Titre : L'Aurore : organe de la résistance républicaine
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1946-02-03
Contributeur : Bastid, Paul (1892-1974). Directeur de publication
Contributeur : Lazurick, Robert (1895-1968). Directeur de publication
Contributeur : Verlow, Maurice. Directeur de publication
Contributeur : Kahn-Farelle, Pierre (1906-2000). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34371852k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 février 1946 03 février 1946
Description : 1946/02/03 (A5,N455)-1946/02/04. 1946/02/03 (A5,N455)-1946/02/04.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4125773f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES-G-1470 (21)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/12/2018
L'AURORE
REDACTION
ADMINISTRATION:
9, rue Louis-le-Grand, 9
PARIS (20)
9
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Compte Ch. post. Paris 4143-65
Directeur : PAUL BASTID
Ve année. — N° 455 Le Numéro : 2 fr. (ÉDITION DE 5 HEURES DU MATIN) Dimanche 3 et lundi 4 février 1946
La Grande Ceinture ?
Soit !
Mais où sont les Grandes Lignes?
Une drôle
d'organisation
PAS mal, et vous ? »
Tel est le thème des derniers débats qui ont eu liei
à Londres, au Conseil de sécurité de l'O.N.U.
— Pourquoi, demande aux Anglais M. Vichinsky, mainte
nez-vous des troupes en Grèce ?
-— Pourquoi, réplique M. Bevin, en maintenez-vous en Azer
baïdjan?
— Le gouvernement d'Athènes n'est pas libre, et voui
faites de la Grèce un dominion.
— Ceux de Varsovie, de Bucarest et de Belgrade sont blet
moins libres encore, et vous faites de la Pologne, de la Rouma
nie et de la Yougoslavie des protectorats.
Tout cela n'empêche naturellement pas la Russie et l'An
gleterre d'être d'accord. comme il a été assuré à Moscou, e
même d'être alliées.
— Le malheur, constate mélancoliquement M. Bevin, c'esl
que l'alliance comporterait, en cas de litige, des conversations
diplomatiques courtoises. Or, vous déclenchez contre nous des
campagnes d'injures, qui sont reprises par la presse commu
]lis te de tous les pays. A l'entendre, nous sommes des pirates,
et nous sommes, quant à la pudeur, « au-dessous du singe ». On
n'est pas plus aimable. Qu'est-ce que ce serait, si nous n'étioni
pas alliés?
B
SANS de doute pourrait-on continuer longtemps encore à traiter
de ce sujet sur le mode ironique, et M. Bevin lui-même,
dans son intervention devant le Conseil, n'a-t-il pas manqué
d'humour.
Mais tout cela est très grave.
Car c'est tout cela qui explique, pour une bonne part,
l'anxiété du Monde.
On a l'impression que les accords et les alliances actuels
ne sont que des paravents derrière lesquels se poursuivent des
luttes acharnées. On a l'impression que, dans l' « Organisation des
Nations unies », il n'y a ni organisation, ni unité. Et qu'il n'y a
même pas de « Nations », les petits pays n'étant que des pions
que des impérialismes antagonistes poussent sur l'échiquier.
L'élaboration de la Paix — car c'est bien elle, n'est-ce pas?
qu'on élabore depuis quinze mois — n'apparaît plus que comme
un déplacement, sinon une extension du conflit qui a commencé
en 1939.
Nous n'irons pas jusqu'à dire. comme la revue « Témoigna-
ges chrétiens », que la guerre est de nouveau imminente, qu'elle
est pour dans trois mois, que nous verrons les Russes, en quel.
ques semaines, arriver aux Pyrénées, puis submerger l'Espagne,
tandis que les Anglo-Saxons s'accrocheront à l'Afrique du Nord,
pour en repartir à la conquête de l'Europe.
La guerre va recommencer? Nous écririons plutôt qu'elle
n'est pas finie, qu'on ne sait pas comment la finir, et que les
Trois « Grands » sont ainsi en train de manquer à leur rôle —
à celui que leur avait assigné leur commune victoire.
La S.D.N. nous a réservé bien des désillusions?
C'est vrai.
Elle avait du moins suscité des espoirs qui avaient permis
au Monde de reprendre goût à la vie et, par conséquent, de
vivre.
A Genève, il y avait des pèlerins — voire des prophètes.
A Londres, en ce. début de 1946, il n'y a --plut d«» -chi-
caneaux.
Décidément, que ce soit sur le plan intérieur ou sur le plan
mondial, le système des « Trois Grands » fait faillite.
Pour des raisons qui, au fond, sont peut-être les mêmes.
JEAN PIOT.
JOURNEE DE REPIT
A CENTRAL HALL
où l'O. N. U. a solennellement installé
son secrétaire général
CALME samedi à l'O.N.U. où le nouveau secrétaire général
Trygve Lie a été installé en grande pompe et à, dans un
discours d'une haute tenue, affirmé que la première pensée
des Nations unies serait toujours « l'avenir du monde civilisé »,
après avoir solennellement juré d'exercer ses hautes fonctions
« en toute loyauté, discrétion et conscience ».
Après avoir entendu ces nobles
Paroles, les délégués ont longue-
ment commenté le duel qui a op-
posé l'un contre l'autre MM. Bevin
et Vichinsky au conseil de sécurité
et qui reprendra demain en pré-
sence du nouveau ministre des
Affaires étrangères grec Rendis,
lequel a quitté hier Athènes oour
Londres.
La plupart des commentateurs
' soulignent qu'une ère nouvelle —
une ère de franchise — s'est 0\1-
verte dans la diplomatie interna-
tionale et qu'au reste, la discus-
sion du problème erec aboutira p
une solution amiable
Acceptons-en l'augure.
M. Bidault va reprendre la
discussion du problème alle-
mand.
M. Georges Bidault va. reprendre
Jw prochainement avec les ,hp.fs
de délégations étrangères se.s
conversations relatives au orn-
Wème de la Ruhr et de la Rhéna-
nie.
M. Bidault confirmera à ses ln-
terlocuteurs anglais. américaine
russes que la position française
n'a pas été modifiée nar le chen-
8«ment de gouvernement et s et-
forcera d'obtenir une réponse au
Mémorandum que la France a re-
"Jjs aux trois grandes puissances.
alliées.
Ce mémorandum propose, on le
sait, un plan pour l'administra-
tion de l'ouest de l'Allemagne et
des solutions aux questions qUe
soulèvent la Sarre. la Ruhr et la
Rhénanie. 1 .
La question du Levant
D'autre part, les conversations
entre les experts français et on-
tanniques pour l'application ae
l'accord du 13 décembre sur le Le-
vant semblent avoir abouti à une
impasse Il appartiendra au mi-
nistre des Affaires étrangères
français -de chercher avec M. Be-
vin un moyen de les faire sortir
de l'impasse où elles se trouvent.
Le lieu de regroupement des
forces britanniques au Levant
constitue le point principal du
désaccord entre Français et An-
glals,
La déclaration du ministre du
Liban à Londres, que nous avons
relatée hier, a ajouté un nouvel
élément au problème et l'a fait
sortir du cadre franco-britannique.
Eisenhower ne croit
pas à la paix éter-
nelle
WASHINGTON, 2 février. —
^înamt la parole devant les mem-
jjre» de « l'Association nationale
tireurs américains », le géné-
rai Eisenhower a déclaré qu'il ne
gisait pas qu'il n'y aurait plus
8 de guerre, « car l'esprit
n coopération dont les différen.
nations avaient fait preuve sur
champs de bataille n'a pas
'II rI/écu à la paix ».
tt111 a exprimé l'espoir de voir les
.'««•Unis conserver leur foi en
v/,r.r mission et ne pas perdre de
danger.
Les Etats-Unis vont ré-
duire leurs exportations
de blé.
HI«»£Hington- 2 février. — Une di-
c»1n des quantités de blé améri-
t \V eXPorté vers l'Europe est prévue
'nSton à la suite des nouveaux
111(lntg adoptés par l'Office fédé-
prix (O.P.A.) portant fixation
S,,!!1'1* du blé à l'exportation.
■ qijj , lrs 400 millions de boisseaux
JUin '"puent être exportés avant le 30
la moitié seulement a été
tirjf"JU=P jusqu'ici. Dans ces condi-
PkJ/, JI semble difficile que le total
u Puisse être atteint.
LA SITUATION FINANCIERE
PEUT ETRE REDRESSEE
Mais il faudrait
à nos dirigeants
le sens du réel
qui leur a manqué jusqu'ici
LES la réunions du Conseil des ministres s'ajoutent aux auditions de M. André Philip devant
la commission des Finances sans que nous soyons informés des projets du gouvernement
pour redresser la situation financière. Nous marquons quelque scepticisme sur l'effi-
cacité des mesures que peut prendre un ministère dont la majorité de ses membres est res-
ponsable des gaspillages et de la politique de facilité qui nous ont menés là où nous sommes.
