Titre : L'Auto-vélo : automobilisme, cyclisme, athlétisme, yachting, aérostation, escrime, hippisme / directeur Henri Desgrange
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-07-03
Contributeur : Desgrange, Henri (1865-1940). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327071375
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 juillet 1903 03 juillet 1903
Description : 1903/07/03 (A4,N992). 1903/07/03 (A4,N992).
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k46241916
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-248
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/12/2016
L'Auto
. *•&NNSB. —ÏV° YYS. ---«> QUOTIDIEN
Le Numéro : 5 Centimes
- VANRDRISDI 3' J'UÏLLËT 19U,.
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LA COUPE GORDON BENNETT — LE TOUR DE FRANCE
LA COUPE GORDON BENNETT
En Irlande. — Le Derby automobile. — Comment était installé le départ.
Comment on y procéda. — Les résultats tour par tonr.
L'accident de Jarrott. — Ce que deviennent les Améri-
cains. — Le sort des Anglais. — Equipe
allemande contre équipe française.
Le premier. — Le gagnant.
La voici courue pour la quatrième fois.
Le résultat, tout au moins officieux, en
est connu, puisque les temps de neutra-
lisation n'ont pas encore été revus par
les 64 chronométreurs.
Il n'est pas temps encore par consé-
quent de tirer la morale et les conclu-
sions définitives de la 4e Coupe Gordon
Bennett. Une chose cependant m',a frap-
pé : les plaintes unanimes nui se sont
élevées sur l'étroitesse de la, route. De
l'avis de tous, il n'était pas possible de
se passer sur. cette bande de macadam
étroite parfois de 5 mètres à peine.
La Coupe Gordon Bennett, qui est la
grande épreuve classique de notre sport
automobile, méritait mieux, convenons-
en, que la vilaine route qui lui fut destinée.
,Je ne veux pas évidemment en contester
le résultat brutal, mais il m'est bien per-
mis de supposer que sur un parcours
meilleur les temps d'abord eussent été
bien supérieurs et que le classement peut-
être eût été interverti.
Jarrott et Gabriel se sont heurtés, l'un
pour avoir voulu dépasser l'autre, et l'on
ne peut s'empêcher de regretter que le
; donateur et fondateur de la Coupe Gordon
. Bennett n'ait pas décidé que son trophée
international se courrait toujours dans
le pays qui pourrait offrir la plus belle
route.
Les robustes Panhard et Levassor ont-
elles pu donner tout ce dont elles étaient
capables ? J'en doute, et leurs conducteurs
ont dû avoir à se préoccuper surtout de
prendre des virages mauvais et d'atten-
dre un peu plus de largeur de route pour
pouvoir passer.
Je ne veux pas contester le résultat,
mais pourquoi nierais-je qu'il m'aurait
semblé beaucoup plus probant si la
Coupe Gordon Bennett s'était disputée
^ur une de nos larges routes nationales ?
H. Desgrange.
Le Départ
BALLTSHAUNON, 2 juillet (par câble de notre
învoyé spécial).- Voici les heures de départ
les 12 concurrents qui sont partis par un
iemps splendide :
1. EDGE (Napier) 7 h. 0 m.
2. RENE DE KNYFF (Panh.-Lom.) 7 7
3. OWEN (Winton) 7 14
4. JENATZY (Mercédès) 7 21
5. JARROTT (Napier) 7 28
6. GABRIEL (Mors) 7 35
7. MOERS (Peerless) 7 42
8. DE CATERS (Mercédès) .... 7 49
9. STOCKS (Napier) 7 56
10. H FARMAN (Panhard-Lev.). 8 3
il. WINTON (Winton) 8 10
12. FOXHALL KEENE (Merc.). 8 17
Comme nous l'avions dit, Edge est parti
sur la 100-chevaux Napier. Winton dès le
départ est resté en panne à cause de son
carburateur et n'est reparti qu'une heure
après.au moment où tout le lot avait déjà fait
une fois le petit parcours.
Au départ un monde fou, on se serait cru,
tant l'épreuve intéresse les constructeurs
français, au départ de Paris-Madrid. On ne
rencontre que des figures de connaissance,
je note :
Duc de Arion, comte de Vogué, de Massinghi
d'Anzac, Quinonès de Léon, Berteaux, Heath,
baron Thénard, Pinson, Huillier, Louis Mors,
Echalié, Lapary, Durenne, Le y s, Panhard, Santa-
Maria, LiUie, Beistegui, Léger, Henri et Emile
Girard, Salleron, de Villa-Longa, Barie, Barrot,
Gueugnier, Barbotte, Wimille, Paul Sencier,
Pierre Giffard, Darzens, Victor Breyer, Paul Ha-
melle, Doyé, Prévost, Henri Farman, Lemoine,
de Crawliez, docteur Aumont, Lucien Faure,
Beaulieu, Holtzler, Sarazin, Michelin et sa fa-
mille, Ménard-Dorian.
Il fait un temps idéal, un peu chaud pour-
tant. Les quelques milliers d'exemplaires
que vous m'avez envoyés ont été enlevés en
un clin d'œil; on a d'ailleurs beaucoup ad-
miré tous les clichés des concurrents et de
leurs engins.
Il y a là certainement plus de 2,000 voitures
de touristes, venus de partout et surtout de
l'Angleterre. Le Derby d'Epsom ne connaît
pas de cohue pareille.
Le starter est le major Lindsay et les chro-
nométreurs MM. Tampier et Phillipps.
Les contrôleurs français
Voici les noms des commissaires délégués
de l'A.C.F. avec l'indication de celui des
sept contrôles de neutralisation où ils se
trouveront :
Castledermot : MM. Pinson, Stephen Ri-
: bes, 'Labourdette, Durenne.
Carlow: MM. Garnier, Barbotte, Coutant,
VolS.
A. thy-Est : MM. Ménard-Dorian, Prévost,
Hermann Paul, Heath.
Kildare : Duc de Arion, MM. Binon, Qui-
nonès de Léon, Berteaux.
Monasterevin : MM. Gueugnier,Le Blanc.
Stradbally : MM. Lemoine, Barré, docteur
Aumont.
Athy - Ouest : MM. Sarrazin, Panhard, Gi-
i rard.
La route est absolument libre ; défense à
qui que ce soit d'y pénétrer; de 100 mètres
în 100 mètres, les soldats assurent merveil-
eusementle service d'ordre et personne autre
lu'eux et les policemen n'a paru sur la route.
La Course
iNous pensons laisser à la course toute sa
physionomie propre et son originalité en nous
contentant de publier, au fur et à mesure de leur
envoi et de leur réception, les télégrammes de
notre envoyé «oécial. Les voici :
L'Installation
Nous sommes magnifiquement installés au
milieu d'un verdoyant paysage d'Irlande,
dans une contrée où, il y a un an, les habi-
tants ne se doutaient pas qu'ils assisteraient
à un pareil spectacle.
Nous avons vu ce matin un inoubliable
lever de soleil, espérons que ce sera le soleil
d'Austerlitz pour l'industrie française.
La route est étroite mais goudronnée au
départ. Parallèlement au chemin une gigan-
tesque tribune dresse sa lourde charpente ;
elle abrite plus de 1,000 invités de tous
pays.
Lui faisant face de l'autre côté de la route,
sont placés les chronométreurs : MM. Tam-
[illisible]
R. de KNYFF
ltr tenant de l'équipe Panhard-Levassor
pier et Philipps, qui sont complètement iso-
lés. A côté d'eux se trouve placé l'appareil
de chronométrage électrique qui donne le
temps du dernier mille.
Le Premier Tour
Les concurrents avaient à couvrir le pre-
! mier tour (Petit Circuit) soit 60 kilomètres,
mais comme nous l'avons déjà dit, on les
retenait à Carlow, de façon à permettre aux
derniers concurrents de partir sans être
rejoints.
Au premier tour EDGE passe très vite et
c'est lui qui fait le meilleur temps, de quel-
ques secondes meilleur que celui de FOX-
HALL KEENE qui passe second et qui sur-
prend tout le monde.
Puis à une minute passe Henri FARMAN,
à 2 minutes JARROTT, à 3 minutes R. do
KNYFF, à 4 minutes JENATZY, qui rejoint
OWEN devant nous, puis à 6 minutes passe
de CATERS, à 7 minutes GABRIEL.
