Titre : Excelsior : journal illustré quotidien : informations, littérature, sciences, arts, sports, théâtre, élégances
Éditeur : [s. n.] (Paris)
Date d'édition : 1933-08-10
Contributeur : Lafitte, Pierre (1872-1938). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32771891w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 août 1933 10 août 1933
Description : 1933/08/10 (A24,N8277). 1933/08/10 (A24,N8277).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4607201h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-228
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/08/2016
EXCELSIOR
Il ne faut pas compter
sur le calme avec trop de
sécurité. ALFRED DE mueset.
24« Année. — No 8.277. — PAUL DUPUY, directeur (1917-1927).
n r c. Paris, Seine, Seine-et-Oise
2 5 et Seine-et-Marne.
PARIS, 20, RUE D'ENGHIEN (Xme)
Départements et Colonies 9 fi c.
Ad. tél. : Excel-124-Paris O U
VOIR
EN PAGE 6
NOS
ILLUSTRATIONS
JEUDI
IO
AOUT 1933
1 .........................
Saint Laurent
PIERRE LAFITTE, fondateur. — Téléph. : Prov. 15-22, 15-23, 15-24..
LE ROLE DE L'ITALIE
DANS LE CONFLIT
AUSTRO-ALLEMAND
Le gouvernement de Rome
a obtenu de Berlin, dit une
note officieuse, l'assurance
que la propagande par radio
et les incursions aériennes en
Autriche seront empêchées.
CE QU'ON DIT A VIENNE
ROME, 9 août. — L'agence Stefani
publie la note suivante :
Dans les milieux romains respon-
sables, on donne les nouvelles suivantes
sur la récente intervention à Berlin au
sujet de la question des rapports
austro-allemands :
Lorsque le vice-chancelier von Papen
vint à Rome, au mois de juillet dernier,
. S. Exc. le chef du gouvérnement attira
son attention, au cours d'une longue
conversation, sur l'ensemble de la si-
tuation européenne, sur les rapports
italo - allemands et sur la nécessité
d'amener une détente entre l'Autriche
et l'Allemagne, dans l'intérêt des rap-
ports entre les deux pays et entre eux
et les autres*
[ UN GARÇON DE BANQUE
VOLE 670.000 FRANCS
DANS LE COFFRE-FORT
ET S'ENFUIT
Hier après-midi* . un peu après
14 heures, à l'heure où il prenait son
service, le caissier du Comptoir d'Es-
compte, agence U, 49, avenue des
Champs-Elysées, avait la désagréable
surprise de constater qu'une somme
d'environ 670.000 francs manquait dans
sa caisse.
Il avisa aussitôt le directeur " de
l'agence. On fit appeler un des gar-
çons, M. Pierre-Jean-Marie Le Brenn,
né en 1894 à Pont-l'Abbé, demeurant
23, rue Boideau, à Montrouge, qui de-
vait assurer le service de surveillance
entre midi et 14 heures.
Le Brenn demeurait introuvable.
On n'hésita pas à conclure qu'il était
l'auteur du vol. On devait, en effet,
ajpprendre que cet employé était le
eeul, avec le caissier, à connaître la
cachette où étaient déposées, aux heu-
res de fermeture, les clefs des coffres.
Le Brenn, qui est d'une taille de
PIERRE-JEAN-MARIE LE BRENIH*
1 m. 66, de forte corpulence, cheveux
bruns, petites moustaches et porte à
la joue droite une cicatrice sous l'œil,
a jusqu'ici réussi à. échapper aux re-
cherches. Il n'a pas reparu à son do-
micile.
POUR RÉGLER LE CONFLIT DE STRASBOURG
M. François Albert s'est entretenu hier avec les
délégués des patrons et des ouvriers. Les pourpar=
lers reprendront vendredi soir ou samedi matin.
Afin de rechercher les moyens de
mettre fin aux grèves de Strasbourg,
M. François Albert a reçu hier les dé-
légués patronaux et les délégués au-
vriers de la grande cité alsacienne.
Les premiers, MM. Peter, Guri, Maeck-
ling et Muss ont été reçus d'abord a.
16 heures, puis à 19 heures.
Les seconds, MM. Lehmann, Cons-
tant Hincker, Cordier, Mohn, Heger et
Klocq ont été reçus à 18 heures, puis
à 21 heures.
Un communiqué officiel résume ainsi
les entretiens :
La délégation ouvrière a confirmé son
acceptation de l'arbitrage du ministre qui
devrait porter sur le principe et le mon-
tant d'une augmentation des salaires et
l'opportunité d'un contrat collectif. En ce
qui concerne les conditions mises par les
patrons à l'ouverture de pourparlers, la
délégation ouvrière a fait connaître que la
prétention des patrons de subordonner les
négociations à la cessation des grèves de
solidarité et à la constitution d'une caisse
de garantie alimentée par des versements
des patrons et des ouvriers syndiqués leur
paraissait inacceptable. Quant aux salaires,
les délégués ouvriers se sont déclarés fa-
vorables à l'établissement d'un tarif uni-
que applicable aux travaux privés comme
aux travaux publics et ont confirmé leur
demande d'une augmentation de salaire de
cinquante centimes par heure.