Ceci dit, tout en réservant notre liberté d'approbation ou de critique, posons le pro-
blème que doit résoudre le gouvernement et cherchons quelle solution peut y être apportée.
EN 1946, LES DEPENSES INTE-
RIEURES TELLES QU'ELLES
SONT PREVUES AU BUDGET
VOTE PAR L'AiSSEMBLEE CONS-
TITUANTE EXCEDENT DE; TROIS
CENT VINGT MILLIARDS LES
RECETTES.
Que va faire M. André Philip
pour faire face à cette situation ?
Que peut surtout supporter lè
pays ?
BUDGET
Il ne peut être question d'équili-
brer nos recettes et nos dépenses.
Un déficit de l'ordre de cent ou
de cent cinquante milliards, étant
donné la valeur du franc, reste
parfaitement supportable si la con-
fiance existe entre l'Etat et l'épar-
gnant.
I. — Quelles économies
sont possibles ?
10 M. Philip annonce qu'il veut
réduire le budget du ministre
de la Défense nationale de cent
milliards. Ces cent milliards re-
présentent la moitié des dépenses
prévues. Nous n'avons pas appris
ces chiffres sans surprise. Au
cours de la discussion du budget,
un débat sérieux s'était engagé sur
les crédits militaires que les mi-
nistres des Effectifs et de l'Arme-
ment voulaient maintenir à cent
vingt-cinq milliards, tandis que les
socialistes voulaient, en les rédui-
sant de 20 %, les ramener à cent
milliards. Une réduction de 5 %
fut votée et, malgré cela, nous
apprenons maintenant que deux
cents milliards étaient demandés
aux contribuables.
Vraiment, nos députés ont exer-
cé leur mission la plus importante,
le contrôle du budget, de bien sin-
gulière façon...
Admettons, sous toutes réserves,
que M. Philip se trouve d'accord
avec ses collègues Tiilon et Mi-
chelet, et la France sera libérée
d'un fardeau trop lourd pour elle,
et le déficit sera allégé de plu-
sieurs dizaines de milliards.
2° Obliger les établissements na-
tionalisés ou réquisitionnés
à produire au même prix que l'in-
dustrie privée. De plus, les laisser
obtenir des avances... irrécouvra-
bles-dans les banques.
3' Supprimer les subventions, dont
la plus coûteuse est celle de
la S.N.C.F., puisqu'elle s'élève à
trente-six milliards. Mais, atten-
tion, pour subvenir à ses besoins,
la S.N.C.F. devra augmenter ses
tarifs, de même, si on ne renou-
velle pas les subventions accor-
dées aux agriculteurs — qui sont
souvent abusives — les denrées
agricoles, et en particulier le pain,
augmenteront et, avec les chemins
de fer et le pain, le coût de la
vie.
Pourra-t-on, dans ces conditions,
maintenir le blocage des salaires ?
4° Il faut réduire le nombre des
fonctionnaires, pas de cinq
mille, comme l'annonçait hier cer-
tains de nos confrères, faisant al-
lusion aux contrôleurs économi-
ques, dont la rémunération n'est
plus prévue au budget, mais de
plusieurs centaines de mille qui
pourraient, pour leur profit et le
nôtre, concourir à l'accroissement
si nécessaire de la production na-
tionale. C'est parfaitement possi-
ble, à la condition que l'Etat
veuille bien réduire ses attribu-
tions et qu'il n'encombre plus la
vie économique des formalités qui
l'entravent sans aucun avantage
pour la collectivité.
Nous pensons que ces quatre pro.
positions qui doivent s'inclure
obligatoirement dans un plan de
redressement financier amène.
raient les dépenses de t'Etat à un
volume parfaitement supportable.
Un gouvernement de salut public
les imposerait immédiatement,
mais celui de M. Félix Gouin n'est
qu'un gouvernement de partis.
II. — Peut-on dégager
de nouvelles recettes ?
1 ° Les impôts directs ou indirects
sont si lourds qu'ils ne peu-
vent être augmentés. Il n'est même
plus possible, par simple démago-
gie, d'élever si peu que ce soit l'im-
pôt sur le revenu, et quant aux
impôts cédulaires qui frappent sa-
laires et traitements, on diminuA
rait ainsi les ressources des tra-
vailleurs, qui seraient alors con-
traints de revendiquer de nouvel-
les augmentations de salaire.
2° Toute manipulation monétaire
est actuellement impossible.
L'échange des billets demande
une préparation de plusieurs
mois, et la pa,nique qui s'est em-
parée de certains milieux au mo-
ment de la crise, panique qui a
fait monter au marché noir le
Louis au-dessus de six mille
francs, fut parfaitement stupide.
Les billets ne seront pas estam-
pillés, car l'estampillage est si fa-
cile à imiter, que les faux billets
engloutiraient tous les bénéfices
de l'opération, et bien au delà.
3° Taxes de solidarité et d'enri-
chissement ne peuvent pas
être valablement augmentées. En
effet, sur l'enrichissement, étant
donné les taux appliqués, une ag-
gravation serait purement spec-
taculaire et sans rapport réel.
Quant à l'impôt sur le capital,
on ne peut, à notre sens, ni l'aug-
menter, ni en accélérer le paie-
ment. Il frappe suffisamment les
patrimoines honnêtement acquis,
et, pour satisfaire sans délai aux
exigences des percepteurs, les re-
devables de cet impôt devraient
réaliser leurs titres ou leurs biens.
Qui pourrait les acheter ?
Des surenchères en cette matière
ne pourraient qu'aboutir à une
crise économique. Or, justement,
c'est d'une reprise économique
qui élargit l'assiette de l'impôt
que l'Etat peut attendre ses plus
importantes ressources.
III. — Conditions d'une véri-
table reprise économi-
mique.
L'Etat doit solennellement défi-
nir le secteur qui doit demeurer
libre, pour que l'initiative privée
puisse reprendre son essor.
Tant que subsistent des menaces
d'expropriation l'activité honnête
se dérobe, elle se refuse aux in-
vestissements à long terme que ré-
clame l'industrie.
Refaire l'outillage, remettre en
marche la production, c'est vers
ces objectifs que doit se concen.
trer l'intervention de l'Etat.
Et comme les PouvOirs publics
s'avèrent trop souvent incapables
de gérer des entreprises, il con-
vient qu'ils se limitent aux trusts
et aux Industries-clés et qu'ils dé-
barrassent commerçants et indus-
triels des entraves qui les immo-
bilisent.
Ainsi, s'établira entre l'Etat et
les particuliers un climat de con.
fiance, qui rendra facile le renou.
vellement des bons à court terme,
et qui permettra l'émission d'un
emprunt qui couvrira une partie
importante du déficit.
*
+ *
Ce programme est parfaitement
réalisable, il réclame de nos di-
rigeants le sens du réel.
Malheureusement, jusqu'ici, c'est
bien plutôt de manque de sens
commun qu'Ils ont fait preuve.
Peuvent-ils se ressaisir ?
Nous le saurons bientôt.
Jacques DELBO.
LES MINABLES
de la collaboration
Le cas du neveu de l'amiral
Platon nécessite un sup-
plément d'information.
LOIN de nous la pensée de prendre ici la défense du neveu de
l'amiral Platon, qui comparaissait hier devant la Cour de justice
présidée par M. Gâché.
Rien ne peut être plus exaspérant, en effet, que d'entendre ce jeune
homme anémique, au cheveu rare et à l'oeil terne, répondre du ton de
l'élève sage et appliqué à un président qui l'accuse de. rien moins que d'intel-
ligences avec l'ennemi, autrement dit de trahison.
A'h ! ce' n'est pas sous ce crâne
étroit et blême qu'ont dû. se livrer
de foi en grandes tempêtes le jour
où il fallut choisir entre deux
voies ; et ce specimen parfait du
citoyen ponctuel et obéissant, res-
pectueux des pouvoirs organisés et
fier de s'y soumettre, semble bien
incapable d'avoir jamais ressenti
l'humiliation de la défaite et le
désir forcené de se libérer de l'oc-
cupant.
~
Mais, nous sommes bien obligés
de dire que son procès est fait
dans des conditions inadmissibles
et qui ne peuvent que finir par
soulever en sa faveur l'opinion gé-
aorab
Francine BONITZER.
A PATIR DE LUNDI
Les cafés resteront
ouverts jusqu'à minuit
Les boîtes de nuit jusqu'à
deux heures du matin
Par décision de M. Le Troquer,
et pour permettre aux 18.000
personnes travaillant dans les
boites de nuit et cafés de re-
prendre une activité normale, les
cafés pourront rester ouverts
jusqu'à minuit et les boîtes de
nuit jusqu'à 2 heures du matin.
Ces mesures sont consécutives
à l'amélioration apportée dans la
distribution de l'énergie élec-
trique.
AURORE actualités
La croix
et le pavillon.
