Titre : Rouen gazette
Éditeur : [s.n.] (Rouen)
Date d'édition : 1933-04-29
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32862901k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 avril 1933 29 avril 1933
Description : 1933/04/29 (N449). 1933/04/29 (N449).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliothèque numérique de... Collection numérique : Bibliothèque numérique de Rouen
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4521523k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-40288
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/05/2016
Dixième Année. — N° 449.
(Deuxième Série).
HEBDOMADAIRE. — 3® CENTIMES
SAMEDI 29 AVRIL 1933.
Dit tout i6 que l’on ne voua dit pae.
Ne fait pat de politique.
Directeur : André RENAUDIK
Un an i 15 fr. — Chèq. post. Rouen 48.09
72, rue des Carmes, ROUEN (Télép. îl.iT)
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magasins généraux du tissn
CHOIX INCOMPARABLE
QUALITES GARANTIES
PRIX LES PLUS BAS
ROUEN - 57 A 61, RUE GRAND-PONT
Le miracle de l’Oncle Joë Bridge
qai considère les petits enfants comme des grandes personn es
et fait retomber les grandes personnes en enfance
Joe Bridge a accompli, au cours de
la soirée du Cercle Boieldieu, une ma
nière de miracle,
11 est !e directeur d une troupe char
mante, la troupe du « Bon Petit Dia
ble » qui n’a d’autre ambition que
d’amuser les enfants.
Mais au concert du Cercle Boieldieu
il n’y a pas d’enfants. Il n’y a que des
dames très dignes et des messieurs
« très bien », pourvus d’ans et de gra
vité, et mélomanes par surcroît. Ce
sont ces spectateurs-la, dont l’âge
moyen oscillait entre trente et quatre-
vingts ans, que Joe Bridge s est chargé
d’amuser pendant une heure d horloge.
Et jamais le « Théâtre du Bon Petit
Diable » ne connut salie plus enthou
siaste.
« Notre bon oncle » — car vous
n’ignorez pas que Joe Bridge est notre
vieil oncle à tous — est, sur le cha
pitre du délassement, quelque chose
comme un docteur Vcronoff.
II a rendu ses huit ans à mon grand-
père...
xxx
A la vérité notre vieil oncle Joe
Bridge ne fait pas si vieux que ça.
C’est un gaillard à la mine réjouie,
taillé en athlète, et formé à l’optimis
me et à l'équilibre du caractère par la
discipline aes sports. H se souvient très
bien que « dans le temps », il a été
champion d’escrime et d’aviron.
Mais ce sportif, qui est dessinateur
de son métier a toujours eu deux violons
d’Ingres : le théâtre et les enfants.
11 a maintenant réalisé son rêve.
Il fut, avant la guerre, secrétaire gé
néral d’un certain nombre de théâtres
parisiens: l’Eldorado, la Scala, le Mou
lin-Rouge, Parisiana, Ba-Ta-Clan et le
Palais-Royal. Il a donc passé sa jeunes
se dans les coulisses et c’est pourquoi
il connaît si bien les choses de la scè
ne, \
Après la guerre, il se souvint qu’il
avait un crayon — un crayon plein de
verve et d’humour — pour se lancer
dans la publicité. Il fit d’innombrables
affiches dont l’une d’elles tout au moins,
l’affiche des pneus Hutchinson, est res
tée dans toutes les mémoires, comme
son Gédéo.n Gueuledenpeigne est passé
à la postérité.
Et puis l’occasion lui fut offerte enfin
de revenir au théâtre et de s’occuper
des gosses qu’il aime tant...
Un jour, en complicité avec le re
gretté Pol Rab — le père de Rie et
Rac — et notre confrère, Edouard
Beaudu, il créa un théâtre d’enfants
qu’ils baptisèrent « la Boîte à Jou
joux ». Mais pas un théâtre comme les
autres : une manière de music-hall pour
spectateurs en bas âge qui empruntait sa
manière au cabaret. Il s’agissait de pré
senter aux enfants des attractions et des
sketches spécialement écrits pour eux :
mais au lieu de baisser le rideau après
chaque numéro, on chargerait un mon
sieur d’enchaîner chaque partie du pro
gramme à l’aide d’un petit speech ap
proprié. Cela permettait d’expliquer aux
enfants ce qu’ils allaient voir et de leur
commenter ce qu’ils avaient vu. Cela
créait aussi une atmosphère faite de cor
dialité et de bonne humeur, dosée en
raison de l’âge des spectateurs.
