Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-02-24
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Description : 24 février 1859 24 février 1859
Description : 1859/02/24. 1859/02/24.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
'ÏOUBNAL BSS BÉIÎATS BU JEUDI 24 FÉVRIER Ï859.
La Gazette militaire de Vienne parle en
ees termes de l'état des esprits en Lom-
bardie
« Nous recevons de Lombardie des lettres re-
latives aux derniers mouvemens militaires, et
sans en reproduire complétement lé contenu,
nous pouvons dire que les prétendues grandes
concentrations de troupes à Pavie, à Crémone,
à Eodi et sur d'autres points de la frontière, se
fcoraent à ce que ces points ont été pourvus de
garnisons telles que les circonstances l'exigent.
tfi» On nous dispensera sans doute de donner
des détails plus précis. Pour le moment, d'ail-
leurs, la Lombardie est dans son état normal
mais le mois de janvier a été très agité, et les
militaires ont eu beaucoup à faire; souvent
l'officier n'a pas eu une demi-heure dans la
journée pour la passer chez lui. Mais c'est
précisément cette surveillance extraordinaire
qui en a imposé au parti révolutionnaire et a
produit un terreur salutaire, car lorsque ces
gens ont vu que la troupe était préparée pour
toutes les éventualités, et quand ils eurent re-
connu qu'au cas où les affaires prendraient une
tournure sérieuse le soldat agirait sans ména-
gement, ils ont fait contre fortune bon cœur,
et se sont eflorcés de rentrer dans le calme.
» Comme on n'ignorait pas qu'on projetait
un attentat contre les troupes, l'animosité de
celles-ci était très naturelle. La moindre occa-
sion aurait suffi pour donner une leçon san-
glante aux fauteurs de désordres. Du reste la
modératioù avait été recommandée jusqu'à
certaines limites, et les soldats ont obéi effec-
tivement à cette recommandation, bien qu'en
se contraignant, et tout s'est borné à quelques
rappels à l'ordre adressés à tels ou tels pertur-
bateurs. »̃
• On écrit de Belgrade, le 15 février, à
î'Ost-Deutsche-Post:
« Le prince Milosch Obrenowitch est toujours
indisposé; néanmoins il remplit ses devoirs
gouvernementaux avec son ancienne ponctua-
lité. On avait dit d'abord que le commissaire
de la Porte avait protesté contre les droits de
succession que Milosch attribuait de son propre
chef à son fils; mais il paraît que Kabouli-Ef-
fendi s'est borné à en donner connaissance à la
Porte, la question devant être discutée par la
conférence de Paris.
» On dit que le prince Milosch n'est pas dis-
Tposé à reconnaître le statut qui lui a été ac-
•cordé il y a trente ans et qui donne au Sénat
des prérogatives presque supérieures à celles
du prince. Il en demande la révision et ne veut
pas admettre que la Porte ait à confirmer la
nomination ou la destitution des sénateurs,
cette intervention constituant, suivant lui, une
atteinte aux droits garantis par les puissances
̃concernant l'indépendance de l'administration
intérieure de la Servie. Les Serbes s'occupent
très peu des affaires des Roumains, qui de leur
côté n'ont jamais eu de grandes sympathies
pour la Servie. »
nouvelles étrangères»
-;̃̃ •'̃ ̃̃•• PRESSE* >
Berlin, 19 février.
Le projet de loi sur le mariage vient d'être distri-
bué. 11 se divise en trois titres. Le titre Ier est relatif
aux conditions requises pour contracter mariage.
L'article 1er dispose que pour qu'un mariage soit va-
lable civilement, il faut qu'il ait été contracté suivant
les formes religieuses. L'article 2 stipule que néan-
moins le mariage peut être contracté valablement en
justice, quand le ministère ecclésiastique a été refusé
ou que les futurs déclarent qu'ils ne peuvent en pro-
fiter.
Le titre II traite du divorce et supprime parmi les
causes de divorces admises jusqu'ici les suivantes
1° consentement mutuel; 2° répugnance profondé-
ment enracinée 3° relations simplement suspectes
4° défaut de preuve de la bonae conduite d'une
femme qui a quitté son mari 5° refus du devoir con-
jugal 6° impuissance et défauts corporels qui ne
sont survenus que depuis le mariage.
( (Gazette de Voss.)
PIÉMONT.
Chambèry (Savoie), 21 février. `
Le Courrier des Alpes publie quelques paroles pro-
noncées par le comte Jaillet de Saint-Cergues ,• géné-
ral commandant la brigade de Savoie, devant un
corps d'officiers.
Après avoir remercié ses officiers de l'intérêt qu'ils
lui avaient témoigné pendant sa maladie, le général a
ajouté
« Une autre compensation m'était réservée, celle
de ma guérison au moment où les apparences de
guerre paraissent prendre d,e la consistance car il
eut été douloureux pour moi qui marche à votre tête
depuis huit ans, d'être obligé d'abandonner à un au-
tre le commandement de ces deux beaux et bons ré-
gimens au moment d'une entrée en campagne.
» Heureusement il n'en sera pas ainsi, car mon
état vient de s'améliorer tout à coup, à ce point que
j'ai pu me présenter à M. le ministre de la guerre
pour lui annoncer qu'au printemps je pourrai re-
monter à cheval. Je désire que vous fassiez part de
cette circonstance aux diverses compagnies, parce
que je ne juge pas à propos d'en faire l'objet d'un
ordre du jour.
» Profilant de l'occasion de votre réunion, je tiens
à dire quelques mots sur les circonstances actuelles,
parce que je sens toute la responsabilité que fait pe-
ser sur moi l'état de l'esprit du corps d'oflîciers. Je
commencerai par vous aire que je n'ai pas de repro-
ches à vous faire sur votre tenue morale, car il m'est
revenu qu'en général elle est bonne et digne. M*s
conseils ne peuvent donc que tendre à en assurer la
continuation.
» La guerre n'est pas imminente, mais on peut la
regarder comme possible, et dès lors il est nécessaire
que les corps s'en préoccupent, et que chacun dans
son grade se prépare pour cette éventualité sous ce
rapport, je suis très sûr de votre coopération. Je vous
recommande à tous cet aplomb, cette conduite sage
et mesurée qui est le signe distinctif des hommes
forts, décidés, courageux.
» Les fanfaronnades sont ridicules et exposent les
hommes à devenir inconséquens, et par cela, à être
dépréciés. Tenez-vous à l'écart des raisonnemens po-
litiques, surtout devant des personnes peu connues
abstenez-vous de démonstrations inutiles et exagérées.
« Notre position nationale savoisienne est délicate;
ceux même qui m'écoutent et ne sont pas Savoyards
me comprendront s'ils tiennent à la cravate rouge
qu'ils portent ayee nous retranchez-vous donc dans
les sentimens du devoir, de l'honneur et de la fidélité
à nos drapeaux décorés, que vous défendrez à tout
prix et partout, j'en suis convaincu. »
GRANDE-BRETAGNE.
Londres, 22 février.
Cite deux heures. Consolidés au comptant et à
terme, 95 95 1/8 nouveau Trois pour 100 et Trois
pour 100 réduit, 95 1/2 3/4 Actions de la Banque, 228
*i30 Actions de l'Inde, 218. Fonds étrangers Six pour
100 turc, 89 1/4 3/4», Trois pour 100 espagnol, 441/8
1/4 Différés 30; l'Emprunt autrichien est lourd, à
2 2 1/2 d'escompte. (Globe.)
On lit dans le Globe
« Tantia-Topee et Feroze-Shah sont maintenant
dans les environs de la forteresse de Rintambore, si-
tuée dans les montagnes qui sont entre le Bhanas et
le Chumbul, près du coniluent des deux rivières.
Après le combat de Burrod, gagné par la brigade de
Somerset, suivi d'une marche ardue de tsinq jours,
Tanlia à, dit-on, traversé le Cbutnbul le 8, est entré
dans l'Etat de Jeypore et a rejoint Feroze-Shah entre
Tonk et Modharajpore. Rintambore, qui est occupé
par Feroze-Shah, est une place très forte qui lui a
été livrée, à ce qu'on suppose, par les Shakours de
l'Etat de Jeypore, qui possédaient ce fort à titre de
flef féodal, le soin de défendre une seule porte ou
partie spéciale des remparts étant commis à*Phon-
neur de chacun de ces chefs. Un fait aussi curieux
est digne d'être remarqué comme un reste de l'an-
cien système de chevalerie qui a existé autrefois dans
l'Inde.
» Rintambore a soutenu plus d'un siège dans les
temps anciens, mais il n'est pas probable qu'il ré-
siste cette fois-ci. Comme toutes les forteresses in-
diennes qui se trouvent dans les montagnes, ce n'est
qu'un rocher surmonté d'un rempart de pierre. La
superficie est d'un mille carré, et les assiégés sont
bien approvisionnés d'eau par une source naturelle.
Plusieurs colonnes se dirigent sur ce point. Il sem-
ble que de nouveaux troubles doivent surgir dans le
Bundelkund par la mort du régent de Dutteah. La
succession étant disputée par diverses factions, plu-
sieurs thakours se sont rendus daus la ville pour s'op-
poser par les armes à l'établissement du musnud re-
connu par sir B. Hamilton. Il n'y aura pas de sang
répaudu si le capitaine Pinknëy parvient à régler la
querelle. Le reste du district est tranquille.
» Le commandant en chef retourne à Lucknowi On
dit qu'il visileia l'Inde centrale, et probablement
Bombay, avant darentrer en Angleterre.
» Le gouvernement suprême a fait savoir à sir John
«Lawrence qu'il ne pourra quitter son poste avant le
1er mars. On dit qu'à cette époque il reviendrait en
Angleterre pour siéger dans le conseil de l'Inde. Le
rapport officiel de son administration du Penjab
pendant les deux années de la révolte vient de paral-
tre il prouve que l'habileté du gouverneur du Pen-
jab a été digne de sa réputation. »
jLe Freeman's Journal de New-York appelle l'at-
tention sur un fait récent dont la répétition serait t
profondément regrettable. Il y a quelques jours, six
malheureux Italiens se présentaient au City Hall et
déclaraient avoir été envoyés aux Etats-Unis par le
gouvernement pontifical, à la suite it'uue commuta-
tion de peine qui changeait en exil leur sentence
d'emprisonnement à vie. Cetlecommutation avait été
acceptée par eux avec un empressement bien naturel,
et d'autant plus grand que M.. Binda, consul améri-
cain a Livourne, avait fait briller à leurs yeux la per-
spective d'un travail facile et hautement rétribué
dans le Nouveau- Monde. On juge de la déception des
pauvres exilés, débarqués à New-York au cœur de
l'hiver, sans savoir un mot de la langue du pays.
Sans les eilorts réunis de M. lé maire Tiemann et de
M. le consul des Etats romains à New-York, ou ils
tussent morts de faim, ou plus probablement ils fus-
sent allés grossir ces bandes de leurs compatriotes
qui vivent un peu de charité et beaucoup de vol.
(Courrier des Etats-Unis )
Nous rétablissons d'après le Times l'aualyse de
la conversation qui a eu lieu, dans la séance de la
Chambre des Lords du 21 février, au sujet de l'affaire
des îles Ioniennes
« Lord Derby demande sérieusement à lord Grey
d'ajourner sa motion tendante à demander la copie
de la correspondance échangée entre le secrétaire
d'Etat pour les colonies et le lord-haut-commissaire
des lies Ioniennes concernant les modifications pro-
posées de la Constitution de ces îles. Il est d'avis que
cette question étant encore soumise à la discussion
du Parleraentionien, il ne serait pas avantageux pour
les intérêts publics d'anticiper sur les décisions de
cette assemblée. Les résolutions qui ont été publiées
sont authentiques; elles ont toutefois été transmises
sans être accompagnées d'aucune explication du lord-
haut-commissaire. M. Gladstone devant arriver en
Angleterre de lundi ou de mardi en Luit, lord Grey
ferait mieux, par bon procédé vis-à-vis de lui, d'a-
journer sa motion.
» Lord Grey dit que les raisons données par lord
Derby pour l'engager à ajourner sa motion le mettent
dans une position difficile. Lord Derby paraît croire
que la discussion empêchera le Parlement ionien
d'accepter les propositions qui lui sont faites or c'est
là justement le résultat que lord Grey voudrait at-
teindre, parce qu'il désapprouve complètement ces
propositions. Les îles Ioniennes diffèrent des autres
colonies anglaises; car le gouvernement anglais peut
abolir dans les colonies tout ce qui est préjudiciable
aux intérêts de l'Angleterre. Il n'en est pas ainsi dar;s s
les iles Ioniennes. Si la reine ratifie un acte du Par-
lement ionien, le Parlement anglais ne peut plus in-
tervenir. Toutefois lord Grey veut bien ajourner sa
motion, à la condition que si le Parlement ionien
acceptait ses résolutions, elles ne seraient pas sou-
mises à la ratification de la reine avant que le Parle-
ment ait fait connaître son opinion.
