Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-06-07
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Description : 07 juin 1878 07 juin 1878
Description : 1878/06/07. 1878/06/07.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ÉDITION DE PARIS.
"̃ ppudi unir •
1
.•̃ ON S'ABONNA
en Belgique, en Italie,
dans le Luxembourg, en Turquie,
tn Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans l«*
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine1 et au Japon,
«u moyen d'une valeur payable à Paris ou d«
Bundats-poste, soit internationaux, soit français
j. tn Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays.
( par l'envoi d'une valeur payable & 2?ai*i
Les annonces sont reçues
cfces 89Bff. FatHohey, &«m«e at C««
L: 8, place de la Bourse,
•t au bureau du J®ïJBnîAS«}
«îles doivent tonjpuïsatrçagrééespar la réfiactloai'
VENDREDI 7 JUIN
1878. ̃
ON S'ABONNE
nw des Prêtres-Saint-Germain-rAuxerrois, il.
PRIX. B9B I/ABOlWnEaSKNT
Un an. Six mois. Trois mois.
Départemens. sofr." 40 fr. 20 fr.
Paris.•♦ 12 fr. 36 fr. 18 fr.
Les abonnemens partent des i« «t 1* d§
< chaque mois..
-r-
Parla, ni munére 99 «eut»
Déparcemeiss» pis BusHnés1©» S» ee»*»,
r °
• n ILonâon, apply to Gawte and- G°, foreign newa-
papers officevn, OTésliam street, G. B.fej..
• IWM. E3cH*>, »a«8cs et C% lj, Finch lane Conthfll,
B.C., London; 1SJS.W.-H,- StoK»» et «on,
186. Strand, "W. C.London. ̃ •
̃ à. Bruxelles, à l'Office de publient, 46, rue dei a
Madeleine, dans les kiosques et dans les pi-
bliothéques des gares d» chemins de fer belles.
à. Valparaiso (Chili), chez M. Orestes L. Tornoro.
*«£*-i.
POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
̃/ :̃•; PABïS.
JEUDI 6 JUIN
Le correspondant' parisien du Times di-
sait il y a quelques jours que « l'imagina-
tion fertile » de M. de Bismarck pouvait
seule découvrir une formule de convoca-
tion pour le Congrès qui fût de nature à
satisfaire tous les intéressés. Il paraît que
c'est, en effet, au chancelier allemand
que revient l'honneur d'avoir trouvé la
phrase dont nous avons signalé hier l'in-
génieuse rédaction. M. de Bismarck a rem-
pli sa promesse; il a joué le rôle de « cour-
tier honnête. » La. forme même de l'invita-
tion adressée aux puissances est une garan-
tie, donnée par l'Allemagne, de la liberté qui
présidera aux débats du Congrès. De peur
de retarder la réunion des plénipoten-
tiaires, M. de Bismarck a dû renoncer
au projet -qu'il avait eu tout d'aBord
d'amener une retraite simultanée de la
flotte, ànglaiee et de l'armée russe avant
cette réunion. Trop de difficultés ont re-
tardé, les négociations, qui ont fini par res-
ter en suspens. Il appartiendra au Con-
grès de les reprendre et de les mener
si, bonne fin dans ses premières séan-.
ces. Le principal obstacle à un accord ne
vient plus de l'antagonisme de l'Angleterre
et de la Russie, car cet antagonisme est
aujourd'hui fort adouci. C'est la Turquie
qui rend tout arrangement presque im-
possible. Les Russes, ne veulent aban-
donner les: environs de Constantinôple
que si les Turcs consentent à abandon-
mer les forteresses de Choumla et de Varna;
mais ces derniers sont trop fins et trop
avisés pour acheter la retraite de l'armée
•du. général Totleben au prix d'une con-
cession qui les priverait de l'appui mo-
ïral que leur prête la flotte anglaise en
«restant dans les détroits. De leur côté, les
Anglais seraient tout disposés à reculer,
au moins jusqu'à Gallipoli, si les Russes
se repliaient jusqu'à /Andrinople mais
ils se gardent bien d'exercer une pression
sur les Turcs pour les obliger à rendre
les forteresses, car, ils ne pourraient le
l'aire sans donner une sorte d'acquiesce-
ment à l'une des'plus graves stipulations
du traité de San-Stefano, et, par suite,
sans reconnaître la validité du traité tout
eotier. .•
Les Russes n'épargnent rien pour venir
à bout de ces difficultés qui les irritent
beaucoup. D'après le correspondant du
Times à Péra, le bruit courait, le 4 juin,
à Constantinôple que le prince Loba-
noff, le nouvel ambassadeur russe,
avait-fait savoir à la Porte qu'elle ne re-
cevrait pas de convocation pour le Con-
grès avant l'évacuation des forteresses.
Ce bruit n'est pas confirmé; les dépêches
ous apprennent, au contraire, que les plé-
nipotentiaires ottomans sont déjà dési-
gnés. S'il faut en croire le même corres-
pondant du Times, une des raisons pour
lesquelles la Turquie refuse d'abandonner
les forteresses, c'est la nécessité où elle
se trouve de pourvoir à la sécurité des
populations musulmanes qui ont afflué
vers Choumla et Varna pour se: mettre
sû'js la protection des garnisons
« Les atrocités que les Bulgares commet-
tent impunément sur les populations musul-
manes, par suite de l'impuissance où sont les
Busses de les réprimer, dit-il, rendent la Porte
peudiaposée â livrer le pays aux Bulgares. Les
dépêches officielles reçues à l'ambassade bri-
tannique confirment les rapports suivant les-
quels un grand nombre de musulmans ont
̃été assassinés et empalés par les Bulgares à
ÎDedeagatch. Des rapports de. Rodostq annon-
cent qu'une baude de Bulgares, fbrto de
3,000 hommes, portant un drapeau blanc, va
.violant. Tous, ces faits sont officiellement
constatés, et ils sont, la conséquence natu-
relle du désarmement de la pçpulatjôn mu-
fiulroune, tandis que toutes les armes ont été
remises aux Bulgares par les Russes. »
II y a d'ailleurs à Choumla ctàVarnaréu-
Tiies2S bataillons turcs seulement, ce. qui
serait une garnison trop peu considérable
pour défendre efficacement ces places. D'à
près les dernières nouvelles, le général
Totleben insisterait surtout sur l'éva-
cuation de Cboumla. Quant à Varna, il
se contenterait d'en occuper les ouvra-
ges avancés et offrirait aux Turcs de res-
ter dans la ville pour assurer, la pro-
tection des musulmans. L'armée russe
se retirerait alors jusqu'à Andrinople,
mais à la condition que les Turcs ne dé-
passeraient pas la ligne de Tchalaldja. La
Porte refuse cet arrangement et déclare
avec raison qu'on ne peut laisser la région
comprise entre Andrinople et Tchataldja
sans défense, ce qui arriverait si les Rus-
ses l'abandonnaient et si les Turcs n'a-
vaient pas le droit d'y rentrer. Au reste, le
général Totleben ne se proposerait de
commencer son mouvement en a^jère
que dans la seconde semaine de juillet.* La
question des forteresses et la question de
la retraite simultanée des Anglais et des
Russes restent donc en suspens mais cette
situation, qui aurait été autrefois très dan-
gereuse, ne l'est plus depuis que l'anta-
gonisme violent dé la Russie et de l'An-
gleterre a fait place à un désir mutuel de
conciliation.
La presse anglaise dément chaque jour
la nouvelle donnée par le Globe, d'un ar-
rangement conclu entre l'Angleterre et la
Russie au détriment de l'Autriche. Le
Standard le faisait il y a deux jours; au-
jourd'hui, c'est le tour du Times. De son
£Ôtérla #
a reçu de bonne source des informations*
sur la nature des pourparlers qui ont eu
lieu entré lés deux puissances..
« L'entente se fonde uniquement, dit-elle,
sur des explications verbales. Il n'y a eu au-
cun arrangement écrit. On est convenu seu-
lement que certains points ne constitue-
raient pas un casus oelli entre les deux
puissances mais qu'ils seraient discutés
au Congrès, sans que le résultat de cette
discussion fût, bien entendu, préjugé en
aucune manière. Ainsi il serait tout à fait
c-roné de croire que le Congrès présentera lé
spectacle d'une attitude commune et d'une
action solidaire de la Russie et de l'Angle-
terre. Le Congrès aurait été impossible si
l'on ne s'était pas entendu sur la ques-
tion ds savoir quels seront les points
qui devront être tournis à un débat; il au-
rait été superflu si l'on avait décidé d'avance
de quelle manière ces points seront réglés.
L'accord survenu tient le milieu entre ces
deux ex tièmes. L'Angleterre n'a pas fait de
concussions; formelle» à. la Russie, et la Rus-
sie, de son côté, n'a fait qu'admettra la dis-
cussion des points que le gouvernement de
Saint-Pétersbourg avait déclarés jusqu'ici in-
discutables. »
Les renseignemens de la Neue Freie
Presse offrent tous les caractères de l'au-
thenticité. La crainte que l'Angleterre se
soit directement entendue avec la Ri,iASwy
pour ainsi dire sur le dos de l'Autriche,
nous a toujours paru peu sérieuse. Comme
le dit encore fort bien la Neùe Freie Presse,
« la communauté naturelle des intérêts
» est si forte entre l'Autriche et l'An-
» gleterre, qu'elle se révélera spontané-
» ment dès la première séance du Con-
» grès, sans qu'il soit nécessaire do la
» préparer d'avance au moyen d'arrange-
» mens diplomatiques. »
BOURSE DE PABJÏS, ̃
Clêfatro la 5 U'6 6 Heraeee. Bb5bb«.
»®/e
Comptant. 73 5) 73 70 20
Fin cour 73 67 1,2 75 80 12 1,2
'4 fi/» 0/O
Comptant 104 60 104 50 w.. 10
a era
Comptant lll 5 lil 2S 20
Fin çoer. 111 17 1/2 Ht 40 22 1 2
PSTITB BOTJRSB D0 SOER.
