Titre : Ce soir : grand quotidien d'information indépendant / directeur Louis Aragon ; directeur Jean Richard Bloch
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1947-11-21
Contributeur : Aragon, Louis (1897-1982). Directeur de publication
Contributeur : Bloch, Jean-Richard (1884-1947). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32738400h
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 novembre 1947 21 novembre 1947
Description : 1947/11/21 (A11,N1894). 1947/11/21 (A11,N1894).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k41225035
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-109
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/12/2018
Le Grain de Sel d'ANDRÉ WURMSER
Cachez ce pain que je ne saurais voir...
L ORSQt dance E la misère gagne comme une lèpre, lorsque l'indépen-
dance nationale chancelle, lorsque l'insolence des fortunes nar-
gue le désespoir des petites gens, lorsque les milliardaires frau-
dent, lorsque les politiciens trahissent, une .voix s'élève, fatale, pate-
line, rabâcheuse, tartuffe: la voix des professeurs de morale. c Crise
de moralité », écrit L'Aube. « Le problème français est loin, bien
loin, très loin d'être exclusivement politique. Le moral y. est d'une
importance autrement grande. La première ! » Quels gangsters mar-
seillais du R. P. F. (ancienne maison P.P.F.), quels financiers en •
rupture de déclaration fiscale, quels signataires genevois de la
capitulation économique ont suscité cette belle phrase, dont le fran-
çais est douteux et les intentions claires ?
Vous n'y est point. Le service de Sondage et de Statistiques qui
est en France ce que l'institut Gallup est aux Etats-.Unis, a posé
cette question : « Le fait d'acheter un supplément de pain au mar-
ché noir, lorsqu'on est à court de tickets, vous semblc-t-il un fait
rép! éhenslble ou non ? > Or, voilons-nou3 la face ! Soixante-deux
pour cent des Français n'ont pas répondu qu'ils considéraient ce
crime comme impardonnable. D'où l'indignation de mon pieux con-
frère. j
« Je sais ,les difficultés des familles, écrit-il prudemment, en-
core que je ne sois pas sûr que ce trafic soit surtout le fait des
gens modestes. »
CERTES, le pain du marché noir n'est pas acheté par une
majorité de vieux retraités ou d'ouvriers. Mais les 62 % de
Français qui ont répondu H01t à l'enquêteur étaient-ils tous des
acheteurs du marché noir ? Je ne le pense-pas. Il me semble que
l'un d'entre eux aurait pu développer son point de vue de la sorte :
' Je n'ai pas les moyens d'acheter du pain au marché noir. Mais
j ai trois ^ enfants. Et si j'avais l'argent nécessaire pour les mieux
nourrir, je ne le? laisserais point manquer de pain, que L'Aube
juge moral ou immoral ce trafic. Il y a entre ma réponse et un
prêche facile sur le sacrifice des honnêtes gens la différence qui
sépare , une humble franchise d'une tartufferie grandiloquente. Au
surplus, ce qui est répréhensible, ce qui est immoral, ce qui mé-
rite la peine de mort, c'est le crime que commet un gouvernement
quand, incapable d'assurer aux pauvres gens leurs pain quotidien,
il ferme les yeux sur toutes les spéculations qui se greffent sur
là vie chère, la pénurie et les autres conséquences désastreuses de
sa propre incapacité. Et ces spéculations honteuses ne sont pas
celles de la ménagère qui, à court de tickets, achète une livre de
pain' hors programme. Vous ne me la ferez pas condamner du
même cœur qui blâmerait le milliardaire qui camoufle 80 mil-
lions en Suisse. Je laisse à la troisième force le soin d'une justice
distributive qui frapperait d'un blâme égal le milliardaire et la
ménagère, en vertu d'une morale à la mode du fameux pâté
d'alouettes : « une alouette, un cheval, une alouette, un cheval >.
L'AUBE remarque que ce sont les petits ruisseaux qui font les
grandes rivières. Formule ingénieuse et originale, mais qui
» ne s'applique nullement au marché noir. Tout au contraire,
ici ce sont les grandes rivières qui font les petits ruisseaux. C'est
parce que la justice refuse de frapper les gros que la pénurie se
prolonge et que les petits, pour vivre, sont parfois conduits à ton-
dre de ce pré, la largeur de leur langue. On est prié de ne pas tirer
sur le lampiste : il fait ce qu'il peut.
Dans Le Monde, M. Audiat ne dit pas autre chose que son
pieux confrère. Pour lui, bien sûr, le problème est plus technique
que théologique. Tout le mal vient de ces salariés « dont la poche
secrète alimente des dépenses cachées ». Les voilà, les fauteurs
de vie chère ! Au diable M. Audiat ! Que les automobilistes écra-
sent les piétons, c'est peut-être dans l'ordre des choses. Qu'ils les
injurient par-dessus le marché; c'est trop. Mais qu'ils les accablent
de leçons de morale, c'est^ intolérable. Je l'ai dit au début : les
pires époques sont celles où fleurissent les homélies et où coulent
les larmes des moralisateurs. Nous avons connu cela du' temps que
nos maîtres trinquaient avec les Allemands. La voix chevrotante
du vi«ux Bazaine reprochait matin et soir aux Français les fautes
dont ils, étaient victimes et que d'autres avaient commises, qui en-
touraient et applaudissaient Pétain. je n'ai pas le dessein d'ap-
prouver quelque fraude que ce soit, mais lorsque je vois jouer
au naturel « Les animaux malades de la peste >, par ces animaux
politiques qui répandent la peste sur mon pays, je me persuade
que la justice immanente ne tolérera pas que tant de coups de pied
aux fesses se perdent.
Et qu'ils sont seulement remis à une date ultérieure.
LA PATHETIQUE CHRONIQUE DES
ERREURS JUDICIAIRES par Geo London
DES LETTRES ANONYMES
répandaient la terreur au manoir breton
On arrête un brave peintre en bâtiment
qui en meurt... Il était innocent !
1927. Nous sommes dans la région de Malestroit, un
des. sites les plus curieux et les plus pittoresques du MOI,"
bihan, au sud de Ploërmel. Dams l'Europe paisible de cette
époque, Malestroit cet un des endroits de notre France
où l'a vie s'écoula la plus douce.
Son nom ne retentit qu'une seule fois, et i!l y a bien
longtemps : en 1^1% quand les rois de France et d'An-
gleterre vinrent y signer la trêve qui porte son nom. Vous
peng'ez, il y avait déjà &ept ans qu'on se battait ! Vous
savez que la trêve de Malestroit fut de durée fort brève,
ce qui a valu à nos ancêtres la guerre de Cent ans. Drôle
de guerre 1 . 0 1
On trouve encore dans la ré-
gion de Malestroit. des maisons
en bois datant de cette époque.
On y trouve aussi assez
grand nombre des manoirs ha-
bités par des familles de no-
bliaux, dont quelques-unes sont
obligées à une vie assez effacée,
faute de moyens matériels suf-
fisants et dont d'autres au con-
traire continuent à mener grand
train.
Un glorieux isolement
Fidèles à la devine « noblesse
oblige », ces aristocrates frayent
peu avec le « vulgaire ». A qui
conque n'est pas bien né, les por-
tes de leurs domaines s'ouvrent
rarement et précautionneusement.
Il leur plaît de rester entre « gens
"* du monde » et à ne pas frayer
avec le peuple... Lequel n'en
éprouve pas la moindre peine.
Quoi qu'il en soit, l'existence
des familles nobles de la région
de Malestroit paraissait, il y a
vingt ans, exempte de souci dans
sa volonté d'effacement, dans
son « glorieux isolement », ce
n'était là qu'une apparence. De-
puis deux ou trois ans, tel un
chancre, un mal secret rongeait
la quiétude de tous ces gens du
monde. D'affreuses lettres ano-
nymes contenant des injures, des
calomnies, des insinuations sur
les uns et sur les vautres, d'au-
tres contenant des' menaces
étaient envoyées dans les fa-
milles les plus collet monté, se-
mant. Ici la colère, là l'indigna-
• tion, ailleurs la peur, éveillant
les soupçons de certains, versant
le poison du doute dans l'esprit
de certains - maris, la désolation
dans le cœur de pauvres épouses.
Pendant des années, malgré
le désastre provoqué par cette
épidémie qui avait pris un ca-
ractère endémique, toutes, les
victimes se trouvèrent d'accord
pour faire le silence sur cette
désolante catastrophe. Prévenir
la police, porter, plainte au
Parquet de Ploërmel, c'eût été
ébruiter le scandale, jeter les
noms des familles en pâture à la
presse, s'exposer à l'invasion
bruyante et, indiscrète des en-
voyés spéciaux des journaux de
Paris, flanqués de photogra-
phes... Mieux valait continuer à
souffrir en silence.
Un vieux comte s'émeut
Tout d? même, au début de.
l'année 1927, il se trouva un vieux'
comte pour décrier :
— Palscumbleu la, coupe est plei-
ne ; il faut aviser.
Par le truchement d'un mattre
d'hôtel du fameux restaurant
Foyot (au.jourd'hu.i disparu), qu'il
fréquentait à chacun de ses voya-
ges à Paris, il s'aboucha avec un,
inspecteur en retraite de lIa. Police
Judiciaire et le pria de venir sur
place pour essayer de démasquer
le mystérieux gredin coupable de
tant de maux.
L'ex-i,nspecteur vint s'installer
dans le manoir de son noble
citent. La vie de château lui agréa
fort. La.... chère était bonne ; ses
hôtes charmants, quoique le vieux
comte l'indisposât un peu en lut
posant chaque matin cette sempi-
ternelle question :
— Eh bien, monsieur l'inapec-
teur, est-ce a,ujourd'hu,i' que nous
emboutirons t
Mais après déjeuner, quelle vo-
lupté pour celui-ci de fumer sa
pipe dans un des magnifiques fau-
teuila Louis XVI de M. le comte,
incomparables comme confort aux
chaises démocratiques 'du 36, quai
des Orfèvres.
Il s'enfermait seul dans la. pièce
et prenait bien soin de prier qu'on
ne le. dérangeât sous auoun pré-
texte, tandis qu'il c collationnait »
ses notes.
Parfois ses yej-lx se fermaient...
