Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-11-02
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Description : 02 novembre 1878 02 novembre 1878
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Description : Note : un seul fascicule pour samedi et dimanche. Note : un seul fascicule pour samedi et dimanche.
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ÉDITION DE PARIS.
s ~I ET ~c~~ s ~o~
9878
UN $'*BONNE
rue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois, il.
PBIg D~ L'ABOi1111'EnIENT
Trois mois. Six mois. Un an.
Paris. 18 fr. 36 fr. 72 ft.
Départemens 20 fr. 40 Se. 80 fr.
Union postale ̃
européenne. 21 fr. 42 fr. 84 fr.
–d'outre-mer. 24.fr. 48 fr. 96 fr.
= .4__ ~t__ _n 3_
î^es anflnnemens paneni aes i" et is ae
̃ chaque mois.
Pari», an numéro 90 cent»
Département, mi numéro. 25 eent.
In London, apply to Cowie and C% foreign
"newspapers office, 17, Greshàm street, G. P. O,;
WH. Dçlizy, Bavfcset O, 1, Finch lane Gorhhili,
E. C. London; IH»fl. W-H- Smith et Son,
186, Strand, w. C. Vondon.
A Bruxelles, bVOfficedepuMicitéA6,Tneàela.l$a.d&
leine, dans les kiosques et dans les biMothè-f
gués de gai-es de chemins de fer belges. 1 {
SfEDI 2 ET DIAIHE 3 NOVEMBRE
1 1878
JOURNAL DES DEBATS
ON S'ABONNE
en Belgique, en Italie,
dans le Luxembourg, en Turquie,
en Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans les
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon, ̃
au moyen d'une valeur payable à Paris ou de
mandats-poste, soit internationaux, soit français.
en Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays,
par l'envoi d'une valeur payaole à^Parip.• °
d. .G. 4.
POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
Jr~~t A $~~?'9 ~i iji i i ~~AiR~O
Les annonces sont reçues v,
chez 1H9I. Fauchey, ELaftlte et C;
8, place de la Bourse,
et au bureau du JOURNAL*;
elles doivent toujours être agréées par la rédaction.
PARIS
SAMEDI 2 NOVEMBRE
Les nouvelles de Bulgarie se suivent et
se ressemblent. Après le discours du
prince Dondoukoff-Koçsakoff, voici la ré-
ponse des délégués bulgares auxquels s'é-
tait adressé le commissaire russe. Cette
réponse, dont on trouvera le texte plus
loin, n'est pas moins instructive que le
discours qui l'a précédée. Les délégués
bulgares célèbrent d'abord l'enthousiasme
que le traité/de San-Stefano avait provo-
qué parmi eux. « La nature elle-même,
» s'écrient-ils semblait partager notre
» allégresse », ce qui était d'autant plus
simple que l'apparition du traité de San-
Stefano coïncidait avec la fin de l'hiver.
Par malheur, le Congrès de Berlin n'a
point imité la nature; il est venu attris-
ter le printemps en substituant au traité
de San-Stefano un traité nouveau qui a
fait pâlir la verdure et qui a étouffé l'es-
pérance dans les cœurs. Les mauvaisjours
Ont succédé aux jours de joie et de soleil.
L'automne est arrivée, et l'heure du dé-
part a sonné pour le prince Dondoukoff-
Korsakoff. Mais pendant les quelques mois
qu'il a passés en Roumélie, que d'œuvres
importantes n'a-t-il pas accompliesîQue de
germes n'a-t-il pas semés qui lèveront au
printemps prochain ? Il a créé de fond en
comble une administration qui repose, pa-
raît-il, sur le principe du self-government;
il a organisé la police et assuré la sécu-
rité publique, du moins la sécurité des Bul-
gares, car les infortunés musulmans n'ont
jamais été moins en sûreté il a doté la
province d'une organisation judiciaire
« conforme aux préceptes du droit philor
» sophique » il à inauguré une nouvelle
instruction populaire il a créé une mi-
lice soi-disant nationale avec des offi-
ciers et des sous-officiers russes; il a
agrandi les rues de Philippopoli, amélioré
lès conduites d'eau, perfectionné l'hy-
giène publique que n'a-t-il pas fait ? Dé-
sormais, comme il Ta dit lui-même, la
commission européenne peut arriver,
« elle trouvera sa tâche singulièrement
» facilitée » il ne lui restera plus rien à
entreprendre, et si elle veutdéfaire quelque
chose de ce qui a été fait, les fusils sont là
pour prévenir une pareille velléité. On
s'explique la reconnaissance des Bulga-
res on s'explique encore plus leur dou-
leur en voyant s'éloigner un homme dont
l'activité dévorante transformait tout au-
tour de lui. Mal? il leur reste une conso-
lation « Quoique réparée de nous, s'é-
» criect-ils, Votre Excellence ne cessera
» pas de travailler à l'accomplissement de
» nos vœux. Votre bonté voue a créé dans
» le cœur de chaque Bulgare un monu-
» ment vivant dont le couronnement sera
» la réalisation des souhaits du peuple lul-
» gare, grâce à la continuation de vos ef-
» forts. »
Les Bulgares peuvent être rassurés sur
ce dernier point. Le prince Dondoukoff-
Korsakoff ne renoncera pas « au couron-
» nement de l'édifice »; ils ont raison de
croire que la diplomatie russe ne cessera
pas de poursuivre l'œuvre à laquelle elle
travaille depuis plus d'un siècle avec une
constance réellement admirable qu'au-
cune épreuve ne lasse, qu'aucune décep-
tion ne fatigue, qu'aucun échec ne rebute,
et qui semble renaître plus ardente chaque
fois qu'on la croit abattue; elle n'aban-
donnera pas plus sa nouvelle conception
de la Bulgarie méridionale que Catherine II
n'a abandonné son idée d'une résurrec-
tion de l'empire de Byzance, et que ses
héritiers n'ont abandonné leurs projets
successifs sur la Grèce, sur la Serbie, sur
le Monténégro et sur la Bulgarie. Il suffit
de lire les journaux russes pour s'en con-
vaincre. Tandis que le gouvernement
frappe sans hésiter les feuilles qui com-
battent un point quelconque de- sa poli-
tique intérieure ou extérieure* il laisse le
Russli-Mir s'écrier impunément « Toute
» la Bulgarie doit être réunie en
» une seule principauté, et, à partir du
» moment où cette unification sera
» effectuée, la partie la plus difficile
» de la question d'Orient sera définitive-
» ment réglée. Nous pouvons faire et
» nous devons faire tout ce qui dépendra
» de nous pour mettre à jamais fin au
» conflit turco-slave. Et il est facile d'ar-
» river à ce résultat dans l'état ac-
» tuel des relations internationales. »
On voit que la Russie ne s'en est
pas laissé imposer par le fantôme
de l'union de l'Europe au Congrès de Ber-
lin pas pluS que la Turquie à la confé-
rence de Constantinople elle n'a consenti
à prendre des apparences diplomatiques
pour des réalités pratiques; elle a fait
semblant, de se soumettre, jeu plus habile
que la résistance ouverte qui a si mal
réussi à la Porte; mais en s'inclinant.
avec un respect, apparent devant la
sentence des puissances, clic ge pré-
parait à déchirer le traité qu'elle
avait eu l'air d'accepter. Qui pourrait l'o-
bliger, en effet à faire honneur à sa si-
gnature ? Dans l'état actuel des relations
internationales pour parler comme le
RussMMir, aucune coalition ne saurait se
former contre l'ambition moscovite. L'À*u-
triche, comp: omise dans la fune-te en-
treprise de Bosnie, a les mains liées; l'Al-
lemagne paraît décidée à pousser jus-
qu'aux dernières limites sa r£connais-
Bâuee envers le cabinet de Saint-Pélers-
bourg; la Êrarice est absorbée par ses pro-
pres affaires l'Italie s'agite en vain
sans arriver à prendre une posi-
tion diplomatique. L'Angleterre seule
veille sur l'Orient; mais sa conduite, de-
puis le commencement de la crise, ne
prauve-t-elie pas qu'elle est frappée d'un
mal incurable et que son action dans le
monde est paralysée par une force invin-
cible ? « Que, nous soyons, oui ou non,
» coupables de l'intervention dont on
» nous accuse dans les affaires de l'Af-
» ghanistan, dit le Husski Mir, il est
» un fait certain c'est que l'Angle-
» terre a fait son temps. Le mo-
» ment est venu de rendre compte de
» tous ses actes. La politique de lord
» Beaconsfield craque sur bien des points
» et, au .'premier choc, "ce choryphée di-
» plomatique d'un nouveau genre sera
» précipité dans l'abîme qu'il a lui-même
» creusé. » C'est ainsi qu'on parle de
l'Angleterre en Russie, et les imaginations
slaves ne sont pas éloignées d'entrevoir
dans un jour prochain la chute de la nou-
velle Car. thage; ^succombant, au milieu de
sa gloire et de ses richesses, sous l'étreinte
d'une politique qui depuis Catherine II
n'a pas cessé de marcher vers le même
but avec ce mélange de force brutale et
de finesse pratique dont les peuples que
la civilisation n'a pas gâtés sont- seuls
susceptibles; L'avenir dira ce qui se mêle
de chimères à ces espérances démesurées.
Mais on ne saurait méconnaître la puis-
sance d'une volonté aussi ardente, soute-
nue par une foi aussi profonde, dans un
temps où personne ne sait plus prévoir
et où ce qu'on appelait jadis l'Europe
n'existe plus.
r r BOURSE DE PARIS
Clôture le 31 le 2 Hausse. Bgltte.
S •/•
Comptant. 75 30 75 30
Liquid. 75 20 78 32 1/2 12 1/2
Fin cour. 75 45" 25.
s o/o
Amortissable. 7 ••'•̃
Comptant. 77 85 78 15
Liquid. 77 82 1/2 77 9,5 12 1/2
Fin epur 78 ^0 27 y%
il/*o/e
Comptant 108 105 < <
S O/O Coupon détaché.