« La Boîte à Joujoux » réussit si
bien, qu elle existe toujours. Mais Joe
Bridge dut la quitter pour monter, à la
demande d’un grand journal parisien
pour enfants sages « Les Enfants de
h rance », un autre théâtre pour gosses
Ainsi naquit le théâtre du Bon Petit
Diable, qui emprunta son nom à la com
tesse de Ségur.
xxx
LE TÉNOR GEORGES THILL
L’oncle » Joë Bridge, vu par lui-même, en grande
son « neveu » Toto.
conversation avec
prenne pour des idiots. Ils comprennent petits artistes. On leur apprend non pas
tout ; il faut compter maintenant avec à réciter une poésie avec des inflexions
leur petite intelligence que la vie mo- et des gestes conventionnels, mais à la
derne a ouverte rapidement à tout... dire comme ils la sentent — ainsi qu’on
C’est aussi ridicule de vouloir leur te- la leur a expliquée. Ce qui importe,
nir « un langage bébé » que de c est de leur faire comprendre ce qu ils
parler petit nègre à un étranger sous ont à dire, à chanter et à jouer. Après
prétexte que les étrangers ne compren- on laisse faire leur nature,
nent pas le français ». | Et c’est pourquoi les petits élèves
Partant de cette idée, Joe Bridge a de Joe Bridge sont si spontanés, si na-
présenté à ses jeunes spectateurs, toutes turels, si charmants pour tout dire. Ils
les vedettes parisiennes : Marie Dubas, n’ont rien des petits prodiges. Ce ne sont
Yvette Guilbert, Mayol, Spadaro, Ma- pas, comme le dit l’oncle Bridge, « des
ria Valente, Perchicot et même Maurice petits malheureux qui ont appris à chan-
Chevalier. ter ou à danser à coups de pied au
Mais il a demandé à tous ces artistes derrière ». Non. Ce sont des petits en-
d’adapter leur répertoire pour les pe- fants sains et heureux de vivre, qui
tites oreilles. s’amusent eux-mêmes en jouant la ço-
« Quand ils entendent une chanson médie et en amusant les autres.
grivoise, dit-il, les enfants ne com
prennent pas. Ils sont purs. Par consé
quent, on pourrait leur faire entendre
n’importe quoi s’il ne nous était odieux
à nous qui sommes grands, de les voir
tendre l’oreille et se creuser la cer
velle pour essayer de percer le mystère „
des mots qu’ils ne comprennent pas ».
Notez que l’on peut très bien modi
fier l’esprit d’une chanson sans en chan- i
ger un vers. 11 suffit de si peu de cho
se.
Par exemple, lorsque Maurice Che
valier vint chanter au « Bon Petit Dia
ble », il ne raya pas ce son répertoire
sa célèbre « Valentine » — sous pré
texte que c’est l’histoire de sa maîtresse
et que — mon Dieu — le mot maîtresse
n est pas encore pratiquement employé
par les moins de dix ans. Non. Mais
il compensa la légèreté du sujet*par un
speech de circonstance :
— Mes petits enfants, leur dit-il,
vous avez tous une maîtresse d’école
que vous préférez aux autres parce
qu’elle est plus douce, plus indulgen
te... Moi, quand j’étais gosse, j’avais
une maîtresse que j adorais... Et la
preuve c’est que...
On s’ souvient toujours de sa première
[maîtresse...
Et il enchaîna le couplet. Il avait
suffi d’un mot pour rendre la chanson
acceptable .. Un seul mot, vous disai-
je...
Pour former sa jeune troupe, Joe
Bridge dispose d’une espèce de conser-
Paul CIRARDEAU.
[Lire la suite en 2 e page)
Peu d’artistes conquirent aussitôt la
notoriété Ja plus enviable. Après avoir
fait ses premières études au Conser
vatoire de Paris, puis s’être perfec
tionné en Italie, M. Georges Thill en
trait à l’Opéra de Paris à Page de
vingt-cinq ans. Il obtint d’emblée les
plus grands succès et chanta sur les
scènes les plus célèbres. Enumérer les
théâtres où il fut applaudi nous obli
gerait à citer toutes les grandes vil
les des deux mondes, de Milan à
Bqenos-Aires, de New-York à Vien
ne.