Il méditait sang doute... A moins
qu'il... Après tout, . au bout de
vingt-ci'nq ans de b/ns et loyaux
services à la P.J., on est excusa-
ble d'avoir des digestions un peu
laborieuses.
Enfin l'excellent homme aurait
peut-être fini par démasquer le
vrai criminel, si le vieux comte,
peu enclin à jeter l'argent par les
fenêtres, n'avait à peu près jeté
à la porte son inVité, incapable
à ses yeux de servir une juste
cause.
Pen de tempe après, 1-e Parquet
de Ploërmel fut enfin saisi de
l'affaire par une autr? victime :
un marquis cette foie, et le juge
d'instruction de Ploërmel prit l'af-
faire en main.
Le supplice
d'un brave homme
Le juge de Ploërmel mena ron-
dement son instruction. Aussi
bien avait-il trouvé, pour le se-'
conder dans ses investigations, un
auxiliaire bénévole et z£elé, un dé-
tective amateur comme on en ren-
contre dang les romans policière.
Et quel détective amateur : un
baron, un vrai baron : M. de Beau-
drap, châtelain de Ker-Marid.
Triomphe de l'amateurisme. Ce
fut M. le baron qui dama le pion
à M. le juge. Il désigna en effet
le premier l'auteur des lettres ano-
nymes. Mais celui qu'il dénonçait
était un si brave homme, il jouis-
sait dans toute la région d'une telle
réputation d'honnêteté et de fran-
chise que personne (hormis M. le
juge d'instruction de Ploërmel) ne
voulut croire à sa culpabilité.
C'était un nommé Rozé, peintre
en bâtiment, mi-patron, mi-ouvrier,
installé dans une petite boutique.
Dépendant le baron de Beaudrap
affirmait» à qui voulait l'entendre
que l'infamie de Rozé était d'au-
tant plus certaine qu'il avait ob-
tenu de lui des aveux. Et il mi-
mait la scène au cours de laquelle
Rozé se serait mis à genoux pour
Se confesser à lui.
Dans le même temps, le baron
de Beaudrap désignait comme
étant l'instigatrice de Rozé une
autre personne fort honorable,
femme d'un conseiller général du
Morbihaq dont j'estime inutile d-e
rappeler le nom ici.
M. le baron de Beaudrap affir-
mait que, nouvelle incarnation de
la « Dame voilée », cette femme
se rehdait, en grand secret, dans
l'arrière-boutique de Rozé pour lui
dicter les lettres perfides et par-
fois cruelles, puisque l'une d'elles
annonçait à des parents que leur
jeune enfant serait assassiné.
C'en fut assez pour que l'hon-
nête Rozé et sa prétendue compli-
ce fussent inculpés. Rozé fut
même arrêté.
La secousse fut telle chez le
malheureux qu'il tomba malade et
mourut avant que justice lui fût
rendue dans des conditions que
nous allons maintenant examiner.
(A 8uivre.)
(Copyright by Géo London and
Ce soir).
(Voir Ce soir des 23, 24, 28 sep-
tembre, 2, 3, 14, 22, 23, 24, 2S, 30
octobre, 7, 11 et 14 novembre.)
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WALLACE me l'a dévoilé, après m'avoir
battu en trois sets...
(De notre envoyé perman. aux U.S.A., Robert-J. LONGUET)
NEW-YORK. novembre. — Mon ami John H. m'avait
invité à passer le week-end chez un Américain
libéral et diltivé, le Dr. W... Samedi dernier,
notre hôte nous attendait avec sa Cadillac, dans
une gare de l'Etat de Connecticut. jusqu'où nous avions
pris le train.
- Je vous ai réservé une surprise, me dit-il, avec un
sourire énigmatique, en se mettant au volant.
Nous filâmes vers le Westches-
ier County à. travers une campa-
gne verdoyante et soignée comme
un jardin anglais. Prairie* et bois
appartenant à d'immenses domai-
nes bordaient la. route sinueuse. Un
savant virage, les pneus crissèrent
sur le -gravier et la. voiture stop-
pa devant une grande maison de
bois, éblouissante de blancheur.
Dans un grand hall vitré se
trouvaient plusieurs personnes vê-
tues de blanc.
— Vous connaissez Henry Wal-
Paul ROBESON
m'a dit :
« Je viendrai à Paris
en décembre »
lace, fit avec un sourire satisfait
le docteur W.
Amusé de ma surprise, Wallace
me serra la main et me dit :
— Pas d'in ervi.w aujourd'hui !
Wallace, joueur de tennis
Vêtu d'une chemise Lacoste, d'un
pantalon d2 toile blanche et chaus-
sé de chaussures de tennis, Wal-
lace tenait sous le bras une ra-
quette :
— Jouez-voua ? dit il."
— J'ai joué, dis-je, ma,in... '
— Ça va, fit-il sans me laisser
terminer. Nous avions faire un
double et nous bavarderons p'ius
tard.
Je suivis le groupe de joueurs.
La maison construite au sommet
d'une colline dominait un joli lac
au bord duquel on apercevait la
terre rouge du court de tennis et
un charmant bungalow blanc. Mon
hôte me conduisit vers ce bunga-
low. J'en réassortis tout équipé ét,
quelques minutes plus tard, je me
trouvais sur le court avec un avo-
cat new-vorkais. En face de nous
Henry Wallace et le docteur W.:.
Wallace « servit » avec précision
et je remarquai qu'il mettait dans
la poche de son pantalon deux ou
trois balles au lieu de les tenir à
la main comme le font habituelle-
ment les autres joueurs...
Le Jeu de l'ancien viœ-présldent
des U.S.A., qui est âgé de 59 ans,
est étonnant. Avec l'agilité d'un
chat <-t une souplesse extraordi-
naire, Il rattrape toutes les bailles.
Il est à la fois au filet et au fond
du cour.. S s ballpis ne sont pa«
ti'fes. très dures, mais assez raid:»
ft très précises. Il est très « fair »
dans son jeu. J d veux dire qu'il
n'use pas de ces carottages lnélé-
fa n JI de certains joueurs qui veu-
■•nt gagner à tout prix.
A i'heure du dîner un buffet
froid nous attendait, servi dans une
ancienne grange, admirablement
arrangée dans le style rustique.
Il faisait très lourd et par les
fenêtres largement ouvertes, le con-
cert des grillons venait jusqu'à
nous. Après m'être servi je cher-
chais une place pour m asseoir,
mon assiette à la main, lorsque
Henry Wallace qui, comme moi,
était en quête d'un siège, m'indi-
qua un canapé.
Après m'avol,r posé quelques
questions sur les liens de parenté
t ntre les Longuet et Kartt Marx,
Wallace m'interrora longuement
sur la France, ses partis. Il me dit
combiEn Il avait été Impressionné
par les qualités de so-lidité, par la
largeur de vues d'hommes comme
i.Iqu,'cs Duclos et Maurice Thorez.
Je profitai d'un silence pour po-
ae.r .J. mon tour des questions. Et
surtout celle particulièrement brû-
lante, d'un troisième parti aux
U. S. A.
En pesant ses mots, mon inter-
locuteur répondit :
— Vous ne devez jamais perdro
(b vue quj les U.S.A. ne sont pas
l'Europe.
La tradition des deux partis
américains...
« Nous avons dans les Immenses
plaines du Mlddle West les fermiers,
poursuivit-il, qui sont de pères en fils
ou démocrates ou républicains. L'idée
des deux partis est très fortement a-n-
crtfe dans leur esprit. Par ailleurs, sur
les côtes, surtout dans l'Est où elle est
très nombreuse, la classe ouvrière n'a
pas la formation politique de la classe
ouvrière européenne. Tout est différent
ici. Sans doute, avec la loi Hsutley,
qui est une grave menace pour le syn-
dicalisme, tous les syndicats vont-ils
être obligés de s'orienter et de s'orga-
niser politiquement. Mais Il y a encore
énormément à faire.
— Mais, dili-je. les temps ont changé,
les U.S.A. ne sont plus ce qu'its étaient
en 194~. Vous avez une armée, une
énorme machine rnilitaîre, Or, qui au-
rait dit, Il y a quelques années, quf
les Américains accepteraient ce formi-
dable armement qu'ils reprochaient aux
F,uropéeru. Ne croyez-vous pas que la
grande révolution économique qui se
développe lit qui a été accélérée par la
guérre, obligera las éléments Jeunes et
progressifs à se grouper en dehors des
cadres trop vieux des anciens partis ?
Les jeunes, surtout, pensent
au troisième parti
— beaucoup /Jc Jeunes partent tomme
vous. Et Ils ont raison de penser à
l'avenir. Mais Il faut être réaliste, nous
avons à faire face aUx prochaines élec-
tions, à celles de 1948 et la campagne
est commencée. Et Je crois qu'il est
encore l,osi5thle, en menant une vigou-
reuse campagne, favorisée par les évé-
nements qui nous donnent raillon, dé
mener le bon combat au sein du PaVtl
démocrate. Pour ma part, je veux me-
ner la lutte jusqu'au bout au sein du 1
Part,i.
— Mals si les conservateurs l'em-
portent à la prochaine Convention et
I WALLACE ET ROBESON I
font adopter ce qu'ils appellent leur
programme ?
— Eh bien ! Il sera temps encore de
grouper les éléments libéraux progres-
sistes qui m'auront suivi et'de former
un troisième parti. Tous ceux qui sont
en ce moment derrière moi .t font ac-
tivement campagne pour nos Idées
communes formeront le noyau de ce
parti.
Robeson, un militant
Un grand noir, d'une carrure peu
commune, s'approcha de nous. C'était
le célèbre chanteur Paul Robeson, qui
est en même temps qu'un des plus
grands artistes de ce temps, un hom.,
me aux Idées généreuses.
— Wallace, dit-il, vous allez faire
un voyage en Europe, pourquoi n'iriez-
vous pas voir ce que fait le big busi-
ness dans la Kuhr ?
— l'aul Robeson, vous connaissez
Longuet ? demanda WaHace, pour me
présenter... Si un reporter du World
'Telegramm me voyait assis à côté de
l'arrière petit-fils de Karl Marx, il y
-aurait deux colonnes demain sur notre
« complot »...
— Il est vrai, dit gravement Robeson,
qu'aujourd'hui, on ne peut plus p<)!rif)'
à qü1 que ce soit sans que l'on vous
prête des IntentIons subversi ve3.