Les patrons ont confirmé que la Fédéra-
tion patronale était prête à entrer en pour-
parlers avec les ouvriers pour discuter no-
tamment la question des salaires, mais en
présence des conditions mises par leur as-
semblée à cette entrée en pourparlers, ils
ne croyaient pas pouvoir le faire sans avoir
pris contact avec le comité de la Fédération,
qu'ils n'avaient pas eu le temps de consul-
ter avant leur départ, , et obtenir de lui des
pouvoirs de. négociation.
M. François Albert recevant hier après-midi, au ministère du Travail, les
délégués des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics de Strasbourg. ,
L'escadrille aérienne
du général Balbo
s'est rendue hier
des Açores à Lisbonne
Un hydravion capote au départ de Ponta-
Delgada. Le lieutenant Squaglia. est
tué et le capitaine Ranieri est blessé.
LES HYDRAVIONS N'IRONT PAS A L'ÉTANG DE BERRE ET GAGNERONT DIRECTEMENT SAMEDI L'ITALIE
L'ÉQUIPAGE DE L'APPAREIL QUI A CAPOTÉ AU DÉPART DES. ILES AÇORES
De gauche à droite : le sergent mécanicien Cremaschi, le capitaine Ranieri, chef de bord ; le lieutenant Squaglia,
mort des suites de ses blessures, et le sergent radiotélégraphiste Boveri. -
PONTA-DELGADA Arrivés (îles Açores), 9 août. — ,
Arrivés hier soir aux îles Açores,
venant de Terre-Neuve, après une
magnifique traversée de l'Atlantique
— 2.670 kilomètres en 11 heures 21 mi-
nutes — les hydravions italiens ont
exécuté, ce matin, par un temps splen-
dide, l'ordre de départ pour Lisbonne
d-istant de 1.600 Kilomètres. j
Les trois escadrilles qui étaient res- 1
tées à Horta ont régulièrement décollé 1
à 5 h. 22 (heure locale). Les cinq esca-
drilles qui se trouvaient à Ponta-Del-
gada ont, elles aussi, commencé à dé-
coller aux premières lueurs de l'aube.
Onze appareils ont régulièrement pris
l'air; le douzième, 1 'I. R. A. N. I., pi-
loté par le capitaine Celso Ranieri et
par le lieutenant Henri Squaglia, et '
ayant à bord le sergent major mécani-
cien Louis Cremaschi et le sergent ra-
diotélégraphiste Aldo Boveri, a capoté
au départi
.. -. 1 , Le vol de l'escadre italienne des Açores à Lisbonne
"Nous avons parcouru plus de 10.000 km."
déclarent CODOS et ROSSI
Les deux glorieux pilotes
comptent partir aujourd'hui
de Rayak pour gagner
Marseille à bord du
"Joseph-Le Brix".
BEYROUTH, Codos 9 août. — Les aviateurs
Codos et Rossi étaient annoncés
lundi après-midi à Rayak par un mes-
sage du Joseph-Le Brix, capté à la fois
par un avion de l'Air-Orient, par le
Champollion, des Messageries mariti-
mes, et par l'observatoire de Ksara.
Le colonel Brulé, commandant le
39" régiment d'aviation, a donné immé-
diatement l'ordre de préparer le ter-
rain. L'atterrissage a eu lieu à 20 h. 10
(heure locale) dans de bonnes condi-
tions et l'avion était dans un état excel-
lent.
Le restaurant de Chtaura, près de Rayak, où Codos et Rossi ont été reçus
par les officiers du 39" régiment d'aviation.
LE COMMANDANT PELLET!ER-DO!SY
sous les ordres duquel est placé le groupe
du 39e régiment d'aviation détaché
à Rayak. (Phot. Henri Manuel.)
DANS CE NUMÉRO
= EN PAGE 2 :
= Un chasseur de vipères parisien
=5 ravitaille l'Institut Pasteur.
S AUJOURD'HUI. BLOC-NOTES.
= LE MONDE.
= EN PAGE 3 :
= Les événements de Cuba
15 EN PAGE 4 :
= Le conte d' « Excelsior » : Les Char-
= treuses, par Léo Larguier.
= Les Livres, par Edmond Jaloux.
5 LEs FAITS DIVERS. LES TRIBUNAUX.
= LES SPORTS.
= EN PAGE 5 :
S LES THÉATRES. LES COURSES.
= LES PRINCIPALES ÉMISSIONS DE
= T. S. F. D'AUJOURD'HUI ET LES
= RADIO-PROGRAMMES DE DEMAIN.
= LA BOURSE.
Fortes chaleurs
de nouveau
29 DEGRÉS A L'OMBRE
HIER A PARIS
On prévoit pour aujourd'hui
une légère hausse.
Nous avons passé le pôle du ohaud
et nous sommes loin de la température
des derniers jours de juillet. Mais, se
relevant d'une chute qui fut sensible,
le thermomètre remonte et l'on se
plaint à nouveau de la chaleur.
Voici les minima d'hier : Office na-
tional météorologique, 17°5; Mont-Valé-
rien, 16°9; parc Montsouris, 18°; Parc-
Saint-Maur, 17° ; Le Bourget, 16°.
Quant au maximum, il a été partout
le même, y compris le parc Montsou-
ris, ce qui est rare : 29°.