LE drapeau qui flotte
maintenant sur l'hôtel
Matignon, siège du Con.
seil des minist¡'e", n'arbore
plus la croix de Lorraine.
C'est qu'au pavillon du
général de Gaulle succède,
sur l'édifice officiel, le dra-
peau français.
Mais le fronton de l'hôtel
du ministère de la Guerre,
rite Saint-Dominique, s'or-
ne encore d'une croix gra.
vée «u lendemain de la Li-
béralion, quand vint i'g
installer le premier chef liu
gouvernement provisoire de
la République.
Ce n'est pas la même cho-
se
Si le drapeau français res-
te les trois couleurs, sans
ornement, la croix de Lor-
raine a tout de même ac-
compagné l'emblème natio-
nal des champs de bataille
de Russie, à ceux de Bir.
Halieim, d'Italie. de Fran-
ce et du Rhin 1
On embauche.
CERTAINS tardent ministères
tardent à. faire con-
nattre la composition
de leur cabinet.
Au ministère des P.T.T.,
M. Letourneau, M.R.P..
disposition chez les techni-
ciens anciens membres du
cabinet de son prédéeesseur
pour lui accorder leur col-
laboration.
C'est d'ailleurs tout na-
turel.
Quant à M. Gazier, socia-
liste, qui succède, à l'Eco-
nomie nationale, à M. Bil-
loux, communiste, Il a trou-
vé la maison complètement
vide. Il est vrai que la mê-
me aventure attendait aussi
ce dernier à la Reconstrllc-
tion, d'où M. Dautry em-
mène tout son monde.
Jusqu'au ministère de la
rue de Rivoli, où aucun ins-
pecteur des Finances n'ap-
parait encore d'ans la trou-
De de M. Philip.
Avalanche.
LE directeur du cabinet dil
chef du gouvernement
qui occupe, rue Suint-
Dominique, le bureau de ."on
prédécesseur, a failli, en ar-
rivant, se noyer sous les pa-
perasses et les rapports
amoncelés pendant l'inter-
règne dans l'ancien bureau
de M" Palewslcl.
Mais, avec M. Zerbini,
tout rentre vite dans l'or-
dre avec bonne humeur.
Friction.
ZERBINI, surchargé
M de besogne pendant
• ces premiers jours
ut ne pouvant sortir, deman-
da à son garçon de bureau
dl' lui amener un coiffeur
L'homme de l'art vint
donc opérer à domicile, ft
tout en manipulant délica-
tement peigne et ciseaux,
a.pprit à son nouveau client
qu'il venait, ainsi chaque
quinzaine rendre le même
office à M. Patcwski.
Après le dernier coup de
brosse, Figaro sortit, de sa
poche un petit flacon et
frictionna de lavande la
hrune et abondante cheve-
lure de M. Zerbini.
Celui-ci, amusé de la coïn-
cidence, demande alors en
ri.,int, :
— Est-ce celle de M. Pa-
le,w,ki ?
— Hélas, monsieur, depuis
quelque temps, et à. cause
des journaux, il n'utilisait
plus que de l'eau de Colo-
gne.
Les mauvaises langues di-
ront encore que, pour le di-
recteur de cabinet du pre-
m!tr'/' chef dit gouvernement
provisoire, t(i presse était
sans importance.
PANTALONNADE
LA guerre des pantalons
est commencée. Sur
l'injonction impérati-
ve du chef de la lésion de
la gendarmerie champenoi-
se, les pandores font, la
chasse, dans l'Aube, aux
porteurs de défroques mili-
taires françaises ou alliées.
Qu'importe qu'ayant en
souffrance depuis trois ou
quatre ans une demande-de
complet de travail. l'ouvrier
ou le cultivateur soif mon-
té dans un falzar américain
ou dans une capote de la
drôle de guerre. Prestement
cueilli, il est soulagé de son
grimpant ou de sa. pelure.
La saison ne se prête guè-
re au port du short. Et en-
core moins à cette récupéra-
tion saugrenue rjui prend
l'aspect d'une brimade aus-
si inutile que déplaisante.
Car s'il faut porter la ha-
che dans la Grande Muette,
les premiers coups doivent
être pour les garde-mites et
la naphtaline.
La Chandeleur.
* VEZ-VOUS fait des cré-
Jï pes ? Avec un louis d'or
•** dans la main. Ou, à (lé-
faut, avec une somme infé-
rieure, un billet de 5.000
francs par exemple...
Sinon, tant pis pour vous.
Toute l'année, vous tirerez
le diable par la queue.
Si oui, à vous les milliards
d'excédents de recettes.
Le rite de la Chandeleur
enrichit tous ceux qUi l'ob.
servent.
Tandis que les choux-neurs
s'amoncellent à Nancy
PARIS
NE REÇOIT
PLUS DE
LÉGUMES
Quand donc le ministère
du Ravitaillement pour-
ra-t-il imposer sa volonté
et répartir les produits
de notre agriculture se-
lon les besoins réels des
consommateurs ?
* INCURIE, j gabegie, incompétence.
Rengaine dont le public s'est
depuis longtemps lassé, mais
qu'on ne se lasse pas de lui ser-
vir.
A défaut d'autre chose.
De légumes, par exemple.
Car les Parisiens — les Parisiens
« moyens » en ont perdu le goût
depuis longtemps.
— Ce n'est pas la saison des
légumes, diront sans doute les up-
timistes du ministère.
Mais, avant la guerre, ne trou-
vait-on pas en hiver endives,
choux, carottes ou navets à vu-
lonté ?
En vérité, si Paris ne reçoit plus
de légumes, on pourrait peut-être
penser que c'est à d'autres causes
qu'on le doit — causes que nous
avions déjà dénoncées en évoquant
ici la pénurie de pommes de terre.
D'abord la tolérance bizarre qui
permet aux coUectivités. coopéra-
tives et autres groupements privi-
légiés de payer aux producteurs
plus cher que les grossistes colle-e-
tant, au nom du ravitaillement gé-
néral.
En second lieu les initiatives
malheureuses que prennent les
préfets dans leurs départements —
et. ce malgré les directives multi-
ples des ministres successifs du
Ravitaillement — en permettant
aux commerçants locaux de ven-
dre au-dessus de la taxe.
Arrêté en zone française
L'assassin de Mme
Sauty de Chalon
paiera son crime...
Léon Meurent, qui avait sauva-
gement étranglé Mme Sauty de
Chalon après l'avoir violée avec
son complice Pierre Linden. déjà
détenu, vient d être repris à Ru-
ningen, dans le Wurtemberg, par
les soins des services civils de la
Sûreté nationale.
Il est cette fois en mains sûres
et a reconnu sa véritable identité.
On n'échappe pas à la justice,
surtout avec les mains salies par
un crime aussi odieux.
Le meurtrier sera transféré
lundi à Cambrai et aussitôt mb
à la disposition de M. Gros, juge
d'instruction.
tjn crime ne reste jamais im-
puni et la justice suivra son cours.
AVIS
Quand publierez=vous,
monsieur Tillon, le bilan
de la Société nationale
de construction des mo=
teurs d'avion ?
Le général Catroux serait
appelé à d'autres fonc-
tions.
On déclare dans les milieux diplo-
matiques français que le général Ca-
troux, ambassadeur de France tn
U.R.S.S., n'a pas donné sa démission
Il est possible cependant, ajoute-t-on
dans ces milieux, que l'ambassadeai-
soit prochainement appelé à d'autras
fonctions.
Le général Catroux est attendu in-
cessamment à Paris, son voyage ne
revêt pas un caractère exceptionnel et
était prévu avant la crise gouverne-
mentale. dit-on au ministère des Af-
faires étrangères.
rB II n'y a pas d'OFFRE ion]
ou de DEMANDE D'EMPLOI, ■
de VENTE ou d'ACHAT, de I
PROPOSITION COMMERCIALE ■
qui n'obtiennent satisfaction I
PAR LES t
Petites Annonces
I« L'-A V R 0 R E » I
9, rue Louis-le-Crand, PARIS (2e) I
LES PETITES ANNONCES I
reçues avant 18 heures pa- H
L'énigme de Marly
QUELLE EST L'IDENTITÉ
DE LA FEMME AU DOIGT COUPÉ ?
LE mystère entoure toujours le cadavre de femme découvert à Saint-Nom-
la-Bretèche. Les enquêteurs semblent encore indécis quant à l'identi-
fication de la victime.
La femme de Spirito ? L'épouse
dp. Ricord ? Une certaine Jacque-
line Cordier ? Rien de tout cela.
Bien des indices, cependant, per-
mettent d'orienter les recherches.
La victime, dont l'un des doigts
est coupé, portait un manteau de
cuir doublé de fourrure, livré par
M. Tomasini, tailleur renommé de
la rue Royale.
Celui-ci a le souvenir d'une fem-
me âgée d'une trentaine d'années,
qui disait se nommer Jacqueline
Cordier.