» Lord Brougham presse lord Grey d'ajourner sa
motion par égard pour M. Gladstone dont le retour
est attendu.
» Lord Derby promet à lord Grey que s'il ajourne
sa motion, aucun acteoassé par le Parlement ionien
ne sera ratifié avarit que la Chambre ait pu s'en oc-
cuper. Répondant à lord Granville, il dit que les ré-
solutions ont été soumises au Parlement ionien le
5 janvier, et que cette assemblée n'a pas encore pris
de décision; que les observations faites par le lord-
haul-cominissaire l'ont été du consentement du gou-
vernement, mais que ces résolutions n'avaient pas été
auparavant examinées par le gouvernement bien
qu'en somme elles soient conformes aux instructions
données à M. Gladstone. »
CHAMBRE DES COMMUNES.
Suite et fin de la séatice du 21 février.
m. wupoiï appelle l'attention sur certains do-
cumens relatifs aux taxes ecclésiastiques déposés sur
lebureauparordredeS.M.; ilannonce qu'il proposera
de la part du gouvernement ce qu'il considère comme
un règlement équitable, modéré et raisonnable de
cette question et ce qu'il croit être le seul moyen pra-
ticable d'y mettre un terme. Le gouvernement pro-
pose de transformer la taxe en taxe de propriété fon-
cière. Par cette proposition, l'obligation légale qui
rend la propriété responsable d'une dette a laquelle
elle était justement soumise n'est pas abandonnée.
Afin de lever les scrupules de conscience, des dispo-
sitions seront prises pour exempter de la taxe les dis-
sidens, mais il ne sera pas permis aux personnes qui
réclameront leur exemption pour ce motif de parti-
ciper aux assemblées de paroisse pour imposer une
taxe ecclésiastique. Pour conclure, dit-il, je propose
ce plan, croyant que c'est une solution équitable,
convenable et pleine de raison de cette question com-
pliquée, et après l'avoir fait, je laisse à la Chambre
le soin de l'adopter ou la responsabilité de le repous-
ser. Je demande l'autorisation de présenter un bill
destiné à mettre ce plan à exécution.
Après quelques observations de m. hofe, ioku
aotvs »«JS8KM/ dit qu'il avait pensé que la me-
sure serait formulée dans un esprit plus conciliant;
mais en ce qui concerne la partie qui exempte du
paiement des taxes ecclésiastiques ceux qui ont des
scrupules de conscience, il lui paraît qu'elle change
le caractère de l'Eglise d'Angleterre» et qu'elle ne la
consacre pas comme Eglise nationale. Il m'a tou-
jours semblé, dit il, que tout ce qui constitue l'Eglise
anglicane a été pour l'avantage général de la société;
que l'établissement d'un ministre de l'Evangile dans
une paroisse est un avantage non seulement pour les
ecclésiastiques, mais encore pour les dissidens, et
que le résultat de cette distinction serait une recru-
descence des dissensions dans les paroisses.
m. wjaxroi-E répond aux questions et aux ob-
jections. Le gouvernement n'a pas l'intention d'inter-
venir sans nécessité dans la loi existante; aussi ne
touche-t-il pas à la loi pour les questions dont a
parlé M. Mellor. Dans le cas où le propriétaire fon-
cier paie la taxe, le vote du tenancier dans l'assem-
blée de paroisse lui est transféré.
• L'autorisation pour la présentation du bill est ac-
cordée.
A l'occasion du rapport sur l'emprunt des Indes-
Orientales, m. sïcroire et d'espérer que si les revenus de l'Inde étaient
convenablement développés, objet pour lequel on n'a
rien fait encore, ils suffiraient amplement à couvrir
toutes les dépenses.
Le rapport est adopté et on accorde l'autorisation
de présenter un bill basé sur les résolutions du co-
mité.
La séance est levée à une heure dix minutes.
Séance du 22 février.
ml.. ML«sarAM«s» demande au secrétaire d'Etat des
Indes si des ordres ont été envoyés au gouvernement
des Indes pour la présentation d'un bill rendant pas-
sible de pénalité tout Européen qui entrerait ou ré-
siderait sur l'un des territoires de Nagpore, Pegu,
Oude et autres, sans autorisation^ ou qui y resterait
après le retrait de cette autorisation? Dans le cas où
de tels ordres auraient été donnés, l'honorable mem-
bre en demande la copie.
ranu sïaisi/KY Non seulement il n'a pas été
envoyé de pareils ordres, mais le gouvernement de la
reine ne songe pas à en envoyer.
Min» ^ADMiBitâTOW Vendredi prochain, je
compte appeler l'attention de la Chambre sur la si-
tuation actuelle des Etats de l'Europe et demander
au gouvernement s'il est dans l'intention de faire
une communication tendante à annoncer que la paix
de l'Europe ne sera pas troublée. En annonçant cette
motion, je donne l'assurance a sir John Pakington
que je n'apporterai aucun obstacle au budget de la
marine, qu'il doit soumettre à la Chambre dans la-
dite séance de vendredi.
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE
DES CHEMINS DE FER ROMAINS,
Ligne Pio-Central.
La Société générale des chemins de fer ro-
mains donne avis aux entrepreneurs de tra-
vaux publics qu'à partir du 10 mars prochain
ils pourront prendre connaissance à Paris,
dans les bureaux de la Société, rue Richelieu 1
99 et à Rome au siège social, palais Filip-
panni, place de la Pilotta, des dessins, devis,
cahiers des charges, métrés, série de prix et
détails estimatifs composant le projet des par-
ties du chemin de fer de Rome à Ancône com-
prises entre la Stratadadel Casale et Montorso,
et entre Montorso et Orte.
Les concurrens devront être munis de certi-
ficats de capacité des ingénieurs de leur gou-'
vernement respectif.
Les soumissions seront reçues à Paris et à
Rome aux lieux indiqués ci-dessus jusqu'au
20 avril.
La Société se réserve le droit de choisir
parmi les concurrens les personnes qui pré-
senteront le plus de garanties sous le rapport
de la solvabilité de la capacité et de la mo-
ralité.
Faits divers. r
Par décret du 16 février, rendu sur la propo-
sition du ministre de l'agriculture, du com-
merce et des travaux publies, M. Desrousseaux
de SIédrano, administrateur de la Compagnie
des manufactures des glaces de Saint-Gobain,
de Chauny et de Cirey, a été nommé chevalier
de la Légion-d'Honneur.
Le transport mixte Adour, commandé par
ÎI. Payen, capitaine de frégate, est rentré en
rade le 17 février dans le port de Brest, venant
des Antilles. Ce navire, qui est monté par 131
hommes d'équipage, ramene en France 161 pas-
sagers.
L'Adour est parti de Fort-de-France (Marti-
nique) le 14 janvier, laissant sur rade l'aviso à
vapeur Ardent. L'Adour a fait escale à la Basse-
Terrre (Guadeloupe) du 15 au 18 janvier. La
goëlette du service local Hirondelle était le seul
navire de guerre sur rade à la Basse-Terre.
L'état sanitaire des deux colonies et des na-
vires qui s'y trouvaient était bon. La libre pra-
tique a été immédiatement accordée à l'Adour.
M. le comte de Fitte de Soucy, gouverneur de
la Martinique, était, avec Mmo la comtesse de
Fitte, au nombre des passagers de l'Adour.
(Moniteur de la colonisation.)
Dans la nuit du 13 au 16 février courant,
le nommé Jacques Bordes, manouvrier, âgé de
tren>e-sept ans, demeurant à Perpignan, où il
vivait en concubinage avec Eulalie Vîgo, femme
de Joseph Autier, a été frappé par cette dernière
d'un coup de couteau au bas-ventre. Trans-
porté immédiatement à l'hôpital civil, il a suc-
combé le 19 à cette blessure.
Mise, dès les premiers momens en état d'ar-
restation, la femme Autier a prétendu que,
maltraitée habituellement par son amant et
menacée cette nuit-là de nouvelles violences,
elle s'était saisie d'un couteau pour se défendre,
et que c'est en voulant le lui arracher que cet
homme se serait lui-même blesse. L'informa-
tion se continue. Le mari de la prévenue le
nommé Joseph Autier, subit en ce moment une
condamnation à quinze années de travaux for-
cés, pour vol. (Messager dû Midi.)
Ces jours derniers, la commune de Sadi-
rac a été attristée par un événement qui a causé
une douloureuse sensation et dont l'issue a été
bien fatale à une jeune fille du pays. Cette fille,
étant en service dans une maison à Créon, fut
soupçonnée, à tort peut-ètrs, d'avoir soustrait
quelques objets qui avaient disparu, et à la
suite de celte accusation elle est sortie de chez
ses maîtres pour se rendre chez si mère, habi-
tant Sadirac.
Peu après qu'elle y fut arrivée, on vint opé-
rer chez elle une espèce de visite domiciliaire
qui ne produisit rien qui pût justifier les soup-
çons que l'on avait élevés sur sa probité,
puis la chose en demeura là. La pauvre créa-
ture, se croyant déshonorée pa: le fait qui
venait d'avoir lieu, se retira dans sa chambre,
disposa une espèce de petite chapelle avec tous
les objets religieux qu'elle trouva sous sa main,
et, la tête perdue de douleur, attacha une corde
à une des poutres du plafond, puis elle se pen-
dit, après avoir eu la triste précaution de fer-
mer sa bouche et ses oreilles avec du coton,
pour mourir plus promptement.
Ce fut dans cet état qu'elle fut trouvée quand
on s'est aperçu que son absence se prolon-
geait.
La justice, informée de ce suicide, est venue
pour faire une enquête à ce sujet, après quoi
le corps de la malheureuse enfant a été in-
humé dans un coin du cimetière paroissial.
[Indicateur de Bordeaux.)
On lit dans l'Espérance de Blaye
« Le quartier de Bugeau a été mis en émoi
vendredi dernier par un événement qui aurait
pu avoir des suites très graves sans l'interven-
tion de quelques voisins. Le nommé Rivaud,
tonnelier, âgé de cinquante ans, demeurant à
Blaye, rue (les Maisons-Neuves, s'étant rendu,
armé d'un fusil, au domicile du sieur Chassa-
gne, relieur, le menaça de faire feu sur lui et
dirigea le canon de son fusil sur sa poitrine
mais celui-ci ayant détourné l'arme, Rivaud lui
porta plusieurs coups de crosse dont un lui
fractura le bras gauche.
» M. Régnier, docteur-médecin, appelé pour
donner des soins au blessé, a déclaré que la
gravité de la fracture occasionnerait une in-
capacité de travail de plus de vingt jours. Nous
ignorons les motifs qui ont pu pousser Rivaud
à un tel acte de brutalité. Rivaud a été écroué
dans la maison d'arrêt de notre ville. »
On lit dans l'Argus, journal de Soissons
« Le 9 février dernier, au hameau de Laval,
commune de Cuïsy-en-Almont (canton de Vic-
sur-Aisne), un vieillard de quatre-vingt-neuf
ans et demi expirait chez son (ils. Cependant la
veille, dans la matinée, il était plein de santé
et semblait devoir vivre longtemps encore.
Quel était donc le coup qui venait de le frap-
per ? A quelle maladie soudaine avait-il suc-
combé ? C'est ce que chaoun se demanda bien-
tôt dans la commune.
» Quelques jours après., la réponse à ces
questions, réponse terrible et faite à voix basse,
circulait de tous côtés ondisait qu'Etienne Vail-
lant, le vieillard dont nous parlons, surnommé
à cause de son grand âge le Père vit trop avait
été empoisonné par son propre fils, Louis, âgé
de cinquante et un ans, autrefois mar-
chand de vin à Soissons et actuellement manou-
vrier à Laval, et par la femme de ce dernier,
au moyen d'une pâte appelée mort-aux-rats et
achetée récemment chez un pharmacien de
Soissons. La gendarmerie, informée alors de
cet événement tragique, se rendit en toute hâte
à Cuîsy,fit une enquête sur le crime, et dressa
procès-verbal à la charge des époux Vaillant.
» D'un autre côté, vendredi dernier, le juge
d'instruction, le procureur impérial et le com-
mis-greffier du tribunal de Soissons se trans-
portèrent à Cuisy, accompagnés des docteurs
Billaudeau et Marchand. Là, les fossoyeurs ex-
humèrent le cadavre du pauvre vieillard et les
docteurs procédèrent à son autopsie dans le
cimetière.
Quelques heures plus tard, les époux Vail-
lant, gardés à vue depuis la veille, étaient ar-
rêtés par la gendarmerie et conduits à la mai-
son d'arrêt de Soissons, sous l'inculpation de
parricide.
Un événement malheureux a eu lieu il y a
quelques jours dans la commune de Saulchoy,
canton de Poix.
Dans la soirée du 7 février, plusieurs enfans
sortant de l'école s'en allèrent jouer près d'un
moulin appartenant au sieur Boye. Parmi ces
enfans se trouvaient le petit Arthur Bondois,
âgé de- neuf ans et demi, son frère Léon et un
autre petit garçon de douze ans, Edouard Bihet.
