Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1854-04-25
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Description : 25 avril 1854 25 avril 1854
Description : 1854/04/25. 1854/04/25.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Z.»Ouuâam r~
MARDI 25 AVRIL
1854 ~8~ Il
1- ON S'ABONNE
rue des Prêtres-S.-G.-l'Auxerroia, 17.
DÉPARTEMENS.
Par trimestre 20 fr.
PARIS.
Par trimestre. 18 fr.
In r.ownoiw tfpply to Joseph tiionas t
gênerai advertising agent, 2, Catherine streel
Strand and tff eotriKand son,
> v forejsn newspaper office,
2,-SaiiU-Ann's lane, G, P. 0.
POLITIQUES ET LITTËRAIRES.
MARDI m AVRIL
1854 ̃-̃"̃;•
ON S'ABONNE
a Rome,
chez fixrau&s auBSMLE, place Colonne;
̃ à Naples
chez KTiKWiïE dvebese, rite Médina, 61
Pour 1'Alleinague, l'Autriche, la Prusse
etia Russie,
chez le directeur des,Pqstesà. Cologne (Prusse).
Les annonces sont reçues ̃
a u bureau du joub!IAi< in:«,i>KBAi!a-
et chez m. vAntiu, régisseur,
place de U Bourse, ,10. (>
.̃; FRANCE.
PARIS. 24 AVRIL.
La télégraphie privée (Bavas) nous transmet les
dépêches suivantes y
a Vienne, lundi 24 avril.
» Les journaux du soir donnent des nouvelles de
Gonstantinopie du \i. Odessa aurait été bombardée et
en partie incendiée par lejs Hottes réunies, les batte-
ries russes ayant cédé après une vive résistance.
» Berlin, lundi 24 avril.
» On croit que la démission du chevalier de Bunsen
a été provisoirement acceptée. On désigne comme son
successeur éventuel intérimaire, JJ. de Bernstorf, en-
voyé prussien à Naples. » 1-
Des lettr.es de Vienne en d:Ue du 20 avril con-
fit'ment ce que nous avons déjà annoncé sur la
panique inspirée à la population d'Odessa par les
croisières de la flotte anglo-française, dont on re-
doute à chaque moment l'apparition, et sur les
désastres commerciaux dont cette place est déjà
frappée. Le gouvernement a engagé ceux deshabi-
tans qtri voudront le faire à se retirer avec leurs
familles dans les villes de là ligne du Dniester, à
Bender et à Kischenef. Les affaires sont suspen-
dues .et des faillites nouvelles se produisent chaque
jour.
Il arrive journellement sur le Dniester des ren-
forts considérables de troupes russes venant de
l'intérieur, destinés en partie pour le Danube, en
partie pour la Crimée. D'autres corps sont desti-
nés à l'armée d'Arménie. Ces corps se rendent à
Tiûis par la route centrale du Caucase et le col de
Dariel, route que les Russes continuaient d'occu-
per, malgré l'insurrection des peuplades, au moyen
des forts construits depuis longtemps sur cette
ligne en très grand nombre et à des intervalles
très rapprochés. Les généraux russes font répan-
dre le bruit que c'est en Asie qu'ils veulent frapper
les grands coups; mais on ne voit pas quelle im-
portance décisive pourraient avoir leurs avantages
en Arménie, car il y a deux cent cinquante lieues
de ce point à Constantinople, à travers un pays
des plus difficiles.
L'augmentation de l'armée russe, ordonnée par
le dernier ukase de l'empereur, produira, d'après
les calculs statistiques, environ 144,000 hommes.
On assure que sur le bas Danube, le 9 avril, les
Russes ont encore coulé à fond plusieurs navires
remplis de sable, -afin de rendre tout à fait impra-
ticable l'embouchure de Sulina. G! est sous la direc-
tion du général Schildërs que cela se fait, et le tra-
vail devait être fini le 15 de ce mois.
D'après les nouvelles de Buchàrest du 12, au-
cun engagement sérieux n'avait eu lieu entre les
combattans. Mustapha-Pacha avait pris son quar-
tier général à Bazardchik et le général Luders Il
Babadagh. Les Turcs se sont retirés volontaire-
ment au delà du fossé de Trajan, quoique les
Russes ne les y eussent pas attaqués.
On venait d'apprendre à Vienne, par dépèche
télégraphique, que le prince Paskéwitsch était
arrivé le_l 4 avril à Jassy et le 1G à Bucharest. On
ajoute quo, d'après l'opinion générale des officiers
russes, l'arrivée du prince serait le signal d'événe-
mens très sérieux.
On apprenait d'Orsova, près Viddin, en date du
13 avril, que les armemens de l'Autriche se con-
tinuaient activement, et que dans quinze jours le
corps d'armée qui s'y concentre aura une force
de 125,000 hommes.' sakt-ass*
Nous avons publié dans de "récens Numéros
plusieurs dépèches télégraphiques et certains
extraits de journaux ou de correspondances qui
rendaient compte de l'échauffouréedont la ville de
Menton a été le théâtre le 6 avril dernier. Le duc
de Valentinois, fils et héritier du prince de Monaco
Florestan Ier, s'étant présenté à Menton, est devenu
t'objet d'une démonstration publique qui a été
immédiatement comprimée. Les personnes qui
entouraient le prince, et le prince lui-même ont été
arrêtés le prince a été conduit à Villefranche et
écroué dans le fort de cette ville, etil n'a été remis
en liberté qu'après une détention de trois jours.
Nous voulons dire quelques mots sur ces faits qui
ont de la gravité, parce qu'ils se rattachent à une
question de droit public et international qui prend
son origine dans les événemens de l'année 1848,
et dont la solution présente, on ne saurait le con-
tester, plus d'une difficulté sérieuse.
Les princes de Monaco sont souverains d'un
petit Etat enclavé dans le royaume de Sardaigne,
sur le bord de la Méditerranée. La population de
cette principauté ne s'élève pas. au delà de 6,500
âmes. Monaco en est la capitale; c'est une petite
ville bâtie, sur un rocher avec un petit port et en-
viron 1,200 habitans; la ville de Menton est un
peu plus considérable c'est un port de mer aussi,
avec 5,000 habitans; une annexe de Menton,
Roquebrune, avec son territoire, compte 2,000
habitans. Les droits de souveraineté des princes
de Monaco sont fort anciens; quelle qu'en soit
l'origine, ilsuffit de savoir que ces princes, qui.re-
levaient dela suzeraineté des ducs de Savoie, après
• s'être mis d'abord sous la protection de l'Espagne,
où ils possédaient plusieurs fiefs, se mirent en 1641
sous celle des rois de France. Ce changement leur
coûta ce qu'ils avaient en Espagne mais ils furent
indemnisés par la concession dç la duché-pairie de
Valentinois, qui leur donnait entrée au Parlement de
Paris. C'est à ce titre que le prince de Monaco Ho-
noréV, prédécesseur de Florestan Ier, asiégéjusqu'à
sa mort dans notre Chambre des Pairs. Pendant le
cours de notre révolution, la principauté de Mo-
naco avait été incorporée à la France; elle en fut
détachée en 1814 par le traité de Paris « qui la re-
plaça dans les rapports où elle se trouvait avant
le 1er janvier 1792», c'est-à-dire sous la protec-
tion de la France. Mais en 1815 il fut décidé « que
les rapports rétablis en 1814 entre la France et la
principauté de Monaco cesseraient à perpétuité et
qu'ils existeraient entre cette principauté et le roh
de Sardâigne. » La principauté de Monaco fut
aiosi placée sous la protection des rois de Sac-
daigne, qui dès ce moment eurent le droit de tenir
une .garnison dans la capitale et peut-être aussi
dans les autres parties de la principauté. Cette com-
binaison se maintint jusqu'au mois de mars 1848.
A cette époque Menton et Roquebrune firent t
aussi leur révolution par un mouvement spontané
et unanime elles se déclarèrent indépendantes, mais
en se maintenant sous la protection du roi de Sar-
daigne. La ville de Monaco, occupée par une gar-
nison composée de troupes sardes, resta seule
fidèle à soa souverain. Depuis, le gouvernement
piémontais, provoqué par le vote des deux commu-
nes afin de les incorporer à ses provinces, a
présenté à la Chambre des Députés un projet
de loi que la Chambre a adopté en ces termes:
« Les communes de Menton et de Roquebrune se-
» ront dorénavant gouvernées comme les autres
» parties de l'Etat et comme en faisant partie inté-
» grante. » Ce projet de loi n'a pas encore reçu
la sanction du Sénat. Il est certain qu'il y a une
atteinte grave portée aux droits du prince de Mo-
naco; un fait considérable, il est vrai, a renversé
la souveraineté de ce prince; mais un tel fait suf-
fit-il pour fonder un nouveau droit et pour le sub-
stituer à un droit préexistant?