Emprunt 5 0/0 111 fr. 40* 38, 43, iO.
h3 0/0. 75 fr. 8Ï>.
5 0/0 turc. 14 fr., 13 fp. 93, 14 fr. 02.
Banque ottomane 423 fr. 428 f r.
Ottomane 1873. 72 fr., 73 fr.
Florins (or). 63 9/10, 3/4.
Hongrois -6 0/0 77 1/2.
Égyptiennes 6 0/0.. 246 fr., 247 IV.
Chemins égyptiens. 358 fr. 75.
Le Moniteur officiel de l'empire allemand
du 6 juin publie les pièces suivantes
« Berlin, le 4 juin.
» Etant, par suite de mes blessures, momenta-
nément hors d'état de donner les signatures né-
cessaires, et devant, d'après l'avis de mes méde-
cins, pour ne pas gêner ma guérison, m'abstenir
de toute occupation sérieuse, je viens charger
Votre Altesse Impériale et Royale, et fiis chéri,
de me remplacer, pendant la durée de mon em-
pêchement, dans la direction suprême des af-
faires du gouvernement.
» J'invite, par conséquent, Votre Altesse Impé-
riale et Royale, et lits chéri, à prendre les me-
sures nécessaires à cet égard.
» GDILIAUME. »
« Appelés par ordre, nous chefs du cabinet civil
et militaire, soussignés, certifions quo S. M. l'em-
pereur et roi a, en notre présence, après en avoir
pris connaissance, formellement approuvé l'or-
donnance ci-dessus, et en a ordonné l'exécution
et la publication par le chancelier de l'empire et
le président du conseil des ministres, qui étaient
présens. s> Signé ̃ De Wilmoski, d'Albedyll, prince
de Bismarck, comte de Stol-
berg, Leonhardt, Falk de
Kamecke, Friedenthal, de Bu-
low, Hofmann, comte Eulen-
bourg, Maybach, Hobrecht. »
« Je vous communique ci-joint l'ordre qui m'a
ëté adressé par S. M. l'empereur et roi, en vous
Chargeant de le faire publier par ie Moniteur of-
flciel de l'Empire, ainsi quo la .présente procla-
mation
« C'est ma ferme volonté de remplir la
» suppléance dont m'a chargé S. M. l'empereur
» et roi. et que j'ai acceptée, en observant stric-
» tement la Constitution et les lois, suivant les
» principes qui" me sont bien connus, de S. M.
» l'empereur, mon père et seigneur.
» Berlin, le 5 juin 1878. Fnéù£arc-GUii:r.nox>
» Signé frédéric-guillacme,
» Prince impérial. »
Cette proclamation, contre-signée par MM. de
Bismarck, comte de Stolberg, Leonhardt, Falk,
de Kamecke, Friedenthal, de Bulc-w. Hofmann,
comte Eulenbourg. Maybach, Hobrecht, a été
adressée au ministère d'Etat, avec l'invitation de
la faire publier par le Bulletin des Lois.
Nous recevons de notre correspondant par-
ticulier la dépêche suivante
a Berlin, le 6 juin, 8 h. soir.
» Les libéraux-nationaux opérent une
évolution qui paraît commandée par les
circonstances. Un certain nombre d'entre
eux qui ont voté, le 24 mai, contre les lois
exceptionnelles, se déclarent avec la National
Zeitunç tout prêts à investir le gouverne-
ment de pouvoirs extraordinaires, s'il doit les
demander au Reichstag pour là sûreté du
pays et de la dynastie.
» L'assassin Nobiting guérira probable-
ment. Les deux balles qui ont traversé une
partie du crâne n'ont pas atteint profondé-
ment le cerveau;
» L'empereur reprend peu à peu toute sa
sérénité. On prétend, dans les cercles de la
cour, que ce matin l'auguste blessé aurait dit
au prince impérial qui entrait dans sa cham-
bre a Eh bien Fritz, as-tu déjà commencé
» 4 gouverner? Comment cela ira-t-ii? »
télégraphie privée.
{Semce télégraphique de l'agence Havas.)
Berlin, le S juin, 11 h. 30 m. soir.
Le fiu^lefin de neuf heures du ^oir porte que
l^fflffî»euT continue d'être sans fièvre. La cha-
TèWaun peu augmenté dans l'avant-bras droit
blessé, toutefois sans douleur.
V, Berlin, le 6 juin, 7 h. R0 m. matin.
Voici le bulletin de santé de l'empereur, quia a
été publié ce matin
« 6 juin, 7 h. matin.
» L'empereur a bien dormi œtte nuit. Il n'a
ressenti aucune douleur.
» La chaleur à l'avant-bras droit; qui avait hier
soir augmenté d'intensité, a diminué.
» Pas de lièvre. »
Berlin, le G juin, 10 h. 80 m. Tnalin.
Le bulletin publié ce matin à dix heures, con-
cernant l'état, de l'empereur, est ainsi conçu
« La nuit a été calme. S. Jyl n'éprouve pas non
plus de douleurs aujourd'hui. L'inflammation et
Fenflure de l'avant-bras droit ont diminué; l'ap-
pétit laisse encore à désirer. La lièvre no s'est
pas déclarée. »
Berlin, le 6 juin, U h. soir.
Le bulletin officiel de quatre heures et demie
porte que l'empereur a mangé avec quelque ap-
pétit. Aucun; changement pour tout la reste de-
puis ce matin.
Berlin, le 6 juin, 9 h. S0 m. matin.
De nouvelles arrestations ont eu lieu dans di-
verses villes à l'occasion de l'attentat.
Lé tribunal du cercle de Spandau a condamné
un commis de dix-neuf ans, noitjmé Groshue, à
deux ans et demi de prison pour offense à l'em-
pereur.
Une perquisition domiciliaire a eu lieu à Dresde,
chez le socialiste Pasohky, qui était venu voir
Nobiling dans son appartement,. avenue d.e^. Til-
leuls.
Le célèbre chirurgien Esmarch, de Kiel, est ar-
rivé hier ici pour soigner l'empereur avec les mû-'
decins de la,cour. Bèrlin, le 6 juin,
>• Berlin, le 6 juin.
La Gazette de l'Allemagne du Nord dit qu'on
pense, dans les cercles diplomatiques, que les
représentans des grandes puissances nauront
pas à rester à Berlin plus de huit à dix jours.
Dès que l'entente sera faite sur les conditions
fondamentales, le règlement des détails et la ré-
daction des protocoles pourront être confiés à
une commission européenne.
Saint-Pétersbourg, le 6 juin.
Le prince Gortchakoff compte se rendre au
Congrès, sa santé s'étant améliorée au point de
lui permettre le voyage de Berlin.
Le chancelier partira dimanche.
« Bucharest, le 6 juin.
11 est décidé que MM. Bratiano et Cogalniceano
iront prochainement à Berlin pour plaider la
cause de la Roumanie et demander que le Con-
grès ne prenne pas de décision sans les entendre.
Rome, le 6 juin.
Le Pape a adressé une Note aux puissances
pour demander que le Congrès sauvegarde le
sort des catholiques dans les pays qui vont être
l'objet de la discussion.
Le consistoire qui devait avoir lieu le 24 juin
a été reculé de quelques jours, les actes relatifs
à la nomination des évêques n'étant pas prêts.
M. de Keudell a. exprimé à M. Cairoli «t à
M. Corti la reconnaissance de la famille impé-
riale pour les paroles prononcées par eux, à la
Chambre, à la suite de l'attentat.
Londres, le 6 juin.
La reine a conféré à M. Layard la grand'eroix
de l'Ordre du Bain.
Le Times dit que le Congrès tiendra deux ses-
sions bien définies. Dans la première, les pléni-
potentiaires discuteront et, éventuellement, si-
gneront les bases d'un traité amendant le traité
de San-Steiano. Des commissions internationales
se rendront ensuite en Turquie pour fixer les
nouvelles limites territoriales adoptées par le
Congrès.
Lorsque ce travail aura^cté fait, le traité sera
déflniti vement approuvé.
Constantinople, le 5 juin; soir.
Réouf Pacha a été nommé grand-maître de
l'artillerie en remplacement de Mouktar Pacha.
Sadyk Pacha partira vendredi pour Berlin.
Sav'fet Pacha, ayant été nommé grand-vizir,
n'ira pas au Congrès.
Les plénipotentiaires ottomans seront Sadik
Pacha et Caratheodory Effendi, mustéchar des
affaires étrangères.
Les Turcs auraient résolu d'évacuer complète-
ment Choumla, mais ils occuperaient encore
Varna.
̃ Les Russes resteraient à San-Stefano.
Bucharest, le 6 juin.
Le prince Demètre Ghika a annoncé à la Cham-
bre qu'il interpellerait le gouvernement sur la
situation de la Roumanie au Congrès, et deman-
derait qui l'y représentera.
Une dépêche d'Améiie-les-Biins annonce
que le maréchal Baraguey-d Hilliers est mort
aujourd'hui à midi quarante minutes.
Au moment où la Chambre et le Sénat
sont sur le point d'interrompre leur ses-
sion et de prendre quelques mois de va-
cances, l'attention se porte naturellement
sur les élections sénatoriales qui auront
lieu on ne sait pas encore exactement à
quelle date, mais très probablement dès
les premiers jours de janvier. La Gauche
républicaine et l'Union républicaine de la
Chambre des Députés se sont déjà réunies
pour choisir les délégués qui doivent for-
mer un comité en vue de ces élections.
