Titre : L'Œuvre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Date d'édition : 1925-08-12
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429265b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 août 1925 12 août 1925
Description : 1925/08/12 (N3603). 1925/08/12 (N3603).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4613017q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-90
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
L'ŒUVRE
20 Centimes
EDITION ]E»]Ei IE»I&X:Zxtlci 1 N° 3603. - MERCREDI 12 ., AOUT 1 1Ô25,
• $ !
eNTENTE eO«OIAL.E
■— j'a i n) e b e à u c o u p 1 a rç eiy a
dit M. -ariàr)do
— Moi aussi, a répondu te roi.
9, rue Louis-le-Grand (2)
kir. télég. : ŒUVRE-PARIS 1
CMeui pe!!i
Directeur :
i GtUSTAVE TTÉLIfc'X' -
[texte illisible]
A LA TRIBUNE
TOUR D'HORIZON
Pendant la guerre, quel que fût le sec-
leur, humble périmètre de compagnie
ou panorama d'armée, on arrivait, en
cherchant quelque point élevé, à juger
l'ensemble de la situation : nos positions
et celles de l'ennemi.
Il y a un an, et même un peu plus,
le Cartel des Gauches, les élections ter-
minées et liquidée l'opération présiden-
Itielle, s'est installé au pouvoir.
« S'était JJ, car on dit qu'il n'y est déjà
^ Alors, ce serait bien sa faute : quand
on a la majorité, on la garde et on gou-
verne.
Faisons donc le point. Où en sommes-
nous ?
Politique extérieure ? Il convient d ,, at-,
tendre ce que M. Briand va nous rappor-
ter de Londres. J'ai confiance. Le projet
de pacte est bien conçu, du moins dans
J'état où je l'ai connu à Genève, en mai
dernier. S'il aboutit, ce sera une assise
solide, le point de" départ d'un ensemble
de sécurités européennes, dans le plan
général du protocole que, dans ce Mê7
me Genève, en septembre 1924, nous
avons établi avec M. Herriot et M.
Briand. Sur ce point, au moins, il y a
continuité et résultats.
Mais la politique intérieure ? Pas bril-
lant. Sur le Maroc, le groupe socialiste
s'est séparé de l'ensemble de la majorité
républicaine. Sur la question fiscale, la
majorité elle-même s'est coupée en
deux, faisant de la minorité l'arbitre de
la situation, et déjà M. Maginot accourt
au « soutien J) du gouvernement. « Mè-
re grand ! comme vous avez de grandes
jambes 1 »-
Un dissentiment, que j'espère encore
de forme et de délai, sépare la gauche de
'cette majorité de l'homme qui, par sa,
^mpétence"~- finançaère-r"1 son -^- énergie
trempée à l'épreuve du malheur, pa-,
raissait le- plus capable de nous tirer
d'affaire.
Je ne parle pas de la réforme militai-
re qui, depuis un an, n'est pas même
amorcée, ni de tant d'autres, pour les-
quelles l'électeur du li mai nous avait
fait confiance. Et il continue, car il a,
lui, la foi tenace dans cette union des
ruches qu'on est en train de lui sabo-
ter.
« Vous êtes dur ! J) Non, je suis franc.
Assez d'hypocrisies et de subtilités par
lesquelles chaque parti rejette sur l'au-
tre la responsabilité d'une désillusion
qui, heureusement, n'a encore touché
que les états-majors, mais qui pourrait
bien retourner le pays contre nous le
jour où, plus lentement, elle aura atteint
ses couches profondes.
La vérité est qu'on ne ruse pas impu-
nément avec les résultats d'un scrutin,
avec les réalités de la politique. Le pays
nous avait élus sur des listes communes,
pour une politique commune, pour un
Mivernement commun. « Cartel d'une
minute J) ? Cela se dit dans les congrès,
dans les groupes. Qu'ils se numérotent,
ceux qui l'ont dit à leurs électeurs. Aussi
hien ceux-ci ne l'ont pas cnf. Ils ont trop
bon sens.
Qui donc, au surplus, a proposé qu'on
s'en aille chacun de son côté au lende-
main de la victoire ? On a attendu un an
pour signifier le « Bonsoir, messieurs »
de feu Arthur Meyer.
Seulement, pour demeurer ensemble
tarant cette pauvre année, qui s'achève
dans une incertitude parlementaire, qui
répond si peu à la confiance répétée du
Pays, on a proposé d'un côté, on a eu le
tort d'accepter de l'autre la formule la
Plus fragile et la plus équivoque, cette
Politique de « soutien )J dont, paraît-il,
Congrès socialiste s'apprête à discuter
encore.
Au soir où elle fut adoptée, en juin
1924 — sans qu'il y ait eu bataille véri-
fie, car à quoi bon lutter pour- la par-
lClpation, puisque le gouvernement en
Ration semblait accepter par antici-
pation l'hypothèse de son refus ?— j'ai
à Varenne : « Il y en a pout six
trIOlS. M Je me suis trompé, il y en a eu
Pour dix. Encore pour la prolonger a-t-il
aUu, outre sa foi républicaine, l'inlas-
sâble patience, la loyauté, poussée jus-
qu'au scrupule, de M. Herriot, allant
^squ'à improviser, pour le maintien de
le te conception que n'avait pas prévue
la Constitution, des consultations et des
Procédures, où le Sénat trouva des pré-
tes à ne pas accepter ces mesures de
aa ut. public quand elles lui furent
w>rtées. « Dictature occulte » était un
artific.e que de polémique. Mais le vrai est
il ; le pays aime voir ceux qui dirigent
llr le devant de la scène, pour les fleurs
ou Pour les pommes cuites. A-t-il si tort?