De, tels faits deviennent souvent l'originë*85BfB
certain droit, nous ne le nions pas, car à quoi
servirait-il de le nier? mais c'est à la condition que
ces faits soient confirmés et développés par un con-
cours de circonstances successives et admis par
une sorte de consentement général. C'est ainsi que
la Belgique, par sa séparation d'avec là Hollande,
est devenue, après beaucoup d'efforts, un Etat
régulier et indépendant contre lequel aucune vo-
lonté ne pourrait prévaloir aujourd'hui. En 1848,
si nous ne nous trompons, il y eut dans quelques
unes des provinces que l'Autriche possède en
Italie un mouvement analogue à celui qui s'était
accompli à Menton et à Roquebrune. Les popu-
lations avaient demandé leur réunion au Pié-
mont, et le Piémont s'était empressé d'accé-
der à leur vœu; il s'ensuivit une guerre, et,
dans le premier moment, l'Autriche faisait au Pié-
mont des offres très avantageuses que celui-ci re-
poussa cependant. La bataille de -Novarre en dé-
cida l'Autriche recouvra ses provinces; mais si le
sort des armes lui eut été contraire, le Piémont ne
posséderait il pas aujourd'hui à juste titre une
bonne portion des Etats lombards et peut-être
de l'Etat* de Venise? Reste à savoir, en ce qui con-
cerne les droits de souveraineté du prince de Mo-
naco sur les villes de Menton de Roquebrune, s'il
existe un ensemble de circonstances suffisant pour
rendre son expropriation définitive.
On n'en saurait douter, les événemens de 1848
ont eu des conséquences dont il est impossible de
ne pas tenir compte. Depuis six ans, les princes
de Monaco n'avaient fait aucune tentative pour
rentrer dans la possession de leurs villes insurgées
et pour y rétablir leur autorité ils se sont bornés
à de simples protestations. Les puissances euro-
péennes n'ont fait entendre aucune protestation
pendant plus de quatre années, et ce n'est qu'en
décembre 1852 que la Prusse et l'Angleterre ont
réclamé contre les actes du gouvernement sarde
qui avait enveloppé Menton, Roquebrune et leur
territoire dans ses lignes de douanes. Le gou-
vernement français a fait plus ceux qui gouver-
naient Menton et Roquebrune ayant demandé l'ad-
mission de leur drapeau dans nos ports, cette fa-
veur leur a été accordée, et ils en jouissent depuis
six ans. Toutcela, il ne faut pas se le dissimuler,
a affaibli dans une certaine mesure le droit pri-
mitif des princes de Monaco. Si nous sommes bien
informés, le gouvernement du Piémont leur a fait
offrir une indemnité qui serait le prix de l'abandon
de leurs droits; et des négociations ont été ouver-
tes par la voie d'un intermédiaire puissant.' Ces-
négociations, les princes de Monaco ne ne les ont
point absolument repoussées; aux propositions
qu'on leur a faites et qu'ils n'ont pas jugées accep-
table, ils ont répondu par d'autres propositions
sur lesquelles la discussion a pu s'établit'. Ces né-
gociations ont -elles été rompues? Nous ne le
croyons pas. La transaction est donc toujours pos-
sible, et c'est.peut-être dans un semblable moyen
qu'on trouverait une solution heureuse de la ques-
tion et probablement la seule praticable.
Depuis six années il s'est formé à Menton d'au-
tres habitudes, il s'y est créé d'autres intérêts que
le temps développe et fortifie incessamment; déjà
on peut croire que le rétablissement de l'ancienne
autorité y serait fort difficile; la question ne pour-
rait se résoudre que par l'intervention active des
puissances européennes qui ont signé les traités
de 1814 et de 181S, car c'est bien de l'exécu-
tion de ces traités qu'il s'agit. Or qui voudrait
compter sur une semblable intervention ? En ce
cas, peut-on faire autre chose que d'en finir
au moyen d'une indemnité dont la nature et l'im-
portance pourraient être fixées par des arbitres ?
Nous faisons des vœux pour que des deux côtés on
se prête à ce moyen de conciliation qui pourrait
satisfaire à tous les intérêts.
C'est pour cela que nous n'attachons pas un
grand prix à savoir exactement ce qui s'est passé à
Menton si le duc de Valentinois était attendu
pour se mettre à la tète dlun mouvement popu-
laire, ou si c'est malgré lui que la démonstration
a eu lieu. Là n'est pas la question, à notre avis. Si
le duc de Valentinois a réellement tenté une entre-
prise en se présentant au milieu d'une ville dont
il est convaincu qu'il n'a pas cessé d'être le légitime
souverain, personne ne peut l'en blâme^; mais
l'entreprise a échoué devant le mauvais vouloir de
la population; on peut le croire du moins d'après
une déclaration du duc de Valentinois lui-même,
que nous trouvons dans les journaux du Piémont,
et qui est ainsi conçue
« Je me plais à reconnaître que.le maréchal des lo-
» gis Tordo, commandant la station des carabiniers
» royaux à Menton, a montré aujourd'hui dans l'exer-
» cice de ses fonctions,un grand dévouement pour la
» conservation de ma personne.
» Menton, le 6 avril l8Si.
» Charles, prince héréditaire de Monaco. »
Cet échec est une circonstance qui rend de plus
en plus nécessaire le succès de la transaction déjà
proposée le moment est bon pour reprendre les
négociations, elles sont dans l'intérêt de tout le
monde.
Nous ne dirons plus qu'un mot le duc de Va-
lentinois a été arrêté dans la ville de Menton et
conduit prisonnier à Villefranche par ordre de l'in-
tendant général dé Nice, et sa détention a duré
deux ou trois jours. Ceci est de trop le procédé
des autorités sardes est sans excuse; c'est une
violation flagrante du droit et des convenances
contre laquelle on ne saurait trop protester. Et il
semble que le gouvernement piémontais en a jugé
ainsi, puisqu'il s'est empressé d'ordonner la mise
en liberté du prince aussitôt qu'il a été informé des
véritables causes de son arrestation. j ALLOCBY.
LOYIâ ALLODRY.
L'Amérique du Sud a aussi sa question orien-
tale, mais celle-là ne soulèvera pas de, tempêtes
quatre mille hommes suffiront à la régler. Les jour-
naux et les lettres qu'apporte le dernier paquebot
du Brésil nous donnent des détails précis sur cette
nouvelle péripétie de l'éternel imbroglio* qui-' se
joue sur les bords de la Plata.
La cirçuJaiKe.xdasjninJstre des affaire^ étrangères^
du Brésil, que le Journal des Débuts a publiée,
exposait les raisons qui obligeaient le gouverne-
ment impérial à intervenir dans les affaires inté-
rieures de l'Etat oriental. Cette intervention n'a été
ai provoquée ni désirée à Rio-Janeiro, et ce qui
permet de croire en ce point aux déclarations de
la circulaire, c'est ce fait qu'une première fois
sollicité instamment d'intervenir par l'ancien Pré-
sident Girô, le gouvernement impérial a fait la
sourde oreille. Ce n'est que lorsque, après une
révolution accomplie, le nouveau chef dù gouver-
nement montévidéen, le colonel .Florès, a repro-
duit avec non moins d'insistance la même de-
mande, que le cabinet brésilien, expressément lié
par le traité du 12 octobre s'est décidé à
admettre l'intervention en principe.
M. José Amaral, qui a géré pendant quelque
temps la légation brésilienne à Paris, fut envoyé à
Montevideo comme ministre plénipotentiaire. Les
deux partis qui s'entre-déchirent habituellement
les blancs et les rouges, furent unanimes pour sa-
luer sa venue avec enthousiasme. Le gouverne-
ment surtout raccueillit'ttomme un sauveur. Toutes
les caisses publiques étaient vides pas un employé
n'était payé depuis plusieurs mois la république
mourait de faim, et M. Amaral arrivait les mains
pleines, grâce à un large subside que les Chambres
du Brésil avaient voté ayant de se séparer, en..laiê-
sant, quant à l'usage à en faire, carte blanche au
ministère. Conformément à ses instructions,
M. Amaral pourvut généreusement au plus pressé
50,000 piastres furent versées par lui dans les
caisses du gouvernement de Montevideo, qui put
faire face aux dépenses les plus urgentes.
Cet à-compte donné immédiatement sur le sub-
side était un premier service; mais il y avait une
autre mesure à prendre pour garantir à l'Etat orien-
tal cette sécurité intérieure sans laquelle les; plus
beaux pays dumonde marchent rapidement à leur
ruine. Lé colonel Florès n'hésita pas à remplir le
devoir que les circonstances-lui imposaient: Par
dépèche du 8 février dernier, il demanda officiel-
lement à M. Amaral l'entrée sur le territoire orién-
tal d'une division brésilienne de 4,000 soldats, en
exécution des traités existans. Autorisé par son
gouvernement, M.^Amaral accéda à cette demande.