ComptantH3 m 75
Liquid. 112 90 111 72 1,2 2 1/2
Fin cour. i(. 111 97 1/2 22 1/2
KŒHTB BOURSE DO SOIR.
Emprunt 5 0/0 111 fr. 95, 92 1/2, 95.
Banque ottomane.. 461 fr.
Hongrois 6 0/0 71,713/32.
Russe 82 3/8.
Egyptiennes 6 0/0.. 286 fr. 87 1/2.
Notre correspondant de Berlin nous
adresse les télégrammes suivans
« Berlin, le 1er novembre, soir.
» La Norddetitsche Allgemeine Zeitung pu-
blie une lettre de, son correspondant de Saint-
Pétersbourg, qui commente et confirme jus-
qu'à un certain point les conjecturt-s faites
sur le voyage du comte Schouvaloff à Livadia,
et sur la nomination probable du comte au
poste de vice-chancelier. Il est nécessaire de
confier la direction des affaires étrangères à
un homme plus robuste que le chancelier
actuel, plus soigneux surtout d'entretenir les
alliances naturelles de la Russie et notam-
ment l'alliance avec l'Allemagne.
» Le comte Schouvaloff, dit le correspon-
dant, est le représentant sincère de l'ancienne
intimité entre la Russie et la Prusse. D'un
autre côté, il connaît à ïond l'Angleterre et
jouit de là confiance et de la sympathie de
la plupart des hommes d'Etat anglais il se-
rait donc éminemment propre à faciliter un
compromis entre les deux nations.
p Les prince de Bismarck, dans une lettre
publiée par, la Post, répond à des questions
posées soiis la mémo formé épistolafre par le
baron deWarnbuhler 1° que des propositions
relatives à la révision et à l'étendue des tarifs
douaniers seront prochainement soumises au
Bundesrath, dont l'avis décidera de la nou-
velle politique douanière allemande 2° que
la conclusion de nouveaux traités dé com-
merce sur la base de tarifs conventionnels lui
parait, en attendant, inopportune.
» L§ chancelier, dont plusieurs journaux
annonçaient la présence à Berlin, n'est pas
attendu avant dimanche. Le mariage de sa
fille, la comtesse Marie, avec le comte de
Rantzau, sera célébré mercredi prochain. »
a Berlin, le 2 novembre, 8 h. soir.
» L'officieuse NorddeutscJie Allgemeine Zei-
tung reproduit aujourd'hui, sans commen-
taires, une conversation qui aurait eu lieu
entre l'empereur Alexandre et le général
Totleben et que publie la Correspondance
politique de Vienne, où les paroles suivantes
sont attribuées à l'empereur « C'a été une
» faute de céder aux instances du général
» Ignatieff et de ne pas occuper Constanti-
» nople, comme l'avait décide le conseil de
o guerre du 2 mars. Les Anglais eussent-iis
» déclaré la guerre nous en aurions eu
o bon marché; nous serions aujourd'hui
i» maîtres du Bosphore, et à Constantinople
:» nous aurions trouvé des trésors nous pou-
» vions y frapper une contribution de 100 mil-
» lions, à l'exemple des Prussiens quand ils
» sont entrés à Francfort et à Paris. Nous
» avons manqué la une dbI'o oeça-ion. »
c Le môme journal semble faire pressentir
l'inauguration prochaine d'une sorte de so-
cialisme d'Etat qxii s'inspirera de la maxime
On ne détruit quece qu'on remplace. Lagrande
question pour l'Allemagne n'est pas la qu. s-
tion d'Orient; c'est pour longtemps la ques-
tion socia'e, économique et financière. Il faut
s'attendre tôt ou tard sur ce chapitre à quel-
que profonde révolution, fructueuse et possi-
ble en Allemagne selon le prince de Bismarck.
» Un groupe de députés fous ia présidence
de M. B'a'niborgr-T a constitué avant-hier ono
Union pour- la défense du libre-échange, en
< ppisiiion à r 'Union, écmiomique du Beichsiag,
qui recoflement a ,,s gué une déeîaratioa pio-
tèctiomnsle. L'Union libre- échangiste n'est
pas intransigeante en matière de traités
de commerce; elle repoussa les tarifs auto-
nomes et se prononce pour la base de la na-
tion la plus favorisés. Elle admet certains
droits compensateurs, par exemple, et ceci
regarde l'Autriche et la France, soir les vins,
les graines oléagineuses, etc. »,
Télégraphie privée.
(Service télégraphique de l'agence Havas.)
Rome, le 2 novembre.
Les négociations entre le Vatican et l'Allema-
gne marchent lentement.
Une des questions les plus importantes à ré-
soudre est celle qui concerne les conditions reli-
gieuses de l'Alsace-Lorraine, dont les diocèses
sont encore administrés comme s'ils apparte-
naient toujours à la France.
Le gouvernement allemand et le Vatican dési-
rent résoudre promptement cette question.
Le Vatican saisira l'occasion des élections qui
viennent d'avoir lieu en Suisse pour entamer des
négociations afin de rétablir les rapports entre ce
•pays et le Vatican.
Les évêques suisses exilés ont reçu des ins-
tructions pour se préparer à rentrer dans leurs
diocèses respectifs.
Simla, le 31 octobre, soir.
Suivant des informations récentes, la réponse
de l'émir est inconvenante dans la forme et nul-
lement satisfaisante dans le fond. Elle ne pré-
sente aucune excuse et elle ne laisse guère espé-
rer une solution pacifique.
Cependant le gouvernement des Indes a dé-
cidé de donner a l'émir une dernière occasion
d'éviter la guerre, en lui envoyant un ultimatum
dans lequel sont consignées les conditions de
l'Angleterre.
Un prompte réponse est réclamée.
Une délégation des Affridees est arrivée à Pes-
hawèr; elle a promis le concours dévoué de toute
la tribu.
L'état sanitaire des troupes afghanes à Ali-
Musjid est très mauvais.
Bombay, le 2 novembre.
La Gazette de Bombay se dit autorisée à an-
noncer que sir Salave-Yung participera fidèle-
ment à la guerre contre l'Afghanistan. Il met
toutes ses troupes, tous ses trésors et toutes ses
ressources à la disposition du gouvernement in-
dien.
Le même journal assure en outre que plusieurs
officiers russes exercent les troupes afghanes à
Jellalabad.
Les maladies continuent leurs ravages à Pes-
hawer.
Le Pioneer dit que le vice-roi des Indes pro-
teste qu'aucune nouvelle lettre n'a été adressée
par lui à Témir.
Saint-Pétersbourg, le l" novembre, soir.
Le comte Schouwaloff est arrivé avant-hier à
Livadia..
Le général commandant en chef l'armée du
Caucase a ordonné la remise sur pied de paix
de" toutes les troupes des districts transpauca-
siens.̃̃••
Les détachemens d'Erivan et de Rim seront
renvoyés dans leurs foyers.
Le Golos et d'autres journaux s'opposent à ce
que la Russie prête une assistance directe à
Sheere-Ali, ils recommandent une neutralité bien-
veillante à son égard.
Le Goïos regarde l'ultimatum adressé à l'émir
de Caboul par l'Angleterre comme un ajourne-
ment indéfini des opérations militaires. Il con-
seille à la diplomatie russe d'empêcher une colli-
sion ouverte entre l'Angleterre et l'Afghanistan.
Londres, le 1er novembre.
D'après une dépêche de Simla, publiée par le
Daily News, l'ultimatum adressé à l'émir par le
gouvernement indien demande des excuses com-
plètes. L'ultimatum contient d'autres conditions
dont l'acceptation n'est pas à espérer. On croit
que l'émir cherchera à temporiser.
Le Daily TelegrapA, dans une dépêche égale-
ment de Simla, annonce que l'ultimatum an-
glais accorde à l'émir un délai très court pour
répondre après l'expiration do ce délai, si la ré-
ponse n'était pas arrivée, les troupes du vice-roi
avanceraient sur toute la ligne.
Le porteur de l'ultimatum est parti lundi.
Londres, le 2 novembre.
On télégraphie de Berlin au Standard:
« Répondant à des ouvertures de la Porte, la
Russie à déclaré qu'elle était toute disposée à re-
prendre les négociations pour la conclusion du
traité de paix définitif. »
On télégraphie de Vienne au Times
« Le Pester Lloyd annonce qu'une Note an-
glaise protestant contre les mouvemens des Rus-
ses en Bulgarie a été présentée à Saint-Péters-
bourg le 21 octobre.
» Cette Note exprime l'espérance que la Russie
sera bientôt en mesure d'opérer le retrait de ses
troupes, et que celles-ci ne dépasseront nas les
lignes réoccupées, parce qu'un semblable mou-
vement forcerait 1 Angleterre à prendre des pré-
cautions. »
Le Daily News publie la nouvelle suivante de
Vienne
« La majorité du comité d'Adresse du Reichs-
rath a adopté un projet d'Adresse blâmant le
comte Andrassy pour avoir négligé de consul-
ter le Reichsrath au sujet de la politique orien-
tale. »
Constantinople, le. 31 octobre, soir.
M. Coundouriotis, ministre de Grèce à Constan-
linople, a été nformé que la note anglaise rela-
tive à l'observation du traité de Berlin, contien-
dra la recommandation pour la Grèce de se
soumettre à la médiation des puissances.
La Porte a ordonné aux gouverneurs turcs en
Asie de faire les démarches nécessaires pour l'in-
troduction de la nouvelle gendarmerie dans leur
;province.
Un léger conflit a éclaté entre les Bulgares et
des troupes turques dans le district de Bitolia.
De nouvelles bandes bulgares entrent en Ma-
cédoine.
Constantinople, le 31 octobre.