Un gouvernement court toujours quel-
que péril à accepter une majorité dont
une fraction importante est absente de
ses conseils officiels et ne prend pas sa
part des responsabilités.
Je parle des responsabilités constitu-
tionnelles, car la responsabilité morale,
politique, que mes camarades trop pru-
dents qui ont inventé la formule ne se
fassent pas d'illusion : elle reste entière
aux yeux de l'électeur. Là encore c'est
lui qui a raison.
Et, le grave, c'est justement qu'on as-
sume la responsabilité d'événements
qu'on n'a pas eu les moyens de prévoir
à. temps, d'empêcher ou de diriger.
Le développement de la question ma-
rocaine en est bien la preuve. Le hasard
a voulu qu'Abd-el-Krim attendît pour
attaquer que le Sénat eût renversé M.
^erriot. Croyez que, trois mois plus tôt,
il se serait trouvé, au sein du groupe so-
cialiste, la même majorité pour décla-
rer qu'elle n'avait pas à se mêler d'une
aventure dont elle ne tenait pas à tirer
les fils.
Donc assez lourde et périlleuse pour
le gouvernement qui la subit, sans ga-
ranties suffisantes'pour ceux qui la prê-
tent — et dans ce mot « prêter )J n'y a-
t-il pas déjà une indication de précarité ?
— je ne crois pas que la politique de spu-
tien soulève désormais beaucoup d'en-
thousiasme de part ni d'autre.
Aussi, à moins d'un sursaut du parti
socialiste, las de remâcher ses formules
d'avant-guerre, répétées pourtant — et
pour quelles coalitions ! — par ceux-là
mêmes qui à Amsterdam les avaient
imposées à Jaurès, je le vois glisser à la
position des, années 1905 à 1914, votant
tantôt (c pour », tantôt « contre )J le mê-
me gouvernement, suivant les inspira-
tions du moment.
Quel en fut le bilan ?
Au point de yue des libertés syndica-
les ? -
Au point de vue des réformes ? Je ne
parle pas du vote des réformes, qui n'est
que du noir sur du blanc, je parle de
la réalité des réformes qui ne valent que
par la volonté du gouvernement qui les
applique et par la force de l'organisation
ouvrière sur laquelle il s'appuie.
Au point de vue de la paix ?
Oui, je eais : le parti socialiste était
moins nombreux. Oui, mais il y avait
Jaurès. Ceci doit incliner à la modestie
ceux qui espèrent quelque efficacité de
la position où ils s'apprêtent à nous re-
plier. >
Il y avait Jaurès" et, pour suppléer à
l'action insuffisante où on l'avait con-
traint, jamais plus qu'à cette période spn
génie ne se prodigua pour marquer, en
même temps que des vues d'avenir, des
solutions positives, immédiates, qui
étaient la vérité et le salut.
Qu'en a-t-on fait ?
C'est que les gouvernements, auxquels
en fin de compte aboutit toute action
politique, ne se décident que sur les élé-
ments stables, permanents de leur ma-
jorité, celle qui prend le pouvoir avec
eux, qui part avec eux et qui supporte
avec eux sa part des mauvais mon\er}ts,
des situations difficiles dont la politique
est prodigue.
Oui, je sais : on se flatte qu'une majo-
rité de concentration n'est pas possible
dans la Chambre actuelle. On le disait
aussi de la majorité blocarde, combiste
de 1902. Après Amsterdam, ce fut un
jeu d'enfant d'en trouver une autre.
— 1905 ! toujours ! Décidément, cela
vous poursuit.
Oui. excusez-moi. Mais c'est peut-être
le point d'arrivée qui me préoccupe :
1914.
V
J. Paul-Boncour.
député.
« Pendant les dernières années... »
L'Association libanaise à Paris déclare
dans un communiqué qu'elle nous envoie
que « les mouvements révolutionnaires du
Djebel-Druse, quoique reflétant l'état de
mécontentement et d'effervescence géné-
rale des populations libanaises et syrien-
nes, ne présenteraient aucun caractère de
gravité si le gouvernement mandataire,
par une politique d'apaisement moral,
plus efficace encore que la répression mi-
litaire, mettait fin à la politique équivo-
que suivie au Levant pendant les derniè-
res années, et oui a profondément déçu les
populations qui avaient demandé le man-
dat de la France ».
(( Pendant les dernières années... » Si
nous en croyons les intéressés eux-mêmes,
le mécontentement qui règne sur certains
points de la Syrie serait l'effet de fautes
commises bien avant l'arrivée là-bas du
général Sarrail. — J., P.
EN FRANCE
La grèVe des banques (26) ,
Les sinistrés et les presta-
tions en nature (2e)
A L'ÉTRANGER
La Pologne et r^nen^a^ne
échangent des l10tes sans
aménité (3e)
Un Cyclone ravage la Hol-
lande (3e)
Beau désintéressement
Commençons a être inquiets quand le
Temps a l'air de ne pas avoir tout à fait
tort. Il disait hier : « En critiquant âpre-
ment tous, ,les actes :du:;' gouvernement
« bourgeois » sans vouloir accepter la
moindre responsabilité dans la gestion
des affaires de -la République, les socia-
listes ont fini par prendre figure de po-
liticiens purs, qui, sans aucune référence
au bien public, mesurent les questions les
plus graves au seul gabarit de leurs com-
modités électorales... »
Et plus loin : « Le parti socialiste
appariait comme un sépulcre blanchi où
les plus secs des calculateurs supputent
avec âpreté et minutie les profits politi-
ques ou les inconvénients électoraux de
leurs votes contradictoires... »
Médisance ou calomnie ? Quoi qu'on
pense des décisions du parti socialiste,
ce n'est certainement pas l'intérêt électo-
ral qui les inspire.
