Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1836-10-23
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34448033b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 octobre 1836 23 octobre 1836
Description : 1836/10/23 (Numéro 103). 1836/10/23 (Numéro 103).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k426822v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
i~iï pour Paris eUM départements, un an, 40 &. Pour six mo:s, 22 fr. Pom L-OM mots~, i2ir.
DIMANCHE ~2~ÔC~
Il
A~nONCEs Xfr.~pOc.Mtns~
On tes rqcolt t~
onxhureaux d~~gï~~
et RUE DE LA JUSSiËi~))
ANNEE 1836.–N" 103.
Les ABONNEMENTS datent
des i et 15 du trto:s.
On s'aboùue à Paris~
~UE SAMT GEORGES, 16.
ÉTRANGES. 1
AUTRICHE.y IEME, 10 octobre~
Voici, d'après te youniat f~~e?:)~, tes titres de l'empereur d'Autriche,
têts qu'ils viennent d'être fixés pour le gouvernement actuel
;.< Ferdinand I", par ta grâce de Dieu, empereur d'Autriche, roi de
Hongrie et de Bohème V" de ce nom roi de Lombardie et de Venise, de
Datmatie, Croatie, Esctavonie, Gaticie Lodomerie et d'Illyrie; roi de Jéru-
fatem, etc., archiduc d'Autriche, grand-duc de Toscane, duc de Lorraine, de
Satzbourg, de Styrie, de Carinthie, d'Ukraine; grand-prince de Transylvanie;
margraf de Moravie; duc de la haute et basse Silésie, de Modène, Parme,
Plaisance et Guastalla, d'Auschwitz et Zator de Steschen, Frioul, Raguze et
J!ara; comte souverain de Hapsbourg, du Tyrol, de Ribourg, Gortz et Gra-
diska prince de Trente et Brienne; margraf de la haute et basse Lusace et
''dans l'Istrie; comte de Hohenements, Feldkirch, Bregemz, Sounemberg, etc.;
oigneur deTrieste, de Cattaro et de la marche des Vendes. »
DEUX-StCtLES.–NApLES, 6 Octobre.
Le cordon sanitaire établi pour les provinces de ta mer Adriatique ne sumt
)as. On aaboti la quarantaine pour les navires venant de Marseille. Par suite
itabtissement ont été arrêtes comme complices du projet de vot. Les Calabrais
les Siciiiens ont accueilli -avec la plus complète indifférence des proctama-
fons incendiaires répandues sur les eûtes et envoies deMatte. Le nom d'un
tersonnage illustré avait été employé, mais sans sanction de celui qui porte
'enom.
A l'appui de ces nouvettes vient le post-criptum d'une lettre adressée de
Genève à ta GaxeMe de FtYttief; es p~st-scriptum est ainsi conçu
On écrit de Florence qu'une réyûiution a éclaté à Palerme, et qu'on y a
proclamé roi le prince de Capoue. »
GRANDE-BRETAGNE.–LOKDRES, 30 octobre.
Tous les hommes de conscience s'élèvent avec force contre les indignes ma-
ioeuvres auxquelles a donné lieu ie non-paiement des dividendes espagnols. Il
!st certain que quelques personnes avaient été prévenues d'avance de ce qui
.tevait arriver, et qu'ettes ont propagé des bruits favorabtes au paiement. Ces
agents auront à expliquer ta nature des instructions qui leur ont été adressées
e pubtic a le Hroit de t'exiger. Les amis de M. Mendizabal persistent à soute-
tir que cette combinaison n'émane pas de lui. Est-il probable, demande un
tournât anglais, que la maison Ricardo se soit prêtée à une telle déception, et
:n ait volontairement encouru la responsabilité? On dit que M. Ricardo n'é-
tait pas en ville samedi, à la neuyeUe de l'arrivée, et qu'il n'a pu aviser à ce
~'U fallait faire. Cette réponse ne satisfait personne.
Le bruit a couru dans la Cité qu'une somme de 50,000 liv. st. avait été
envoyée a Londres pour le paiement des dividendes espagnols la vérité est
que la somme envoyée n'excède pas 5,000 tiv. st elle est destinée à faire face
aux engagements pris par Ie~ agents anglais vis-a-vis du commissariat espa-
gnol.
On lit dans )e ~orm~ Foxt.- Nous recevons à l'instant la nouvelle sui-
vante de Madrid, et nous n'avons que te temps d'ajouter que la source d'où
nous ta tenons ne nous permerit pas de ta révoquer en doute La reine ré-
gente a écrit à son frère, tui exprimant ses regrets de la part prise par ette au
changement de l'ordre de succession qu'elle a été jusqu'alors sous l'empire de
'la contrainte, mais qu'e[)e est décidée à profiter de la première occasion pour s'é-
chapper de l'Espagne.
On a reçu des nouvelles du cotonet Chesney, en date de Bassorah, du 15
juin; elles énoncent .que t'expédition de t'Euphrate était arrivée dans cette
ptace. Le colonel espérait recevoir, le 9 juillet, tamaltedes Indes et remonter
avec elle la rivière..
POLOGNE.–CRACOYIE. w
Tous les voyageurs qui arrivent de ce pays s'accordent à en dëp)orer!a si-
tuation le commerce tanguit, ettes populations sont découragées; pourtant
le commerce s'eubrcc de ranimer t'un et de.satisfaire tes autres. Cracovie pré-
sente l'aspect le plus triste; les habitants se louent des procédés de la garnison
autrichienne, malgré l'échec que ressent leur orgueil de la présence de trou-
pes étrangères. Les objets de consommation sont à vit prix, et la stagnation
du commerce accroit la misère publiques
PRUSSE.–Ber)in,iS octobre.
La GaM«ed'Bta<~e PrM~e dément les détails relatifs aune collision ré-
tente eBtre les chrétiens et les juifs de Posen. Tout s'est borné, d'après la
Ga:e:naires du blessé ont saisi te cocher, que des chrétiens ont voulu défendre
mais la présence d'un servent de ville et d'un gendarme a rétabli l'ordre.
TURQUIE. CoNSTÀNTtNOFLE, 29 septembre.
Le sMtan poursuit le cours des réformes qui changent toutes les institu-
tions de l'empire ottoman. L'armée et surtout les mUices yont'etre augmentées;
ce dernier corps vient d'être soumis à un règlement calqué sur l'organisation
militaire de l'Europe. Une revue des mi)ices de plusieurs sandjakats, passée
paf S. H., a provoqué des récompenses et un ordre du jour des plus Satteurs.