Il fut stipulé que la division entrerait dans le cou-
rant du mois de mars et qu'elle se retirerait aussi-
tôt que le gouvernement de Montevideo aurait dé-
claré que sa présence n'était plus nécessaire.
Ces stipulations n'avaient pas encore été offi-
ciellement publiées à Montevideo lors du départ
du dernier paquebot, mais la nouvelle de l'arrange-
ment était connue et elle avait produit un excel-
lent effet les nationaux et les étrangers y applau-
dissaient avec une égalé ardeur, et nous lisons
dans le Comercio de la Plata que l' espérance de
voir arriver les troupes brésiliennes avait redonné
quelque vie aux transactions commerciales qui re-
prendraient leur ancien élan quand l'intervention
serait un fait accompli.
A l'ombre de ces mesures les passions s'étaient
un peu calmées, et les élections générales s'étaient
faites pacifiquement. L'Assemblée aurait dû se ré-
unir le 1er mars pour procéder, aux termes du dé-
cret qui la convoque, à la révision de la Constitu-
tion. Mais les "nouveaux élus n'étaient pas tous
rendus à leur poste, et l'installation officielle du
pouvoir législatif était retardée de quelques jours.
Bien que l'élection ait donné une grande majo-
rité au parti rouge, il ne paraît pas qu'on soit bien
d'accord ni sur là marche à suivre, ni sur le Pré-
sident définitif à élire. Revisera-t-on ou non de la
Constitution ? Procédera-t-on par la voie consti-
tuante avec une seule Assemblée, ou par la voie
législative avec deux Chambres ? Telles sont les
questions que discutent à perte de vue les feuilles
que nous avons sous les yeux, et sur lesquelles
nous n'aurions assurément nul goût revenir. Les
républicains de l'Uruguay sont parfaitement libres
de s'ébattre, par voie de contrefaçon, dans le
champ des dissertations théoriques; mais ce qui
importe à ce malheureux pays et au commerce
européen, qui y a ses intérêts engagés, c'est qu'il
ne dépende plus de quelques centaines de noirs
indisciplinés de trancher les questions, en jetant
le gouvernement a bas. C'est à cela que pourvoit
l'intervention du Brésil, et c'est pour cela qu'elle
est extrêmement populaire dans l'Etat oriental.
Quant au Président définitif à élire, les voix pa-
raissent devoir se diviser entre trois candidats le
colonel Florès, gouverneur provisoire; D. Luiz
Lamas, ministre de la république de l'Uruguay près
le gouvernement du Brésil, et Joaquim Suarès,
Président de Montevideo pendant le siège.
A Buenos-Ayres, la nouvelle de la prochaine
entrée des troupes brésiliennes dans l'Uruguay
avait été bien accueillie. Le gouvernement et l'o-
pinion publique^ assurés par expérience de la
loyauté des intentions de la cour de Rio, ne
voyaient dans l'intervention rien qui ne fùt la
stricte exécution des traités auxquels les provinces
argentines ont concouru, et ne concevaient au-
cunë espèce d'alarme pour l'indépendance de PE-
tat oriental.
La situation de la Confédération argentine était
toujours la même. Buenos-Ayres était toujours
séparée des treize provinces confédérées, qui ve-
naient de nommer- Urquiza pour directeur défini-
tif mais au moment même où cette nomination
était proclamée, et où on la célébrait par des fêtes,
on répandait un bruit étrange que nous recueillons
dans le Comèfcio de la Plata. On assurait, au dire
de cette feuille, que le général Urquiza avait hau-
tement annoncé son intention de résigner ses fonc-
tions et de rentrer dans la vie privée, pour ne pas
être un'obstacle' à la rentrée de la province de
Buenos-Ayres dans le sein de la Confédération
argentine. Les exemples d'abnégation personnelle
sont trop rares dans l'histoire des républiques Sud-
Américaines pour que ce fait ne nous trouve pas
parfaitement incrédules, jusqu'à confirmation.
Au Brésil, la politique chômait, mais les affaires
étaient actives et prospères. Toutes les forces du
pays se portent vers les améliorations agricoles,
iadustrielles et commerciales. La suppression de
la traite, due à l'énergique volonté de l'empereur,
n'a pas seulement satisfait aux saintes lois dej'ùu-
ffianité elle a arraché le Brésil à ses vieilles rou-
tines, .et donné un incroyable élan à toutes les en-
tréprises qui doivent contribuer à développer les
richesses naturelles de ce vaste empire. On ne
parle d'un bout du Brésil à l'autre que de rivières
à canaliser, de routes à créer, de chemins de fer à
construire. Tout le monde met la main à l'œuvre
l'Etat,' par l'impulsion qu'il donne et par des sub-
ventions sagement calculées; les provinces, heu-
reusement décentralisées, par les études prépara-
toires qu'elles font faire et par les sacrifices qu'elles
s'imposent; les particuliers enfin, organisés en
Compagnies, par une rapide et intelligente exécu-
tion des travaux. Partout où l'œuvre de civilisation
s'accomplit, la France a son rôle, et déjà bo$,
nombre de nos ingénieurs ont mis leurs talens au
service des capitaux brésiliens. Chaque jour res-
serre davantage les liens qui unissent notre pays à
ces populations Sud-Américaines attirées vers nous
par la communauté d'origine et de religion.
Peu de jours avant le départ du paquebot, on
célébrait à Rio les obsèques du conseiller d'Etat
sénateur D. José Clemente Pereira. Toutes les au-
torités, tout le corps diplomatique, la ville entière,
assistaient à cette pieuse cérémonie. Ce n'était pas
cependant à l'homme éminent qui avait honora-
blement rempli de hautes fonctions publiques que
ces hommages empressés étaient accordés et la
présence, au milieudu cortège, de nos saintes Sœurs
de charité donnait un caractère particulier et sai-
sissant à ces témoignages de la reconnaissance de
tous. M. Clemente Pereira, tout en remplissant
religieusement ses devoirs politiques, s'était voué,
avec une ardeur qui dépassait ses forces physiques,
à l'administration d'un vaste établissement de cha-
rité qui porte le nom de Maison de la Miséricorde.
Ce qu'il avait accompli de miracles pour accroître
les ressources de cet établissement et pour rendre
efficaces les secours qu'il distribue aux pauvres et
aux malades de tous pays et de toutes couleurs ne
saurait s'imaginer, et jamais, au dire des Brésiliens"
qui ne prononcent ce nom de Clémente qu'avec
un profond respect, l'art de la charité n'a été" aussi
ingénieux et aussi fécond. La dernière mesure de
ce vénérable administrateur a été l'introduction au
Brésil de nos Sœurs do Saint-Vincent de Paule,
arrivées à Rio au plus fort du choléra, et au sujet
desquelles il écrivait à Paris « Ce ne sont pas des
femmes que vous m'avez envoyées, ce sont des
anges!-» •
L'empereur don Pedro il a pris, à la mort de
M. Clemente Pereira deux mesures qui donnent
une idée des nobles sentimens et du tact exquis de
ce jeune prince. Par un premier décret, la veuve
de M. Clemente a été nommée comtesse de Pie-
dade par une autre décision adressée à l'inten-
dant de sa maison impériale don Pedro II a or-
donné qu'une statue fut élevée à ses frais à l'il-
lustre défunt et placée dans la principale salle de
la-maison de la Miséricorde, en face de celle de
l'empereur lui-même. &• «m*"».
On lit dans le Wanderer de Vienne tlu 20 avril
« On nous écrit de Bucharest, en date du 14, que
les Turcs continuent leurs travaux de fortifications
près de Nicopoli, ce -qui donnerait lieu dé supposer
qu'ils veulent passer le Danube. A ftalafat aussi on
fait des préparatifs pour prendre l'offensive. Le 10,
des troupes anglo-françaises sont arrivées à Varna. On n
écrit d'Ibraïla: que les troupes russes qui ont passé le
Danube sont déjà remplacées par d'autres qui se sont
établies dans un camp. Les autorités russes ont reçu
l'instruction de faire un bon accueil aux sujets grecs
renvoyés de la Turquie. On ne croit pas que les Russes
continuent leurs opérations avant les Pâques grecques,
le 27 ou le 28 avril. »
L'Ost-Deutsche-Post du 20 avril contient ce qui
suit
« Les Russes doivent passer le Danube au-dessous de
Giurgevo pour prendre d'assaut Roustehouck. Ils se
proposent aussi de traverser le fleuve près de Rassova.