Le bruit court que la Porte refuserait de con-
fier l'administration des douanes aux délégués
français et anglais.
La Porte a envoyé le discours prononcé à
Philippopoli, par le général Dondoukoff-Kor-
sakoff. à tous les représententans de la Turquie a
l'étranger, comme information et pour leur si-
gnaler les atteintes portées au traité de Berlin
dans ce discours.
Les Russes prennent leurs dispositions pour
hiverner dans les environs d'Andrinople.
Mazhar Pacha travaille à l'apaisement des popu-
lations des environs de Demotica.
Le conseil des ministres a discuté une proposi-
tion faite par la Russie concernant le rapatrie-
ment des émigrés.
Les Bulgares de Roumélie ont remis à la
commission de Philippopoli une pétition de-
mandant l'annexion de leur province à la Bul-
garie.
On croit que les Russes ont l'intention de sai-
sir le prétexte des troubles qui ont éclaté dans le
nord de la Macédoine pour occuper ce pays.
Le Sultan a chargé Osman Pacha de la haute
surveillance des travaux de fortification et de
l'armement de la ligne de défense de Tchataldja
à Derkos. Ces travaux sont poussés avec la plus
grande activité.
Les prisonniers arrivant de Russie sont armés
et équipés aussitôt.
Les renforts continuent à arriver en Macé-
doine.
Constantinople, le 1" novembre, soir.
La commission russo-turque pour le rapatrie-
ment des réfugiés musulmans a délivré des pas-
seports qui autorisent le retour dans la Bulgarie
et dans la Roumélie orientale de lous les musul-
mans qui possèdent une propriété foncière dans
ces provinces, ainsi que des habitans qui peu-
vent subvenir à leurs besoins à laide de leur
comœerce.
Les personnes plus favorisées de la fortune
pourront plus lard obtenir l'autorisation d'em-
ployer leurs coreligionnaires plus pauvres dont
le retour dans leurs foyers n'est pas encore au-
torisé.
Constanlinople, l" novembre, soir.
La Porte a informé M. Layard qu'elle allait
abolir les dîmes, nommer un gouverneur et intro-
duire toutes les réformes arrêtées, mais dans une
province seulement, ajoutant qu'elle ajournait
l'application générale des réformes jusqu'à ce que
ses finances lui permissent de l'accomplir.
L'Angleterre considère la Russie comme obli-
gée d'évacuer la Bulgarie et la Roumélie. De
leur côté, les Russes veulent attendre la conclu-
sion du traité définitif, ce à quoi l'Angleterre ob-
jecte qu'il faut regarder le traité de Berlin comme
un traité définif.
Constantinople, le 1" novembre, soir.
Le comte Zichy, ambassadeur d'Autriche à
Constantinople, a demandé à la Porte des expli-
cations sur la concentration de troupes ottoma-
nes du côté de Novi-Bazar.
Safvet Pacha a répondu que cette con entra-
tion de troupes avaient seulement pour but d'as-
surer l'ordre et de limiter l'insurrection.
Constantinople, le i« novembre,
6 h. 30 m. soir.
Upe nouvelle Note a été remise au prince Lo-
banoff sur les excès commis par les Bulgares.
Le gouvernement a décidé d'accepter le caïmé
Eour le paiement des impôts à raison de 280 par
vre,
Odessa, le 2 novembre.
On télégraphie de Constantinople à la date du
31 octobre
« Le comte Zichy a eu mercredi dernier une
longue entrevue avec Safvet Pacha,
« On croit que le comte Zichy a sondé le prési-
dent du conseil sur les questions suivantes
« Cession définitive de la partie nord de la Bos-
nie à l'Autriche; restitution du reste de cette
province à la Turquie; entente complète entre
ces deux puissances. »
Athènes, le 1er novembre, soir.
La crise ministérielle est finie.
M. Tricoupis est nommé président du conseil,
ministre des affaires étrangères et ministre des
finances
M. Zaimis, ministre de l'intérieur et ministre
de la justice
M. Mavrocordatos, ministre de l'instruction
publique
M. Karaiskakis, ministre de la guerre
M. Kanaris, ministre de la marine.
Londres, le 1" novembre.
Une dépêche de Berlin reçue par le Morning-
Post, assure que la Russie se propose de porter
le chiffre de son armée d'occupation, en Bulgarie
et en Roumélie, à 200,000 hommes.
Pesth, le l" novembre, soir.
Chambre des Députés M. Tisza déclare que la
loi ne fixe pas la date à laquelle doit avoir lieu
la présentation du traité dé Berlin. Pourtant,
les gouvernemens' ont le droit dé fixer eux-
mêmes cette date. Là prétention du pouvoir lé-
gislatif à trancher la question relative à l'accep-
tation ou à la non-acceptation d'un traité politi-
que international n'est point justifiée. Le mandat
d'oecâpation est une affaire extérieure et non in-
térieure.
M.Tisza ajoute que la direction harmonique
des affaires étrangères est une chose nécessaire,
attendu que sans cela le dualisme serait poussé
jusqu'à rabsurde (ad absurdum)et que le centra-
lisme s'ensuivrait. M. Tisza conclut en déclarant
que M. Andrassy est à même de fournir aux dé-
légations les meilleures explications. C'est pour-
quoi il émet le vœu que les délégations soient
réunies sans retard.
Rome, le 2 novembre.
Une foule immense a rendu visite au tombeau
de Victor-Emmanuel.
Une messe de Requiem a été célébrée.
Lisbonne, le 2 novembre.
Les derniers avis du Sénégal, apportés par
VOrénogue, annoncent que la fièvre jaune a atteint
Saint Louis et le premier arrondissement, qui
avaient été jusqu'à présent préservés. Le nombre
des décès dans cette partie de la colonie, du 15
au 25 octobre, a dépassé 150.
Trois médecins et un aumônier sont parmi les
victimes.
L'état sanitaire dans le second arrondissement
s'est notablement amélioré.
Caire, le 31 octobre.
La caisse de la Dette annonce le paiement du
coupon échéant le l?r novembre^
Les résultats des élections pour le
choix des délégués sénatoriaux sont au-
jourd'hui à peu près connus. Ce qu'il
était facile de prévoir est arrivé la plu-
part des conseils municipaux ont nommé
des délégués républicains, lesquels nom-
meront à leur tour des sénateurs de la
même opinion. La majorité du futur Sénat
sera conservatrice dans toute l'acception
du mot, c'est-à-dire qu'elle emploiera son
intelligence et son énergie à défendre, '4
s'ils étaient attaqués, non seulement les
grands principes sur lesquels repose toute
organisation sociale, mais la forme même
de nos institutions politiques. La répu-
blique doublera, le 5 janvier prochain, le
cap de Bonne-Espérance. L'homogénéité
qui existe déjà dans le ministère et dans
la majorité de la Chambre des Députés se
reproduira dans la majorité du Sénat. Cette
majorité jusqu'ici n'a été autre chose
qu'une coalition d'hommes de partis, pro-
fondément divisés entre eux, mais réunis
par un sentiment commun contre la répu-
blique. Dorénavant il n'en sera pas aiùsi,
et un accord sincère et durable pourra
s'établir entre les représentans des divers
pouvoirs. Ils ne chercheront plus à gou-
verner les uns contre les autres, mais à
gouverner ensemble pour le seul bien du
pays,, et c'est précisément ce que veut le
pays après les gouvernemens de combat
et les ministères de partis qui ont si vio-
lemment troublé son repos depuis quel-
ques années.
Nous assistons enfin à la réalisation de
cette prophétique parole par laquelle
M. Thiers promettait le pouvoir au plus
sage. Le plus sage, jusqu'à ce jour, a été
le parti républicain. Nous ne doutons pas
qu'il ne persévère jusqu'au bout dans la
conduite habile et prudente qu'il a si fi-
dèlement suivie, et les conseils qu'on lui
donne à cet égard sont excellens sans
doute, mais peut être superflus. La
Chambre des Députés a-t-elle besoin
qu'on l'avertisse solennellement que la
moindre faute de sa part serait aussitôt
exploitée par les factions réactionnaires?
Elle le sait, elle agira en conséquence.
Nos députés reviennent de leurs départe-
mens avec la ferme résolution de respec-
ter et de soutenir l'état de choses actuel.
C'est une grande erreur de les croire dis-
posés à opérer sans un jour de retard des
changemens plus ou moins profonds. La
tranquillité de la province ne provoque pas
ces impatiences lébriles elles se mani-
festent plutôt à Paris parmi les politiciens
de profession qui veulent à tout prix faire
quelque chose, et parmi les journalistes
qui sont bien obligés d'avoir tous les jours
une idée ou un semblant d'idée. En pro-
vince, on s'accommode plus facilement
d'un repos qu'on croit avoir bien mé-
rité on ne rêve pas des réformes dont
l'utilité immédiate est pour le moins
douteuse on n'en veut pas à l'existence
des ministères qui font avec honnê-
teté leur métier de gouvernement. La
sagesse provinciale consiste à vivre le
plus longtemps possible avec le gouver-
nement de fait, pourvu qu'on n'ait pas
trop à s'en plaindre, et c'est sans doute
dans cet esprit que nos députés sont re-
venus à Versailles. Il suffit de les y entre-
tenir, ce qui sera facile. La Chambre a le
budget à discuter et à voter voilà de
quoi occuper son activité pendant deux
mois. Elle repoussera loin d'elle les dé-
bats irritans, et elle n'aura d'ailleurs pour
cela qu'à rester fidèle à ses propres tra-
ditions.