J 1 Oui dit Wallace, le slogan du Jour
est f yo'u better shut your mout,h Or...
else > (Il vaut mieux la fermer... sinon
gare !)
— Qu'entendez-vous exactement par
« else > ? dis-je.
— Cela veut dire, dit Robeson, une
dénonciation devant le « Comité des
Activités antiaméricaines » de Mr. Par-
nell Thomas et. pour l'Américain
moyen, cela signifie la menace de la
prison.
— A Ce point ? dis-je.
— Mals oui, dit Wallace. Malheureuse-
ment, trop de libéraux ont peur de par-
ler haut.
A ce moment, un Jeune homme, qui
s'était approché et dont je n'ai pas
retenu le nom, dit :
— Avez-vous vu ce dessin quI repré-
sente un policeman a,rrétant un pas-
sant ? Celui-ci proteste vlole»lment en I
disant : « Mais, Je suis anticommu-
nIste ! » Le policier lui répond.: « Je 1
ne vous demande pas quelle sorte de J
communiste vous êtes. Allez ouste ! au
poste... » |
« Si cela continue, c'est ce qui va |
arriver aux libéraux timorés », conclut |
le jeune hommr.
Quelques minutée plus tard, au cours
de l'après-midi, le chanteur noir Paul
Robeson égrenait pour mol quelques sou-
venirs i
— Lorsque Je faisais mes éludeg a
l'Université de Hutgers, Je joùais dans
l'équipe de rugby, mais ma propre
équipe, qui ne pouvait souffrir la pré-
sence d'un « noir » et qui se croyait
déshonorée par ma présence, chercha &
plusieurs reprises à m'estropier. Un Jour,
au cours d'une partie Ils y réussirent
presque, et le m'en tirai heureusement
avec une fracture... et aujourd'hui, BOU-
rit Robeson, cette même Université fait
de la publicité avec mon n.om !
Puis, redevenant grave, ti ajouta de
sa bel.e vo,x de bronze :
— Et pourtant, Its temps n'ont pas
changé. Le racisme est plus violent que
Jamais.
Me regardant, Il ajouta :
—- Vous n'avez pas ce problème, en
France, n'est-ce pas ?l \
Et sans attendre ma répons# : i
— Je compte me rendre en France .et
être il Parts en décembre. Nous nous
reverrons. Good night.
OÙ ALLER CE SOIR ?
PROGRAMMES
DU JEUDI 20 NOVEMBRE
THEATRES
Opéra Rel&cti*.
Opéra-Comique 20.30 Ballets.
Uum.-tranç... 2u 45
(Salie Richelieu) - Le Misanthrope.
Salle Luxemb 20.45 Les Aff. sont les Aff.
Alhambra 21 Ballet, de Mcxnte-Csurio
Ambigu 1S La BeUe au Bols D.
21 La. main de ma HEur,
Antoine 21 La Femme de ta Jeu-
nesse.
Ambassadeurs 21 La Route d" Indee.
Atelier 21 L'Invitation au ChAo
teall
Athénée 21 Knock.
Bffes-Paritiena 21 Couleurs du Temps.
Capuc'nes .... 20.46 Aven t. du Roi.Paueole
Cas Montpam. 21 Cloehemerje.
Ohâtelet 14.30-20 30 Valses de Vienne.
Com Ch -Elys. 21 L'Immaculée *
Com. Wagram 21 Histoire très naturelle
Paunou .. • • Re Ache.
EdouanI- VII .. 21 Boléro.
Gaité-Lyrique 20.45 Andalousie.
Gaîlé MOntp. 21 LU -jom. .
Gramont 21 ' Baby Hamllton
Grand-Guignol. 21 Meurtre au Village.
Gymnase ••., Re,àohe,
Hébcrtot .... 21 Tous les chemins mè-
nent au Ciel.
Humour 20 45 J'ai 1 i ans
La Bruyère .. 21 Des hommes viendront
Madeleine .... 21 Le Sexe faib'e.
Marigny ...... 20 45 L'Ours.
Mathurins .... 21 L'Fmpei-eur de Chine
Michel 20.50 Le Pois chiche.
Michodière .. 21 Savez-vou# piantet les 1
choux 1
Mogrador 20 45 Rêve dé Valse. 1
Monceau .... 21 M. de Falindor.
Montparnasse 20.45 L'Archipel Lenoir. , 1
Noctambules 21 Le Mal Court.
Nouveauté^ Relâche.
Œuvre 21 Le Mascaret.
Palais-Royal .. 21 Chasse gardée.
Pifralle 21 La Desc. aux enfers.
Potinière .... 21 Une mort sans import
Pte-St-Martin 21 Pour avoir AdrUnne, 1
Renaissance .. 21 La Route au Tabac. !
Sarah-Bernh. 21 Llb°rté provisoire. ;
Saint-Georges Relàche. C
Th. des Ch.-El. 21 Ballets des Ch -Ely«. !
Th. de Poche 20 45 L'heure de la Vérité. 1
Th. de ParJs.. 21 Virage dangereux.
Variétés 21 Le Mai de Pureté.
Vicuz-Coiomb.. 21 Qui l'eût ciru ? ^
MUSIC-HALLS
A. Et O: .... 15-21.48 La Revue du Rlro.
Boblno ........ 21 Un Sbir à Vienne
Casino Paris . 20 30 Parts S*tr»-Drj,
Européen .... 21 Roger Nicolas, Ma-
rianne Michel, Rocca
Folles-Bergère. 20.15 C'est de ia 1"0118
Luna-Park 15-21
Mayol --.. 15-21 Nues et Nus.
P'tit-Cfcslno 21 Celmas Cénarl.
Th. de l'Etoile .... Yves Mont and.
CHANSONNIERS
Cav 8êpubl... 21 Soupiex, Grello, L,
Jambei.
COUCOU 21 Revue .. et dirigée.
i)eux-Anes .... 21 Ah 1 les Vaches 1
Lune Rousse .. 21 A BrIde abattue.
Th de Dix*H. 22 Quatrième Toc
Taverne de Paris... Ténor Chardonel.
CIRQUES
Cirque d'Hiver 21
C Médrano 15-21 Les Nlaholas Brothers.
CINEMAS
FILMS t'RAiNÇAIS
Agriculteurs Le Corbeau.
Aubert Palace .. P Fantômas.
Bonaparte L'Arche de Noé.
Biarritz p ' "Monsieur Vincent:
Cfaécran P Le Diable souMle,
Ctichy Palace .... P La Taverne du Pods-
son couronné.
, Colisée P Antoine et Antoinette
0 Eldorado P Antoine et Antoinette
Empire ' P Ils étaient 9 cé.lbat. '
Gaum<>ht Théâtre P Fantômas
. Impérial .... p Le Diable souff;e.
Lynx P Anto:ne et Antoinette.
Madeleine P Monsieur Vincent.
„ Marijnan P Quai des Orfèvres,
Marivaux P Quai des Orfèvres..
Montrouje La Taverne du Pola-
60n cou onné.
e Moulin Route .. P Les/ req de Gibraltar
Normandie P Les req de GlbraHa:r
Olympia P Les req de Gibraltar
Palais Roohech... P La Taverne du Pois-
« son couronné.
Par&mount ...',.. P Antoine et Antoinette
Portiques P Le Diable souffle.
Royal Haussniann :
(Çlub) ..w.. P Le Diable RU corps.
(Studio) Goupl malns rougei.
FILMS ANGLAIS OU AMERI(;AiNb
. Apollo P Une femme cherche
son de£,tin.
Artistio P Histoire de fou v. o
. Avenue P Cette nuit et toul. v.o.
Balzac P A chacun son de<;tm,
Broadway ........ P Le roman d'Al Jolson.
California' ...... P Le roman d'Al Jolson.
Cn.méo P Mon époiwe favorite.
1 César P Les mille et l'ne nuits
Cinémonde Opéra P Le roman d'Al Jolson
Ciné Opéra P Helzapoppin.
Ciné,,ph. Rooheeh, P Capitaine Furie
— St An'oine P L'Ile des péchés oubl
Cinépr, Oh.-E ys. P New Ortéans.
— Clichy .. P La mariée oé ibataire.
- Ternes .. P Mon Eec étaire tra-
vaille la nuit
club des Vedettes P Week end au AVarld.
Elysées Cinéma.. P Week end au Warld.
Ermitage P Le Facteur sonne tou-
jours deux tois,
Français P Overlanders.
Gaîté CSiohy ; P Lï double én,trn-e
Gaumont Palace ..P Buffalo Biill.
Gaîté ROehech, " P ,Avent. de Martin Bden
Helder .. - • P A chacun son destin.
Le -Paris P Les pius bel es années
de notre vie.
La Royale ....... P Le roman d'Al Jolson.
Lord Byron P Hen.ry V.
.'a,rbeuf P Mon épouse favorite.
i.tax Llnder P Le /Facteur sonne tou- i
jours deux fois
New-York ...... P L'Auberge des tueurs, j
Pagode ....•••• La Symphonie fantas. 'r
Palais Avron .... p Pour qui sonne le g as.
Radio Ciné Opéra P Mtentat à Téhéran.
Radio Ciné Rép, P M. Smith agent s cr.
Radio C'té BaRadio Cité Montp, P Cavalier Miracle (pre-
4^ mière époque).
Rex P Buffa o Bill
Rtti •• P Cette nuit et toujours
Royal Hau»manr% :
(Meiiès) P Cette nuit et toujours
Scala ' P A chacun son destin.
Studio Rast*il 116 P M. Smith agent Eecr,
Studio Rivoli .... P La chasse aux diain.
Triomphe P Une femme cherche
son destin.
Vivienne P A chacun son destin.
FILM MEXICAIN *
Panthéon • Maria Candélaria.
Plaza Cinéao .... P Maria Candélari*.
FILM SOVIETIQUE
Studio Etoile .... P Vanta
Ursulines Le Chemin du Cle4. ~
(P : permanent tous tes ]outt)
IRENE DUNNE DANS « MON EPOU-
SE FAVORITE » QUI PASSE ACTUEL-
LEMENT AUCAMEO ET AU MARBEUF
1AMU PORTE- SAINf.MARTIN
"POUR AVOIR ADRIENNE"l
!L.UNE SOIREE FOLLEMENT GAIE! -J
^ »
9
Contrairement à ce qui avait été
annoncét Simone Renant. ne créera
aucune autre pièce à Paris avant
que n© soit épuisé son extraordinaire
succès dans « LIBERTE PROVI-
SOIRE Y de Michel Duran, avec
Curette, Jean-Max et André Le Gall
au Théâtre Sarah-Bernhardt.