.Les œuvres qu’il a chantées mon
trent que son répertoire comprend les
rôles les plus divers : « Sarnson »,
« Lohengrin », « Marouf », « Aida »,
« Parsifal », « Werther », « Carmen »,
« Lakmé », « La Tosca », etc. Entre
prise qui n’est pas sans dangers. U
est certes très honorable pour un ar
tiste de vouloir montrer un grand ta
lent dans les incarnations les plus va
riées, mais la voix ne s’accommode
pas toujours de ces louables aspira
tions.
Rentré * d’Amérique, il y a quel
ques mois, M. Georges Thill a repris
une place de choix à l’Opéra. « Es-
clarmonde », « Lohengrin », « Parsi
fal », « La Damnation de Faust » lui
donnèrent l’occasion de combler de
joie ses admirateurs — et admiratri
ces. Et quand une grande revue mu
sicale publia récemment son portrait
en frontispice, certains kiosques des
environs de l’Opéra ne pouvaient sa
tisfaire toutes les demandes.
xxx
Rouen n’eut pas très tôt la faveur
d’entendre M. Thill. Et c'est sans
le secours d’aucun décor, sans plu
met ni rapière qu’il nous est apparu.
L’austérité de la salle de concerts
ne donne au chanteur nulle possibi
lité d’évasion. C’est la voix seule qui
intéresse, qui compte et qu’on juge
Le programme révélait cette varié
té qui, décidément, doit être l’un cîes
goûts prépondérants de l’artiste. Des
« airs » fameux, de « Lohengrin »,
de « La Walkyrie », succédaient à des
mélodies de Chausson, de Duparc,
« Werther » rejoignait en bonne lo
gique, des mélodies de Massenet. A
vrai dire il s’agit plutôt d’une logi
que de catalogue car le caractère d.es
œuvres n'est pas tout à fait le mê
me. Enfin le « Pays du Sourire »
semblait arriver à la fin comme pour
s’esclaffer devant tant de musiques
diverses, géniales ou seulement ha
biles, alors qu’il suffit de chanter
k Je t’ai donné mon cœur » pour dé
crocher les ovations.
Nous dirions volontiers que c’était
,1e triomphe du moindre effort, si cer
taine demi-teinte ne s’était révélée
traîtresse. Mais ce qui nçj.is paraît
jrlus regrettable, c’est que cette sa
lade de musiques révèle un goût dou
teux, assez inquiétant.
Avait-on représenté à M. Thill, la
ville de Rouen comme un repaire
dangereux de chasseurs de ténors?
Son programme pourrait le faire croi
re. II présentait cette amabilité re
grettable qui consiste à faire plais : r
iiimiimiiitmiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiisiiiimiiiiiiUiiïiiL
LE TABLEAU DE L’ALBANE
à tout le monde. Défaut qui peut négligeable, surtout quand ôn se sou
vient que le héros ne dédaignait pas
d’être homme de goût.
Au succès de M. Thill, il convient
d’associer AI. Maurice Faure qui
joint au talent de pianiste justement
réputé, les plus hautes qualités de
musicien de grande classe.
amener bien des déboires et conduire
à ne plaire à personne. Mais ce ne
fut pas le cas, on s’en aperçut aux
rappels et à l’afflux des admirateurs
à la sortie du chanteur.
Cependant certaines coquetteries ne
manquaient pas leur destination et
les notes aigues, lancées à pleine
voix, bondissantes comme le clown
fameux de Théodore de Banville, qui
alla rouler clans les étoilés, reçurent
les lauriers sans plus attendre —
même à la fin de « Ouvre ton cœur »,
de Bizet — supplique ponctuée par
un rythme à l’espagnole, mais dont
la destinataire n’est pas forcément
accessible à un appel si canaille.
Incontestablement, une appréhen
sion gênait parfois l’artiste, mais il
dut être satisfait de l’accueil qu’il
reçut.