On prévoit pour aujourd'hui, sur la
région parisienne, un ciel un peu nua-
geux, devenant à demi-couvert, avec
quelques belles éclaircies. Vent du sec-
teur Sud, faible. Température en lé-
gère hausse.
En somme, nous pourrions avoir un
retour aux maxima de 30 degrés.
Rappelons que la plus forte tempéra-
ture fut celle du 27 juillet : 36°2. Le
lendemain, le thermomètre ne monta
pas au-dessus de 26°. Le surlendemain,
le maximum fut de 19° 1.
La moyenne de la chaleur en juillet
est de 18° 1. Celle de août est de 17° 7.
Il y a déclin, mais il est très possible
que nous ayons une série de journées
chaudes avec très peu de vent.
63 DEGRES DE CHALEUR
A SEVILLE
MADRID, 9 août. — La chaleur torride
qui sévit actuellement en Espagne
cause chaque jour la mort de plusieurs
personnes.
A Séville, où le thermomètre a mar-
qué 63° au soleil, on a enregistré six
décès dus à l'insolation. Plusieurs au-
tres personnes sont dans un état grave.
A Madrid, on a enregistré 39° à l'om-
bre et 44° à Caceres.
Le crime du boulevard Blanqui
ANDRÉ GUIBAL
ET SON AMIE
AURAIENT FUI
A MARSEILLE
Ils avaient loué
une auto à Paris
pour se rendre
dans le Midi.
"Je vais me suicider",
avait écrit de Marseille
lundi André Guibal
à un de ses parents.
ANDRÉ GUIBAL, l'auteur du double
meurtre du boulevard Auguste-
Blanqui, est-il retrouvé ?
La police l'a cru un moment.
En effet, hier après-midi, M. Guil-
laume, commissaire divisionnaire à la
Sûreté générale, a été avisé par la Sû-
reté de Marseille qu'un couple venait
d'être arrêté dans cette ville, dont le
siganlement correspond au meurtrier
du boulevard Auguste-Blanqui, André
Guibal, et de son amie, Madeleine
S^.lon. Interrogé, ce couple avait dé-
claré se nommer Gaillard et habiter
116, rue Croix-Nivert, à Paris.
Dès réception de cette communica-
tion, la police judiciaire fit effectuer
des investigations à l'adresse indiquée,
rue Croix-Nivert, et on se trouva chez
une dame Gaillard, mère de deux jeu-
nes filles et d'un fils décédé depuis
trois mois. Elle déclara que son fils,
Alfred Gaillard, né en 1884, était mort
il y a environ trois mois à l'hôpital
Boucicaut. Elle croit que les papiers
de son fils avaient été volés.
Mais, dans la soirée, on apprenait que
la piste était mauvaise. L'homme qu'à
Marseille on avait cru être André Gui-
bal portait une petite moustache, alors
que Guibal est entièrement rasé. On
constata aussi que la femme qui l'ac-
compagnait possédait une denture in-
tacte et complète, alors que Madeleine
Solon a plusieurs dents auriférées.
En conséquence, il ne pouvait s'agir
de l'assassin du boulevard Auguste-
Blanqui et de son amie.
Le couple a été rendu à la liberté.
Les deux lettres de Marseille
La police avait été lancée sur la
piste de Marseille par deux lettres
envoyées par Guibal à des correspon-
dants parisiens et portant le timbre
d'un bureau de poste marseillais.
C'est d'abord le beau-frère de Mme
Guibal, M. Chastel, demeurant 225, rue
du Faubourg-Saint-Honoré, qui dans
son courrier trouva une carte-lettre de
Guibal ainsi rédigée :
Pardon pour tout, mais j'étais à bout.
Je ne pouvais plus lutter. Je vais mourir.
Ma femme pas plus que mon fils ne subi-
ront de déshonneur.
D'autre part, M. Giraudoux, demeu-
rant 88, boulevard Boissière, à Mon-
treuil, a trouvé dans une enveloppe qui
lui a, elle aussi, été envoyée de Mar-
seille, les papiers d'une voiture qu'il
avait prêtée à Guibal, ainsi qu'un reçu
d'abonnement à un journal du matin au
nom de Guibal, en date du 31 juillet et
portant au verso ces mots de la main
de l'assassin :
Vous allez être douloureusement surpris.
Je renvoie les papiers. La voiture est au
garage. Adieu.
Les enquêteurs étaient d'abord res-
tés sceptiques sur ces deux missives.
Ils pensaient qu'il s'agissait là d'un
simple subterfuge employé par Guibal
pour brouiller les fils de leurs recher-
ches. Ils ont néanmoins alerté la police
marseillaise avec la plus grande dili-
gence. Et l'on a vu plus haut les résul-
tats de cette enquête .
Les mobiles du crime
Ce qui demeure encore tout à fait
incertain, ce sont les mobiles mêmes
du crime.
En fait, les renseignements re-
cueillis hier sur les difficultés finan-
cières de Guibal et sur la personnalité
de son amie, Madeleine Solon, ont
quelque peu modifié les hypothèses
faites sur les mobiles du crime. Il ap-
paraît, en effet, que la situation finan-
cière de Guibal n'a jamais été très ré-
gulière et très claire. Tantôt « mar-
chand de fonds », tantôt « courtier en
vins », le meurtrier semble avoir tou-
jours recouru à des expédients, dont
beaucoup n'étaient pas d'une scrupu-
leuse honnêteté. Il y a quelques années,
il avait gagné des sommes relativement
importantes. Mais depuis, il se trou-
vait extrêmement gêné et avait con-
tracté de gros emprunts se montant au
total à 600.000 francs.