En effet, les députés socialistes n'ont
pas été élus par les seuls électeurs sociar
listes. Le républicain d'espèce commune,
respublicanus vulgaris, a beaucoup con-
tribué par sa masse à leur assurer l'avan-
tage. En réalité,-au^scrutm du il mai
1924, il n'a pas voté pour le socialisme,
mais contre la réaction, représentée par
les gens du Bloc National, qui n'avaient
que trop fait leurs preuves. Les suffrages
des républicains sincères, mais sans éti-
quette, sont allés à des candidats dont
les déclarations marquaient un redresse-
ment et une nouvelle orientation dans le
sens démocratique. Rien de plus.
Mais, aux élections prochaines, la
question se posera d'une manière tout à
fait différente. La lutte ne s'engagera
plus entre réactionnaires et démocrates,
sans distinction de parti républicain ;
elle mettra aux prises les socialistes or-
thodoxes et les autres républicains, car
il y en a encore. Ils auront même leurs
candidats qui s'opposeront cette fois à
ceux 'des partis extrêmes. Ce que les
calculateurs socialistes doivent supputer
avec « âpreté et minutie » dans leur
« sépulcre blanchi », ce ne sont donc pas
des profits éventuels, mais des pertes
inévitables. De combien^ra diminué le
contingent indistinct de sultrages répu-
blicains réunis par le candidat socialiste
aux dernières élections ? Combien de
députés socialistes resteront sur le car-
reau si les tenants du S. F. I. O. font
bande à part et témoignent aux voix
bourgeoises le même dédain qu'au gou-
vernement bourgeois ? _
C'est donc à cette heure sur une sorte
de harakiri ou tout au moins d'autoam-
putation prévue et voulue, que méditent
les augures du parti. Ce n'est pas, de
toute évidence, l'intérêt électoral qui les
guide et les anime ; si c'était l'intérêt
électoral, ils se garderaient bien d'éta-
ler avec tant d'insistance et d'ostenta-
tion une intransigeance, qui reste d'ail-
leurs purement théorique. Mais l'a. doc-
trine avant tout ! Elle leur coûtera peut-
être la moitié de leurs sièges à la Cham-
bre. Qu'importe ! Ceux qui survivront à
cette épreuve seront vraiment des politi-
ciens d'autant plus purs qu'ils seront
plus rares. Mais l'ironie du Temps
tombe à faux, car la politique socialiste
consiste à faire litière de ses intérêts
électoraux les plus évidents. Ce n'est pas
assez fréquent pour qu'on oublie de l'en
féliciter.,
Toute la question est seulement de
savoir si ça durera longtemps encore,
iusqu'aux * prochaines élections, par
exemple.
Gustave Téry
Voir en quatrième pczge :
L.-.OEuvmr. FÉMININE " 1
-
LES ENTRETIENS DE LONDRES
M. Briand va faire approuver le texte
de la réponse alliée à la note allemande
Il a été reçu hier par le roi et espère rentrer jeudi à Paris
(De notre envoyé spécial)
Londres, 11 août. —A midi, M. Briand,
en haut-de-forme merveilleusement lustré,
sortait du Palais de Buckingham. Le roi,
rentré hier de Cow^s, avait, avant de
partir pour Balmoral, souhaité, comme di-
sent les journaux anglais, voir le « fa-
meux homme d'Etat ».
M. Briand, qui a décidé de sourire, mais
de parler peu, nous résume ainsi sa con-
versation avec Sa Majesté britannique :
— Nous aimons tous deux beaucoup la
mer. Nous avons parlé régates.
Bon ! La minute d'après, il se rend au
Foreign Office. Dépistant photographes et
curieux, il entre par un escalier sombre
et conduisant chez M. Austen Chamber-
lain, où ses collaborateurs, MM. Philippe
M. AUSTEN CHAMBERLAIN ï
vu par Cabrol .
Berthelot, Léger et Fromageot, le rejoi-
gnent.
Une heure et demie de conversation. Dé-
jeuner à l'ambassade de France, où vient
l'ambassadeur dles Etats-Unis. Retour au
Foreign Office, où il passe l'après-midi.
Dîner auquel M. Chamberlain a prié les
ambassadeurs de Belgique, d'Italie et des
Etats-Unis. •
Après tant d'entretiens, nous lui deman-
dons où nous en sommes. M. Briand sou-
rit toujours et se borne à dire :
— Je pense terminer demain et repartir
jeudi. Je suis venu surtout pour éviter des
pertes de temps. Notre première réponse à
l'Allemagne a amené une nouvelle note du
Reich qui demande à son tour réponse.
Notre texte arrêté, je le communiquerai à
nos alliés anglais comme je le fis en juin.
Leur adhésion donnée et la note soumise
à nos autres alliés, celle-ci partira pour
Berlin. Nous verrons alors l'accueil que
lui fera l'Allemagne. Nous verrons si, nos
bases de négociations étant acceptées, il u
a lieu, soit par Ventremise d'un mnbassa-
deur, soit dans une conférence, d'aborder
la phase décisive et de rechercher com-
ment on peut conclure.
Vous n'en tirerez rien de :plÙs. D'ailleurs
le silence s'impose à notre ministre des af-
fairs étrangères. Comment divulguerait-on
aujourd'hui une note qui doit être portée
à la connaissance de la Belgique et' de
l'Italie avant d'être envoyée à, Berlin ?
N'essayons donc pas de ravir inutile-
ment la primeur de ce texte. Bornons-
nous à noter quelques tendances très ap-
parentes et très générales de la politique
britannique. Elles n'empêcheront pas l'ac-
cord de demain, mais elles influenceront
certainement, le moment venu, les négo-
ciations d'u pacte 1-ui-même.