Les deux rives sont occupées sur ce point par quatre
divisions d'infanterie, deux de cavalerie et deux d'ar-
tillerie, le 3e et le,4ecorps avec 18 batteries et brigades
de siége. Le prince Paskéwitscû assistera, dit-on; au
passage. La flottille du Danube secondera l'opération,
Les positions de Kalarasch et de Giurgevo seront in-
spectées par le prince Paskéwitsch. »
On écrit de Semlin, le 20 avril, à la Presse
« Le vladika de Monténégro a publié une proclama-
tion pour prêcher la guerre religieuse contre les Turcs.
6,000 volontaires se sont déjà enrôlés. Le moment de
l'attaque n'est pas encore fixé.
On écrit d'Odessa, le 12 avril, à là Pressé de
Vienne
« Les vais3eauxde guerre anglo-français, après s'être
retirés jusqu'à la hauteur d'Akhermann, ont paru de-
puis quelques jours en plus grand nombre devant
notre port. Il y a quatre vaisseaux de ligne, sept fré-
gates et deux petits bâtimens croisant à dix milles de-
vant le port. Il parait qu'il ne s'agit en ce moment que
d'un blocus. La ville d'Odessa est d'ailleurs résignée à
tout »
On lit dans la Gazette de Spener, de Berlin, du
22- avril •
« Le Bureau de correspondance contient ce qui suit
« Les ouvertures que les gouvernemens de Fracce et
d'Angletefrô ont fait faire car \çur,s ambassadeurs sur
la position de la'Pruase vis-à-vis des parties beHigfr
rantes dans la guerre d'Orient, et que la "pressé étran-
gère a désignées sous le titre d'un ultimatum viennent
de recevoir une réponse. La communication a eu
lieu, dit-on par une dépêche du ministre des affaires
étrangères de France.
» Nous apprenons que la réponse répète cette idée,
que la Prusse croit qu'il est de son intérêt de se réser-
ver une parfaite liberté d'action, et ajoute que sa po-
sition dans la question d'Orient est suffisamment in-
diquée par la part qu'elle a prise au protocole' de
Vienne. On assure que le ministre de Russie à Vienne
a donné des explications satisfaisantes sur certaines
violations du territoire serbe par les troupes russes.
Il les a représentées comme n'étant que des transgres-
sions d'ordres commises par quelques commandans
de troupes. »
On écrit de Berlin
« L'envoyé d'Autriche, baron de Hess, a insisté auprès
de sa cour sur la nécessité de presser avec énergie le
cabinet de Berlin de mettre fin à ses hésitations, et en
effet hier le traité d'alliance offensive et défensive a
été signé sans qu'on y ait inséré une clause qui aurait
engagé d'avance l'Autriche pour quelque éventualité
ou qui aurait été favorable à la Russie.
» La stipulation principale du traité porte que les
deux hautes parties contractantes se garantissent ré-
ciproquement leurs possessions allemandés ou non
allemandes, et s'engagent à se prêter secours dans le
cas où l'une d'elles serait attaquée. La seconde sti-
pulation porte que les. deux puissances s'engagent à
agir toujours en commun et d'après une entente réci-
proque vis-à-vis des autres pays.
» Cette stipulation lie pour ainsi dire les mains aux
deux parties contractantes. Il y a dans le traité une
annexe de treize articles séparés qui déterminent le
secours que les deux puissances pourraient être appe-
lées à se prêter réciproquement, ainsi que le mode de
ce secours.
» On a fixé un délai de quatre semaines pour la ra-
tification. Dès que le traité aura été ratifié, il sera
communiqué aux autres gouvernemens de l'Allema-
gne, pour les inviter à y accéder.
» Le baron de Hess est parti hier soir, après avoir
pris congé du roi.
» On dit que trois articles secrets ont été ajoutés au
traité. » (Correspondance Havas.)
Le Moniteur publie ce matin quatre décrets por-
fant: ?.
1° Promulgation de la convention conclue le
22 août 1852 entre la France et la Belgique, pour
la garantie réciproque de la propriété des œuvres
d'esprit et d'art;
2° Promulgation de la convention commerciale
conclue le 22 août 1852 entre la France et la Bel-
gique;
5° Promulgation de l'article additionnel aux
conventions conclues le 22 août 1852 entre la
France et la Belgique, .̃
4° Promulgation du traité de commerce conclu
le 27 février 1854 entre la France et la Belgique.
Le Moniteur publie en outre les deux décrets
suivans
Décret impérial portant rati/kalion et promulgation de
la déclaration signée, le 12 avril 18S4, entre la France
et la Belgique, pour la garantie réciproque de la pro-
priété des œuvres d'esprit et d'art.
NAPOLÉON, etc.
Ayant vu et examiné la déclaration signée, le 12 du présent t
mois d'avril, par nolre'envoyé extraordinaire et ministre plé-
nipotentiaire à Bruxelles et le plénipotentiaire de S. M. le roi
des Belges, et les deux gouvernemens contractans ayant ap-
prouvé cette déclaralipn, dont la teneur suit
Ul'ciiABlTIOX,
Au moment "de procéder à l'échange des ratifications de la
convention littéraire conclue entre les deux pays le 22 août
1852, les plénipotentiaires soussignés sont convenus que
leurs gouvernemens respectifs prendront les mesures néces-
saires pour interdire l'entrée sur leurs territoires des ouvra-
gés que des éditeurs français ou belges auraient acquis le
droit de réimprimer, avec la réserve que ces réimpressions
ne seraient autorisées que pour la vente en France ou en
Bejgique et sur des marchés tiers. Les ouvrages auxquels
cette disposition sera applicable devront porter sur leurs titre
et couverture les mots édition interdite en Belgique (en
France), et autorisée pour la France (la Belgique) et l'étranger.
Fait a Bruxelles, en double original, le 12 avril 1854.
(L. S.) Signé a. raiihot.
(L. S.) Signé II. DK Bnul'CIiEBE.
Nous' avons décrété et décrétons
Art. 1er. La susdite déclaration est ratifiée et recevra sa
pleine et entière exécution.
Art. 2. Notre ministre secrétaire d'Etat au département des
affaires étrangères est chargé de l'exécution du présent dé-
cret.
Fait à Paris, le 13 avril *854.
HAPOLKOH.
Parl'Empereur:
Le ministre des affaires étrangères,
Signé DRO1IYN DE 1HCIS,
Vu et scellé du sceau de l'Etat
Le garde des sceaux, ministre de la justice,
Signé audaïicci.
NAPOLÉON, etc.,
Vu la disposition de l'art. 2 de la convention Commerciale
conclue le 22 août 18R2 entre la France et la Belgique, por-
tant qu'une taxe spécifique au poids, combinée avec la fi-
nesse, à fixer d'après la base de 25 pour 100 ad valorem, sera
substituée, pour les étoffes à panlalon et les tissus dits co-
tonnettes, importés de Belgique en France, à la prohibition
qui existe actuellement
Vu la déclaration échangée le même jour, laquelle porte
qu'une commission mixte sera chargée de déterminer la
quotité des droits spécifiques a établir sur les tissus dont il
s'agit;
Vu les procès-verbaux de ladite commission mixte qui s'est
réunie à Paris en décembre 1853
Vu les ratifications échangées le 12 avril présent mois,
Avons décrété et décrétons ce qui suit
Art. ler.Les droits d'entrée sur les cotonéttes et étoffes k
pantalons, à leur importation de Belgique en France par les
frontières de lene et par mer, sont fixés ainsi qu'il suit
Cotoniiettes présentant, en moins de 15 fils. 1 25
chaîne, dans l'espace de 51 15 flls et plus.: 2 25
millimètres: 1 15 fils et plus. 2 25
I En coton pur, présen- 30 fils 1 »
tam en moyenne, en
chaîne et en trame
Etoffes à dans l'espace de 10
panta- .millimètres plus de 30 fils, i 50 i^y
Ions, En coton mélangé de 40 fils. 1 25
croisées lirç, présentant en
oa moyenne, en chaîne
façon- et en trame, dans
nées. PespaGe de 10 milli-
mètres plus de 40 fils. 2 50
En coton mélangé de laine, sans dis-
tinction du degré de finesse 150'
Art. 2. Ne seront admis en France aux droits déterminés
par l'art. Ier que les tissus fabriqués avec des fils belges.
Les étoffes à pantalons en coton et laine ne seront ad-
mises que lorsque la chaîne sera de pur coton et la trame
mélangée de coton et de laine les étoffes ayant la trame en
"pure laine demeurent, assujetties aux conditions du tarif
général..
Dans le compte des fils pour la classification des étoffes à
pantalons, les fils qui ne sont pas simples compteront pour
autant de fils qu'il y aura de bouts réunis pour en composer
un seul.
Toutefois cette disposition n'est pas applicable aux fils re-
tors de la chaîne, en tant que ces fils ne sont retors qu'à deux
bouts,
Une sera admis l'importation que des pièces de tissus
'lisses ou croisés ayant leurs deux lisières, et l'importateur
des étoffes à pantalons devra déclarer le nombre de fils en
MARDI 25 AVRIL
1854 ~8~ Il
1- ON S'ABONNE
rue des Prêtres-S.-G.-l'Auxerroia, 17.
