Titre : L'Ère nouvelle
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-12-29
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327684871
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 décembre 1920 29 décembre 1920
Description : 1920/12/29 (A2,N368). 1920/12/29 (A2,N368).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4467768k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, GR FOL-LC2-6469
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/01/2019
MERCREDI 29 DECEMBRE 1920
BUREAUX:
Paris : 24, Ruo Taitbout.
Tcléph. : Bergère 36-07, 3(M>3, 36-69.
Adresse télégraphique : Ernouvet
EDITORIAL,
UNE OUTRE DÉGONFLÉE
; v Le Bloc national vient de lancer, à
1 occasion des élections sénatoriales, un ap*
pel qui ressemble étrangement à un cri de
détresse. Nous voici loin des fanfares
triomphales du 16 novembre.
•Tout d abord, c’est un long gémissement
Sur les dangers qui menacent la France à
1 extérieur et à 1 intérieur. On se lamente
sur les périls que font courir à la Républi
que les monarchistes et les bolcheviks, sur
les difficultés financières, la crise des chan
ges, les gaspillages, la crise commerciale,
les erreurs de l'administration et les faibles
ses gouvernementales. Bref, rien ne va plus.
Mais, direz-vous, c’est là un aveu, et un
mea culpa. Qui est responsable de la crise
financière, sociale, économique, administra
tive, sinon ceux qui détiennent le pouvoir
décris plus d un an ? Qui est responsable
dtu u îaiblesses n du gouvernement, sinon
la majorité dont il émane, et qui le sou
tient ?
Cette remarque s’impose tellement, que
le Bloc national éprouve le besoin d’y ré
pondre. « Il en a fait, dit-il, justice par
avance, lorsqu’on novembre 1919, il est allé
devant le pays qui, l’ayant entendu, lui »
donné la victoire. » L’argument est admira
ble. A ceux qui lui demandent compte de
sa gestion, il répond ce qu’il a fait quand il
n’avait encore rien à gérer. A ceux qui lui
. reprochent d avoir abusé de leur confiance,
il répond en constatant qu’il l’a obtenue.
U C est la première fois, sans doute, qu’on
voit un banqueroutier se justifier en rappe-
i lant ses promesses et en soulignant la cré-
idulité de ses créanciers.
Mais ce n’est pas tout. Le Bloc national
•dénonce maintenant « les fautes commises
dans la préparation et l’exécution du
traité ». Il insiste, en déclarant que « les
réalités de la paix ne compensent pas les
sacrifices consentis à la défense de la pa
trie ». Après avoir chassé M. Clemenceau,
son grand électeur, voici maintenant qu’il
l’accable, avec un raffinement d'ingrati
tude. Cette ingratitude s’aggrave, d’ailleurs,
d’une singulière inconscience. Il a fait toute
[sa campagne en injuriant quiconque ne se
i prosternait pas devant M. Clemenceau, re-
; tour de Versailles, comme devant un Moïse
Irevenu du Sinaï. Le traité de paix était
sacro-saint. Ce serait vraiment trop com
mode que de pouvoir s’attribuer maintenant
le mérite de la clairvoyance, après avoir
spéculé sur l’aveuglement. Heureusement,
si le Bloc national a la mémoire courte, les
électeurs se souviennent, comme ils l’ont
prouvé dans les consultations récentes.
Ils auront d’ailleurs besoin de toute leur
mémoire, car le Bloc national est devenu
méconnaissable. Après avoir fait siennes les
critiques des démocrates, il essaie de s’ap
proprier quelques-unes de leurs solutions —
tout en restant assez dans le vague pour
pouvoir renier une fois de plus ses promes
ses, si par impossible il réussissait encore à
duper les électeurs.
Au moment où je prenais connaissance
de ce manifeste, je venais de relire le dis
cours que le bon maître Anatole France
prononçait le 20 avril 1902, à la Ligue des
droits de l’homme. Les nationalistes, ancê
tres du Bloc national, se sentaient égale
raient perdus ils avaient la même attitude ;
n ayant pu triompher des républicains, ils
s essayaient déjà à prendre leur visage.