Il parait que l'empire sera divisé en grandes préfectures, administrées par six
gouverneurs-généraux et autant de lieutenants-généraux les premiers auront le
titre de muscMr, et nommeront les officiers civils.-Depuis plusieurs jours, on
rencontre dans les promenades des femmes turques, lés odalisques du harem im-
périal: tes Musutmans, loin de paraître charmés de cette innovation, s'éteignent a
l'approche de ces femmes.–Lesktephtes du pachalikdeTrikala-Emiret de La-
rissa eont soumis.–L'imprimerie,impériale a publié une grammaire arabe, et le
.Mom(eM)' ottomat! signale t'état ûorissant de la littérature en Orient. En présence
FEUILLETON.
GUIDE DU PROPRIETAIRE
').
DES BIENS SOUMIS AU METAYAGE;
Par M. de Gasparin, pair de ~ance, 7nNous devons dire que nous avons été fort surpris, et d'une manière
très agréable pour tfos.gWû.ts e~pour nos habitudes, lorsqu'on nous met-
tant en devoir de lire.un/trauS'd~agriculture, nous avons rencontré dès
la première page un très beau traite d'histoire. Nous nous laissons donc
aller à ces impressions inattendues, et, sans nous donner te loisir d'ap-
précier dans toutes leurs matières les deux volumes de mémoires qu'a pu-
bliés récemment M. de Gasparinsurl'agriculture etsurl~conomie rurale,
nous avons hâte d'arriver à son traité des biens soumis au métayage,
d'expliquer l'énorme difficulté qu'il y avait à exécuter ce travail, et de
montrer la grande quantité de vues excellentes qui s'y trouvent réunies,
discutées et élevées à favaleur'de système historique.
Peu de gens s'imaginent la difficulté qu'il y a à composer, d'un point
de vue historique, un traité de la culture des terres. Un pareil travail
suppose achevées une foute de recherches qui ne sont pas seulement
organisées, et résolues une' foule de questions qui ne sont pas seule-
ment posées. Si l'on voulait procéder à la façon des historiens du dix-
huitième siècle, qui commençaient par suppos.er ce qu'ils appelaient l'é-
tat de nature, et qui partaient de là pour élever hypothèses sur hypo-
thèses, jusqu'à ce qu'ils eussentbâti une théorie sans faits, plus ou moins
~gique dans ses transitions et plus ou moins bien liée dans son ensem-
ble, on pourrait s'en tirer encore sans trop d'embarras; et si l'on avait lu
une histoire que M. Alexandre Delaborde croit avoir écrite de la Muni-
cipalité de Paris, et qui entre en matière de cette façon « Les hommes
'durent éprouver de bonne heure le besoi'n de vivre en municipalités";
on pourrait commencer ainsi t'histoirede ta culture des terres: «Les
hommes éprouvèrent de bonne heure le besoin de mettre des métayers
sur leurs domaines et puis, passant de là à Caton qui cite le contrat
de métayage, on se trouverait lancé en plein dans son sujet. Ce n'est pas
de ce mouvement à la superficie., ouvrage de la volonté d'un seul homme, on
est tente de s'enquérir s'il y aura durée ctprospsrité dans les réformes du I
sultan !\fahmoud. Ces reformes rcheont.rent.eUes des sympathies dans le cœur
des poputations? jctteront-f;Hes des racines vivaces dans !e sof Dépend il
d'un souverain de changer en un jour des habitudes, des préjugés, des mœurs
et des lois qui remontent a piusieurs siècles, s'appuyant d'un côte sur une re-
ligion qui date de l'an 622, de l'autre sur un empire fonde par )a conquête en
1455. –Un seul établissement échappe aux doutes que nous exprimons, c'est
le lazaret qui vient d'être créé dans t'Ue de Rhodes voilà )e premier démenti
donné par le gouvernement ottoman à cet absurde dogme du fatatismë qui fai-
sait croiser les bras et négliger toute précaution devant tes visites périodiques
de la peste. A cet égard, le sultan ne risque rien en cherchant à détruire l'in-
fluence du mot terribie c'était écrit, si Hmuuer aux pieux Musuimass.
FRANCE.
PARis,23oetobre.
CAUSES MORALES ET MATËRtELLES ~j.
'nESCMSES.FS~ANCIERES., :i'
?'7-M'~em<
I! s'agit, comme on,voit, noi! seulement de rendre lesdésastres.plus
rares, mais de r~Œf les désastres inévitables sur un plus grand noM-
bre d'intérêts, en. rendant cb.a~ueaf~tiotmaire solidai~, ~P%u\"n'* ~t~~
part, de plus ou moins d'industrie. Alors les industriels aussi hé seraient
plus sacrifiés sans retour par une débàcle; ils ne seraient compromis que
comme actionnaires principaux de t'entreprise, à raison de !eur gérance.
Enfin comme les gérans seraient désormais seuls juges des dangers, ta
grande, l'aveugle et fâcheuse afnuence des individus étrangers aux spé-
culations commerciales et ignorants de rëtat réel des affaires, aurait fait
place à ta prévoyance d'un petit nombre d'hommes spéciaux, et simplifie,
au grand profiJ: de tous, le mécanisme industriel aujourd'hui si compli-
qné et si confus; l'on n'entendrait plus à tout propos des .MHM-peMt
universels dans i'armée des producteurs et des commerçants.
Cete/)'ecroMeme/!tdes fonds de mêmes capitalistes dans les entre-
prises établirait en outre une.solidarité "générate plus directe entre eux
et toutes les industries, qui ramènerait le calme partout et ferait passer
du moins les mauvais jours dans les meilleurs conditions possibles.
Les émeutes et les bourrasques politiques auraient beaucoup moins de
puissance pour ébranter le crédit commercia!, et si comme on n'en peut
douter, le succès était au bout de cette combinaison généralisée ce se-
rait un remède efficace à l'~g;o~ge et à toutes ses détestables suites.
Des embarras compliqués où le crédit irrégulier jette communément
les industricfs tour-à-tour, il résulte non seulement la possibilité, mais la
nécessité et la permanence de l'M~Mr~. Le capitaliste se rapproche d'au-
tant plus de l'usurier, qu'it voit moins de sécurité~dans les affaires, qu'il
y a pfus de débâcles, et de crises car ces crises et ce discrédit font'qu'il
y a toujours pour un certain nombre d'industriels avantage d'emprunter
à tous prix, et pour tes préteurs, tout danger a courir même en don-
nant teurs fonds à un prix exorbitant.