DÉPARTEMENS.
Par trimestre 20 fr.
PARIS.
Par trimestre. 18 fr.
In r.ownoiw tfpply to Joseph tiionas t
gênerai advertising agent, 2, Catherine streel
Strand and tff eotriKand son,
> v forejsn newspaper office,
2,-SaiiU-Ann's lane, G, P. 0.
POLITIQUES ET LITTËRAIRES.
MARDI m AVRIL
1854 ̃-̃"̃;•
ON S'ABONNE
a Rome,
chez fixrau&s auBSMLE, place Colonne;
̃ à Naples
chez KTiKWiïE dvebese, rite Médina, 61
Pour 1'Alleinague, l'Autriche, la Prusse
etia Russie,
chez le directeur des,Pqstesà. Cologne (Prusse).
Les annonces sont reçues ̃
a u bureau du joub!IAi< in:«,i>KBAi!a-
et chez m. vAntiu, régisseur,
place de U Bourse, ,10. (>
.̃; FRANCE.
PARIS. 24 AVRIL.
La télégraphie privée (Bavas) nous transmet les
dépêches suivantes y
a Vienne, lundi 24 avril.
» Les journaux du soir donnent des nouvelles de
Gonstantinopie du \i. Odessa aurait été bombardée et
en partie incendiée par lejs Hottes réunies, les batte-
ries russes ayant cédé après une vive résistance.
» Berlin, lundi 24 avril.
» On croit que la démission du chevalier de Bunsen
a été provisoirement acceptée. On désigne comme son
successeur éventuel intérimaire, JJ. de Bernstorf, en-
voyé prussien à Naples. » 1-
Des lettr.es de Vienne en d:Ue du 20 avril con-
fit'ment ce que nous avons déjà annoncé sur la
panique inspirée à la population d'Odessa par les
croisières de la flotte anglo-française, dont on re-
doute à chaque moment l'apparition, et sur les
désastres commerciaux dont cette place est déjà
frappée. Le gouvernement a engagé ceux deshabi-
tans qtri voudront le faire à se retirer avec leurs
familles dans les villes de là ligne du Dniester, à
Bender et à Kischenef. Les affaires sont suspen-
dues .et des faillites nouvelles se produisent chaque
jour.
Il arrive journellement sur le Dniester des ren-
forts considérables de troupes russes venant de
l'intérieur, destinés en partie pour le Danube, en
partie pour la Crimée. D'autres corps sont desti-
nés à l'armée d'Arménie. Ces corps se rendent à
Tiûis par la route centrale du Caucase et le col de
Dariel, route que les Russes continuaient d'occu-
per, malgré l'insurrection des peuplades, au moyen
des forts construits depuis longtemps sur cette
ligne en très grand nombre et à des intervalles
très rapprochés. Les généraux russes font répan-
dre le bruit que c'est en Asie qu'ils veulent frapper
les grands coups; mais on ne voit pas quelle im-
portance décisive pourraient avoir leurs avantages
en Arménie, car il y a deux cent cinquante lieues
de ce point à Constantinople, à travers un pays
des plus difficiles.
L'augmentation de l'armée russe, ordonnée par
le dernier ukase de l'empereur, produira, d'après
les calculs statistiques, environ 144,000 hommes.
On assure que sur le bas Danube, le 9 avril, les
Russes ont encore coulé à fond plusieurs navires
remplis de sable, -afin de rendre tout à fait impra-
ticable l'embouchure de Sulina. G! est sous la direc-
tion du général Schildërs que cela se fait, et le tra-
vail devait être fini le 15 de ce mois.
D'après les nouvelles de Buchàrest du 12, au-
cun engagement sérieux n'avait eu lieu entre les
combattans. Mustapha-Pacha avait pris son quar-
tier général à Bazardchik et le général Luders Il
Babadagh. Les Turcs se sont retirés volontaire-
ment au delà du fossé de Trajan, quoique les
Russes ne les y eussent pas attaqués.
On venait d'apprendre à Vienne, par dépèche
télégraphique, que le prince Paskéwitsch était
arrivé le_l 4 avril à Jassy et le 1G à Bucharest. On
ajoute quo, d'après l'opinion générale des officiers
russes, l'arrivée du prince serait le signal d'événe-
mens très sérieux.
On apprenait d'Orsova, près Viddin, en date du
13 avril, que les armemens de l'Autriche se con-
tinuaient activement, et que dans quinze jours le
corps d'armée qui s'y concentre aura une force
de 125,000 hommes.' sakt-ass*
Nous avons publié dans de "récens Numéros
plusieurs dépèches télégraphiques et certains
extraits de journaux ou de correspondances qui
rendaient compte de l'échauffouréedont la ville de
Menton a été le théâtre le 6 avril dernier. Le duc
de Valentinois, fils et héritier du prince de Monaco
Florestan Ier, s'étant présenté à Menton, est devenu
t'objet d'une démonstration publique qui a été
immédiatement comprimée. Les personnes qui
entouraient le prince, et le prince lui-même ont été
arrêtés le prince a été conduit à Villefranche et
écroué dans le fort de cette ville, etil n'a été remis
en liberté qu'après une détention de trois jours.
Nous voulons dire quelques mots sur ces faits qui
ont de la gravité, parce qu'ils se rattachent à une
question de droit public et international qui prend
son origine dans les événemens de l'année 1848,
et dont la solution présente, on ne saurait le con-
tester, plus d'une difficulté sérieuse.
Les princes de Monaco sont souverains d'un
petit Etat enclavé dans le royaume de Sardaigne,
sur le bord de la Méditerranée. La population de
cette principauté ne s'élève pas. au delà de 6,500
âmes. Monaco en est la capitale; c'est une petite
ville bâtie, sur un rocher avec un petit port et en-
viron 1,200 habitans; la ville de Menton est un
peu plus considérable c'est un port de mer aussi,
avec 5,000 habitans; une annexe de Menton,
Roquebrune, avec son territoire, compte 2,000
habitans. Les droits de souveraineté des princes
de Monaco sont fort anciens; quelle qu'en soit
l'origine, ilsuffit de savoir que ces princes, qui.re-
levaient dela suzeraineté des ducs de Savoie, après
• s'être mis d'abord sous la protection de l'Espagne,
où ils possédaient plusieurs fiefs, se mirent en 1641
sous celle des rois de France. Ce changement leur
coûta ce qu'ils avaient en Espagne mais ils furent
indemnisés par la concession dç la duché-pairie de
Valentinois, qui leur donnait entrée au Parlement de
Paris. C'est à ce titre que le prince de Monaco Ho-
noréV, prédécesseur de Florestan Ier, asiégéjusqu'à
sa mort dans notre Chambre des Pairs. Pendant le
cours de notre révolution, la principauté de Mo-
naco avait été incorporée à la France; elle en fut
détachée en 1814 par le traité de Paris « qui la re-
plaça dans les rapports où elle se trouvait avant
le 1er janvier 1792», c'est-à-dire sous la protec-
tion de la France. Mais en 1815 il fut décidé « que
les rapports rétablis en 1814 entre la France et la
principauté de Monaco cesseraient à perpétuité et
qu'ils existeraient entre cette principauté et le roh
de Sardâigne. » La principauté de Monaco fut
aiosi placée sous la protection des rois de Sac-
daigne, qui dès ce moment eurent le droit de tenir
une .garnison dans la capitale et peut-être aussi
dans les autres parties de la principauté. Cette com-
binaison se maintint jusqu'au mois de mars 1848.
A cette époque Menton et Roquebrune firent t
aussi leur révolution par un mouvement spontané
et unanime elles se déclarèrent indépendantes, mais
en se maintenant sous la protection du roi de Sar-
daigne. La ville de Monaco, occupée par une gar-
nison composée de troupes sardes, resta seule
fidèle à soa souverain. Depuis, le gouvernement
piémontais, provoqué par le vote des deux commu-
nes afin de les incorporer à ses provinces, a
présenté à la Chambre des Députés un projet
de loi que la Chambre a adopté en ces termes:
« Les communes de Menton et de Roquebrune se-
» ront dorénavant gouvernées comme les autres
» parties de l'Etat et comme en faisant partie inté-
» grante. » Ce projet de loi n'a pas encore reçu
la sanction du Sénat. Il est certain qu'il y a une
atteinte grave portée aux droits du prince de Mo-
naco; un fait considérable, il est vrai, a renversé
la souveraineté de ce prince; mais un tel fait suf-
fit-il pour fonder un nouveau droit et pour le sub-
stituer à un droit préexistant?