Tout en jouant, le petit Arthur Bondois ap-
pela Bihet Pomard, sobriquet que tous les au-
tres enfans se mirent à répéter à l'envie. Bihet
tout irrité courut cbez son père qui est char-
pentier à Saulchoy, s'empara d'un fusil qu'il
put prendre sans être aperçu, et alla le cacher
dans un petit bois devant lequel jouaient les
enfans. Alors il les appela, et quand ils furent
près de lui, il prit le fusil qu'il avait caché et
disant à ses camarades de s'écarter, il ajusta
le petit Arthur Bondois qui était très rapproché
de lui, en lui criant: «Je t'en veux depuis
longtemps; il faut que je te tue aujourd'hui. »
En même temps il fit feu le coup ayant raté,
il fit feu de nouveau, et toute la charge vint frap-
per dans le bras droit le malheureux petit Ar-
thur qui tomba comme foudroyé. Transporté
chez ses parens, on constata une affreuse bles-
sure l'os était pour ainsi dire broyé. Néan-
moins le petit Bosdois a pu survivre jusqu'à
présent.
Quant à Bihet, il a été arrêté et transféré à
Amiens il prétend qu'il n'a jamais eu l'inten-
tion de faire du mal au petit Bondois, qu'il ne
voulait que l'effrayer, ainsi que ses autres ca-
marades, afin qu'on ne lui donnât plus de so-
briquets. (Mémorial d'Amiens.)
On lit dans le Courrier du Bas-Rhin
« II. Bessner nous écrit la lettre suivante,
avec prière de la publier
v « Colmar, le 19 février 1859.
» J'ai lu dans la relation du procès qui me
concerne que l'on me reprochait d'avoir ex-
posé dans la chambre que j'habite avec d'au-
tres pensionnaires de l'hospice des tableaux
offensans pour les catholiques.
» II n'est jamais entré dans mes intentions
de blesser mes frères catholiques ni qui que
ce soit dans ses convictions religieuses.
» La chambre que j'habite est occupée par
deux de mes coreligionnaires et un catholique:
les tableaux que l'administration aurait été
dans le cas d'enlever étaient les portraits des
réformateurs, que je venais de faire encadrer,
pour un de mes amis, chez le vitrier Klein, voi-
sin de l'hospice; le lendemain je les ai enle-
vés de ma chambre pour les rapporter à mon
ami.
» Voilà, monsieur le rédacteur, la pure et
simple vérité.
» Je vous prie de vouloir donner place à cette
explication, que votre correspondant a négligée
dans son compte-rendu.
» Agréez, monsieur le rédacteur, l'expression
de ma haute considération.
» Bessner. »
La Cour de cassation, chambres réunies,
a procédé hier matin, à onze heures, sous la
présidence de M. le premier président Troplong,
à la réception de M. Meynard de Franc, premier
président de la Cour impériale deRiem, nommé,
par décret du 17 de ce mois, conseiller en la
Cour, en remplacement de M. Chégaray, dé-
cédé.
Cette installation a eu lieu avec le cérémo-
nial d'usage. M. le procureur général Dupin a
requis, au nom de l'Empereur, Ja lecture du
décret dénomination et l'admission de M. Mey-
nard de Franc à la prestation du serment pres-
crit par la loi. Cette formalité remplie, M. le
premier président a invité MM. les conseillers
Zangiacomi et Renault d'Obexi à introduire l'ho-
norable magistrat, qui, le serment prêté au mi-
lieu du prétoire, a pris place sur les sièges de
la Cour et parmi les conseillers. I/audience so-
lennelle a été immédiatement ievée et les
chambres civile et des requêtes ont vaqué à
leurs audiences particulièrfts.
M. Meynard de Franc siégera à la chambre
criminelle, ainsi que l'a annoncé M. le premier
président.
Depuis le commencement de janvier, des
pièces de 5 fr. fausses circulent en assez grande
quantité dans Paris; elles sont à l'effigie de
Charles X, de Louis-Philippe et de Léopold;
plusieurs ont encore été saisies hier. On a éga-
lement saisi des pièces de 1 fr dont le diamè-
tre avait été diminué et qui ayaient été dorées
pour leur donner l'apparence des pièces de
20 fr.
On lit dans la France musicale, au sujet de
la symphonie dramatique Roméo et Juliette, par
iï. Hector Berlioz, réduite pour piano par M. Th.
Ritter (1)
« J'ai passé une soirée délicieuse à lire cette
partition, un des éblouissemens de majeunesse
artistique. Roméo et Juliette, quand je l'enten-
dis, il y a bien des années déjà, avec un or-
chestre imposant et des chœurs nombreux, sous
la direction de l'auteur même, produisit en moi
une de ces sensations profondes, mais indéter-
minées, qui ne commandent pas i'enthou-
siasrrïe mais inspirent le respect. J'avais de-
vanLmoi un grand artiste, je le .sentais j'en-
tendais une musique grandiose et pleine
de poésie, ma raison me le disait, mais
mon oreille, encore inexercée, n'en suivait que
difficilement les développemens ingénieux et
hardis; d'un autre côié, les accens de la mélo-
die, tour à tour chaste, voluptueuse, fantasti-
que, sombre, éclatante, ardente, passionnée, et
toujours frappée au coin du génie, c'est-à-dire
au coin de l'originalité, effleuraient mon cœur
et ne le pénétraient pas, En présence de cette
belle œuvre je restais froid, mais ébloui,
comme serait un habitant des plaines du Texas
ou des montagnes volcaniques du Pérou qui se
trouverait, sans aucune, transition, transporté
de ces pays lointains et solitaires au sein d'une
ville comme Paris un jour de grande fête.
» Depuis cette époque, j'ai mieux compris les
beautés de la musique de Berlioz, un maître
dont la France s'honore à juste titre, et, je le
répète, la lecture de cette œuvre célèbre du
grand symphoniste m'a fait passer, seul au
coin du feu, la plus intéressante et la plus heu-
reuse soirée.
» J'ai entendu avec les yeux ces notes mortes
sur le papier et qui vibraient en moi chaleu-
reuses et pleines de vie par le phénomène de
la mémoire des sons, qui n'est autre chose que
la sensation prolongée. J'ai entendu et j'ai ap-
plaudi l'ingénieuse introduction instrumentale,
le prologue, tout empreint d'une grandeur sau-
vage, les poétiques strophes qui suivent, le
scherztlo à deux temps qui vous transporte
dans les mondes fantastiques de la reiae Mab,
que j'ai vue ensuite apparaître dans un scherzo
d'un effet incomparable; puis la fête chez Ca-
pulet, ces pages instrumentales comme on n'en
avait jamais instrumenté avant Berlioz, l'ad-
mirable scène d'amour et de désespoir, un chef-
d'œuvre de sentiment exquis, de noble et tendre
poésie; cette autre scène, le convoi funèbre de
Juliette, et la scène du jardin, dans laquelle les
jeunes Capulèts, sortant de la fête, font enten-
dre, dans un double chœur, des réminiscences
de la musique du bal; enfin l'invocation au
réveil de Juliette; la grande rixe des Capulets
et des Montaigus, faite en partie avec les des-
sins du prologue, sur lequel grondent et se dé-
chaînent les voix tumultueuses des Capulèts et
des Montaigus soudainement interrompues
par la révélation du père Laurence, d'où naît
le serment de réconciliation des familles enne-
mies. Oui, j'ai entendu toutes ces belles pages
dignes du texte immortel de Shakspeare qui
les a inspirées, et mon esprit et mon cœur en
ont été ravis.
» Si j'avais à faire ici l'appréciation de cette
œuvre qui participe de la symphonie et du
drame, je ferais cette appréciatian avec tous
les détails qu'impose l'analyse d'un ouvrage de
ce mérite et de cette portée. Mais j'ai voulu
simplement annoncer, comme une bonne nou-
velle aux artistes et aux véritables amateurs, la
réduction au piano.de l'un des plus beaux ou-
vrages de l'auteur, et qui jusqu'à présent n'a-
vait été publié qu'en grande partition d'or-
chestre.
» C'est M. Th. Ritter, un jeune pianiste déjà
célèbre et musicien de la bonne école, qui a
entrepris avec un rare bonheur ce travail
certes bien difficile; il faut avoir lu la partition
d'orchestre, si compliquée, si fouillée, pour
comprendre tout ce qu'il y avait de scabreux
dans une semblable entreprise. Je suis heureux
de le dire, ce travail fait le plus grand honneur
à M. Th. Ritter, en donnant la mesure de ses
connaissances en instrumentation et de son
goût éclairé.
» Mais quelle plus précieuse récompense que
l'éloge même de l'auteur pouvait espérer le
jeune pianiste compositeur? Or, voici ce que
Berlioz a écrit en tête "de cette édition de
Roméo et Juliette
« L'arrangement de cet ouvrage pour le
» piano a été fait sous mes yeux. Il me sem-
» bie fidèle autant qu'une intelligente traduc-
» tion peut l'être. De plus, il est exempt des
» fautes et des erreurs assez graves qui déparent
» tous les exemplaires de la grande partition
» répandue dans le public jusqu'à ce jour, et
» dont plusieurs s'étaient reproduites dans les
» parties séparées d'orchestre. La nouvelle édi-
» tion, publiée en 1857 chez Brandus et Ce, à
» Paris, est seule correcte, et c'est d'après celie-
» là qu'a été transcrite la présente partition
» de piano et chant. »
» J'ajouterai, en finissant, qu'il est impossi-
ble, au point de vue typographique, de fabri-
quer une plus belle édition, avec de plus beaux
caractères, mieux tirée, et sur de plus excellent
papier. L'esprit d'un livre se pare sous une
belle édition comme les charmes d'une femme
sous une toilette élégante. Les inspirations de
Berlioz sont ici richement parées, et nous de-
vons au tailleur, je veux dire à l'éditeur alle-
mand, de sincères COEiplimenS.– Oscar Comettant.
La presse française s'est beaucoup occu-
pée depuis quelque temps de la remarquable
galerie de tableaux de maîtres anciens que
M. le comte d'Espagnae a bien voulu ouvrir
temporairement au public au profit de l'Insti-
tution de Notre-Dame-des-Arts.
Nous avons déjà eu occasion de citer quel-
ques uns des chefs-d'œuvre qui la composent,
et nous croyons être agréables à nos lecteurs
en leur en faisant connaitre quelques autres,
tels que le Portrait en pied du cardinal de Ri-
chelieu, par Philippe de Charapaigne, le plus
remarquable que l'on possède de cet homme
d'Etat; VHobbema de l'aueienne collection de
l'Elysée-Bourbon; la Diane de Poitiers, par Le
Primatice, etc.
La galerie est ouverte les jeudis et diman-
ches, rue de Cliehy, 27, de une heure à quatre
heures. Prix d'entrée 1 fr.
La Société impériale d'acclimatation, dans
sa séance générale du 18 février, a procédé au
renouvellement annuel de son bureau et d'un
tiers de son conseil d'administration.
Trois cent quarante membres ont pris part
au scrutin. La Société a élu MM. I.-Geoffroy
Saint-IIilaire, président; le prince de Beau-
veau, Drouyn de Lhuys, A. Passy et Richard
(du Cantal), yice-présiderw le comte d'Epré-
mesnil, secrétaire général; A. Duméril, E. Du-
pin, Guérin-Ménevilie et le comte de sinety,
secrétaires J. Cloquet, de Quatref âges, Ruffier
et le baron Séguier, membres du conseil.
La A" édition' de Mme la duchesse d'Orléans,
dans le format grand in-18 au prix de 3 fr.,
est en vente chez Michel Lévy frères, rue Vi-
vienne, 2 bis.
Une brochure paraît chez Dentu, sous ce
titre la Foi des. traités; les Puissances signataires
et l'Empereur Napoléon III.
Le ministre de l'instruction publique et
des cultes vient de souscrire pour dix exem-
plaires à l'Histoire de Paris et de son influence
en hurope, par A.-J. Meindre.
Précédemment le préfet de la Seine, sur une
délibération du conseil municipal de Paris,
avait déjà souscrit à soixante exemplaires du
même ouvrage.
(1) A Leipzick, chez Hafmeister, et a Pais, ciwz z
Brandus.
Nous apprenons que M. le comte Emile
Wroblewski, pianiste compositeur, une des cé-
lébrités de Paris, va quitter la France pour s'é-
tablir à Rio- Janeiro, où les médecins lui ont
conseillé d'aller résider pour sa santé.
Une collection de tableaux anciens, es-
pagnols, flamands et français, de l'ancienne
galerie de M. le comte d'Arache, de Turin, ac-
tuellement la propriété de M. Castellani, sera
vendue par M. Charks Pillet, à l'hôtel Drouot,
lundi et mardi, 28 février et 1er mars. Cette
collection répond parfaitement, par le choix et
les qualités des œuvres qui la composent, au
goût si difficile des vrais amateurs de la pein-
ture des deux siècles derniers. Expositton sa-
medi et dimanche prochains.
Le catalogue de la précieuse collection
d'objets d'art et de curiosité de feu M. Rattier
paraîtra le l8r mars prochain.