L'usure ne serait pas possible si le crédit était permanent, si )es fonds
des capitalistes trouvaient avantage à se c~~er car ce qui fait l'usure, ce
n'est pas la mauvaise foi qu'on présume dans l'emprunteur, c'est )a mau-
vaise chance qu'il court à titre de commerçant c'est l'opinion que l'in-
dustrie est.une sorte de loterie on redoute les crises et les tictimes
qu'elles font.
La muttiplication des sociétés par actions aurait les mêmes bons effets
dans l'industrie que les &a~xà /o/ig<6rme l'ont eu dans l'agriculture la
mesure serait parfaitement analogue.
Par les baux à long terme, le fermier a tEOuvé intérêt personnel à bo-
nifier la terre et a amétiorer toutes fes valeurs afcessoircs qui lui étaient.
données en bail; il n'a pas craint les dépenses premières pour apptiquer
les procédés nouveaux de culture, etc. La production, par conséquent, a
été plus grande, et ça été une augmentation de richesse acquise pour te
pays; finalement, le propriétaire s'est trouvé avoir un bien d'une valeur
double ou triple après 9 ou 16 ans; les bonnes années ensuite ont pu
compenser les mauvaises pour le fermier, qui a toujours fini par payer
son fermage; enfin tous les deux, le fermier et le propriétaire, ont obte-
nu en somme et plus de sécurité et plus de profit.
Nous n'avons pas besoin d'achever la comparaison en produisant les
avantages analogues des actions dans l'industrie ils sont évidents pour
tousiesyeux.
i) y a donc à réaliser une nouvelle sorte d'a.MM'tMcem~M~/c, dont les
avantages, pour être z'n~'rec~, n'en seront pas moins réels que dans les
autres départements des vicissitudes humaines.
Toujours es.t-il que l'industrie, qui présuppose tant de stabilité et de
prévoyance, n'aura ni l'une ni l'autre tant qu'elle ne pourra obtenir que
des capitaux flottants, aujourd'hui donnés, demain repris ou menacés de
l'être.
D'après tout ce qui précède, il est évident que le gouvernement a !e
plus grand intérêt à favoriser ces classements de capitaux, et par consé-
quent la formation des sociétés par actions. Il y trouverait un appui et
une sécurité non moins grande que dans l'emploi des moyens préventifs
oucaercitifs.
Et ici surgissent des considérations bien.graves qu'il est difficile d'é-
(t) Voir la Précèdes 21 et 22 octobre.
ainsi qu'a fait M. de Gasparin, et c'est pour cela que nous avons lu son
travail, non seulement avec plaisir, mais encore avec fruit.
La première chose qui a frappé M. de Gasparin, c'est la diversité des mo-
des, de culture selon les divers pays et selon les diverses époques histori-
ques. Tantôt, il trouve tes terres cultivées directement par te proprié-
taire, à t'aide d'esclaves plus ou moins nombreux; tantôt, eiies sontcut-
tivées, non plus par le propriétaire, mais sous ses yeux, et par des mé-
tayers, c'est-à-direpar des fermiers qui paient leur ferme annuellement et
et en nature; tanfôt, elles sont cultivées sans la participation même in-
directe du propriétaire, et par des fermiers, qui paient un taux moyen
de ferme, en argent, et quel quesoit d'ailleurs le revenu de l'année; tan-
tôt, enfin elfes sont cultivées par le propriétaire à l'aide de travaiUeurs
propriétaires eux-mêmes mais soumis à une corvée durant un certain
nombre de jours~ certaines époques de l'année..
Une fois ces divers modes de culture exposés, M. de Gasparin cherche à
se rendre compte de leurs causes également diverses, et c'est là que com-
mence la difficulté, une diffieutté vraiment sérieuse.
Il ne s'agit de rien moins en effet que de Thistoire des races esclaves et
des races libres, et des diverses circonstances qui ont produit ou accom-
pagné chez les peuples occidentaux l'émancipation des esclaves. Les mo-
des de culture des terres sont autant de rapports établis entre les races li-
bres qui fournissent les propriétaires, et les races esclaves qui fournis-
sent les travaiifeurs et selon que ces modes de culture varient, avec
eux varient constamment la manière d'être réciproque des possesseurs
et des prolétaires C'est !â assurément un des plus beaux sujets d'histoi-
re à traiter; M. de Gasparin~a apporté, dans la partie qu'if en a faite,
une sagacité fort rare, qui honore un homme qui~n'a pas fait de l'érudi-
tion une carrière, et qui honorerait force savants qui ont fait de l'his-
toire un métier.
Nous voudrions bien entrer dans l'exposé et dans !adis(ussion des di-
verspnints de vue rassembles par M. dcGasparin pour expliquer l'histoire
du métayage; nous aimons mieux, pou:' éviter de revenir plusieurs fois
sur les mêmes idées, esquisser nous-mèmes cette histoire, en rappelant
successivement les opimonsdeM.deGasparin. Ce n'estpas,u s'en faut, que e
puiser et' même d'exprimer, d'une manière satisfaisante dans quelques
cofonneg..
Que dans les désordres et les angoisses d'une société qui s'ébran!e jus-
que dans ses croyances et dans ses mœurs pu que la guerre balaie de sa
mitraille, les ateliers viennent à chômer et les relations à s'interrompre
que beaucoup d'intérêts soient compromis, on le conçoit, et c'est une fata-
lité pour la société qui serait ta mieux réglée d'ordinaire. mais quêta
constitution du travail et des intérêts soit tellement ma) affermie que les
capitaux se donnent et se reprennent, que les sources de richesse s'épan-
chent et se resserrent et centuplent tes .desastres ou tes enfantent sous ta
toute gratuite influence de la peur, à l'occasion d'une faillite individuette
qui se déclare à Londres, à Hambourg ou à Philadelphie; que toutes tes
vues et tous les intérêts se troublent au moindre caprice qui passera dans
ta tète d'un don Carlos ou d'un don Miguel, à la moindre velléité d'é-
meute dans ta population de Lisbonne ou de Paris. Les journalistes.
pourront expliquer fort à leur aise que les désastres gagnent ici et là,
partout, comme le choc et sa répercussion, comme le cri et son retentis-
sement ils pourront, partant de ce point, montrer fort bien que ce qui
arrive devait arriver toujours est-il que ce sera le signe d'une indicible
incurie, d':une monstruosité économique et sociale, et ta preuve que nos
sociétés, gonflées de leurs progrès sont à peine à Taurdre de ce que teur
conçoit l'imagination ta plus positive.industrie et le commerce qui re-
posent sur des rotations si délicates à former, ne paraissent pas pouvoir
.résister long-temps encore à l'envahissement dont les menacent tous les
~ct~n.ents de désordre qui, jusqu'ici, ont concentré leur action à ravager .a
1 entendement et les cœurs de conceptions, soyez-en sûis,i~ passentet
passeront davantage chaque jour en volontés et en actes. Nos hommes
d'état eux-mêmes sans doute en ont le présage. Les intérêts matériels
n'y résisteront pas s'ils ne font alliance avec un pouvoir bien intentionné
qui protège les innovations que l'industrie tentera pour se renouer etse
/-<'eo7~o.M; pour sortir de ce labyrinthe de la concurrence infiniment pe-
tite etconfuse.