De, tels faits deviennent souvent l'originë*85BfB
certain droit, nous ne le nions pas, car à quoi
servirait-il de le nier? mais c'est à la condition que
ces faits soient confirmés et développés par un con-
cours de circonstances successives et admis par
une sorte de consentement général. C'est ainsi que
la Belgique, par sa séparation d'avec là Hollande,
est devenue, après beaucoup d'efforts, un Etat
régulier et indépendant contre lequel aucune vo-
lonté ne pourrait prévaloir aujourd'hui. En 1848,
si nous ne nous trompons, il y eut dans quelques
unes des provinces que l'Autriche possède en
Italie un mouvement analogue à celui qui s'était
accompli à Menton et à Roquebrune. Les popu-
lations avaient demandé leur réunion au Pié-
mont, et le Piémont s'était empressé d'accé-
der à leur vœu; il s'ensuivit une guerre, et,
dans le premier moment, l'Autriche faisait au Pié-
mont des offres très avantageuses que celui-ci re-
poussa cependant. La bataille de -Novarre en dé-
cida l'Autriche recouvra ses provinces; mais si le
sort des armes lui eut été contraire, le Piémont ne
posséderait il pas aujourd'hui à juste titre une
bonne portion des Etats lombards et peut-être
de l'Etat* de Venise? Reste à savoir, en ce qui con-
cerne les droits de souveraineté du prince de Mo-
naco sur les villes de Menton de Roquebrune, s'il
existe un ensemble de circonstances suffisant pour
rendre son expropriation définitive.
On n'en saurait douter, les événemens de 1848
ont eu des conséquences dont il est impossible de
ne pas tenir compte. Depuis six ans, les princes
de Monaco n'avaient fait aucune tentative pour
rentrer dans la possession de leurs villes insurgées
et pour y rétablir leur autorité ils se sont bornés
à de simples protestations. Les puissances euro-
péennes n'ont fait entendre aucune protestation
pendant plus de quatre années, et ce n'est qu'en
décembre 1852 que la Prusse et l'Angleterre ont
réclamé contre les actes du gouvernement sarde
qui avait enveloppé Menton, Roquebrune et leur
territoire dans ses lignes de douanes. Le gou-
vernement français a fait plus ceux qui gouver-
naient Menton et Roquebrune ayant demandé l'ad-
mission de leur drapeau dans nos ports, cette fa-
veur leur a été accordée, et ils en jouissent depuis
six ans. Toutcela, il ne faut pas se le dissimuler,
a affaibli dans une certaine mesure le droit pri-
mitif des princes de Monaco. Si nous sommes bien
informés, le gouvernement du Piémont leur a fait
offrir une indemnité qui serait le prix de l'abandon
de leurs droits; et des négociations ont été ouver-
tes par la voie d'un intermédiaire puissant.' Ces-
négociations, les princes de Monaco ne ne les ont
point absolument repoussées; aux propositions
qu'on leur a faites et qu'ils n'ont pas jugées accep-
table, ils ont répondu par d'autres propositions
sur lesquelles la discussion a pu s'établit'. Ces né-
gociations ont -elles été rompues? Nous ne le
croyons pas. La transaction est donc toujours pos-
sible, et c'est.peut-être dans un semblable moyen
qu'on trouverait une solution heureuse de la ques-
tion et probablement la seule praticable.
Depuis six années il s'est formé à Menton d'au-
tres habitudes, il s'y est créé d'autres intérêts que
le temps développe et fortifie incessamment; déjà
on peut croire que le rétablissement de l'ancienne
autorité y serait fort difficile; la question ne pour-
rait se résoudre que par l'intervention active des
puissances européennes qui ont signé les traités
de 1814 et de 181S, car c'est bien de l'exécu-
tion de ces traités qu'il s'agit. Or qui voudrait
compter sur une semblable intervention ? En ce
cas, peut-on faire autre chose que d'en finir
au moyen d'une indemnité dont la nature et l'im-
portance pourraient être fixées par des arbitres ?
Nous faisons des vœux pour que des deux côtés on
se prête à ce moyen de conciliation qui pourrait
satisfaire à tous les intérêts.
C'est pour cela que nous n'attachons pas un
grand prix à savoir exactement ce qui s'est passé à
Menton si le duc de Valentinois était attendu
pour se mettre à la tète dlun mouvement popu-
laire, ou si c'est malgré lui que la démonstration
a eu lieu. Là n'est pas la question, à notre avis. Si
le duc de Valentinois a réellement tenté une entre-
prise en se présentant au milieu d'une ville dont
il est convaincu qu'il n'a pas cessé d'être le légitime
souverain, personne ne peut l'en blâme^; mais
l'entreprise a échoué devant le mauvais vouloir de
la population; on peut le croire du moins d'après
une déclaration du duc de Valentinois lui-même,
que nous trouvons dans les journaux du Piémont,
et qui est ainsi conçue
« Je me plais à reconnaître que.le maréchal des lo-
» gis Tordo, commandant la station des carabiniers
» royaux à Menton, a montré aujourd'hui dans l'exer-
» cice de ses fonctions,un grand dévouement pour la
» conservation de ma personne.
» Menton, le 6 avril l8Si.
» Charles, prince héréditaire de Monaco. »
Cet échec est une circonstance qui rend de plus
en plus nécessaire le succès de la transaction déjà
proposée le moment est bon pour reprendre les
négociations, elles sont dans l'intérêt de tout le
monde.
Nous ne dirons plus qu'un mot le duc de Va-
lentinois a été arrêté dans la ville de Menton et
conduit prisonnier à Villefranche par ordre de l'in-
tendant général dé Nice, et sa détention a duré
deux ou trois jours. Ceci est de trop le procédé
des autorités sardes est sans excuse; c'est une
violation flagrante du droit et des convenances
contre laquelle on ne saurait trop protester. Et il
semble que le gouvernement piémontais en a jugé
ainsi, puisqu'il s'est empressé d'ordonner la mise
en liberté du prince aussitôt qu'il a été informé des
véritables causes de son arrestation. j ALLOCBY.
LOYIâ ALLODRY.
L'Amérique du Sud a aussi sa question orien-
tale, mais celle-là ne soulèvera pas de, tempêtes
quatre mille hommes suffiront à la régler. Les jour-
naux et les lettres qu'apporte le dernier paquebot
du Brésil nous donnent des détails précis sur cette
nouvelle péripétie de l'éternel imbroglio* qui-' se
joue sur les bords de la Plata.
La cirçuJaiKe.xdasjninJstre des affaire^ étrangères^
du Brésil, que le Journal des Débuts a publiée,
exposait les raisons qui obligeaient le gouverne-
ment impérial à intervenir dans les affaires inté-
rieures de l'Etat oriental. Cette intervention n'a été
ai provoquée ni désirée à Rio-Janeiro, et ce qui
permet de croire en ce point aux déclarations de
la circulaire, c'est ce fait qu'une première fois
sollicité instamment d'intervenir par l'ancien Pré-
sident Girô, le gouvernement impérial a fait la
sourde oreille. Ce n'est que lorsque, après une
révolution accomplie, le nouveau chef dù gouver-
nement montévidéen, le colonel .Florès, a repro-
duit avec non moins d'insistance la même de-
mande, que le cabinet brésilien, expressément lié
par le traité du 12 octobre s'est décidé à
admettre l'intervention en principe.
M. José Amaral, qui a géré pendant quelque
temps la légation brésilienne à Paris, fut envoyé à
Montevideo comme ministre plénipotentiaire. Les
deux partis qui s'entre-déchirent habituellement
les blancs et les rouges, furent unanimes pour sa-
luer sa venue avec enthousiasme. Le gouverne-
ment surtout raccueillit'ttomme un sauveur. Toutes
les caisses publiques étaient vides pas un employé
n'était payé depuis plusieurs mois la république
mourait de faim, et M. Amaral arrivait les mains
pleines, grâce à un large subside que les Chambres
du Brésil avaient voté ayant de se séparer, en..laiê-
sant, quant à l'usage à en faire, carte blanche au
ministère. Conformément à ses instructions,
M. Amaral pourvut généreusement au plus pressé
50,000 piastres furent versées par lui dans les
caisses du gouvernement de Montevideo, qui put
faire face aux dépenses les plus urgentes.
Cet à-compte donné immédiatement sur le sub-
side était un premier service; mais il y avait une
autre mesure à prendre pour garantir à l'Etat orien-
tal cette sécurité intérieure sans laquelle les; plus
beaux pays dumonde marchent rapidement à leur
ruine. Lé colonel Florès n'hésita pas à remplir le
devoir que les circonstances-lui imposaient: Par
dépèche du 8 février dernier, il demanda officiel-
lement à M. Amaral l'entrée sur le territoire orién-
tal d'une division brésilienne de 4,000 soldats, en
exécution des traités existans. Autorisé par son
gouvernement, M.^Amaral accéda à cette demande.