STOCKS a cassé une de ses roues.
MOERS passera quand les autres seront
au second tour ainsi que WINTON. -
Le deuxième tour
Au second tour, c'est Jenatzy qui est passé
en tête et qui mène suivi à une minute par
René de Knyff.
i A 2 minutes vient Edge qui a perdu son
avance, et dont le moteur paraît chauffer.
A 2 h. 30 passe Gabriel qui rattrape au
contraire; à 7 minutes est Henry Farman,
[illisible]
JENATZY sur Mercédès t>e chevaux, gagnant de la Coupe.
puis à 10 minutes de Caters, qui s'arrête une
seconde pour annoncer que Jarrott a brisé sa
voiture à Stradbally, mais sans mal. Enfin, à
15 minutes, Foxhall Keene.
Maintenant les temps d'intervalle sont
ceux du classement qu'on fait à mesure et
non le passage,car Edge mène toujours suivi
de de Knyff. L'équipe américaine a disparu,
l'équipe anglaise n'a plus qu'Edge, qui perd
du terrain, l'équipe française à ses trois
hommes dans les cinq premiers, l'équipe
allemande avec Jenatzy lui dispute la vic-
toire. Nous sommes à 150 kilomètres.
Le troisième tour
Au troisième tour, Jenatzy a augmenté son
avance et il a 2 m. 23 s. d'avance sur de
KnyfI.
Mais on nous télégraphie d'Athy que Je-
natzy a èté, suivant le règlement, retenu
deux minutes de plus parce qu'il était trop
près d'Edge. i
Il a donc 4 m. 23 s. d'avance sur de Knyff
second, Farman troisième à 8 m. 30, de Ca-
ters à -13 m, 7, Gabriel à 17 m. 4 s., Foxhall
Keene à 22 m., Edge à 42 m.; les Américains
sont loin.
Le quatrième tour
Au quatrième tour, Jenatzy augmente son
avance et passe avec dix minutes d'avance.
Il n'est plus que quelques minutes derrière
de Knyff, parti 14 minutes avant.
La pluie, hélas! commence^ tomber et il
est possible que désormais dans, un sens
comme dans l'autre, les résultats soient
faussés
Le quatrième tour pendant lequel tombait,
la pluie a été fait par :
Jenatzy en 5 h. 47 m. 56 s.
De Knyff en 5 h. 56 m. 33 s.
Farman en 5 h. 58 m. 30 s.
De Caters en 6 h. 4 m. 31 s.
Gabriel en 6 h. 5 m. 28 s.
Edge en 6 h. 51 m. 20 s.
Foxhall Keene abandonne à Kilcullen.
L'accident de Jarrott
Je viens d'aller voir Jarrott à StradbaUy. Il
a eu dans sa chute, l'épaule démise, mais
rien de grave heureusement. Son mécani-
cien est indemne.
Le cinquième tour
Au cinquième tour,.de Knyff a repris 1 mi-
nute à Jenatzy. Il n'ést plus qu'à 9 minutes -
par conséquent de son rival.
Le temps s'est remis au beau.
L'Arrivée
L'abandon successif des Américains et des
Anglais n'avait pas à amoindrir l'intérêt de
4a lutte qui, tout au contraire, s'était reporté
sur le combat que se livraient principale-
ment Jenatzy, champion de l'équipe alle-
mande, et de Knyff et Henri Farman, cham-
pions de l'équipe française.
Au 7e et dernier passage, celui de l'arrivée,
R. de Knyff passe premier le but, suivi à
une minute par Jenatzy qui a ainsi 10 m. 40
d'avance et doit par conséquent gagner la
course, sous réserve des calculs que nécos-
siteront les 6-4 chronométrages des pointeurs
officiels de l'épreuve. Sous bénéfice de ces
observations, on peut établir le classement j
comme suit :
1. JJSNATZY (voiture Mercédès), pneuma-
tiques Continental, en 10 h. 15 m.
2. R. DE KNYFF (Panhard et Levassor),
pneumatiques Michelin.
3. HENRI FARMAN (Panhard et Levas-
sor), pneumatiques Michelin.
4. Gabriel (Mors).
Non placés : Edge, Owen, Jarrott, Moers,
Stocks, Winton, Foxhall Keene.
**$
La Coupe Bennett revient donc pour l'an-
née 1903 à Jenatzy, représentant l'Automobile
Club d'Allemagne.
C'est la première fois que nos voisins
d'outre-Rhin sont en possession du magni-
fique objet d'art qui a été successivement en
France et en Angleterre avant d'arriver à
Berlin.
Une conséquence de la victoira de Jenatzy
est la suivante : en 1904, c'est en Allemagne
que nous irons disputer, et espérons-le, re-
chercher la Coupe.
IMPRESSIONS D'ARRIVÉE
DUBLIN, 30 juin (par lettre de notre en-
voyé spécial). — Nous voici à Dublin enfin,
après un retour des Ardennes par Aix-les-
Bains, ce qui présuppose quinze trains, deux
traversées et je ne sais combien de fiacres,
cabs, charrettes irlandaises, ascenseurs, bref,
tout le Cook de mes rèves.
On se demande encore si l'on est vivant en
arrivant et l'on a l'impression d'un réel cau-
chemar quand après s'être promené le jeudi
sur les routes du Luxembourg on se retrouve
le vendredi, le samedi sur celles de la Sa-
voie et que le mardi on excursionne au fond
de l'Irlande sur le parcours de la Coupe.
Car c'est bien au fond de l'Irlande que
nous allons courir et il serait peut-être im-
prudent de déclarer que la Coupe se dispu-
tera à Dublin. C'est en effet à 50 ou 60 ki-
lomètres au moins de la ville qu'a lieu le
départ, et le pesage se fait a mi-chemin, à
Naas à dix heures du matin.
Il faut que ces Irlandais aient l'esprit spor-
tif chevillé au corps pour aller en masse,
eomme ils vont le faire, assister à la course.
Figurez-vous en effet qu'il y a quelque chose
comme dix bons kilomètres à faire à pied de
la gare la plus proche, à travers champs, et
toutes les voitures à chevaux sont retenues
depuis quelques mois.
Vous ne vous figurez pas, du reste, ce
qu'est l'encombrement ici.
Depuis je ne sais combien de temps, il n'y
a plus une chambre disponible, fût-ce à 5
guinées, et l'on demande 7 guinées (150 fr.)
d'une chambre de cinq pieds carrés sur le
parcours de la course,
Mais quel enthousiasme ici ! Ce n'est pas
que tous les paysans irlandais aient une idée
bien nette de ce qu'est la course. Et quel-
ques-uns que nous avons interviewés sur la
Gordon Bennett Race nous ont paru croire
qu'il s'agissait d'un fameux match entre les
deux terribles champions Gordon et Ben-
nett. S'agit-il de se cogner vigoureusement
,en automobile ou bien de toute autre chose,
je,ne crois pas-qu'ils le sachent bien tous.
' .Toujours est-i¡,que,v:l'erithousiasme est litté-
ralement. effrayant.
On es:ti,ici dans le royaume du sport. Il n'y
a plus sportif au inonde qu'un policeman
irlandais, et je" ne crois^pas*qu'il y ait à re-
rdouter de contraventions pour furious- ri-
ding.
M. Fenton, avec lequel je suis venu, m'a
conté les histoires le&.plus.= drôles à ce sujet,
et lui-même est membre du Club Sportif des.
policemen de Dublin.
Nous sommes allés explorer la route. La
. vérité m'oblige à dire que c'est un chemin vi-
cinal de Normandie, avec quelques virages
tencbre plus accentués et des passages si
étroits qu'on se demande comment on pourra
;se'dôpasser. Je ne, crois pas qu'on puisse y
faire plus de 70 kilomètres à l'heure, au
maximum 80. Il y a des points fort dange-
reux et il faudra une grande prudence pour
ne pas avoir quelque versage à redouter. En
passant sur la route, on découvre au milieu
de points de vue admirables de délicieux
cottages où flottent, ici un drapeau français,
c'est le cottage des nôtres, ici un drapeau
'américain, c'est celui de Winton.
Une vieille femme, en nous voyant pas-
ser, secoue son chapeau, mais dans son en-
thousiasme le chignon vient avec lo cha-
peau et les cheveux flottent au vent.