« Il en est, disait France, de radicaux pour
les électeurs radicaux, de socialistes pour
les électeurs socialistes.., En cherchant
bien, on découvrirait des candidats qui se
disent impérialistes nationalistes républi
cains, et des candidats qui se disent monar
chistes nationalistes républicains. » Et il
ajoutait : « En entendant leur nouveau lan
gage, en voyant leurs mines hypocrites, on
est tenté de leur dire, comme Sganarelle à
son maître : « Messieurs, je vous aimais
« mieux comme vous étiez avant. » Et, de
fait, ils étaient moins déplaisants quand ils
brandissaient leur vieille rapière rouillée,
qu’ils ne le sont aujourd’hui en soufflant
dans la flûte de 'Üuillot. Mais qu’ils se
montrent rodonnants ou papelards.,, ce sont
les mêmes gens, et leur cœur n’a pas
changé. »
Ces paroles, vieilles d’il y a dix-huit
ans. n’ont rien perdu de leur actualité. Au-
jourd hui comme alors, nous voyons « les
candidats qui défilent, doux, bénins, miel
leux, onctueux et menus, menus, menus,
pour se couler par la fente des boîtes élec
torales ». Ils n’y réussiront pas davantage.
Quel meilleur aveu en effet du terrain
perdu, que cet essai de métamorphose ? Le
Bloc national craque de toutes parts, et
c est en vain que les purs des purs, les Àra-
goins, tentent de le rapetasser .Déjà les rats
quittent le navire.
Mais,^ au fait, a-t-il jamais existé ? Coa-
’ition d appétits et de craintes, sans pro
gramme, sans idéal, il a pu être un instant
le signe de ralliement de tous les égoïsmes,
de toutes les réactions. Il n’a jamais été,
d n est pas un parti, une personne morale.
C est si vrai que ce manifeste n'est même
pas signé. Il restera la plus grande mystifi
cation du siècle, quelque chose comme le
coffre-fort de Mine Humbert. Et ce sera la
stupéfaction de 1 avenir que la France, au
lendemain d une victoire si noblement con
quise, ait pu choir un instant dans un si
grossier traquenard.
Yvon DELBOS.
r< 3° La réforme administrative en vue de
libérer les individus, les communes, les dé
partements des ingérences abusives et do
désavouer la candidature officielle;
« 4° L’institution des assurances sociales
et le développement des organisations pro
fessionnelle®;
« 5° La reconstitution des régions libé
rées affranchies des entraves de la bureau
cratie ;
« 6° La suppression des réglementation
qui nuisent à la production agricole et au
développement du commerce et de l’indus
trie. »
On conviendra que ce programme, s’il n’a
pas le mérite do la nouveauté, vaut tout
de même par quelques-uns de ses para
graphes.
Qui donc pouvait soupçonner que M.
Arago s’élèverait « au-dessus des*manœu
vres intéressées qui ont marqué la fin de la
séance du 22 décembre », puisque lesdites
manœuvres étaient exécutées par ses amis?
Et qui donc aussi aurait cru que les Ara
go in s protesteraient contre cette « candi
dature officielle », qu’ils affimèrent à cette
même séance en applaudissant Je discours
du pasteur Soulier I
Mais il est, vrai que If. Arago et le Bloc
national qu’il représente si bien n’en sont
plus à une contradiction près.
LE CONGRÈS SOCIALISTE DE TOURS
La paie œioa esl certaine
CLARA ZETKIN, DELEGUEE DES
BOLCHEVIKS, ARRIVE SANS
PASSEPORTS, ET DECLARE
QUE MOSCOU NE VEUT,
PAS DE LONGUET
Tours, 28 décembre. — De notre envoyé
spécial :
La discussion sur la III 6 Internationale se
termine. Ce soir, un coup de théâtre : l’arrivée
subite de Clara Zetkin a failli dénouer bruta
lement la crise qui agite le parti socialiste.
Blum disait hier qu'il n’irait pas à la III e In
ternationale. Clara Zetkin est venue affirmer
que Moscou répudiait Sembat et Longuet.
Frossard a adouci les angles de la déclaration
intransigeante que Clara Zetkin, membre du
Comité exécutif de la III e Internationale, a
faite au nom des dictateurs de la Russie.