Madeleine Solon, d'autre part, n'ap-
paraît plus comme la « femme fatale »
qu'on a un instant vue en elle. Chiche-
ment entretenue par Guibal, il semble
qu'elle se soit simplement, après comme
avant le crime, accrochée à lui comme
à son seul soutien. On est ainsi amené
à croire que Guibal a tué non pas pour
aller mener à l'étranger la grande vie
avec une femme à qui il aurait tout
sacrifié, mais pour ne pas avouer aux
siens sa situation financière désespérée
et frauduleuse.
LEUR PLUS DIFFICILE AFFAIRE (1)
Ce fut à coup sur
l'affaire Bessarabo
nous confie Me DE MORO-GIAFFERRI
LA pièce où l'on attend est toute tapissée
de photos, de dessins, de caricatures.
Parmi ces cadres grands et petits, dans
toute cette mosaïque de dessins malveil-
lants ou bénévoles, la silhouette de Me Je
Moro-Giafferri se détache, avec le grand
geste de ses bras levés et conjurants, ac-
centué encore par l'ampleur de la robe.
On reconnaît des visages familiers grou-
pés autour de lui. Ici, n'est-ce pas une
caricature de Mme Humbert ? Et là ? C'est
Landru, Barbe-Bleue tendre et effroyable,
dont les méfaits dépassent ceux de son
ancètre des contes de fées. Une grande
photo encadrée montre un Moro-Giafferri
jeune et pathétique, et sur le banc des
accusés cinq personnages aux têtes tour-
mentées et tragiques, Banqués chacun de
deux policiers, dont la présence, atteste
qu'il s'agit de malfaiteurs redoutables. Un
dessin attire l'attention, il est difficile à
déchiffrer. J'y parviens pourtant : sur le
ME DE MoRO-GlAFFERRI
banc des accusés, une femme debout, les
bras dressés dans un geste accusateur ; une
autre qui se rue sur elle ; deux policiers
qui interviennent et Me de Moro-Giafferri
ouvrant tragiquement les bras comme s il
voulait défendre une de ces femmes de tout
le volume de son corps...
Mais le Maître apparait sur le seuil. Il
n'a rien de cette apparence redoutable que
lui prêtent les dessins, ni de cette ressem-
(1) Voir le numéro d'Excelsior du 9 août.
>Iance avec un épervier qui fonce', souli-
Inée par les caricatures.
Son visage très clair, aux cheveux ti-
'ant sur le blond, aux yeux bleus, ronds,
in peu à fleur de tête, semble démentir SO\l
)rigine corse. Cet homme, vers lequel tant
i angoisses se portent, a un aspect rassu-
rant, bonhomme presque. Seul un éclair,
qui de temps en temps jaillit sous ses lour-
les paupières, trahit la puissance de tempe-
rament qui bouillonne en lui. Un sourire,
généreux, comme le geste de ses bras qui
se tendent à l'accueil, révèle cet autre côté,
de sa nature fait d une humanité riche,
sensible, vibrante d'émotion. >
Mais ce sourire s'efface dès que je lui
expose ma démarche. 1
. — Non, je ne peux pas vous répondre,
je me sens lié par le secret professionnel,
me dit-il.
Et, s 'apercevant de mon étonnement :
— Vous me demandez de vous raconter
l affaire la plus difficile que j'ai eue a
plaider ? Mais la difficulté d' une affairé
est une difficulté professionnelle, elle né
nous vient pas du dehors, mais pour ainsi
dire du dedans ; ce sont nos clients qui ia
créent..
— Cependant les affaires que vous avez
plaidées, cher maître, appartiennent tou-
tes au domaine public.
Et je rassemble des souvenirs, aidée par
l attente devant les croquis et les photos.
— L affaire Landru, par exemple, se
trouve dans tous les journaux du temps.
Le procès Caillaux a longtemps défrayé
la chronique politique et judiciaire, et l'af-
faire Humbert a suscité bien des polé:ni.
ques violentes.
Mais le maître sourit et continue à se-
couer négativement la tête.
Je ne m'attendais pas à trouver un Moro-
.Giafferri muet. Je le constate avec,décep-
Lion et j'insiste encore.
— Les secrets de vos clients, si secrers
il y a, sont devenus depuis longtemps pu-
blics, tout le monde peut en parler...
La réponse me vient, instantanée :
— Tout le monde excepté moi !
Je bats en retraite, apparemment, car ua
journaliste ne recule jamais que pour faire
le tour de l'obstacle.
— J'ai vu dans votre antichambre un
dessin curieux, que je n'arrive pas à situer.
Une femme sur le banc des açcusés qui se
rue contre une autre.
— Ah ! l'affaire Bessarabo ! s'exclame
involontairement Me -e Moro-Giafferri.
Je demande inocemment :
— Etait-ce là une affaire difficile ?
— La plus difficile peut-être.
Antonina VALLENTIN.
LES CHANTIERS DE PARIS
L'été ramène le bouleversement
des principales voies de la capitale.