Il fut stipulé que la division entrerait dans le cou-
rant du mois de mars et qu'elle se retirerait aussi-
tôt que le gouvernement de Montevideo aurait dé-
claré que sa présence n'était plus nécessaire.
Ces stipulations n'avaient pas encore été offi-
ciellement publiées à Montevideo lors du départ
du dernier paquebot, mais la nouvelle de l'arrange-
ment était connue et elle avait produit un excel-
lent effet les nationaux et les étrangers y applau-
dissaient avec une égalé ardeur, et nous lisons
dans le Comercio de la Plata que l' espérance de
voir arriver les troupes brésiliennes avait redonné
quelque vie aux transactions commerciales qui re-
prendraient leur ancien élan quand l'intervention
serait un fait accompli.
A l'ombre de ces mesures les passions s'étaient
un peu calmées, et les élections générales s'étaient
faites pacifiquement. L'Assemblée aurait dû se ré-
unir le 1er mars pour procéder, aux termes du dé-
cret qui la convoque, à la révision de la Constitu-
tion. Mais les "nouveaux élus n'étaient pas tous
rendus à leur poste, et l'installation officielle du
pouvoir législatif était retardée de quelques jours.
Bien que l'élection ait donné une grande majo-
rité au parti rouge, il ne paraît pas qu'on soit bien
d'accord ni sur là marche à suivre, ni sur le Pré-
sident définitif à élire. Revisera-t-on ou non de la
Constitution ? Procédera-t-on par la voie consti-
tuante avec une seule Assemblée, ou par la voie
législative avec deux Chambres ? Telles sont les
questions que discutent à perte de vue les feuilles
que nous avons sous les yeux, et sur lesquelles
nous n'aurions assurément nul goût revenir. Les
républicains de l'Uruguay sont parfaitement libres
de s'ébattre, par voie de contrefaçon, dans le
champ des dissertations théoriques; mais ce qui
importe à ce malheureux pays et au commerce
européen, qui y a ses intérêts engagés, c'est qu'il
ne dépende plus de quelques centaines de noirs
indisciplinés de trancher les questions, en jetant
le gouvernement a bas. C'est à cela que pourvoit
l'intervention du Brésil, et c'est pour cela qu'elle
est extrêmement populaire dans l'Etat oriental.
Quant au Président définitif à élire, les voix pa-
raissent devoir se diviser entre trois candidats le
colonel Florès, gouverneur provisoire; D. Luiz
Lamas, ministre de la république de l'Uruguay près
le gouvernement du Brésil, et Joaquim Suarès,
Président de Montevideo pendant le siège.
A Buenos-Ayres, la nouvelle de la prochaine
entrée des troupes brésiliennes dans l'Uruguay
avait été bien accueillie. Le gouvernement et l'o-
pinion publique^ assurés par expérience de la
loyauté des intentions de la cour de Rio, ne
voyaient dans l'intervention rien qui ne fùt la
stricte exécution des traités auxquels les provinces
argentines ont concouru, et ne concevaient au-
cunë espèce d'alarme pour l'indépendance de PE-
tat oriental.
La situation de la Confédération argentine était
toujours la même. Buenos-Ayres était toujours
séparée des treize provinces confédérées, qui ve-
naient de nommer- Urquiza pour directeur défini-
tif mais au moment même où cette nomination
était proclamée, et où on la célébrait par des fêtes,
on répandait un bruit étrange que nous recueillons
dans le Comèfcio de la Plata. On assurait, au dire
de cette feuille, que le général Urquiza avait hau-
tement annoncé son intention de résigner ses fonc-
tions et de rentrer dans la vie privée, pour ne pas
être un'obstacle' à la rentrée de la province de
Buenos-Ayres dans le sein de la Confédération
argentine. Les exemples d'abnégation personnelle
sont trop rares dans l'histoire des républiques Sud-
Américaines pour que ce fait ne nous trouve pas
parfaitement incrédules, jusqu'à confirmation.
Au Brésil, la politique chômait, mais les affaires
étaient actives et prospères. Toutes les forces du
pays se portent vers les améliorations agricoles,
iadustrielles et commerciales. La suppression de
la traite, due à l'énergique volonté de l'empereur,
n'a pas seulement satisfait aux saintes lois dej'ùu-
ffianité elle a arraché le Brésil à ses vieilles rou-
tines, .et donné un incroyable élan à toutes les en-
tréprises qui doivent contribuer à développer les
richesses naturelles de ce vaste empire. On ne
parle d'un bout du Brésil à l'autre que de rivières
à canaliser, de routes à créer, de chemins de fer à
construire. Tout le monde met la main à l'œuvre
l'Etat,' par l'impulsion qu'il donne et par des sub-
ventions sagement calculées; les provinces, heu-
reusement décentralisées, par les études prépara-
toires qu'elles font faire et par les sacrifices qu'elles
s'imposent; les particuliers enfin, organisés en
Compagnies, par une rapide et intelligente exécu-
tion des travaux. Partout où l'œuvre de civilisation
s'accomplit, la France a son rôle, et déjà bo$,
nombre de nos ingénieurs ont mis leurs talens au
service des capitaux brésiliens. Chaque jour res-
serre davantage les liens qui unissent notre pays à
ces populations Sud-Américaines attirées vers nous
par la communauté d'origine et de religion.
Peu de jours avant le départ du paquebot, on
célébrait à Rio les obsèques du conseiller d'Etat
sénateur D. José Clemente Pereira. Toutes les au-
torités, tout le corps diplomatique, la ville entière,
assistaient à cette pieuse cérémonie. Ce n'était pas
cependant à l'homme éminent qui avait honora-
blement rempli de hautes fonctions publiques que
ces hommages empressés étaient accordés et la
présence, au milieudu cortège, de nos saintes Sœurs
de charité donnait un caractère particulier et sai-
sissant à ces témoignages de la reconnaissance de
tous. M. Clemente Pereira, tout en remplissant
religieusement ses devoirs politiques, s'était voué,
avec une ardeur qui dépassait ses forces physiques,
à l'administration d'un vaste établissement de cha-
rité qui porte le nom de Maison de la Miséricorde.
Ce qu'il avait accompli de miracles pour accroître
les ressources de cet établissement et pour rendre
efficaces les secours qu'il distribue aux pauvres et
aux malades de tous pays et de toutes couleurs ne
saurait s'imaginer, et jamais, au dire des Brésiliens"
qui ne prononcent ce nom de Clémente qu'avec
un profond respect, l'art de la charité n'a été" aussi
ingénieux et aussi fécond. La dernière mesure de
ce vénérable administrateur a été l'introduction au
Brésil de nos Sœurs do Saint-Vincent de Paule,
arrivées à Rio au plus fort du choléra, et au sujet
desquelles il écrivait à Paris « Ce ne sont pas des
femmes que vous m'avez envoyées, ce sont des
anges!-» •
L'empereur don Pedro il a pris, à la mort de
M. Clemente Pereira deux mesures qui donnent
une idée des nobles sentimens et du tact exquis de
ce jeune prince. Par un premier décret, la veuve
de M. Clemente a été nommée comtesse de Pie-
dade par une autre décision adressée à l'inten-
dant de sa maison impériale don Pedro II a or-
donné qu'une statue fut élevée à ses frais à l'il-
lustre défunt et placée dans la principale salle de
la-maison de la Miséricorde, en face de celle de
l'empereur lui-même. &• «m*"».
On lit dans le Wanderer de Vienne tlu 20 avril
« On nous écrit de Bucharest, en date du 14, que
les Turcs continuent leurs travaux de fortifications
près de Nicopoli, ce -qui donnerait lieu dé supposer
qu'ils veulent passer le Danube. A ftalafat aussi on
fait des préparatifs pour prendre l'offensive. Le 10,
des troupes anglo-françaises sont arrivées à Varna. On n
écrit d'Ibraïla: que les troupes russes qui ont passé le
Danube sont déjà remplacées par d'autres qui se sont
établies dans un camp. Les autorités russes ont reçu
l'instruction de faire un bon accueil aux sujets grecs
renvoyés de la Turquie. On ne croit pas que les Russes
continuent leurs opérations avant les Pâques grecques,
le 27 ou le 28 avril. »
L'Ost-Deutsche-Post du 20 avril contient ce qui
suit
« Les Russes doivent passer le Danube au-dessous de
Giurgevo pour prendre d'assaut Roustehouck. Ils se
proposent aussi de traverser le fleuve près de Rassova.