Le célèbre et magnifique château de Pe-
tit-Bourg, près Paris, qui rappelle tant de
souvenirs historiques de Louis XIV de
Louis XV, etc., sera vendu, au Palais-de-Jus-
tice à Paris, le 19 mars 1859, à moins que des
offres suffisantes ne soient faites d'ici là à
MM. Allier et Labot, administrateurs et liqui-
dateurs de la Société dite de Petit-Bourg. Pour
les détails, voir aux annonces de ce jour.
Un grand nombre de maladies chroni-
ques et d'affections réputées incurables, dit le
Constitutionnel, sont efficacement modifiées au
moyen des conseils donnés par l'auteur des
livres devenus populaires et intitulés l'Encyclo-
pédie de la santé.
Le banquet annuel des anciens élèves de
l'abbé Liautard et du collège Stanislas aura
lieu le mercredi 2 mars, aux Frères-Proven-
çaux. Le prix de la souscription'*»! de 15 fr.
S'inscrire chez les commissaires ou aux Frères-
Provençaux.
tfstur îoîjs iee faits diTsra
Le teerétain ds ix rid&etioA. V, CASB3.
LE COMTE DE HOUDETOT.
Le comte Frédéric-Christophe de Hou-
detot descendait d'une ancienne et illustre
famille de Normandie. Il était fils du pre-
mier mariage de César, eomte de Houdetot,
avec M11' de Foynes, et naquit le 11 mai
1778.' Comme il avait perdu sa mère, morte
fort jeune, et comme son père, après avoir
servi dans l'Inde pendant la guerre, était
devenu commandant de l'île de France et
s'y était remarié, Frédéric de Houdetot fut
élevé par les soins de son grand-père, lieu-
tenant-général, pour lequel il conserva une
reconnaissance et un respect que jusqu'au
dernier jour de sa vie il exprimait avec at-
tendrissement". Pendant les premières an-
nées de la révolution, il était impossible de
suivre régulièrement une instruction clas-
sique mais il eut de bonne heure le goût de
l'esprit, une intelligence prompte et facile
et un jugement. Il vivait chez sa grand'mère,
la. comtesse de Houdetot, parmi une société
de gens de lettres et d'hommes d'esprit. Le
plaisir de la conversation était, dans de si
graves circonstances, devenu plus sérieux.
Les malheurs du temps, les crises révo-
lutionnaires, contribuaient aussi à former
la raison et le caractère. Nourri à cette
école, Frédéric de Houdetot acquit une
appréciation fine et juste des personnes
et des événemens, un esprit bienveillant
et modéré qui dès sa jeunesse donnè-
rent à ses relations sociales beaucoup de
douceur et de charme. En 1798, il fut atteint
par la conscription, et servit comme canon-
nier pendant quelque temps. Ce fut vers ce
temps-là que le goût très vif qu'il avait pris
pour tes arts le conduisit dans l'atelier de
Regnault et bientôt après dans celui de Da-
vid. Il n'en continuait pas moins- vivre
dans la spirituelle société de sa grand'mère
et de sa tante, Mme de La Briche. Il se lia
alors d'une amitié qu'on pourrait appeler
fraternelle avec M. Mole, qui venait d'épou-
ser M"c de La Briche. Plusieurs années se
passèrent ainsi, années heureuses où il jouis-
sait de sa jeunesse, des affections de famille,
de la conversation de ses amis, de l'entrain
de l'atelier et d'une liberté sans désordre.
En 1806, il fut nommé auditeur au Con-
seil d'Etat par le même décret que M. Molé;
ce fut sans doute son amitié qui le détermina
à entrer dans une carrière à laquelle il n'a-
vait pas songé. Jamais personne n'a été plus
étranger à l'ambition, plus indiffére»t aux
opinions politiques, quand elles n'étaient
pas coupables et dangereuses. Quelque temps
après, il fut appelé en Prusse, après la con-
quête qui suivit la victoire d'Iéna, et fut
placé à la tète de l'administration de l'ac-
cise. Afin de tirer un meilleur parti des Etats
prussiens, l'Empereur avait autant que pos-
sible conservé le mécanisme de l'admini-
stration, en plaçant les subalternes sous la
direction d'un administrateur français; il
avait aussi pensé que de jeunes auditeurs,
destinés à exercer des fonctions civiles et à
y apporter la justice, la régularité et les mé-
nagemens dus à leurs concitoyens, auraient,
autant que cela se pourrait, pour les vain-
cus, des égards qu'on ne devait pas espérer
des administrateurs militaires. Ce n'en fut
pas moins une triste mission à remplir.
M. de Houdetot sut se faire estimer et aimer
par la société de Berlin, et maintint l'ordre
dans une administration qu'avait dirigée
avant lui le baron de Stein.
A. son retour en France, à la fin de 1807, il
fut nommé sous-préfet à Château-Salins, et
peu après appelé à l'importante préfecture
de Gand. En 1809, la descente d'une armée
anglaise à Flessingue et l'urgente nécessité
de défendre une côte où rien n'avait été dis-
posé pour s'opposer à cette invasion mirent
en évidence son zèle et sa capacité, et il se-
conda les mesures prises par le maréchal
Bernadotte. Le 17 mars 1813, il fut nommé
préfet de Bruxelles. Bientôt sa position de-
vint triste et difficile. La bataille de Leipsick
et la retraite de l'armée en France laissaient
la Belgique sans défense; le général Maison
sut avec un très faible corps d'armée se
maintenir pendant quelque temps àBruxelles,
et l'administration conserva encore assez
d'autorité et d'influence pour maintenir le
bon ordre et prévenir tout mouvement de
révolte parmi une population qui, n'appar-
tenant pas à la patrie française, aurait pu
regarder la conquête comme une délivrance.
M. de Houdetot rentra en Franco lorsque
Bruxelles fut évacué par le général Maison.
Après la Restauration, il eût été, s'il l'eût
voulu, placé dans une grande préfecture
mais il était content de retrouver sa' liberté,
de vivre avec sa famille et ses amis, et de
reprendre sa palette. A la seconde Restaura-
tion, ce ne fut pas sans peine que ceux de
ses amis, qui tenaient au gouvernement, ob-
tinrent de lui qu'il accepterait pour quelque
temps la -préfecture du Calvados. C'était un
dévouement méritoire; à peine pouvait-il
espérer d'alléger les maux qui pesaient sur
sa province, occupée par un corps prussien.
Il avait à lutter contre l'ardeur de haine et
de vengeance des vaincus de 1806. Ils
étaient exigeans et menaçans. Déjà plusieurs
préfets avaient été enlevés et emmenés pri-
sonniers. La préfecture fut envahie, et
M. de Houdetot fut gardé à vue par les sol-'
dats prussiens. Il n'en résista pas moins s et
n'accorda rien que ce qui était autorisé par
le gouvernement du roi. Aucune contribu-
tion de guerre ne fut imposée, aucune ré-
quisition ne fut exigée; les établissemens
publics furent respectés; le Musée même fut
sauvé.
En même temps il eut à se garantir contre
d'autres violences; une réunion de roya-
listes s'était formée et avait pria les armes
pour la défense d'une cause, qui ne courait
plus aucun danger; elle ne voulait re*
connaître aucune autorité constituée, au
point que quelques uns de ces volontaires
royaux avaient pu venir dans le cabinet du
préfet lui signifier leurs volontés. Ils furent
désavoués par le dué d'Aumont leur chef.
Mais pour suivre cette ligne d'impartiale
modération, pour résister à l'esprit de réac-
tion, un préfet avait besoin d'être approuvé
et soutenu par le ministère. Telle n'était
point la disposition de M. de Vaublanc, qui
venait d'être appelé au ministère de l'inté-
rieur. M. de Houdetot donna sa démission.
Avant de quitter ses fonctions, il avait eu
l'heureuse occasion de sauver le général
Grouchy, en le faisant avertir que l'ordre
était donné de l'arrêter.
Eq 1819, lorsque le ministère de M. De^
cazes et du général Dessoles fit une nonw
breuse promotion de pairs, M. de Houdetot
fut placé sur cette liste. Il a siégé dans la
Chambre des Pairs pendant trente ans, sans
ambition, sans désir de succès, sans esprit
de parti, votant rarement avec l'Opposition,
mais' toujours avec indépendance. Le crédit
qu'il pouvait avoir était uniquement employé
à servir les intérêts du département du Cal-
vados il avait fait, des soins qu'il y donnait^
sa principale occupation il était membre
du conseil général et le présidait à chaque
session. Son frère, le général de Houdetot,
était député de l'arrondissement de Bayeux.
L'un et l'autre, sans ostentation, sans cher-
cher à se donner de l'influence, par dévoue-
ment au bien public ou par une bienveillante
obligeance pour leurs compatriotes, avaient
accepté comme un devoir la suite des af-
faires du département. Quant à sa commune
d'Etrehan, il n'avait pas recours à l'admi^
nistration supérieure fondation d'école,
secours aux malheureux et aux indigens s
étaient dans les attributions de son inépui-
sable charité. Son nom restera honoré et
béni dans le pays, où il a répandu tant de
bienfaits et rendu tant de services.
Après la révolution de Février et penr*
dant l'essai de la république, M. de Hou!
tetot fut élu député à l'Assemblée Législa-
tive, et depuis 1849, son élection a été re-
nouvelée deux fois. Il ne s'est point refusé a
la confiance de ses compatriotes il a été
sensible à leurs instances, et se serait fait uri
reproche de ne pas continuer à leur rendre
de bons offices. Il eût éprouvé une sorte de
vide à ne plus s'occuper des affaires du Cal-
vados. On ne pouvait le soupçonner d'au-
cune ambition; à cet égard, il avait fait ses
preuves sous tous les goavernemens.
En parlant de l'ami et du frère que nous
evons perdu, peut-être ne devrions'-nous!
pas entretenir1 le publie de sa vie privée et
répandre au dehors nos sentimens intimes.
Toutefois, il est impossible de ne pas dire
quel était le charme.de son caractère et de
son esprit, et combien il apportait de dou^
ceur dans ses relations d'intimité et même
de société. Il avait une bienveillance sincère,
et sympathique dans la conduite, dans l'es-
prit, dans le caractèrs de chacun; il ne
rqyait que le bon côté il ne supposait ja-?
mais que de bonnes intentions. Cs n'était
pas une complaisance banale, mais une fi-
nesse d'observation qui savait découvrir cq
qu'il y avait de bon et de louable. Il portait
dans le jugement des personnes la même dis^
position que dans l'appréciation des œuvres
de l'art et de l'esprit, où il voyait avant
tout la conception de l'auteur et le point
de vue où il s'était placé; de sorte qu'il
ne savait pas blâmer et que son approbation
était consciencieuse.
On peut juger ce qu'étaient pour lui less
relations de famille et d'intimité. Son pèr«
arait eu de son second mariage un grand
nombre d'enfans. Pendant qu'il était retenu
aux colonies par son service, ils étaient éîe-
vés en France. Frédéric de Houdetot fut un
père pour sa jeune famille. Ses affections
étaient toujours dévouées. L'accomplisse-
ment du devoir était pour lui un mouve-'
ment spontané. Tout en lui était naturel et
facile; aussi dès qu'on le connaissait on>
l'aimait.
La vieillesse et la maladie, qui ont rendu
douloureuses les dernières années de sa vie,
n'avaient pas agi sur son caractère c'était
toujours la même douceur, la même acti-
vité on dirait presque la même gaîté. Mais
la mort de son plus intime ami, le comte
Mole, le frappa au cœur, et cette impression
de tristesse ne s'effaça point.
Il avait de tout temps respecté la religion
lorsqu'il y a plusieurs années il se décida à
en pratiquer les devoirs, ce fut sans effort,
sans hésitation, avec une foi simple et en-
tière. 11 a reçu les secours, les consolations
et les espérances qu'elle donne. Ses derniè-
res pensées étaient en harmonie avec les
prières de sa famille qui entourait son lit de
mort. ̃'̃'
Barante.
Châles cachemire, châles de laine et châles
unis pour deuil.
Chaque objet porté la garantie de la dési-
gnation, un numéro d'ordre et une étiquette
du prix fixe.
Sur demande, on expédie en province.
Maison Biétry, boulevard des Capucines, 41.
Maison Gay. Beaux assortimens d'étof-
fes de soie unies et façonnées, créations nou-
velles en sorties de bal. A la Ville de Lyon.i
2, rue de la Vrillière, au premier.
~v~$e°tïln de- ~")3a~~t~e~
Demain jeudi, au Théâtre Français, Louise
de Lignerolles, drame en cinq actes, de MM. Le-
gouvé et Dinaux, et les Piéges dorés, comédie en
trois actes, de M. Arthur de Beauplan. Geflroy,
Leroux, Maillart, Maubant, Bressant, Mmes Au-
gustine Brohan, Fix, Favart et Arnould-Plessy
joueront dans cette représentation.
Vendredi, rentrée de Mme Guyon.