Il reconnaît formellement sur la
victime le manteau livré à cette
cliente en février 1945, et se rap-
pelle même la proposition de cette
dernière, lui offrant des montres
suisses, proposition qui fut renou-
velée il y a une quinzaine de jours,
téléphoniquement, par cette même
Jacqueline Cordier.
D'autre part, les quatre montres
suisses en or retrouvées dans le sac
de la femme assassinée établissent
une corrélation avec l'offre faite au
tailleur. Cette indication permettra
peut-être d'avancer l'enquête.
La cliente de M. Tomasini lui a
laissé un numéro de téléphone pour
l'appeler : vérifications faites, ce
numéro ne semble pas le bon.
Un mouchoir retrouvé à côté
du corps de la victime porte les Ini-
tiales O. D., et le tailleur ne peut
affirmer que le visage de la femme
est celui de Jacqueline Cordier.
Faut-il abandonner cette piste
pour une nouvelle que pourraient
donner les précisions qu'apportera
l'enquête de la M. P. sur les noms
des militaires américains trouvés
dans le sac de la victime ?
Les inspecteurs de la première bri-
gade mobile, sous la direction de
M. Buffin, commissaire, poursui-
vent leurs investigations.
R. S.
Le pion de détresse
a vécu...
LE communiqué de M. Marcel
Paul nous étant parvenu
très tard dans la soirée de
vendredi, il nous a été impos-
sible de le publier dans certaines
de nos premières éditions d'hier.
On sait que les services de la
Production industrielle ont an-
nulé le fameux « plan de dé-
tresse » — dont nous avons, de-
puis des semaines, démontré
l'absurdité — en prenant les me-
sures suivantes :
A PARTIR DE DEMAIN,
toutes les restrictions seront
levées à l'égard des usines ;
A PARTIR DU 11 FEVRIER,
le régime. des coupures est
entièrement supprimé. Les
salons de coiffure pourront
utiliser le courant dès 9 heu-
res du matin.
M. Marcel Paul a donc fini par
céder à notre campagne.
Mais il ne veut pas le recon-
naître. et prétexte que la sup-
pression de son plan est due, en
partie, à l'importation d'énergie
électrique allemande.
Nos lecteurs savent, depuis
longtemps, que les restrictions
imposées par M. Marcel Paul à
notre industrie et aux particu-
liers n'aVaient plus aucune rai-
son d'être, étant donné nos
stocks de charbon et nos réser-
ves hydrauliques.
Ces restrictions représentaient,
depuis le 12 janvier, 3 % de la
consommation totale. Nous
l'avons démontré.
VERRONS-NOUS
le médecin
fonctionnaire ?
Des déclarations de M. Croizat
semblent le laisser redouter
ALLONS-NOUS Le vers une nationalisafion de la médecine?
Le docteur Knock, qui en avait imaginé l'exploitation
rationnelle, n'y verrait peut - être pas d'inconvénients,
mais le cochon de mourant n'entend-il pas, envers et contre
toutes les lois, être expédié dans l'autre monde par le méde-
cin de son choix ?
- La reforme pourrait être amor- ,
cée à la faveur de l'extension de
l'obligation des assurances socia-
les à tous les salariés, dès le
1er juillet 1946.
Sans doute, y a-t-il d'autres sec-
teurs plus industrialisés où la ré..
forme semble plus urgente. E. M.
Gouin, dans sa déclaration minis-
térielle n'a pas mentionné la sys-
tématisation des elystères et la
polycopie des ordonnances.
Mais M. Croizat parait y tenir.
Il l'a expliqué, avec des précau-
tions oratoires, an cours d'une
conférence qui réunissait journa-
listes et médecins.
Le taux des honoraires deman-
dés par le médecin, a-t-il dit, de-
vra coïncider avec le tarif de rem-
boursement de ces honoraires par
les assurances. Soit ! Tant pis
pour les spécialistes en renom l
Il y aura. du monde à leur porte...
Mais en outre le barème des
honoraires sera établi suivant les
titres et spécialités des praticiens.
Cela présage d'aigres discussion,
mr les mérites réciproques de Gal-
lien et, d'Hippocrate. Et l'Ordre des
médecins est littéralement attéré
par cet ukase qui va le contrain-
dTP. à, des classifications plus que
délicates.
Le rnéderin.-fonrtionnaire ? Hé,
'hé ! C'est une trouvaille.
— De quoi ? Un homme à la
mer ? M'en f... Je ne suis pas de
service 1
De là à désigner le chirurgien
de quartier qui procédera, le mer-
credi et le vendredi, de 14 à 18
heures, à l'ablation de l'appendice
01l à la suppression du pylore, il
n'y a que quelques pas.
Pourvu que, pour protester, lei
. rn.Me.cins.. ,-ne . SE .meîterti pas t4
grève à l'occasion de la plus pro*
i chaîne épidémie de grippe espa*
i gnole. ' Ou que leur comité dé
i quartier ne décide pas de procède
au sabotage de la matière sur. la-
I quelle ils travaillent.
i Mais, dites donc, monsieur Crot*
zat, est-ce que par hasard noué
. ne serions pas tous devenus ut)
veu fous sans nous en apercevoir ?
L'indemnisation des action-
naires des sociétés d'élec-
tricité et de gaz ne grèvera
pas les dépenses publiques
si l'épargne répond aux appels
du ministre de la Production
industrielle
A propos de la nationalisation de
l'électricité et du gaz, on précise que
l'indemnisation des actionnaires ne
peut avoir pour effet de grever les
dépenses publiques. Ces indemnités
représentent, en effet, le rembourse.
ment des capitaux investis dans les
industries de l'électricité et du gaz.
Or, les charges d'intérêts et d'amor.
tissement de ces capitaux doivent.
évidemment, être couvertes, qu'il y
ait ou non nationalisation.
Il est donc inexact d'affirmer que
la nationalisation du gaz et de
l'électricité va coûter 200 milliards
aux finances françaises, amortissa-
bles en dix ans, dont cette année.
Cette somme, pour laquelle il sera
fait appel à l'emprunt, ne corres.
pond pas du tout aux frais entraî-
nés par la nationalisation, mais aux
dépenses nécessaires pour exécuter
le plan d'équipement hydro-électri-
que et thermique de notre pays.
Les élections belges
LA MYSTIQUE LEOPOLDIENNE
l'emportera-t-elle le 17 février?
Pour la dernière fois, les femmes sont exclues du vote
C'EST le 17 février que la Belgique vote.
Evénement important qui sera dominé par deux considérations }
1 la question royale et le redressement économique et social.
Le désir des catholiques de voir
Léopold III reprendre son trône
l'emportera-t-il, dans la balance
électorale, sur l'excellente gestion
dont peut s'enorgueillir le minis-
tère Van Acker ? La lutte. en tout
cas, sera serrer.
Le parti catholique, ou social-
chrétien, se trouve quelque peu
affaibli par la formation d'un
groupement antiléopoldien, cons-
titué plus spécialement en Wal-
lonie sous l'appellation Union
démocratique belge et qui com-
prend notamment les ministres
catholiques demeurés solidaires
de M. Van Acker. Mais on affecte,
dans les milieux léopoldiens, de
considérer cette scission comme
sans importance et on ne lui ac-
corde généralement que deux ou
trois sièges.
Par contre, des libéraux ont pré-
féré se rattacher aux catholiques
et il est fort possible qu'ainsi di-
minué, ce parti — qui a officielle-
ment pris position contre Léo-
pold III — ne sorte très diminué
de la bataille.
Voici au surplus la composition
de la Chambre qui a été élue an
début de 10:1!1 :
Catholiques 73
Nationalistes flamands .... 17
Rexistes 4
Libéraux 33
Socialistes 64
Communistes 9
Indépendants 2
Au total : 202 sièges.
Les voix se répartissaient ainsi :
Catholiques 764.843 voix
Nation, flamands 185.470 voix
Rexistes 103.821 voix
Libéraux 406.219 voix
Socialistes ,...... 705.969 voix
Communistes .... 125.418 voix
La désignation des élus a lieu
selon le système de la représenta-
tion proportionnelle sur la base
nationale.
Le Sénat, qui sera également re-
nouvelé. se compose de 167 mem-
bres dont 101 sont élus au suffrage
direct, 44 par les conseils provin-
ciaux, les 22 autres sont cooptés
par l'assemblée.
Les élections provinciales au-
ront lieu le 24 février.
Signalons que le parti nationa-
liste flamand et le rexisme n'exis-
tent plus. Ils ont été dissous pour
leur collaboration étroite avec
l'Allemagne durant l'occupation.
Il est à présumer que la plupart
des voix qu'ils recueillaient, saut
bien entendu celles des inciviques,
se reporteront sur le parti social-
chrétien.