Mais le Sénat! On se. demande ce qu'il
va faire. Ses traditions diffèrent essentiel-
lement de celles de la Chambre et le con-
flit lui a paru, jusqu'à ce jour, être son
élément naturel. Il est vrai que sa politi-
que inquiète et inquiétante ne lui a pas
réussi: les élections de dimanche der-
nier en sont une preuve nouvelle, et
cette preuve sera confirmée dans deux
mois. Les amis du Sénat se rendent
compte, mais un peu tard, des fautes
commises et ils voudraient bien les ré-
parer s'ils en est encore temps. Ils con-
seillent donc au Sénat d'imiter le calme
et la sagesse de la Chambre des Dé-
putés. Le mot d'ordre est changé. Au-
trefois, le mot d'ordre était de se tenir
toujours sur la brèche, d'annoncer l'ap-
proche du péril radical et d'habituer le
pays à compter sur la vigilance de son
intrépide Sénat. Ce système ayant échoué,
ony renonce. Pour la session qui commence,
le Sénat devra s'appliquer à ne pas faire
parler de lui, presque à se faire oublier.
Ainsi, de part et d'autre, à la Chambre et
au Sénat, le mot d'ordre est de se tenir
sur ses gardes d'écarter les affaires
bruyantes, d'éviter les débats compro-
mettans. Mais il y a une différence entre
les deux situations c'est que la Chambre
n'a qu'à persister dans le système de con-
duite qu'elle avait adopté déjà, tandis que
le Sénat doit changer subitement ses habi-
tudes invétérées, ce qui est plus difficile.
Nous espérons cependant qu'il y réus-
sira. L'intérêt qui l'y pousse est des plus
graves il s'agit de savoir si la majorité
pourra être maintenue à droite. Les diffi-
cultés de la chose apparaissent aujour-
d'hui tout entières. Le comité des droites
vient encore de se réunir pour travailler
à l'élaboration d'un manifeste et il n'en est
pas venu à bout. Impossible d'obtenir
que ces hommes qui croient pouvoir
composer une majorité de gouvernement
parlent un même langage Ce que les
uns veulent, les autres le repoussent.
L'un est royaliste et l'autre bona-
partiste. Pas de lien commun entre eux,
sinon la haine de la république et ce
sentiment qu'ils osaient avouer autrefois,
ils doivent maintenant le cacher. En con-
séquence, ils ne diront rien. Ils renoncent
à éclairer ie pays par leurs paroles; ils ne
l'éclaireront pas davantage par leurs ac-
tes. S'ils entreprenaient, en effet, dans
le sein même du Sénat, une de ces cam-
pagnes où leur ardeur se plaisait autre-
fois, auraient-ils encore la majorité? Rien
n'est plus douteux. On peut apercevoir à
certains symptômes significatifs qu'un
travail de désagrégation s'est sourdement
produit dans l'ancienne majorité sénato-
riale. Il y a là un certain nombre d'honnê-
tes gens que leurs relations, leurs habitu-
des, peut-être même des terreurs sincères
ont mis jusqu'à ce jour à la disposition des
partis ardens, mais qui ne sont pas eux-
mêmes des hommes de parti et qui sont
las du joug qu'on leur impose. Ils en
sont las et un peu honteux. On leur
avait promis la victoire et on les a
conduits avec une légèreté et une infa-
tuation singulières aux plus accablantes
défaites. Ils ont perdu toute confiance
dans leurs chefs, et ceux-ci, à leur tour,
savent bien qu'ils ne peuvent plus comp-
ter sur une adhésion qui n'a jamais
été bien empressée et qu'on leur refu-
serait dorénavant. Les manifestations
redoublées de la volonté nationale
ont enfin déterminé les esprits de
bonne foi. Ils reconnaissent que le `
pays veut le maintien de la république, et
ils sont tout prêts à se rallier à elle
pourvu que la république leur assure
l'ordre, la liberté et la dignité. Oui, un
certain nombre de sénateurs qui ont
marché naguère sous la bannière du
16 mai, déclarent assez haut pour être en-
tendus qu'ils n'ont aucune envie de re-
commencer. Si les droites avaient donc
l'imprudence de battre le rappel, ne fût-ce
que pour essayer une escarmouche parle-
mentaire, elles risqueraient fort de cons-
tater et de faire constater publiquement
quelques vides dans leurs rangs. Ne
vaut-il pas mieux s'abstenir et atteindre
le S janvier en donnant au pays l'illusion
que la majorité est toujours à droite et
qu'il y a là une force et une garantie?
Tel est un des motifs inavoués de la
modération que la droite du Sénat se
propose d'observer pendant la session
qui commence. Deux mois, d'ailleurs,
sont- bientôt passés, et les journaux de la
droite promettent à leurs amis une prompte
et bonne revanche quand le G janvier
sera venu. Quoi de plus amusant que
de lire dans ces journaux les avertisoe-
mens qu'ils adressent aux électeurs sur
les sinistres projets de la gauche, dont
la sagesse, à les entendre, n'est qu'un
jeu, une comédie de quelques jours? Vous
verrez, disent-ils, ce que feront les gau-
ches quand elles auront la majorité dans
les deux Chambres! Les sombres lueurs
de l'Apocalypse éclairent notre avenir le
plus prochain. M. de Marcère est accusé
d'avoir fait un pacte avec les pires radi-
caux M. Bardoux, d'avoir dressé une liste
d'otages parce que, en exécution de la loi,
il a fait dresser la statistique des con-
grégations religieuses. Voilà ce que
les gauches nous réservent Et aus-
sitôt, ces journaux se retournent vers la
droite et lui conseillent précisément d'i-
miter le jeu et la comédie de leurs ad-
versaires. Sachez attendre et dissimuler,
disent-ils vous relèverez la tête quand
vous serez sûrs de la majorité dans le Sé-
nat. Ne peut-on pas dire à la droite et
à ses amis qu'eux aussi ne renoncent à au-
cun de leurs projets, projets que nous con-r
naissons bien; qu'ils font précisément ce
qu'ils nous reprochent et que, suivant le
mot de l'Evangile, ils ne voient pas la
poutre qui est dans leur œil.
Le pays ne se méprendra pas sur les
intentions secrètes des hommes qui l'ont
déjà si souvent et si cruellement agité.
Mais, pour le moment, nous n'avons qu'à
nous féliciter de cet assaut de modération
entre la droite et la gauche, entre la Cham-
bre et le Sénat. Quels que soient le but et
lé motif de cette conduite, le résultat est
trop bon pour qu'on puisse s'en plaindre.
Il faut souhaiter, au contraire,, que lemot
d'ordre donné par tous les partis soit
exactement obéi. Deux mois de tranquillité
à la fin de l'année, entre l'Exposition et
le jour de l'an, sont une trêve précieuse.
Les affaires n'y perdront pas.
̃ Francis Charmes. ̃̃̃-
On nous écrit de Rome, le 31 octo-
bre 1878 J
« Les députés italiens ont emprunté aux
Anglais l'habitude de faire des discours à
leurs électeurs pendant les vacances. La plu-
part de ces harangues ne méritent pas de
passer les Alpes, mais celle de M. Minghetti
vaut la peine d'être signalée, d'abord à cause
de la haute situation de l'orateur, et ensuite
parce qu'elle est une réponse directe au dis-
cours-programme du président du conseil.
Après avoir censtaté que sur bien des sujets
toutes les nuances du parti libéral sont d'ac-
cord, M. Minghetti a fait porter son dissenti-
ment sur trois points spéciaux qui sont les
finances, la réforme électorale et le droit d'as-
sociation.
» L'ancien président du conseil n'admet
pas la réalité d'un excédant de 60 millions
et il en conclut que la suppression du droit
de mouture est une imprudence. Je n'insiste
pas à ce sujet parce qu'entre le ministre qui
affirme et le chef de l'Opposition qui nie, il
est impossible de se prononcer avant la disr
cussion contradictoire qui aura lieu prochai-
nement et après laquelle on pourra émettre
une opinion consciencieuse et raisonnée.
» En ce qui concerne la réforme électorale,
M. Minghetti a établi qu'il, existe deux théo-
ries lune d'après laquelle le droit de vote
est un droit absolu comme celui d'aller et de
venir, et qui dès lors appartient à quiconque
ne s'en est pas rendu formellement indigne
l'autre, qui considère le droit de vote comme
une fonction sociale qui doit appartenir ex-
clusivement à ceux qui présentent des garan-
ties suffisantes de capacité et d'indépendance.
» Il est évident, bien qu'il ne l'ait pas dit,
que l'orateur est partisan de la seconde théo-
rie, que j'appellerais aristocratique, si l'aris-
tocratie n'était passée de mode au moins dans
les mots, car dans les choses elle est plus»
prisée^et pratiquéô qu'on ne veut en con-
venir.
Je crois au contraire que M. Cairoli in-
cline vers la théorie purement démocratique,
bien qu'il ne l'ait pas dit non plus en termes
explicites. Il y a donc, dans la Chambre ita-
lienne, sur un sujet capital, un dissentiment
doctrinal très net qui devra entraîner ses con-
séquences dans la pratique. Quant au droit
d'association et de réunion, on sait qu&
M. Cairoli est partisan du système purement
répressif, tandis que M. Minghetti croit que
le gouvernement a le droit et le devoir de
prévenir le mal dans une mesure assez large.
» A cette occasion, l'ancien ministre a cri-
tiqué en termes très vifs, bien que courtois,
quelques uns des actes des ministres actuels,.
Quant à la politique étrangère, M. Minghetti
ne blâme pas ce qui s'est fait au Congrès de
Berlin. Il est assez remarquable qu'après tant
de vociférations, tout le monde ait fini par
reconnaître que les plénipotentiaires italiens
avaient fait leur devoir et s'étaient conformés
aux règles du bon sens. Néanmoins l'orateur
n'est pas rassuré sur l'avenir, et il a terminé
son discours en engageant ses compatriotes
à se tenir prêts Estote parati s'est-il écrié
en latin, pour donner sans doute plus de so-
lennité à ses paroles.