Le cabinet britannique ne revient certes
pas sur l'agréement qu'il a donné à nos
thèses le 8 juin, et que la lettre de M.
Chamberlain apporta à M. Briand. Mais
il se préoccupe, semble-t-il, davantage de
conclusions pratiques que nous en pour-
rions tirer. Est-ce pression de l'opinion pu-
bt1que ? Les journaux qui sur ce point at-
taquent M. Chamberlain se soucient pour-
tant moins du parti lui-même que d'un
échec au cabinet conservateur.
Cependant, on semble avoir découvert,
à Londres, ces temps-ci, que ce serait une
politique dangereuse de laisser la France
se faire juge et partie dans les conflits qui
pourraient survenir entre la Pologne ou
la Tchécoslovaquie et l'Allemagne. On
nous dit volontiers :
(( Si vous lancez vos troupes au secoure
de la Pologne dans la zone rhénane démi-
litarisée, sur la seule déclaration que 1 Al-
lemagne aurait 'attaqué votre alliée, vous
voilà en état de guerre avec l'Allemagne.
Et nous, signataires du pacte occidental,
serons-nous donc obligés de faire la guer-
re à l'Allemagne si elle veut barrer la
route ?» .
A coup sûr, les Anglais ne veulent pas
cela. Ils répugnent aussi, d'une manière
extrême, et pour les clauses occidentales
elles-mêmes, à tout jeu automatique du
pacte, à tout déclenchement mécanique de
sanctions, qui ne leur laisseraient pas le
droit d'apprécier la qualité du. conflit et
de le faire apprécier.
Le vrai problème serait donc d'assu-
rer un arbitrage sûr et prompt.
Mais si, en traduisant ces sentiments
qui sont fort vifs, nous anticipons déjà,
nous n'en sommes pas à l'examen du pac-
te. Si M. Fromageot et sir Cecil Hurst
comparent les textes, comme leur rôle de
jurisconsultes le veut, pas plus. que la
Grande-Bretagne, la France n'entend met-
tre l'Allemagne devant un projet de papo-
te de garantie eue celle-ci n'aurait qu'à si-
gner et repousser toute discussion autre
que de forme. Elle n'oublie pas que c'est
le Reich qui a pris l'initiative des conver-
sations actuelles sur la sécurité. Pour
l'heure, il ne s'agit que de répondre au
dernier mémorandum allemand. Et là-des-
sus, dès demain sans doute, l'accord
Briand-Chamberlain sera réalisé.
La réunion du cabinet britannique, qui
a lieu jeudi, lui donnera toute sa port.'iie
pratique. La lettre française partira aus-
sitôt. A nouvelle note, nouvelle réponse.
Et cette fois, il faudra bien que l'Allema-
gne dise clairement si elle se range à nos
principes et qu'elle fasse connaître sàns
tarder si elle est décidée à entrer, sous les
conditions communes et sans dérogation
aucune, à la Société des Nations, comme
de nouveau la France, encouragée par l'a
Grande-Bretagne, va l'y inviter. 1
Henry Barde.
LE TOUR DE L'EUROPE EN AVION
Arrachart et Carol
ont atterri à Moscou
Le sous-secrétariat de l'aéronautique
nous communique la dépêche suivante :
Stamboul, 10 août. — Arrivé 18 heurts
Constantinople après deux heures arrêt
Belgrade. — Signé : ARRACHART.
D'autre part, un radiotélégramme reçu
au Bourget annonce que les aviateurs Ar-
rachart et Carol ont quitté Constantinople
hier matin, à 3 h. 10, ont atterri à Buca-
rest après 2 h. 30 de vol et son repartis-
trois heures plus tard pour Moscou.
Enfin, à minuit, le sous-secrétariat do
l'aéronautique recevait cet émouvant télé-
gramme :
Nous sommes arrivés à Moscou après
8 h. 15 de vol. Nous avons été chaleureuse-
ment reçus. Tout va bien. Signé : ARRA-
CHART.
Vauville-Paris en avionnette
Le pilote Vanlaere gagne l'épreuve
Le pilote Vanlaere, qui avait pris le dé.
part hier matin à dix heures, de Vauvillej
est arrivé au Bourget à 19 h. 10. C'est le
seul concurrent arrivé dans les délais vou-
lus et il gagne ainsi l'épreuve.
APRÈS LA CATASTROPHE D'HARDELOT
Une émouvante
cérémonie funèbre
Treize petits cercueils sont
partis pour Wattrelos
(De notre envoyé spécial)
Boulogne-sur-Mer, 11 août. — C'est, au
milieu des dunes d'Hardelot, une chapelle
coquette comme une villa et petite comme
ces échantillons de monuments qu'on voit
aux Arts Décoratifs.
On a l'impression, aujourd'hui, qu'elle
est trop étroite pour la douleur qu'elle
contient. En effet, on y a rassemblé les
treize corps des malheureuses petites vic-
times de la catastrophe. On a serré les
cercueils les uns contre les autres, pour
qu'ils puissent tous tenir. Et une draperie
blanche les recouvre tous, comme un
même flot les emporta.
Depuis le matin, une petite cloche .-'ma-i-
gre, comme celle qui, le mois dernier, de-
vait encore appeler les pauvres enfants a
la classe, lance, monotone, son gias mala-
droit, une petite cloche qui n'a pas l'ha-
bitude de la douleur.