Enfin, alors que depuis près de
vingt-cinq ans, les femmes parti-
cipent aux élections municipales,
elles ne seront admises à manifes-
ter leurs opinions politiques qu'à \
partir du Ie' janvier 1947. Les ca-
tholiques, qui constituent actuelle-
ment la minorité parlementaire,
reprochent avec véhémence au
gouvernement Van Acker d'avoir
éliminé les femmes de la consulta-
tion électorale du 17 février.
REDACTION
ADMINISTRATION:
9, rue Louis-le-Grand, 9
PARIS (20)
9
Téléphone i OPEra 65-00
Compte Ch. post. Paris 4143-65
Directeur : PAUL BASTID
Ve année. — N° 455 Le Numéro : 2 fr. (ÉDITION DE 5 HEURES DU MATIN) Dimanche 3 et lundi 4 février 1946
La Grande Ceinture ?
Soit !
Mais où sont les Grandes Lignes?
Une drôle
d'organisation
PAS mal, et vous ? »
Tel est le thème des derniers débats qui ont eu liei
à Londres, au Conseil de sécurité de l'O.N.U.
— Pourquoi, demande aux Anglais M. Vichinsky, mainte
nez-vous des troupes en Grèce ?
-— Pourquoi, réplique M. Bevin, en maintenez-vous en Azer
baïdjan?
— Le gouvernement d'Athènes n'est pas libre, et voui
faites de la Grèce un dominion.
— Ceux de Varsovie, de Bucarest et de Belgrade sont blet
moins libres encore, et vous faites de la Pologne, de la Rouma
nie et de la Yougoslavie des protectorats.
Tout cela n'empêche naturellement pas la Russie et l'An
gleterre d'être d'accord. comme il a été assuré à Moscou, e
même d'être alliées.
— Le malheur, constate mélancoliquement M. Bevin, c'esl
que l'alliance comporterait, en cas de litige, des conversations
diplomatiques courtoises. Or, vous déclenchez contre nous des
campagnes d'injures, qui sont reprises par la presse commu
]lis te de tous les pays. A l'entendre, nous sommes des pirates,
et nous sommes, quant à la pudeur, « au-dessous du singe ». On
n'est pas plus aimable. Qu'est-ce que ce serait, si nous n'étioni
pas alliés?
B
SANS de doute pourrait-on continuer longtemps encore à traiter
de ce sujet sur le mode ironique, et M. Bevin lui-même,
dans son intervention devant le Conseil, n'a-t-il pas manqué
d'humour.
Mais tout cela est très grave.
Car c'est tout cela qui explique, pour une bonne part,
l'anxiété du Monde.
On a l'impression que les accords et les alliances actuels
ne sont que des paravents derrière lesquels se poursuivent des
luttes acharnées. On a l'impression que, dans l' « Organisation des
Nations unies », il n'y a ni organisation, ni unité. Et qu'il n'y a
même pas de « Nations », les petits pays n'étant que des pions
que des impérialismes antagonistes poussent sur l'échiquier.
L'élaboration de la Paix — car c'est bien elle, n'est-ce pas?
qu'on élabore depuis quinze mois — n'apparaît plus que comme
un déplacement, sinon une extension du conflit qui a commencé
en 1939.
Nous n'irons pas jusqu'à dire. comme la revue « Témoigna-
ges chrétiens », que la guerre est de nouveau imminente, qu'elle
est pour dans trois mois, que nous verrons les Russes, en quel.
ques semaines, arriver aux Pyrénées, puis submerger l'Espagne,
tandis que les Anglo-Saxons s'accrocheront à l'Afrique du Nord,
pour en repartir à la conquête de l'Europe.
La guerre va recommencer? Nous écririons plutôt qu'elle
n'est pas finie, qu'on ne sait pas comment la finir, et que les
Trois « Grands » sont ainsi en train de manquer à leur rôle —
à celui que leur avait assigné leur commune victoire.
La S.D.N. nous a réservé bien des désillusions?
C'est vrai.
Elle avait du moins suscité des espoirs qui avaient permis
au Monde de reprendre goût à la vie et, par conséquent, de
vivre.
A Genève, il y avait des pèlerins — voire des prophètes.
A Londres, en ce. début de 1946, il n'y a --plut d«» -chi-
caneaux.
Décidément, que ce soit sur le plan intérieur ou sur le plan
mondial, le système des « Trois Grands » fait faillite.
Pour des raisons qui, au fond, sont peut-être les mêmes.
JEAN PIOT.
JOURNEE DE REPIT
A CENTRAL HALL
où l'O. N. U. a solennellement installé
son secrétaire général
CALME samedi à l'O.N.U. où le nouveau secrétaire général
Trygve Lie a été installé en grande pompe et à, dans un
discours d'une haute tenue, affirmé que la première pensée
des Nations unies serait toujours « l'avenir du monde civilisé »,
après avoir solennellement juré d'exercer ses hautes fonctions
« en toute loyauté, discrétion et conscience ».
Après avoir entendu ces nobles
Paroles, les délégués ont longue-
ment commenté le duel qui a op-
posé l'un contre l'autre MM. Bevin
et Vichinsky au conseil de sécurité
et qui reprendra demain en pré-
sence du nouveau ministre des
Affaires étrangères grec Rendis,
lequel a quitté hier Athènes oour
Londres.
La plupart des commentateurs
' soulignent qu'une ère nouvelle —
une ère de franchise — s'est 0\1-
verte dans la diplomatie interna-
tionale et qu'au reste, la discus-
sion du problème erec aboutira p
une solution amiable
Acceptons-en l'augure.
M. Bidault va reprendre la
discussion du problème alle-
mand.
M. Georges Bidault va. reprendre
Jw prochainement avec les ,hp.fs
de délégations étrangères se.s
conversations relatives au orn-
Wème de la Ruhr et de la Rhéna-
nie.
M. Bidault confirmera à ses ln-
terlocuteurs anglais. américaine
russes que la position française
n'a pas été modifiée nar le chen-
8«ment de gouvernement et s et-
forcera d'obtenir une réponse au
Mémorandum que la France a re-
"Jjs aux trois grandes puissances.
alliées.
Ce mémorandum propose, on le
sait, un plan pour l'administra-
tion de l'ouest de l'Allemagne et
des solutions aux questions qUe
soulèvent la Sarre. la Ruhr et la
Rhénanie. 1 .
La question du Levant
D'autre part, les conversations
entre les experts français et on-
tanniques pour l'application ae
l'accord du 13 décembre sur le Le-
vant semblent avoir abouti à une
impasse Il appartiendra au mi-
nistre des Affaires étrangères
français -de chercher avec M. Be-
vin un moyen de les faire sortir
de l'impasse où elles se trouvent.
Le lieu de regroupement des
forces britanniques au Levant
constitue le point principal du
désaccord entre Français et An-
glals,
La déclaration du ministre du
Liban à Londres, que nous avons
relatée hier, a ajouté un nouvel
élément au problème et l'a fait
sortir du cadre franco-britannique.
Eisenhower ne croit
pas à la paix éter-
nelle
WASHINGTON, 2 février. —
^înamt la parole devant les mem-
jjre» de « l'Association nationale
tireurs américains », le géné-
rai Eisenhower a déclaré qu'il ne
gisait pas qu'il n'y aurait plus
8 de guerre, « car l'esprit
n coopération dont les différen.
nations avaient fait preuve sur
champs de bataille n'a pas
'II rI/écu à la paix ».
tt111 a exprimé l'espoir de voir les
.'««•Unis conserver leur foi en
v/,r.r mission et ne pas perdre de
danger.
Les Etats-Unis vont ré-
duire leurs exportations
de blé.
HI«»£Hington- 2 février. — Une di-
c»1n des quantités de blé améri-
t \V eXPorté vers l'Europe est prévue
'nSton à la suite des nouveaux
111(lntg adoptés par l'Office fédé-
prix (O.P.A.) portant fixation
S,,!!1'1* du blé à l'exportation.
■ qijj , lrs 400 millions de boisseaux
JUin '"puent être exportés avant le 30
la moitié seulement a été
tirjf"JU=P jusqu'ici. Dans ces condi-
PkJ/, JI semble difficile que le total
u Puisse être atteint.
LA SITUATION FINANCIERE
PEUT ETRE REDRESSEE
Mais il faudrait
à nos dirigeants
le sens du réel
qui leur a manqué jusqu'ici
LES la réunions du Conseil des ministres s'ajoutent aux auditions de M. André Philip devant
la commission des Finances sans que nous soyons informés des projets du gouvernement
pour redresser la situation financière. Nous marquons quelque scepticisme sur l'effi-
cacité des mesures que peut prendre un ministère dont la majorité de ses membres est res-
ponsable des gaspillages et de la politique de facilité qui nous ont menés là où nous sommes.
Ceci dit, tout en réservant notre liberté d'approbation ou de critique, posons le pro-
blème que doit résoudre le gouvernement et cherchons quelle solution peut y être apportée.