A TOpéra-Comique, les Trois Nicolas,
opéra-comique en trois actes, musique de
M. Clapisson. Montaubry continuera ses dé-
buts par le rôle de Dalayrac les autres rôles
seront remplis par Couderc, Prilleux, Beckers,
Berthelier, Davoust, Duvernoy, MUes Lefebvre
et Lemercier.
Au Théâtre-Italien, l'Elitir d'Amore, opéra-
buffa en deux actes, de Donizetti, chanté par
Galvani, Badiali, Zucchini et Mme Frezzolini
La Gazette militaire de Vienne parle en
ees termes de l'état des esprits en Lom-
bardie
« Nous recevons de Lombardie des lettres re-
latives aux derniers mouvemens militaires, et
sans en reproduire complétement lé contenu,
nous pouvons dire que les prétendues grandes
concentrations de troupes à Pavie, à Crémone,
à Eodi et sur d'autres points de la frontière, se
fcoraent à ce que ces points ont été pourvus de
garnisons telles que les circonstances l'exigent.
tfi» On nous dispensera sans doute de donner
des détails plus précis. Pour le moment, d'ail-
leurs, la Lombardie est dans son état normal
mais le mois de janvier a été très agité, et les
militaires ont eu beaucoup à faire; souvent
l'officier n'a pas eu une demi-heure dans la
journée pour la passer chez lui. Mais c'est
précisément cette surveillance extraordinaire
qui en a imposé au parti révolutionnaire et a
produit un terreur salutaire, car lorsque ces
gens ont vu que la troupe était préparée pour
toutes les éventualités, et quand ils eurent re-
connu qu'au cas où les affaires prendraient une
tournure sérieuse le soldat agirait sans ména-
gement, ils ont fait contre fortune bon cœur,
et se sont eflorcés de rentrer dans le calme.
» Comme on n'ignorait pas qu'on projetait
un attentat contre les troupes, l'animosité de
celles-ci était très naturelle. La moindre occa-
sion aurait suffi pour donner une leçon san-
glante aux fauteurs de désordres. Du reste la
modératioù avait été recommandée jusqu'à
certaines limites, et les soldats ont obéi effec-
tivement à cette recommandation, bien qu'en
se contraignant, et tout s'est borné à quelques
rappels à l'ordre adressés à tels ou tels pertur-
bateurs. »̃
• On écrit de Belgrade, le 15 février, à
î'Ost-Deutsche-Post:
« Le prince Milosch Obrenowitch est toujours
indisposé; néanmoins il remplit ses devoirs
gouvernementaux avec son ancienne ponctua-
lité. On avait dit d'abord que le commissaire
de la Porte avait protesté contre les droits de
succession que Milosch attribuait de son propre
chef à son fils; mais il paraît que Kabouli-Ef-
fendi s'est borné à en donner connaissance à la
Porte, la question devant être discutée par la
conférence de Paris.
» On dit que le prince Milosch n'est pas dis-
Tposé à reconnaître le statut qui lui a été ac-
•cordé il y a trente ans et qui donne au Sénat
des prérogatives presque supérieures à celles
du prince. Il en demande la révision et ne veut
pas admettre que la Porte ait à confirmer la
nomination ou la destitution des sénateurs,
cette intervention constituant, suivant lui, une
atteinte aux droits garantis par les puissances
̃concernant l'indépendance de l'administration
intérieure de la Servie. Les Serbes s'occupent
très peu des affaires des Roumains, qui de leur
côté n'ont jamais eu de grandes sympathies
pour la Servie. »
nouvelles étrangères»
-;̃̃ •'̃ ̃̃•• PRESSE* >
Berlin, 19 février.
Le projet de loi sur le mariage vient d'être distri-
bué. 11 se divise en trois titres. Le titre Ier est relatif
aux conditions requises pour contracter mariage.
L'article 1er dispose que pour qu'un mariage soit va-
lable civilement, il faut qu'il ait été contracté suivant
les formes religieuses. L'article 2 stipule que néan-
moins le mariage peut être contracté valablement en
justice, quand le ministère ecclésiastique a été refusé
ou que les futurs déclarent qu'ils ne peuvent en pro-
fiter.
Le titre II traite du divorce et supprime parmi les
causes de divorces admises jusqu'ici les suivantes
1° consentement mutuel; 2° répugnance profondé-
ment enracinée 3° relations simplement suspectes
4° défaut de preuve de la bonae conduite d'une
femme qui a quitté son mari 5° refus du devoir con-
jugal 6° impuissance et défauts corporels qui ne
sont survenus que depuis le mariage.
( (Gazette de Voss.)
PIÉMONT.
Chambèry (Savoie), 21 février. `
Le Courrier des Alpes publie quelques paroles pro-
noncées par le comte Jaillet de Saint-Cergues ,• géné-
ral commandant la brigade de Savoie, devant un
corps d'officiers.
Après avoir remercié ses officiers de l'intérêt qu'ils
lui avaient témoigné pendant sa maladie, le général a
ajouté
« Une autre compensation m'était réservée, celle
de ma guérison au moment où les apparences de
guerre paraissent prendre d,e la consistance car il
eut été douloureux pour moi qui marche à votre tête
depuis huit ans, d'être obligé d'abandonner à un au-
tre le commandement de ces deux beaux et bons ré-
gimens au moment d'une entrée en campagne.
» Heureusement il n'en sera pas ainsi, car mon
état vient de s'améliorer tout à coup, à ce point que
j'ai pu me présenter à M. le ministre de la guerre
pour lui annoncer qu'au printemps je pourrai re-
monter à cheval. Je désire que vous fassiez part de
cette circonstance aux diverses compagnies, parce
que je ne juge pas à propos d'en faire l'objet d'un
ordre du jour.
» Profilant de l'occasion de votre réunion, je tiens
à dire quelques mots sur les circonstances actuelles,
parce que je sens toute la responsabilité que fait pe-
ser sur moi l'état de l'esprit du corps d'oflîciers. Je
commencerai par vous aire que je n'ai pas de repro-
ches à vous faire sur votre tenue morale, car il m'est
revenu qu'en général elle est bonne et digne. M*s
conseils ne peuvent donc que tendre à en assurer la
continuation.
» La guerre n'est pas imminente, mais on peut la
regarder comme possible, et dès lors il est nécessaire
que les corps s'en préoccupent, et que chacun dans
son grade se prépare pour cette éventualité sous ce
rapport, je suis très sûr de votre coopération. Je vous
recommande à tous cet aplomb, cette conduite sage
et mesurée qui est le signe distinctif des hommes
forts, décidés, courageux.
» Les fanfaronnades sont ridicules et exposent les
hommes à devenir inconséquens, et par cela, à être
dépréciés. Tenez-vous à l'écart des raisonnemens po-
litiques, surtout devant des personnes peu connues
abstenez-vous de démonstrations inutiles et exagérées.
« Notre position nationale savoisienne est délicate;
ceux même qui m'écoutent et ne sont pas Savoyards
me comprendront s'ils tiennent à la cravate rouge
qu'ils portent ayee nous retranchez-vous donc dans
les sentimens du devoir, de l'honneur et de la fidélité
à nos drapeaux décorés, que vous défendrez à tout
prix et partout, j'en suis convaincu. »
GRANDE-BRETAGNE.
Londres, 22 février.
Cite deux heures. Consolidés au comptant et à
terme, 95 95 1/8 nouveau Trois pour 100 et Trois
pour 100 réduit, 95 1/2 3/4 Actions de la Banque, 228
*i30 Actions de l'Inde, 218. Fonds étrangers Six pour
100 turc, 89 1/4 3/4», Trois pour 100 espagnol, 441/8
1/4 Différés 30; l'Emprunt autrichien est lourd, à
2 2 1/2 d'escompte. (Globe.)
On lit dans le Globe
« Tantia-Topee et Feroze-Shah sont maintenant
dans les environs de la forteresse de Rintambore, si-
tuée dans les montagnes qui sont entre le Bhanas et
le Chumbul, près du coniluent des deux rivières.
Après le combat de Burrod, gagné par la brigade de
Somerset, suivi d'une marche ardue de tsinq jours,
Tanlia à, dit-on, traversé le Cbutnbul le 8, est entré
dans l'Etat de Jeypore et a rejoint Feroze-Shah entre
Tonk et Modharajpore. Rintambore, qui est occupé
par Feroze-Shah, est une place très forte qui lui a
été livrée, à ce qu'on suppose, par les Shakours de
l'Etat de Jeypore, qui possédaient ce fort à titre de
flef féodal, le soin de défendre une seule porte ou
partie spéciale des remparts étant commis à*Phon-
neur de chacun de ces chefs. Un fait aussi curieux
est digne d'être remarqué comme un reste de l'an-
cien système de chevalerie qui a existé autrefois dans
l'Inde.
» Rintambore a soutenu plus d'un siège dans les
temps anciens, mais il n'est pas probable qu'il ré-
siste cette fois-ci. Comme toutes les forteresses in-
diennes qui se trouvent dans les montagnes, ce n'est
qu'un rocher surmonté d'un rempart de pierre. La
superficie est d'un mille carré, et les assiégés sont
bien approvisionnés d'eau par une source naturelle.
Plusieurs colonnes se dirigent sur ce point. Il sem-
ble que de nouveaux troubles doivent surgir dans le
Bundelkund par la mort du régent de Dutteah. La
succession étant disputée par diverses factions, plu-
sieurs thakours se sont rendus daus la ville pour s'op-
poser par les armes à l'établissement du musnud re-
connu par sir B. Hamilton. Il n'y aura pas de sang
répaudu si le capitaine Pinknëy parvient à régler la
querelle. Le reste du district est tranquille.
» Le commandant en chef retourne à Lucknowi On
dit qu'il visileia l'Inde centrale, et probablement
Bombay, avant darentrer en Angleterre.
» Le gouvernement suprême a fait savoir à sir John
«Lawrence qu'il ne pourra quitter son poste avant le
1er mars. On dit qu'à cette époque il reviendrait en
Angleterre pour siéger dans le conseil de l'Inde. Le
rapport officiel de son administration du Penjab
pendant les deux années de la révolte vient de paral-
tre il prouve que l'habileté du gouverneur du Pen-
jab a été digne de sa réputation. »
jLe Freeman's Journal de New-York appelle l'at-
tention sur un fait récent dont la répétition serait t
profondément regrettable. Il y a quelques jours, six
malheureux Italiens se présentaient au City Hall et
déclaraient avoir été envoyés aux Etats-Unis par le
gouvernement pontifical, à la suite it'uue commuta-
tion de peine qui changeait en exil leur sentence
d'emprisonnement à vie. Cetlecommutation avait été
acceptée par eux avec un empressement bien naturel,
et d'autant plus grand que M.. Binda, consul améri-
cain a Livourne, avait fait briller à leurs yeux la per-
spective d'un travail facile et hautement rétribué
dans le Nouveau- Monde. On juge de la déception des
pauvres exilés, débarqués à New-York au cœur de
l'hiver, sans savoir un mot de la langue du pays.
Sans les eilorts réunis de M. lé maire Tiemann et de
M. le consul des Etats romains à New-York, ou ils
tussent morts de faim, ou plus probablement ils fus-
sent allés grossir ces bandes de leurs compatriotes
qui vivent un peu de charité et beaucoup de vol.
(Courrier des Etats-Unis )
Nous rétablissons d'après le Times l'aualyse de
la conversation qui a eu lieu, dans la séance de la
Chambre des Lords du 21 février, au sujet de l'affaire
des îles Ioniennes
« Lord Derby demande sérieusement à lord Grey
d'ajourner sa motion tendante à demander la copie
de la correspondance échangée entre le secrétaire
d'Etat pour les colonies et le lord-haut-commissaire
des lies Ioniennes concernant les modifications pro-
posées de la Constitution de ces îles. Il est d'avis que
cette question étant encore soumise à la discussion
du Parleraentionien, il ne serait pas avantageux pour
les intérêts publics d'anticiper sur les décisions de
cette assemblée. Les résolutions qui ont été publiées
sont authentiques; elles ont toutefois été transmises
sans être accompagnées d'aucune explication du lord-
haut-commissaire. M. Gladstone devant arriver en
Angleterre de lundi ou de mardi en Luit, lord Grey
ferait mieux, par bon procédé vis-à-vis de lui, d'a-
journer sa motion.
» Lord Grey dit que les raisons données par lord
Derby pour l'engager à ajourner sa motion le mettent
dans une position difficile. Lord Derby paraît croire
que la discussion empêchera le Parlement ionien
d'accepter les propositions qui lui sont faites or c'est
là justement le résultat que lord Grey voudrait at-
teindre, parce qu'il désapprouve complètement ces
propositions. Les îles Ioniennes diffèrent des autres
colonies anglaises; car le gouvernement anglais peut
abolir dans les colonies tout ce qui est préjudiciable
aux intérêts de l'Angleterre. Il n'en est pas ainsi dar;s s
les iles Ioniennes. Si la reine ratifie un acte du Par-
lement ionien, le Parlement anglais ne peut plus in-
tervenir. Toutefois lord Grey veut bien ajourner sa
motion, à la condition que si le Parlement ionien
acceptait ses résolutions, elles ne seraient pas sou-
mises à la ratification de la reine avant que le Parle-
ment ait fait connaître son opinion.