FANTÔMAS vole des Blondes
Le grand roman inédit de Marcel Allain
RESUME DES CHAPITRES PRECEDENTS
T f antômas, malfaiteur public n° 1, enlève les blondes
Z.e,Çar.ls- . Il annonce insolemment par une fJarte à la presse
rê: né a. disparaître quatre blondes par jour. L'angoisse
Jlélène, la fille innocente du Maître du crime a disparu après
s'être teinte... en blond. Fandor aime Hélène.
Il tombe aux mains de Fantômas à la suite d'un guet-apens.
l'enlèvement monstre aJSUre au journa,liste\flu'il n'est pour rien dans
J £'sment de sa propre fille. Il lui promet de le laisser par-
tir. Mais Fandor est attaché et il tombe dans une demi-
xnconscience : la cabane où il est prisonnier est envahie par
une étrange odeur.
CHAPITRE XIV (Suite)
LES ANERIES DE FANDOR
® B AIS enfin qu'est-ce qu'il faisait là ?
Ir — Vous lui demanderez...
— S'il en réchappe ?
— Et pourquoi n'en réchapperait-il pas ?
— Vou3 répondez de lui, docteur ?
Dans une sorte de confusion ex-
trême, avec le sentiment d'un
vertige profond, Jérôme Fandor
entendait des questions et des ré-
pansees, avait conscience que l'oi
parlait auprès de lui.
II ne souffrait pas, à propre-
" ment parler, mais, cependant il
éprouvait une douleur lancinante.
qui, d'instant en instant, se fai-
sait plus précise, augmentait...
Brusquement, il dit :
— Zut ! mais vous me brûlez
la cuisse !
Et il ouvrit les yeux, se débat-
tant...
Alors, tandis qu'il promenait
autour de lui un regand effaré,
des exclamations fusaient :
— Il se réveille ! '
— Le voilà hors d'affalr® !
— C'est vrai que ça. doit lui
brûler la cuisse ! Les cruches
étaient bouillantes !
Quelques minutes encore. Fan-
dor continuait à ne pae compren-
dre nettement ce*qui lui arrivait,
puis, d'un seul coup, la. nette
conscience lui revint :
Il était encore dans la cabane
où Fantômas l'avait ligoté. Tou-
tefois, détaché de la chaise, il se
réveillait étendu de tout son long
sur une table et emmailloté dans
une couverture et entouré de
nombreux cruchons dont l'un, ef-
fectivement, le brûlait de désa-
gréable façon.
JEROME Fandor n'était paa
seul...
De très nombreuse® per-
sonnes l'entouraient, qui ee pen-
chaient sur lui guettaient son ns-
. tour à la vie, s'empressaient a le
soigner.
A sa grande stupeur, le jeuie
homme vit) un pompier — casque
en tête ! — écerter de lui le ré.-
cipient trop chaud.
Il se redressa un peu :
— Il y a le feu ? questionnalt-
11.
On l'exhorta :
— Ne bougez pas ! Restez
tranquiUe ! Vous ne courez au-
cun danger !
— Non ! riposta Fa:1dor. Sûre-
ment ! Mais mon lit eet rembour-
ré avec des noyaux de pèche !
Alors...
D'un effort, il s'assit. #
— J'étais endormi. n'est-ce
pas ? Vous m'avez trouvé inani-
mé ?
— En effet 1 Vous souvenez-
vous...
— Attendez ! ,D'abor<[, com-
ment m'a-t-on retrouvé ? Qui a
prévenu les pompiers ?
— Qui ? Mais... Voyons ! c'est
bien vous qui avez prévenu ?
Vous voue doutiez du danger où
vous alliez vous exposer et voua i
avez écrit... <
— J'ai écrit ? Moi ?... A qui ?
Jérôme Fandor se passa la 4
main sur le front.
Il avait grand'peine encore à 1
réflléchir. Assembler deux idées
lui était pénible. Mais, tout de :
même, il avait le sentiment d'une ,
surprenante aventure, d'un . In- -
croyable quiproquo !
Petit à petit, cependant la mê!.. 1
moire lui revenait. Il était cer-
tain de ne pa& se tromper... ]
— Je n'ai écrit à personne ! j
protesta-t-U.
— Voyons ! Voyons ! vous c
avez écrit Monsieur ?
On s'écartait. Ceux qui avalent t
aidé à son retour à la vie appe-
laient :
— Inspecteur ? c.
Et Fandor, cette fois, se de- j
manda si, de nouveau, il n'avait c
pas perdu l'esprit..,
Un homme, qui écrivait quel-
que chose à une table voisine, se ,
levait, marchait vers lui :
— Ah ! Monsieur Fandor ! Ce
que vous nous avez fait peur. J'ai
bien cru que j'arrivais trop tard !
Fandor, à ce moment voyant a
:- le personnage, ae mordait 198 là.
Il vres pour ne-pas crier...
;r Cet « 'inspecteur » qui lui par-
■' lait, il l'avait reconnu du premier
3 coup d'oeil...
C était Javot !
ï Comment Javot était-il là T
^ Pourquoi se trouvait-il. une fois
j de plus mêlé à une aventure tra-
gigue concernant Fandor ? Une
coïncidence encore 7
z Le policier poursuivait :
— Quand j'ai trouvé votre let-
. tre sous ma porte...
— Ma lettre ? #'
t — Eh bien oui ! Vous ne vous
i, rappeliez pas ? Vous m'avez
t.!crit... Vous me demandiez de me
rendre d'urgence dans cette caba-
ne et de m'assurer que jvou.s n'y
j étiez pae en danger...
3 — Vous l'avez.' cette lettre ?
'questionna Fandor.
Javpt, déjà, la lui passait...
Mais alors, plus que jamais
. Fandor douta de son propre bon
ï sens !
Cette lettre était bien de son
i écriture !
Parbley ! Il ne l'avait jamais
*■ écrite ! Mais le faussaire qui l'a-
r vait rédigé» possédait incontesta-
! hlement. une habileté merveilleu-
; &e !
Javot, d'ailleurs, expliquait en-
- core :
— D'abord. naturellement, je
me sais demandé si c'était bien
i vous qui m'écriviez ! Cela me
semblait extraordinaire !... Et
. puis j'ai pensé que le mieux était
. de ne pas perdre de temps ! Da-
. me ! on pourrait toujours s'ex-
1 j>Hquer après ! J'ai donc couru.
> — Où vous m'avez trouvé 7
1 — Naturellement ! Et assez
■ m,al en point ! Je vous ai cru as..
fas.siné,., Alors j'ai donné l'ale.r.
te... Les pompiers sont venus
■ pour vous faire de la respiration
artificielle... Le docteur...
— Bon ! bon ! coupa Fandor.
! Je crois que j'ai pas mal de re- m
. merciements à faire ? *
Il avait maintenant toute sa
présence d'esprit. Mieux, mème,
! sa gaité lui revenait...
Et cependant quelle n'était pa4
sa nouvelle stupéfaction 1
AINSI, alors qu'il venait *
diêtre victime d'un atten-
tat de Fantômae, c'était
Javot — le louche Javot ! — qu'il
apercevait en premier ? Ainsi,
surtout, c'était à Javot qu'il de-
vait son salut ? *
''Fandor songeait :
— Bizarre ! Le rencontrer, à
Montmartre après l'avoir vu
Chartres, cela devient signifies.-
tif ! Et il faudra bien que Juve...
Mai!; ce n'était pas le moment
de réfléchir !
Délibérément. Fandor sautait &
bas de sa table :
— Ouf ! soupira-t-id, Je me sens
mieux ! Au fait ! quelle heure
est-il ?
— Cinq heures...
— Diable ! J'al dormi toute
l'après-midi, alors ?
— Quand voue a-t-on attaqué ?
Et que vous est-il arrive au
juste ?
C'était le docteur qui posait
cette bien naturelle question.
Hélas ! Il ne devait pas obtenir
une réponse satisfaisante !
— Ma foi ! ripostait Fandor, ce
qui m'est arrivé, Ja vérité est que
Je n'en sais rien moi-même! Mais
Juve l'expliquera sûrement...
Oh ! sûrement !
Et il demanda, tranquillement :
— Estce que je peux m'en a]-
le,r, main tenant ?
(A tuivrej
Copyright by Marcel Allain
and Ce Boir. -l,
MOTS CROISÉS
PROBLEME N° 125
HORIZONTALEMENT. — I. Ouvrier agrl-
:ole. — II. Désaltéra. Possessif. — III, Per-
sonoe!. Couvert d'un enduit. — IV. Rivière
-frontalière. — V. Ville d'Afrique. Ev ta
adroitement. — VI. Chaîne de montagnfe.
Ville d'Espagne..— VII. Roi des rois. Au
salon. — VIII. Propres. — IX. Possède. Note.
Note. — X. Coutumes. Contrô e.
VERTICALEMENT. — L Accompagne vo-
lontiers les choux. — 2. Se soumettre. Can-
ton. — 3. En Chaldée, Veut bien. — 4.
Fréquente. — 5. Comme les xu-it. Etoile. —
6. Intelligent. Après un numéro. — 7. Corps
gras. — 8. Chaine de montagnes. — 9. pré..
position, A payer. Note. — 10. Manteau. Pal-
mipède. (C.C.)
SOLUTION DU N° 124
Horlzontalement. - I. Carnaseer. — n.
Epouvantai. — III. Râe'e. Œuf. — IV Tir.
Ob. — V. Isocé ie. — VI. Faiilea. Es. — VII.
Abîmes. — VIII. Çà. Mène. Sa. IX. An.
Aue. Loi. — X. Tar f. Vert.
Verticalement. -1., Certificat. — 2 Apaisa.
Ana. — 3. Rooroi. — 4. Nul. Clamai. ' — 5.
Ave. Elbeuf. — 6. Sa. O'éine. — 7. Snobis-
me. — 8. Ite. Le. — 9. Eau. Essor. — 10.
Riffles. Ait.