Au Shelbourne Hôtel où nous sommes
descendus et où est le rendez-vous général,
c'est un tohu-bohu effrayant. On y parle
toutes les langues et l'on y rencontre tout le
monde. Dans la rue, toutes les cinq minutes,
il y a une explosion d'enthousiasme. Les
Irlandais sont les Méridionaux du Nord et je
termine ma lettre au milieu d'un tonnerre de
hurrahs oui éclate, je le crois bien, à propos
de rien.
Georges Prade.
NOTA. — Les ..:ifJclnsmi£sions télégraphi-
ques ont subi hier des retards invraisem-
blables.
Un télégramme mis à Ballyshannon à
midi vingt minutes, à destination de l'Auto,
ne nous est parvenu qu'à 9 h. 114 du soir.
D'autre part, le calcul des neutralisations
a été des plus longs et des plus laborieux.
L'A UTO se ferait donc un scrupule d'in-
diquer comme définitifs et complets les temps
qui lui sont parvenus.
Il est sage avant de philosopher d'attendre
a demain.
LA PELOTE BASQUE A PARIS
LES BLEUS EN DÉROUTE
Urrutia battu de 26 points. — Munita
le vrai champion. — Arrué a
très bien joué.
Il faisait vraiment chaud hier au Fronton de
Neuilly, aussi ai-je pu noter quelques vides.
La partie n'a pas tenu ce qu'elle promettait et
Urrutia, indisposé par la chaleur, n'a pas opposé
de résistance à Munita, il s'est laissé battre dl5
26 points; ses équipiers Altamira et Irrigoyen ont
bien défendu leur chance,mais n'ont pu suppléer
l'avant-gauche et Munita aidé de ses deux excel-
lents compagnons Landa et Arrl1é,dans une très
belle forme, a gagné facilement.
Au vélum parmi les aficionados remarqué :
MM. le comte Charles de Beaufort, Mmes Isam-
bard, Guenot et Mlles Guenot, MM. de Fontenaye
de Laperrière, Mme et Mlle Clément, Mme Du-
mont. Mlles Vanzini, Odette Dulac, MM. Acloque,
Lasalle,d'Arthez, Etcheverry, Haran, Aycaguer,
C. et L. Béguin, E. et R. Duhart, Bellet, Coudeu,
abbé David, comte de Laborde, Mme, Mlle et M.
Billet, Mmes Perrier et Lemoine, Mme et Mlles
Tcntuy. M. Georges Petit et Mlles Petit, Mines
de Hally, Mlle Dufau.
Un Joueur malheureux
Ce fut Urrutia, qui dès les premiers points a
eu une guigne incroyable et a fait faute sur
faute.
Urrutia, ce joueur si brillant habituellement,
n'a pas existé, à aucun moment do la partie il
, 'n'a été lui-môme.
Irigoyen a bien joué; il a un excellent service
et s'est très bien défendu contre Munita, répon-
dant parfaitement aux attaques de l'invincible
avant espagnol.
Altamira; comme toujours, a fort bien joué,
mais un peu découragé par les fautes d'Urrutia,
il n'a pas donné toute la mesure de ses puissants
moyens.
Landa
Le sympathique et si courageux arrière espa-
gnol a remporté un joli succès, c'est bien le plus
agile zaguero du Fronton de Neuilly, et hier en-
core, il n'a fait aucune faute, aussi a-t-il été très
applaudi ; c'est d'ailleurs l'un des favoris des
aticionados. - ~ j
Arrué et Munita
Notre vieux champion Arrué qui, pour une
fois, jouait dans le camp rouge, s'est particulière-
ment distingué et a tenu Urrutia en échec sur
plusieurs points à l'avant. Arrué a de très bonnes
balles de service et joue fort bien de la droite.
L'éloge de Munita n'est plus a faire, c'est le
type parfait du grand joueur, ne laissant rien au
hasard, jouant pour la victoire et non pour la
galerie. Munita est implacable, et môme avec une
grande avance, il n'en continue pas moins à écra-
ser l'adversaire,
Le Tableau
Comme on le verra par la marque des points
au tableau, ce fut un véritable handicap plutôt
qu'un match.
Quelques points
Le 12" aux Bleus après 40 reprises et un beau
duel entre Landa et Altamira.
Le 14* aux Rouges après de très jolies passes
à l'avant entre Arrué et Urrutia. Arrué a pris
l'avantage à la 14* passe.
Le 16' après un superbe service d'Irigoyen, les
deux arrières se sont empoignés et Landa a fini
le point.
Le 24* aux Bleus. Après 48 reprises Altamira a
réussi le point.
La Partie de Dimanche
Urrutia indisposé ne jouera pas et la Direction
du Fronton a. composé deux nouvelles équipes :
Equipe bleue : Altamira (avant gauche), Arrué
(avant droite), Ayestarran (arrière).
, Equipe rouge : Munita (avant gauche), Irigoyen
avant droite), Landa (arrière).
" 'g Aborda
LE TOUR DE FRANCE
La première Étape. — Les incidents de la route. — Splendide |
de Garin champion de la « Française ». — Pagie, de Tourcoing,
est second. — Abandon d'Aucouturier. — Toutes les prévi-
sions dépassées. — Un succès sans précédent.
Les arrivées. — Le classement général.
La seconde étape.
PREMIER RÉSULTAT
Voici courue la première étape du Tour
de France. Le succès a dépassé toutes
les prévisions et une fois de plus les
coureurs ont dérouté les pronostics des
plus compétents.
Personne n'eût osé croire, il y a. qua-
rante-huit heures, que des hommes li-
vrés à eux-mêmes sur la. route, sans au-
cun soin, sans personne pour s'occuper
d'eux autre part que dans les contrôles,
passant la nuit dans des pays inconnus
et difficiles, personne n'eût osé croire que
ces hommes étaient capables^de couvrir
près de 500 kilomètres en moins de
18 heures à une allure supérieure à 26 ki-
"lomètres à l'heure.
Et pourtant rien n'est plus vrai-. Ce fut
un moment de stupéfaction sup?itout le
parcours; les malins n'avaient:.:ils ;pas
prédit qu'il faudrait au moins 24 heures
aux coureurs pour se rendre-à Lyon ?
Quel beau début pour le Tour de France
et comme nous sommes heureux de voir
réussir une épreuve que nous avions ju-
gée dès le début suprêmement intéres-
: san te.
i Nous n'aurons pas assez de louanges
pour le grand vainqueur Maurice Garin.
L'énergie et les ressources musculaires
de cet homme sont véritablement inépui-
sables. Les années semblent augmenter
ses puissantes qualités et quand chacun
doute, an moment du départ, s'il pourra
refaire ce qu'il a déjà fait, Maurice Garin
nous donne chaque fois la preuve qu'il
est bien le meilleur et le plus redoutable
de tous nos grands routiers. D'une so-
briété tout à fait remarquable en course,
Garin peut rester plus de cent kilomètres
sans rien prendre, son estomac est re-
marquable et c'est par là que son plus
redoutable adversaire Aucouturier a
péri. C'est cette belle santé qui fait de
Maurice Garin une redoutable machine
de résistance et une force irrésistible.
Garin est encore admirablement se-
condé par MM. Hammond et Mouter, les
directeurs de la Société La Française,
dont il monte la marque. En voilà à qui
il ne fait pas bon dire que Garin peut
trouver son maître. Ils ont tous deux pour
lui des attentions touchantes et la vic-
toire de leur champion leur cause,comme
à tous leurs amis, une joie sans mé-
lange. t
Et puis je m'en voudrais de ne pas féli-
citer aussi de la victoire de Garin l'ami
Delattre, son manager au dévouement
inaltérable. Jamais je n'ai vu quelqu'un
prendre plus au sérieux les délicates
fonctions qui consistent à préparer un
grand champion à la victoire et à tout
préparer pour que rien ne lui manque.
Compliments donc et chaleureuses féli-
tations aux vainqueurs de la première
étape, à Maurice Garin, à ses directeurs
et à son ami Delattre.
Et maintenant à la seconde étape 1
H. DESGRANGE.
Le Classement de la 1re Etape
NOM3 DES COUREURS . PRKMIERR ÉT ÂPB
1. GrARIN 17 h. 45 m. 13 s. 1/5
sur bicyclette La Française.