Les airs de bravoure lui convien
nent mieux que les mélodies où les
qualités de l’interprète ne se mani
festent qu’en proportion de la force
de son émotion — non de sa voix
seule. Il est évident qu’une erreur
très grave consisterait à confondre la
puissance d’une voix et la puissan
ce née de l’œuvre elle-même. Une
déclamation à mi-voix — clans le So
sie de Schubert, par exemple —
émeut bien plus qu’un contre-ut re
haussé d'un interminable point d’or
gue.
■Cette audition nous a montré une
fois de plus la grande différence en
tre les qualités nécessaires au théâ
tre et celles qu’on exige au concert.
Ce sont deux arts tout à fait diffé
rents, en raison des caractères pro
pres à chacune de ces formes de l’ac
tivité artistique et il est fort difficile
de briller dans chacune d’elles.
■Mais quelle belle interprétation fut
celle 'le M. Thill dans l’air fameux de
« Werther » : « J’aurai sur ma poi
trine... ». L’aigu sonne d’ailleurs
avec plénitude et d’un bel éclat. Le
grand air de « Paillasse » ne lui fut
pas moins favorable. Nous retrou
vions alors le bel interprète cle « Car
men » et, certes, il est un des meil
leurs chanteurs de théâtre que nous
possédons actuellement.
Admiré des -foules, il eut peut-être
le tort de céder à leurs attraits en
voulant les captiver dans les genres
les plus divers.
Afais être un "admirable interprète
de « Werther » n’est pas une qualité
/V^VVVVVV\M^A^VVVVVVVVVVVV\'WVVVVVVVVV'VVVV
Porto SPHINX
Emmanuel BONDEVILLE.
Joe Bridge est l’âme de ce théâtre,
qui donne actuellement ses spectacles
dans la salle Iena — une salle de 700
places. C’est lui qui écrit les sketches,
et qui les fait répéter par les petits ar
tistes de sa troupe. Il est tout à la fois
directeur, secrétaire général, auteur,
metteur en scène, répétiteur, régisseur
parlant au public et artiste — car il
joue lui-même.
Ce que cherche Joe Bridge c’est se
mettre à la portée des gosses d’aujour
d’hui. Comme il le dit lui-même
« Les enfants ne veulent pas qu’on les vatoire dans lequel on fait travailler les Nos clichés sont l’œuvre de la photogravure Lallemand, 18, rue de But ton, Rouen Téléphone 20.92.
Lo groupe parisien des Passereaux a exposé rue Saint-Romain des pein
tures qui ont complété le cadre ma jestueux de la Cour d’Aibane.
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AU ROY O’YVETOT
90, rue Jeanne-d’Arc - ROUEN
Bo ntloislre a été escuaiolS
Lo réclamer à la Chambre de Com
merce.
Elle -le rendra.
Mais discrètement.
A titre privé et confidentiel.
Vous lui confiez un ministre.
Elle en prend possession.
Elle en signe décharge au Préfet et
au Commissaire spécial.
Et elle promet d’en prendre soin.
Elle tient parole.
Pour ce qui est de le distraire, on
sait s’y prendre :
On l’installe sur le « Bardouville »,
et on lui met en rond tous les ingé
nieurs du port.
Vous pensez si le ministre est heu
reux.
Et on lui fait visiter le port.
11 voit tout.
Et, grâce aux ingénieurs, il connaît
tout.
On lui paie à déjeuner, au Minis
tre.
On lui fait manger du canard à la
Rouennaise.
Et une fine par dessus le café.
Ç a coûtera ce que ça coûtera.
On ,n’en est pas encore à trois
francs près.
Tant que le Port n’est pas mort.
-Le ministre donc, voit, boit et
mange.
Mais personne n’en saura rien.
Quand la Chambre de Commerce
invite un ministre, c’est pour elle.
Ce n’est pas pour qu’on sache ce
qu’elle en fait.
Ça ne regarde pas les usagers du
port.
Ça ne regarde pas ceux qui élisent
les membres de la Chambre de Com
merce.
Ça ne regarde pas les journaux qui
renseignent le public et qui disent
leur mot dans les affaires du Port et
du gouvernement.
xxx
M. Appell est venu mercredi visi
ter Rouen.
11 est venu en voisin. Accompagné
d’un homme qui a réussi quelque
chose dé très simple : reboucher le
Zuyderzée.
On a dû, au cours de la promena
de fluviale, dire deux mots des tra
vaux de la Seine, parler urgence et
crédits.