EN 1946, LES DEPENSES INTE-
RIEURES TELLES QU'ELLES
SONT PREVUES AU BUDGET
VOTE PAR L'AiSSEMBLEE CONS-
TITUANTE EXCEDENT DE; TROIS
CENT VINGT MILLIARDS LES
RECETTES.
Que va faire M. André Philip
pour faire face à cette situation ?
Que peut surtout supporter lè
pays ?
BUDGET
Il ne peut être question d'équili-
brer nos recettes et nos dépenses.
Un déficit de l'ordre de cent ou
de cent cinquante milliards, étant
donné la valeur du franc, reste
parfaitement supportable si la con-
fiance existe entre l'Etat et l'épar-
gnant.
I. — Quelles économies
sont possibles ?
10 M. Philip annonce qu'il veut
réduire le budget du ministre
de la Défense nationale de cent
milliards. Ces cent milliards re-
présentent la moitié des dépenses
prévues. Nous n'avons pas appris
ces chiffres sans surprise. Au
cours de la discussion du budget,
un débat sérieux s'était engagé sur
les crédits militaires que les mi-
nistres des Effectifs et de l'Arme-
ment voulaient maintenir à cent
vingt-cinq milliards, tandis que les
socialistes voulaient, en les rédui-
sant de 20 %, les ramener à cent
milliards. Une réduction de 5 %
fut votée et, malgré cela, nous
apprenons maintenant que deux
cents milliards étaient demandés
aux contribuables.
Vraiment, nos députés ont exer-
cé leur mission la plus importante,
le contrôle du budget, de bien sin-
gulière façon...
Admettons, sous toutes réserves,
que M. Philip se trouve d'accord
avec ses collègues Tiilon et Mi-
chelet, et la France sera libérée
d'un fardeau trop lourd pour elle,
et le déficit sera allégé de plu-
sieurs dizaines de milliards.
2° Obliger les établissements na-
tionalisés ou réquisitionnés
à produire au même prix que l'in-
dustrie privée. De plus, les laisser
obtenir des avances... irrécouvra-
bles-dans les banques.
3' Supprimer les subventions, dont
la plus coûteuse est celle de
la S.N.C.F., puisqu'elle s'élève à
trente-six milliards. Mais, atten-
tion, pour subvenir à ses besoins,
la S.N.C.F. devra augmenter ses
tarifs, de même, si on ne renou-
velle pas les subventions accor-
dées aux agriculteurs — qui sont
souvent abusives — les denrées
agricoles, et en particulier le pain,
augmenteront et, avec les chemins
de fer et le pain, le coût de la
vie.
Pourra-t-on, dans ces conditions,
maintenir le blocage des salaires ?
4° Il faut réduire le nombre des
fonctionnaires, pas de cinq
mille, comme l'annonçait hier cer-
tains de nos confrères, faisant al-
lusion aux contrôleurs économi-
ques, dont la rémunération n'est
plus prévue au budget, mais de
plusieurs centaines de mille qui
pourraient, pour leur profit et le
nôtre, concourir à l'accroissement
si nécessaire de la production na-
tionale. C'est parfaitement possi-
ble, à la condition que l'Etat
veuille bien réduire ses attribu-
tions et qu'il n'encombre plus la
vie économique des formalités qui
l'entravent sans aucun avantage
pour la collectivité.
Nous pensons que ces quatre pro.
positions qui doivent s'inclure
obligatoirement dans un plan de
redressement financier amène.
raient les dépenses de t'Etat à un
volume parfaitement supportable.
Un gouvernement de salut public
les imposerait immédiatement,
mais celui de M. Félix Gouin n'est
qu'un gouvernement de partis.
II. — Peut-on dégager
de nouvelles recettes ?
1 ° Les impôts directs ou indirects
sont si lourds qu'ils ne peu-
vent être augmentés. Il n'est même
plus possible, par simple démago-
gie, d'élever si peu que ce soit l'im-
pôt sur le revenu, et quant aux
impôts cédulaires qui frappent sa-
laires et traitements, on diminuA
rait ainsi les ressources des tra-
vailleurs, qui seraient alors con-
traints de revendiquer de nouvel-
les augmentations de salaire.
2° Toute manipulation monétaire
est actuellement impossible.
L'échange des billets demande
une préparation de plusieurs
mois, et la pa,nique qui s'est em-
parée de certains milieux au mo-
ment de la crise, panique qui a
fait monter au marché noir le
Louis au-dessus de six mille
francs, fut parfaitement stupide.
Les billets ne seront pas estam-
pillés, car l'estampillage est si fa-
cile à imiter, que les faux billets
engloutiraient tous les bénéfices
de l'opération, et bien au delà.
3° Taxes de solidarité et d'enri-
chissement ne peuvent pas
être valablement augmentées. En
effet, sur l'enrichissement, étant
donné les taux appliqués, une ag-
gravation serait purement spec-
taculaire et sans rapport réel.
Quant à l'impôt sur le capital,
on ne peut, à notre sens, ni l'aug-
menter, ni en accélérer le paie-
ment. Il frappe suffisamment les
patrimoines honnêtement acquis,
et, pour satisfaire sans délai aux
exigences des percepteurs, les re-
devables de cet impôt devraient
réaliser leurs titres ou leurs biens.
Qui pourrait les acheter ?
Des surenchères en cette matière
ne pourraient qu'aboutir à une
crise économique. Or, justement,
c'est d'une reprise économique
qui élargit l'assiette de l'impôt
que l'Etat peut attendre ses plus
importantes ressources.
III. — Conditions d'une véri-
table reprise économi-
mique.
L'Etat doit solennellement défi-
nir le secteur qui doit demeurer
libre, pour que l'initiative privée
puisse reprendre son essor.
Tant que subsistent des menaces
d'expropriation l'activité honnête
se dérobe, elle se refuse aux in-
vestissements à long terme que ré-
clame l'industrie.
Refaire l'outillage, remettre en
marche la production, c'est vers
ces objectifs que doit se concen.
trer l'intervention de l'Etat.
Et comme les PouvOirs publics
s'avèrent trop souvent incapables
de gérer des entreprises, il con-
vient qu'ils se limitent aux trusts
et aux Industries-clés et qu'ils dé-
barrassent commerçants et indus-
triels des entraves qui les immo-
bilisent.
Ainsi, s'établira entre l'Etat et
les particuliers un climat de con.
fiance, qui rendra facile le renou.
vellement des bons à court terme,
et qui permettra l'émission d'un
emprunt qui couvrira une partie
importante du déficit.
*
+ *
Ce programme est parfaitement
réalisable, il réclame de nos di-
rigeants le sens du réel.
Malheureusement, jusqu'ici, c'est
bien plutôt de manque de sens
commun qu'Ils ont fait preuve.
Peuvent-ils se ressaisir ?
Nous le saurons bientôt.
Jacques DELBO.
LES MINABLES
de la collaboration
Le cas du neveu de l'amiral
Platon nécessite un sup-
plément d'information.
LOIN de nous la pensée de prendre ici la défense du neveu de
l'amiral Platon, qui comparaissait hier devant la Cour de justice
présidée par M. Gâché.
Rien ne peut être plus exaspérant, en effet, que d'entendre ce jeune
homme anémique, au cheveu rare et à l'oeil terne, répondre du ton de
l'élève sage et appliqué à un président qui l'accuse de. rien moins que d'intel-
ligences avec l'ennemi, autrement dit de trahison.
A'h ! ce' n'est pas sous ce crâne
étroit et blême qu'ont dû. se livrer
de foi en grandes tempêtes le jour
où il fallut choisir entre deux
voies ; et ce specimen parfait du
citoyen ponctuel et obéissant, res-
pectueux des pouvoirs organisés et
fier de s'y soumettre, semble bien
incapable d'avoir jamais ressenti
l'humiliation de la défaite et le
désir forcené de se libérer de l'oc-
cupant.
~
Mais, nous sommes bien obligés
de dire que son procès est fait
dans des conditions inadmissibles
et qui ne peuvent que finir par
soulever en sa faveur l'opinion gé-
aorab
Francine BONITZER.
A PATIR DE LUNDI
Les cafés resteront
ouverts jusqu'à minuit
Les boîtes de nuit jusqu'à
deux heures du matin
Par décision de M. Le Troquer,
et pour permettre aux 18.000
personnes travaillant dans les
boites de nuit et cafés de re-
prendre une activité normale, les
cafés pourront rester ouverts
jusqu'à minuit et les boîtes de
nuit jusqu'à 2 heures du matin.
Ces mesures sont consécutives
à l'amélioration apportée dans la
distribution de l'énergie élec-
trique.
AURORE actualités
La croix
et le pavillon.
LE drapeau qui flotte
maintenant sur l'hôtel
Matignon, siège du Con.
seil des minist¡'e", n'arbore
plus la croix de Lorraine.
C'est qu'au pavillon du
général de Gaulle succède,
sur l'édifice officiel, le dra-
peau français.