Malgré la longueur des jours d'été, le
temps passe vite, et il importe de le bien
employer. Encore quelques semaines et
nous serons dans le vif de l'émotion élec-
torale. Supposons, pour fixer les idées,
que les élections aient lieu le dimanche
5 janvier; lfcs collèges électoraux doiveut
être convoqués par un décret rendu six
semaines à l'avance, c'est-à-dire le 24 no-
vembre au plus tard. De plus, il doit y
avoir un intervalle d'un mois au moins
entre le jour de la nomination des délé-
gués des conseils municipaux et celui de
la réunion des collèges; en d'autres
termes, les délégués des conseils muni-
cipaux doivent être élus le îi décembre,
qui est un jeudi, ou mieux le V dé-
cembre, qui est un dimanche. Ces dé-
légués, on le sait, forment l'immense
majorité des électeurs du Sénat, et c'est
pour ce motif que M. Gambetta appelait au-
trefois le Sénat le Grand Conseil des com-
munes. Le Sénat n'était pas encore élu;
on comptait beaucoup sur sa composi-
tion, et si l'événement n'a pas réalisé tou-
tes les espérances qu'on pouvait alors
concevoir, il n'a pas ébranlé dans les
meilleurs esprits la conviction qu'une
Chambre modérat^ce est un élément in-
dispensable de toute organisation parle-
mentaire, sous la république aussi bien
que sous la monarchie.
lieras disons qrje le S-énat doit êtrs un
modérateur, ce qui ne signifie pas qu'il
doive être un obstacle systématique et
absolu. Qu'a été, qu'est encore le Sénat
dont nous jouissons aujourd'hui? A-t-il
toujours bien rempli, comprend-il très
exactement la tâche que la Constitution
lui assigne? Certes, le Sénat est une As-
semblée pleine de lumières," abondamment
pourvue d'hommes de talent, d'hommes
éloquens, d'hommes instruits par l'étude
et par la pratique des affaires ses. discus-
sions présentent toujours un grand inté-
rêt, et l'on ne saurait nier qu'elles n'aient
à la fois de l'éclat, de la solidité, delà
gravité, enfin toutes les allures d'un grand
débat parlementaire entre gens d'esprit
ou de mérite. Mais cela ne suffit point
Le Sénat n'est pas une Académie, il est
une Chambre politique; il a un rôle es-
sentiel, non pas seulement un rôle ora-
toire et platonique, mais un rôle actif à
jouer entre les pouvoirs publics. Il doit
modérer tantôt l'un, tantôt l'autre, suivant
que l'un ou l'autre se laisse entraîner au
delà de la juste mesure. S'il est un frein
pouivla Chambre des Députés, il en est
xm aussi pour le pouvoir exécutif, et il
doiLjM^Éyenir, lorsqu'il le peut, les fau-
tes qui vienneni d'ici aussi bien que
de là. Il aurait dû, par exemple, au
mois de juin de l'année dernière, empê-
cher M. le Président de la république de
dissoudre une Chambre qui avait la majo-
rité dans le pays, et de courir l'aventure des
élections que nous avons vues, et qui ont
été ce qu'elles pouvaient être, une lutte
ardente et passionnée entre une ad-
ministration surexcitée et l'opinion ré-
voltée. Un vote du Sénat aurait pré-
venu celte terrible épreuve. Pourquoi
le Sénat ne l'a-t-il pas émis? Le maré-
chal, a-t-on dit, n'a pas violé les
lois, il n'a pas outrepassé ses pouvoirs.
Sans doute S'il en avait été autrement,
les Assemblées parlementaires auraient
eu aussitôt des devoirs nouveaux et plus
graves. Il ne s'agissait pas de savoir si
M. le Président de la république dépas-
sait son droit, mais s'il en usait d'une
manière dangereuse, excessive, abusive,
et cela sans motif suffisant et sans pro-
vocation. Sur ce point, l'évidence n'écla-
tait-elle pas à tous les yeux? Cepen-
dant le Sénat s'est incliné devant le
pouvoir exécutif; il a voté « la mort
dans l'âme », mais il a voté comme on
lui demandait de le faire. Il a manqué
à son rôle de modérateur et l'on se rap-
pelle quelles ont été les suites de cette
faute. Sa faiblesse et sa condescendance
ont donné de l'audace à des doctrinaires
d'un genre imprévu qui ont inventé lathéo-
rie du conflit obligatoire entre les deux
Chambre?, et n'ont trouve d'autre utilité au
Sénat que défaire systématiquement échec
à la Chambre des Députés. Etrange inter-
prétation de nos lois constitutionnelles Le
Sénat a paru, pendant quelque temps du
moins, la prendre en sérieuse considéra-
tion et en faire sa règle de conduite.
Sous l'Empire, le Sénat paraissait destiné
à dire toujours oui; sous la république,
devrait-il toujours dire non? Dans le pre-
mier cas, la Chambre haute était inutile,
ce qui était fâcheux; mais, dans le se-
cond, elle serait dangereuse, ce qui est
encore pis.
Depuis quelque temps le Sénat semble
hésiter sur la marche à suivre; il ne peut
pas méconnaître ses imprudences, et peut-
être se repent-il de les avoir commises
mais si, dans le secret de sa conscience,
il juge bien le passé, juge-t-il d'une vue
aussi. claire le présent et l'avenir? Une
suffit pas, d'ailleurs, de voir où est le bien;
il faut avoir la force de s'y rallier, et/pour
cela, le Sénat est gêné à la fois par ses souve-
nirs, par ses habitudes, par ses traditions,
car il a déjà des traditions, et enfin par sa
composition. Son malheur est de man-
quer-de majorité la droite et la gauche
se balancent très exactement dans son
sein, et si l'équilibre se renverse aujour-
d'hui dans un sens et demain dans un au-
tre, c'est affaire de hasard. 11 est
parfois bien difficile d'assigner à ces
phénomènes irréguliers une cause un peu
fixe, et il faut en chercher l'explication
dans les influences les plus mobiles et les
plus fugitives. Une Assemblée aussi in-
stable, aussi dépourvue de diapason, est-
elle bien propre à servir de régulateur
aux autres pouvoirs constitutionnels? Est-
elle en harmonie avec le reste de nos in-
stitutions ? N'est-il pas urgent de profiter
de la première occasion qui se présente
pour constituer dans le Sénat une. majo-
rité conservatrice, mais très décidément
républicaine? Ces questions, qui se po-
sent naturellement, sont déjà résolues
dans tous les esprits.
Voilà pourquoi on commence à se
préoccuper des élections prochaines. De
ces élections dépend l'avenir de la ré-
publique, et elles décideront si cet
avenir sera calme et tranquille, ou s'il
sera agité et peut-être troublé. Il est
hors de doute que le -Congrès ̃ qui se
réunira en 1880 aura une majorité répu-
blicaine considérable. Si nos institutions
sont alor$ révisées, si le chef du pouvoir
exécutif est changé, toutes ces trans-
formations se feront dans le sens ré-
publicain. Mais, le lendemaiq de l'événe-
ment, que sera le Sénat? Sera-t-il com-
posé toujours de telle sorte que la doc-
trine du conflit quand même .y trouve
encore de nombreux adhérens ? Au lien
de servir de lieu, de trait d'imion en-
tre les autres pouvoirs, sera-t-il placé
entre eux comme une barrière et un obsta-
cle? C'est le problème qui sera résolu
par les élections, et de là vient l'intérêt
exceptionnel du premier renouvellement
par tiers de la Chambre haute. On a ap-
pelé cette épreuve le cap de Bonne-Espé-
rance de la république; il faut s'apprêter
dès aujourd'hui à le doubler. La Gauche
républicaine et l'Union républicaine ont
donné le bon exemple et ouvert la voie.
Les comités ne sauraient être formés trop
tôt, car il importe de réunir tous les .ef-
forts, de les faire converger vers le même
but, de les empêcher de s'égarer; mais,
pour le moment, l'action vraiment utile
appartient surtout aux individus. Les dépu-
tés et les sénateurs vont se séparer, aller
dans leurs déparlemens, y passer plusieurs
mois. On ne saurait trop les engager à
profiter de ce temps de répit entre la ses-
sion d'été et la session d'automne pour
préparer la campagne électorale. Si l'on
veut cueillir les fruits au mois de janvier,
c'est dès aujourd'hui qu'il faut semer.
•; •- "̃ Francis- Charmes.
On nous écrir*B~VBrsailles (Sénat)
a Le Sénat continue d'expédier la série des
projets de lois d'intérêt local ou secondaire
qui se pressent, d'urgence, dans les derniers
jours d'une session. La plupart sont relatifs à
des emprunts contractés par des villes et par
des départemens. Notons quelques observa-
tions adressées par M. de Gavardie à M. le
ministre des travaux publics sur le classe-
ment des voies ferrées, et le dépôt, par le mi-
nistre, de trois projets, un notamment sur les
chemins de fer à construire en Corse. L'ur-
gence a été votée pour ces projets, de même
que pour plusieurs autres. Le Sénat poursui-
vra demain ce travail des fins de session, plus
utile qu'intéressant. »
On nous écrit de Versailles (Chambre
des Députés)
« Voilà bien des crédits sur lesquels on ne
comptait pas, car l'ordre du jour était suffi-
samment chargé de projets de lois àvoter aux
mains levées avant d'arriver à la discussion
du traité de commerce avec l'Italie; mais
puisque M. "Wilson nous les apporte avec l'avis
tout frais de la commission du budget, autant
les déclarer d'urgence aujourd'hui que demain
et en permettre L'emploi dès à présent. Il y
en a d'ailleurs, dans le nombre, qui intéres-
sent l'Exposition universelle.
» Tout en votant, la majorité causait avec
assez d'animation, et cette animation contras-
tait avec le silence inaccoutumé qui régnait
à droite. D'où vient cette mélancolie des
bancs au milieu desquels siège M. Rouher ? '?
II61as c'est qu'on a. appris que la foudre est
suspendue sur la tète de M. Paul de Cassa-
gnac.