Car en somme, si le ministre est
venu, c’était un peu pour cela.
Mais on n’en saura rien.
Personne ne savait que le minis
tre allait venir.
Personne ne savait qu’il était là.
Que les initiés.
Pas même une ligne dans les jour
naux la veille.
(Deuxième Série).
HEBDOMADAIRE. — 3® CENTIMES
SAMEDI 29 AVRIL 1933.
Dit tout i6 que l’on ne voua dit pae.
Ne fait pat de politique.
Directeur : André RENAUDIK
Un an i 15 fr. — Chèq. post. Rouen 48.09
72, rue des Carmes, ROUEN (Télép. îl.iT)
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CHOIX INCOMPARABLE
QUALITES GARANTIES
PRIX LES PLUS BAS
ROUEN - 57 A 61, RUE GRAND-PONT
Le miracle de l’Oncle Joë Bridge
qai considère les petits enfants comme des grandes personn es
et fait retomber les grandes personnes en enfance
Joe Bridge a accompli, au cours de
la soirée du Cercle Boieldieu, une ma
nière de miracle,
11 est !e directeur d une troupe char
mante, la troupe du « Bon Petit Dia
ble » qui n’a d’autre ambition que
d’amuser les enfants.
Mais au concert du Cercle Boieldieu
il n’y a pas d’enfants. Il n’y a que des
dames très dignes et des messieurs
« très bien », pourvus d’ans et de gra
vité, et mélomanes par surcroît. Ce
sont ces spectateurs-la, dont l’âge
moyen oscillait entre trente et quatre-
vingts ans, que Joe Bridge s est chargé
d’amuser pendant une heure d horloge.
Et jamais le « Théâtre du Bon Petit
Diable » ne connut salie plus enthou
siaste.
« Notre bon oncle » — car vous
n’ignorez pas que Joe Bridge est notre
vieil oncle à tous — est, sur le cha
pitre du délassement, quelque chose
comme un docteur Vcronoff.
II a rendu ses huit ans à mon grand-
père...
xxx
A la vérité notre vieil oncle Joe
Bridge ne fait pas si vieux que ça.
C’est un gaillard à la mine réjouie,
taillé en athlète, et formé à l’optimis
me et à l'équilibre du caractère par la
discipline aes sports. H se souvient très
bien que « dans le temps », il a été
champion d’escrime et d’aviron.
Mais ce sportif, qui est dessinateur
de son métier a toujours eu deux violons
d’Ingres : le théâtre et les enfants.
11 a maintenant réalisé son rêve.
Il fut, avant la guerre, secrétaire gé
néral d’un certain nombre de théâtres
parisiens: l’Eldorado, la Scala, le Mou
lin-Rouge, Parisiana, Ba-Ta-Clan et le
Palais-Royal. Il a donc passé sa jeunes
se dans les coulisses et c’est pourquoi
il connaît si bien les choses de la scè
ne, \
Après la guerre, il se souvint qu’il
avait un crayon — un crayon plein de
verve et d’humour — pour se lancer
dans la publicité. Il fit d’innombrables
affiches dont l’une d’elles tout au moins,
l’affiche des pneus Hutchinson, est res
tée dans toutes les mémoires, comme
son Gédéo.n Gueuledenpeigne est passé
à la postérité.
Et puis l’occasion lui fut offerte enfin
de revenir au théâtre et de s’occuper
des gosses qu’il aime tant...
Un jour, en complicité avec le re
gretté Pol Rab — le père de Rie et
Rac — et notre confrère, Edouard
Beaudu, il créa un théâtre d’enfants
qu’ils baptisèrent « la Boîte à Jou
joux ». Mais pas un théâtre comme les
autres : une manière de music-hall pour
spectateurs en bas âge qui empruntait sa
manière au cabaret. Il s’agissait de pré
senter aux enfants des attractions et des
sketches spécialement écrits pour eux :
mais au lieu de baisser le rideau après
chaque numéro, on chargerait un mon
sieur d’enchaîner chaque partie du pro
gramme à l’aide d’un petit speech ap
proprié. Cela permettait d’expliquer aux
enfants ce qu’ils allaient voir et de leur
commenter ce qu’ils avaient vu. Cela
créait aussi une atmosphère faite de cor
dialité et de bonne humeur, dosée en
raison de l’âge des spectateurs.