Mais le fronton de l'hôtel
du ministère de la Guerre,
rite Saint-Dominique, s'or-
ne encore d'une croix gra.
vée «u lendemain de la Li-
béralion, quand vint i'g
installer le premier chef liu
gouvernement provisoire de
la République.
Ce n'est pas la même cho-
se
Si le drapeau français res-
te les trois couleurs, sans
ornement, la croix de Lor-
raine a tout de même ac-
compagné l'emblème natio-
nal des champs de bataille
de Russie, à ceux de Bir.
Halieim, d'Italie. de Fran-
ce et du Rhin 1
On embauche.
CERTAINS tardent ministères
tardent à. faire con-
nattre la composition
de leur cabinet.
Au ministère des P.T.T.,
M. Letourneau, M.R.P..
disposition chez les techni-
ciens anciens membres du
cabinet de son prédéeesseur
pour lui accorder leur col-
laboration.
C'est d'ailleurs tout na-
turel.
Quant à M. Gazier, socia-
liste, qui succède, à l'Eco-
nomie nationale, à M. Bil-
loux, communiste, Il a trou-
vé la maison complètement
vide. Il est vrai que la mê-
me aventure attendait aussi
ce dernier à la Reconstrllc-
tion, d'où M. Dautry em-
mène tout son monde.
Jusqu'au ministère de la
rue de Rivoli, où aucun ins-
pecteur des Finances n'ap-
parait encore d'ans la trou-
De de M. Philip.
Avalanche.
LE directeur du cabinet dil
chef du gouvernement
qui occupe, rue Suint-
Dominique, le bureau de ."on
prédécesseur, a failli, en ar-
rivant, se noyer sous les pa-
perasses et les rapports
amoncelés pendant l'inter-
règne dans l'ancien bureau
de M" Palewslcl.
Mais, avec M. Zerbini,
tout rentre vite dans l'or-
dre avec bonne humeur.
Friction.
ZERBINI, surchargé
M de besogne pendant
• ces premiers jours
ut ne pouvant sortir, deman-
da à son garçon de bureau
dl' lui amener un coiffeur
L'homme de l'art vint
donc opérer à domicile, ft
tout en manipulant délica-
tement peigne et ciseaux,
a.pprit à son nouveau client
qu'il venait, ainsi chaque
quinzaine rendre le même
office à M. Patcwski.
Après le dernier coup de
brosse, Figaro sortit, de sa
poche un petit flacon et
frictionna de lavande la
hrune et abondante cheve-
lure de M. Zerbini.
Celui-ci, amusé de la coïn-
cidence, demande alors en
ri.,int, :
— Est-ce celle de M. Pa-
le,w,ki ?
— Hélas, monsieur, depuis
quelque temps, et à. cause
des journaux, il n'utilisait
plus que de l'eau de Colo-
gne.
Les mauvaises langues di-
ront encore que, pour le di-
recteur de cabinet du pre-
m!tr'/' chef dit gouvernement
provisoire, t(i presse était
sans importance.
PANTALONNADE
LA guerre des pantalons
est commencée. Sur
l'injonction impérati-
ve du chef de la lésion de
la gendarmerie champenoi-
se, les pandores font, la
chasse, dans l'Aube, aux
porteurs de défroques mili-
taires françaises ou alliées.
Qu'importe qu'ayant en
souffrance depuis trois ou
quatre ans une demande-de
complet de travail. l'ouvrier
ou le cultivateur soif mon-
té dans un falzar américain
ou dans une capote de la
drôle de guerre. Prestement
cueilli, il est soulagé de son
grimpant ou de sa. pelure.
La saison ne se prête guè-
re au port du short. Et en-
core moins à cette récupéra-
tion saugrenue rjui prend
l'aspect d'une brimade aus-
si inutile que déplaisante.
Car s'il faut porter la ha-
che dans la Grande Muette,
les premiers coups doivent
être pour les garde-mites et
la naphtaline.
La Chandeleur.
* VEZ-VOUS fait des cré-
Jï pes ? Avec un louis d'or
•** dans la main. Ou, à (lé-
faut, avec une somme infé-
rieure, un billet de 5.000
francs par exemple...
Sinon, tant pis pour vous.
Toute l'année, vous tirerez
le diable par la queue.
Si oui, à vous les milliards
d'excédents de recettes.
Le rite de la Chandeleur
enrichit tous ceux qUi l'ob.
servent.
Tandis que les choux-neurs
s'amoncellent à Nancy
PARIS
NE REÇOIT
PLUS DE
LÉGUMES
Quand donc le ministère
du Ravitaillement pour-
ra-t-il imposer sa volonté
et répartir les produits
de notre agriculture se-
lon les besoins réels des
consommateurs ?
* INCURIE, j gabegie, incompétence.
Rengaine dont le public s'est
depuis longtemps lassé, mais
qu'on ne se lasse pas de lui ser-
vir.
A défaut d'autre chose.
De légumes, par exemple.
Car les Parisiens — les Parisiens
« moyens » en ont perdu le goût
depuis longtemps.
— Ce n'est pas la saison des
légumes, diront sans doute les up-
timistes du ministère.
Mais, avant la guerre, ne trou-
vait-on pas en hiver endives,
choux, carottes ou navets à vu-
lonté ?
En vérité, si Paris ne reçoit plus
de légumes, on pourrait peut-être
penser que c'est à d'autres causes
qu'on le doit — causes que nous
avions déjà dénoncées en évoquant
ici la pénurie de pommes de terre.
D'abord la tolérance bizarre qui
permet aux coUectivités. coopéra-
tives et autres groupements privi-
légiés de payer aux producteurs
plus cher que les grossistes colle-e-
tant, au nom du ravitaillement gé-
néral.
En second lieu les initiatives
malheureuses que prennent les
préfets dans leurs départements —
et. ce malgré les directives multi-
ples des ministres successifs du
Ravitaillement — en permettant
aux commerçants locaux de ven-
dre au-dessus de la taxe.
Arrêté en zone française
L'assassin de Mme
Sauty de Chalon
paiera son crime...
Léon Meurent, qui avait sauva-
gement étranglé Mme Sauty de
Chalon après l'avoir violée avec
son complice Pierre Linden. déjà
détenu, vient d être repris à Ru-
ningen, dans le Wurtemberg, par
les soins des services civils de la
Sûreté nationale.
Il est cette fois en mains sûres
et a reconnu sa véritable identité.
On n'échappe pas à la justice,
surtout avec les mains salies par
un crime aussi odieux.
Le meurtrier sera transféré
lundi à Cambrai et aussitôt mb
à la disposition de M. Gros, juge
d'instruction.
tjn crime ne reste jamais im-
puni et la justice suivra son cours.
AVIS
Quand publierez=vous,
monsieur Tillon, le bilan
de la Société nationale
de construction des mo=
teurs d'avion ?
Le général Catroux serait
appelé à d'autres fonc-
tions.
On déclare dans les milieux diplo-
matiques français que le général Ca-
troux, ambassadeur de France tn
U.R.S.S., n'a pas donné sa démission
Il est possible cependant, ajoute-t-on
dans ces milieux, que l'ambassadeai-
soit prochainement appelé à d'autras
fonctions.
Le général Catroux est attendu in-
cessamment à Paris, son voyage ne
revêt pas un caractère exceptionnel et
était prévu avant la crise gouverne-
mentale. dit-on au ministère des Af-
faires étrangères.
rB II n'y a pas d'OFFRE ion]
ou de DEMANDE D'EMPLOI, ■
de VENTE ou d'ACHAT, de I
PROPOSITION COMMERCIALE ■
qui n'obtiennent satisfaction I
PAR LES t
Petites Annonces
I« L'-A V R 0 R E » I
9, rue Louis-le-Crand, PARIS (2e) I
LES PETITES ANNONCES I
reçues avant 18 heures pa- H
L'énigme de Marly
QUELLE EST L'IDENTITÉ
DE LA FEMME AU DOIGT COUPÉ ?
LE mystère entoure toujours le cadavre de femme découvert à Saint-Nom-
la-Bretèche. Les enquêteurs semblent encore indécis quant à l'identi-
fication de la victime.
La femme de Spirito ? L'épouse
dp. Ricord ? Une certaine Jacque-
line Cordier ? Rien de tout cela.
Bien des indices, cependant, per-
mettent d'orienter les recherches.
La victime, dont l'un des doigts
est coupé, portait un manteau de
cuir doublé de fourrure, livré par
M. Tomasini, tailleur renommé de
la rue Royale.
Celui-ci a le souvenir d'une fem-
me âgée d'une trentaine d'années,
qui disait se nommer Jacqueline
Cordier.
Il reconnaît formellement sur la
victime le manteau livré à cette
cliente en février 1945, et se rap-
pelle même la proposition de cette
dernière, lui offrant des montres
suisses, proposition qui fut renou-
velée il y a une quinzaine de jours,
téléphoniquement, par cette même
Jacqueline Cordier.