Frossard lui-même, donc, n'a pas suivi les
ordres de Zinovicff en ne désavouant pas im
médiatement Longuet. Il sera blâmé par Mos
cou- Du moins aura-t-il essayé de conserver
les reconstructeurs ! Mais après les déclarations
de Clara Zetkin, ces derniers accepteront-ils
de demeurer dans un parti où on les ferait pas
ser par l’escalier de service?
Longuet a pris la parole ce soir assez tard.
Bien qu il n ait pas terminé, sa conclusion n’est
pas douteuse : il n’ira pas à Moscou. Les
partisans de Blum partiront : c’est définitif.
Que feront Longuet et Frossard? L’adhésion
à la III e Internationale est certaine ; la grande
scission aussi. — A. D.
AU CROUPE PE L’ENTENTE
M. Arago a trouvé un programme
Nous avons dit dernièrement que la dis
corde grondait au camp des Aragoins.
Mais nous ajoutions que M. Arago allait
tenter l’impossible pour empêcher une scis
sion qui paraissait fatale.
C’est ce qu’il a fait hier, aidé principale
ment par son ami Bonncvay. Au cours de
deux réunions que tint le groupe de l’En
tente. l’un et Vautre en effet firent com
prendre à leurs collègues qu’ils devaient
paraître unis plus que. jamais, à la veille
des élections sénatoriales.
Naturellement, les Aragoins acquiescè
rent. Voilà donc la séparation remise à
plus tard.
Pour bien prouver même qu’ils restaient
complètement d’accord, les 70 membres pré
sents (on sait que le groupe en compte près
de 180) pensèrent à établir les grandes li-
è;nes do leur programme d’action poli
tique.
Mieux vaut tard que jamais.
Et voici l’ordre du jour qu’ils votèrent:
« Le groupe de l’Entente républicaine dé
mocratique, s’élevant au-dessus des manœu
vres intéressées qui ont marqué la fin de la
séance du 12 décembre et qui tendaient à
briser l’union nationale républicaine et so
ciale plus que jamais nécessaire, décide de
porter particulièrement son activité parle
mentaire au cours do la prochaine session
sur :
« 1° La compression rigoureuse des dé
penses publiques en plein accord avec la
commission des finances ;
« 2° La réduction des charges militaires
conciliables avec la sécurité du pays et la
stricte exécution du traité de Versailles;
L'entente des Gauches
dans le Gers
L’assemblée générale du comité radical
d’Auch, après intervention de MM. Gar-
dey, président du Conseil général, Duprom
et Leygues, vice-présidents, et Philip* séna
teur. a décidé d’organiser, sur la base des
comités communaux et cantonaux, un bloc
des gauches dans le département.
Lire dans ce numéro :
EN 2° PAGE :
— La Chambre.
EN 3 a PAGE :
— L'Entente et le désarmement de l’Alle
magne.
EN 4° PAGE :
— La crise du lait, par Paul Messier.
EN 5* PAGE :
— La sociologie dans les écoles normalt»
d'instituteurs.
— £es citccti[s de la C. G. T«
IX O T BS
Pudibonderie
f La censure n’est pas supprimée. Elle
s’exerce sur le cinématographe.
Sa dernière condamnation frappe un film
intitulé : la Brute, sous prétexte d’immora*
lité.
Je n’ai jamais vu un film aussi moral. Je
vous en fais juge :
Dans un château, au milieu des bois, un
jeune poète futuriste essaye de consoler la
femme d un hobereau qui passe ses jour
nées à la chasse. Le mari surprend le jou
venceau dans la chambre conjugale. Le fre
luquet s’évanouit. Le Nemrod trompé et pas
content forme le dessein de jeter par la fe
nêtre à ses chiens courants le coquebin. Il se
met en demeure de réaliser son projet; mais,
ayant mal calculé son coup, c’est lui qui
glisse et tombe dans le chenil. C’est la fin
d’une brute.
La morale de cette fable est qu’il ne faul
jamais attenter à la vie d’autrui. C’est bien
Votre avis ?
Théodore Steeg, ayant appris qu*on don
nait ce spectacle, fut indigné dans son âme,
et interdit de le représenter devant les ci
toyens.