« La Boîte à Joujoux » réussit si
bien, qu elle existe toujours. Mais Joe
Bridge dut la quitter pour monter, à la
demande d’un grand journal parisien
pour enfants sages « Les Enfants de
h rance », un autre théâtre pour gosses
Ainsi naquit le théâtre du Bon Petit
Diable, qui emprunta son nom à la com
tesse de Ségur.
xxx
LE TÉNOR GEORGES THILL
L’oncle » Joë Bridge, vu par lui-même, en grande
son « neveu » Toto.
conversation avec
prenne pour des idiots. Ils comprennent petits artistes. On leur apprend non pas
tout ; il faut compter maintenant avec à réciter une poésie avec des inflexions
leur petite intelligence que la vie mo- et des gestes conventionnels, mais à la
derne a ouverte rapidement à tout... dire comme ils la sentent — ainsi qu’on
C’est aussi ridicule de vouloir leur te- la leur a expliquée. Ce qui importe,
nir « un langage bébé » que de c est de leur faire comprendre ce qu ils
parler petit nègre à un étranger sous ont à dire, à chanter et à jouer. Après
prétexte que les étrangers ne compren- on laisse faire leur nature,
nent pas le français ». | Et c’est pourquoi les petits élèves
Partant de cette idée, Joe Bridge a de Joe Bridge sont si spontanés, si na-
présenté à ses jeunes spectateurs, toutes turels, si charmants pour tout dire. Ils
les vedettes parisiennes : Marie Dubas, n’ont rien des petits prodiges. Ce ne sont
Yvette Guilbert, Mayol, Spadaro, Ma- pas, comme le dit l’oncle Bridge, « des
ria Valente, Perchicot et même Maurice petits malheureux qui ont appris à chan-
Chevalier. ter ou à danser à coups de pied au
Mais il a demandé à tous ces artistes derrière ». Non. Ce sont des petits en-
d’adapter leur répertoire pour les pe- fants sains et heureux de vivre, qui
tites oreilles. s’amusent eux-mêmes en jouant la ço-
« Quand ils entendent une chanson médie et en amusant les autres.
grivoise, dit-il, les enfants ne com
prennent pas. Ils sont purs. Par consé
quent, on pourrait leur faire entendre
n’importe quoi s’il ne nous était odieux
à nous qui sommes grands, de les voir
tendre l’oreille et se creuser la cer
velle pour essayer de percer le mystère „
des mots qu’ils ne comprennent pas ».
Notez que l’on peut très bien modi
fier l’esprit d’une chanson sans en chan- i
ger un vers. 11 suffit de si peu de cho
se.
Par exemple, lorsque Maurice Che
valier vint chanter au « Bon Petit Dia
ble », il ne raya pas ce son répertoire
sa célèbre « Valentine » — sous pré
texte que c’est l’histoire de sa maîtresse
et que — mon Dieu — le mot maîtresse
n est pas encore pratiquement employé
par les moins de dix ans. Non. Mais
il compensa la légèreté du sujet*par un
speech de circonstance :
— Mes petits enfants, leur dit-il,
vous avez tous une maîtresse d’école
que vous préférez aux autres parce
qu’elle est plus douce, plus indulgen
te... Moi, quand j’étais gosse, j’avais
une maîtresse que j adorais... Et la
preuve c’est que...
On s’ souvient toujours de sa première
[maîtresse...
Et il enchaîna le couplet. Il avait
suffi d’un mot pour rendre la chanson
acceptable .. Un seul mot, vous disai-
je...
Pour former sa jeune troupe, Joe
Bridge dispose d’une espèce de conser-
Paul CIRARDEAU.
[Lire la suite en 2 e page)
Peu d’artistes conquirent aussitôt la
notoriété Ja plus enviable. Après avoir
fait ses premières études au Conser
vatoire de Paris, puis s’être perfec
tionné en Italie, M. Georges Thill en
trait à l’Opéra de Paris à Page de
vingt-cinq ans. Il obtint d’emblée les
plus grands succès et chanta sur les
scènes les plus célèbres. Enumérer les
théâtres où il fut applaudi nous obli
gerait à citer toutes les grandes vil
les des deux mondes, de Milan à
Bqenos-Aires, de New-York à Vien
ne.