MARIG IVAUX ■H!Siai| |J|
un film
------- ..............
Cachez ce pain que je ne saurais voir...
L ORSQt dance E la misère gagne comme une lèpre, lorsque l'indépen-
dance nationale chancelle, lorsque l'insolence des fortunes nar-
gue le désespoir des petites gens, lorsque les milliardaires frau-
dent, lorsque les politiciens trahissent, une .voix s'élève, fatale, pate-
line, rabâcheuse, tartuffe: la voix des professeurs de morale. c Crise
de moralité », écrit L'Aube. « Le problème français est loin, bien
loin, très loin d'être exclusivement politique. Le moral y. est d'une
importance autrement grande. La première ! » Quels gangsters mar-
seillais du R. P. F. (ancienne maison P.P.F.), quels financiers en •
rupture de déclaration fiscale, quels signataires genevois de la
capitulation économique ont suscité cette belle phrase, dont le fran-
çais est douteux et les intentions claires ?
Vous n'y est point. Le service de Sondage et de Statistiques qui
est en France ce que l'institut Gallup est aux Etats-.Unis, a posé
cette question : « Le fait d'acheter un supplément de pain au mar-
ché noir, lorsqu'on est à court de tickets, vous semblc-t-il un fait
rép! éhenslble ou non ? > Or, voilons-nou3 la face ! Soixante-deux
pour cent des Français n'ont pas répondu qu'ils considéraient ce
crime comme impardonnable. D'où l'indignation de mon pieux con-
frère. j
« Je sais ,les difficultés des familles, écrit-il prudemment, en-
core que je ne sois pas sûr que ce trafic soit surtout le fait des
gens modestes. »
CERTES, le pain du marché noir n'est pas acheté par une
majorité de vieux retraités ou d'ouvriers. Mais les 62 % de
Français qui ont répondu H01t à l'enquêteur étaient-ils tous des
acheteurs du marché noir ? Je ne le pense-pas. Il me semble que
l'un d'entre eux aurait pu développer son point de vue de la sorte :
' Je n'ai pas les moyens d'acheter du pain au marché noir. Mais
j ai trois ^ enfants. Et si j'avais l'argent nécessaire pour les mieux
nourrir, je ne le? laisserais point manquer de pain, que L'Aube
juge moral ou immoral ce trafic. Il y a entre ma réponse et un
prêche facile sur le sacrifice des honnêtes gens la différence qui
sépare , une humble franchise d'une tartufferie grandiloquente. Au
surplus, ce qui est répréhensible, ce qui est immoral, ce qui mé-
rite la peine de mort, c'est le crime que commet un gouvernement
quand, incapable d'assurer aux pauvres gens leurs pain quotidien,
il ferme les yeux sur toutes les spéculations qui se greffent sur
là vie chère, la pénurie et les autres conséquences désastreuses de
sa propre incapacité. Et ces spéculations honteuses ne sont pas
celles de la ménagère qui, à court de tickets, achète une livre de
pain' hors programme. Vous ne me la ferez pas condamner du
même cœur qui blâmerait le milliardaire qui camoufle 80 mil-
lions en Suisse. Je laisse à la troisième force le soin d'une justice
distributive qui frapperait d'un blâme égal le milliardaire et la
ménagère, en vertu d'une morale à la mode du fameux pâté
d'alouettes : « une alouette, un cheval, une alouette, un cheval >.
L'AUBE remarque que ce sont les petits ruisseaux qui font les
grandes rivières. Formule ingénieuse et originale, mais qui
» ne s'applique nullement au marché noir. Tout au contraire,
ici ce sont les grandes rivières qui font les petits ruisseaux. C'est
parce que la justice refuse de frapper les gros que la pénurie se
prolonge et que les petits, pour vivre, sont parfois conduits à ton-
dre de ce pré, la largeur de leur langue. On est prié de ne pas tirer
sur le lampiste : il fait ce qu'il peut.
Dans Le Monde, M. Audiat ne dit pas autre chose que son
pieux confrère. Pour lui, bien sûr, le problème est plus technique
que théologique. Tout le mal vient de ces salariés « dont la poche
secrète alimente des dépenses cachées ». Les voilà, les fauteurs
de vie chère ! Au diable M. Audiat ! Que les automobilistes écra-
sent les piétons, c'est peut-être dans l'ordre des choses. Qu'ils les
injurient par-dessus le marché; c'est trop. Mais qu'ils les accablent
de leçons de morale, c'est^ intolérable. Je l'ai dit au début : les
pires époques sont celles où fleurissent les homélies et où coulent
les larmes des moralisateurs. Nous avons connu cela du' temps que
nos maîtres trinquaient avec les Allemands. La voix chevrotante
du vi«ux Bazaine reprochait matin et soir aux Français les fautes
dont ils, étaient victimes et que d'autres avaient commises, qui en-
touraient et applaudissaient Pétain. je n'ai pas le dessein d'ap-
prouver quelque fraude que ce soit, mais lorsque je vois jouer
au naturel « Les animaux malades de la peste >, par ces animaux
politiques qui répandent la peste sur mon pays, je me persuade
que la justice immanente ne tolérera pas que tant de coups de pied
aux fesses se perdent.
Et qu'ils sont seulement remis à une date ultérieure.
LA PATHETIQUE CHRONIQUE DES
ERREURS JUDICIAIRES par Geo London
DES LETTRES ANONYMES
répandaient la terreur au manoir breton
On arrête un brave peintre en bâtiment
qui en meurt... Il était innocent !
1927. Nous sommes dans la région de Malestroit, un
des. sites les plus curieux et les plus pittoresques du MOI,"
bihan, au sud de Ploërmel. Dams l'Europe paisible de cette
époque, Malestroit cet un des endroits de notre France
où l'a vie s'écoula la plus douce.
Son nom ne retentit qu'une seule fois, et i!l y a bien
longtemps : en 1^1% quand les rois de France et d'An-
gleterre vinrent y signer la trêve qui porte son nom. Vous
peng'ez, il y avait déjà &ept ans qu'on se battait ! Vous
savez que la trêve de Malestroit fut de durée fort brève,
ce qui a valu à nos ancêtres la guerre de Cent ans. Drôle
de guerre 1 . 0 1
On trouve encore dans la ré-
gion de Malestroit. des maisons
en bois datant de cette époque.
On y trouve aussi assez
grand nombre des manoirs ha-
bités par des familles de no-
bliaux, dont quelques-unes sont
obligées à une vie assez effacée,
faute de moyens matériels suf-
fisants et dont d'autres au con-
traire continuent à mener grand
train.
Un glorieux isolement
Fidèles à la devine « noblesse
oblige », ces aristocrates frayent
peu avec le « vulgaire ». A qui
conque n'est pas bien né, les por-
tes de leurs domaines s'ouvrent
rarement et précautionneusement.
Il leur plaît de rester entre « gens
"* du monde » et à ne pas frayer
avec le peuple... Lequel n'en
éprouve pas la moindre peine.
Quoi qu'il en soit, l'existence
des familles nobles de la région
de Malestroit paraissait, il y a
vingt ans, exempte de souci dans
sa volonté d'effacement, dans
son « glorieux isolement », ce
n'était là qu'une apparence. De-
puis deux ou trois ans, tel un
chancre, un mal secret rongeait
la quiétude de tous ces gens du
monde. D'affreuses lettres ano-
nymes contenant des injures, des
calomnies, des insinuations sur
les uns et sur les vautres, d'au-
tres contenant des' menaces
étaient envoyées dans les fa-
milles les plus collet monté, se-
mant. Ici la colère, là l'indigna-
• tion, ailleurs la peur, éveillant
les soupçons de certains, versant
le poison du doute dans l'esprit
de certains - maris, la désolation
dans le cœur de pauvres épouses.
Pendant des années, malgré
le désastre provoqué par cette
épidémie qui avait pris un ca-
ractère endémique, toutes, les
victimes se trouvèrent d'accord
pour faire le silence sur cette
désolante catastrophe. Prévenir
la police, porter, plainte au
Parquet de Ploërmel, c'eût été
ébruiter le scandale, jeter les
noms des familles en pâture à la
presse, s'exposer à l'invasion
bruyante et, indiscrète des en-
voyés spéciaux des journaux de
Paris, flanqués de photogra-
phes... Mieux valait continuer à
souffrir en silence.
Un vieux comte s'émeut
Tout d? même, au début de.
l'année 1927, il se trouva un vieux'
comte pour décrier :
— Palscumbleu la, coupe est plei-
ne ; il faut aviser.
Par le truchement d'un mattre
d'hôtel du fameux restaurant
Foyot (au.jourd'hu.i disparu), qu'il
fréquentait à chacun de ses voya-
ges à Paris, il s'aboucha avec un,
inspecteur en retraite de lIa. Police
Judiciaire et le pria de venir sur
place pour essayer de démasquer
le mystérieux gredin coupable de
tant de maux.
L'ex-i,nspecteur vint s'installer
dans le manoir de son noble
citent. La vie de château lui agréa
fort. La.... chère était bonne ; ses
hôtes charmants, quoique le vieux
comte l'indisposât un peu en lut
posant chaque matin cette sempi-
ternelle question :
— Eh bien, monsieur l'inapec-
teur, est-ce a,ujourd'hu,i' que nous
emboutirons t
Mais après déjeuner, quelle vo-
lupté pour celui-ci de fumer sa
pipe dans un des magnifiques fau-
teuila Louis XVI de M. le comte,
incomparables comme confort aux
chaises démocratiques 'du 36, quai
des Orfèvres.
Il s'enfermait seul dans la. pièce
et prenait bien soin de prier qu'on
ne le. dérangeât sous auoun pré-
texte, tandis qu'il c collationnait »
ses notes.
Parfois ses yej-lx se fermaient...
Il méditait sang doute... A moins
qu'il... Après tout, . au bout de
vingt-ci'nq ans de b/ns et loyaux
services à la P.J., on est excusa-
ble d'avoir des digestions un peu
laborieuses.
Enfin l'excellent homme aurait
peut-être fini par démasquer le
vrai criminel, si le vieux comte,
peu enclin à jeter l'argent par les
fenêtres, n'avait à peu près jeté
à la porte son inVité, incapable
à ses yeux de servir une juste
cause.