A 9 heures, toute la population d'Harde-
lot était massée devant la porte de la cha-
pelle. Pouvait-on songer.à y entrer'? Seuls
avaient pris place, à l'intérieur, avec le
clergé, M. Peytral, préfet du Pas-de-Ca-
lais, M. Moreau, sous-préfet de Boulogne',
M. François-Marsal, ancien ministre, qui
possède une villa à Hardeiot, les maires
20 Centimes
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eNTENTE eO«OIAL.E
■— j'a i n) e b e à u c o u p 1 a rç eiy a
dit M. -ariàr)do
— Moi aussi, a répondu te roi.
9, rue Louis-le-Grand (2)
kir. télég. : ŒUVRE-PARIS 1
CMeui pe!!i
Directeur :
i GtUSTAVE TTÉLIfc'X' -
[texte illisible]
A LA TRIBUNE
TOUR D'HORIZON
Pendant la guerre, quel que fût le sec-
leur, humble périmètre de compagnie
ou panorama d'armée, on arrivait, en
cherchant quelque point élevé, à juger
l'ensemble de la situation : nos positions
et celles de l'ennemi.
Il y a un an, et même un peu plus,
le Cartel des Gauches, les élections ter-
minées et liquidée l'opération présiden-
Itielle, s'est installé au pouvoir.
« S'était JJ, car on dit qu'il n'y est déjà
^ Alors, ce serait bien sa faute : quand
on a la majorité, on la garde et on gou-
verne.
Faisons donc le point. Où en sommes-
nous ?
Politique extérieure ? Il convient d ,, at-,
tendre ce que M. Briand va nous rappor-
ter de Londres. J'ai confiance. Le projet
de pacte est bien conçu, du moins dans
J'état où je l'ai connu à Genève, en mai
dernier. S'il aboutit, ce sera une assise
solide, le point de" départ d'un ensemble
de sécurités européennes, dans le plan
général du protocole que, dans ce Mê7
me Genève, en septembre 1924, nous
avons établi avec M. Herriot et M.
Briand. Sur ce point, au moins, il y a
continuité et résultats.
Mais la politique intérieure ? Pas bril-
lant. Sur le Maroc, le groupe socialiste
s'est séparé de l'ensemble de la majorité
républicaine. Sur la question fiscale, la
majorité elle-même s'est coupée en
deux, faisant de la minorité l'arbitre de
la situation, et déjà M. Maginot accourt
au « soutien J) du gouvernement. « Mè-
re grand ! comme vous avez de grandes
jambes 1 »-
Un dissentiment, que j'espère encore
de forme et de délai, sépare la gauche de
'cette majorité de l'homme qui, par sa,
^mpétence"~- finançaère-r"1 son -^- énergie
trempée à l'épreuve du malheur, pa-,
raissait le- plus capable de nous tirer
d'affaire.
Je ne parle pas de la réforme militai-
re qui, depuis un an, n'est pas même
amorcée, ni de tant d'autres, pour les-
quelles l'électeur du li mai nous avait
fait confiance. Et il continue, car il a,
lui, la foi tenace dans cette union des
ruches qu'on est en train de lui sabo-
ter.
« Vous êtes dur ! J) Non, je suis franc.
Assez d'hypocrisies et de subtilités par
lesquelles chaque parti rejette sur l'au-
tre la responsabilité d'une désillusion
qui, heureusement, n'a encore touché
que les états-majors, mais qui pourrait
bien retourner le pays contre nous le
jour où, plus lentement, elle aura atteint
ses couches profondes.
La vérité est qu'on ne ruse pas impu-
nément avec les résultats d'un scrutin,
avec les réalités de la politique. Le pays
nous avait élus sur des listes communes,
pour une politique commune, pour un
Mivernement commun. « Cartel d'une
minute J) ? Cela se dit dans les congrès,
dans les groupes. Qu'ils se numérotent,
ceux qui l'ont dit à leurs électeurs. Aussi
hien ceux-ci ne l'ont pas cnf. Ils ont trop
bon sens.
Qui donc, au surplus, a proposé qu'on
s'en aille chacun de son côté au lende-
main de la victoire ? On a attendu un an
pour signifier le « Bonsoir, messieurs »
de feu Arthur Meyer.
Seulement, pour demeurer ensemble
tarant cette pauvre année, qui s'achève
dans une incertitude parlementaire, qui
répond si peu à la confiance répétée du
Pays, on a proposé d'un côté, on a eu le
tort d'accepter de l'autre la formule la
Plus fragile et la plus équivoque, cette
Politique de « soutien )J dont, paraît-il,
Congrès socialiste s'apprête à discuter
encore.
Au soir où elle fut adoptée, en juin
1924 — sans qu'il y ait eu bataille véri-
fie, car à quoi bon lutter pour- la par-
lClpation, puisque le gouvernement en
Ration semblait accepter par antici-
pation l'hypothèse de son refus ?— j'ai
à Varenne : « Il y en a pout six
trIOlS. M Je me suis trompé, il y en a eu
Pour dix. Encore pour la prolonger a-t-il
aUu, outre sa foi républicaine, l'inlas-
sâble patience, la loyauté, poussée jus-
qu'au scrupule, de M. Herriot, allant
^squ'à improviser, pour le maintien de
le te conception que n'avait pas prévue
la Constitution, des consultations et des
Procédures, où le Sénat trouva des pré-
tes à ne pas accepter ces mesures de
aa ut. public quand elles lui furent
w>rtées. « Dictature occulte » était un
artific.e que de polémique. Mais le vrai est
il ; le pays aime voir ceux qui dirigent
llr le devant de la scène, pour les fleurs
ou Pour les pommes cuites. A-t-il si tort?
Un gouvernement court toujours quel-
que péril à accepter une majorité dont
une fraction importante est absente de
ses conseils officiels et ne prend pas sa
part des responsabilités.