» Ainsi s'explique cette tristesse, et les lé-
gitimistes n'ont pas la figure moins défaite
que leurs collègues du parti de l'Appel au
peuple mais la mélancolie de la droite n'a-
t-elle pas été un peu loin en l'empê-
chant si longtemps d'applaudir le pa-
triotique rapport de M. Spuller sur le
projet de loi qui accorde une pension
de 0,000 fr. à la veuve du noble défenseur
de Belfort?Le projet l'avait déjà dit, le
rapport a eu raison de le redire la colonel
Denfert n'avait pas reçu la récompense due
à ses services en vertu des lois militaires. Il
aurait dû être présenté au front des troupes
dans la place même qu'il avait conservée à la
France pour lui servir de dernier boulevard.
M. Spuller a lu une lettre de Denfert, toute
pleine des sentimens les plus généreux et les
plus élevés. Les applaudissemens répétés de
la majorité ont éclaté à cette lecture, mais la
droite n'avait pas l'air de savoir de quoi il
s'agissait. Il a fallu qu'on lui fît sentir que
cette négligence n'avait rien de national, et
alors une partie de ses. membres se sont mis
à lever la main aux articles, puis à voter l'en-
semble du projet; mais les sourds murmu-
res de M. Laroche-Joubert et les cris aigus de
M. de la Rochefoucauld-Bisaccia disaient as-
sez clairement que le colonel Denfert ne sera
jamais pardonné d'avoir été siéger à gauche
en revenant de la trouée de Belfort où il lais-
sait le drapeau tricolore déployé.
» Mais il est quatre heures et demie, et
nous pouvons enfin nous occuper du traité
de commerce.
» Un traité de commerce à tout moment
dénonçable, et qui ne peut durer qu'un an
s'il est dénoncé, ce n'est assurément pas une
merveille et jamais négociateur n'aurait
imaginé qu'on pût mettre la diplomatie en
mouvement, avec des commissions d'étude
spéciales, pour arriver à un si piètre résultat.
Comment se fait-il donequ'il y ait des gens
et nous en sommes pour qui ce soit beau-
coup que d'avoir un traité, même peu avan-
tageux, et d'un an seulement d'existence
possible? Uniquement parce que c'est un
traité et qu'il en fallait un pour servir de
point de départ aux autres et pour constater
que la France, devenue républicaine, tient
autant que l'Empire à la liberté du commerce,
aux larges horizons de notre exportation, et
en même temps aux intérêts de la consom-
mation intérieuçe.
» Ou n'en aborde pas la discussion sans
inquiétude, car les protectionnistes se sont
démenés comme des diables pour expliquer
•à la moitié des républicains que tout traité
est du libre-échange et que le libre-échange
ne doit pas mieux être accueilli par la
république instruite et paciiique de 187H
que par la république ignorante et guer-
rière de 93. Ils ont topé dans la main
de ce qui nous reste de vieux socialistes de
1848, et l'issue du vote est incertaine, vu la
pénurie d'économistes qui afflige la Chambre,
si les bonapartistes d'aujourd'hui s'amusent
à renier ce que l'Empire a fait de mieux, pour
empêcher la république d'ètreven bons termes
avec l'Italie, et pour lui pouvoir reprocher
plus tard d'avoir une politique commerciale
toute semblable à celle des Chambres de la
Restauration et ds la 'monarchie de Juillet,
» Le ministre des affaires étrangères a ou-
vert le débat, mais en ne disant que quelques
mots pour rappeler comment ont procédé les
négociateurs et sans se prononcer pour une
politique commerciale plutôt que pour une
autre. Le traité a été réduit dans ce bref dis-
cours à sa plus simple expression ce n'est
plus qu'un expédient de quelques moisv
sans aucune importance.
» Nous avons été bien étonné de voir
M. Richard Waddington succéder à la tribune
à son frère. Il nous semble que c'était à
M. Berîet, rapporteur de la commission, à
prendre la parole, et que le député de Rouen
risquait trop de compromettre l'impartialité
ministérielle en commentant le peu que le mi-
nistre avait pu dire. M. Richard Waddington
est un parfait filateur, voilà tout ce que nous
concluons de son commentaire et pourtant il
a eu l'air de conseiller l'adoption de la conven-
tion, puisque ce n'est plus qu'une conven-
tion. :I1 en a' eu l'air, mais il avait l'air aussi
de préférer l'ancienne détermination de la
commission qui proposait de négocier sur de
nouveaux frais. Rien de moins net rien de
plus embarrassé. On sent que M. Richard
Waddington est heureux que les fils et les
tissus aient été mis décote; mais il lui est
impossible do l'avouer, car son devoir est
d'être désolé que les autres industries restent
en péril quand la sienne a tiré son épiDgle
du jeu."
» Un autre champion de la Normandie,
M. Peùlevey, a relevé M. Richard Waddington
de ses fonctions volontaires. C'est un avocat
du Havre, et c'était son début. Il parle
en avocat, mais avec beaucoup de clarté et
quelque force; il en est encore à la ba-
lance du commerce, et un traité fait avec un
peuple à qui nous vendons moins qu'il ne
nous vend est pour lui une folie pure. Le
régime des échanges n'irait pas tout seul,
il faut l'avouer, si tous les peuples en di-
saient autant, chacun chez lui. Quelle barba-
rieque toute cette doctrine 1 Mais M. Peùlevey
a médit de l'Empire il s'est écrié qu'il a
ruiné laFrance, et il a été fortement applaudi.
La duperie est complète. La liberté commer-
ciale, datant de 1860, est devenue décidément
un poison mortel. ̃̃-•̃<̃
» M. Berlet ne recule pas devant les de-
voirs dont il a la charge. Il ne s'est donc pas
contenté de laisser parler les autres, d'autant
plus que M. Richard Waddington avait plu-
tôt trahi qu'il n'avait défendu les nouvelles
conclusions de la commission, et qu'il était
nécessaire de mieux expliquer que lui en
quoi elles consistent, et où nous mènerait
le merveilleux système de ceux qui ne veu-
lent aucune espèce de transaction. Son
accent loyal l'a fait écouter des coalisés si
nombreux qui se sont enrôlés sous la
bannière de M. Pouyer-Quertier. Ajou-
tez, a dit M. Je miniôtre du commerce,
que si la convention est repoussée, vous tom-
bez demain sous les droits du tarif général
de l'Italie et que vous paierez au moins
10 0/0 de plus pour entrer chez elle.
» La transaction ne nous assure-t-elle pas
le bénéfice de toutes les concessions que l'I-
talie dès à présent discute avec l'Autriche,
avec la Suisse, et qu'il faudra qu'elle fasse
ensuite à d'autres Etats?
» Quelques faibles redites de M. Méline,
honnêtement tournées et agréablement nuan-
cées de sentimentalisme, avaient rejeté la
Chambre en pleine doctrine rouennaise, lil-
loise et vosgienne. Mais on répliquera de-
main. » «
Demain, une discussion doit être soulevée
au Sénat par M. Delsol à propos du projet de
loi adopté parla Chambre des Députés, relatif
à la nomenclature des services pouvant seuls
donner ouverture à des crédits supplémen-
taires par décrets pour l'exercice 1878, pen-
dant la prorogation des Chambres.
M. Delsol, qui représente avec MM. Pouyer-
Quertier, Vandier, Caillaux, de Belcastel,
ChesneloDg, le duc de Broglie, dans la com-
mission des finances la droite du Sénat, sou-
tiendra un amendement ainsi conçu
« Supprimer le paragraphe 4 du budget du mi-
nistère de l'intérieur, concernant les indemnités
anx électeurs sénatoriaux. u
Déjà, dans le sein de la commission sénato-
riale des finances, cet article 4 a donné lieu,
de la part de la minorité des commissaires, à
des réclamations elles se trouvent, du reste,
consignées dans le rapport de M. Cazot.
Voici, en effet, comment M. Cazot. s'exprime
dans le rapport au'il a rédigé au nom de la
commission des finances
« La minorité de la commission a demandé la
suppression de l'article 4 de la nomenclature
Indemnités aux électeurs sénatoriaux, attendu qu'il
ne pouvait y avoir aucune élection sénatoriale
pendant la prorogation qui va s'ouvrir.
» Des explications ont été demandées à M. le
ministre de l'intérieur sur le motif qui avait dé-
terminé le gouvernement à insérer dans la no-
menclature rarticle en question.
» Il a déclaré en effet qu'aucune élection séna-
toriale ne pouvait avoir lieu pendant 1 interses-
sion que l'article dont il s'agit était inutile; qu'il
s'était glissé par mégarde dans la nomenclature,
mais que néanmoins son maintien aurait l'avan-
tage d'éviter le renvoi du projet à la Chambre des
Députés. ·
» Votre commission a été unanime à reconnaî-
tre que l'article 4 n'avait point d'objet; mais une
dissidence s'est vroduite quand il s est agi de sa-
voir s'il devait être maintenu ou supprimé.
» La minorité a déposé un amendement ten-
dant à la suppression. u
» La majorité a pensé que la suppression aurait
l'inconvénient de nécessiter le renvoi du projet
à la- Chambre des Députés, et, en conséquence,
elle a rejeté l'amendement. >'
» Sous les réserves contenues dans les décla-
rations ministérielles, et sous le bénéfice de la
dissidence qui surgi sur l'article 4 de la nomen-
clature, votre commission vous propose d'adopter'
le projet de loi dont la teneur suit, et la nomen-
clature qui est anpexée. »
M. Delsol doit demander au gouvernement
d'indiquer l'époque à, laquelle il compte faire,
procéder aux élections pour remplacer les
soixante-quinze sénateurs appartenant à la
première catégorie renouvelable.
Demain, les ministres se réuniront en con-
seil chez M. Dufaure afin d'arrêter la date dé-
finitive que !e gouvernement entend fixer
pour les élections sénatoriales. Il paraît à peu
près certain que M. de Marcère répondra à
M. Delsol que ces élections auront lieu le
5 janvier.