Les abords de l'Arc de Triomphe ne sont pas épargnés
. LES TRAVAUX DU MÉTROPOLITAIN PLACE DE L'HOTEL-DE-VILLE. (Phot. « Excelsior ».)
Il ne faut pas compter
sur le calme avec trop de
sécurité. ALFRED DE mueset.
24« Année. — No 8.277. — PAUL DUPUY, directeur (1917-1927).
n r c. Paris, Seine, Seine-et-Oise
2 5 et Seine-et-Marne.
PARIS, 20, RUE D'ENGHIEN (Xme)
Départements et Colonies 9 fi c.
Ad. tél. : Excel-124-Paris O U
VOIR
EN PAGE 6
NOS
ILLUSTRATIONS
JEUDI
IO
AOUT 1933
1 .........................
Saint Laurent
PIERRE LAFITTE, fondateur. — Téléph. : Prov. 15-22, 15-23, 15-24..
LE ROLE DE L'ITALIE
DANS LE CONFLIT
AUSTRO-ALLEMAND
Le gouvernement de Rome
a obtenu de Berlin, dit une
note officieuse, l'assurance
que la propagande par radio
et les incursions aériennes en
Autriche seront empêchées.
CE QU'ON DIT A VIENNE
ROME, 9 août. — L'agence Stefani
publie la note suivante :
Dans les milieux romains respon-
sables, on donne les nouvelles suivantes
sur la récente intervention à Berlin au
sujet de la question des rapports
austro-allemands :
Lorsque le vice-chancelier von Papen
vint à Rome, au mois de juillet dernier,
. S. Exc. le chef du gouvérnement attira
son attention, au cours d'une longue
conversation, sur l'ensemble de la si-
tuation européenne, sur les rapports
italo - allemands et sur la nécessité
d'amener une détente entre l'Autriche
et l'Allemagne, dans l'intérêt des rap-
ports entre les deux pays et entre eux
et les autres*
[ UN GARÇON DE BANQUE
VOLE 670.000 FRANCS
DANS LE COFFRE-FORT
ET S'ENFUIT
Hier après-midi* . un peu après
14 heures, à l'heure où il prenait son
service, le caissier du Comptoir d'Es-
compte, agence U, 49, avenue des
Champs-Elysées, avait la désagréable
surprise de constater qu'une somme
d'environ 670.000 francs manquait dans
sa caisse.
Il avisa aussitôt le directeur " de
l'agence. On fit appeler un des gar-
çons, M. Pierre-Jean-Marie Le Brenn,
né en 1894 à Pont-l'Abbé, demeurant
23, rue Boideau, à Montrouge, qui de-
vait assurer le service de surveillance
entre midi et 14 heures.
Le Brenn demeurait introuvable.
On n'hésita pas à conclure qu'il était
l'auteur du vol. On devait, en effet,
ajpprendre que cet employé était le
eeul, avec le caissier, à connaître la
cachette où étaient déposées, aux heu-
res de fermeture, les clefs des coffres.
Le Brenn, qui est d'une taille de
PIERRE-JEAN-MARIE LE BRENIH*
1 m. 66, de forte corpulence, cheveux
bruns, petites moustaches et porte à
la joue droite une cicatrice sous l'œil,
a jusqu'ici réussi à. échapper aux re-
cherches. Il n'a pas reparu à son do-
micile.
POUR RÉGLER LE CONFLIT DE STRASBOURG
M. François Albert s'est entretenu hier avec les
délégués des patrons et des ouvriers. Les pourpar=
lers reprendront vendredi soir ou samedi matin.
Afin de rechercher les moyens de
mettre fin aux grèves de Strasbourg,
M. François Albert a reçu hier les dé-
légués patronaux et les délégués au-
vriers de la grande cité alsacienne.
Les premiers, MM. Peter, Guri, Maeck-
ling et Muss ont été reçus d'abord a.
16 heures, puis à 19 heures.
Les seconds, MM. Lehmann, Cons-
tant Hincker, Cordier, Mohn, Heger et
Klocq ont été reçus à 18 heures, puis
à 21 heures.
Un communiqué officiel résume ainsi
les entretiens :
La délégation ouvrière a confirmé son
acceptation de l'arbitrage du ministre qui
devrait porter sur le principe et le mon-
tant d'une augmentation des salaires et
l'opportunité d'un contrat collectif. En ce
qui concerne les conditions mises par les
patrons à l'ouverture de pourparlers, la
délégation ouvrière a fait connaître que la
prétention des patrons de subordonner les
négociations à la cessation des grèves de
solidarité et à la constitution d'une caisse
de garantie alimentée par des versements
des patrons et des ouvriers syndiqués leur
paraissait inacceptable. Quant aux salaires,
les délégués ouvriers se sont déclarés fa-
vorables à l'établissement d'un tarif uni-
que applicable aux travaux privés comme
aux travaux publics et ont confirmé leur
demande d'une augmentation de salaire de
cinquante centimes par heure.
Les patrons ont confirmé que la Fédéra-
tion patronale était prête à entrer en pour-
parlers avec les ouvriers pour discuter no-
tamment la question des salaires, mais en
présence des conditions mises par leur as-
semblée à cette entrée en pourparlers, ils
ne croyaient pas pouvoir le faire sans avoir
pris contact avec le comité de la Fédération,
qu'ils n'avaient pas eu le temps de consul-
ter avant leur départ, , et obtenir de lui des
pouvoirs de. négociation.