Et nous supposerions difficilement que te pouvoir fût assez peu pré-
voyant pour ne pas prendte son point d'appui le plus solide dans ce pa-
tronage, car nous le répétons, s'il est un remède approprié au mal et aux
malades aujourd'hui, ce sont les sociétés par actions prises et menées
d'unevuehaute.
Ces socié~és, en effet, recomposent les intérêts et les efforts, puisque
tout enconcentrantles richesses comme instruments de travail, elles ica
laissent en partage à un très grand nombre en tant qu'objet de posses-
sion et de jouissance. Elles sont donc un moyen d'ordre populaire, un
agent de prospérité, d'affranchissement et d'harmonie pour tous ceux qui
ne craindront pas de coopérer au bien en y rattachant leur avenir.
C~ui, les sociétés par actions sont le seul procédé d'association applica-
ble à notre époque; oui, elles sont destinées à transformer en peu de'
temps, si elles sont bien comprises par les capitalistes, toute la physio-
nomie et les habitudes de l'industrie et du commerce, bien mieux que
tes banques d'escompte et que tous les autres systèmes de banques pro-
posés jusqu'ici par les économistes, lesquels n'offriraient que de minces
résultats si l'on n'avait les sociétés par actions pour bases de crédit.
Aussi ne s'arrêtcront-ellcs pas aux seules entreprises de la haute in-
dustrie aux compagnies de chemin de fer, de canaux, etc. L'industrie,
df second ordre, aujourd'hui par trop morcelée est également appelée
à jouir des avantages qu'elles présentent. Autant il y a de centres indus-
triels qui remplissent une fonction nécessaire et vraiment économique
dans le mécanisme général de la production et de la distribution des ri-
chesses autant il en est qui comportent, un développement assez grand
pour permettre l'application des procédés nouveaux, autant il y aura
lieu à la transformation en sociétés par actions.
'L'agriculture aussi, on le pense bien, devra une nouvelle impulsion à
ce mode d'assocfation. Déjà même on a des. précédents heureux dans.
cet ordre plusieurs propriétés étendues sont aujourd'hui exploitées, en
France par des hommes spéciaux avec ta participation de bon nombre
d'actionnaires.
Déjà les premiers imprimeurs de Paris ont imité celui d'entre eux qui
avait adopté ce mode et par là, non seulement plus d'intérêts sont deve-
nus solidaires des destinées de l'imprimerie, mais il y a eu Téunion de
plusieurs imprimeries en une seule, et par conséquent diminution de con-
currence. Cette vertu des sociétés par actions de restreindre ta concur-
rence à un moindre nombre de têtes est certainement des plus salu-
.taires.
En effet, ta concurrence, plus elle est pratiquée par un grand nombre
d'individus isolés, c'est-à-dire dont tes intérêts sont o/~met l'industrie dans les conditions des mécomptes des mauvais projets
plus les probabilités sont au gaspillage de temps et de force, aux banque-
routes, aux crises financières enfin.
Or, la concurrence, qui aux yeux de nos publicistes n'est poussée t) op
loin qu'en Angleterre, est pourtant arrivée parmi nous à une télé exa-
gération que dès qu'une nouvelle industrie apparaît, à peine si quelques-
uns, venus les premiers, ont le temps d'y réussir on se hâte et l'on s'y
lancs de toutes parts. Une affaire, bonne un instant pour quelques-uns,
devient mauvaise pour un très grand nombre. Les moins ~~(c'est-à-
dire les plus ~ro<7.f ou ceux qui ont le triste privilège de pouvoir per-
dre d'avantage) y succombent. Nous en avons un exempte tout récent:
L'industrie des impressions sur laine a pris naissance il y a quatre ans
les premiers quil'ont exploitée ont réussi; mais bientôt de cinq qu'ils é-
taient, ils se comptèrent trente. De ces trente, cinq ont fait faillite dans
tecourantdumoisdernier.
nous ayons la prétention de mettre son travail au-dessous du nôtre nous
ne voûtons que trouver un moyen d'arriver plus directement et plus
promptementànotrebut.
Nous avons des raisons de croire, contrairement à ce que parait penser
M. de Gasparin, qu'il n'y a aucune différence historique essentielle entre
les différents modes de culture, et qu'il n'y a entre eux qu'une affaire de
plus ou de moins. Selon nous, la culture par les esclaves est la ptus an-
cienne puis vient la culture par le métayage, puis la culture par le fer-
mage. Quant à la culture par la corvée,il nous semble qu'elle est une
variété du métayage nous dirons plus bas les raisons qui nous portent
àpenserainsi.
La culture par les esclaves est, avons nous dit, le mode le plus ancien.
Il y a de cela une raison, à priori bien peremptoire, c'est que l'histoire
de tous les peuples, sans aucune exception, commence par l'esclavage des
races qui ont fourni plus tard les ouvriers en général, les métayers et les
fermiers en particulier. Du temps de Moïse, !a culture se fesait chez les.
Hébreux par des esclaves, comme on le voit en plusieurs endroits du Lé-
vitiquc dans l'Odyssée, on trouve que le jardin d'U)ysse est cultive par
un serviteur acheté à prix d'argent; en Italie, vers le commencement de
la guerre punique, les terres sont également cultivées par des esclaves
car, quoique M. deGasparincite le fragment des livres de Caton, où est
mentionné le métayage,it n'en estpas moins vrai que Caton faisait travailler
ses terres par des esclaves, comme cela résulte des longs détails que don-
ne Plutarque à ce sujet.
Caton est même le modèle le plus complet de ces propriétaires de la
-vieilie Italie, qui avaient beaucoup de ressemblance avec !es planteurs de
nos colonies, et qui vivaient retirés dans leurs châteaux, pensant beau-
coup, écrivant davantage, et laissant de temps à autre la plume et le bour-
don pour al!er prendre le commandement de quelque légion romaine.