» Lord Brougham presse lord Grey d'ajourner sa
motion par égard pour M. Gladstone dont le retour
est attendu.
» Lord Derby promet à lord Grey que s'il ajourne
sa motion, aucun acteoassé par le Parlement ionien
ne sera ratifié avarit que la Chambre ait pu s'en oc-
cuper. Répondant à lord Granville, il dit que les ré-
solutions ont été soumises au Parlement ionien le
5 janvier, et que cette assemblée n'a pas encore pris
de décision; que les observations faites par le lord-
haul-cominissaire l'ont été du consentement du gou-
vernement, mais que ces résolutions n'avaient pas été
auparavant examinées par le gouvernement bien
qu'en somme elles soient conformes aux instructions
données à M. Gladstone. »
CHAMBRE DES COMMUNES.
Suite et fin de la séatice du 21 février.
m. wupoiï appelle l'attention sur certains do-
cumens relatifs aux taxes ecclésiastiques déposés sur
lebureauparordredeS.M.; ilannonce qu'il proposera
de la part du gouvernement ce qu'il considère comme
un règlement équitable, modéré et raisonnable de
cette question et ce qu'il croit être le seul moyen pra-
ticable d'y mettre un terme. Le gouvernement pro-
pose de transformer la taxe en taxe de propriété fon-
cière. Par cette proposition, l'obligation légale qui
rend la propriété responsable d'une dette a laquelle
elle était justement soumise n'est pas abandonnée.
Afin de lever les scrupules de conscience, des dispo-
sitions seront prises pour exempter de la taxe les dis-
sidens, mais il ne sera pas permis aux personnes qui
réclameront leur exemption pour ce motif de parti-
ciper aux assemblées de paroisse pour imposer une
taxe ecclésiastique. Pour conclure, dit-il, je propose
ce plan, croyant que c'est une solution équitable,
convenable et pleine de raison de cette question com-
pliquée, et après l'avoir fait, je laisse à la Chambre
le soin de l'adopter ou la responsabilité de le repous-
ser. Je demande l'autorisation de présenter un bill
destiné à mettre ce plan à exécution.
Après quelques observations de m. hofe, ioku
aotvs »«JS8KM/ dit qu'il avait pensé que la me-
sure serait formulée dans un esprit plus conciliant;
mais en ce qui concerne la partie qui exempte du
paiement des taxes ecclésiastiques ceux qui ont des
scrupules de conscience, il lui paraît qu'elle change
le caractère de l'Eglise d'Angleterre» et qu'elle ne la
consacre pas comme Eglise nationale. Il m'a tou-
jours semblé, dit il, que tout ce qui constitue l'Eglise
anglicane a été pour l'avantage général de la société;
que l'établissement d'un ministre de l'Evangile dans
une paroisse est un avantage non seulement pour les
ecclésiastiques, mais encore pour les dissidens, et
que le résultat de cette distinction serait une recru-
descence des dissensions dans les paroisses.
m. wjaxroi-E répond aux questions et aux ob-
jections. Le gouvernement n'a pas l'intention d'inter-
venir sans nécessité dans la loi existante; aussi ne
touche-t-il pas à la loi pour les questions dont a
parlé M. Mellor. Dans le cas où le propriétaire fon-
cier paie la taxe, le vote du tenancier dans l'assem-
blée de paroisse lui est transféré.
• L'autorisation pour la présentation du bill est ac-
cordée.
A l'occasion du rapport sur l'emprunt des Indes-
Orientales, m. sï
convenablement développés, objet pour lequel on n'a
rien fait encore, ils suffiraient amplement à couvrir
toutes les dépenses.
Le rapport est adopté et on accorde l'autorisation
de présenter un bill basé sur les résolutions du co-
mité.
La séance est levée à une heure dix minutes.
Séance du 22 février.
ml.. ML«sarAM«s» demande au secrétaire d'Etat des
Indes si des ordres ont été envoyés au gouvernement
des Indes pour la présentation d'un bill rendant pas-
sible de pénalité tout Européen qui entrerait ou ré-
siderait sur l'un des territoires de Nagpore, Pegu,
Oude et autres, sans autorisation^ ou qui y resterait
après le retrait de cette autorisation? Dans le cas où
de tels ordres auraient été donnés, l'honorable mem-
bre en demande la copie.
ranu sïaisi/KY Non seulement il n'a pas été
envoyé de pareils ordres, mais le gouvernement de la
reine ne songe pas à en envoyer.
Min» ^ADMiBitâTOW Vendredi prochain, je
compte appeler l'attention de la Chambre sur la si-
tuation actuelle des Etats de l'Europe et demander
au gouvernement s'il est dans l'intention de faire
une communication tendante à annoncer que la paix
de l'Europe ne sera pas troublée. En annonçant cette
motion, je donne l'assurance a sir John Pakington
que je n'apporterai aucun obstacle au budget de la
marine, qu'il doit soumettre à la Chambre dans la-
dite séance de vendredi.
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE
DES CHEMINS DE FER ROMAINS,
Ligne Pio-Central.
La Société générale des chemins de fer ro-
mains donne avis aux entrepreneurs de tra-
vaux publics qu'à partir du 10 mars prochain
ils pourront prendre connaissance à Paris,
dans les bureaux de la Société, rue Richelieu 1
99 et à Rome au siège social, palais Filip-
panni, place de la Pilotta, des dessins, devis,
cahiers des charges, métrés, série de prix et
détails estimatifs composant le projet des par-
ties du chemin de fer de Rome à Ancône com-
prises entre la Stratadadel Casale et Montorso,
et entre Montorso et Orte.
Les concurrens devront être munis de certi-
ficats de capacité des ingénieurs de leur gou-'
vernement respectif.
Les soumissions seront reçues à Paris et à
Rome aux lieux indiqués ci-dessus jusqu'au
20 avril.
La Société se réserve le droit de choisir
parmi les concurrens les personnes qui pré-
senteront le plus de garanties sous le rapport
de la solvabilité de la capacité et de la mo-
ralité.
Faits divers. r
Par décret du 16 février, rendu sur la propo-
sition du ministre de l'agriculture, du com-
merce et des travaux publies, M. Desrousseaux
de SIédrano, administrateur de la Compagnie
des manufactures des glaces de Saint-Gobain,
de Chauny et de Cirey, a été nommé chevalier
de la Légion-d'Honneur.
Le transport mixte Adour, commandé par
ÎI. Payen, capitaine de frégate, est rentré en
rade le 17 février dans le port de Brest, venant
des Antilles. Ce navire, qui est monté par 131
hommes d'équipage, ramene en France 161 pas-
sagers.
L'Adour est parti de Fort-de-France (Marti-
nique) le 14 janvier, laissant sur rade l'aviso à
vapeur Ardent. L'Adour a fait escale à la Basse-
Terrre (Guadeloupe) du 15 au 18 janvier. La
goëlette du service local Hirondelle était le seul
navire de guerre sur rade à la Basse-Terre.
L'état sanitaire des deux colonies et des na-
vires qui s'y trouvaient était bon. La libre pra-
tique a été immédiatement accordée à l'Adour.
M. le comte de Fitte de Soucy, gouverneur de
la Martinique, était, avec Mmo la comtesse de
Fitte, au nombre des passagers de l'Adour.
(Moniteur de la colonisation.)
Dans la nuit du 13 au 16 février courant,
le nommé Jacques Bordes, manouvrier, âgé de
tren>e-sept ans, demeurant à Perpignan, où il
vivait en concubinage avec Eulalie Vîgo, femme
de Joseph Autier, a été frappé par cette dernière
d'un coup de couteau au bas-ventre. Trans-
porté immédiatement à l'hôpital civil, il a suc-
combé le 19 à cette blessure.
Mise, dès les premiers momens en état d'ar-
restation, la femme Autier a prétendu que,
maltraitée habituellement par son amant et
menacée cette nuit-là de nouvelles violences,
elle s'était saisie d'un couteau pour se défendre,
et que c'est en voulant le lui arracher que cet
homme se serait lui-même blesse. L'informa-
tion se continue. Le mari de la prévenue le
nommé Joseph Autier, subit en ce moment une
condamnation à quinze années de travaux for-
cés, pour vol. (Messager dû Midi.)
Ces jours derniers, la commune de Sadi-
rac a été attristée par un événement qui a causé
une douloureuse sensation et dont l'issue a été
bien fatale à une jeune fille du pays. Cette fille,
étant en service dans une maison à Créon, fut
soupçonnée, à tort peut-ètrs, d'avoir soustrait
quelques objets qui avaient disparu, et à la
suite de celte accusation elle est sortie de chez
ses maîtres pour se rendre chez si mère, habi-
tant Sadirac.
Peu après qu'elle y fut arrivée, on vint opé-
rer chez elle une espèce de visite domiciliaire
qui ne produisit rien qui pût justifier les soup-
çons que l'on avait élevés sur sa probité,
puis la chose en demeura là. La pauvre créa-
ture, se croyant déshonorée pa: le fait qui
venait d'avoir lieu, se retira dans sa chambre,
disposa une espèce de petite chapelle avec tous
les objets religieux qu'elle trouva sous sa main,
et, la tête perdue de douleur, attacha une corde
à une des poutres du plafond, puis elle se pen-
dit, après avoir eu la triste précaution de fer-
mer sa bouche et ses oreilles avec du coton,
pour mourir plus promptement.
Ce fut dans cet état qu'elle fut trouvée quand
on s'est aperçu que son absence se prolon-
geait.
La justice, informée de ce suicide, est venue
pour faire une enquête à ce sujet, après quoi
le corps de la malheureuse enfant a été in-
humé dans un coin du cimetière paroissial.
[Indicateur de Bordeaux.)
On lit dans l'Espérance de Blaye
« Le quartier de Bugeau a été mis en émoi
vendredi dernier par un événement qui aurait
pu avoir des suites très graves sans l'interven-
tion de quelques voisins. Le nommé Rivaud,
tonnelier, âgé de cinquante ans, demeurant à
Blaye, rue (les Maisons-Neuves, s'étant rendu,
armé d'un fusil, au domicile du sieur Chassa-
gne, relieur, le menaça de faire feu sur lui et
dirigea le canon de son fusil sur sa poitrine
mais celui-ci ayant détourné l'arme, Rivaud lui
porta plusieurs coups de crosse dont un lui
fractura le bras gauche.
» M. Régnier, docteur-médecin, appelé pour
donner des soins au blessé, a déclaré que la
gravité de la fracture occasionnerait une in-
capacité de travail de plus de vingt jours. Nous
ignorons les motifs qui ont pu pousser Rivaud
à un tel acte de brutalité. Rivaud a été écroué
dans la maison d'arrêt de notre ville. »
On lit dans l'Argus, journal de Soissons
« Le 9 février dernier, au hameau de Laval,
commune de Cuïsy-en-Almont (canton de Vic-
sur-Aisne), un vieillard de quatre-vingt-neuf
ans et demi expirait chez son (ils. Cependant la
veille, dans la matinée, il était plein de santé
et semblait devoir vivre longtemps encore.
Quel était donc le coup qui venait de le frap-
per ? A quelle maladie soudaine avait-il suc-
combé ? C'est ce que chaoun se demanda bien-
tôt dans la commune.
» Quelques jours après., la réponse à ces
questions, réponse terrible et faite à voix basse,
circulait de tous côtés ondisait qu'Etienne Vail-
lant, le vieillard dont nous parlons, surnommé
à cause de son grand âge le Père vit trop avait
été empoisonné par son propre fils, Louis, âgé
de cinquante et un ans, autrefois mar-
chand de vin à Soissons et actuellement manou-
vrier à Laval, et par la femme de ce dernier,
au moyen d'une pâte appelée mort-aux-rats et
achetée récemment chez un pharmacien de
Soissons. La gendarmerie, informée alors de
cet événement tragique, se rendit en toute hâte
à Cuîsy,fit une enquête sur le crime, et dressa
procès-verbal à la charge des époux Vaillant.
» D'un autre côté, vendredi dernier, le juge
d'instruction, le procureur impérial et le com-
mis-greffier du tribunal de Soissons se trans-
portèrent à Cuisy, accompagnés des docteurs
Billaudeau et Marchand. Là, les fossoyeurs ex-
humèrent le cadavre du pauvre vieillard et les
docteurs procédèrent à son autopsie dans le
cimetière.
Quelques heures plus tard, les époux Vail-
lant, gardés à vue depuis la veille, étaient ar-
rêtés par la gendarmerie et conduits à la mai-
son d'arrêt de Soissons, sous l'inculpation de
parricide.
Un événement malheureux a eu lieu il y a
quelques jours dans la commune de Saulchoy,
canton de Poix.