.Les œuvres qu’il a chantées mon
trent que son répertoire comprend les
rôles les plus divers : « Sarnson »,
« Lohengrin », « Marouf », « Aida »,
« Parsifal », « Werther », « Carmen »,
« Lakmé », « La Tosca », etc. Entre
prise qui n’est pas sans dangers. U
est certes très honorable pour un ar
tiste de vouloir montrer un grand ta
lent dans les incarnations les plus va
riées, mais la voix ne s’accommode
pas toujours de ces louables aspira
tions.
Rentré * d’Amérique, il y a quel
ques mois, M. Georges Thill a repris
une place de choix à l’Opéra. « Es-
clarmonde », « Lohengrin », « Parsi
fal », « La Damnation de Faust » lui
donnèrent l’occasion de combler de
joie ses admirateurs — et admiratri
ces. Et quand une grande revue mu
sicale publia récemment son portrait
en frontispice, certains kiosques des
environs de l’Opéra ne pouvaient sa
tisfaire toutes les demandes.
xxx
Rouen n’eut pas très tôt la faveur
d’entendre M. Thill. Et c'est sans
le secours d’aucun décor, sans plu
met ni rapière qu’il nous est apparu.
L’austérité de la salle de concerts
ne donne au chanteur nulle possibi
lité d’évasion. C’est la voix seule qui
intéresse, qui compte et qu’on juge
Le programme révélait cette varié
té qui, décidément, doit être l’un cîes
goûts prépondérants de l’artiste. Des
« airs » fameux, de « Lohengrin »,
de « La Walkyrie », succédaient à des
mélodies de Chausson, de Duparc,
« Werther » rejoignait en bonne lo
gique, des mélodies de Massenet. A
vrai dire il s’agit plutôt d’une logi
que de catalogue car le caractère d.es
œuvres n'est pas tout à fait le mê
me. Enfin le « Pays du Sourire »
semblait arriver à la fin comme pour
s’esclaffer devant tant de musiques
diverses, géniales ou seulement ha
biles, alors qu’il suffit de chanter
k Je t’ai donné mon cœur » pour dé
crocher les ovations.
Nous dirions volontiers que c’était
,1e triomphe du moindre effort, si cer
taine demi-teinte ne s’était révélée
traîtresse. Mais ce qui nçj.is paraît
jrlus regrettable, c’est que cette sa
lade de musiques révèle un goût dou
teux, assez inquiétant.
Avait-on représenté à M. Thill, la
ville de Rouen comme un repaire
dangereux de chasseurs de ténors?
Son programme pourrait le faire croi
re. II présentait cette amabilité re
grettable qui consiste à faire plais : r
iiimiimiiitmiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiisiiiimiiiiiiUiiïiiL
LE TABLEAU DE L’ALBANE
à tout le monde. Défaut qui peut négligeable, surtout quand ôn se sou
vient que le héros ne dédaignait pas
d’être homme de goût.
Au succès de M. Thill, il convient
d’associer AI. Maurice Faure qui
joint au talent de pianiste justement
réputé, les plus hautes qualités de
musicien de grande classe.
amener bien des déboires et conduire
à ne plaire à personne. Mais ce ne
fut pas le cas, on s’en aperçut aux
rappels et à l’afflux des admirateurs
à la sortie du chanteur.
Cependant certaines coquetteries ne
manquaient pas leur destination et
les notes aigues, lancées à pleine
voix, bondissantes comme le clown
fameux de Théodore de Banville, qui
alla rouler clans les étoilés, reçurent
les lauriers sans plus attendre —
même à la fin de « Ouvre ton cœur »,
de Bizet — supplique ponctuée par
un rythme à l’espagnole, mais dont
la destinataire n’est pas forcément
accessible à un appel si canaille.
Incontestablement, une appréhen
sion gênait parfois l’artiste, mais il
dut être satisfait de l’accueil qu’il
reçut.
Les airs de bravoure lui convien
nent mieux que les mélodies où les
qualités de l’interprète ne se mani
festent qu’en proportion de la force
de son émotion — non de sa voix
seule. Il est évident qu’une erreur
très grave consisterait à confondre la
puissance d’une voix et la puissan
ce née de l’œuvre elle-même. Une
déclamation à mi-voix — clans le So
sie de Schubert, par exemple —
émeut bien plus qu’un contre-ut re
haussé d'un interminable point d’or
gue.