Je parle des responsabilités constitu-
tionnelles, car la responsabilité morale,
politique, que mes camarades trop pru-
dents qui ont inventé la formule ne se
fassent pas d'illusion : elle reste entière
aux yeux de l'électeur. Là encore c'est
lui qui a raison.
Et, le grave, c'est justement qu'on as-
sume la responsabilité d'événements
qu'on n'a pas eu les moyens de prévoir
à. temps, d'empêcher ou de diriger.
Le développement de la question ma-
rocaine en est bien la preuve. Le hasard
a voulu qu'Abd-el-Krim attendît pour
attaquer que le Sénat eût renversé M.
^erriot. Croyez que, trois mois plus tôt,
il se serait trouvé, au sein du groupe so-
cialiste, la même majorité pour décla-
rer qu'elle n'avait pas à se mêler d'une
aventure dont elle ne tenait pas à tirer
les fils.
Donc assez lourde et périlleuse pour
le gouvernement qui la subit, sans ga-
ranties suffisantes'pour ceux qui la prê-
tent — et dans ce mot « prêter )J n'y a-
t-il pas déjà une indication de précarité ?
— je ne crois pas que la politique de spu-
tien soulève désormais beaucoup d'en-
thousiasme de part ni d'autre.
Aussi, à moins d'un sursaut du parti
socialiste, las de remâcher ses formules
d'avant-guerre, répétées pourtant — et
pour quelles coalitions ! — par ceux-là
mêmes qui à Amsterdam les avaient
imposées à Jaurès, je le vois glisser à la
position des, années 1905 à 1914, votant
tantôt (c pour », tantôt « contre )J le mê-
me gouvernement, suivant les inspira-
tions du moment.
Quel en fut le bilan ?
Au point de yue des libertés syndica-
les ? -
Au point de vue des réformes ? Je ne
parle pas du vote des réformes, qui n'est
que du noir sur du blanc, je parle de
la réalité des réformes qui ne valent que
par la volonté du gouvernement qui les
applique et par la force de l'organisation
ouvrière sur laquelle il s'appuie.
Au point de vue de la paix ?
Oui, je eais : le parti socialiste était
moins nombreux. Oui, mais il y avait
Jaurès. Ceci doit incliner à la modestie
ceux qui espèrent quelque efficacité de
la position où ils s'apprêtent à nous re-
plier. >
Il y avait Jaurès" et, pour suppléer à
l'action insuffisante où on l'avait con-
traint, jamais plus qu'à cette période spn
génie ne se prodigua pour marquer, en
même temps que des vues d'avenir, des
solutions positives, immédiates, qui
étaient la vérité et le salut.
Qu'en a-t-on fait ?
C'est que les gouvernements, auxquels
en fin de compte aboutit toute action
politique, ne se décident que sur les élé-
ments stables, permanents de leur ma-
jorité, celle qui prend le pouvoir avec
eux, qui part avec eux et qui supporte
avec eux sa part des mauvais mon\er}ts,
des situations difficiles dont la politique
est prodigue.
Oui, je sais : on se flatte qu'une majo-
rité de concentration n'est pas possible
dans la Chambre actuelle. On le disait
aussi de la majorité blocarde, combiste
de 1902. Après Amsterdam, ce fut un
jeu d'enfant d'en trouver une autre.
— 1905 ! toujours ! Décidément, cela
vous poursuit.
Oui. excusez-moi. Mais c'est peut-être
le point d'arrivée qui me préoccupe :
1914.
V
J. Paul-Boncour.
député.
« Pendant les dernières années... »
L'Association libanaise à Paris déclare
dans un communiqué qu'elle nous envoie
que « les mouvements révolutionnaires du
Djebel-Druse, quoique reflétant l'état de
mécontentement et d'effervescence géné-
rale des populations libanaises et syrien-
nes, ne présenteraient aucun caractère de
gravité si le gouvernement mandataire,
par une politique d'apaisement moral,
plus efficace encore que la répression mi-
litaire, mettait fin à la politique équivo-
que suivie au Levant pendant les derniè-
res années, et oui a profondément déçu les
populations qui avaient demandé le man-
dat de la France ».
(( Pendant les dernières années... » Si
nous en croyons les intéressés eux-mêmes,
le mécontentement qui règne sur certains
points de la Syrie serait l'effet de fautes
commises bien avant l'arrivée là-bas du
général Sarrail. — J., P.
EN FRANCE
La grèVe des banques (26) ,
Les sinistrés et les presta-
tions en nature (2e)
A L'ÉTRANGER
La Pologne et r^nen^a^ne
échangent des l10tes sans
aménité (3e)
Un Cyclone ravage la Hol-
lande (3e)
Beau désintéressement
Commençons a être inquiets quand le
Temps a l'air de ne pas avoir tout à fait
tort. Il disait hier : « En critiquant âpre-
ment tous, ,les actes :du:;' gouvernement
« bourgeois » sans vouloir accepter la
moindre responsabilité dans la gestion
des affaires de -la République, les socia-
listes ont fini par prendre figure de po-
liticiens purs, qui, sans aucune référence
au bien public, mesurent les questions les
plus graves au seul gabarit de leurs com-
modités électorales... »
Et plus loin : « Le parti socialiste
appariait comme un sépulcre blanchi où
les plus secs des calculateurs supputent
avec âpreté et minutie les profits politi-
ques ou les inconvénients électoraux de
leurs votes contradictoires... »
Médisance ou calomnie ? Quoi qu'on
pense des décisions du parti socialiste,
ce n'est certainement pas l'intérêt électo-
ral qui les inspire.