M. François Albert recevant hier après-midi, au ministère du Travail, les
délégués des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics de Strasbourg. ,
L'escadrille aérienne
du général Balbo
s'est rendue hier
des Açores à Lisbonne
Un hydravion capote au départ de Ponta-
Delgada. Le lieutenant Squaglia. est
tué et le capitaine Ranieri est blessé.
LES HYDRAVIONS N'IRONT PAS A L'ÉTANG DE BERRE ET GAGNERONT DIRECTEMENT SAMEDI L'ITALIE
L'ÉQUIPAGE DE L'APPAREIL QUI A CAPOTÉ AU DÉPART DES. ILES AÇORES
De gauche à droite : le sergent mécanicien Cremaschi, le capitaine Ranieri, chef de bord ; le lieutenant Squaglia,
mort des suites de ses blessures, et le sergent radiotélégraphiste Boveri. -
PONTA-DELGADA Arrivés (îles Açores), 9 août. — ,
Arrivés hier soir aux îles Açores,
venant de Terre-Neuve, après une
magnifique traversée de l'Atlantique
— 2.670 kilomètres en 11 heures 21 mi-
nutes — les hydravions italiens ont
exécuté, ce matin, par un temps splen-
dide, l'ordre de départ pour Lisbonne
d-istant de 1.600 Kilomètres. j
Les trois escadrilles qui étaient res- 1
tées à Horta ont régulièrement décollé 1
à 5 h. 22 (heure locale). Les cinq esca-
drilles qui se trouvaient à Ponta-Del-
gada ont, elles aussi, commencé à dé-
coller aux premières lueurs de l'aube.
Onze appareils ont régulièrement pris
l'air; le douzième, 1 'I. R. A. N. I., pi-
loté par le capitaine Celso Ranieri et
par le lieutenant Henri Squaglia, et '
ayant à bord le sergent major mécani-
cien Louis Cremaschi et le sergent ra-
diotélégraphiste Aldo Boveri, a capoté
au départi
.. -. 1 , Le vol de l'escadre italienne des Açores à Lisbonne
"Nous avons parcouru plus de 10.000 km."
déclarent CODOS et ROSSI
Les deux glorieux pilotes
comptent partir aujourd'hui
de Rayak pour gagner
Marseille à bord du
"Joseph-Le Brix".
BEYROUTH, Codos 9 août. — Les aviateurs
Codos et Rossi étaient annoncés
lundi après-midi à Rayak par un mes-
sage du Joseph-Le Brix, capté à la fois
par un avion de l'Air-Orient, par le
Champollion, des Messageries mariti-
mes, et par l'observatoire de Ksara.
Le colonel Brulé, commandant le
39" régiment d'aviation, a donné immé-
diatement l'ordre de préparer le ter-
rain. L'atterrissage a eu lieu à 20 h. 10
(heure locale) dans de bonnes condi-
tions et l'avion était dans un état excel-
lent.
Le restaurant de Chtaura, près de Rayak, où Codos et Rossi ont été reçus
par les officiers du 39" régiment d'aviation.
LE COMMANDANT PELLET!ER-DO!SY
sous les ordres duquel est placé le groupe
du 39e régiment d'aviation détaché
à Rayak. (Phot. Henri Manuel.)
DANS CE NUMÉRO
= EN PAGE 2 :
= Un chasseur de vipères parisien
=5 ravitaille l'Institut Pasteur.
S AUJOURD'HUI. BLOC-NOTES.
= LE MONDE.
= EN PAGE 3 :
= Les événements de Cuba
15 EN PAGE 4 :
= Le conte d' « Excelsior » : Les Char-
= treuses, par Léo Larguier.
= Les Livres, par Edmond Jaloux.
5 LEs FAITS DIVERS. LES TRIBUNAUX.
= LES SPORTS.
= EN PAGE 5 :
S LES THÉATRES. LES COURSES.
= LES PRINCIPALES ÉMISSIONS DE
= T. S. F. D'AUJOURD'HUI ET LES
= RADIO-PROGRAMMES DE DEMAIN.
= LA BOURSE.
Fortes chaleurs
de nouveau
29 DEGRÉS A L'OMBRE
HIER A PARIS
On prévoit pour aujourd'hui
une légère hausse.
Nous avons passé le pôle du ohaud
et nous sommes loin de la température
des derniers jours de juillet. Mais, se
relevant d'une chute qui fut sensible,
le thermomètre remonte et l'on se
plaint à nouveau de la chaleur.
Voici les minima d'hier : Office na-
tional météorologique, 17°5; Mont-Valé-
rien, 16°9; parc Montsouris, 18°; Parc-
Saint-Maur, 17° ; Le Bourget, 16°.
Quant au maximum, il a été partout
le même, y compris le parc Montsou-
ris, ce qui est rare : 29°.
On prévoit pour aujourd'hui, sur la
région parisienne, un ciel un peu nua-
geux, devenant à demi-couvert, avec
quelques belles éclaircies. Vent du sec-
teur Sud, faible. Température en lé-
gère hausse.
En somme, nous pourrions avoir un
retour aux maxima de 30 degrés.