Les deux rives sont occupées sur ce point par quatre
divisions d'infanterie, deux de cavalerie et deux d'ar-
tillerie, le 3e et le,4ecorps avec 18 batteries et brigades
de siége. Le prince Paskéwitscû assistera, dit-on; au
passage. La flottille du Danube secondera l'opération,
Les positions de Kalarasch et de Giurgevo seront in-
spectées par le prince Paskéwitsch. »
On écrit de Semlin, le 20 avril, à la Presse
« Le vladika de Monténégro a publié une proclama-
tion pour prêcher la guerre religieuse contre les Turcs.
6,000 volontaires se sont déjà enrôlés. Le moment de
l'attaque n'est pas encore fixé.
On écrit d'Odessa, le 12 avril, à là Pressé de
Vienne
« Les vais3eauxde guerre anglo-français, après s'être
retirés jusqu'à la hauteur d'Akhermann, ont paru de-
puis quelques jours en plus grand nombre devant
notre port. Il y a quatre vaisseaux de ligne, sept fré-
gates et deux petits bâtimens croisant à dix milles de-
vant le port. Il parait qu'il ne s'agit en ce moment que
d'un blocus. La ville d'Odessa est d'ailleurs résignée à
tout »
On lit dans la Gazette de Spener, de Berlin, du
22- avril •
« Le Bureau de correspondance contient ce qui suit
« Les ouvertures que les gouvernemens de Fracce et
d'Angletefrô ont fait faire car \çur,s ambassadeurs sur
la position de la'Pruase vis-à-vis des parties beHigfr
rantes dans la guerre d'Orient, et que la "pressé étran-
gère a désignées sous le titre d'un ultimatum viennent
de recevoir une réponse. La communication a eu
lieu, dit-on par une dépêche du ministre des affaires
étrangères de France.
» Nous apprenons que la réponse répète cette idée,
que la Prusse croit qu'il est de son intérêt de se réser-
ver une parfaite liberté d'action, et ajoute que sa po-
sition dans la question d'Orient est suffisamment in-
diquée par la part qu'elle a prise au protocole' de
Vienne. On assure que le ministre de Russie à Vienne
a donné des explications satisfaisantes sur certaines
violations du territoire serbe par les troupes russes.
Il les a représentées comme n'étant que des transgres-
sions d'ordres commises par quelques commandans
de troupes. »
On écrit de Berlin
« L'envoyé d'Autriche, baron de Hess, a insisté auprès
de sa cour sur la nécessité de presser avec énergie le
cabinet de Berlin de mettre fin à ses hésitations, et en
effet hier le traité d'alliance offensive et défensive a
été signé sans qu'on y ait inséré une clause qui aurait
engagé d'avance l'Autriche pour quelque éventualité
ou qui aurait été favorable à la Russie.
» La stipulation principale du traité porte que les
deux hautes parties contractantes se garantissent ré-
ciproquement leurs possessions allemandés ou non
allemandes, et s'engagent à se prêter secours dans le
cas où l'une d'elles serait attaquée. La seconde sti-
pulation porte que les. deux puissances s'engagent à
agir toujours en commun et d'après une entente réci-
proque vis-à-vis des autres pays.
» Cette stipulation lie pour ainsi dire les mains aux
deux parties contractantes. Il y a dans le traité une
annexe de treize articles séparés qui déterminent le
secours que les deux puissances pourraient être appe-
lées à se prêter réciproquement, ainsi que le mode de
ce secours.
» On a fixé un délai de quatre semaines pour la ra-
tification. Dès que le traité aura été ratifié, il sera
communiqué aux autres gouvernemens de l'Allema-
gne, pour les inviter à y accéder.
» Le baron de Hess est parti hier soir, après avoir
pris congé du roi.
» On dit que trois articles secrets ont été ajoutés au
traité. » (Correspondance Havas.)
Le Moniteur publie ce matin quatre décrets por-
fant: ?.
1° Promulgation de la convention conclue le
22 août 1852 entre la France et la Belgique, pour
la garantie réciproque de la propriété des œuvres
d'esprit et d'art;
2° Promulgation de la convention commerciale
conclue le 22 août 1852 entre la France et la Bel-
gique;
5° Promulgation de l'article additionnel aux
conventions conclues le 22 août 1852 entre la
France et la Belgique, .̃
4° Promulgation du traité de commerce conclu
le 27 février 1854 entre la France et la Belgique.
Le Moniteur publie en outre les deux décrets
suivans
Décret impérial portant rati/kalion et promulgation de
la déclaration signée, le 12 avril 18S4, entre la France
et la Belgique, pour la garantie réciproque de la pro-
priété des œuvres d'esprit et d'art.
NAPOLÉON, etc.
Ayant vu et examiné la déclaration signée, le 12 du présent t
mois d'avril, par nolre'envoyé extraordinaire et ministre plé-
nipotentiaire à Bruxelles et le plénipotentiaire de S. M. le roi
des Belges, et les deux gouvernemens contractans ayant ap-
prouvé cette déclaralipn, dont la teneur suit
Ul'ciiABlTIOX,
Au moment "de procéder à l'échange des ratifications de la
convention littéraire conclue entre les deux pays le 22 août
1852, les plénipotentiaires soussignés sont convenus que
leurs gouvernemens respectifs prendront les mesures néces-
saires pour interdire l'entrée sur leurs territoires des ouvra-
gés que des éditeurs français ou belges auraient acquis le
droit de réimprimer, avec la réserve que ces réimpressions
ne seraient autorisées que pour la vente en France ou en
Bejgique et sur des marchés tiers. Les ouvrages auxquels
cette disposition sera applicable devront porter sur leurs titre
et couverture les mots édition interdite en Belgique (en
France), et autorisée pour la France (la Belgique) et l'étranger.
Fait a Bruxelles, en double original, le 12 avril 1854.
(L. S.) Signé a. raiihot.
(L. S.) Signé II. DK Bnul'CIiEBE.
Nous' avons décrété et décrétons
Art. 1er. La susdite déclaration est ratifiée et recevra sa
pleine et entière exécution.
Art. 2. Notre ministre secrétaire d'Etat au département des
affaires étrangères est chargé de l'exécution du présent dé-
cret.
Fait à Paris, le 13 avril *854.
HAPOLKOH.
Parl'Empereur:
Le ministre des affaires étrangères,
Signé DRO1IYN DE 1HCIS,
Vu et scellé du sceau de l'Etat
Le garde des sceaux, ministre de la justice,
Signé audaïicci.
NAPOLÉON, etc.,
Vu la disposition de l'art. 2 de la convention Commerciale
conclue le 22 août 18R2 entre la France et la Belgique, por-
tant qu'une taxe spécifique au poids, combinée avec la fi-
nesse, à fixer d'après la base de 25 pour 100 ad valorem, sera
substituée, pour les étoffes à panlalon et les tissus dits co-
tonnettes, importés de Belgique en France, à la prohibition
qui existe actuellement
Vu la déclaration échangée le même jour, laquelle porte
qu'une commission mixte sera chargée de déterminer la
quotité des droits spécifiques a établir sur les tissus dont il
s'agit;
Vu les procès-verbaux de ladite commission mixte qui s'est
réunie à Paris en décembre 1853
Vu les ratifications échangées le 12 avril présent mois,
Avons décrété et décrétons ce qui suit
Art. ler.Les droits d'entrée sur les cotonéttes et étoffes k
pantalons, à leur importation de Belgique en France par les
frontières de lene et par mer, sont fixés ainsi qu'il suit
Cotoniiettes présentant, en moins de 15 fils. 1 25
chaîne, dans l'espace de 51 15 flls et plus.: 2 25
millimètres: 1 15 fils et plus. 2 25
I En coton pur, présen- 30 fils 1 »
tam en moyenne, en
chaîne et en trame
Etoffes à dans l'espace de 10
panta- .millimètres plus de 30 fils, i 50 i^y
Ions, En coton mélangé de 40 fils. 1 25
croisées lirç, présentant en
oa moyenne, en chaîne
façon- et en trame, dans
nées. PespaGe de 10 milli-
mètres plus de 40 fils. 2 50
En coton mélangé de laine, sans dis-
tinction du degré de finesse 150'
Art. 2. Ne seront admis en France aux droits déterminés
par l'art. Ier que les tissus fabriqués avec des fils belges.
Les étoffes à pantalons en coton et laine ne seront ad-
mises que lorsque la chaîne sera de pur coton et la trame
mélangée de coton et de laine les étoffes ayant la trame en
"pure laine demeurent, assujetties aux conditions du tarif
général..
Dans le compte des fils pour la classification des étoffes à
pantalons, les fils qui ne sont pas simples compteront pour
autant de fils qu'il y aura de bouts réunis pour en composer
un seul.
Toutefois cette disposition n'est pas applicable aux fils re-
tors de la chaîne, en tant que ces fils ne sont retors qu'à deux
bouts,
Une sera admis l'importation que des pièces de tissus
'lisses ou croisés ayant leurs deux lisières, et l'importateur
des étoffes à pantalons devra déclarer le nombre de fils en
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