» II est assez remarquable qu'en Italie on
soit toujours, depuis quelques années, d'un
pessimisme persistant, en ce qui concerne la
politique générale. Il y a trois ans, on croyait
à la guerre en Orient, et on ne s'est pas
trompé. Aujourd'hui, on croit à une guerre
générale. Aura-t-oa encore raison? Il a suffi
s ~I ET ~c~~ s ~o~
9878
UN $'*BONNE
rue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois, il.
PBIg D~ L'ABOi1111'EnIENT
Trois mois. Six mois. Un an.
Paris. 18 fr. 36 fr. 72 ft.
Départemens 20 fr. 40 Se. 80 fr.
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–d'outre-mer. 24.fr. 48 fr. 96 fr.
= .4__ ~t__ _n 3_
î^es anflnnemens paneni aes i" et is ae
̃ chaque mois.
Pari», an numéro 90 cent»
Département, mi numéro. 25 eent.
In London, apply to Cowie and C% foreign
"newspapers office, 17, Greshàm street, G. P. O,;
WH. Dçlizy, Bavfcset O, 1, Finch lane Gorhhili,
E. C. London; IH»fl. W-H- Smith et Son,
186, Strand, w. C. Vondon.
A Bruxelles, bVOfficedepuMicitéA6,Tneàela.l$a.d&
leine, dans les kiosques et dans les biMothè-f
gués de gai-es de chemins de fer belges. 1 {
SfEDI 2 ET DIAIHE 3 NOVEMBRE
1 1878
JOURNAL DES DEBATS
ON S'ABONNE
en Belgique, en Italie,
dans le Luxembourg, en Turquie,
en Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans les
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon, ̃
au moyen d'une valeur payable à Paris ou de
mandats-poste, soit internationaux, soit français.
en Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays,
par l'envoi d'une valeur payaole à^Parip.• °
d. .G. 4.
POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
Jr~~t A $~~?'9 ~i iji i i ~~AiR~O
Les annonces sont reçues v,
chez 1H9I. Fauchey, ELaftlte et C;
8, place de la Bourse,
et au bureau du JOURNAL*;
elles doivent toujours être agréées par la rédaction.
PARIS
SAMEDI 2 NOVEMBRE
Les nouvelles de Bulgarie se suivent et
se ressemblent. Après le discours du
prince Dondoukoff-Koçsakoff, voici la ré-
ponse des délégués bulgares auxquels s'é-
tait adressé le commissaire russe. Cette
réponse, dont on trouvera le texte plus
loin, n'est pas moins instructive que le
discours qui l'a précédée. Les délégués
bulgares célèbrent d'abord l'enthousiasme
que le traité/de San-Stefano avait provo-
qué parmi eux. « La nature elle-même,
» s'écrient-ils semblait partager notre
» allégresse », ce qui était d'autant plus
simple que l'apparition du traité de San-
Stefano coïncidait avec la fin de l'hiver.
Par malheur, le Congrès de Berlin n'a
point imité la nature; il est venu attris-
ter le printemps en substituant au traité
de San-Stefano un traité nouveau qui a
fait pâlir la verdure et qui a étouffé l'es-
pérance dans les cœurs. Les mauvaisjours
Ont succédé aux jours de joie et de soleil.
L'automne est arrivée, et l'heure du dé-
part a sonné pour le prince Dondoukoff-
Korsakoff. Mais pendant les quelques mois
qu'il a passés en Roumélie, que d'œuvres
importantes n'a-t-il pas accompliesîQue de
germes n'a-t-il pas semés qui lèveront au
printemps prochain ? Il a créé de fond en
comble une administration qui repose, pa-
raît-il, sur le principe du self-government;
il a organisé la police et assuré la sécu-
rité publique, du moins la sécurité des Bul-
gares, car les infortunés musulmans n'ont
jamais été moins en sûreté il a doté la
province d'une organisation judiciaire
« conforme aux préceptes du droit philor
» sophique » il à inauguré une nouvelle
instruction populaire il a créé une mi-
lice soi-disant nationale avec des offi-
ciers et des sous-officiers russes; il a
agrandi les rues de Philippopoli, amélioré
lès conduites d'eau, perfectionné l'hy-
giène publique que n'a-t-il pas fait ? Dé-
sormais, comme il Ta dit lui-même, la
commission européenne peut arriver,
« elle trouvera sa tâche singulièrement
» facilitée » il ne lui restera plus rien à
entreprendre, et si elle veutdéfaire quelque
chose de ce qui a été fait, les fusils sont là
pour prévenir une pareille velléité. On
s'explique la reconnaissance des Bulga-
res on s'explique encore plus leur dou-
leur en voyant s'éloigner un homme dont
l'activité dévorante transformait tout au-
tour de lui. Mal? il leur reste une conso-
lation « Quoique réparée de nous, s'é-
» criect-ils, Votre Excellence ne cessera
» pas de travailler à l'accomplissement de
» nos vœux. Votre bonté voue a créé dans
» le cœur de chaque Bulgare un monu-
» ment vivant dont le couronnement sera
» la réalisation des souhaits du peuple lul-
» gare, grâce à la continuation de vos ef-
» forts. »
Les Bulgares peuvent être rassurés sur
ce dernier point. Le prince Dondoukoff-
Korsakoff ne renoncera pas « au couron-
» nement de l'édifice »; ils ont raison de
croire que la diplomatie russe ne cessera
pas de poursuivre l'œuvre à laquelle elle
travaille depuis plus d'un siècle avec une
constance réellement admirable qu'au-
cune épreuve ne lasse, qu'aucune décep-
tion ne fatigue, qu'aucun échec ne rebute,
et qui semble renaître plus ardente chaque
fois qu'on la croit abattue; elle n'aban-
donnera pas plus sa nouvelle conception
de la Bulgarie méridionale que Catherine II
n'a abandonné son idée d'une résurrec-
tion de l'empire de Byzance, et que ses
héritiers n'ont abandonné leurs projets
successifs sur la Grèce, sur la Serbie, sur
le Monténégro et sur la Bulgarie. Il suffit
de lire les journaux russes pour s'en con-
vaincre. Tandis que le gouvernement
frappe sans hésiter les feuilles qui com-
battent un point quelconque de- sa poli-
tique intérieure ou extérieure* il laisse le
Russli-Mir s'écrier impunément « Toute
» la Bulgarie doit être réunie en
» une seule principauté, et, à partir du
» moment où cette unification sera
» effectuée, la partie la plus difficile
» de la question d'Orient sera définitive-
» ment réglée. Nous pouvons faire et
» nous devons faire tout ce qui dépendra
» de nous pour mettre à jamais fin au
» conflit turco-slave. Et il est facile d'ar-
» river à ce résultat dans l'état ac-
» tuel des relations internationales. »
On voit que la Russie ne s'en est
pas laissé imposer par le fantôme
de l'union de l'Europe au Congrès de Ber-
lin pas pluS que la Turquie à la confé-
rence de Constantinople elle n'a consenti
à prendre des apparences diplomatiques
pour des réalités pratiques; elle a fait
semblant, de se soumettre, jeu plus habile
que la résistance ouverte qui a si mal
réussi à la Porte; mais en s'inclinant.
avec un respect, apparent devant la
sentence des puissances, clic ge pré-
parait à déchirer le traité qu'elle
avait eu l'air d'accepter. Qui pourrait l'o-
bliger, en effet à faire honneur à sa si-
gnature ? Dans l'état actuel des relations
internationales pour parler comme le
RussMMir, aucune coalition ne saurait se
former contre l'ambition moscovite. L'À*u-
triche, comp: omise dans la fune-te en-
treprise de Bosnie, a les mains liées; l'Al-
lemagne paraît décidée à pousser jus-
qu'aux dernières limites sa r£connais-
Bâuee envers le cabinet de Saint-Pélers-
bourg; la Êrarice est absorbée par ses pro-
pres affaires l'Italie s'agite en vain
sans arriver à prendre une posi-
tion diplomatique. L'Angleterre seule
veille sur l'Orient; mais sa conduite, de-
puis le commencement de la crise, ne
prauve-t-elie pas qu'elle est frappée d'un
mal incurable et que son action dans le
monde est paralysée par une force invin-
cible ? « Que, nous soyons, oui ou non,
» coupables de l'intervention dont on
» nous accuse dans les affaires de l'Af-
» ghanistan, dit le Husski Mir, il est
» un fait certain c'est que l'Angle-
» terre a fait son temps. Le mo-
» ment est venu de rendre compte de
» tous ses actes. La politique de lord
» Beaconsfield craque sur bien des points
» et, au .'premier choc, "ce choryphée di-
» plomatique d'un nouveau genre sera
» précipité dans l'abîme qu'il a lui-même
» creusé. » C'est ainsi qu'on parle de
l'Angleterre en Russie, et les imaginations
slaves ne sont pas éloignées d'entrevoir
dans un jour prochain la chute de la nou-
velle Car. thage; ^succombant, au milieu de
sa gloire et de ses richesses, sous l'étreinte
d'une politique qui depuis Catherine II
n'a pas cessé de marcher vers le même
but avec ce mélange de force brutale et
de finesse pratique dont les peuples que
la civilisation n'a pas gâtés sont- seuls
susceptibles; L'avenir dira ce qui se mêle
de chimères à ces espérances démesurées.
Mais on ne saurait méconnaître la puis-
sance d'une volonté aussi ardente, soute-
nue par une foi aussi profonde, dans un
temps où personne ne sait plus prévoir
et où ce qu'on appelait jadis l'Europe
n'existe plus.
r r BOURSE DE PARIS
Clôture le 31 le 2 Hausse. Bgltte.
S •/•
Comptant. 75 30 75 30
Liquid. 75 20 78 32 1/2 12 1/2
Fin cour. 75 45" 25.
s o/o
Amortissable. 7 ••'•̃
Comptant. 77 85 78 15
Liquid. 77 82 1/2 77 9,5 12 1/2
Fin epur 78 ^0 27 y%
il/*o/e
Comptant 108 105 < <
S O/O Coupon détaché.