Diable! Si vous allez — ce qui est uné
façon de parler, je ne vous le conseille pas
— à la Comédie-Française, vous verrez des
assassinais, des vols, des adultères, des in
cestes, voire même des indélicatesses qui
sont l’objet principal du théâtre classique„
Corneille et Racine égorgent à chaque acte
des innocents ; Molière ridiculise le mari
confiant et le père gardien de l’honneur de
sa fille; il exalte la vertu de l’épouse Volage.
Sur toutes les scènes du boulevard et des
Champs-Elysées, de semblables exercices
d’immoralité sont offerts aux familles pour
vues de billets Quinson.
Il faudrait fermer tous les théâtres, et sur
tout les subventionnés, qui ne vivent que crimes cl de délits froidement perpétrés pa(
les grands auteurs à succès.
Laissons les gens prendre leur plaisir ol
ils le trouvent.
Georges PONSOT.
Le coopératisme
chez les intellectuels
LES PRESSES UNIVERSITAIRES
DE FRANCE
A temps nouveaux, moyens d’action nou
veaux. L Ere Nouvelle a déjà annonce que
les sociétés scientifiques et intellectuelles fran
çaises ont senti le danger terrible que la situa
tion économique actuéïïe faisait courir à notre
culture.
Les hausses constantes du papier et de l'im
primerie rendent la fabrication des périodiques
et des ouvrages de faible tirage à peu près
impossible. Or, c’est le cas pour la plupart des
livres et revues qui constituent toute notre haute
culture.
Ce danger a poussé nos grands groupements
universitaires à constituer, sous la forme coopé
rative, une Société d’impression et d’édftion,
POUR L’EDITION DES OUVRAGES
D’ENSEIGNEMENT
*— Cette Société, nous déclare-t-on au siègd
social provisoire, 9, avenue de l’Opéra, e*
une affaire commerciale, mais d’un caractère
particulier : le gain, en effet, n’y aura pour
but que de faciliter la production scientifique
elle-même et de la répandre pour le plus grand
bien du pays.
« Des difficultés analogues à celles que nous
éprouvons et des préoccupations de même ordre
ont conduit d’autres pays à des conceptions voi
sines. En Suisse, un projet de coopérative est
à 1 étude à Genève; en Belgigue, des méde
cins et des savants ont formé, il y a environ ui
BUREAUX:
Paris : 24, Ruo Taitbout.
Tcléph. : Bergère 36-07, 3(M>3, 36-69.
Adresse télégraphique : Ernouvet
EDITORIAL,
UNE OUTRE DÉGONFLÉE
; v Le Bloc national vient de lancer, à
1 occasion des élections sénatoriales, un ap*
pel qui ressemble étrangement à un cri de
détresse. Nous voici loin des fanfares
triomphales du 16 novembre.
•Tout d abord, c’est un long gémissement
Sur les dangers qui menacent la France à
1 extérieur et à 1 intérieur. On se lamente
sur les périls que font courir à la Républi
que les monarchistes et les bolcheviks, sur
les difficultés financières, la crise des chan
ges, les gaspillages, la crise commerciale,
les erreurs de l'administration et les faibles
ses gouvernementales. Bref, rien ne va plus.
Mais, direz-vous, c’est là un aveu, et un
mea culpa. Qui est responsable de la crise
financière, sociale, économique, administra
tive, sinon ceux qui détiennent le pouvoir
décris plus d un an ? Qui est responsable
dtu u îaiblesses n du gouvernement, sinon
la majorité dont il émane, et qui le sou
tient ?
Cette remarque s’impose tellement, que
le Bloc national éprouve le besoin d’y ré
pondre. « Il en a fait, dit-il, justice par
avance, lorsqu’on novembre 1919, il est allé
devant le pays qui, l’ayant entendu, lui »
donné la victoire. » L’argument est admira
ble. A ceux qui lui demandent compte de
sa gestion, il répond ce qu’il a fait quand il
n’avait encore rien à gérer. A ceux qui lui
. reprochent d avoir abusé de leur confiance,
il répond en constatant qu’il l’a obtenue.
U C est la première fois, sans doute, qu’on
voit un banqueroutier se justifier en rappe-
i lant ses promesses et en soulignant la cré-
idulité de ses créanciers.