Pen de tempe après, 1-e Parquet
de Ploërmel fut enfin saisi de
l'affaire par une autr? victime :
un marquis cette foie, et le juge
d'instruction de Ploërmel prit l'af-
faire en main.
Le supplice
d'un brave homme
Le juge de Ploërmel mena ron-
dement son instruction. Aussi
bien avait-il trouvé, pour le se-'
conder dans ses investigations, un
auxiliaire bénévole et z£elé, un dé-
tective amateur comme on en ren-
contre dang les romans policière.
Et quel détective amateur : un
baron, un vrai baron : M. de Beau-
drap, châtelain de Ker-Marid.
Triomphe de l'amateurisme. Ce
fut M. le baron qui dama le pion
à M. le juge. Il désigna en effet
le premier l'auteur des lettres ano-
nymes. Mais celui qu'il dénonçait
était un si brave homme, il jouis-
sait dans toute la région d'une telle
réputation d'honnêteté et de fran-
chise que personne (hormis M. le
juge d'instruction de Ploërmel) ne
voulut croire à sa culpabilité.
C'était un nommé Rozé, peintre
en bâtiment, mi-patron, mi-ouvrier,
installé dans une petite boutique.
Dépendant le baron de Beaudrap
affirmait» à qui voulait l'entendre
que l'infamie de Rozé était d'au-
tant plus certaine qu'il avait ob-
tenu de lui des aveux. Et il mi-
mait la scène au cours de laquelle
Rozé se serait mis à genoux pour
Se confesser à lui.
Dans le même temps, le baron
de Beaudrap désignait comme
étant l'instigatrice de Rozé une
autre personne fort honorable,
femme d'un conseiller général du
Morbihaq dont j'estime inutile d-e
rappeler le nom ici.
M. le baron de Beaudrap affir-
mait que, nouvelle incarnation de
la « Dame voilée », cette femme
se rehdait, en grand secret, dans
l'arrière-boutique de Rozé pour lui
dicter les lettres perfides et par-
fois cruelles, puisque l'une d'elles
annonçait à des parents que leur
jeune enfant serait assassiné.
C'en fut assez pour que l'hon-
nête Rozé et sa prétendue compli-
ce fussent inculpés. Rozé fut
même arrêté.
La secousse fut telle chez le
malheureux qu'il tomba malade et
mourut avant que justice lui fût
rendue dans des conditions que
nous allons maintenant examiner.
(A 8uivre.)
(Copyright by Géo London and
Ce soir).
(Voir Ce soir des 23, 24, 28 sep-
tembre, 2, 3, 14, 22, 23, 24, 2S, 30
octobre, 7, 11 et 14 novembre.)
Prochain article :
PRIS A SON PROPRE PIÈGE
A la Bibliothèque Françàlse
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Novembre 1947. — Prix : 54 1r.
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de la Philosophie
CERVANTES
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ROMAIN ROLLAND et de J..R.
BLOCH que fait aujourd'hui
JEAN CASSOU'
"FERMEZ-LA, SINON, GARE!"
C'EST LE NOUVEAU SLOGAN AUX U.S.A.
WALLACE me l'a dévoilé, après m'avoir
battu en trois sets...
(De notre envoyé perman. aux U.S.A., Robert-J. LONGUET)
NEW-YORK. novembre. — Mon ami John H. m'avait
invité à passer le week-end chez un Américain
libéral et diltivé, le Dr. W... Samedi dernier,
notre hôte nous attendait avec sa Cadillac, dans
une gare de l'Etat de Connecticut. jusqu'où nous avions
pris le train.
- Je vous ai réservé une surprise, me dit-il, avec un
sourire énigmatique, en se mettant au volant.
Nous filâmes vers le Westches-
ier County à. travers une campa-
gne verdoyante et soignée comme
un jardin anglais. Prairie* et bois
appartenant à d'immenses domai-
nes bordaient la. route sinueuse. Un
savant virage, les pneus crissèrent
sur le -gravier et la. voiture stop-
pa devant une grande maison de
bois, éblouissante de blancheur.
Dans un grand hall vitré se
trouvaient plusieurs personnes vê-
tues de blanc.
— Vous connaissez Henry Wal-
Paul ROBESON
m'a dit :
« Je viendrai à Paris
en décembre »
lace, fit avec un sourire satisfait
le docteur W.
Amusé de ma surprise, Wallace
me serra la main et me dit :
— Pas d'in ervi.w aujourd'hui !
Wallace, joueur de tennis
Vêtu d'une chemise Lacoste, d'un
pantalon d2 toile blanche et chaus-
sé de chaussures de tennis, Wal-
lace tenait sous le bras une ra-
quette :
— Jouez-voua ? dit il."
— J'ai joué, dis-je, ma,in... '
— Ça va, fit-il sans me laisser
terminer. Nous avions faire un
double et nous bavarderons p'ius
tard.
Je suivis le groupe de joueurs.
La maison construite au sommet
d'une colline dominait un joli lac
au bord duquel on apercevait la
terre rouge du court de tennis et
un charmant bungalow blanc. Mon
hôte me conduisit vers ce bunga-
low. J'en réassortis tout équipé ét,
quelques minutes plus tard, je me
trouvais sur le court avec un avo-
cat new-vorkais. En face de nous
Henry Wallace et le docteur W.:.
Wallace « servit » avec précision
et je remarquai qu'il mettait dans
la poche de son pantalon deux ou
trois balles au lieu de les tenir à
la main comme le font habituelle-
ment les autres joueurs...
Le Jeu de l'ancien viœ-présldent
des U.S.A., qui est âgé de 59 ans,
est étonnant. Avec l'agilité d'un
chat <-t une souplesse extraordi-
naire, Il rattrape toutes les bailles.
Il est à la fois au filet et au fond
du cour.. S s ballpis ne sont pa«
ti'fes. très dures, mais assez raid:»
ft très précises. Il est très « fair »
dans son jeu. J d veux dire qu'il
n'use pas de ces carottages lnélé-
fa n JI de certains joueurs qui veu-
■•nt gagner à tout prix.
A i'heure du dîner un buffet
froid nous attendait, servi dans une
ancienne grange, admirablement
arrangée dans le style rustique.
Il faisait très lourd et par les
fenêtres largement ouvertes, le con-
cert des grillons venait jusqu'à
nous. Après m'être servi je cher-
chais une place pour m asseoir,
mon assiette à la main, lorsque
Henry Wallace qui, comme moi,
était en quête d'un siège, m'indi-
qua un canapé.
Après m'avol,r posé quelques
questions sur les liens de parenté
t ntre les Longuet et Kartt Marx,
Wallace m'interrora longuement
sur la France, ses partis. Il me dit
combiEn Il avait été Impressionné
par les qualités de so-lidité, par la
largeur de vues d'hommes comme
i.Iqu,'cs Duclos et Maurice Thorez.
Je profitai d'un silence pour po-
ae.r .J. mon tour des questions. Et
surtout celle particulièrement brû-
lante, d'un troisième parti aux
U. S. A.
En pesant ses mots, mon inter-
locuteur répondit :
— Vous ne devez jamais perdro
(b vue quj les U.S.A. ne sont pas
l'Europe.
La tradition des deux partis
américains...
« Nous avons dans les Immenses
plaines du Mlddle West les fermiers,
poursuivit-il, qui sont de pères en fils
ou démocrates ou républicains. L'idée
des deux partis est très fortement a-n-
crtfe dans leur esprit. Par ailleurs, sur
les côtes, surtout dans l'Est où elle est
très nombreuse, la classe ouvrière n'a
pas la formation politique de la classe
ouvrière européenne. Tout est différent
ici. Sans doute, avec la loi Hsutley,
qui est une grave menace pour le syn-
dicalisme, tous les syndicats vont-ils
être obligés de s'orienter et de s'orga-
niser politiquement. Mais Il y a encore
énormément à faire.
— Mais, dili-je. les temps ont changé,
les U.S.A. ne sont plus ce qu'its étaient
en 194~. Vous avez une armée, une
énorme machine rnilitaîre, Or, qui au-
rait dit, Il y a quelques années, quf
les Américains accepteraient ce formi-
dable armement qu'ils reprochaient aux
F,uropéeru. Ne croyez-vous pas que la
grande révolution économique qui se
développe lit qui a été accélérée par la
guérre, obligera las éléments Jeunes et
progressifs à se grouper en dehors des
cadres trop vieux des anciens partis ?
Les jeunes, surtout, pensent
au troisième parti
— beaucoup /Jc Jeunes partent tomme
vous. Et Ils ont raison de penser à
l'avenir. Mais Il faut être réaliste, nous
avons à faire face aUx prochaines élec-
tions, à celles de 1948 et la campagne
est commencée. Et Je crois qu'il est
encore l,osi5thle, en menant une vigou-
reuse campagne, favorisée par les évé-
nements qui nous donnent raillon, dé
mener le bon combat au sein du PaVtl
démocrate. Pour ma part, je veux me-
ner la lutte jusqu'au bout au sein du 1
Part,i.
— Mals si les conservateurs l'em-
portent à la prochaine Convention et
I WALLACE ET ROBESON I
font adopter ce qu'ils appellent leur
programme ?
— Eh bien ! Il sera temps encore de
grouper les éléments libéraux progres-
sistes qui m'auront suivi et'de former
un troisième parti. Tous ceux qui sont
en ce moment derrière moi .t font ac-
tivement campagne pour nos Idées
communes formeront le noyau de ce
parti.
Robeson, un militant
Un grand noir, d'une carrure peu
commune, s'approcha de nous. C'était
le célèbre chanteur Paul Robeson, qui
est en même temps qu'un des plus
grands artistes de ce temps, un hom.,
me aux Idées généreuses.
— Wallace, dit-il, vous allez faire
un voyage en Europe, pourquoi n'iriez-
vous pas voir ce que fait le big busi-
ness dans la Kuhr ?
— l'aul Robeson, vous connaissez
Longuet ? demanda WaHace, pour me
présenter... Si un reporter du World
'Telegramm me voyait assis à côté de
l'arrière petit-fils de Karl Marx, il y
-aurait deux colonnes demain sur notre
« complot »...
— Il est vrai, dit gravement Robeson,
qu'aujourd'hui, on ne peut plus p<)!rif)'
à qü1 que ce soit sans que l'on vous
prête des IntentIons subversi ve3.