La commission des finances du Sénat s'est
réunie aujourd'hui sous la présidence de
M. Cordier pour examiner le projet adopté
par la Chambre et portant ouverture d'un
crédit extraordinaire de 800,000 h. pour la/:
"̃ ppudi unir •
1
.•̃ ON S'ABONNA
en Belgique, en Italie,
dans le Luxembourg, en Turquie,
tn Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans l«*
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine1 et au Japon,
«u moyen d'une valeur payable à Paris ou d«
Bundats-poste, soit internationaux, soit français
j. tn Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays.
( par l'envoi d'une valeur payable & 2?ai*i
Les annonces sont reçues
cfces 89Bff. FatHohey, &«m«e at C««
L: 8, place de la Bourse,
•t au bureau du J®ïJBnîAS«}
«îles doivent tonjpuïsatrçagrééespar la réfiactloai'
VENDREDI 7 JUIN
1878. ̃
ON S'ABONNE
nw des Prêtres-Saint-Germain-rAuxerrois, il.
PRIX. B9B I/ABOlWnEaSKNT
Un an. Six mois. Trois mois.
Départemens. sofr." 40 fr. 20 fr.
Paris.•♦ 12 fr. 36 fr. 18 fr.
Les abonnemens partent des i« «t 1* d§
< chaque mois..
-r-
Parla, ni munére 99 «eut»
Déparcemeiss» pis BusHnés1©» S» ee»*»,
r °
• n ILonâon, apply to Gawte and- G°, foreign newa-
papers officevn, OTésliam street, G. B.fej..
• IWM. E3cH*>, »a«8cs et C% lj, Finch lane Conthfll,
B.C., London; 1SJS.W.-H,- StoK»» et «on,
186. Strand, "W. C.London. ̃ •
̃ à. Bruxelles, à l'Office de publient, 46, rue dei a
Madeleine, dans les kiosques et dans les pi-
bliothéques des gares d» chemins de fer belles.
à. Valparaiso (Chili), chez M. Orestes L. Tornoro.
*«£*-i.
POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
̃/ :̃•; PABïS.
JEUDI 6 JUIN
Le correspondant' parisien du Times di-
sait il y a quelques jours que « l'imagina-
tion fertile » de M. de Bismarck pouvait
seule découvrir une formule de convoca-
tion pour le Congrès qui fût de nature à
satisfaire tous les intéressés. Il paraît que
c'est, en effet, au chancelier allemand
que revient l'honneur d'avoir trouvé la
phrase dont nous avons signalé hier l'in-
génieuse rédaction. M. de Bismarck a rem-
pli sa promesse; il a joué le rôle de « cour-
tier honnête. » La. forme même de l'invita-
tion adressée aux puissances est une garan-
tie, donnée par l'Allemagne, de la liberté qui
présidera aux débats du Congrès. De peur
de retarder la réunion des plénipoten-
tiaires, M. de Bismarck a dû renoncer
au projet -qu'il avait eu tout d'aBord
d'amener une retraite simultanée de la
flotte, ànglaiee et de l'armée russe avant
cette réunion. Trop de difficultés ont re-
tardé, les négociations, qui ont fini par res-
ter en suspens. Il appartiendra au Con-
grès de les reprendre et de les mener
si, bonne fin dans ses premières séan-.
ces. Le principal obstacle à un accord ne
vient plus de l'antagonisme de l'Angleterre
et de la Russie, car cet antagonisme est
aujourd'hui fort adouci. C'est la Turquie
qui rend tout arrangement presque im-
possible. Les Russes, ne veulent aban-
donner les: environs de Constantinôple
que si les Turcs consentent à abandon-
mer les forteresses de Choumla et de Varna;
mais ces derniers sont trop fins et trop
avisés pour acheter la retraite de l'armée
•du. général Totleben au prix d'une con-
cession qui les priverait de l'appui mo-
ïral que leur prête la flotte anglaise en
«restant dans les détroits. De leur côté, les
Anglais seraient tout disposés à reculer,
au moins jusqu'à Gallipoli, si les Russes
se repliaient jusqu'à /Andrinople mais
ils se gardent bien d'exercer une pression
sur les Turcs pour les obliger à rendre
les forteresses, car, ils ne pourraient le
l'aire sans donner une sorte d'acquiesce-
ment à l'une des'plus graves stipulations
du traité de San-Stefano, et, par suite,
sans reconnaître la validité du traité tout
eotier. .•
Les Russes n'épargnent rien pour venir
à bout de ces difficultés qui les irritent
beaucoup. D'après le correspondant du
Times à Péra, le bruit courait, le 4 juin,
à Constantinôple que le prince Loba-
noff, le nouvel ambassadeur russe,
avait-fait savoir à la Porte qu'elle ne re-
cevrait pas de convocation pour le Con-
grès avant l'évacuation des forteresses.
Ce bruit n'est pas confirmé; les dépêches
ous apprennent, au contraire, que les plé-
nipotentiaires ottomans sont déjà dési-
gnés. S'il faut en croire le même corres-
pondant du Times, une des raisons pour
lesquelles la Turquie refuse d'abandonner
les forteresses, c'est la nécessité où elle
se trouve de pourvoir à la sécurité des
populations musulmanes qui ont afflué
vers Choumla et Varna pour se: mettre
sû'js la protection des garnisons
« Les atrocités que les Bulgares commet-
tent impunément sur les populations musul-
manes, par suite de l'impuissance où sont les
Busses de les réprimer, dit-il, rendent la Porte
peudiaposée â livrer le pays aux Bulgares. Les
dépêches officielles reçues à l'ambassade bri-
tannique confirment les rapports suivant les-
quels un grand nombre de musulmans ont
̃été assassinés et empalés par les Bulgares à
ÎDedeagatch. Des rapports de. Rodostq annon-
cent qu'une baude de Bulgares, fbrto de
3,000 hommes, portant un drapeau blanc, va
.violant. Tous, ces faits sont officiellement
constatés, et ils sont, la conséquence natu-
relle du désarmement de la pçpulatjôn mu-
fiulroune, tandis que toutes les armes ont été
remises aux Bulgares par les Russes. »
II y a d'ailleurs à Choumla ctàVarnaréu-
Tiies2S bataillons turcs seulement, ce. qui
serait une garnison trop peu considérable
pour défendre efficacement ces places. D'à
près les dernières nouvelles, le général
Totleben insisterait surtout sur l'éva-
cuation de Cboumla. Quant à Varna, il
se contenterait d'en occuper les ouvra-
ges avancés et offrirait aux Turcs de res-
ter dans la ville pour assurer, la pro-
tection des musulmans. L'armée russe
se retirerait alors jusqu'à Andrinople,
mais à la condition que les Turcs ne dé-
passeraient pas la ligne de Tchalaldja. La
Porte refuse cet arrangement et déclare
avec raison qu'on ne peut laisser la région
comprise entre Andrinople et Tchataldja
sans défense, ce qui arriverait si les Rus-
ses l'abandonnaient et si les Turcs n'a-
vaient pas le droit d'y rentrer. Au reste, le
général Totleben ne se proposerait de
commencer son mouvement en a^jère
que dans la seconde semaine de juillet.* La
question des forteresses et la question de
la retraite simultanée des Anglais et des
Russes restent donc en suspens mais cette
situation, qui aurait été autrefois très dan-
gereuse, ne l'est plus depuis que l'anta-
gonisme violent dé la Russie et de l'An-
gleterre a fait place à un désir mutuel de
conciliation.
La presse anglaise dément chaque jour
la nouvelle donnée par le Globe, d'un ar-
rangement conclu entre l'Angleterre et la
Russie au détriment de l'Autriche. Le
Standard le faisait il y a deux jours; au-
jourd'hui, c'est le tour du Times. De son
£Ôtérla #
a reçu de bonne source des informations*
sur la nature des pourparlers qui ont eu
lieu entré lés deux puissances..
« L'entente se fonde uniquement, dit-elle,
sur des explications verbales. Il n'y a eu au-
cun arrangement écrit. On est convenu seu-
lement que certains points ne constitue-
raient pas un casus oelli entre les deux
puissances mais qu'ils seraient discutés
au Congrès, sans que le résultat de cette
discussion fût, bien entendu, préjugé en
aucune manière. Ainsi il serait tout à fait
c-roné de croire que le Congrès présentera lé
spectacle d'une attitude commune et d'une
action solidaire de la Russie et de l'Angle-
terre. Le Congrès aurait été impossible si
l'on ne s'était pas entendu sur la ques-
tion ds savoir quels seront les points
qui devront être tournis à un débat; il au-
rait été superflu si l'on avait décidé d'avance
de quelle manière ces points seront réglés.
L'accord survenu tient le milieu entre ces
deux ex tièmes. L'Angleterre n'a pas fait de
concussions; formelle» à. la Russie, et la Rus-
sie, de son côté, n'a fait qu'admettra la dis-
cussion des points que le gouvernement de
Saint-Pétersbourg avait déclarés jusqu'ici in-
discutables. »
Les renseignemens de la Neue Freie
Presse offrent tous les caractères de l'au-
thenticité. La crainte que l'Angleterre se
soit directement entendue avec la Ri,iASwy
pour ainsi dire sur le dos de l'Autriche,
nous a toujours paru peu sérieuse. Comme
le dit encore fort bien la Neùe Freie Presse,
« la communauté naturelle des intérêts
» est si forte entre l'Autriche et l'An-
» gleterre, qu'elle se révélera spontané-
» ment dès la première séance du Con-
» grès, sans qu'il soit nécessaire do la
» préparer d'avance au moyen d'arrange-
» mens diplomatiques. »
BOURSE DE PABJÏS, ̃
Clêfatro la 5 U'6 6 Heraeee. Bb5bb«.
»®/e
Comptant. 73 5) 73 70 20
Fin cour 73 67 1,2 75 80 12 1,2
'4 fi/» 0/O
Comptant 104 60 104 50 w.. 10
a era
Comptant lll 5 lil 2S 20
Fin çoer. 111 17 1/2 Ht 40 22 1 2
PSTITB BOTJRSB D0 SOER.