■Cette audition nous a montré une
fois de plus la grande différence en
tre les qualités nécessaires au théâ
tre et celles qu’on exige au concert.
Ce sont deux arts tout à fait diffé
rents, en raison des caractères pro
pres à chacune de ces formes de l’ac
tivité artistique et il est fort difficile
de briller dans chacune d’elles.
■Mais quelle belle interprétation fut
celle 'le M. Thill dans l’air fameux de
« Werther » : « J’aurai sur ma poi
trine... ». L’aigu sonne d’ailleurs
avec plénitude et d’un bel éclat. Le
grand air de « Paillasse » ne lui fut
pas moins favorable. Nous retrou
vions alors le bel interprète cle « Car
men » et, certes, il est un des meil
leurs chanteurs de théâtre que nous
possédons actuellement.
Admiré des -foules, il eut peut-être
le tort de céder à leurs attraits en
voulant les captiver dans les genres
les plus divers.
Afais être un "admirable interprète
de « Werther » n’est pas une qualité
/V^VVVVVV\M^A^VVVVVVVVVVVV\'WVVVVVVVVV'VVVV
Porto SPHINX
Emmanuel BONDEVILLE.
Joe Bridge est l’âme de ce théâtre,
qui donne actuellement ses spectacles
dans la salle Iena — une salle de 700
places. C’est lui qui écrit les sketches,
et qui les fait répéter par les petits ar
tistes de sa troupe. Il est tout à la fois
directeur, secrétaire général, auteur,
metteur en scène, répétiteur, régisseur
parlant au public et artiste — car il
joue lui-même.
Ce que cherche Joe Bridge c’est se
mettre à la portée des gosses d’aujour
d’hui. Comme il le dit lui-même
« Les enfants ne veulent pas qu’on les vatoire dans lequel on fait travailler les Nos clichés sont l’œuvre de la photogravure Lallemand, 18, rue de But ton, Rouen Téléphone 20.92.
Lo groupe parisien des Passereaux a exposé rue Saint-Romain des pein
tures qui ont complété le cadre ma jestueux de la Cour d’Aibane.
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Bo ntloislre a été escuaiolS
Lo réclamer à la Chambre de Com
merce.
Elle -le rendra.
Mais discrètement.
A titre privé et confidentiel.
Vous lui confiez un ministre.
Elle en prend possession.
Elle en signe décharge au Préfet et
au Commissaire spécial.
Et elle promet d’en prendre soin.
Elle tient parole.
Pour ce qui est de le distraire, on
sait s’y prendre :
On l’installe sur le « Bardouville »,
et on lui met en rond tous les ingé
nieurs du port.
Vous pensez si le ministre est heu
reux.
Et on lui fait visiter le port.
11 voit tout.
Et, grâce aux ingénieurs, il connaît
tout.
On lui paie à déjeuner, au Minis
tre.
On lui fait manger du canard à la
Rouennaise.
Et une fine par dessus le café.
Ç a coûtera ce que ça coûtera.
On ,n’en est pas encore à trois
francs près.
Tant que le Port n’est pas mort.
-Le ministre donc, voit, boit et
mange.
Mais personne n’en saura rien.
Quand la Chambre de Commerce
invite un ministre, c’est pour elle.
Ce n’est pas pour qu’on sache ce
qu’elle en fait.
Ça ne regarde pas les usagers du
port.
Ça ne regarde pas ceux qui élisent
les membres de la Chambre de Com
merce.
Ça ne regarde pas les journaux qui
renseignent le public et qui disent
leur mot dans les affaires du Port et
du gouvernement.
xxx
M. Appell est venu mercredi visi
ter Rouen.
11 est venu en voisin. Accompagné
d’un homme qui a réussi quelque
chose dé très simple : reboucher le
Zuyderzée.
On a dû, au cours de la promena
de fluviale, dire deux mots des tra
vaux de la Seine, parler urgence et
crédits.
Car en somme, si le ministre est
venu, c’était un peu pour cela.
Mais on n’en saura rien.
Personne ne savait que le minis
tre allait venir.
Personne ne savait qu’il était là.
Que les initiés.
Pas même une ligne dans les jour
naux la veille.
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