillard continue
sur l'écran... et dans la salle
de Ciné-L'Auto
Mais, partisans et adversaires du coup bas
applaudissent le champion français
n faut attendre son tour POur entrer au
Giné-L'Arito....
Calmement, on discute; chacun fait taire
sa sympathie pour Marcel afin d'examiner
posément le problème, avec « le bon bout
de sa. raison ».
Voici des spectateurs qui sortent avec la
mine sérieuse de gens mêlée à une affaire
importante. Avec le flot, entrons.
Mais un sportif avait reconnu dans un
fauteuil la lourde carrure du champion.
Déjà, on chuchotait : «Thil... Thil est 1CJ-J®
La. lumière se fit un instant pour qu on
pût regarder Marcel. Une mère- ceci n e«st
pas une fable — se leva. avec son enfant
et 1«? mains affectueusement posées sur sa
tête, lui fit contempler l'idole.
La petite comédie qu 'on noue prteentait
maintenant, les aventures de Mickey. les
actualités... personne cette fois n était venu
pour cela, On était venu voir — on reveir —
la bataille.
Elle recommençait sur l 'écran.
Le silence était devenu si absolu dans la
salle, que l'on pouvait constater combien
le silence avait été absolu, lundi soir, au
Palais des Sports, pendant la première re-
pri-e.
A mesure qu'elle se déroulait sur l'écran,
on retrouvait dans sa mémoire les phases
de la bataille, avec l'étrange impression de
vivre un événement dont on connaît par
divination le dénouement.
Au Palais des Sports, on sentait que la
tension des esprits montait, la rumeur nous
arrivait plus forte et une rumeur gourde
lui répondait ici. Devant l'altercation arec
rarbitre.' les -coups de sifflet qui jaillirent
de la salle couvrirent eTaetentenv œni de
la bande sonore.
Mêmes <■ oh ! , frémissants quand un cro-
chet de volée secouait la face de Lou Brouil.
lard. Mêmes huées devant les mêmes accro-
chages...
Au coup de gong de la cinquième
les bustes se penchèrent et les co ^ ,i:
dirent; comme ils l'avaient fait■ 1 ■ ^
que Thil avait déolenché le fléan ra
de ses deux bras en crochet..L'attention devint-elle plus Pass
La chronique du DOCTEUR VITAMINE
Après le match
Bra.TO !... vous venez de
effort et von» êtes fier de vo maà, J
vous h&tet pas de . célébrer » tt, bel
partie ! Si VOU6 êtes joyein e
votre corps eet harassé de i. ,CTe, et ';
n'est pas le marnent d 'absorb ()gS jJqP¡
des échauffante on excitant!!... elq"eque
minutes vous détruirÍez cette ]]e f0nj>
qui vous & coûte des mois péPlr:1
entraînement. Oe dont votre * «ranis®6,.!
tiguê a besoin aussitôt ap™ "je ;
c'est d'un réconfortant leger 9.
ment ne saurait mieux rempli rôle 5
BAiNANlA..
BAlN ANIA. direz-vous, est t'il petit ifj ,
ner, Uni, et même le petJst ^ner ¡dl
dn sportif... maIs BA^AlNJ- anssi '
d)qne chaque fois que vot n or?ani''lie!(,.
sire nn reconstituant léger- "^ntrôl^v i \
là formule est médicalemen flWnK(
compose uniquement
et nutritifs. Tous ces eleroen M cou'j
forment sou.. un faible vol ufl re<'
fort&Dt. vraiment complet.
J'AI GARDÉ
TOUTES
MES DENTS
« Evidemmenb, je mets toujours
un protège-dents, nous dit Marcel
Thil, mais là n'est pas tout le se-
crét, J è prends le plus grand soin
de mes dents, car une bonne den-
ture est un facteur d'e sauté et de
force. Je consulte rigoureusement
un dentiste tous lee trois mois et
je n'emploie que les dentifrices
Alarnï au Héla du Dahomey. Suivez
l'non exemple, dit Marcél. »
Amis lecteurs, imitez notre ayœPa't^^T^P;^'
»la^ï les séuls qui contiennent de J extrait ae neiu, ^ ^ , .«
Dahomey, dont lee racines sont utilisées depuis dée siècles pa,r dentIfrIce e
se frotter les dents et ainsi les «ettoyer ^ 1 " |
du Dahomey sont en venté eheim£us lm 1>6ns oeifféuro~. àoou*", ^ I
dans les Gra.ndl Yjwtmiis& »«ATCTT t * -- taim I
pour frais de port, à T-~ fclfcnA. % »W*4 ■
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