Emprunt 5 0/0 111 fr. 40* 38, 43, iO.
h3 0/0. 75 fr. 8Ï>.
5 0/0 turc. 14 fr., 13 fp. 93, 14 fr. 02.
Banque ottomane 423 fr. 428 f r.
Ottomane 1873. 72 fr., 73 fr.
Florins (or). 63 9/10, 3/4.
Hongrois -6 0/0 77 1/2.
Égyptiennes 6 0/0.. 246 fr., 247 IV.
Chemins égyptiens. 358 fr. 75.
Le Moniteur officiel de l'empire allemand
du 6 juin publie les pièces suivantes
« Berlin, le 4 juin.
» Etant, par suite de mes blessures, momenta-
nément hors d'état de donner les signatures né-
cessaires, et devant, d'après l'avis de mes méde-
cins, pour ne pas gêner ma guérison, m'abstenir
de toute occupation sérieuse, je viens charger
Votre Altesse Impériale et Royale, et fiis chéri,
de me remplacer, pendant la durée de mon em-
pêchement, dans la direction suprême des af-
faires du gouvernement.
» J'invite, par conséquent, Votre Altesse Impé-
riale et Royale, et lits chéri, à prendre les me-
sures nécessaires à cet égard.
» GDILIAUME. »
« Appelés par ordre, nous chefs du cabinet civil
et militaire, soussignés, certifions quo S. M. l'em-
pereur et roi a, en notre présence, après en avoir
pris connaissance, formellement approuvé l'or-
donnance ci-dessus, et en a ordonné l'exécution
et la publication par le chancelier de l'empire et
le président du conseil des ministres, qui étaient
présens. s> Signé ̃ De Wilmoski, d'Albedyll, prince
de Bismarck, comte de Stol-
berg, Leonhardt, Falk de
Kamecke, Friedenthal, de Bu-
low, Hofmann, comte Eulen-
bourg, Maybach, Hobrecht. »
« Je vous communique ci-joint l'ordre qui m'a
ëté adressé par S. M. l'empereur et roi, en vous
Chargeant de le faire publier par ie Moniteur of-
flciel de l'Empire, ainsi quo la .présente procla-
mation
« C'est ma ferme volonté de remplir la
» suppléance dont m'a chargé S. M. l'empereur
» et roi. et que j'ai acceptée, en observant stric-
» tement la Constitution et les lois, suivant les
» principes qui" me sont bien connus, de S. M.
» l'empereur, mon père et seigneur.
» Berlin, le 5 juin 1878. Fnéù£arc-GUii:r.nox>
» Signé frédéric-guillacme,
» Prince impérial. »
Cette proclamation, contre-signée par MM. de
Bismarck, comte de Stolberg, Leonhardt, Falk,
de Kamecke, Friedenthal, de Bulc-w. Hofmann,
comte Eulenbourg. Maybach, Hobrecht, a été
adressée au ministère d'Etat, avec l'invitation de
la faire publier par le Bulletin des Lois.
Nous recevons de notre correspondant par-
ticulier la dépêche suivante
a Berlin, le 6 juin, 8 h. soir.
» Les libéraux-nationaux opérent une
évolution qui paraît commandée par les
circonstances. Un certain nombre d'entre
eux qui ont voté, le 24 mai, contre les lois
exceptionnelles, se déclarent avec la National
Zeitunç tout prêts à investir le gouverne-
ment de pouvoirs extraordinaires, s'il doit les
demander au Reichstag pour là sûreté du
pays et de la dynastie.
» L'assassin Nobiting guérira probable-
ment. Les deux balles qui ont traversé une
partie du crâne n'ont pas atteint profondé-
ment le cerveau;
» L'empereur reprend peu à peu toute sa
sérénité. On prétend, dans les cercles de la
cour, que ce matin l'auguste blessé aurait dit
au prince impérial qui entrait dans sa cham-
bre a Eh bien Fritz, as-tu déjà commencé
» 4 gouverner? Comment cela ira-t-ii? »
télégraphie privée.
{Semce télégraphique de l'agence Havas.)
Berlin, le S juin, 11 h. 30 m. soir.
Le fiu^lefin de neuf heures du ^oir porte que
l^fflffî»euT continue d'être sans fièvre. La cha-
TèWaun peu augmenté dans l'avant-bras droit
blessé, toutefois sans douleur.
V, Berlin, le 6 juin, 7 h. R0 m. matin.
Voici le bulletin de santé de l'empereur, quia a
été publié ce matin
« 6 juin, 7 h. matin.
» L'empereur a bien dormi œtte nuit. Il n'a
ressenti aucune douleur.
» La chaleur à l'avant-bras droit; qui avait hier
soir augmenté d'intensité, a diminué.
» Pas de lièvre. »
Berlin, le G juin, 10 h. 80 m. Tnalin.
Le bulletin publié ce matin à dix heures, con-
cernant l'état, de l'empereur, est ainsi conçu
« La nuit a été calme. S. Jyl n'éprouve pas non
plus de douleurs aujourd'hui. L'inflammation et
Fenflure de l'avant-bras droit ont diminué; l'ap-
pétit laisse encore à désirer. La lièvre no s'est
pas déclarée. »
Berlin, le 6 juin, U h. soir.
Le bulletin officiel de quatre heures et demie
porte que l'empereur a mangé avec quelque ap-
pétit. Aucun; changement pour tout la reste de-
puis ce matin.
Berlin, le 6 juin, 9 h. S0 m. matin.
De nouvelles arrestations ont eu lieu dans di-
verses villes à l'occasion de l'attentat.
Lé tribunal du cercle de Spandau a condamné
un commis de dix-neuf ans, noitjmé Groshue, à
deux ans et demi de prison pour offense à l'em-
pereur.
Une perquisition domiciliaire a eu lieu à Dresde,
chez le socialiste Pasohky, qui était venu voir
Nobiling dans son appartement,. avenue d.e^. Til-
leuls.
Le célèbre chirurgien Esmarch, de Kiel, est ar-
rivé hier ici pour soigner l'empereur avec les mû-'
decins de la,cour. Bèrlin, le 6 juin,
>• Berlin, le 6 juin.
La Gazette de l'Allemagne du Nord dit qu'on
pense, dans les cercles diplomatiques, que les
représentans des grandes puissances nauront
pas à rester à Berlin plus de huit à dix jours.
Dès que l'entente sera faite sur les conditions
fondamentales, le règlement des détails et la ré-
daction des protocoles pourront être confiés à
une commission européenne.
Saint-Pétersbourg, le 6 juin.
Le prince Gortchakoff compte se rendre au
Congrès, sa santé s'étant améliorée au point de
lui permettre le voyage de Berlin.
Le chancelier partira dimanche.
« Bucharest, le 6 juin.
11 est décidé que MM. Bratiano et Cogalniceano
iront prochainement à Berlin pour plaider la
cause de la Roumanie et demander que le Con-
grès ne prenne pas de décision sans les entendre.
Rome, le 6 juin.
Le Pape a adressé une Note aux puissances
pour demander que le Congrès sauvegarde le
sort des catholiques dans les pays qui vont être
l'objet de la discussion.
Le consistoire qui devait avoir lieu le 24 juin
a été reculé de quelques jours, les actes relatifs
à la nomination des évêques n'étant pas prêts.
M. de Keudell a. exprimé à M. Cairoli «t à
M. Corti la reconnaissance de la famille impé-
riale pour les paroles prononcées par eux, à la
Chambre, à la suite de l'attentat.
Londres, le 6 juin.
La reine a conféré à M. Layard la grand'eroix
de l'Ordre du Bain.
Le Times dit que le Congrès tiendra deux ses-
sions bien définies. Dans la première, les pléni-
potentiaires discuteront et, éventuellement, si-
gneront les bases d'un traité amendant le traité
de San-Steiano. Des commissions internationales
se rendront ensuite en Turquie pour fixer les
nouvelles limites territoriales adoptées par le
Congrès.
Lorsque ce travail aura^cté fait, le traité sera
déflniti vement approuvé.
Constantinople, le 5 juin; soir.
Réouf Pacha a été nommé grand-maître de
l'artillerie en remplacement de Mouktar Pacha.
Sadyk Pacha partira vendredi pour Berlin.
Sav'fet Pacha, ayant été nommé grand-vizir,
n'ira pas au Congrès.
Les plénipotentiaires ottomans seront Sadik
Pacha et Caratheodory Effendi, mustéchar des
affaires étrangères.
Les Turcs auraient résolu d'évacuer complète-
ment Choumla, mais ils occuperaient encore
Varna.
̃ Les Russes resteraient à San-Stefano.
Bucharest, le 6 juin.
Le prince Demètre Ghika a annoncé à la Cham-
bre qu'il interpellerait le gouvernement sur la
situation de la Roumanie au Congrès, et deman-
derait qui l'y représentera.
Une dépêche d'Améiie-les-Biins annonce
que le maréchal Baraguey-d Hilliers est mort
aujourd'hui à midi quarante minutes.
Au moment où la Chambre et le Sénat
sont sur le point d'interrompre leur ses-
sion et de prendre quelques mois de va-
cances, l'attention se porte naturellement
sur les élections sénatoriales qui auront
lieu on ne sait pas encore exactement à
quelle date, mais très probablement dès
les premiers jours de janvier. La Gauche
républicaine et l'Union républicaine de la
Chambre des Députés se sont déjà réunies
pour choisir les délégués qui doivent for-
mer un comité en vue de ces élections.