Caton montait à cheval !e matin, allait ptaider pour ies petits gentilhom-
mcs, ses clients, dans les petites curies des environs; rentrait à midi, re-
vêtait son habit campagnard, mettait son grand chapeau de paille, et allait
visiter ses esclaves laboureurs et terrassiers jusqu'à la fin du jour. Le soir,
sa femme, qui était une des plus grandes dames de l'époque, disait pré
DIMANCHE ~2~ÔC~
Il
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onxhureaux d~~gï~~
et RUE DE LA JUSSiËi~))
ANNEE 1836.–N" 103.
Les ABONNEMENTS datent
des i et 15 du trto:s.
On s'aboùue à Paris~
~UE SAMT GEORGES, 16.
ÉTRANGES. 1
AUTRICHE.y IEME, 10 octobre~
Voici, d'après te youniat f~~e?:)~, tes titres de l'empereur d'Autriche,
têts qu'ils viennent d'être fixés pour le gouvernement actuel
;.< Ferdinand I", par ta grâce de Dieu, empereur d'Autriche, roi de
Hongrie et de Bohème V" de ce nom roi de Lombardie et de Venise, de
Datmatie, Croatie, Esctavonie, Gaticie Lodomerie et d'Illyrie; roi de Jéru-
fatem, etc., archiduc d'Autriche, grand-duc de Toscane, duc de Lorraine, de
Satzbourg, de Styrie, de Carinthie, d'Ukraine; grand-prince de Transylvanie;
margraf de Moravie; duc de la haute et basse Silésie, de Modène, Parme,
Plaisance et Guastalla, d'Auschwitz et Zator de Steschen, Frioul, Raguze et
J!ara; comte souverain de Hapsbourg, du Tyrol, de Ribourg, Gortz et Gra-
diska prince de Trente et Brienne; margraf de la haute et basse Lusace et
''dans l'Istrie; comte de Hohenements, Feldkirch, Bregemz, Sounemberg, etc.;
oigneur deTrieste, de Cattaro et de la marche des Vendes. »
DEUX-StCtLES.–NApLES, 6 Octobre.
Le cordon sanitaire établi pour les provinces de ta mer Adriatique ne sumt
)as. On aaboti la quarantaine pour les navires venant de Marseille. Par suite
les Siciiiens ont accueilli -avec la plus complète indifférence des proctama-
fons incendiaires répandues sur les eûtes et envoies deMatte. Le nom d'un
tersonnage illustré avait été employé, mais sans sanction de celui qui porte
'enom.
A l'appui de ces nouvettes vient le post-criptum d'une lettre adressée de
Genève à ta GaxeMe de FtYttief; es p~st-scriptum est ainsi conçu
On écrit de Florence qu'une réyûiution a éclaté à Palerme, et qu'on y a
proclamé roi le prince de Capoue. »
GRANDE-BRETAGNE.–LOKDRES, 30 octobre.
Tous les hommes de conscience s'élèvent avec force contre les indignes ma-
ioeuvres auxquelles a donné lieu ie non-paiement des dividendes espagnols. Il
!st certain que quelques personnes avaient été prévenues d'avance de ce qui
.tevait arriver, et qu'ettes ont propagé des bruits favorabtes au paiement. Ces
agents auront à expliquer ta nature des instructions qui leur ont été adressées
e pubtic a le Hroit de t'exiger. Les amis de M. Mendizabal persistent à soute-
tir que cette combinaison n'émane pas de lui. Est-il probable, demande un
tournât anglais, que la maison Ricardo se soit prêtée à une telle déception, et
:n ait volontairement encouru la responsabilité? On dit que M. Ricardo n'é-
tait pas en ville samedi, à la neuyeUe de l'arrivée, et qu'il n'a pu aviser à ce
~'U fallait faire. Cette réponse ne satisfait personne.
Le bruit a couru dans la Cité qu'une somme de 50,000 liv. st. avait été
envoyée a Londres pour le paiement des dividendes espagnols la vérité est
que la somme envoyée n'excède pas 5,000 tiv. st elle est destinée à faire face
aux engagements pris par Ie~ agents anglais vis-a-vis du commissariat espa-
gnol.
On lit dans )e ~orm~ Foxt.- Nous recevons à l'instant la nouvelle sui-
vante de Madrid, et nous n'avons que te temps d'ajouter que la source d'où
nous ta tenons ne nous permerit pas de ta révoquer en doute La reine ré-
gente a écrit à son frère, tui exprimant ses regrets de la part prise par ette au
changement de l'ordre de succession qu'elle a été jusqu'alors sous l'empire de
'la contrainte, mais qu'e[)e est décidée à profiter de la première occasion pour s'é-
chapper de l'Espagne.
On a reçu des nouvelles du cotonet Chesney, en date de Bassorah, du 15
juin; elles énoncent .que t'expédition de t'Euphrate était arrivée dans cette
ptace. Le colonel espérait recevoir, le 9 juillet, tamaltedes Indes et remonter
avec elle la rivière..
POLOGNE.–CRACOYIE. w
Tous les voyageurs qui arrivent de ce pays s'accordent à en dëp)orer!a si-
tuation le commerce tanguit, ettes populations sont découragées; pourtant
le commerce s'eubrcc de ranimer t'un et de.satisfaire tes autres. Cracovie pré-
sente l'aspect le plus triste; les habitants se louent des procédés de la garnison
autrichienne, malgré l'échec que ressent leur orgueil de la présence de trou-
pes étrangères. Les objets de consommation sont à vit prix, et la stagnation
du commerce accroit la misère publiques
PRUSSE.–Ber)in,iS octobre.
La GaM«ed'Bta<~e PrM~e dément les détails relatifs aune collision ré-
tente eBtre les chrétiens et les juifs de Posen. Tout s'est borné, d'après la
Ga:e:
mais la présence d'un servent de ville et d'un gendarme a rétabli l'ordre.
TURQUIE. CoNSTÀNTtNOFLE, 29 septembre.
Le sMtan poursuit le cours des réformes qui changent toutes les institu-
tions de l'empire ottoman. L'armée et surtout les mUices yont'etre augmentées;
ce dernier corps vient d'être soumis à un règlement calqué sur l'organisation
militaire de l'Europe. Une revue des mi)ices de plusieurs sandjakats, passée
paf S. H., a provoqué des récompenses et un ordre du jour des plus Satteurs.