J 1 Oui dit Wallace, le slogan du Jour
est f yo'u better shut your mout,h Or...
else > (Il vaut mieux la fermer... sinon
gare !)
— Qu'entendez-vous exactement par
« else > ? dis-je.
— Cela veut dire, dit Robeson, une
dénonciation devant le « Comité des
Activités antiaméricaines » de Mr. Par-
nell Thomas et. pour l'Américain
moyen, cela signifie la menace de la
prison.
— A Ce point ? dis-je.
— Mals oui, dit Wallace. Malheureuse-
ment, trop de libéraux ont peur de par-
ler haut.
A ce moment, un Jeune homme, qui
s'était approché et dont je n'ai pas
retenu le nom, dit :
— Avez-vous vu ce dessin quI repré-
sente un policeman a,rrétant un pas-
sant ? Celui-ci proteste vlole»lment en I
disant : « Mais, Je suis anticommu-
nIste ! » Le policier lui répond.: « Je 1
ne vous demande pas quelle sorte de J
communiste vous êtes. Allez ouste ! au
poste... » |
« Si cela continue, c'est ce qui va |
arriver aux libéraux timorés », conclut |
le jeune hommr.
Quelques minutée plus tard, au cours
de l'après-midi, le chanteur noir Paul
Robeson égrenait pour mol quelques sou-
venirs i
— Lorsque Je faisais mes éludeg a
l'Université de Hutgers, Je joùais dans
l'équipe de rugby, mais ma propre
équipe, qui ne pouvait souffrir la pré-
sence d'un « noir » et qui se croyait
déshonorée par ma présence, chercha &
plusieurs reprises à m'estropier. Un Jour,
au cours d'une partie Ils y réussirent
presque, et le m'en tirai heureusement
avec une fracture... et aujourd'hui, BOU-
rit Robeson, cette même Université fait
de la publicité avec mon n.om !
Puis, redevenant grave, ti ajouta de
sa bel.e vo,x de bronze :
— Et pourtant, Its temps n'ont pas
changé. Le racisme est plus violent que
Jamais.
Me regardant, Il ajouta :
—- Vous n'avez pas ce problème, en
France, n'est-ce pas ?l \
Et sans attendre ma répons# : i
— Je compte me rendre en France .et
être il Parts en décembre. Nous nous
reverrons. Good night.
OÙ ALLER CE SOIR ?
PROGRAMMES
DU JEUDI 20 NOVEMBRE
THEATRES
Opéra Rel&cti*.
Opéra-Comique 20.30 Ballets.
Uum.-tranç... 2u 45
(Salie Richelieu) - Le Misanthrope.
Salle Luxemb 20.45 Les Aff. sont les Aff.
Alhambra 21 Ballet, de Mcxnte-Csurio
Ambigu 1S La BeUe au Bols D.
21 La. main de ma HEur,
Antoine 21 La Femme de ta Jeu-
nesse.
Ambassadeurs 21 La Route d" Indee.
Atelier 21 L'Invitation au ChAo
teall
Athénée 21 Knock.
Bffes-Paritiena 21 Couleurs du Temps.
Capuc'nes .... 20.46 Aven t. du Roi.Paueole
Cas Montpam. 21 Cloehemerje.
Ohâtelet 14.30-20 30 Valses de Vienne.
Com Ch -Elys. 21 L'Immaculée *
Com. Wagram 21 Histoire très naturelle
Paunou .. • • Re Ache.
EdouanI- VII .. 21 Boléro.
Gaité-Lyrique 20.45 Andalousie.
Gaîlé MOntp. 21 LU -jom. .
Gramont 21 ' Baby Hamllton
Grand-Guignol. 21 Meurtre au Village.
Gymnase ••., Re,àohe,
Hébcrtot .... 21 Tous les chemins mè-
nent au Ciel.
Humour 20 45 J'ai 1 i ans
La Bruyère .. 21 Des hommes viendront
Madeleine .... 21 Le Sexe faib'e.
Marigny ...... 20 45 L'Ours.
Mathurins .... 21 L'Fmpei-eur de Chine
Michel 20.50 Le Pois chiche.
Michodière .. 21 Savez-vou# piantet les 1
choux 1
Mogrador 20 45 Rêve dé Valse. 1
Monceau .... 21 M. de Falindor.
Montparnasse 20.45 L'Archipel Lenoir. , 1
Noctambules 21 Le Mal Court.
Nouveauté^ Relâche.
Œuvre 21 Le Mascaret.
Palais-Royal .. 21 Chasse gardée.
Pifralle 21 La Desc. aux enfers.
Potinière .... 21 Une mort sans import
Pte-St-Martin 21 Pour avoir AdrUnne, 1
Renaissance .. 21 La Route au Tabac. !
Sarah-Bernh. 21 Llb°rté provisoire. ;
Saint-Georges Relàche. C
Th. des Ch.-El. 21 Ballets des Ch -Ely«. !
Th. de Poche 20 45 L'heure de la Vérité. 1
Th. de ParJs.. 21 Virage dangereux.
Variétés 21 Le Mai de Pureté.
Vicuz-Coiomb.. 21 Qui l'eût ciru ? ^
MUSIC-HALLS
A. Et O: .... 15-21.48 La Revue du Rlro.
Boblno ........ 21 Un Sbir à Vienne
Casino Paris . 20 30 Parts S*tr»-Drj,
Européen .... 21 Roger Nicolas, Ma-
rianne Michel, Rocca
Folles-Bergère. 20.15 C'est de ia 1"0118
Luna-Park 15-21
Mayol --.. 15-21 Nues et Nus.
P'tit-Cfcslno 21 Celmas Cénarl.
Th. de l'Etoile .... Yves Mont and.
CHANSONNIERS
Cav 8êpubl... 21 Soupiex, Grello, L,
Jambei.
COUCOU 21 Revue .. et dirigée.
i)eux-Anes .... 21 Ah 1 les Vaches 1
Lune Rousse .. 21 A BrIde abattue.
Th de Dix*H. 22 Quatrième Toc
Taverne de Paris... Ténor Chardonel.
CIRQUES
Cirque d'Hiver 21
C Médrano 15-21 Les Nlaholas Brothers.
CINEMAS
FILMS t'RAiNÇAIS
Agriculteurs Le Corbeau.
Aubert Palace .. P Fantômas.
Bonaparte L'Arche de Noé.
Biarritz p ' "Monsieur Vincent:
Cfaécran P Le Diable souMle,
Ctichy Palace .... P La Taverne du Pods-
son couronné.
, Colisée P Antoine et Antoinette
0 Eldorado P Antoine et Antoinette
Empire ' P Ils étaient 9 cé.lbat. '
Gaum<>ht Théâtre P Fantômas
. Impérial .... p Le Diable souff;e.
Lynx P Anto:ne et Antoinette.
Madeleine P Monsieur Vincent.
„ Marijnan P Quai des Orfèvres,
Marivaux P Quai des Orfèvres..
Montrouje La Taverne du Pola-
60n cou onné.
e Moulin Route .. P Les/ req de Gibraltar
Normandie P Les req de GlbraHa:r
Olympia P Les req de Gibraltar
Palais Roohech... P La Taverne du Pois-
« son couronné.
Par&mount ...',.. P Antoine et Antoinette
Portiques P Le Diable souffle.
Royal Haussniann :
(Çlub) ..w.. P Le Diable RU corps.
(Studio) Goupl malns rougei.
FILMS ANGLAIS OU AMERI(;AiNb
. Apollo P Une femme cherche
son de£,tin.
Artistio P Histoire de fou v. o
. Avenue P Cette nuit et toul. v.o.
Balzac P A chacun son de<;tm,
Broadway ........ P Le roman d'Al Jolson.
California' ...... P Le roman d'Al Jolson.
Cn.méo P Mon époiwe favorite.
1 César P Les mille et l'ne nuits
Cinémonde Opéra P Le roman d'Al Jolson
Ciné Opéra P Helzapoppin.
Ciné,,ph. Rooheeh, P Capitaine Furie
— St An'oine P L'Ile des péchés oubl
Cinépr, Oh.-E ys. P New Ortéans.
— Clichy .. P La mariée oé ibataire.
- Ternes .. P Mon Eec étaire tra-
vaille la nuit
club des Vedettes P Week end au AVarld.
Elysées Cinéma.. P Week end au Warld.
Ermitage P Le Facteur sonne tou-
jours deux tois,
Français P Overlanders.
Gaîté CSiohy ; P Lï double én,trn-e
Gaumont Palace ..P Buffalo Biill.
Gaîté ROehech, " P ,Avent. de Martin Bden
Helder .. - • P A chacun son destin.
Le -Paris P Les pius bel es années
de notre vie.
La Royale ....... P Le roman d'Al Jolson.
Lord Byron P Hen.ry V.
.'a,rbeuf P Mon épouse favorite.
i.tax Llnder P Le /Facteur sonne tou- i
jours deux fois
New-York ...... P L'Auberge des tueurs, j
Pagode ....•••• La Symphonie fantas. 'r
Palais Avron .... p Pour qui sonne le g as.
Radio Ciné Opéra P Mtentat à Téhéran.
Radio Ciné Rép, P M. Smith agent s cr.
Radio C'té Ba
4^ mière époque).
Rex P Buffa o Bill
Rtti •• P Cette nuit et toujours
Royal Hau»manr% :
(Meiiès) P Cette nuit et toujours
Scala ' P A chacun son destin.
Studio Rast*il 116 P M. Smith agent Eecr,
Studio Rivoli .... P La chasse aux diain.
Triomphe P Une femme cherche
son destin.
Vivienne P A chacun son destin.
FILM MEXICAIN *
Panthéon • Maria Candélaria.
Plaza Cinéao .... P Maria Candélari*.
FILM SOVIETIQUE
Studio Etoile .... P Vanta
Ursulines Le Chemin du Cle4. ~
(P : permanent tous tes ]outt)
IRENE DUNNE DANS « MON EPOU-
SE FAVORITE » QUI PASSE ACTUEL-
LEMENT AUCAMEO ET AU MARBEUF
1AMU PORTE- SAINf.MARTIN
"POUR AVOIR ADRIENNE"l
!L.UNE SOIREE FOLLEMENT GAIE! -J
^ »
9
Contrairement à ce qui avait été
annoncét Simone Renant. ne créera
aucune autre pièce à Paris avant
que n© soit épuisé son extraordinaire
succès dans « LIBERTE PROVI-
SOIRE Y de Michel Duran, avec
Curette, Jean-Max et André Le Gall
au Théâtre Sarah-Bernhardt.