Malgré la longueur des jours d'été, le
temps passe vite, et il importe de le bien
employer. Encore quelques semaines et
nous serons dans le vif de l'émotion élec-
torale. Supposons, pour fixer les idées,
que les élections aient lieu le dimanche
5 janvier; lfcs collèges électoraux doiveut
être convoqués par un décret rendu six
semaines à l'avance, c'est-à-dire le 24 no-
vembre au plus tard. De plus, il doit y
avoir un intervalle d'un mois au moins
entre le jour de la nomination des délé-
gués des conseils municipaux et celui de
la réunion des collèges; en d'autres
termes, les délégués des conseils muni-
cipaux doivent être élus le îi décembre,
qui est un jeudi, ou mieux le V dé-
cembre, qui est un dimanche. Ces dé-
légués, on le sait, forment l'immense
majorité des électeurs du Sénat, et c'est
pour ce motif que M. Gambetta appelait au-
trefois le Sénat le Grand Conseil des com-
munes. Le Sénat n'était pas encore élu;
on comptait beaucoup sur sa composi-
tion, et si l'événement n'a pas réalisé tou-
tes les espérances qu'on pouvait alors
concevoir, il n'a pas ébranlé dans les
meilleurs esprits la conviction qu'une
Chambre modérat^ce est un élément in-
dispensable de toute organisation parle-
mentaire, sous la république aussi bien
que sous la monarchie.
lieras disons qrje le S-énat doit êtrs un
modérateur, ce qui ne signifie pas qu'il
doive être un obstacle systématique et
absolu. Qu'a été, qu'est encore le Sénat
dont nous jouissons aujourd'hui? A-t-il
toujours bien rempli, comprend-il très
exactement la tâche que la Constitution
lui assigne? Certes, le Sénat est une As-
semblée pleine de lumières," abondamment
pourvue d'hommes de talent, d'hommes
éloquens, d'hommes instruits par l'étude
et par la pratique des affaires ses. discus-
sions présentent toujours un grand inté-
rêt, et l'on ne saurait nier qu'elles n'aient
à la fois de l'éclat, de la solidité, delà
gravité, enfin toutes les allures d'un grand
débat parlementaire entre gens d'esprit
ou de mérite. Mais cela ne suffit point
Le Sénat n'est pas une Académie, il est
une Chambre politique; il a un rôle es-
sentiel, non pas seulement un rôle ora-
toire et platonique, mais un rôle actif à
jouer entre les pouvoirs publics. Il doit
modérer tantôt l'un, tantôt l'autre, suivant
que l'un ou l'autre se laisse entraîner au
delà de la juste mesure. S'il est un frein
pouivla Chambre des Députés, il en est
xm aussi pour le pouvoir exécutif, et il
doiLjM^Éyenir, lorsqu'il le peut, les fau-
tes qui vienneni d'ici aussi bien que
de là. Il aurait dû, par exemple, au
mois de juin de l'année dernière, empê-
cher M. le Président de la république de
dissoudre une Chambre qui avait la majo-
rité dans le pays, et de courir l'aventure des
élections que nous avons vues, et qui ont
été ce qu'elles pouvaient être, une lutte
ardente et passionnée entre une ad-
ministration surexcitée et l'opinion ré-
voltée. Un vote du Sénat aurait pré-
venu celte terrible épreuve. Pourquoi
le Sénat ne l'a-t-il pas émis? Le maré-
chal, a-t-on dit, n'a pas violé les
lois, il n'a pas outrepassé ses pouvoirs.
Sans doute S'il en avait été autrement,
les Assemblées parlementaires auraient
eu aussitôt des devoirs nouveaux et plus
graves. Il ne s'agissait pas de savoir si
M. le Président de la république dépas-
sait son droit, mais s'il en usait d'une
manière dangereuse, excessive, abusive,
et cela sans motif suffisant et sans pro-
vocation. Sur ce point, l'évidence n'écla-
tait-elle pas à tous les yeux? Cepen-
dant le Sénat s'est incliné devant le
pouvoir exécutif; il a voté « la mort
dans l'âme », mais il a voté comme on
lui demandait de le faire. Il a manqué
à son rôle de modérateur et l'on se rap-
pelle quelles ont été les suites de cette
faute. Sa faiblesse et sa condescendance
ont donné de l'audace à des doctrinaires
d'un genre imprévu qui ont inventé lathéo-
rie du conflit obligatoire entre les deux
Chambre?, et n'ont trouve d'autre utilité au
Sénat que défaire systématiquement échec
à la Chambre des Députés. Etrange inter-
prétation de nos lois constitutionnelles Le
Sénat a paru, pendant quelque temps du
moins, la prendre en sérieuse considéra-
tion et en faire sa règle de conduite.
Sous l'Empire, le Sénat paraissait destiné
à dire toujours oui; sous la république,
devrait-il toujours dire non? Dans le pre-
mier cas, la Chambre haute était inutile,
ce qui était fâcheux; mais, dans le se-
cond, elle serait dangereuse, ce qui est
encore pis.
Depuis quelque temps le Sénat semble
hésiter sur la marche à suivre; il ne peut
pas méconnaître ses imprudences, et peut-
être se repent-il de les avoir commises
mais si, dans le secret de sa conscience,
il juge bien le passé, juge-t-il d'une vue
aussi. claire le présent et l'avenir? Une
suffit pas, d'ailleurs, de voir où est le bien;
il faut avoir la force de s'y rallier, et/pour
cela, le Sénat est gêné à la fois par ses souve-
nirs, par ses habitudes, par ses traditions,
car il a déjà des traditions, et enfin par sa
composition. Son malheur est de man-
quer-de majorité la droite et la gauche
se balancent très exactement dans son
sein, et si l'équilibre se renverse aujour-
d'hui dans un sens et demain dans un au-
tre, c'est affaire de hasard. 11 est
parfois bien difficile d'assigner à ces
phénomènes irréguliers une cause un peu
fixe, et il faut en chercher l'explication
dans les influences les plus mobiles et les
plus fugitives. Une Assemblée aussi in-
stable, aussi dépourvue de diapason, est-
elle bien propre à servir de régulateur
aux autres pouvoirs constitutionnels? Est-
elle en harmonie avec le reste de nos in-
stitutions ? N'est-il pas urgent de profiter
de la première occasion qui se présente
pour constituer dans le Sénat une. majo-
rité conservatrice, mais très décidément
républicaine? Ces questions, qui se po-
sent naturellement, sont déjà résolues
dans tous les esprits.
Voilà pourquoi on commence à se
préoccuper des élections prochaines. De
ces élections dépend l'avenir de la ré-
publique, et elles décideront si cet
avenir sera calme et tranquille, ou s'il
sera agité et peut-être troublé. Il est
hors de doute que le -Congrès ̃ qui se
réunira en 1880 aura une majorité répu-
blicaine considérable. Si nos institutions
sont alor$ révisées, si le chef du pouvoir
exécutif est changé, toutes ces trans-
formations se feront dans le sens ré-
publicain. Mais, le lendemaiq de l'événe-
ment, que sera le Sénat? Sera-t-il com-
posé toujours de telle sorte que la doc-
trine du conflit quand même .y trouve
encore de nombreux adhérens ? Au lien
de servir de lieu, de trait d'imion en-
tre les autres pouvoirs, sera-t-il placé
entre eux comme une barrière et un obsta-
cle? C'est le problème qui sera résolu
par les élections, et de là vient l'intérêt
exceptionnel du premier renouvellement
par tiers de la Chambre haute. On a ap-
pelé cette épreuve le cap de Bonne-Espé-
rance de la république; il faut s'apprêter
dès aujourd'hui à le doubler. La Gauche
républicaine et l'Union républicaine ont
donné le bon exemple et ouvert la voie.
Les comités ne sauraient être formés trop
tôt, car il importe de réunir tous les .ef-
forts, de les faire converger vers le même
but, de les empêcher de s'égarer; mais,
pour le moment, l'action vraiment utile
appartient surtout aux individus. Les dépu-
tés et les sénateurs vont se séparer, aller
dans leurs déparlemens, y passer plusieurs
mois. On ne saurait trop les engager à
profiter de ce temps de répit entre la ses-
sion d'été et la session d'automne pour
préparer la campagne électorale. Si l'on
veut cueillir les fruits au mois de janvier,
c'est dès aujourd'hui qu'il faut semer.
•; •- "̃ Francis- Charmes.
On nous écrir*B~VBrsailles (Sénat)
a Le Sénat continue d'expédier la série des
projets de lois d'intérêt local ou secondaire
qui se pressent, d'urgence, dans les derniers
jours d'une session. La plupart sont relatifs à
des emprunts contractés par des villes et par
des départemens. Notons quelques observa-
tions adressées par M. de Gavardie à M. le
ministre des travaux publics sur le classe-
ment des voies ferrées, et le dépôt, par le mi-
nistre, de trois projets, un notamment sur les
chemins de fer à construire en Corse. L'ur-
gence a été votée pour ces projets, de même
que pour plusieurs autres. Le Sénat poursui-
vra demain ce travail des fins de session, plus
utile qu'intéressant. »
On nous écrit de Versailles (Chambre
des Députés)
« Voilà bien des crédits sur lesquels on ne
comptait pas, car l'ordre du jour était suffi-
samment chargé de projets de lois àvoter aux
mains levées avant d'arriver à la discussion
du traité de commerce avec l'Italie; mais
puisque M. "Wilson nous les apporte avec l'avis
tout frais de la commission du budget, autant
les déclarer d'urgence aujourd'hui que demain
et en permettre L'emploi dès à présent. Il y
en a d'ailleurs, dans le nombre, qui intéres-
sent l'Exposition universelle.
» Tout en votant, la majorité causait avec
assez d'animation, et cette animation contras-
tait avec le silence inaccoutumé qui régnait
à droite. D'où vient cette mélancolie des
bancs au milieu desquels siège M. Rouher ? '?
II61as c'est qu'on a. appris que la foudre est
suspendue sur la tète de M. Paul de Cassa-
gnac.