Dans la soirée du 7 février, plusieurs enfans
sortant de l'école s'en allèrent jouer près d'un
moulin appartenant au sieur Boye. Parmi ces
enfans se trouvaient le petit Arthur Bondois,
âgé de- neuf ans et demi, son frère Léon et un
autre petit garçon de douze ans, Edouard Bihet.
Tout en jouant, le petit Arthur Bondois ap-
pela Bihet Pomard, sobriquet que tous les au-
tres enfans se mirent à répéter à l'envie. Bihet
tout irrité courut cbez son père qui est char-
pentier à Saulchoy, s'empara d'un fusil qu'il
put prendre sans être aperçu, et alla le cacher
dans un petit bois devant lequel jouaient les
enfans. Alors il les appela, et quand ils furent
près de lui, il prit le fusil qu'il avait caché et
disant à ses camarades de s'écarter, il ajusta
le petit Arthur Bondois qui était très rapproché
de lui, en lui criant: «Je t'en veux depuis
longtemps; il faut que je te tue aujourd'hui. »
En même temps il fit feu le coup ayant raté,
il fit feu de nouveau, et toute la charge vint frap-
per dans le bras droit le malheureux petit Ar-
thur qui tomba comme foudroyé. Transporté
chez ses parens, on constata une affreuse bles-
sure l'os était pour ainsi dire broyé. Néan-
moins le petit Bosdois a pu survivre jusqu'à
présent.
Quant à Bihet, il a été arrêté et transféré à
Amiens il prétend qu'il n'a jamais eu l'inten-
tion de faire du mal au petit Bondois, qu'il ne
voulait que l'effrayer, ainsi que ses autres ca-
marades, afin qu'on ne lui donnât plus de so-
briquets. (Mémorial d'Amiens.)
On lit dans le Courrier du Bas-Rhin
« II. Bessner nous écrit la lettre suivante,
avec prière de la publier
v « Colmar, le 19 février 1859.
» J'ai lu dans la relation du procès qui me
concerne que l'on me reprochait d'avoir ex-
posé dans la chambre que j'habite avec d'au-
tres pensionnaires de l'hospice des tableaux
offensans pour les catholiques.
» II n'est jamais entré dans mes intentions
de blesser mes frères catholiques ni qui que
ce soit dans ses convictions religieuses.
» La chambre que j'habite est occupée par
deux de mes coreligionnaires et un catholique:
les tableaux que l'administration aurait été
dans le cas d'enlever étaient les portraits des
réformateurs, que je venais de faire encadrer,
pour un de mes amis, chez le vitrier Klein, voi-
sin de l'hospice; le lendemain je les ai enle-
vés de ma chambre pour les rapporter à mon
ami.
» Voilà, monsieur le rédacteur, la pure et
simple vérité.
» Je vous prie de vouloir donner place à cette
explication, que votre correspondant a négligée
dans son compte-rendu.
» Agréez, monsieur le rédacteur, l'expression
de ma haute considération.
» Bessner. »
La Cour de cassation, chambres réunies,
a procédé hier matin, à onze heures, sous la
présidence de M. le premier président Troplong,
à la réception de M. Meynard de Franc, premier
président de la Cour impériale deRiem, nommé,
par décret du 17 de ce mois, conseiller en la
Cour, en remplacement de M. Chégaray, dé-
cédé.
Cette installation a eu lieu avec le cérémo-
nial d'usage. M. le procureur général Dupin a
requis, au nom de l'Empereur, Ja lecture du
décret dénomination et l'admission de M. Mey-
nard de Franc à la prestation du serment pres-
crit par la loi. Cette formalité remplie, M. le
premier président a invité MM. les conseillers
Zangiacomi et Renault d'Obexi à introduire l'ho-
norable magistrat, qui, le serment prêté au mi-
lieu du prétoire, a pris place sur les sièges de
la Cour et parmi les conseillers. I/audience so-
lennelle a été immédiatement ievée et les
chambres civile et des requêtes ont vaqué à
leurs audiences particulièrfts.
M. Meynard de Franc siégera à la chambre
criminelle, ainsi que l'a annoncé M. le premier
président.
Depuis le commencement de janvier, des
pièces de 5 fr. fausses circulent en assez grande
quantité dans Paris; elles sont à l'effigie de
Charles X, de Louis-Philippe et de Léopold;
plusieurs ont encore été saisies hier. On a éga-
lement saisi des pièces de 1 fr dont le diamè-
tre avait été diminué et qui ayaient été dorées
pour leur donner l'apparence des pièces de
20 fr.
On lit dans la France musicale, au sujet de
la symphonie dramatique Roméo et Juliette, par
iï. Hector Berlioz, réduite pour piano par M. Th.
Ritter (1)
« J'ai passé une soirée délicieuse à lire cette
partition, un des éblouissemens de majeunesse
artistique. Roméo et Juliette, quand je l'enten-
dis, il y a bien des années déjà, avec un or-
chestre imposant et des chœurs nombreux, sous
la direction de l'auteur même, produisit en moi
une de ces sensations profondes, mais indéter-
minées, qui ne commandent pas i'enthou-
siasrrïe mais inspirent le respect. J'avais de-
vanLmoi un grand artiste, je le .sentais j'en-
tendais une musique grandiose et pleine
de poésie, ma raison me le disait, mais
mon oreille, encore inexercée, n'en suivait que
difficilement les développemens ingénieux et
hardis; d'un autre côié, les accens de la mélo-
die, tour à tour chaste, voluptueuse, fantasti-
que, sombre, éclatante, ardente, passionnée, et
toujours frappée au coin du génie, c'est-à-dire
au coin de l'originalité, effleuraient mon cœur
et ne le pénétraient pas, En présence de cette
belle œuvre je restais froid, mais ébloui,
comme serait un habitant des plaines du Texas
ou des montagnes volcaniques du Pérou qui se
trouverait, sans aucune, transition, transporté
de ces pays lointains et solitaires au sein d'une
ville comme Paris un jour de grande fête.
» Depuis cette époque, j'ai mieux compris les
beautés de la musique de Berlioz, un maître
dont la France s'honore à juste titre, et, je le
répète, la lecture de cette œuvre célèbre du
grand symphoniste m'a fait passer, seul au
coin du feu, la plus intéressante et la plus heu-
reuse soirée.
» J'ai entendu avec les yeux ces notes mortes
sur le papier et qui vibraient en moi chaleu-
reuses et pleines de vie par le phénomène de
la mémoire des sons, qui n'est autre chose que
la sensation prolongée. J'ai entendu et j'ai ap-
plaudi l'ingénieuse introduction instrumentale,
le prologue, tout empreint d'une grandeur sau-
vage, les poétiques strophes qui suivent, le
scherztlo à deux temps qui vous transporte
dans les mondes fantastiques de la reiae Mab,
que j'ai vue ensuite apparaître dans un scherzo
d'un effet incomparable; puis la fête chez Ca-
pulet, ces pages instrumentales comme on n'en
avait jamais instrumenté avant Berlioz, l'ad-
mirable scène d'amour et de désespoir, un chef-
d'œuvre de sentiment exquis, de noble et tendre
poésie; cette autre scène, le convoi funèbre de
Juliette, et la scène du jardin, dans laquelle les
jeunes Capulèts, sortant de la fête, font enten-
dre, dans un double chœur, des réminiscences
de la musique du bal; enfin l'invocation au
réveil de Juliette; la grande rixe des Capulets
et des Montaigus, faite en partie avec les des-
sins du prologue, sur lequel grondent et se dé-
chaînent les voix tumultueuses des Capulèts et
des Montaigus soudainement interrompues
par la révélation du père Laurence, d'où naît
le serment de réconciliation des familles enne-
mies. Oui, j'ai entendu toutes ces belles pages
dignes du texte immortel de Shakspeare qui
les a inspirées, et mon esprit et mon cœur en
ont été ravis.
» Si j'avais à faire ici l'appréciation de cette
œuvre qui participe de la symphonie et du
drame, je ferais cette appréciatian avec tous
les détails qu'impose l'analyse d'un ouvrage de
ce mérite et de cette portée. Mais j'ai voulu
simplement annoncer, comme une bonne nou-
velle aux artistes et aux véritables amateurs, la
réduction au piano.de l'un des plus beaux ou-
vrages de l'auteur, et qui jusqu'à présent n'a-
vait été publié qu'en grande partition d'or-
chestre.
» C'est M. Th. Ritter, un jeune pianiste déjà
célèbre et musicien de la bonne école, qui a
entrepris avec un rare bonheur ce travail
certes bien difficile; il faut avoir lu la partition
d'orchestre, si compliquée, si fouillée, pour
comprendre tout ce qu'il y avait de scabreux
dans une semblable entreprise. Je suis heureux
de le dire, ce travail fait le plus grand honneur
à M. Th. Ritter, en donnant la mesure de ses
connaissances en instrumentation et de son
goût éclairé.
» Mais quelle plus précieuse récompense que
l'éloge même de l'auteur pouvait espérer le
jeune pianiste compositeur? Or, voici ce que
Berlioz a écrit en tête "de cette édition de
Roméo et Juliette
« L'arrangement de cet ouvrage pour le
» piano a été fait sous mes yeux. Il me sem-
» bie fidèle autant qu'une intelligente traduc-
» tion peut l'être. De plus, il est exempt des
» fautes et des erreurs assez graves qui déparent
» tous les exemplaires de la grande partition
» répandue dans le public jusqu'à ce jour, et
» dont plusieurs s'étaient reproduites dans les
» parties séparées d'orchestre. La nouvelle édi-
» tion, publiée en 1857 chez Brandus et Ce, à
» Paris, est seule correcte, et c'est d'après celie-
» là qu'a été transcrite la présente partition
» de piano et chant. »
» J'ajouterai, en finissant, qu'il est impossi-
ble, au point de vue typographique, de fabri-
quer une plus belle édition, avec de plus beaux
caractères, mieux tirée, et sur de plus excellent
papier. L'esprit d'un livre se pare sous une
belle édition comme les charmes d'une femme
sous une toilette élégante. Les inspirations de
Berlioz sont ici richement parées, et nous de-
vons au tailleur, je veux dire à l'éditeur alle-
mand, de sincères COEiplimenS.– Oscar Comettant.
La presse française s'est beaucoup occu-
pée depuis quelque temps de la remarquable
galerie de tableaux de maîtres anciens que
M. le comte d'Espagnae a bien voulu ouvrir
temporairement au public au profit de l'Insti-
tution de Notre-Dame-des-Arts.
Nous avons déjà eu occasion de citer quel-
ques uns des chefs-d'œuvre qui la composent,
et nous croyons être agréables à nos lecteurs
en leur en faisant connaitre quelques autres,
tels que le Portrait en pied du cardinal de Ri-
chelieu, par Philippe de Charapaigne, le plus
remarquable que l'on possède de cet homme
d'Etat; VHobbema de l'aueienne collection de
l'Elysée-Bourbon; la Diane de Poitiers, par Le
Primatice, etc.
La galerie est ouverte les jeudis et diman-
ches, rue de Cliehy, 27, de une heure à quatre
heures. Prix d'entrée 1 fr.
La Société impériale d'acclimatation, dans
sa séance générale du 18 février, a procédé au
renouvellement annuel de son bureau et d'un
tiers de son conseil d'administration.
Trois cent quarante membres ont pris part
au scrutin. La Société a élu MM. I.-Geoffroy
Saint-IIilaire, président; le prince de Beau-
veau, Drouyn de Lhuys, A. Passy et Richard
(du Cantal), yice-présiderw le comte d'Epré-
mesnil, secrétaire général; A. Duméril, E. Du-
pin, Guérin-Ménevilie et le comte de sinety,
secrétaires J. Cloquet, de Quatref âges, Ruffier
et le baron Séguier, membres du conseil.
La A" édition' de Mme la duchesse d'Orléans,
dans le format grand in-18 au prix de 3 fr.,
est en vente chez Michel Lévy frères, rue Vi-
vienne, 2 bis.
Une brochure paraît chez Dentu, sous ce
titre la Foi des. traités; les Puissances signataires
et l'Empereur Napoléon III.
Le ministre de l'instruction publique et
des cultes vient de souscrire pour dix exem-
plaires à l'Histoire de Paris et de son influence
en hurope, par A.-J. Meindre.
Précédemment le préfet de la Seine, sur une
délibération du conseil municipal de Paris,
avait déjà souscrit à soixante exemplaires du
même ouvrage.
(1) A Leipzick, chez Hafmeister, et a Pais, ciwz z
Brandus.
Nous apprenons que M. le comte Emile
Wroblewski, pianiste compositeur, une des cé-
lébrités de Paris, va quitter la France pour s'é-
tablir à Rio- Janeiro, où les médecins lui ont
conseillé d'aller résider pour sa santé.
Une collection de tableaux anciens, es-
pagnols, flamands et français, de l'ancienne
galerie de M. le comte d'Arache, de Turin, ac-
tuellement la propriété de M. Castellani, sera
vendue par M. Charks Pillet, à l'hôtel Drouot,
lundi et mardi, 28 février et 1er mars. Cette
collection répond parfaitement, par le choix et
les qualités des œuvres qui la composent, au
goût si difficile des vrais amateurs de la pein-
ture des deux siècles derniers. Expositton sa-
medi et dimanche prochains.