9 PAGIE 17 46 8 3/5
3." GEORGET 18 20 12
: 4. AUGEREAU.... 18 48 3 2/5
5.. FISCHER 18 50 8 2/5
6. KERFF 19 28 8 3/5
7. CATTEAU. 19 o-i 10 2/5
8. PI VIN 19 35 2 1/5
9. HABETS 19 53 29 4/o
10 BEAUGENDRE. 19 53 i0 3 b
11. MULLER 20 43 . 13 1/5
12. GAUBAN 20 43 13 2/o
13. JAECK 20 43 13 2/5
14. POTHIER 20 43 13 2/5
15. LEOUATRE .... 20 43 13 2i5
16. PASQUIER 20 43 13 2/5
17. LAESER 21 48 20 2/5
18. SAMSON 2i 51 6 2/o
19. FISCHER (.To.3.). 22 8 5 1 Jo
20. SALAIS 23 42 40
21. BOROT 23 42 40
22. LECHARTIER.. 23 49 20 1/5
23. DARGASSIES... 24 2 20 1/5
24. GERBE 25 42 10 1/5
25. FÔURÏÏAUX.... 20 7 20
26. MONACHON.... 26 8 12
27. de BALADE .... 26 8 12
28. ELLINAMOUR.. 26 19 20
29. GUILLAUME... 26 46 16 3/5
30. PAYAN 26 46 14 2/5
31. PERNETTE .... 27 28 47 2/5
32. BAHHOY 27 28 47 3/5
33. MILLOCHAU... 27 37 25 1/5
34. MOULIN 28 11 10
35. B A R T H E L-
MANN 29 21 8
36. DESVAGES ..... 31 14 10 1/5
SUR LA ROUTE
Voici la suite des passages des concur-
rents aux divers contrôles.
Nevers (227 kilomètres)
(à 240 kil. de Lyon)
(De notre envoyé spécial)
Laeser 12 h. 44, Dargassies signe en chan- j
tant à 1 h. 6 du matin et repart à I"?
Gerbe passe à 1 h. 43, Lechartier 5 h, lB, 1
-repart avec Dargassies. Pernette y >■>>,
2 h. 17, Barroy 2 h. 17 repart 3 'h, il,
thelman qui ne dit pas un mot do t *
signe à 2 h. 29, Monachon 2 h. 40 <■
Balade, puis viennent Moulin et •
mann2h. 54, Desvages 3 h. 46, ( ulanno
qui était blessé au genou est repa J > <
18, Foureau trouve sa femme au cOIlt,rÚlr.t »
les jeûnas mariés s'embrassent ttndrfio-
M. Alliot, masseur à Nevers, a " » <
- ment prodigué ses soins aux cour 1
Il y a eu toute la nuit au contrôle jo m'yda
fou; à minuit le Préfet et son secret. 1, 3 0^;.
visité le contrôle; ils avaient tous» i uU-
la main. Je tiens enfin à signaler lment de toutes nos admirables se ciéu-;;,, U«i
¡:C.N.A.. le V.S.N. qui ont rempli ï. lourde tâche à la satisfaction génoVaie. - >
GAUTHIER.
(Moulins, 281 kilomètres),
(à 186 kil. de Lyon).
Cette nuit de première étape, pour von "îr
bataille au moment décisif, j'ai été me „
entre Nevers et Moulins sur une , »
! route, bordée de grands arbres, d* 1 " j peu à peu se perd dans la nuit qu. et
| ensevelit tout, et assis sur le bord v- „
; ma bicyclette couchée à mes pieds, i ai n< »
les premiers, car je crois voir souda in u-
une troupe de six ou sept concupM rs . <>
surveillant âprement. Mais voici r A. * •
cieuses, vers 1 heure du matin, je - ois - .
formes blanches glisser sur la routa «t V-J. ■
rapidement à moi, je bondis en selle et ntl
passage je m'accroche à ces deux facîut.'
— « Qui êtes vous? Garin! Monsiem" G ' . "J
répond une voix joyeuse. Pagie est
ment l'autre.
Ainsi, ce sont là les premiers.
— Que sont devenus les autres ? Or; svnt.
I | passés les Aucouturier, les Joseph Fischfif j;
Garin ne sait plus ! Il va ragouseni6 n> v ' a-
çant dans la nuit, se relayant avec 1 1
homme du Nord, ce Pagie qui se ré\ IL-
dain. Gatin me dit simplement :: et, ' 1
course sans entraîneurs ni soigneur u < ef-
froyablement dure, mais je gagera J Jo
gagnerai 1 Je gagnerai ! » Et Pagie , uit t c'i-
jours, sans mot dire. Des pavés ! Dr s
res ! Voilà Moulins.
Les deux hommes bondissent a a ta.. ■
de la foule d'où s'élance le tonnerre des ap-
plaudissements. Garin devient subikmar;"'
fou. Delattre est la qui l'attend avec des pre.
visions: poulets, oranges, eau de Vie;! 'l'
Pagie partage ce repas, tandis que Gai ;ÎS
hurle :
— Donnez-moi de l'eau fraîche 1 dunne ;-
moi à boire! donnez-moi à manger l »
C'est honteux. Et frat--mollement l\vdcu-
rable Delattre soigne son pur-sang qm
câbre, le soigne et le remet en mactd:f ':'. le
poussant dans la nuit, suivi du reste de L"t
contrôleur en chef, M. Léon Collet, qu; a ;
de Paris a motocyclette et qui reperl pants-
siéreux sans rien prendre.
Pagie suit Garin, tandis que la fer k
plaudit toujours.
Soudain, nouveau tumulte, Georgat aitui «
rable de fraîcheur tombe sur nous :
— De l'eau fraîche ! réclame-t-il. Et 14
plonge la tête dans un seau.
— Du bordeaux et des biscuits! » dôîïu
ensuite cet étonnant Georget, frais
s'il venait de partir, et déja Georget j. fui à
son tour dans la nuit.
Et toujours nous attendons Aucouturier
Les minutes passent, et ce sont Jean Fisc her
et KerfI, très frais, qui arrivent, boivet^ -î
mangant, puis repartent. Et l'aiguille d«.
mon chronomètre trotte, et le vainqueur €.2
Bordeaux-Paris ne vient pas.
Muller, Pasquier, Pothier, Catteau, tcn; ■
tombent successivement de la nuit dsr.? iu
lumière pour disparaître vite dans la .ruuï,
déjà refermée. Et enfin, juste une hxui'e,
une minute près, après le passage de sou
rival Garin, Aucouturier surgit dans son or-
dinaire maillot bleu et rouge, et le
athlète vient s'effondrer sur une chaise toi;.?
en mangeant machinalement ce que ' aas
gneurs lui présentent. Il pleure, et sas lar-
mes creusent des sillons dans la po'ûstîèi'*
qui couvre son visage:
— Jamais je n'ai été comme cela,
est bonne, les jambes sont bonnes et j3
vance pas. J'ai l'estomac détraqué. C'e-<
c'est fini ! »
J 8 le réconforte, il me serre la main v, .
che sa machine et repart. Pauvre coi - 1
a.;no, pauvre champion vaincu.
J'ai vu la bataille, la première éta.p::' >;s!
courue, mais le Tour do Franco n'est
fini !
Voici l'ordre des passages :
Garin et Pagie 1 h. 13, Georget i h,
Fischer et Kerff 1 h. 53, Muller, PaS'jlU:
Pothier, Cateau 2 h. 6, Aucouturier, Haï' r-.
Augereau, Pivin 2 h. 1.2, Beaugendrf), .L')
quatre, Jeaelt 2 h. 14.
La Palisse (332 kil. )
à 135 kilomètres de Lyon.
Garin et Pagie passent à 3 h. 7.
Abandon d'Aucouturier
(De notre envoyé spécial)
LA PALisss, 2 juillet. — Aucouturier a •
abandonné à La Palisse ; il prend le train
avec moi et prétend ne pouvoir continuer la
lutte, il a souffert de crampes d'estomac
abominables occasionnées par de mauvais
aliments. •'
J'ai suivi Garin et Pagie de la gare de Ne-
vers à La Palisse, c'est-à-dire,toute la nuit
Rien à signaler, sauf une chute de Garin.