» Ainsi s'explique cette tristesse, et les lé-
gitimistes n'ont pas la figure moins défaite
que leurs collègues du parti de l'Appel au
peuple mais la mélancolie de la droite n'a-
t-elle pas été un peu loin en l'empê-
chant si longtemps d'applaudir le pa-
triotique rapport de M. Spuller sur le
projet de loi qui accorde une pension
de 0,000 fr. à la veuve du noble défenseur
de Belfort?Le projet l'avait déjà dit, le
rapport a eu raison de le redire la colonel
Denfert n'avait pas reçu la récompense due
à ses services en vertu des lois militaires. Il
aurait dû être présenté au front des troupes
dans la place même qu'il avait conservée à la
France pour lui servir de dernier boulevard.
M. Spuller a lu une lettre de Denfert, toute
pleine des sentimens les plus généreux et les
plus élevés. Les applaudissemens répétés de
la majorité ont éclaté à cette lecture, mais la
droite n'avait pas l'air de savoir de quoi il
s'agissait. Il a fallu qu'on lui fît sentir que
cette négligence n'avait rien de national, et
alors une partie de ses. membres se sont mis
à lever la main aux articles, puis à voter l'en-
semble du projet; mais les sourds murmu-
res de M. Laroche-Joubert et les cris aigus de
M. de la Rochefoucauld-Bisaccia disaient as-
sez clairement que le colonel Denfert ne sera
jamais pardonné d'avoir été siéger à gauche
en revenant de la trouée de Belfort où il lais-
sait le drapeau tricolore déployé.
» Mais il est quatre heures et demie, et
nous pouvons enfin nous occuper du traité
de commerce.
» Un traité de commerce à tout moment
dénonçable, et qui ne peut durer qu'un an
s'il est dénoncé, ce n'est assurément pas une
merveille et jamais négociateur n'aurait
imaginé qu'on pût mettre la diplomatie en
mouvement, avec des commissions d'étude
spéciales, pour arriver à un si piètre résultat.
Comment se fait-il donequ'il y ait des gens
et nous en sommes pour qui ce soit beau-
coup que d'avoir un traité, même peu avan-
tageux, et d'un an seulement d'existence
possible? Uniquement parce que c'est un
traité et qu'il en fallait un pour servir de
point de départ aux autres et pour constater
que la France, devenue républicaine, tient
autant que l'Empire à la liberté du commerce,
aux larges horizons de notre exportation, et
en même temps aux intérêts de la consom-
mation intérieuçe.
» Ou n'en aborde pas la discussion sans
inquiétude, car les protectionnistes se sont
démenés comme des diables pour expliquer
•à la moitié des républicains que tout traité
est du libre-échange et que le libre-échange
ne doit pas mieux être accueilli par la
république instruite et paciiique de 187H
que par la république ignorante et guer-
rière de 93. Ils ont topé dans la main
de ce qui nous reste de vieux socialistes de
1848, et l'issue du vote est incertaine, vu la
pénurie d'économistes qui afflige la Chambre,
si les bonapartistes d'aujourd'hui s'amusent
à renier ce que l'Empire a fait de mieux, pour
empêcher la république d'ètreven bons termes
avec l'Italie, et pour lui pouvoir reprocher
plus tard d'avoir une politique commerciale
toute semblable à celle des Chambres de la
Restauration et ds la 'monarchie de Juillet,
» Le ministre des affaires étrangères a ou-
vert le débat, mais en ne disant que quelques
mots pour rappeler comment ont procédé les
négociateurs et sans se prononcer pour une
politique commerciale plutôt que pour une
autre. Le traité a été réduit dans ce bref dis-
cours à sa plus simple expression ce n'est
plus qu'un expédient de quelques moisv
sans aucune importance.
» Nous avons été bien étonné de voir
M. Richard Waddington succéder à la tribune
à son frère. Il nous semble que c'était à
M. Berîet, rapporteur de la commission, à
prendre la parole, et que le député de Rouen
risquait trop de compromettre l'impartialité
ministérielle en commentant le peu que le mi-
nistre avait pu dire. M. Richard Waddington
est un parfait filateur, voilà tout ce que nous
concluons de son commentaire et pourtant il
a eu l'air de conseiller l'adoption de la conven-
tion, puisque ce n'est plus qu'une conven-
tion. :I1 en a' eu l'air, mais il avait l'air aussi
de préférer l'ancienne détermination de la
commission qui proposait de négocier sur de
nouveaux frais. Rien de moins net rien de
plus embarrassé. On sent que M. Richard
Waddington est heureux que les fils et les
tissus aient été mis décote; mais il lui est
impossible do l'avouer, car son devoir est
d'être désolé que les autres industries restent
en péril quand la sienne a tiré son épiDgle
du jeu."
» Un autre champion de la Normandie,
M. Peùlevey, a relevé M. Richard Waddington
de ses fonctions volontaires. C'est un avocat
du Havre, et c'était son début. Il parle
en avocat, mais avec beaucoup de clarté et
quelque force; il en est encore à la ba-
lance du commerce, et un traité fait avec un
peuple à qui nous vendons moins qu'il ne
nous vend est pour lui une folie pure. Le
régime des échanges n'irait pas tout seul,
il faut l'avouer, si tous les peuples en di-
saient autant, chacun chez lui. Quelle barba-
rieque toute cette doctrine 1 Mais M. Peùlevey
a médit de l'Empire il s'est écrié qu'il a
ruiné laFrance, et il a été fortement applaudi.
La duperie est complète. La liberté commer-
ciale, datant de 1860, est devenue décidément
un poison mortel. ̃̃-•̃<̃
» M. Berlet ne recule pas devant les de-
voirs dont il a la charge. Il ne s'est donc pas
contenté de laisser parler les autres, d'autant
plus que M. Richard Waddington avait plu-
tôt trahi qu'il n'avait défendu les nouvelles
conclusions de la commission, et qu'il était
nécessaire de mieux expliquer que lui en
quoi elles consistent, et où nous mènerait
le merveilleux système de ceux qui ne veu-
lent aucune espèce de transaction. Son
accent loyal l'a fait écouter des coalisés si
nombreux qui se sont enrôlés sous la
bannière de M. Pouyer-Quertier. Ajou-
tez, a dit M. Je miniôtre du commerce,
que si la convention est repoussée, vous tom-
bez demain sous les droits du tarif général
de l'Italie et que vous paierez au moins
10 0/0 de plus pour entrer chez elle.
» La transaction ne nous assure-t-elle pas
le bénéfice de toutes les concessions que l'I-
talie dès à présent discute avec l'Autriche,
avec la Suisse, et qu'il faudra qu'elle fasse
ensuite à d'autres Etats?
» Quelques faibles redites de M. Méline,
honnêtement tournées et agréablement nuan-
cées de sentimentalisme, avaient rejeté la
Chambre en pleine doctrine rouennaise, lil-
loise et vosgienne. Mais on répliquera de-
main. » «
Demain, une discussion doit être soulevée
au Sénat par M. Delsol à propos du projet de
loi adopté parla Chambre des Députés, relatif
à la nomenclature des services pouvant seuls
donner ouverture à des crédits supplémen-
taires par décrets pour l'exercice 1878, pen-
dant la prorogation des Chambres.
M. Delsol, qui représente avec MM. Pouyer-
Quertier, Vandier, Caillaux, de Belcastel,
ChesneloDg, le duc de Broglie, dans la com-
mission des finances la droite du Sénat, sou-
tiendra un amendement ainsi conçu
« Supprimer le paragraphe 4 du budget du mi-
nistère de l'intérieur, concernant les indemnités
anx électeurs sénatoriaux. u
Déjà, dans le sein de la commission sénato-
riale des finances, cet article 4 a donné lieu,
de la part de la minorité des commissaires, à
des réclamations elles se trouvent, du reste,
consignées dans le rapport de M. Cazot.
Voici, en effet, comment M. Cazot. s'exprime
dans le rapport au'il a rédigé au nom de la
commission des finances
« La minorité de la commission a demandé la
suppression de l'article 4 de la nomenclature
Indemnités aux électeurs sénatoriaux, attendu qu'il
ne pouvait y avoir aucune élection sénatoriale
pendant la prorogation qui va s'ouvrir.
» Des explications ont été demandées à M. le
ministre de l'intérieur sur le motif qui avait dé-
terminé le gouvernement à insérer dans la no-
menclature rarticle en question.
» Il a déclaré en effet qu'aucune élection séna-
toriale ne pouvait avoir lieu pendant 1 interses-
sion que l'article dont il s'agit était inutile; qu'il
s'était glissé par mégarde dans la nomenclature,
mais que néanmoins son maintien aurait l'avan-
tage d'éviter le renvoi du projet à la Chambre des
Députés. ·
» Votre commission a été unanime à reconnaî-
tre que l'article 4 n'avait point d'objet; mais une
dissidence s'est vroduite quand il s est agi de sa-
voir s'il devait être maintenu ou supprimé.
» La minorité a déposé un amendement ten-
dant à la suppression. u
» La majorité a pensé que la suppression aurait
l'inconvénient de nécessiter le renvoi du projet
à la- Chambre des Députés, et, en conséquence,
elle a rejeté l'amendement. >'
» Sous les réserves contenues dans les décla-
rations ministérielles, et sous le bénéfice de la
dissidence qui surgi sur l'article 4 de la nomen-
clature, votre commission vous propose d'adopter'
le projet de loi dont la teneur suit, et la nomen-
clature qui est anpexée. »
M. Delsol doit demander au gouvernement
d'indiquer l'époque à, laquelle il compte faire,
procéder aux élections pour remplacer les
soixante-quinze sénateurs appartenant à la
première catégorie renouvelable.
Demain, les ministres se réuniront en con-
seil chez M. Dufaure afin d'arrêter la date dé-
finitive que !e gouvernement entend fixer
pour les élections sénatoriales. Il paraît à peu
près certain que M. de Marcère répondra à
M. Delsol que ces élections auront lieu le
5 janvier.
La commission des finances du Sénat s'est
réunie aujourd'hui sous la présidence de
M. Cordier pour examiner le projet adopté
par la Chambre et portant ouverture d'un
crédit extraordinaire de 800,000 h. pour la/:
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