Il parait que l'empire sera divisé en grandes préfectures, administrées par six
gouverneurs-généraux et autant de lieutenants-généraux les premiers auront le
titre de muscMr, et nommeront les officiers civils.-Depuis plusieurs jours, on
rencontre dans les promenades des femmes turques, lés odalisques du harem im-
périal: tes Musutmans, loin de paraître charmés de cette innovation, s'éteignent a
l'approche de ces femmes.–Lesktephtes du pachalikdeTrikala-Emiret de La-
rissa eont soumis.–L'imprimerie,impériale a publié une grammaire arabe, et le
.Mom(eM)' ottomat! signale t'état ûorissant de la littérature en Orient. En présence
FEUILLETON.
GUIDE DU PROPRIETAIRE
').
DES BIENS SOUMIS AU METAYAGE;
Par M. de Gasparin, pair de ~ance, 7n
très agréable pour tfos.gWû.ts e~pour nos habitudes, lorsqu'on nous met-
tant en devoir de lire.un/trauS'd~agriculture, nous avons rencontré dès
la première page un très beau traite d'histoire. Nous nous laissons donc
aller à ces impressions inattendues, et, sans nous donner te loisir d'ap-
précier dans toutes leurs matières les deux volumes de mémoires qu'a pu-
bliés récemment M. de Gasparinsurl'agriculture etsurl~conomie rurale,
nous avons hâte d'arriver à son traité des biens soumis au métayage,
d'expliquer l'énorme difficulté qu'il y avait à exécuter ce travail, et de
montrer la grande quantité de vues excellentes qui s'y trouvent réunies,
discutées et élevées à favaleur'de système historique.
Peu de gens s'imaginent la difficulté qu'il y a à composer, d'un point
de vue historique, un traité de la culture des terres. Un pareil travail
suppose achevées une foute de recherches qui ne sont pas seulement
organisées, et résolues une' foule de questions qui ne sont pas seule-
ment posées. Si l'on voulait procéder à la façon des historiens du dix-
huitième siècle, qui commençaient par suppos.er ce qu'ils appelaient l'é-
tat de nature, et qui partaient de là pour élever hypothèses sur hypo-
thèses, jusqu'à ce qu'ils eussentbâti une théorie sans faits, plus ou moins
~gique dans ses transitions et plus ou moins bien liée dans son ensem-
ble, on pourrait s'en tirer encore sans trop d'embarras; et si l'on avait lu
une histoire que M. Alexandre Delaborde croit avoir écrite de la Muni-
cipalité de Paris, et qui entre en matière de cette façon « Les hommes
'durent éprouver de bonne heure le besoi'n de vivre en municipalités";
on pourrait commencer ainsi t'histoirede ta culture des terres: «Les
hommes éprouvèrent de bonne heure le besoin de mettre des métayers
sur leurs domaines et puis, passant de là à Caton qui cite le contrat
de métayage, on se trouverait lancé en plein dans son sujet. Ce n'est pas
de ce mouvement à la superficie., ouvrage de la volonté d'un seul homme, on
est tente de s'enquérir s'il y aura durée ctprospsrité dans les réformes du I
sultan !\fahmoud. Ces reformes rcheont.rent.eUes des sympathies dans le cœur
des poputations? jctteront-f;Hes des racines vivaces dans !e sof Dépend il
d'un souverain de changer en un jour des habitudes, des préjugés, des mœurs
et des lois qui remontent a piusieurs siècles, s'appuyant d'un côte sur une re-
ligion qui date de l'an 622, de l'autre sur un empire fonde par )a conquête en
1455. –Un seul établissement échappe aux doutes que nous exprimons, c'est
le lazaret qui vient d'être créé dans t'Ue de Rhodes voilà )e premier démenti
donné par le gouvernement ottoman à cet absurde dogme du fatatismë qui fai-
sait croiser les bras et négliger toute précaution devant tes visites périodiques
de la peste. A cet égard, le sultan ne risque rien en cherchant à détruire l'in-
fluence du mot terribie c'était écrit, si Hmuuer aux pieux Musuimass.
FRANCE.
PARis,23oetobre.
CAUSES MORALES ET MATËRtELLES ~j.
'nESCMSES.FS~ANCIERES., :i'
?'7-M'~em<
I! s'agit, comme on,voit, noi! seulement de rendre lesdésastres.plus
rares, mais de r~Œf les désastres inévitables sur un plus grand noM-
bre d'intérêts, en. rendant cb.a~ueaf~tiotmaire solidai~, ~P%u\"n'* ~t~~
part, de plus ou moins d'industrie. Alors les industriels aussi hé seraient
plus sacrifiés sans retour par une débàcle; ils ne seraient compromis que
comme actionnaires principaux de t'entreprise, à raison de !eur gérance.
Enfin comme les gérans seraient désormais seuls juges des dangers, ta
grande, l'aveugle et fâcheuse afnuence des individus étrangers aux spé-
culations commerciales et ignorants de rëtat réel des affaires, aurait fait
place à ta prévoyance d'un petit nombre d'hommes spéciaux, et simplifie,
au grand profiJ: de tous, le mécanisme industriel aujourd'hui si compli-
qné et si confus; l'on n'entendrait plus à tout propos des .MHM-peMt
universels dans i'armée des producteurs et des commerçants.
Cete/)'ecroMeme/!tdes fonds de mêmes capitalistes dans les entre-
prises établirait en outre une.solidarité "générate plus directe entre eux
et toutes les industries, qui ramènerait le calme partout et ferait passer
du moins les mauvais jours dans les meilleurs conditions possibles.
Les émeutes et les bourrasques politiques auraient beaucoup moins de
puissance pour ébranter le crédit commercia!, et si comme on n'en peut
douter, le succès était au bout de cette combinaison généralisée ce se-
rait un remède efficace à l'~g;o~ge et à toutes ses détestables suites.
Des embarras compliqués où le crédit irrégulier jette communément
les industricfs tour-à-tour, il résulte non seulement la possibilité, mais la
nécessité et la permanence de l'M~Mr~. Le capitaliste se rapproche d'au-
tant plus de l'usurier, qu'it voit moins de sécurité~dans les affaires, qu'il
y a pfus de débâcles, et de crises car ces crises et ce discrédit font'qu'il
y a toujours pour un certain nombre d'industriels avantage d'emprunter
à tous prix, et pour tes préteurs, tout danger a courir même en don-
nant teurs fonds à un prix exorbitant.
L'usure ne serait pas possible si le crédit était permanent, si )es fonds
des capitalistes trouvaient avantage à se c~~er car ce qui fait l'usure, ce
n'est pas la mauvaise foi qu'on présume dans l'emprunteur, c'est )a mau-
vaise chance qu'il court à titre de commerçant c'est l'opinion que l'in-
dustrie est.une sorte de loterie on redoute les crises et les tictimes
qu'elles font.