Après Moulins, Garin ayant touché la rou
de Pagie, a le coude ouvert et une pc,,:.w;
tite blessure au genou. Je suis obligé d'aban
donner à causo d'une chute sans gravitt
occasionnée par un chien.
Georget s'est arrêté 10 minutes à La Palissa
pour boire. -
— J. COLLET.
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LA COUPE GORDON BENNETT — LE TOUR DE FRANCE
LA COUPE GORDON BENNETT
En Irlande. — Le Derby automobile. — Comment était installé le départ.
Comment on y procéda. — Les résultats tour par tonr.
L'accident de Jarrott. — Ce que deviennent les Améri-
cains. — Le sort des Anglais. — Equipe
allemande contre équipe française.
Le premier. — Le gagnant.
La voici courue pour la quatrième fois.
Le résultat, tout au moins officieux, en
est connu, puisque les temps de neutra-
lisation n'ont pas encore été revus par
les 64 chronométreurs.
Il n'est pas temps encore par consé-
quent de tirer la morale et les conclu-
sions définitives de la 4e Coupe Gordon
Bennett. Une chose cependant m',a frap-
pé : les plaintes unanimes nui se sont
élevées sur l'étroitesse de la, route. De
l'avis de tous, il n'était pas possible de
se passer sur. cette bande de macadam
étroite parfois de 5 mètres à peine.
La Coupe Gordon Bennett, qui est la
grande épreuve classique de notre sport
automobile, méritait mieux, convenons-
en, que la vilaine route qui lui fut destinée.
,Je ne veux pas évidemment en contester
le résultat brutal, mais il m'est bien per-
mis de supposer que sur un parcours
meilleur les temps d'abord eussent été
bien supérieurs et que le classement peut-
être eût été interverti.
Jarrott et Gabriel se sont heurtés, l'un
pour avoir voulu dépasser l'autre, et l'on
ne peut s'empêcher de regretter que le
; donateur et fondateur de la Coupe Gordon
. Bennett n'ait pas décidé que son trophée
international se courrait toujours dans
le pays qui pourrait offrir la plus belle
route.
Les robustes Panhard et Levassor ont-
elles pu donner tout ce dont elles étaient
capables ? J'en doute, et leurs conducteurs
ont dû avoir à se préoccuper surtout de
prendre des virages mauvais et d'atten-
dre un peu plus de largeur de route pour
pouvoir passer.
Je ne veux pas contester le résultat,
mais pourquoi nierais-je qu'il m'aurait
semblé beaucoup plus probant si la
Coupe Gordon Bennett s'était disputée
^ur une de nos larges routes nationales ?
H. Desgrange.
Le Départ
BALLTSHAUNON, 2 juillet (par câble de notre
învoyé spécial).- Voici les heures de départ
les 12 concurrents qui sont partis par un
iemps splendide :
1. EDGE (Napier) 7 h. 0 m.
2. RENE DE KNYFF (Panh.-Lom.) 7 7
3. OWEN (Winton) 7 14
4. JENATZY (Mercédès) 7 21
5. JARROTT (Napier) 7 28
6. GABRIEL (Mors) 7 35
7. MOERS (Peerless) 7 42
8. DE CATERS (Mercédès) .... 7 49
9. STOCKS (Napier) 7 56
10. H FARMAN (Panhard-Lev.). 8 3
il. WINTON (Winton) 8 10
12. FOXHALL KEENE (Merc.). 8 17
Comme nous l'avions dit, Edge est parti
sur la 100-chevaux Napier. Winton dès le
départ est resté en panne à cause de son
carburateur et n'est reparti qu'une heure
après.au moment où tout le lot avait déjà fait
une fois le petit parcours.
Au départ un monde fou, on se serait cru,
tant l'épreuve intéresse les constructeurs
français, au départ de Paris-Madrid. On ne
rencontre que des figures de connaissance,
je note :
Duc de Arion, comte de Vogué, de Massinghi
d'Anzac, Quinonès de Léon, Berteaux, Heath,
baron Thénard, Pinson, Huillier, Louis Mors,
Echalié, Lapary, Durenne, Le y s, Panhard, Santa-
Maria, LiUie, Beistegui, Léger, Henri et Emile
Girard, Salleron, de Villa-Longa, Barie, Barrot,
Gueugnier, Barbotte, Wimille, Paul Sencier,
Pierre Giffard, Darzens, Victor Breyer, Paul Ha-
melle, Doyé, Prévost, Henri Farman, Lemoine,
de Crawliez, docteur Aumont, Lucien Faure,
Beaulieu, Holtzler, Sarazin, Michelin et sa fa-
mille, Ménard-Dorian.
Il fait un temps idéal, un peu chaud pour-
tant. Les quelques milliers d'exemplaires
que vous m'avez envoyés ont été enlevés en
un clin d'œil; on a d'ailleurs beaucoup ad-
miré tous les clichés des concurrents et de
leurs engins.
Il y a là certainement plus de 2,000 voitures
de touristes, venus de partout et surtout de
l'Angleterre. Le Derby d'Epsom ne connaît
pas de cohue pareille.
Le starter est le major Lindsay et les chro-
nométreurs MM. Tampier et Phillipps.
Les contrôleurs français
Voici les noms des commissaires délégués
de l'A.C.F. avec l'indication de celui des
sept contrôles de neutralisation où ils se
trouveront :
Castledermot : MM. Pinson, Stephen Ri-
: bes, 'Labourdette, Durenne.
Carlow: MM. Garnier, Barbotte, Coutant,
VolS.
A. thy-Est : MM. Ménard-Dorian, Prévost,
Hermann Paul, Heath.
Kildare : Duc de Arion, MM. Binon, Qui-
nonès de Léon, Berteaux.
Monasterevin : MM. Gueugnier,Le Blanc.
Stradbally : MM. Lemoine, Barré, docteur
Aumont.
Athy - Ouest : MM. Sarrazin, Panhard, Gi-
i rard.
La route est absolument libre ; défense à
qui que ce soit d'y pénétrer; de 100 mètres
în 100 mètres, les soldats assurent merveil-
eusementle service d'ordre et personne autre
lu'eux et les policemen n'a paru sur la route.
La Course
iNous pensons laisser à la course toute sa
physionomie propre et son originalité en nous
contentant de publier, au fur et à mesure de leur
envoi et de leur réception, les télégrammes de
notre envoyé «oécial. Les voici :
L'Installation
Nous sommes magnifiquement installés au
milieu d'un verdoyant paysage d'Irlande,
dans une contrée où, il y a un an, les habi-
tants ne se doutaient pas qu'ils assisteraient
à un pareil spectacle.
Nous avons vu ce matin un inoubliable
lever de soleil, espérons que ce sera le soleil
d'Austerlitz pour l'industrie française.
La route est étroite mais goudronnée au
départ. Parallèlement au chemin une gigan-
tesque tribune dresse sa lourde charpente ;
elle abrite plus de 1,000 invités de tous
pays.
Lui faisant face de l'autre côté de la route,
sont placés les chronométreurs : MM. Tam-
[illisible]
R. de KNYFF
ltr tenant de l'équipe Panhard-Levassor
pier et Philipps, qui sont complètement iso-
lés. A côté d'eux se trouve placé l'appareil
de chronométrage électrique qui donne le
temps du dernier mille.
Le Premier Tour
Les concurrents avaient à couvrir le pre-
! mier tour (Petit Circuit) soit 60 kilomètres,
mais comme nous l'avons déjà dit, on les
retenait à Carlow, de façon à permettre aux
derniers concurrents de partir sans être
rejoints.
Au premier tour EDGE passe très vite et
c'est lui qui fait le meilleur temps, de quel-
ques secondes meilleur que celui de FOX-
HALL KEENE qui passe second et qui sur-
prend tout le monde.
Puis à une minute passe Henri FARMAN,
à 2 minutes JARROTT, à 3 minutes R. do
KNYFF, à 4 minutes JENATZY, qui rejoint
OWEN devant nous, puis à 6 minutes passe
de CATERS, à 7 minutes GABRIEL.
STOCKS a cassé une de ses roues.