ComptantH3 m 75
Liquid. 112 90 111 72 1,2 2 1/2
Fin cour. i(. 111 97 1/2 22 1/2
KŒHTB BOURSE DO SOIR.
Emprunt 5 0/0 111 fr. 95, 92 1/2, 95.
Banque ottomane.. 461 fr.
Hongrois 6 0/0 71,713/32.
Russe 82 3/8.
Egyptiennes 6 0/0.. 286 fr. 87 1/2.
Notre correspondant de Berlin nous
adresse les télégrammes suivans
« Berlin, le 1er novembre, soir.
» La Norddetitsche Allgemeine Zeitung pu-
blie une lettre de, son correspondant de Saint-
Pétersbourg, qui commente et confirme jus-
qu'à un certain point les conjecturt-s faites
sur le voyage du comte Schouvaloff à Livadia,
et sur la nomination probable du comte au
poste de vice-chancelier. Il est nécessaire de
confier la direction des affaires étrangères à
un homme plus robuste que le chancelier
actuel, plus soigneux surtout d'entretenir les
alliances naturelles de la Russie et notam-
ment l'alliance avec l'Allemagne.
» Le comte Schouvaloff, dit le correspon-
dant, est le représentant sincère de l'ancienne
intimité entre la Russie et la Prusse. D'un
autre côté, il connaît à ïond l'Angleterre et
jouit de là confiance et de la sympathie de
la plupart des hommes d'Etat anglais il se-
rait donc éminemment propre à faciliter un
compromis entre les deux nations.
p Les prince de Bismarck, dans une lettre
publiée par, la Post, répond à des questions
posées soiis la mémo formé épistolafre par le
baron deWarnbuhler 1° que des propositions
relatives à la révision et à l'étendue des tarifs
douaniers seront prochainement soumises au
Bundesrath, dont l'avis décidera de la nou-
velle politique douanière allemande 2° que
la conclusion de nouveaux traités dé com-
merce sur la base de tarifs conventionnels lui
parait, en attendant, inopportune.
» L§ chancelier, dont plusieurs journaux
annonçaient la présence à Berlin, n'est pas
attendu avant dimanche. Le mariage de sa
fille, la comtesse Marie, avec le comte de
Rantzau, sera célébré mercredi prochain. »
a Berlin, le 2 novembre, 8 h. soir.
» L'officieuse NorddeutscJie Allgemeine Zei-
tung reproduit aujourd'hui, sans commen-
taires, une conversation qui aurait eu lieu
entre l'empereur Alexandre et le général
Totleben et que publie la Correspondance
politique de Vienne, où les paroles suivantes
sont attribuées à l'empereur « C'a été une
» faute de céder aux instances du général
» Ignatieff et de ne pas occuper Constanti-
» nople, comme l'avait décide le conseil de
o guerre du 2 mars. Les Anglais eussent-iis
» déclaré la guerre nous en aurions eu
o bon marché; nous serions aujourd'hui
i» maîtres du Bosphore, et à Constantinople
:» nous aurions trouvé des trésors nous pou-
» vions y frapper une contribution de 100 mil-
» lions, à l'exemple des Prussiens quand ils
» sont entrés à Francfort et à Paris. Nous
» avons manqué la une dbI'o oeça-ion. »
c Le môme journal semble faire pressentir
l'inauguration prochaine d'une sorte de so-
cialisme d'Etat qxii s'inspirera de la maxime
On ne détruit quece qu'on remplace. Lagrande
question pour l'Allemagne n'est pas la qu. s-
tion d'Orient; c'est pour longtemps la ques-
tion socia'e, économique et financière. Il faut
s'attendre tôt ou tard sur ce chapitre à quel-
que profonde révolution, fructueuse et possi-
ble en Allemagne selon le prince de Bismarck.
» Un groupe de députés fous ia présidence
de M. B'a'niborgr-T a constitué avant-hier ono
Union pour- la défense du libre-échange, en
< ppisiiion à r 'Union, écmiomique du Beichsiag,
qui recoflement a ,,s gué une déeîaratioa pio-
tèctiomnsle. L'Union libre- échangiste n'est
pas intransigeante en matière de traités
de commerce; elle repoussa les tarifs auto-
nomes et se prononce pour la base de la na-
tion la plus favorisés. Elle admet certains
droits compensateurs, par exemple, et ceci
regarde l'Autriche et la France, soir les vins,
les graines oléagineuses, etc. »,
Télégraphie privée.
(Service télégraphique de l'agence Havas.)
Rome, le 2 novembre.
Les négociations entre le Vatican et l'Allema-
gne marchent lentement.
Une des questions les plus importantes à ré-
soudre est celle qui concerne les conditions reli-
gieuses de l'Alsace-Lorraine, dont les diocèses
sont encore administrés comme s'ils apparte-
naient toujours à la France.
Le gouvernement allemand et le Vatican dési-
rent résoudre promptement cette question.
Le Vatican saisira l'occasion des élections qui
viennent d'avoir lieu en Suisse pour entamer des
négociations afin de rétablir les rapports entre ce
•pays et le Vatican.
Les évêques suisses exilés ont reçu des ins-
tructions pour se préparer à rentrer dans leurs
diocèses respectifs.
Simla, le 31 octobre, soir.
Suivant des informations récentes, la réponse
de l'émir est inconvenante dans la forme et nul-
lement satisfaisante dans le fond. Elle ne pré-
sente aucune excuse et elle ne laisse guère espé-
rer une solution pacifique.
Cependant le gouvernement des Indes a dé-
cidé de donner a l'émir une dernière occasion
d'éviter la guerre, en lui envoyant un ultimatum
dans lequel sont consignées les conditions de
l'Angleterre.
Un prompte réponse est réclamée.
Une délégation des Affridees est arrivée à Pes-
hawèr; elle a promis le concours dévoué de toute
la tribu.
L'état sanitaire des troupes afghanes à Ali-
Musjid est très mauvais.
Bombay, le 2 novembre.
La Gazette de Bombay se dit autorisée à an-
noncer que sir Salave-Yung participera fidèle-
ment à la guerre contre l'Afghanistan. Il met
toutes ses troupes, tous ses trésors et toutes ses
ressources à la disposition du gouvernement in-
dien.
Le même journal assure en outre que plusieurs
officiers russes exercent les troupes afghanes à
Jellalabad.
Les maladies continuent leurs ravages à Pes-
hawer.
Le Pioneer dit que le vice-roi des Indes pro-
teste qu'aucune nouvelle lettre n'a été adressée
par lui à Témir.
Saint-Pétersbourg, le l" novembre, soir.
Le comte Schouwaloff est arrivé avant-hier à
Livadia..
Le général commandant en chef l'armée du
Caucase a ordonné la remise sur pied de paix
de" toutes les troupes des districts transpauca-
siens.̃̃••
Les détachemens d'Erivan et de Rim seront
renvoyés dans leurs foyers.
Le Golos et d'autres journaux s'opposent à ce
que la Russie prête une assistance directe à
Sheere-Ali, ils recommandent une neutralité bien-
veillante à son égard.
Le Goïos regarde l'ultimatum adressé à l'émir
de Caboul par l'Angleterre comme un ajourne-
ment indéfini des opérations militaires. Il con-
seille à la diplomatie russe d'empêcher une colli-
sion ouverte entre l'Angleterre et l'Afghanistan.
Londres, le 1er novembre.
D'après une dépêche de Simla, publiée par le
Daily News, l'ultimatum adressé à l'émir par le
gouvernement indien demande des excuses com-
plètes. L'ultimatum contient d'autres conditions
dont l'acceptation n'est pas à espérer. On croit
que l'émir cherchera à temporiser.
Le Daily TelegrapA, dans une dépêche égale-
ment de Simla, annonce que l'ultimatum an-
glais accorde à l'émir un délai très court pour
répondre après l'expiration do ce délai, si la ré-
ponse n'était pas arrivée, les troupes du vice-roi
avanceraient sur toute la ligne.
Le porteur de l'ultimatum est parti lundi.
Londres, le 2 novembre.
On télégraphie de Berlin au Standard:
« Répondant à des ouvertures de la Porte, la
Russie à déclaré qu'elle était toute disposée à re-
prendre les négociations pour la conclusion du
traité de paix définitif. »
On télégraphie de Vienne au Times
« Le Pester Lloyd annonce qu'une Note an-
glaise protestant contre les mouvemens des Rus-
ses en Bulgarie a été présentée à Saint-Péters-
bourg le 21 octobre.
» Cette Note exprime l'espérance que la Russie
sera bientôt en mesure d'opérer le retrait de ses
troupes, et que celles-ci ne dépasseront nas les
lignes réoccupées, parce qu'un semblable mou-
vement forcerait 1 Angleterre à prendre des pré-
cautions. »
Le Daily News publie la nouvelle suivante de
Vienne
« La majorité du comité d'Adresse du Reichs-
rath a adopté un projet d'Adresse blâmant le
comte Andrassy pour avoir négligé de consul-
ter le Reichsrath au sujet de la politique orien-
tale. »
Constantinople, le. 31 octobre, soir.
M. Coundouriotis, ministre de Grèce à Constan-
linople, a été nformé que la note anglaise rela-
tive à l'observation du traité de Berlin, contien-
dra la recommandation pour la Grèce de se
soumettre à la médiation des puissances.
La Porte a ordonné aux gouverneurs turcs en
Asie de faire les démarches nécessaires pour l'in-
troduction de la nouvelle gendarmerie dans leur
;province.
Un léger conflit a éclaté entre les Bulgares et
des troupes turques dans le district de Bitolia.
De nouvelles bandes bulgares entrent en Ma-
cédoine.
Constantinople, le 31 octobre.
Le bruit court que la Porte refuserait de con-
fier l'administration des douanes aux délégués
français et anglais.