FANTÔMAS vole des Blondes
Le grand roman inédit de Marcel Allain
RESUME DES CHAPITRES PRECEDENTS
T f antômas, malfaiteur public n° 1, enlève les blondes
Z.e,Çar.ls- . Il annonce insolemment par une fJarte à la presse
rê: né a. disparaître quatre blondes par jour. L'angoisse
Jlélène, la fille innocente du Maître du crime a disparu après
s'être teinte... en blond. Fandor aime Hélène.
Il tombe aux mains de Fantômas à la suite d'un guet-apens.
l'enlèvement monstre aJSUre au journa,liste\flu'il n'est pour rien dans
J £'sment de sa propre fille. Il lui promet de le laisser par-
tir. Mais Fandor est attaché et il tombe dans une demi-
xnconscience : la cabane où il est prisonnier est envahie par
une étrange odeur.
CHAPITRE XIV (Suite)
LES ANERIES DE FANDOR
® B AIS enfin qu'est-ce qu'il faisait là ?
Ir — Vous lui demanderez...
— S'il en réchappe ?
— Et pourquoi n'en réchapperait-il pas ?
— Vou3 répondez de lui, docteur ?
Dans une sorte de confusion ex-
trême, avec le sentiment d'un
vertige profond, Jérôme Fandor
entendait des questions et des ré-
pansees, avait conscience que l'oi
parlait auprès de lui.
II ne souffrait pas, à propre-
" ment parler, mais, cependant il
éprouvait une douleur lancinante.
qui, d'instant en instant, se fai-
sait plus précise, augmentait...
Brusquement, il dit :
— Zut ! mais vous me brûlez
la cuisse !
Et il ouvrit les yeux, se débat-
tant...
Alors, tandis qu'il promenait
autour de lui un regand effaré,
des exclamations fusaient :
— Il se réveille ! '
— Le voilà hors d'affalr® !
— C'est vrai que ça. doit lui
brûler la cuisse ! Les cruches
étaient bouillantes !
Quelques minutes encore. Fan-
dor continuait à ne pae compren-
dre nettement ce*qui lui arrivait,
puis, d'un seul coup, la. nette
conscience lui revint :
Il était encore dans la cabane
où Fantômas l'avait ligoté. Tou-
tefois, détaché de la chaise, il se
réveillait étendu de tout son long
sur une table et emmailloté dans
une couverture et entouré de
nombreux cruchons dont l'un, ef-
fectivement, le brûlait de désa-
gréable façon.
JEROME Fandor n'était paa
seul...
De très nombreuse® per-
sonnes l'entouraient, qui ee pen-
chaient sur lui guettaient son ns-
. tour à la vie, s'empressaient a le
soigner.
A sa grande stupeur, le jeuie
homme vit) un pompier — casque
en tête ! — écerter de lui le ré.-
cipient trop chaud.
Il se redressa un peu :
— Il y a le feu ? questionnalt-
11.
On l'exhorta :
— Ne bougez pas ! Restez
tranquiUe ! Vous ne courez au-
cun danger !
— Non ! riposta Fa:1dor. Sûre-
ment ! Mais mon lit eet rembour-
ré avec des noyaux de pèche !
Alors...
D'un effort, il s'assit. #
— J'étais endormi. n'est-ce
pas ? Vous m'avez trouvé inani-
mé ?
— En effet 1 Vous souvenez-
vous...
— Attendez ! ,D'abor<[, com-
ment m'a-t-on retrouvé ? Qui a
prévenu les pompiers ?
— Qui ? Mais... Voyons ! c'est
bien vous qui avez prévenu ?
Vous voue doutiez du danger où
vous alliez vous exposer et voua i
avez écrit... <
— J'ai écrit ? Moi ?... A qui ?
Jérôme Fandor se passa la 4
main sur le front.
Il avait grand'peine encore à 1
réflléchir. Assembler deux idées
lui était pénible. Mais, tout de :
même, il avait le sentiment d'une ,
surprenante aventure, d'un . In- -
croyable quiproquo !
Petit à petit, cependant la mê!.. 1
moire lui revenait. Il était cer-
tain de ne pa& se tromper... ]
— Je n'ai écrit à personne ! j
protesta-t-U.
— Voyons ! Voyons ! vous c
avez écrit Monsieur ?
On s'écartait. Ceux qui avalent t
aidé à son retour à la vie appe-
laient :
— Inspecteur ? c.
Et Fandor, cette fois, se de- j
manda si, de nouveau, il n'avait c
pas perdu l'esprit..,
Un homme, qui écrivait quel-
que chose à une table voisine, se ,
levait, marchait vers lui :
— Ah ! Monsieur Fandor ! Ce
que vous nous avez fait peur. J'ai
bien cru que j'arrivais trop tard !
Fandor, à ce moment voyant a
:- le personnage, ae mordait 198 là.
Il vres pour ne-pas crier...
;r Cet « 'inspecteur » qui lui par-
■' lait, il l'avait reconnu du premier
3 coup d'oeil...
C était Javot !
ï Comment Javot était-il là T
^ Pourquoi se trouvait-il. une fois
j de plus mêlé à une aventure tra-
gigue concernant Fandor ? Une
coïncidence encore 7
z Le policier poursuivait :
— Quand j'ai trouvé votre let-
. tre sous ma porte...
— Ma lettre ? #'
t — Eh bien oui ! Vous ne vous
i, rappeliez pas ? Vous m'avez
t.!crit... Vous me demandiez de me
rendre d'urgence dans cette caba-
ne et de m'assurer que jvou.s n'y
j étiez pae en danger...
3 — Vous l'avez.' cette lettre ?
'questionna Fandor.
Javpt, déjà, la lui passait...
Mais alors, plus que jamais
. Fandor douta de son propre bon
ï sens !
Cette lettre était bien de son
i écriture !
Parbley ! Il ne l'avait jamais
*■ écrite ! Mais le faussaire qui l'a-
r vait rédigé» possédait incontesta-
! hlement. une habileté merveilleu-
; &e !
Javot, d'ailleurs, expliquait en-
- core :
— D'abord. naturellement, je
me sais demandé si c'était bien
i vous qui m'écriviez ! Cela me
semblait extraordinaire !... Et
. puis j'ai pensé que le mieux était
. de ne pas perdre de temps ! Da-
. me ! on pourrait toujours s'ex-
1 j>Hquer après ! J'ai donc couru.
> — Où vous m'avez trouvé 7
1 — Naturellement ! Et assez
■ m,al en point ! Je vous ai cru as..
fas.siné,., Alors j'ai donné l'ale.r.
te... Les pompiers sont venus
■ pour vous faire de la respiration
artificielle... Le docteur...
— Bon ! bon ! coupa Fandor.
! Je crois que j'ai pas mal de re- m
. merciements à faire ? *
Il avait maintenant toute sa
présence d'esprit. Mieux, mème,
! sa gaité lui revenait...
Et cependant quelle n'était pa4
sa nouvelle stupéfaction 1
AINSI, alors qu'il venait *
diêtre victime d'un atten-
tat de Fantômae, c'était
Javot — le louche Javot ! — qu'il
apercevait en premier ? Ainsi,
surtout, c'était à Javot qu'il de-
vait son salut ? *
''Fandor songeait :
— Bizarre ! Le rencontrer, à
Montmartre après l'avoir vu
Chartres, cela devient signifies.-
tif ! Et il faudra bien que Juve...
Mai!; ce n'était pas le moment
de réfléchir !
Délibérément. Fandor sautait &
bas de sa table :
— Ouf ! soupira-t-id, Je me sens
mieux ! Au fait ! quelle heure
est-il ?
— Cinq heures...
— Diable ! J'al dormi toute
l'après-midi, alors ?
— Quand voue a-t-on attaqué ?
Et que vous est-il arrive au
juste ?
C'était le docteur qui posait
cette bien naturelle question.
Hélas ! Il ne devait pas obtenir
une réponse satisfaisante !
— Ma foi ! ripostait Fandor, ce
qui m'est arrivé, Ja vérité est que
Je n'en sais rien moi-même! Mais
Juve l'expliquera sûrement...
Oh ! sûrement !
Et il demanda, tranquillement :
— Estce que je peux m'en a]-
le,r, main tenant ?
(A tuivrej
Copyright by Marcel Allain
and Ce Boir. -l,
MOTS CROISÉS
PROBLEME N° 125
HORIZONTALEMENT. — I. Ouvrier agrl-
:ole. — II. Désaltéra. Possessif. — III, Per-
sonoe!. Couvert d'un enduit. — IV. Rivière
-frontalière. — V. Ville d'Afrique. Ev ta
adroitement. — VI. Chaîne de montagnfe.
Ville d'Espagne..— VII. Roi des rois. Au
salon. — VIII. Propres. — IX. Possède. Note.
Note. — X. Coutumes. Contrô e.
VERTICALEMENT. — L Accompagne vo-
lontiers les choux. — 2. Se soumettre. Can-
ton. — 3. En Chaldée, Veut bien. — 4.
Fréquente. — 5. Comme les xu-it. Etoile. —
6. Intelligent. Après un numéro. — 7. Corps
gras. — 8. Chaine de montagnes. — 9. pré..
position, A payer. Note. — 10. Manteau. Pal-
mipède. (C.C.)
SOLUTION DU N° 124
Horlzontalement. - I. Carnaseer. — n.
Epouvantai. — III. Râe'e. Œuf. — IV Tir.
Ob. — V. Isocé ie. — VI. Faiilea. Es. — VII.
Abîmes. — VIII. Çà. Mène. Sa. IX. An.
Aue. Loi. — X. Tar f. Vert.
Verticalement. -1., Certificat. — 2 Apaisa.
Ana. — 3. Rooroi. — 4. Nul. Clamai. ' — 5.
Ave. Elbeuf. — 6. Sa. O'éine. — 7. Snobis-
me. — 8. Ite. Le. — 9. Eau. Essor. — 10.
Riffles. Ait.
MARIG IVAUX ■H!Siai| |J|
un film
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