Mais ce n’est pas tout. Le Bloc national
•dénonce maintenant « les fautes commises
dans la préparation et l’exécution du
traité ». Il insiste, en déclarant que « les
réalités de la paix ne compensent pas les
sacrifices consentis à la défense de la pa
trie ». Après avoir chassé M. Clemenceau,
son grand électeur, voici maintenant qu’il
l’accable, avec un raffinement d'ingrati
tude. Cette ingratitude s’aggrave, d’ailleurs,
d’une singulière inconscience. Il a fait toute
[sa campagne en injuriant quiconque ne se
i prosternait pas devant M. Clemenceau, re-
; tour de Versailles, comme devant un Moïse
Irevenu du Sinaï. Le traité de paix était
sacro-saint. Ce serait vraiment trop com
mode que de pouvoir s’attribuer maintenant
le mérite de la clairvoyance, après avoir
spéculé sur l’aveuglement. Heureusement,
si le Bloc national a la mémoire courte, les
électeurs se souviennent, comme ils l’ont
prouvé dans les consultations récentes.
Ils auront d’ailleurs besoin de toute leur
mémoire, car le Bloc national est devenu
méconnaissable. Après avoir fait siennes les
critiques des démocrates, il essaie de s’ap
proprier quelques-unes de leurs solutions —
tout en restant assez dans le vague pour
pouvoir renier une fois de plus ses promes
ses, si par impossible il réussissait encore à
duper les électeurs.
Au moment où je prenais connaissance
de ce manifeste, je venais de relire le dis
cours que le bon maître Anatole France
prononçait le 20 avril 1902, à la Ligue des
droits de l’homme. Les nationalistes, ancê
tres du Bloc national, se sentaient égale
raient perdus ils avaient la même attitude ;
n ayant pu triompher des républicains, ils
s essayaient déjà à prendre leur visage.
« Il en est, disait France, de radicaux pour
les électeurs radicaux, de socialistes pour
les électeurs socialistes.., En cherchant
bien, on découvrirait des candidats qui se
disent impérialistes nationalistes républi
cains, et des candidats qui se disent monar
chistes nationalistes républicains. » Et il
ajoutait : « En entendant leur nouveau lan
gage, en voyant leurs mines hypocrites, on
est tenté de leur dire, comme Sganarelle à
son maître : « Messieurs, je vous aimais
« mieux comme vous étiez avant. » Et, de
fait, ils étaient moins déplaisants quand ils
brandissaient leur vieille rapière rouillée,
qu’ils ne le sont aujourd’hui en soufflant
dans la flûte de 'Üuillot. Mais qu’ils se
montrent rodonnants ou papelards.,, ce sont
les mêmes gens, et leur cœur n’a pas
changé. »
Ces paroles, vieilles d’il y a dix-huit
ans. n’ont rien perdu de leur actualité. Au-
jourd hui comme alors, nous voyons « les
candidats qui défilent, doux, bénins, miel
leux, onctueux et menus, menus, menus,
pour se couler par la fente des boîtes élec
torales ». Ils n’y réussiront pas davantage.
Quel meilleur aveu en effet du terrain
perdu, que cet essai de métamorphose ? Le
Bloc national craque de toutes parts, et
c est en vain que les purs des purs, les Àra-
goins, tentent de le rapetasser .Déjà les rats
quittent le navire.
Mais,^ au fait, a-t-il jamais existé ? Coa-
’ition d appétits et de craintes, sans pro
gramme, sans idéal, il a pu être un instant
le signe de ralliement de tous les égoïsmes,
de toutes les réactions. Il n’a jamais été,
d n est pas un parti, une personne morale.
C est si vrai que ce manifeste n'est même
pas signé. Il restera la plus grande mystifi
cation du siècle, quelque chose comme le
coffre-fort de Mine Humbert. Et ce sera la
stupéfaction de 1 avenir que la France, au
lendemain d une victoire si noblement con
quise, ait pu choir un instant dans un si
grossier traquenard.