D'autre part, les quatre montres
suisses en or retrouvées dans le sac
de la femme assassinée établissent
une corrélation avec l'offre faite au
tailleur. Cette indication permettra
peut-être d'avancer l'enquête.
La cliente de M. Tomasini lui a
laissé un numéro de téléphone pour
l'appeler : vérifications faites, ce
numéro ne semble pas le bon.
Un mouchoir retrouvé à côté
du corps de la victime porte les Ini-
tiales O. D., et le tailleur ne peut
affirmer que le visage de la femme
est celui de Jacqueline Cordier.
Faut-il abandonner cette piste
pour une nouvelle que pourraient
donner les précisions qu'apportera
l'enquête de la M. P. sur les noms
des militaires américains trouvés
dans le sac de la victime ?
Les inspecteurs de la première bri-
gade mobile, sous la direction de
M. Buffin, commissaire, poursui-
vent leurs investigations.
R. S.
Le pion de détresse
a vécu...
LE communiqué de M. Marcel
Paul nous étant parvenu
très tard dans la soirée de
vendredi, il nous a été impos-
sible de le publier dans certaines
de nos premières éditions d'hier.
On sait que les services de la
Production industrielle ont an-
nulé le fameux « plan de dé-
tresse » — dont nous avons, de-
puis des semaines, démontré
l'absurdité — en prenant les me-
sures suivantes :
A PARTIR DE DEMAIN,
toutes les restrictions seront
levées à l'égard des usines ;
A PARTIR DU 11 FEVRIER,
le régime. des coupures est
entièrement supprimé. Les
salons de coiffure pourront
utiliser le courant dès 9 heu-
res du matin.
M. Marcel Paul a donc fini par
céder à notre campagne.
Mais il ne veut pas le recon-
naître. et prétexte que la sup-
pression de son plan est due, en
partie, à l'importation d'énergie
électrique allemande.
Nos lecteurs savent, depuis
longtemps, que les restrictions
imposées par M. Marcel Paul à
notre industrie et aux particu-
liers n'aVaient plus aucune rai-
son d'être, étant donné nos
stocks de charbon et nos réser-
ves hydrauliques.
Ces restrictions représentaient,
depuis le 12 janvier, 3 % de la
consommation totale. Nous
l'avons démontré.
VERRONS-NOUS
le médecin
fonctionnaire ?
Des déclarations de M. Croizat
semblent le laisser redouter
ALLONS-NOUS Le vers une nationalisafion de la médecine?
Le docteur Knock, qui en avait imaginé l'exploitation
rationnelle, n'y verrait peut - être pas d'inconvénients,
mais le cochon de mourant n'entend-il pas, envers et contre
toutes les lois, être expédié dans l'autre monde par le méde-
cin de son choix ?
- La reforme pourrait être amor- ,
cée à la faveur de l'extension de
l'obligation des assurances socia-
les à tous les salariés, dès le
1er juillet 1946.
Sans doute, y a-t-il d'autres sec-
teurs plus industrialisés où la ré..
forme semble plus urgente. E. M.
Gouin, dans sa déclaration minis-
térielle n'a pas mentionné la sys-
tématisation des elystères et la
polycopie des ordonnances.
Mais M. Croizat parait y tenir.
Il l'a expliqué, avec des précau-
tions oratoires, an cours d'une
conférence qui réunissait journa-
listes et médecins.
Le taux des honoraires deman-
dés par le médecin, a-t-il dit, de-
vra coïncider avec le tarif de rem-
boursement de ces honoraires par
les assurances. Soit ! Tant pis
pour les spécialistes en renom l
Il y aura. du monde à leur porte...
Mais en outre le barème des
honoraires sera établi suivant les
titres et spécialités des praticiens.
Cela présage d'aigres discussion,
mr les mérites réciproques de Gal-
lien et, d'Hippocrate. Et l'Ordre des
médecins est littéralement attéré
par cet ukase qui va le contrain-
dTP. à, des classifications plus que
délicates.
Le rnéderin.-fonrtionnaire ? Hé,
'hé ! C'est une trouvaille.
— De quoi ? Un homme à la
mer ? M'en f... Je ne suis pas de
service 1
De là à désigner le chirurgien
de quartier qui procédera, le mer-
credi et le vendredi, de 14 à 18
heures, à l'ablation de l'appendice
01l à la suppression du pylore, il
n'y a que quelques pas.
Pourvu que, pour protester, lei
. rn.Me.cins.. ,-ne . SE .meîterti pas t4
grève à l'occasion de la plus pro*
i chaîne épidémie de grippe espa*
i gnole. ' Ou que leur comité dé
i quartier ne décide pas de procède
au sabotage de la matière sur. la-
I quelle ils travaillent.
i Mais, dites donc, monsieur Crot*
zat, est-ce que par hasard noué
. ne serions pas tous devenus ut)
veu fous sans nous en apercevoir ?
L'indemnisation des action-
naires des sociétés d'élec-
tricité et de gaz ne grèvera
pas les dépenses publiques
si l'épargne répond aux appels
du ministre de la Production
industrielle
A propos de la nationalisation de
l'électricité et du gaz, on précise que
l'indemnisation des actionnaires ne
peut avoir pour effet de grever les
dépenses publiques. Ces indemnités
représentent, en effet, le rembourse.
ment des capitaux investis dans les
industries de l'électricité et du gaz.
Or, les charges d'intérêts et d'amor.
tissement de ces capitaux doivent.
évidemment, être couvertes, qu'il y
ait ou non nationalisation.
Il est donc inexact d'affirmer que
la nationalisation du gaz et de
l'électricité va coûter 200 milliards
aux finances françaises, amortissa-
bles en dix ans, dont cette année.
Cette somme, pour laquelle il sera
fait appel à l'emprunt, ne corres.
pond pas du tout aux frais entraî-
nés par la nationalisation, mais aux
dépenses nécessaires pour exécuter
le plan d'équipement hydro-électri-
que et thermique de notre pays.
Les élections belges
LA MYSTIQUE LEOPOLDIENNE
l'emportera-t-elle le 17 février?
Pour la dernière fois, les femmes sont exclues du vote
C'EST le 17 février que la Belgique vote.
Evénement important qui sera dominé par deux considérations }
1 la question royale et le redressement économique et social.
Le désir des catholiques de voir
Léopold III reprendre son trône
l'emportera-t-il, dans la balance
électorale, sur l'excellente gestion
dont peut s'enorgueillir le minis-
tère Van Acker ? La lutte. en tout
cas, sera serrer.
Le parti catholique, ou social-
chrétien, se trouve quelque peu
affaibli par la formation d'un
groupement antiléopoldien, cons-
titué plus spécialement en Wal-
lonie sous l'appellation Union
démocratique belge et qui com-
prend notamment les ministres
catholiques demeurés solidaires
de M. Van Acker. Mais on affecte,
dans les milieux léopoldiens, de
considérer cette scission comme
sans importance et on ne lui ac-
corde généralement que deux ou
trois sièges.
Par contre, des libéraux ont pré-
féré se rattacher aux catholiques
et il est fort possible qu'ainsi di-
minué, ce parti — qui a officielle-
ment pris position contre Léo-
pold III — ne sorte très diminué
de la bataille.
Voici au surplus la composition
de la Chambre qui a été élue an
début de 10:1!1 :
Catholiques 73
Nationalistes flamands .... 17
Rexistes 4
Libéraux 33
Socialistes 64
Communistes 9
Indépendants 2
Au total : 202 sièges.
Les voix se répartissaient ainsi :
Catholiques 764.843 voix
Nation, flamands 185.470 voix
Rexistes 103.821 voix
Libéraux 406.219 voix
Socialistes ,...... 705.969 voix
Communistes .... 125.418 voix
La désignation des élus a lieu
selon le système de la représenta-
tion proportionnelle sur la base
nationale.
Le Sénat, qui sera également re-
nouvelé. se compose de 167 mem-
bres dont 101 sont élus au suffrage
direct, 44 par les conseils provin-
ciaux, les 22 autres sont cooptés
par l'assemblée.
Les élections provinciales au-
ront lieu le 24 février.
Signalons que le parti nationa-
liste flamand et le rexisme n'exis-
tent plus. Ils ont été dissous pour
leur collaboration étroite avec
l'Allemagne durant l'occupation.
Il est à présumer que la plupart
des voix qu'ils recueillaient, saut
bien entendu celles des inciviques,
se reporteront sur le parti social-
chrétien.
Enfin, alors que depuis près de
vingt-cinq ans, les femmes parti-
cipent aux élections municipales,
elles ne seront admises à manifes-
ter leurs opinions politiques qu'à \
partir du Ie' janvier 1947. Les ca-
tholiques, qui constituent actuelle-
ment la minorité parlementaire,
reprochent avec véhémence au
gouvernement Van Acker d'avoir
éliminé les femmes de la consulta-
tion électorale du 17 février.
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