La muttiplication des sociétés par actions aurait les mêmes bons effets
dans l'industrie que les &a~xà /o/ig<6rme l'ont eu dans l'agriculture la
mesure serait parfaitement analogue.
Par les baux à long terme, le fermier a tEOuvé intérêt personnel à bo-
nifier la terre et a amétiorer toutes fes valeurs afcessoircs qui lui étaient.
données en bail; il n'a pas craint les dépenses premières pour apptiquer
les procédés nouveaux de culture, etc. La production, par conséquent, a
été plus grande, et ça été une augmentation de richesse acquise pour te
pays; finalement, le propriétaire s'est trouvé avoir un bien d'une valeur
double ou triple après 9 ou 16 ans; les bonnes années ensuite ont pu
compenser les mauvaises pour le fermier, qui a toujours fini par payer
son fermage; enfin tous les deux, le fermier et le propriétaire, ont obte-
nu en somme et plus de sécurité et plus de profit.
Nous n'avons pas besoin d'achever la comparaison en produisant les
avantages analogues des actions dans l'industrie ils sont évidents pour
tousiesyeux.
i) y a donc à réaliser une nouvelle sorte d'a.MM'tMcem~M~/c, dont les
avantages, pour être z'n~'rec~, n'en seront pas moins réels que dans les
autres départements des vicissitudes humaines.
Toujours es.t-il que l'industrie, qui présuppose tant de stabilité et de
prévoyance, n'aura ni l'une ni l'autre tant qu'elle ne pourra obtenir que
des capitaux flottants, aujourd'hui donnés, demain repris ou menacés de
l'être.
D'après tout ce qui précède, il est évident que le gouvernement a !e
plus grand intérêt à favoriser ces classements de capitaux, et par consé-
quent la formation des sociétés par actions. Il y trouverait un appui et
une sécurité non moins grande que dans l'emploi des moyens préventifs
oucaercitifs.
Et ici surgissent des considérations bien.graves qu'il est difficile d'é-
(t) Voir la Précèdes 21 et 22 octobre.
ainsi qu'a fait M. de Gasparin, et c'est pour cela que nous avons lu son
travail, non seulement avec plaisir, mais encore avec fruit.
La première chose qui a frappé M. de Gasparin, c'est la diversité des mo-
des, de culture selon les divers pays et selon les diverses époques histori-
ques. Tantôt, il trouve tes terres cultivées directement par te proprié-
taire, à t'aide d'esclaves plus ou moins nombreux; tantôt, eiies sontcut-
tivées, non plus par le propriétaire, mais sous ses yeux, et par des mé-
tayers, c'est-à-direpar des fermiers qui paient leur ferme annuellement et
et en nature; tanfôt, elles sont cultivées sans la participation même in-
directe du propriétaire, et par des fermiers, qui paient un taux moyen
de ferme, en argent, et quel quesoit d'ailleurs le revenu de l'année; tan-
tôt, enfin elfes sont cultivées par le propriétaire à l'aide de travaiUeurs
propriétaires eux-mêmes mais soumis à une corvée durant un certain
nombre de jours~ certaines époques de l'année..
Une fois ces divers modes de culture exposés, M. de Gasparin cherche à
se rendre compte de leurs causes également diverses, et c'est là que com-
mence la difficulté, une diffieutté vraiment sérieuse.
Il ne s'agit de rien moins en effet que de Thistoire des races esclaves et
des races libres, et des diverses circonstances qui ont produit ou accom-
pagné chez les peuples occidentaux l'émancipation des esclaves. Les mo-
des de culture des terres sont autant de rapports établis entre les races li-
bres qui fournissent les propriétaires, et les races esclaves qui fournis-
sent les travaiifeurs et selon que ces modes de culture varient, avec
eux varient constamment la manière d'être réciproque des possesseurs
et des prolétaires C'est !â assurément un des plus beaux sujets d'histoi-
re à traiter; M. de Gasparin~a apporté, dans la partie qu'if en a faite,
une sagacité fort rare, qui honore un homme qui~n'a pas fait de l'érudi-
tion une carrière, et qui honorerait force savants qui ont fait de l'his-
toire un métier.
Nous voudrions bien entrer dans l'exposé et dans !adis(ussion des di-
verspnints de vue rassembles par M. dcGasparin pour expliquer l'histoire
du métayage; nous aimons mieux, pou:' éviter de revenir plusieurs fois
sur les mêmes idées, esquisser nous-mèmes cette histoire, en rappelant
successivement les opimonsdeM.deGasparin. Ce n'estpas,u s'en faut, que e
puiser et' même d'exprimer, d'une manière satisfaisante dans quelques
cofonneg..
Que dans les désordres et les angoisses d'une société qui s'ébran!e jus-
que dans ses croyances et dans ses mœurs pu que la guerre balaie de sa
mitraille, les ateliers viennent à chômer et les relations à s'interrompre
que beaucoup d'intérêts soient compromis, on le conçoit, et c'est une fata-
lité pour la société qui serait ta mieux réglée d'ordinaire. mais quêta
constitution du travail et des intérêts soit tellement ma) affermie que les
capitaux se donnent et se reprennent, que les sources de richesse s'épan-
chent et se resserrent et centuplent tes .desastres ou tes enfantent sous ta
toute gratuite influence de la peur, à l'occasion d'une faillite individuette
qui se déclare à Londres, à Hambourg ou à Philadelphie; que toutes tes
vues et tous les intérêts se troublent au moindre caprice qui passera dans
ta tète d'un don Carlos ou d'un don Miguel, à la moindre velléité d'é-
meute dans ta population de Lisbonne ou de Paris. Les journalistes.
pourront expliquer fort à leur aise que les désastres gagnent ici et là,
partout, comme le choc et sa répercussion, comme le cri et son retentis-
sement ils pourront, partant de ce point, montrer fort bien que ce qui
arrive devait arriver toujours est-il que ce sera le signe d'une indicible
incurie, d':une monstruosité économique et sociale, et ta preuve que nos
sociétés, gonflées de leurs progrès sont à peine à Taurdre de ce que teur
conçoit l'imagination ta plus positive.industrie et le commerce qui re-
posent sur des rotations si délicates à former, ne paraissent pas pouvoir
.résister long-temps encore à l'envahissement dont les menacent tous les
~ct~n.ents de désordre qui, jusqu'ici, ont concentré leur action à ravager .a
1 entendement et les cœurs de conceptions, soyez-en sûis,i~ passentet
passeront davantage chaque jour en volontés et en actes. Nos hommes
d'état eux-mêmes sans doute en ont le présage. Les intérêts matériels
n'y résisteront pas s'ils ne font alliance avec un pouvoir bien intentionné
qui protège les innovations que l'industrie tentera pour se renouer etse
/-<'eo7~o.M; pour sortir de ce labyrinthe de la concurrence infiniment pe-
tite etconfuse.