Yvon DELBOS.
r< 3° La réforme administrative en vue de
libérer les individus, les communes, les dé
partements des ingérences abusives et do
désavouer la candidature officielle;
« 4° L’institution des assurances sociales
et le développement des organisations pro
fessionnelle®;
« 5° La reconstitution des régions libé
rées affranchies des entraves de la bureau
cratie ;
« 6° La suppression des réglementation
qui nuisent à la production agricole et au
développement du commerce et de l’indus
trie. »
On conviendra que ce programme, s’il n’a
pas le mérite do la nouveauté, vaut tout
de même par quelques-uns de ses para
graphes.
Qui donc pouvait soupçonner que M.
Arago s’élèverait « au-dessus des*manœu
vres intéressées qui ont marqué la fin de la
séance du 22 décembre », puisque lesdites
manœuvres étaient exécutées par ses amis?
Et qui donc aussi aurait cru que les Ara
go in s protesteraient contre cette « candi
dature officielle », qu’ils affimèrent à cette
même séance en applaudissant Je discours
du pasteur Soulier I
Mais il est, vrai que If. Arago et le Bloc
national qu’il représente si bien n’en sont
plus à une contradiction près.
LE CONGRÈS SOCIALISTE DE TOURS
La paie œioa esl certaine
CLARA ZETKIN, DELEGUEE DES
BOLCHEVIKS, ARRIVE SANS
PASSEPORTS, ET DECLARE
QUE MOSCOU NE VEUT,
PAS DE LONGUET
Tours, 28 décembre. — De notre envoyé
spécial :
La discussion sur la III 6 Internationale se
termine. Ce soir, un coup de théâtre : l’arrivée
subite de Clara Zetkin a failli dénouer bruta
lement la crise qui agite le parti socialiste.
Blum disait hier qu'il n’irait pas à la III e In
ternationale. Clara Zetkin est venue affirmer
que Moscou répudiait Sembat et Longuet.
Frossard a adouci les angles de la déclaration
intransigeante que Clara Zetkin, membre du
Comité exécutif de la III e Internationale, a
faite au nom des dictateurs de la Russie.
Frossard lui-même, donc, n'a pas suivi les
ordres de Zinovicff en ne désavouant pas im
médiatement Longuet. Il sera blâmé par Mos
cou- Du moins aura-t-il essayé de conserver
les reconstructeurs ! Mais après les déclarations
de Clara Zetkin, ces derniers accepteront-ils
de demeurer dans un parti où on les ferait pas
ser par l’escalier de service?
Longuet a pris la parole ce soir assez tard.
Bien qu il n ait pas terminé, sa conclusion n’est
pas douteuse : il n’ira pas à Moscou. Les
partisans de Blum partiront : c’est définitif.
Que feront Longuet et Frossard? L’adhésion
à la III e Internationale est certaine ; la grande
scission aussi. — A. D.
AU CROUPE PE L’ENTENTE
M. Arago a trouvé un programme
Nous avons dit dernièrement que la dis
corde grondait au camp des Aragoins.
Mais nous ajoutions que M. Arago allait
tenter l’impossible pour empêcher une scis
sion qui paraissait fatale.
C’est ce qu’il a fait hier, aidé principale
ment par son ami Bonncvay. Au cours de
deux réunions que tint le groupe de l’En
tente. l’un et Vautre en effet firent com
prendre à leurs collègues qu’ils devaient
paraître unis plus que. jamais, à la veille
des élections sénatoriales.
Naturellement, les Aragoins acquiescè
rent. Voilà donc la séparation remise à
plus tard.
Pour bien prouver même qu’ils restaient
complètement d’accord, les 70 membres pré
sents (on sait que le groupe en compte près
de 180) pensèrent à établir les grandes li-
è;nes do leur programme d’action poli
tique.
Mieux vaut tard que jamais.
Et voici l’ordre du jour qu’ils votèrent:
« Le groupe de l’Entente républicaine dé
mocratique, s’élevant au-dessus des manœu
vres intéressées qui ont marqué la fin de la
séance du 12 décembre et qui tendaient à
briser l’union nationale républicaine et so
ciale plus que jamais nécessaire, décide de
porter particulièrement son activité parle
mentaire au cours do la prochaine session
sur :
« 1° La compression rigoureuse des dé
penses publiques en plein accord avec la
commission des finances ;
« 2° La réduction des charges militaires
conciliables avec la sécurité du pays et la
stricte exécution du traité de Versailles;
L'entente des Gauches
dans le Gers
L’assemblée générale du comité radical
d’Auch, après intervention de MM. Gar-
dey, président du Conseil général, Duprom
et Leygues, vice-présidents, et Philip* séna
teur. a décidé d’organiser, sur la base des
comités communaux et cantonaux, un bloc
des gauches dans le département.