La Porte a envoyé le discours prononcé à
Philippopoli, par le général Dondoukoff-Kor-
sakoff. à tous les représententans de la Turquie a
l'étranger, comme information et pour leur si-
gnaler les atteintes portées au traité de Berlin
dans ce discours.
Les Russes prennent leurs dispositions pour
hiverner dans les environs d'Andrinople.
Mazhar Pacha travaille à l'apaisement des popu-
lations des environs de Demotica.
Le conseil des ministres a discuté une proposi-
tion faite par la Russie concernant le rapatrie-
ment des émigrés.
Les Bulgares de Roumélie ont remis à la
commission de Philippopoli une pétition de-
mandant l'annexion de leur province à la Bul-
garie.
On croit que les Russes ont l'intention de sai-
sir le prétexte des troubles qui ont éclaté dans le
nord de la Macédoine pour occuper ce pays.
Le Sultan a chargé Osman Pacha de la haute
surveillance des travaux de fortification et de
l'armement de la ligne de défense de Tchataldja
à Derkos. Ces travaux sont poussés avec la plus
grande activité.
Les prisonniers arrivant de Russie sont armés
et équipés aussitôt.
Les renforts continuent à arriver en Macé-
doine.
Constantinople, le 1" novembre, soir.
La commission russo-turque pour le rapatrie-
ment des réfugiés musulmans a délivré des pas-
seports qui autorisent le retour dans la Bulgarie
et dans la Roumélie orientale de lous les musul-
mans qui possèdent une propriété foncière dans
ces provinces, ainsi que des habitans qui peu-
vent subvenir à leurs besoins à laide de leur
comœerce.
Les personnes plus favorisées de la fortune
pourront plus lard obtenir l'autorisation d'em-
ployer leurs coreligionnaires plus pauvres dont
le retour dans leurs foyers n'est pas encore au-
torisé.
Constanlinople, l" novembre, soir.
La Porte a informé M. Layard qu'elle allait
abolir les dîmes, nommer un gouverneur et intro-
duire toutes les réformes arrêtées, mais dans une
province seulement, ajoutant qu'elle ajournait
l'application générale des réformes jusqu'à ce que
ses finances lui permissent de l'accomplir.
L'Angleterre considère la Russie comme obli-
gée d'évacuer la Bulgarie et la Roumélie. De
leur côté, les Russes veulent attendre la conclu-
sion du traité définitif, ce à quoi l'Angleterre ob-
jecte qu'il faut regarder le traité de Berlin comme
un traité définif.
Constantinople, le 1" novembre, soir.
Le comte Zichy, ambassadeur d'Autriche à
Constantinople, a demandé à la Porte des expli-
cations sur la concentration de troupes ottoma-
nes du côté de Novi-Bazar.
Safvet Pacha a répondu que cette con entra-
tion de troupes avaient seulement pour but d'as-
surer l'ordre et de limiter l'insurrection.
Constantinople, le i« novembre,
6 h. 30 m. soir.
Upe nouvelle Note a été remise au prince Lo-
banoff sur les excès commis par les Bulgares.
Le gouvernement a décidé d'accepter le caïmé
Eour le paiement des impôts à raison de 280 par
vre,
Odessa, le 2 novembre.
On télégraphie de Constantinople à la date du
31 octobre
« Le comte Zichy a eu mercredi dernier une
longue entrevue avec Safvet Pacha,
« On croit que le comte Zichy a sondé le prési-
dent du conseil sur les questions suivantes
« Cession définitive de la partie nord de la Bos-
nie à l'Autriche; restitution du reste de cette
province à la Turquie; entente complète entre
ces deux puissances. »
Athènes, le 1er novembre, soir.
La crise ministérielle est finie.
M. Tricoupis est nommé président du conseil,
ministre des affaires étrangères et ministre des
finances
M. Zaimis, ministre de l'intérieur et ministre
de la justice
M. Mavrocordatos, ministre de l'instruction
publique
M. Karaiskakis, ministre de la guerre
M. Kanaris, ministre de la marine.
Londres, le 1" novembre.
Une dépêche de Berlin reçue par le Morning-
Post, assure que la Russie se propose de porter
le chiffre de son armée d'occupation, en Bulgarie
et en Roumélie, à 200,000 hommes.
Pesth, le l" novembre, soir.
Chambre des Députés M. Tisza déclare que la
loi ne fixe pas la date à laquelle doit avoir lieu
la présentation du traité dé Berlin. Pourtant,
les gouvernemens' ont le droit dé fixer eux-
mêmes cette date. Là prétention du pouvoir lé-
gislatif à trancher la question relative à l'accep-
tation ou à la non-acceptation d'un traité politi-
que international n'est point justifiée. Le mandat
d'oecâpation est une affaire extérieure et non in-
térieure.
M.Tisza ajoute que la direction harmonique
des affaires étrangères est une chose nécessaire,
attendu que sans cela le dualisme serait poussé
jusqu'à rabsurde (ad absurdum)et que le centra-
lisme s'ensuivrait. M. Tisza conclut en déclarant
que M. Andrassy est à même de fournir aux dé-
légations les meilleures explications. C'est pour-
quoi il émet le vœu que les délégations soient
réunies sans retard.
Rome, le 2 novembre.
Une foule immense a rendu visite au tombeau
de Victor-Emmanuel.
Une messe de Requiem a été célébrée.
Lisbonne, le 2 novembre.
Les derniers avis du Sénégal, apportés par
VOrénogue, annoncent que la fièvre jaune a atteint
Saint Louis et le premier arrondissement, qui
avaient été jusqu'à présent préservés. Le nombre
des décès dans cette partie de la colonie, du 15
au 25 octobre, a dépassé 150.
Trois médecins et un aumônier sont parmi les
victimes.
L'état sanitaire dans le second arrondissement
s'est notablement amélioré.
Caire, le 31 octobre.
La caisse de la Dette annonce le paiement du
coupon échéant le l?r novembre^
Les résultats des élections pour le
choix des délégués sénatoriaux sont au-
jourd'hui à peu près connus. Ce qu'il
était facile de prévoir est arrivé la plu-
part des conseils municipaux ont nommé
des délégués républicains, lesquels nom-
meront à leur tour des sénateurs de la
même opinion. La majorité du futur Sénat
sera conservatrice dans toute l'acception
du mot, c'est-à-dire qu'elle emploiera son
intelligence et son énergie à défendre, '4
s'ils étaient attaqués, non seulement les
grands principes sur lesquels repose toute
organisation sociale, mais la forme même
de nos institutions politiques. La répu-
blique doublera, le 5 janvier prochain, le
cap de Bonne-Espérance. L'homogénéité
qui existe déjà dans le ministère et dans
la majorité de la Chambre des Députés se
reproduira dans la majorité du Sénat. Cette
majorité jusqu'ici n'a été autre chose
qu'une coalition d'hommes de partis, pro-
fondément divisés entre eux, mais réunis
par un sentiment commun contre la répu-
blique. Dorénavant il n'en sera pas aiùsi,
et un accord sincère et durable pourra
s'établir entre les représentans des divers
pouvoirs. Ils ne chercheront plus à gou-
verner les uns contre les autres, mais à
gouverner ensemble pour le seul bien du
pays,, et c'est précisément ce que veut le
pays après les gouvernemens de combat
et les ministères de partis qui ont si vio-
lemment troublé son repos depuis quel-
ques années.
Nous assistons enfin à la réalisation de
cette prophétique parole par laquelle
M. Thiers promettait le pouvoir au plus
sage. Le plus sage, jusqu'à ce jour, a été
le parti républicain. Nous ne doutons pas
qu'il ne persévère jusqu'au bout dans la
conduite habile et prudente qu'il a si fi-
dèlement suivie, et les conseils qu'on lui
donne à cet égard sont excellens sans
doute, mais peut être superflus. La
Chambre des Députés a-t-elle besoin
qu'on l'avertisse solennellement que la
moindre faute de sa part serait aussitôt
exploitée par les factions réactionnaires?
Elle le sait, elle agira en conséquence.
Nos députés reviennent de leurs départe-
mens avec la ferme résolution de respec-
ter et de soutenir l'état de choses actuel.
C'est une grande erreur de les croire dis-
posés à opérer sans un jour de retard des
changemens plus ou moins profonds. La
tranquillité de la province ne provoque pas
ces impatiences lébriles elles se mani-
festent plutôt à Paris parmi les politiciens
de profession qui veulent à tout prix faire
quelque chose, et parmi les journalistes
qui sont bien obligés d'avoir tous les jours
une idée ou un semblant d'idée. En pro-
vince, on s'accommode plus facilement
d'un repos qu'on croit avoir bien mé-
rité on ne rêve pas des réformes dont
l'utilité immédiate est pour le moins
douteuse on n'en veut pas à l'existence
des ministères qui font avec honnê-
teté leur métier de gouvernement. La
sagesse provinciale consiste à vivre le
plus longtemps possible avec le gouver-
nement de fait, pourvu qu'on n'ait pas
trop à s'en plaindre, et c'est sans doute
dans cet esprit que nos députés sont re-
venus à Versailles. Il suffit de les y entre-
tenir, ce qui sera facile. La Chambre a le
budget à discuter et à voter voilà de
quoi occuper son activité pendant deux
mois. Elle repoussera loin d'elle les dé-
bats irritans, et elle n'aura d'ailleurs pour
cela qu'à rester fidèle à ses propres tra-
ditions.