MOERS passera quand les autres seront
au second tour ainsi que WINTON. -
Le deuxième tour
Au second tour, c'est Jenatzy qui est passé
en tête et qui mène suivi à une minute par
René de Knyff.
i A 2 minutes vient Edge qui a perdu son
avance, et dont le moteur paraît chauffer.
A 2 h. 30 passe Gabriel qui rattrape au
contraire; à 7 minutes est Henry Farman,
[illisible]
JENATZY sur Mercédès t>e chevaux, gagnant de la Coupe.
puis à 10 minutes de Caters, qui s'arrête une
seconde pour annoncer que Jarrott a brisé sa
voiture à Stradbally, mais sans mal. Enfin, à
15 minutes, Foxhall Keene.
Maintenant les temps d'intervalle sont
ceux du classement qu'on fait à mesure et
non le passage,car Edge mène toujours suivi
de de Knyff. L'équipe américaine a disparu,
l'équipe anglaise n'a plus qu'Edge, qui perd
du terrain, l'équipe française à ses trois
hommes dans les cinq premiers, l'équipe
allemande avec Jenatzy lui dispute la vic-
toire. Nous sommes à 150 kilomètres.
Le troisième tour
Au troisième tour, Jenatzy a augmenté son
avance et il a 2 m. 23 s. d'avance sur de
KnyfI.
Mais on nous télégraphie d'Athy que Je-
natzy a èté, suivant le règlement, retenu
deux minutes de plus parce qu'il était trop
près d'Edge. i
Il a donc 4 m. 23 s. d'avance sur de Knyff
second, Farman troisième à 8 m. 30, de Ca-
ters à -13 m, 7, Gabriel à 17 m. 4 s., Foxhall
Keene à 22 m., Edge à 42 m.; les Américains
sont loin.
Le quatrième tour
Au quatrième tour, Jenatzy augmente son
avance et passe avec dix minutes d'avance.
Il n'est plus que quelques minutes derrière
de Knyff, parti 14 minutes avant.
La pluie, hélas! commence^ tomber et il
est possible que désormais dans, un sens
comme dans l'autre, les résultats soient
faussés
Le quatrième tour pendant lequel tombait,
la pluie a été fait par :
Jenatzy en 5 h. 47 m. 56 s.
De Knyff en 5 h. 56 m. 33 s.
Farman en 5 h. 58 m. 30 s.
De Caters en 6 h. 4 m. 31 s.
Gabriel en 6 h. 5 m. 28 s.
Edge en 6 h. 51 m. 20 s.
Foxhall Keene abandonne à Kilcullen.
L'accident de Jarrott
Je viens d'aller voir Jarrott à StradbaUy. Il
a eu dans sa chute, l'épaule démise, mais
rien de grave heureusement. Son mécani-
cien est indemne.
Le cinquième tour
Au cinquième tour,.de Knyff a repris 1 mi-
nute à Jenatzy. Il n'ést plus qu'à 9 minutes -
par conséquent de son rival.
Le temps s'est remis au beau.
L'Arrivée
L'abandon successif des Américains et des
Anglais n'avait pas à amoindrir l'intérêt de
4a lutte qui, tout au contraire, s'était reporté
sur le combat que se livraient principale-
ment Jenatzy, champion de l'équipe alle-
mande, et de Knyff et Henri Farman, cham-
pions de l'équipe française.
Au 7e et dernier passage, celui de l'arrivée,
R. de Knyff passe premier le but, suivi à
une minute par Jenatzy qui a ainsi 10 m. 40
d'avance et doit par conséquent gagner la
course, sous réserve des calculs que nécos-
siteront les 6-4 chronométrages des pointeurs
officiels de l'épreuve. Sous bénéfice de ces
observations, on peut établir le classement j
comme suit :
1. JJSNATZY (voiture Mercédès), pneuma-
tiques Continental, en 10 h. 15 m.
2. R. DE KNYFF (Panhard et Levassor),
pneumatiques Michelin.
3. HENRI FARMAN (Panhard et Levas-
sor), pneumatiques Michelin.
4. Gabriel (Mors).
Non placés : Edge, Owen, Jarrott, Moers,
Stocks, Winton, Foxhall Keene.
**$
La Coupe Bennett revient donc pour l'an-
née 1903 à Jenatzy, représentant l'Automobile
Club d'Allemagne.
C'est la première fois que nos voisins
d'outre-Rhin sont en possession du magni-
fique objet d'art qui a été successivement en
France et en Angleterre avant d'arriver à
Berlin.
Une conséquence de la victoira de Jenatzy
est la suivante : en 1904, c'est en Allemagne
que nous irons disputer, et espérons-le, re-
chercher la Coupe.
IMPRESSIONS D'ARRIVÉE
DUBLIN, 30 juin (par lettre de notre en-
voyé spécial). — Nous voici à Dublin enfin,
après un retour des Ardennes par Aix-les-
Bains, ce qui présuppose quinze trains, deux
traversées et je ne sais combien de fiacres,
cabs, charrettes irlandaises, ascenseurs, bref,
tout le Cook de mes rèves.
On se demande encore si l'on est vivant en
arrivant et l'on a l'impression d'un réel cau-
chemar quand après s'être promené le jeudi
sur les routes du Luxembourg on se retrouve
le vendredi, le samedi sur celles de la Sa-
voie et que le mardi on excursionne au fond
de l'Irlande sur le parcours de la Coupe.
Car c'est bien au fond de l'Irlande que
nous allons courir et il serait peut-être im-
prudent de déclarer que la Coupe se dispu-
tera à Dublin. C'est en effet à 50 ou 60 ki-
lomètres au moins de la ville qu'a lieu le
départ, et le pesage se fait a mi-chemin, à
Naas à dix heures du matin.
Il faut que ces Irlandais aient l'esprit spor-
tif chevillé au corps pour aller en masse,
eomme ils vont le faire, assister à la course.
Figurez-vous en effet qu'il y a quelque chose
comme dix bons kilomètres à faire à pied de
la gare la plus proche, à travers champs, et
toutes les voitures à chevaux sont retenues
depuis quelques mois.
Vous ne vous figurez pas, du reste, ce
qu'est l'encombrement ici.
Depuis je ne sais combien de temps, il n'y
a plus une chambre disponible, fût-ce à 5
guinées, et l'on demande 7 guinées (150 fr.)
d'une chambre de cinq pieds carrés sur le
parcours de la course,
Mais quel enthousiasme ici ! Ce n'est pas
que tous les paysans irlandais aient une idée
bien nette de ce qu'est la course. Et quel-
ques-uns que nous avons interviewés sur la
Gordon Bennett Race nous ont paru croire
qu'il s'agissait d'un fameux match entre les
deux terribles champions Gordon et Ben-
nett. S'agit-il de se cogner vigoureusement
,en automobile ou bien de toute autre chose,
je,ne crois pas-qu'ils le sachent bien tous.
' .Toujours est-i¡,que,v:l'erithousiasme est litté-
ralement. effrayant.
On es:ti,ici dans le royaume du sport. Il n'y
a plus sportif au inonde qu'un policeman
irlandais, et je" ne crois^pas*qu'il y ait à re-
rdouter de contraventions pour furious- ri-
ding.
M. Fenton, avec lequel je suis venu, m'a
conté les histoires le&.plus.= drôles à ce sujet,
et lui-même est membre du Club Sportif des.
policemen de Dublin.
Nous sommes allés explorer la route. La
. vérité m'oblige à dire que c'est un chemin vi-
cinal de Normandie, avec quelques virages
tencbre plus accentués et des passages si
étroits qu'on se demande comment on pourra
;se'dôpasser. Je ne, crois pas qu'on puisse y
faire plus de 70 kilomètres à l'heure, au
maximum 80. Il y a des points fort dange-
reux et il faudra une grande prudence pour
ne pas avoir quelque versage à redouter. En
passant sur la route, on découvre au milieu
de points de vue admirables de délicieux
cottages où flottent, ici un drapeau français,
c'est le cottage des nôtres, ici un drapeau
'américain, c'est celui de Winton.
Une vieille femme, en nous voyant pas-
ser, secoue son chapeau, mais dans son en-
thousiasme le chignon vient avec lo cha-
peau et les cheveux flottent au vent.