En effet, les députés socialistes n'ont
pas été élus par les seuls électeurs sociar
listes. Le républicain d'espèce commune,
respublicanus vulgaris, a beaucoup con-
tribué par sa masse à leur assurer l'avan-
tage. En réalité,-au^scrutm du il mai
1924, il n'a pas voté pour le socialisme,
mais contre la réaction, représentée par
les gens du Bloc National, qui n'avaient
que trop fait leurs preuves. Les suffrages
des républicains sincères, mais sans éti-
quette, sont allés à des candidats dont
les déclarations marquaient un redresse-
ment et une nouvelle orientation dans le
sens démocratique. Rien de plus.
Mais, aux élections prochaines, la
question se posera d'une manière tout à
fait différente. La lutte ne s'engagera
plus entre réactionnaires et démocrates,
sans distinction de parti républicain ;
elle mettra aux prises les socialistes or-
thodoxes et les autres républicains, car
il y en a encore. Ils auront même leurs
candidats qui s'opposeront cette fois à
ceux 'des partis extrêmes. Ce que les
calculateurs socialistes doivent supputer
avec « âpreté et minutie » dans leur
« sépulcre blanchi », ce ne sont donc pas
des profits éventuels, mais des pertes
inévitables. De combien^ra diminué le
contingent indistinct de sultrages répu-
blicains réunis par le candidat socialiste
aux dernières élections ? Combien de
députés socialistes resteront sur le car-
reau si les tenants du S. F. I. O. font
bande à part et témoignent aux voix
bourgeoises le même dédain qu'au gou-
vernement bourgeois ? _
C'est donc à cette heure sur une sorte
de harakiri ou tout au moins d'autoam-
putation prévue et voulue, que méditent
les augures du parti. Ce n'est pas, de
toute évidence, l'intérêt électoral qui les
guide et les anime ; si c'était l'intérêt
électoral, ils se garderaient bien d'éta-
ler avec tant d'insistance et d'ostenta-
tion une intransigeance, qui reste d'ail-
leurs purement théorique. Mais l'a. doc-
trine avant tout ! Elle leur coûtera peut-
être la moitié de leurs sièges à la Cham-
bre. Qu'importe ! Ceux qui survivront à
cette épreuve seront vraiment des politi-
ciens d'autant plus purs qu'ils seront
plus rares. Mais l'ironie du Temps
tombe à faux, car la politique socialiste
consiste à faire litière de ses intérêts
électoraux les plus évidents. Ce n'est pas
assez fréquent pour qu'on oublie de l'en
féliciter.,
Toute la question est seulement de
savoir si ça durera longtemps encore,
iusqu'aux * prochaines élections, par
exemple.
Gustave Téry
Voir en quatrième pczge :
L.-.OEuvmr. FÉMININE " 1
-
LES ENTRETIENS DE LONDRES
M. Briand va faire approuver le texte
de la réponse alliée à la note allemande
Il a été reçu hier par le roi et espère rentrer jeudi à Paris
(De notre envoyé spécial)
Londres, 11 août. —A midi, M. Briand,
en haut-de-forme merveilleusement lustré,
sortait du Palais de Buckingham. Le roi,
rentré hier de Cow^s, avait, avant de
partir pour Balmoral, souhaité, comme di-
sent les journaux anglais, voir le « fa-
meux homme d'Etat ».
M. Briand, qui a décidé de sourire, mais
de parler peu, nous résume ainsi sa con-
versation avec Sa Majesté britannique :
— Nous aimons tous deux beaucoup la
mer. Nous avons parlé régates.
Bon ! La minute d'après, il se rend au
Foreign Office. Dépistant photographes et
curieux, il entre par un escalier sombre
et conduisant chez M. Austen Chamber-
lain, où ses collaborateurs, MM. Philippe
M. AUSTEN CHAMBERLAIN ï
vu par Cabrol .
Berthelot, Léger et Fromageot, le rejoi-
gnent.
Une heure et demie de conversation. Dé-
jeuner à l'ambassade de France, où vient
l'ambassadeur dles Etats-Unis. Retour au
Foreign Office, où il passe l'après-midi.
Dîner auquel M. Chamberlain a prié les
ambassadeurs de Belgique, d'Italie et des
Etats-Unis. •
Après tant d'entretiens, nous lui deman-
dons où nous en sommes. M. Briand sou-
rit toujours et se borne à dire :
— Je pense terminer demain et repartir
jeudi. Je suis venu surtout pour éviter des
pertes de temps. Notre première réponse à
l'Allemagne a amené une nouvelle note du
Reich qui demande à son tour réponse.
Notre texte arrêté, je le communiquerai à
nos alliés anglais comme je le fis en juin.
Leur adhésion donnée et la note soumise
à nos autres alliés, celle-ci partira pour
Berlin. Nous verrons alors l'accueil que
lui fera l'Allemagne. Nous verrons si, nos
bases de négociations étant acceptées, il u
a lieu, soit par Ventremise d'un mnbassa-
deur, soit dans une conférence, d'aborder
la phase décisive et de rechercher com-
ment on peut conclure.
Vous n'en tirerez rien de :plÙs. D'ailleurs
le silence s'impose à notre ministre des af-
fairs étrangères. Comment divulguerait-on
aujourd'hui une note qui doit être portée
à la connaissance de la Belgique et' de
l'Italie avant d'être envoyée à, Berlin ?
N'essayons donc pas de ravir inutile-
ment la primeur de ce texte. Bornons-
nous à noter quelques tendances très ap-
parentes et très générales de la politique
britannique. Elles n'empêcheront pas l'ac-
cord de demain, mais elles influenceront
certainement, le moment venu, les négo-
ciations d'u pacte 1-ui-même.
Le cabinet britannique ne revient certes
pas sur l'agréement qu'il a donné à nos
thèses le 8 juin, et que la lettre de M.