Lire dans ce numéro :
EN 2° PAGE :
— La Chambre.
EN 3 a PAGE :
— L'Entente et le désarmement de l’Alle
magne.
EN 4° PAGE :
— La crise du lait, par Paul Messier.
EN 5* PAGE :
— La sociologie dans les écoles normalt»
d'instituteurs.
— £es citccti[s de la C. G. T«
IX O T BS
Pudibonderie
f La censure n’est pas supprimée. Elle
s’exerce sur le cinématographe.
Sa dernière condamnation frappe un film
intitulé : la Brute, sous prétexte d’immora*
lité.
Je n’ai jamais vu un film aussi moral. Je
vous en fais juge :
Dans un château, au milieu des bois, un
jeune poète futuriste essaye de consoler la
femme d un hobereau qui passe ses jour
nées à la chasse. Le mari surprend le jou
venceau dans la chambre conjugale. Le fre
luquet s’évanouit. Le Nemrod trompé et pas
content forme le dessein de jeter par la fe
nêtre à ses chiens courants le coquebin. Il se
met en demeure de réaliser son projet; mais,
ayant mal calculé son coup, c’est lui qui
glisse et tombe dans le chenil. C’est la fin
d’une brute.
La morale de cette fable est qu’il ne faul
jamais attenter à la vie d’autrui. C’est bien
Votre avis ?
Théodore Steeg, ayant appris qu*on don
nait ce spectacle, fut indigné dans son âme,
et interdit de le représenter devant les ci
toyens.
Diable! Si vous allez — ce qui est uné
façon de parler, je ne vous le conseille pas
— à la Comédie-Française, vous verrez des
assassinais, des vols, des adultères, des in
cestes, voire même des indélicatesses qui
sont l’objet principal du théâtre classique„
Corneille et Racine égorgent à chaque acte
des innocents ; Molière ridiculise le mari
confiant et le père gardien de l’honneur de
sa fille; il exalte la vertu de l’épouse Volage.
Sur toutes les scènes du boulevard et des
Champs-Elysées, de semblables exercices
d’immoralité sont offerts aux familles pour
vues de billets Quinson.
Il faudrait fermer tous les théâtres, et sur
tout les subventionnés, qui ne vivent que crimes cl de délits froidement perpétrés pa(
les grands auteurs à succès.
Laissons les gens prendre leur plaisir ol
ils le trouvent.
Georges PONSOT.
Le coopératisme
chez les intellectuels
LES PRESSES UNIVERSITAIRES
DE FRANCE
A temps nouveaux, moyens d’action nou
veaux. L Ere Nouvelle a déjà annonce que
les sociétés scientifiques et intellectuelles fran
çaises ont senti le danger terrible que la situa
tion économique actuéïïe faisait courir à notre
culture.
Les hausses constantes du papier et de l'im
primerie rendent la fabrication des périodiques
et des ouvrages de faible tirage à peu près
impossible. Or, c’est le cas pour la plupart des
livres et revues qui constituent toute notre haute
culture.
Ce danger a poussé nos grands groupements
universitaires à constituer, sous la forme coopé
rative, une Société d’impression et d’édftion,
POUR L’EDITION DES OUVRAGES
D’ENSEIGNEMENT
*— Cette Société, nous déclare-t-on au siègd
social provisoire, 9, avenue de l’Opéra, e*
une affaire commerciale, mais d’un caractère
particulier : le gain, en effet, n’y aura pour
but que de faciliter la production scientifique
elle-même et de la répandre pour le plus grand
bien du pays.
« Des difficultés analogues à celles que nous
éprouvons et des préoccupations de même ordre
ont conduit d’autres pays à des conceptions voi
sines. En Suisse, un projet de coopérative est
à 1 étude à Genève; en Belgigue, des méde
cins et des savants ont formé, il y a environ ui
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