Rappelons que la plus forte tempéra-
ture fut celle du 27 juillet : 36°2. Le
lendemain, le thermomètre ne monta
pas au-dessus de 26°. Le surlendemain,
le maximum fut de 19° 1.
La moyenne de la chaleur en juillet
est de 18° 1. Celle de août est de 17° 7.
Il y a déclin, mais il est très possible
que nous ayons une série de journées
chaudes avec très peu de vent.
63 DEGRES DE CHALEUR
A SEVILLE
MADRID, 9 août. — La chaleur torride
qui sévit actuellement en Espagne
cause chaque jour la mort de plusieurs
personnes.
A Séville, où le thermomètre a mar-
qué 63° au soleil, on a enregistré six
décès dus à l'insolation. Plusieurs au-
tres personnes sont dans un état grave.
A Madrid, on a enregistré 39° à l'om-
bre et 44° à Caceres.
Le crime du boulevard Blanqui
ANDRÉ GUIBAL
ET SON AMIE
AURAIENT FUI
A MARSEILLE
Ils avaient loué
une auto à Paris
pour se rendre
dans le Midi.
"Je vais me suicider",
avait écrit de Marseille
lundi André Guibal
à un de ses parents.
ANDRÉ GUIBAL, l'auteur du double
meurtre du boulevard Auguste-
Blanqui, est-il retrouvé ?
La police l'a cru un moment.
En effet, hier après-midi, M. Guil-
laume, commissaire divisionnaire à la
Sûreté générale, a été avisé par la Sû-
reté de Marseille qu'un couple venait
d'être arrêté dans cette ville, dont le
siganlement correspond au meurtrier
du boulevard Auguste-Blanqui, André
Guibal, et de son amie, Madeleine
S^.lon. Interrogé, ce couple avait dé-
claré se nommer Gaillard et habiter
116, rue Croix-Nivert, à Paris.
Dès réception de cette communica-
tion, la police judiciaire fit effectuer
des investigations à l'adresse indiquée,
rue Croix-Nivert, et on se trouva chez
une dame Gaillard, mère de deux jeu-
nes filles et d'un fils décédé depuis
trois mois. Elle déclara que son fils,
Alfred Gaillard, né en 1884, était mort
il y a environ trois mois à l'hôpital
Boucicaut. Elle croit que les papiers
de son fils avaient été volés.
Mais, dans la soirée, on apprenait que
la piste était mauvaise. L'homme qu'à
Marseille on avait cru être André Gui-
bal portait une petite moustache, alors
que Guibal est entièrement rasé. On
constata aussi que la femme qui l'ac-
compagnait possédait une denture in-
tacte et complète, alors que Madeleine
Solon a plusieurs dents auriférées.
En conséquence, il ne pouvait s'agir
de l'assassin du boulevard Auguste-
Blanqui et de son amie.
Le couple a été rendu à la liberté.
Les deux lettres de Marseille
La police avait été lancée sur la
piste de Marseille par deux lettres
envoyées par Guibal à des correspon-
dants parisiens et portant le timbre
d'un bureau de poste marseillais.
C'est d'abord le beau-frère de Mme
Guibal, M. Chastel, demeurant 225, rue
du Faubourg-Saint-Honoré, qui dans
son courrier trouva une carte-lettre de
Guibal ainsi rédigée :
Pardon pour tout, mais j'étais à bout.
Je ne pouvais plus lutter. Je vais mourir.
Ma femme pas plus que mon fils ne subi-
ront de déshonneur.
D'autre part, M. Giraudoux, demeu-
rant 88, boulevard Boissière, à Mon-
treuil, a trouvé dans une enveloppe qui
lui a, elle aussi, été envoyée de Mar-
seille, les papiers d'une voiture qu'il
avait prêtée à Guibal, ainsi qu'un reçu
d'abonnement à un journal du matin au
nom de Guibal, en date du 31 juillet et
portant au verso ces mots de la main
de l'assassin :
Vous allez être douloureusement surpris.
Je renvoie les papiers. La voiture est au
garage. Adieu.
Les enquêteurs étaient d'abord res-
tés sceptiques sur ces deux missives.
Ils pensaient qu'il s'agissait là d'un
simple subterfuge employé par Guibal
pour brouiller les fils de leurs recher-
ches. Ils ont néanmoins alerté la police
marseillaise avec la plus grande dili-
gence. Et l'on a vu plus haut les résul-
tats de cette enquête .
Les mobiles du crime
Ce qui demeure encore tout à fait
incertain, ce sont les mobiles mêmes
du crime.
En fait, les renseignements re-
cueillis hier sur les difficultés finan-
cières de Guibal et sur la personnalité
de son amie, Madeleine Solon, ont
quelque peu modifié les hypothèses
faites sur les mobiles du crime. Il ap-
paraît, en effet, que la situation finan-
cière de Guibal n'a jamais été très ré-
gulière et très claire. Tantôt « mar-
chand de fonds », tantôt « courtier en
vins », le meurtrier semble avoir tou-
jours recouru à des expédients, dont
beaucoup n'étaient pas d'une scrupu-
leuse honnêteté. Il y a quelques années,
il avait gagné des sommes relativement
importantes. Mais depuis, il se trou-
vait extrêmement gêné et avait con-
tracté de gros emprunts se montant au
total à 600.000 francs.