Chamberlain apporta à M. Briand. Mais
il se préoccupe, semble-t-il, davantage de
conclusions pratiques que nous en pour-
rions tirer. Est-ce pression de l'opinion pu-
bt1que ? Les journaux qui sur ce point at-
taquent M. Chamberlain se soucient pour-
tant moins du parti lui-même que d'un
échec au cabinet conservateur.
Cependant, on semble avoir découvert,
à Londres, ces temps-ci, que ce serait une
politique dangereuse de laisser la France
se faire juge et partie dans les conflits qui
pourraient survenir entre la Pologne ou
la Tchécoslovaquie et l'Allemagne. On
nous dit volontiers :
(( Si vous lancez vos troupes au secoure
de la Pologne dans la zone rhénane démi-
litarisée, sur la seule déclaration que 1 Al-
lemagne aurait 'attaqué votre alliée, vous
voilà en état de guerre avec l'Allemagne.
Et nous, signataires du pacte occidental,
serons-nous donc obligés de faire la guer-
re à l'Allemagne si elle veut barrer la
route ?» .
A coup sûr, les Anglais ne veulent pas
cela. Ils répugnent aussi, d'une manière
extrême, et pour les clauses occidentales
elles-mêmes, à tout jeu automatique du
pacte, à tout déclenchement mécanique de
sanctions, qui ne leur laisseraient pas le
droit d'apprécier la qualité du. conflit et
de le faire apprécier.
Le vrai problème serait donc d'assu-
rer un arbitrage sûr et prompt.
Mais si, en traduisant ces sentiments
qui sont fort vifs, nous anticipons déjà,
nous n'en sommes pas à l'examen du pac-
te. Si M. Fromageot et sir Cecil Hurst
comparent les textes, comme leur rôle de
jurisconsultes le veut, pas plus. que la
Grande-Bretagne, la France n'entend met-
tre l'Allemagne devant un projet de papo-
te de garantie eue celle-ci n'aurait qu'à si-
gner et repousser toute discussion autre
que de forme. Elle n'oublie pas que c'est
le Reich qui a pris l'initiative des conver-
sations actuelles sur la sécurité. Pour
l'heure, il ne s'agit que de répondre au
dernier mémorandum allemand. Et là-des-
sus, dès demain sans doute, l'accord
Briand-Chamberlain sera réalisé.
La réunion du cabinet britannique, qui
a lieu jeudi, lui donnera toute sa port.'iie
pratique. La lettre française partira aus-
sitôt. A nouvelle note, nouvelle réponse.
Et cette fois, il faudra bien que l'Allema-
gne dise clairement si elle se range à nos
principes et qu'elle fasse connaître sàns
tarder si elle est décidée à entrer, sous les
conditions communes et sans dérogation
aucune, à la Société des Nations, comme
de nouveau la France, encouragée par l'a
Grande-Bretagne, va l'y inviter. 1
Henry Barde.
LE TOUR DE L'EUROPE EN AVION
Arrachart et Carol
ont atterri à Moscou
Le sous-secrétariat de l'aéronautique
nous communique la dépêche suivante :
Stamboul, 10 août. — Arrivé 18 heurts
Constantinople après deux heures arrêt
Belgrade. — Signé : ARRACHART.
D'autre part, un radiotélégramme reçu
au Bourget annonce que les aviateurs Ar-
rachart et Carol ont quitté Constantinople
hier matin, à 3 h. 10, ont atterri à Buca-
rest après 2 h. 30 de vol et son repartis-
trois heures plus tard pour Moscou.
Enfin, à minuit, le sous-secrétariat do
l'aéronautique recevait cet émouvant télé-
gramme :
Nous sommes arrivés à Moscou après
8 h. 15 de vol. Nous avons été chaleureuse-
ment reçus. Tout va bien. Signé : ARRA-
CHART.
Vauville-Paris en avionnette
Le pilote Vanlaere gagne l'épreuve
Le pilote Vanlaere, qui avait pris le dé.
part hier matin à dix heures, de Vauvillej
est arrivé au Bourget à 19 h. 10. C'est le
seul concurrent arrivé dans les délais vou-
lus et il gagne ainsi l'épreuve.
APRÈS LA CATASTROPHE D'HARDELOT
Une émouvante
cérémonie funèbre
Treize petits cercueils sont
partis pour Wattrelos
(De notre envoyé spécial)
Boulogne-sur-Mer, 11 août. — C'est, au
milieu des dunes d'Hardelot, une chapelle
coquette comme une villa et petite comme
ces échantillons de monuments qu'on voit
aux Arts Décoratifs.
On a l'impression, aujourd'hui, qu'elle
est trop étroite pour la douleur qu'elle
contient. En effet, on y a rassemblé les
treize corps des malheureuses petites vic-
times de la catastrophe. On a serré les
cercueils les uns contre les autres, pour
qu'ils puissent tous tenir. Et une draperie
blanche les recouvre tous, comme un
même flot les emporta.
Depuis le matin, une petite cloche .-'ma-i-
gre, comme celle qui, le mois dernier, de-
vait encore appeler les pauvres enfants a
la classe, lance, monotone, son gias mala-
droit, une petite cloche qui n'a pas l'ha-
bitude de la douleur.
A 9 heures, toute la population d'Harde-
lot était massée devant la porte de la cha-
pelle. Pouvait-on songer.à y entrer'? Seuls
avaient pris place, à l'intérieur, avec le
clergé, M. Peytral, préfet du Pas-de-Ca-
lais, M. Moreau, sous-préfet de Boulogne',
M. François-Marsal, ancien ministre, qui
possède une villa à Hardeiot, les maires
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