Au Shelbourne Hôtel où nous sommes
descendus et où est le rendez-vous général,
c'est un tohu-bohu effrayant. On y parle
toutes les langues et l'on y rencontre tout le
monde. Dans la rue, toutes les cinq minutes,
il y a une explosion d'enthousiasme. Les
Irlandais sont les Méridionaux du Nord et je
termine ma lettre au milieu d'un tonnerre de
hurrahs oui éclate, je le crois bien, à propos
de rien.
Georges Prade.
NOTA. — Les ..:ifJclnsmi£sions télégraphi-
ques ont subi hier des retards invraisem-
blables.
Un télégramme mis à Ballyshannon à
midi vingt minutes, à destination de l'Auto,
ne nous est parvenu qu'à 9 h. 114 du soir.
D'autre part, le calcul des neutralisations
a été des plus longs et des plus laborieux.
L'A UTO se ferait donc un scrupule d'in-
diquer comme définitifs et complets les temps
qui lui sont parvenus.
Il est sage avant de philosopher d'attendre
a demain.
LA PELOTE BASQUE A PARIS
LES BLEUS EN DÉROUTE
Urrutia battu de 26 points. — Munita
le vrai champion. — Arrué a
très bien joué.
Il faisait vraiment chaud hier au Fronton de
Neuilly, aussi ai-je pu noter quelques vides.
La partie n'a pas tenu ce qu'elle promettait et
Urrutia, indisposé par la chaleur, n'a pas opposé
de résistance à Munita, il s'est laissé battre dl5
26 points; ses équipiers Altamira et Irrigoyen ont
bien défendu leur chance,mais n'ont pu suppléer
l'avant-gauche et Munita aidé de ses deux excel-
lents compagnons Landa et Arrl1é,dans une très
belle forme, a gagné facilement.
Au vélum parmi les aficionados remarqué :
MM. le comte Charles de Beaufort, Mmes Isam-
bard, Guenot et Mlles Guenot, MM. de Fontenaye
de Laperrière, Mme et Mlle Clément, Mme Du-
mont. Mlles Vanzini, Odette Dulac, MM. Acloque,
Lasalle,d'Arthez, Etcheverry, Haran, Aycaguer,
C. et L. Béguin, E. et R. Duhart, Bellet, Coudeu,
abbé David, comte de Laborde, Mme, Mlle et M.
Billet, Mmes Perrier et Lemoine, Mme et Mlles
Tcntuy. M. Georges Petit et Mlles Petit, Mines
de Hally, Mlle Dufau.
Un Joueur malheureux
Ce fut Urrutia, qui dès les premiers points a
eu une guigne incroyable et a fait faute sur
faute.
Urrutia, ce joueur si brillant habituellement,
n'a pas existé, à aucun moment do la partie il
, 'n'a été lui-môme.
Irigoyen a bien joué; il a un excellent service
et s'est très bien défendu contre Munita, répon-
dant parfaitement aux attaques de l'invincible
avant espagnol.
Altamira; comme toujours, a fort bien joué,
mais un peu découragé par les fautes d'Urrutia,
il n'a pas donné toute la mesure de ses puissants
moyens.
Landa
Le sympathique et si courageux arrière espa-
gnol a remporté un joli succès, c'est bien le plus
agile zaguero du Fronton de Neuilly, et hier en-
core, il n'a fait aucune faute, aussi a-t-il été très
applaudi ; c'est d'ailleurs l'un des favoris des
aticionados. - ~ j
Arrué et Munita
Notre vieux champion Arrué qui, pour une
fois, jouait dans le camp rouge, s'est particulière-
ment distingué et a tenu Urrutia en échec sur
plusieurs points à l'avant. Arrué a de très bonnes
balles de service et joue fort bien de la droite.
L'éloge de Munita n'est plus a faire, c'est le
type parfait du grand joueur, ne laissant rien au
hasard, jouant pour la victoire et non pour la
galerie. Munita est implacable, et môme avec une
grande avance, il n'en continue pas moins à écra-
ser l'adversaire,
Le Tableau
Comme on le verra par la marque des points
au tableau, ce fut un véritable handicap plutôt
qu'un match.
Quelques points
Le 12" aux Bleus après 40 reprises et un beau
duel entre Landa et Altamira.
Le 14* aux Rouges après de très jolies passes
à l'avant entre Arrué et Urrutia. Arrué a pris
l'avantage à la 14* passe.
Le 16' après un superbe service d'Irigoyen, les
deux arrières se sont empoignés et Landa a fini
le point.
Le 24* aux Bleus. Après 48 reprises Altamira a
réussi le point.
La Partie de Dimanche
Urrutia indisposé ne jouera pas et la Direction
du Fronton a. composé deux nouvelles équipes :
Equipe bleue : Altamira (avant gauche), Arrué
(avant droite), Ayestarran (arrière).
, Equipe rouge : Munita (avant gauche), Irigoyen
avant droite), Landa (arrière).
" 'g Aborda
LE TOUR DE FRANCE
La première Étape. — Les incidents de la route. — Splendide |
de Garin champion de la « Française ». — Pagie, de Tourcoing,
est second. — Abandon d'Aucouturier. — Toutes les prévi-
sions dépassées. — Un succès sans précédent.
Les arrivées. — Le classement général.
La seconde étape.
PREMIER RÉSULTAT
Voici courue la première étape du Tour
de France. Le succès a dépassé toutes
les prévisions et une fois de plus les
coureurs ont dérouté les pronostics des
plus compétents.
Personne n'eût osé croire, il y a. qua-
rante-huit heures, que des hommes li-
vrés à eux-mêmes sur la. route, sans au-
cun soin, sans personne pour s'occuper
d'eux autre part que dans les contrôles,
passant la nuit dans des pays inconnus
et difficiles, personne n'eût osé croire que
ces hommes étaient capables^de couvrir
près de 500 kilomètres en moins de
18 heures à une allure supérieure à 26 ki-
"lomètres à l'heure.
Et pourtant rien n'est plus vrai-. Ce fut
un moment de stupéfaction sup?itout le
parcours; les malins n'avaient:.:ils ;pas
prédit qu'il faudrait au moins 24 heures
aux coureurs pour se rendre-à Lyon ?
Quel beau début pour le Tour de France
et comme nous sommes heureux de voir
réussir une épreuve que nous avions ju-
gée dès le début suprêmement intéres-
: san te.
i Nous n'aurons pas assez de louanges
pour le grand vainqueur Maurice Garin.
L'énergie et les ressources musculaires
de cet homme sont véritablement inépui-
sables. Les années semblent augmenter
ses puissantes qualités et quand chacun
doute, an moment du départ, s'il pourra
refaire ce qu'il a déjà fait, Maurice Garin
nous donne chaque fois la preuve qu'il
est bien le meilleur et le plus redoutable
de tous nos grands routiers. D'une so-
briété tout à fait remarquable en course,
Garin peut rester plus de cent kilomètres
sans rien prendre, son estomac est re-
marquable et c'est par là que son plus
redoutable adversaire Aucouturier a
péri. C'est cette belle santé qui fait de
Maurice Garin une redoutable machine
de résistance et une force irrésistible.
Garin est encore admirablement se-
condé par MM. Hammond et Mouter, les
directeurs de la Société La Française,
dont il monte la marque. En voilà à qui
il ne fait pas bon dire que Garin peut
trouver son maître. Ils ont tous deux pour
lui des attentions touchantes et la vic-
toire de leur champion leur cause,comme
à tous leurs amis, une joie sans mé-
lange. t
Et puis je m'en voudrais de ne pas féli-
citer aussi de la victoire de Garin l'ami
Delattre, son manager au dévouement
inaltérable. Jamais je n'ai vu quelqu'un
prendre plus au sérieux les délicates
fonctions qui consistent à préparer un
grand champion à la victoire et à tout
préparer pour que rien ne lui manque.
Compliments donc et chaleureuses féli-
tations aux vainqueurs de la première
étape, à Maurice Garin, à ses directeurs
et à son ami Delattre.
Et maintenant à la seconde étape 1
H. DESGRANGE.
Le Classement de la 1re Etape
NOM3 DES COUREURS . PRKMIERR ÉT ÂPB
1. GrARIN 17 h. 45 m. 13 s. 1/5
sur bicyclette La Française.