Et nous supposerions difficilement que te pouvoir fût assez peu pré-
voyant pour ne pas prendte son point d'appui le plus solide dans ce pa-
tronage, car nous le répétons, s'il est un remède approprié au mal et aux
malades aujourd'hui, ce sont les sociétés par actions prises et menées
d'unevuehaute.
Ces socié~és, en effet, recomposent les intérêts et les efforts, puisque
tout enconcentrantles richesses comme instruments de travail, elles ica
laissent en partage à un très grand nombre en tant qu'objet de posses-
sion et de jouissance. Elles sont donc un moyen d'ordre populaire, un
agent de prospérité, d'affranchissement et d'harmonie pour tous ceux qui
ne craindront pas de coopérer au bien en y rattachant leur avenir.
C~ui, les sociétés par actions sont le seul procédé d'association applica-
ble à notre époque; oui, elles sont destinées à transformer en peu de'
temps, si elles sont bien comprises par les capitalistes, toute la physio-
nomie et les habitudes de l'industrie et du commerce, bien mieux que
tes banques d'escompte et que tous les autres systèmes de banques pro-
posés jusqu'ici par les économistes, lesquels n'offriraient que de minces
résultats si l'on n'avait les sociétés par actions pour bases de crédit.
Aussi ne s'arrêtcront-ellcs pas aux seules entreprises de la haute in-
dustrie aux compagnies de chemin de fer, de canaux, etc. L'industrie,
df second ordre, aujourd'hui par trop morcelée est également appelée
à jouir des avantages qu'elles présentent. Autant il y a de centres indus-
triels qui remplissent une fonction nécessaire et vraiment économique
dans le mécanisme général de la production et de la distribution des ri-
chesses autant il en est qui comportent, un développement assez grand
pour permettre l'application des procédés nouveaux, autant il y aura
lieu à la transformation en sociétés par actions.
'L'agriculture aussi, on le pense bien, devra une nouvelle impulsion à
ce mode d'assocfation. Déjà même on a des. précédents heureux dans.
cet ordre plusieurs propriétés étendues sont aujourd'hui exploitées, en
France par des hommes spéciaux avec ta participation de bon nombre
d'actionnaires.
Déjà les premiers imprimeurs de Paris ont imité celui d'entre eux qui
avait adopté ce mode et par là, non seulement plus d'intérêts sont deve-
nus solidaires des destinées de l'imprimerie, mais il y a eu Téunion de
plusieurs imprimeries en une seule, et par conséquent diminution de con-
currence. Cette vertu des sociétés par actions de restreindre ta concur-
rence à un moindre nombre de têtes est certainement des plus salu-
.taires.
En effet, ta concurrence, plus elle est pratiquée par un grand nombre
d'individus isolés, c'est-à-dire dont tes intérêts sont o/~
plus les probabilités sont au gaspillage de temps et de force, aux banque-
routes, aux crises financières enfin.
Or, la concurrence, qui aux yeux de nos publicistes n'est poussée t) op
loin qu'en Angleterre, est pourtant arrivée parmi nous à une télé exa-
gération que dès qu'une nouvelle industrie apparaît, à peine si quelques-
uns, venus les premiers, ont le temps d'y réussir on se hâte et l'on s'y
lancs de toutes parts. Une affaire, bonne un instant pour quelques-uns,
devient mauvaise pour un très grand nombre. Les moins ~~(c'est-à-
dire les plus ~ro<7.f ou ceux qui ont le triste privilège de pouvoir per-
dre d'avantage) y succombent. Nous en avons un exempte tout récent:
L'industrie des impressions sur laine a pris naissance il y a quatre ans
les premiers quil'ont exploitée ont réussi; mais bientôt de cinq qu'ils é-
taient, ils se comptèrent trente. De ces trente, cinq ont fait faillite dans
tecourantdumoisdernier.
nous ayons la prétention de mettre son travail au-dessous du nôtre nous
ne voûtons que trouver un moyen d'arriver plus directement et plus
promptementànotrebut.
Nous avons des raisons de croire, contrairement à ce que parait penser
M. de Gasparin, qu'il n'y a aucune différence historique essentielle entre
les différents modes de culture, et qu'il n'y a entre eux qu'une affaire de
plus ou de moins. Selon nous, la culture par les esclaves est la ptus an-
cienne puis vient la culture par le métayage, puis la culture par le fer-
mage. Quant à la culture par la corvée,il nous semble qu'elle est une
variété du métayage nous dirons plus bas les raisons qui nous portent
àpenserainsi.
La culture par les esclaves est, avons nous dit, le mode le plus ancien.
Il y a de cela une raison, à priori bien peremptoire, c'est que l'histoire
de tous les peuples, sans aucune exception, commence par l'esclavage des
races qui ont fourni plus tard les ouvriers en général, les métayers et les
fermiers en particulier. Du temps de Moïse, !a culture se fesait chez les.
Hébreux par des esclaves, comme on le voit en plusieurs endroits du Lé-
vitiquc dans l'Odyssée, on trouve que le jardin d'U)ysse est cultive par
un serviteur acheté à prix d'argent; en Italie, vers le commencement de
la guerre punique, les terres sont également cultivées par des esclaves
car, quoique M. deGasparincite le fragment des livres de Caton, où est
mentionné le métayage,it n'en estpas moins vrai que Caton faisait travailler
ses terres par des esclaves, comme cela résulte des longs détails que don-
ne Plutarque à ce sujet.
Caton est même le modèle le plus complet de ces propriétaires de la
-vieilie Italie, qui avaient beaucoup de ressemblance avec !es planteurs de
nos colonies, et qui vivaient retirés dans leurs châteaux, pensant beau-
coup, écrivant davantage, et laissant de temps à autre la plume et le bour-
don pour al!er prendre le commandement de quelque légion romaine.
Caton montait à cheval !e matin, allait ptaider pour ies petits gentilhom-
mcs, ses clients, dans les petites curies des environs; rentrait à midi, re-
vêtait son habit campagnard, mettait son grand chapeau de paille, et allait
visiter ses esclaves laboureurs et terrassiers jusqu'à la fin du jour. Le soir,
sa femme, qui était une des plus grandes dames de l'époque, disait pré
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