Mais le Sénat! On se. demande ce qu'il
va faire. Ses traditions diffèrent essentiel-
lement de celles de la Chambre et le con-
flit lui a paru, jusqu'à ce jour, être son
élément naturel. Il est vrai que sa politi-
que inquiète et inquiétante ne lui a pas
réussi: les élections de dimanche der-
nier en sont une preuve nouvelle, et
cette preuve sera confirmée dans deux
mois. Les amis du Sénat se rendent
compte, mais un peu tard, des fautes
commises et ils voudraient bien les ré-
parer s'ils en est encore temps. Ils con-
seillent donc au Sénat d'imiter le calme
et la sagesse de la Chambre des Dé-
putés. Le mot d'ordre est changé. Au-
trefois, le mot d'ordre était de se tenir
toujours sur la brèche, d'annoncer l'ap-
proche du péril radical et d'habituer le
pays à compter sur la vigilance de son
intrépide Sénat. Ce système ayant échoué,
ony renonce. Pour la session qui commence,
le Sénat devra s'appliquer à ne pas faire
parler de lui, presque à se faire oublier.
Ainsi, de part et d'autre, à la Chambre et
au Sénat, le mot d'ordre est de se tenir
sur ses gardes d'écarter les affaires
bruyantes, d'éviter les débats compro-
mettans. Mais il y a une différence entre
les deux situations c'est que la Chambre
n'a qu'à persister dans le système de con-
duite qu'elle avait adopté déjà, tandis que
le Sénat doit changer subitement ses habi-
tudes invétérées, ce qui est plus difficile.
Nous espérons cependant qu'il y réus-
sira. L'intérêt qui l'y pousse est des plus
graves il s'agit de savoir si la majorité
pourra être maintenue à droite. Les diffi-
cultés de la chose apparaissent aujour-
d'hui tout entières. Le comité des droites
vient encore de se réunir pour travailler
à l'élaboration d'un manifeste et il n'en est
pas venu à bout. Impossible d'obtenir
que ces hommes qui croient pouvoir
composer une majorité de gouvernement
parlent un même langage Ce que les
uns veulent, les autres le repoussent.
L'un est royaliste et l'autre bona-
partiste. Pas de lien commun entre eux,
sinon la haine de la république et ce
sentiment qu'ils osaient avouer autrefois,
ils doivent maintenant le cacher. En con-
séquence, ils ne diront rien. Ils renoncent
à éclairer ie pays par leurs paroles; ils ne
l'éclaireront pas davantage par leurs ac-
tes. S'ils entreprenaient, en effet, dans
le sein même du Sénat, une de ces cam-
pagnes où leur ardeur se plaisait autre-
fois, auraient-ils encore la majorité? Rien
n'est plus douteux. On peut apercevoir à
certains symptômes significatifs qu'un
travail de désagrégation s'est sourdement
produit dans l'ancienne majorité sénato-
riale. Il y a là un certain nombre d'honnê-
tes gens que leurs relations, leurs habitu-
des, peut-être même des terreurs sincères
ont mis jusqu'à ce jour à la disposition des
partis ardens, mais qui ne sont pas eux-
mêmes des hommes de parti et qui sont
las du joug qu'on leur impose. Ils en
sont las et un peu honteux. On leur
avait promis la victoire et on les a
conduits avec une légèreté et une infa-
tuation singulières aux plus accablantes
défaites. Ils ont perdu toute confiance
dans leurs chefs, et ceux-ci, à leur tour,
savent bien qu'ils ne peuvent plus comp-
ter sur une adhésion qui n'a jamais
été bien empressée et qu'on leur refu-
serait dorénavant. Les manifestations
redoublées de la volonté nationale
ont enfin déterminé les esprits de
bonne foi. Ils reconnaissent que le `
pays veut le maintien de la république, et
ils sont tout prêts à se rallier à elle
pourvu que la république leur assure
l'ordre, la liberté et la dignité. Oui, un
certain nombre de sénateurs qui ont
marché naguère sous la bannière du
16 mai, déclarent assez haut pour être en-
tendus qu'ils n'ont aucune envie de re-
commencer. Si les droites avaient donc
l'imprudence de battre le rappel, ne fût-ce
que pour essayer une escarmouche parle-
mentaire, elles risqueraient fort de cons-
tater et de faire constater publiquement
quelques vides dans leurs rangs. Ne
vaut-il pas mieux s'abstenir et atteindre
le S janvier en donnant au pays l'illusion
que la majorité est toujours à droite et
qu'il y a là une force et une garantie?
Tel est un des motifs inavoués de la
modération que la droite du Sénat se
propose d'observer pendant la session
qui commence. Deux mois, d'ailleurs,
sont- bientôt passés, et les journaux de la
droite promettent à leurs amis une prompte
et bonne revanche quand le G janvier
sera venu. Quoi de plus amusant que
de lire dans ces journaux les avertisoe-
mens qu'ils adressent aux électeurs sur
les sinistres projets de la gauche, dont
la sagesse, à les entendre, n'est qu'un
jeu, une comédie de quelques jours? Vous
verrez, disent-ils, ce que feront les gau-
ches quand elles auront la majorité dans
les deux Chambres! Les sombres lueurs
de l'Apocalypse éclairent notre avenir le
plus prochain. M. de Marcère est accusé
d'avoir fait un pacte avec les pires radi-
caux M. Bardoux, d'avoir dressé une liste
d'otages parce que, en exécution de la loi,
il a fait dresser la statistique des con-
grégations religieuses. Voilà ce que
les gauches nous réservent Et aus-
sitôt, ces journaux se retournent vers la
droite et lui conseillent précisément d'i-
miter le jeu et la comédie de leurs ad-
versaires. Sachez attendre et dissimuler,
disent-ils vous relèverez la tête quand
vous serez sûrs de la majorité dans le Sé-
nat. Ne peut-on pas dire à la droite et
à ses amis qu'eux aussi ne renoncent à au-
cun de leurs projets, projets que nous con-r
naissons bien; qu'ils font précisément ce
qu'ils nous reprochent et que, suivant le
mot de l'Evangile, ils ne voient pas la
poutre qui est dans leur œil.
Le pays ne se méprendra pas sur les
intentions secrètes des hommes qui l'ont
déjà si souvent et si cruellement agité.
Mais, pour le moment, nous n'avons qu'à
nous féliciter de cet assaut de modération
entre la droite et la gauche, entre la Cham-
bre et le Sénat. Quels que soient le but et
lé motif de cette conduite, le résultat est
trop bon pour qu'on puisse s'en plaindre.
Il faut souhaiter, au contraire,, que lemot
d'ordre donné par tous les partis soit
exactement obéi. Deux mois de tranquillité
à la fin de l'année, entre l'Exposition et
le jour de l'an, sont une trêve précieuse.
Les affaires n'y perdront pas.
̃ Francis Charmes. ̃̃̃-
On nous écrit de Rome, le 31 octo-
bre 1878 J
« Les députés italiens ont emprunté aux
Anglais l'habitude de faire des discours à
leurs électeurs pendant les vacances. La plu-
part de ces harangues ne méritent pas de
passer les Alpes, mais celle de M. Minghetti
vaut la peine d'être signalée, d'abord à cause
de la haute situation de l'orateur, et ensuite
parce qu'elle est une réponse directe au dis-
cours-programme du président du conseil.
Après avoir censtaté que sur bien des sujets
toutes les nuances du parti libéral sont d'ac-
cord, M. Minghetti a fait porter son dissenti-
ment sur trois points spéciaux qui sont les
finances, la réforme électorale et le droit d'as-
sociation.
» L'ancien président du conseil n'admet
pas la réalité d'un excédant de 60 millions
et il en conclut que la suppression du droit
de mouture est une imprudence. Je n'insiste
pas à ce sujet parce qu'entre le ministre qui
affirme et le chef de l'Opposition qui nie, il
est impossible de se prononcer avant la disr
cussion contradictoire qui aura lieu prochai-
nement et après laquelle on pourra émettre
une opinion consciencieuse et raisonnée.
» En ce qui concerne la réforme électorale,
M. Minghetti a établi qu'il, existe deux théo-
ries lune d'après laquelle le droit de vote
est un droit absolu comme celui d'aller et de
venir, et qui dès lors appartient à quiconque
ne s'en est pas rendu formellement indigne
l'autre, qui considère le droit de vote comme
une fonction sociale qui doit appartenir ex-
clusivement à ceux qui présentent des garan-
ties suffisantes de capacité et d'indépendance.
» Il est évident, bien qu'il ne l'ait pas dit,
que l'orateur est partisan de la seconde théo-
rie, que j'appellerais aristocratique, si l'aris-
tocratie n'était passée de mode au moins dans
les mots, car dans les choses elle est plus»
prisée^et pratiquéô qu'on ne veut en con-
venir.
Je crois au contraire que M. Cairoli in-
cline vers la théorie purement démocratique,
bien qu'il ne l'ait pas dit non plus en termes
explicites. Il y a donc, dans la Chambre ita-
lienne, sur un sujet capital, un dissentiment
doctrinal très net qui devra entraîner ses con-
séquences dans la pratique. Quant au droit
d'association et de réunion, on sait qu&
M. Cairoli est partisan du système purement
répressif, tandis que M. Minghetti croit que
le gouvernement a le droit et le devoir de
prévenir le mal dans une mesure assez large.
» A cette occasion, l'ancien ministre a cri-
tiqué en termes très vifs, bien que courtois,
quelques uns des actes des ministres actuels,.
Quant à la politique étrangère, M. Minghetti
ne blâme pas ce qui s'est fait au Congrès de
Berlin. Il est assez remarquable qu'après tant
de vociférations, tout le monde ait fini par
reconnaître que les plénipotentiaires italiens
avaient fait leur devoir et s'étaient conformés
aux règles du bon sens. Néanmoins l'orateur
n'est pas rassuré sur l'avenir, et il a terminé
son discours en engageant ses compatriotes
à se tenir prêts Estote parati s'est-il écrié
en latin, pour donner sans doute plus de so-
lennité à ses paroles.
» II est assez remarquable qu'en Italie on
soit toujours, depuis quelques années, d'un
pessimisme persistant, en ce qui concerne la
politique générale. Il y a trois ans, on croyait
à la guerre en Orient, et on ne s'est pas
trompé. Aujourd'hui, on croit à une guerre
générale. Aura-t-oa encore raison? Il a suffi
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