Madeleine Solon, d'autre part, n'ap-
paraît plus comme la « femme fatale »
qu'on a un instant vue en elle. Chiche-
ment entretenue par Guibal, il semble
qu'elle se soit simplement, après comme
avant le crime, accrochée à lui comme
à son seul soutien. On est ainsi amené
à croire que Guibal a tué non pas pour
aller mener à l'étranger la grande vie
avec une femme à qui il aurait tout
sacrifié, mais pour ne pas avouer aux
siens sa situation financière désespérée
et frauduleuse.
LEUR PLUS DIFFICILE AFFAIRE (1)
Ce fut à coup sur
l'affaire Bessarabo
nous confie Me DE MORO-GIAFFERRI
LA pièce où l'on attend est toute tapissée
de photos, de dessins, de caricatures.
Parmi ces cadres grands et petits, dans
toute cette mosaïque de dessins malveil-
lants ou bénévoles, la silhouette de Me Je
Moro-Giafferri se détache, avec le grand
geste de ses bras levés et conjurants, ac-
centué encore par l'ampleur de la robe.
On reconnaît des visages familiers grou-
pés autour de lui. Ici, n'est-ce pas une
caricature de Mme Humbert ? Et là ? C'est
Landru, Barbe-Bleue tendre et effroyable,
dont les méfaits dépassent ceux de son
ancètre des contes de fées. Une grande
photo encadrée montre un Moro-Giafferri
jeune et pathétique, et sur le banc des
accusés cinq personnages aux têtes tour-
mentées et tragiques, Banqués chacun de
deux policiers, dont la présence, atteste
qu'il s'agit de malfaiteurs redoutables. Un
dessin attire l'attention, il est difficile à
déchiffrer. J'y parviens pourtant : sur le
ME DE MoRO-GlAFFERRI
banc des accusés, une femme debout, les
bras dressés dans un geste accusateur ; une
autre qui se rue sur elle ; deux policiers
qui interviennent et Me de Moro-Giafferri
ouvrant tragiquement les bras comme s il
voulait défendre une de ces femmes de tout
le volume de son corps...
Mais le Maître apparait sur le seuil. Il
n'a rien de cette apparence redoutable que
lui prêtent les dessins, ni de cette ressem-
(1) Voir le numéro d'Excelsior du 9 août.
>Iance avec un épervier qui fonce', souli-
Inée par les caricatures.
Son visage très clair, aux cheveux ti-
'ant sur le blond, aux yeux bleus, ronds,
in peu à fleur de tête, semble démentir SO\l
)rigine corse. Cet homme, vers lequel tant
i angoisses se portent, a un aspect rassu-
rant, bonhomme presque. Seul un éclair,
qui de temps en temps jaillit sous ses lour-
les paupières, trahit la puissance de tempe-
rament qui bouillonne en lui. Un sourire,
généreux, comme le geste de ses bras qui
se tendent à l'accueil, révèle cet autre côté,
de sa nature fait d une humanité riche,
sensible, vibrante d'émotion. >
Mais ce sourire s'efface dès que je lui
expose ma démarche. 1
. — Non, je ne peux pas vous répondre,
je me sens lié par le secret professionnel,
me dit-il.
Et, s 'apercevant de mon étonnement :
— Vous me demandez de vous raconter
l affaire la plus difficile que j'ai eue a
plaider ? Mais la difficulté d' une affairé
est une difficulté professionnelle, elle né
nous vient pas du dehors, mais pour ainsi
dire du dedans ; ce sont nos clients qui ia
créent..
— Cependant les affaires que vous avez
plaidées, cher maître, appartiennent tou-
tes au domaine public.
Et je rassemble des souvenirs, aidée par
l attente devant les croquis et les photos.
— L affaire Landru, par exemple, se
trouve dans tous les journaux du temps.
Le procès Caillaux a longtemps défrayé
la chronique politique et judiciaire, et l'af-
faire Humbert a suscité bien des polé:ni.
ques violentes.
Mais le maître sourit et continue à se-
couer négativement la tête.
Je ne m'attendais pas à trouver un Moro-
.Giafferri muet. Je le constate avec,décep-
Lion et j'insiste encore.
— Les secrets de vos clients, si secrers
il y a, sont devenus depuis longtemps pu-
blics, tout le monde peut en parler...
La réponse me vient, instantanée :
— Tout le monde excepté moi !
Je bats en retraite, apparemment, car ua
journaliste ne recule jamais que pour faire
le tour de l'obstacle.
— J'ai vu dans votre antichambre un
dessin curieux, que je n'arrive pas à situer.
Une femme sur le banc des açcusés qui se
rue contre une autre.
— Ah ! l'affaire Bessarabo ! s'exclame
involontairement Me -e Moro-Giafferri.
Je demande inocemment :
— Etait-ce là une affaire difficile ?
— La plus difficile peut-être.
Antonina VALLENTIN.
LES CHANTIERS DE PARIS
L'été ramène le bouleversement
des principales voies de la capitale.
Les abords de l'Arc de Triomphe ne sont pas épargnés
. LES TRAVAUX DU MÉTROPOLITAIN PLACE DE L'HOTEL-DE-VILLE. (Phot. « Excelsior ».)
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