9 PAGIE 17 46 8 3/5
3." GEORGET 18 20 12
: 4. AUGEREAU.... 18 48 3 2/5
5.. FISCHER 18 50 8 2/5
6. KERFF 19 28 8 3/5
7. CATTEAU. 19 o-i 10 2/5
8. PI VIN 19 35 2 1/5
9. HABETS 19 53 29 4/o
10 BEAUGENDRE. 19 53 i0 3 b
11. MULLER 20 43 . 13 1/5
12. GAUBAN 20 43 13 2/o
13. JAECK 20 43 13 2/5
14. POTHIER 20 43 13 2/5
15. LEOUATRE .... 20 43 13 2i5
16. PASQUIER 20 43 13 2/5
17. LAESER 21 48 20 2/5
18. SAMSON 2i 51 6 2/o
19. FISCHER (.To.3.). 22 8 5 1 Jo
20. SALAIS 23 42 40
21. BOROT 23 42 40
22. LECHARTIER.. 23 49 20 1/5
23. DARGASSIES... 24 2 20 1/5
24. GERBE 25 42 10 1/5
25. FÔURÏÏAUX.... 20 7 20
26. MONACHON.... 26 8 12
27. de BALADE .... 26 8 12
28. ELLINAMOUR.. 26 19 20
29. GUILLAUME... 26 46 16 3/5
30. PAYAN 26 46 14 2/5
31. PERNETTE .... 27 28 47 2/5
32. BAHHOY 27 28 47 3/5
33. MILLOCHAU... 27 37 25 1/5
34. MOULIN 28 11 10
35. B A R T H E L-
MANN 29 21 8
36. DESVAGES ..... 31 14 10 1/5
SUR LA ROUTE
Voici la suite des passages des concur-
rents aux divers contrôles.
Nevers (227 kilomètres)
(à 240 kil. de Lyon)
(De notre envoyé spécial)
Laeser 12 h. 44, Dargassies signe en chan- j
tant à 1 h. 6 du matin et repart à I"?
Gerbe passe à 1 h. 43, Lechartier 5 h, lB, 1
-repart avec Dargassies. Pernette y >■>>,
2 h. 17, Barroy 2 h. 17 repart 3 'h, il,
thelman qui ne dit pas un mot do t *
signe à 2 h. 29, Monachon 2 h. 40 <■
Balade, puis viennent Moulin et •
mann2h. 54, Desvages 3 h. 46, ( ulanno
qui était blessé au genou est repa J > <
18, Foureau trouve sa femme au cOIlt,rÚlr.t »
les jeûnas mariés s'embrassent ttndrfio-
M. Alliot, masseur à Nevers, a " » <
- ment prodigué ses soins aux cour 1
Il y a eu toute la nuit au contrôle jo m'yda
fou; à minuit le Préfet et son secret. 1, 3 0^;.
visité le contrôle; ils avaient tous» i uU-
la main. Je tiens enfin à signaler l
¡:C.N.A.. le V.S.N. qui ont rempli ï
GAUTHIER.
(Moulins, 281 kilomètres),
(à 186 kil. de Lyon).
Cette nuit de première étape, pour von "îr
bataille au moment décisif, j'ai été me „
entre Nevers et Moulins sur une , »
! route, bordée de grands arbres, d* 1 "
| ensevelit tout, et assis sur le bord v- „
; ma bicyclette couchée à mes pieds, i ai n< »
les premiers, car je crois voir souda in u-
une troupe de six ou sept concupM rs . <>
surveillant âprement. Mais voici r A. * •
cieuses, vers 1 heure du matin, je - ois - .
formes blanches glisser sur la routa «t V-J. ■
rapidement à moi, je bondis en selle et ntl
passage je m'accroche à ces deux facîut.'
— « Qui êtes vous? Garin! Monsiem" G ' . "J
répond une voix joyeuse. Pagie est
ment l'autre.
Ainsi, ce sont là les premiers.
— Que sont devenus les autres ? Or; svnt.
I | passés les Aucouturier, les Joseph Fischfif j;
Garin ne sait plus ! Il va ragouseni6 n> v ' a-
çant dans la nuit, se relayant avec 1 1
homme du Nord, ce Pagie qui se ré\ IL-
dain. Gatin me dit simplement :: et, ' 1
course sans entraîneurs ni soigneur u < ef-
froyablement dure, mais je gagera J Jo
gagnerai 1 Je gagnerai ! » Et Pagie , uit t c'i-
jours, sans mot dire. Des pavés ! Dr s
res ! Voilà Moulins.
Les deux hommes bondissent a a ta.. ■
de la foule d'où s'élance le tonnerre des ap-
plaudissements. Garin devient subikmar;"'
fou. Delattre est la qui l'attend avec des pre.
visions: poulets, oranges, eau de Vie;! 'l'
Pagie partage ce repas, tandis que Gai ;ÎS
hurle :
— Donnez-moi de l'eau fraîche 1 dunne ;-
moi à boire! donnez-moi à manger l »
C'est honteux. Et frat--mollement l\vdcu-
rable Delattre soigne son pur-sang qm
câbre, le soigne et le remet en mactd:f ':'. le
poussant dans la nuit, suivi du reste de L"t
contrôleur en chef, M. Léon Collet, qu; a ;
de Paris a motocyclette et qui reperl pants-
siéreux sans rien prendre.
Pagie suit Garin, tandis que la fer k
plaudit toujours.
Soudain, nouveau tumulte, Georgat aitui «
rable de fraîcheur tombe sur nous :
— De l'eau fraîche ! réclame-t-il. Et 14
plonge la tête dans un seau.
— Du bordeaux et des biscuits! » dôîïu
ensuite cet étonnant Georget, frais
s'il venait de partir, et déja Georget j. fui à
son tour dans la nuit.
Et toujours nous attendons Aucouturier
Les minutes passent, et ce sont Jean Fisc her
et KerfI, très frais, qui arrivent, boivet^ -î
mangant, puis repartent. Et l'aiguille d«.
mon chronomètre trotte, et le vainqueur €.2
Bordeaux-Paris ne vient pas.
Muller, Pasquier, Pothier, Catteau, tcn; ■
tombent successivement de la nuit dsr.? iu
lumière pour disparaître vite dans la .ruuï,
déjà refermée. Et enfin, juste une hxui'e,
une minute près, après le passage de sou
rival Garin, Aucouturier surgit dans son or-
dinaire maillot bleu et rouge, et le
athlète vient s'effondrer sur une chaise toi;.?
en mangeant machinalement ce que ' aas
gneurs lui présentent. Il pleure, et sas lar-
mes creusent des sillons dans la po'ûstîèi'*
qui couvre son visage:
— Jamais je n'ai été comme cela,
est bonne, les jambes sont bonnes et j3
vance pas. J'ai l'estomac détraqué. C'e-<
c'est fini ! »
J 8 le réconforte, il me serre la main v, .
che sa machine et repart. Pauvre coi - 1
a.;no, pauvre champion vaincu.
J'ai vu la bataille, la première éta.p::' >;s!
courue, mais le Tour do Franco n'est
fini !
Voici l'ordre des passages :
Garin et Pagie 1 h. 13, Georget i h,
Fischer et Kerff 1 h. 53, Muller, PaS'jlU:
Pothier, Cateau 2 h. 6, Aucouturier, Haï' r-.
Augereau, Pivin 2 h. 1.2, Beaugendrf), .L')
quatre, Jeaelt 2 h. 14.
La Palisse (332 kil. )
à 135 kilomètres de Lyon.
Garin et Pagie passent à 3 h. 7.
Abandon d'Aucouturier
(De notre envoyé spécial)
LA PALisss, 2 juillet. — Aucouturier a •
abandonné à La Palisse ; il prend le train
avec moi et prétend ne pouvoir continuer la
lutte, il a souffert de crampes d'estomac
abominables occasionnées par de mauvais
aliments. •'
J'ai suivi Garin et Pagie de la gare de Ne-
vers à La Palisse, c'est-à-dire,toute la nuit
Rien à signaler, sauf une chute de Garin.
Après Moulins, Garin ayant touché la rou
de Pagie, a le coude ouvert et une pc,,:.w;
tite blessure au genou. Je suis obligé d'aban
donner à causo d'une chute sans gravitt
occasionnée par un chien.
Georget s'est arrêté 10 minutes à La Palissa
pour boire. -
— J. COLLET.
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