Le catalogue de la précieuse collection
d'objets d'art et de curiosité de feu M. Rattier
paraîtra le l8r mars prochain.
Le célèbre et magnifique château de Pe-
tit-Bourg, près Paris, qui rappelle tant de
souvenirs historiques de Louis XIV de
Louis XV, etc., sera vendu, au Palais-de-Jus-
tice à Paris, le 19 mars 1859, à moins que des
offres suffisantes ne soient faites d'ici là à
MM. Allier et Labot, administrateurs et liqui-
dateurs de la Société dite de Petit-Bourg. Pour
les détails, voir aux annonces de ce jour.
Un grand nombre de maladies chroni-
ques et d'affections réputées incurables, dit le
Constitutionnel, sont efficacement modifiées au
moyen des conseils donnés par l'auteur des
livres devenus populaires et intitulés l'Encyclo-
pédie de la santé.
Le banquet annuel des anciens élèves de
l'abbé Liautard et du collège Stanislas aura
lieu le mercredi 2 mars, aux Frères-Proven-
çaux. Le prix de la souscription'*»! de 15 fr.
S'inscrire chez les commissaires ou aux Frères-
Provençaux.
tfstur îoîjs iee faits diTsra
Le teerétain ds ix rid&etioA. V, CASB3.
LE COMTE DE HOUDETOT.
Le comte Frédéric-Christophe de Hou-
detot descendait d'une ancienne et illustre
famille de Normandie. Il était fils du pre-
mier mariage de César, eomte de Houdetot,
avec M11' de Foynes, et naquit le 11 mai
1778.' Comme il avait perdu sa mère, morte
fort jeune, et comme son père, après avoir
servi dans l'Inde pendant la guerre, était
devenu commandant de l'île de France et
s'y était remarié, Frédéric de Houdetot fut
élevé par les soins de son grand-père, lieu-
tenant-général, pour lequel il conserva une
reconnaissance et un respect que jusqu'au
dernier jour de sa vie il exprimait avec at-
tendrissement". Pendant les premières an-
nées de la révolution, il était impossible de
suivre régulièrement une instruction clas-
sique mais il eut de bonne heure le goût de
l'esprit, une intelligence prompte et facile
et un jugement. Il vivait chez sa grand'mère,
la. comtesse de Houdetot, parmi une société
de gens de lettres et d'hommes d'esprit. Le
plaisir de la conversation était, dans de si
graves circonstances, devenu plus sérieux.
Les malheurs du temps, les crises révo-
lutionnaires, contribuaient aussi à former
la raison et le caractère. Nourri à cette
école, Frédéric de Houdetot acquit une
appréciation fine et juste des personnes
et des événemens, un esprit bienveillant
et modéré qui dès sa jeunesse donnè-
rent à ses relations sociales beaucoup de
douceur et de charme. En 1798, il fut atteint
par la conscription, et servit comme canon-
nier pendant quelque temps. Ce fut vers ce
temps-là que le goût très vif qu'il avait pris
pour tes arts le conduisit dans l'atelier de
Regnault et bientôt après dans celui de Da-
vid. Il n'en continuait pas moins- vivre
dans la spirituelle société de sa grand'mère
et de sa tante, Mme de La Briche. Il se lia
alors d'une amitié qu'on pourrait appeler
fraternelle avec M. Mole, qui venait d'épou-
ser M"c de La Briche. Plusieurs années se
passèrent ainsi, années heureuses où il jouis-
sait de sa jeunesse, des affections de famille,
de la conversation de ses amis, de l'entrain
de l'atelier et d'une liberté sans désordre.
En 1806, il fut nommé auditeur au Con-
seil d'Etat par le même décret que M. Molé;
ce fut sans doute son amitié qui le détermina
à entrer dans une carrière à laquelle il n'a-
vait pas songé. Jamais personne n'a été plus
étranger à l'ambition, plus indiffére»t aux
opinions politiques, quand elles n'étaient
pas coupables et dangereuses. Quelque temps
après, il fut appelé en Prusse, après la con-
quête qui suivit la victoire d'Iéna, et fut
placé à la tète de l'administration de l'ac-
cise. Afin de tirer un meilleur parti des Etats
prussiens, l'Empereur avait autant que pos-
sible conservé le mécanisme de l'admini-
stration, en plaçant les subalternes sous la
direction d'un administrateur français; il
avait aussi pensé que de jeunes auditeurs,
destinés à exercer des fonctions civiles et à
y apporter la justice, la régularité et les mé-
nagemens dus à leurs concitoyens, auraient,
autant que cela se pourrait, pour les vain-
cus, des égards qu'on ne devait pas espérer
des administrateurs militaires. Ce n'en fut
pas moins une triste mission à remplir.
M. de Houdetot sut se faire estimer et aimer
par la société de Berlin, et maintint l'ordre
dans une administration qu'avait dirigée
avant lui le baron de Stein.
A. son retour en France, à la fin de 1807, il
fut nommé sous-préfet à Château-Salins, et
peu après appelé à l'importante préfecture
de Gand. En 1809, la descente d'une armée
anglaise à Flessingue et l'urgente nécessité
de défendre une côte où rien n'avait été dis-
posé pour s'opposer à cette invasion mirent
en évidence son zèle et sa capacité, et il se-
conda les mesures prises par le maréchal
Bernadotte. Le 17 mars 1813, il fut nommé
préfet de Bruxelles. Bientôt sa position de-
vint triste et difficile. La bataille de Leipsick
et la retraite de l'armée en France laissaient
la Belgique sans défense; le général Maison
sut avec un très faible corps d'armée se
maintenir pendant quelque temps àBruxelles,
et l'administration conserva encore assez
d'autorité et d'influence pour maintenir le
bon ordre et prévenir tout mouvement de
révolte parmi une population qui, n'appar-
tenant pas à la patrie française, aurait pu
regarder la conquête comme une délivrance.
M. de Houdetot rentra en Franco lorsque
Bruxelles fut évacué par le général Maison.
Après la Restauration, il eût été, s'il l'eût
voulu, placé dans une grande préfecture
mais il était content de retrouver sa' liberté,
de vivre avec sa famille et ses amis, et de
reprendre sa palette. A la seconde Restaura-
tion, ce ne fut pas sans peine que ceux de
ses amis, qui tenaient au gouvernement, ob-
tinrent de lui qu'il accepterait pour quelque
temps la -préfecture du Calvados. C'était un
dévouement méritoire; à peine pouvait-il
espérer d'alléger les maux qui pesaient sur
sa province, occupée par un corps prussien.
Il avait à lutter contre l'ardeur de haine et
de vengeance des vaincus de 1806. Ils
étaient exigeans et menaçans. Déjà plusieurs
préfets avaient été enlevés et emmenés pri-
sonniers. La préfecture fut envahie, et
M. de Houdetot fut gardé à vue par les sol-'
dats prussiens. Il n'en résista pas moins s et
n'accorda rien que ce qui était autorisé par
le gouvernement du roi. Aucune contribu-
tion de guerre ne fut imposée, aucune ré-
quisition ne fut exigée; les établissemens
publics furent respectés; le Musée même fut
sauvé.
En même temps il eut à se garantir contre
d'autres violences; une réunion de roya-
listes s'était formée et avait pria les armes
pour la défense d'une cause, qui ne courait
plus aucun danger; elle ne voulait re*
connaître aucune autorité constituée, au
point que quelques uns de ces volontaires
royaux avaient pu venir dans le cabinet du
préfet lui signifier leurs volontés. Ils furent
désavoués par le dué d'Aumont leur chef.
Mais pour suivre cette ligne d'impartiale
modération, pour résister à l'esprit de réac-
tion, un préfet avait besoin d'être approuvé
et soutenu par le ministère. Telle n'était
point la disposition de M. de Vaublanc, qui
venait d'être appelé au ministère de l'inté-
rieur. M. de Houdetot donna sa démission.
Avant de quitter ses fonctions, il avait eu
l'heureuse occasion de sauver le général
Grouchy, en le faisant avertir que l'ordre
était donné de l'arrêter.
Eq 1819, lorsque le ministère de M. De^
cazes et du général Dessoles fit une nonw
breuse promotion de pairs, M. de Houdetot
fut placé sur cette liste. Il a siégé dans la
Chambre des Pairs pendant trente ans, sans
ambition, sans désir de succès, sans esprit
de parti, votant rarement avec l'Opposition,
mais' toujours avec indépendance. Le crédit
qu'il pouvait avoir était uniquement employé
à servir les intérêts du département du Cal-
vados il avait fait, des soins qu'il y donnait^
sa principale occupation il était membre
du conseil général et le présidait à chaque
session. Son frère, le général de Houdetot,
était député de l'arrondissement de Bayeux.
L'un et l'autre, sans ostentation, sans cher-
cher à se donner de l'influence, par dévoue-
ment au bien public ou par une bienveillante
obligeance pour leurs compatriotes, avaient
accepté comme un devoir la suite des af-
faires du département. Quant à sa commune
d'Etrehan, il n'avait pas recours à l'admi^
nistration supérieure fondation d'école,
secours aux malheureux et aux indigens s
étaient dans les attributions de son inépui-
sable charité. Son nom restera honoré et
béni dans le pays, où il a répandu tant de
bienfaits et rendu tant de services.
Après la révolution de Février et penr*
dant l'essai de la république, M. de Hou!
tetot fut élu député à l'Assemblée Législa-
tive, et depuis 1849, son élection a été re-
nouvelée deux fois. Il ne s'est point refusé a
la confiance de ses compatriotes il a été
sensible à leurs instances, et se serait fait uri
reproche de ne pas continuer à leur rendre
de bons offices. Il eût éprouvé une sorte de
vide à ne plus s'occuper des affaires du Cal-
vados. On ne pouvait le soupçonner d'au-
cune ambition; à cet égard, il avait fait ses
preuves sous tous les goavernemens.
En parlant de l'ami et du frère que nous
evons perdu, peut-être ne devrions'-nous!
pas entretenir1 le publie de sa vie privée et
répandre au dehors nos sentimens intimes.
Toutefois, il est impossible de ne pas dire
quel était le charme.de son caractère et de
son esprit, et combien il apportait de dou^
ceur dans ses relations d'intimité et même
de société. Il avait une bienveillance sincère,
et sympathique dans la conduite, dans l'es-
prit, dans le caractèrs de chacun; il ne
rqyait que le bon côté il ne supposait ja-?
mais que de bonnes intentions. Cs n'était
pas une complaisance banale, mais une fi-
nesse d'observation qui savait découvrir cq
qu'il y avait de bon et de louable. Il portait
dans le jugement des personnes la même dis^
position que dans l'appréciation des œuvres
de l'art et de l'esprit, où il voyait avant
tout la conception de l'auteur et le point
de vue où il s'était placé; de sorte qu'il
ne savait pas blâmer et que son approbation
était consciencieuse.
On peut juger ce qu'étaient pour lui less
relations de famille et d'intimité. Son pèr«
arait eu de son second mariage un grand
nombre d'enfans. Pendant qu'il était retenu
aux colonies par son service, ils étaient éîe-
vés en France. Frédéric de Houdetot fut un
père pour sa jeune famille. Ses affections
étaient toujours dévouées. L'accomplisse-
ment du devoir était pour lui un mouve-'
ment spontané. Tout en lui était naturel et
facile; aussi dès qu'on le connaissait on>
l'aimait.
La vieillesse et la maladie, qui ont rendu
douloureuses les dernières années de sa vie,
n'avaient pas agi sur son caractère c'était
toujours la même douceur, la même acti-
vité on dirait presque la même gaîté. Mais
la mort de son plus intime ami, le comte
Mole, le frappa au cœur, et cette impression
de tristesse ne s'effaça point.
Il avait de tout temps respecté la religion
lorsqu'il y a plusieurs années il se décida à
en pratiquer les devoirs, ce fut sans effort,
sans hésitation, avec une foi simple et en-
tière. 11 a reçu les secours, les consolations
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Châles cachemire, châles de laine et châles
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Chaque objet porté la garantie de la dési-
gnation, un numéro d'ordre et une étiquette
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Demain jeudi, au Théâtre Français, Louise
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gouvé et Dinaux, et les Piéges dorés, comédie en
trois actes, de M. Arthur de Beauplan. Geflroy,
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gustine Brohan, Fix, Favart et Arnould-Plessy
joueront dans cette représentation.
Vendredi, rentrée de Mme Guyon.
A TOpéra-Comique, les Trois Nicolas,
opéra-comique en trois actes, musique de
M. Clapisson. Montaubry continuera ses dé-
buts par le rôle de Dalayrac les autres rôles
seront remplis par Couderc, Prilleux, Beckers,
Berthelier, Davoust, Duvernoy, MUes Lefebvre
et Lemercier.
Au Théâtre-Italien, l'Elitir d'Amore, opéra-
buffa en deux actes, de Donizetti, chanté par
Galvani, Badiali, Zucchini et Mme Frezzolini
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