Titre : La Dépêche : journal quotidien
Éditeur : [s.n.] (Toulouse)
Date d'édition : 1884-10-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327558876
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 octobre 1884 01 octobre 1884
Description : 1884/10/01 (N5824). 1884/10/01 (N5824).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG09 Collection numérique : BIPFPIG09
Description : Collection numérique : BIPFPIG12 Collection numérique : BIPFPIG12
Description : Collection numérique : BIPFPIG31 Collection numérique : BIPFPIG31
Description : Collection numérique : Bibliothèque Rosalis... Collection numérique : Bibliothèque Rosalis (Toulouse)
Description : Collection numérique : Presse locale Collection numérique : Presse locale
Description : Collection numérique : Presse quotidienne Collection numérique : Presse quotidienne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k41104881
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10171
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/11/2018
LA DÉPÊCHE
I Velldéllllaire an 93. i;' Année. — MI Mercredi 1 Octobre 1884
Ile Numéro
5
Centimes
Journal cla la. Démocratie du Mic1.:J
Le Numéro
5
Centimes
■^^BONKEiSBKrS Trois mois Si:¡. moi. Un an
I 4fr. 50 9 fr. a 18 fr. t
|^«ts Sfr. a lOfr. t 20 fr. »
■g . 9fr. a 18 fr. * 36 fr. »
y ies abcunement» partent da 1" et da 18 de chaque mois.
■ d'avance. - Joindr,e 0 fr. 50 e. à tout changement d'adresse.
RÉDACTION & ADMINISTRATION
Rue d'Alsace-Lorraine, 59 — TOULOUSE
INSERTIONS Î Annonces (la ligne) ... » 60 I Faits divers (la ligne) 2 fb
lUMftUUflft j Réclames .... 1 » 1 Chroniques loches i Lits IN9EBIIOH3 SONT BBÇCSS BXCI.UStVBtMNT :
A TODLODSÏ : Aux Bureaux du Journal et à l'Agence Canet, 36, rue d'Alsace-Lorrain..
A PARIS : Chez MM. Audbourg et Ci., 10, pl. de la Bourse, et ft l'Agence Havai, 8, pl. de la Baur#@
ÉDITION DE NUIT
TOULOUSE, 30 SEPTEMBRE 1884
LES SOCIALISTES
IBxotre correspondant télégraphique nous a fail
laiaitre toutes les rumeurs contradictoires qu:
C[ couru à propos de l'entrevue des trois em-
treiirs. Ces pseudo-philantllropes, qui se dé-
Laient en continuateurs de l'abbé de Saint-
Berra, proclamaient bien haut qu'ils n'avaient
La but : assurer la paix universelle. La vé-
L c'est cme les porte-couronnes se rendent
tœpte avec terreur des progrès que l'idée d'ln-
[ipendanee ¡"it dans l'esprit des peuples.
[Cette crainte seule les a réunis et, pour si se-
ps qu'aient été tenues leurs délibérations,
gisait qu'ils se sont presque exclusivement oe-
îapés des socialistes ; leurs ministres ont, pa-
Hl, rédige une circulaire invitant les gou-
Memems de l'Europe à se débarrasser et sur-
oiit à les ciéJaJ:rasser de tous « les conspira-
is qui u'cui,'Ient la paix des Etats. »
C«ttenourelie« Sainte-Alliance-des-Rois » sera
(puissante a prolonger l'existence de l'absolu-
ime; mais que penser de cette tentative des
spereurs, tentative aussi saugrenue qu'insul-
mie pour les nations européennes, tendant à
gager les gouvernements à entrer en chasse
le eux M. Edouard Lockroy publie à ce pro-
K, dans le Rappel, les réflexions suivantes,
te nous nous empressons de reproduire en les
prouvant de tous points. — Louis BRATJD.
I-sentiment qui anime les empereurs et leurs
pires est certainement très compréhensible.
N sentent-ils pas menacés tous les jours ? Ne
':mrent-ils pas tous les jours en présence
'Ouvel ennemi? Le souvenir du passé ne
Wige-t-i! pas à craindre pour le présent et
^tiler pour l'avenir! Dans les pays qu'ils
wernent, comme dans tous çeux où la liberté
« pas a;;;,01ue, les opposants, faute de presse
tribune, expriment leur opinion avec de la
«ite. Les partis, au lieu de discuter, se font
fuerre, Chacun en appelle à la force, au lieu
« appeler à la raison.
empereurs voudraient que l'Europe les
qUe l'Angletêrre, la France, l'Italie, l'Es-
-3. ia cuisse prissent parti pour eux. Encore
«• fOIS, cela est de leur part tout naturel. Mais
œ e moudrais savoir, c'est en quels termes
5'êest ? édigée. Est-elle une simple cir-
toi '-C0Qli,eût"e^e une disposition commi-
ïioirtî AOus dira-t-on : « Vous seriez bien ai-
uîiifh nous aider? » ou, nous dira-t-on : « Si
m*^î,n,0U£.aidez viL pas, nous nous mettrons en
tele de trois millions d'hommes? »
\m nnr,,saJ,ons n jusqu'à présent qu'une chose :
k Gladstone, qui a reçu la lettre, a ré-
Mn nli ment mais négativement. Cela mal-
o}usemeut :Ir ne nous apprend rien de ce qui
îa5 ,sse' M. Gladstone habite une île; la
aoS ?tte du monde le protège. Rien ne le
île t * sans danger décliner cette invita- j
. n e '\ bPeut eaucoup d'autres encore.
Nous n'avons pas, nous, l'agrément d'être dans
une île. On ne peut pas supposer, cependant,
que la France va se deshonorer au point d'obéir
à des insinuations de cette nature. Pourrait-elle
renoncer à être un lieu d'asile et. à rester maî-
tresse d'elle-même? Pourrait-elle ouvrir ses
frontières aux ag-ents secrets des polices euro-
péennes et les fermer aux proscrits? Devrait-elle
se faire la servante de ses adversaires et de ses
vainqueurs ?
Remarquez que nous ne savons même pas ce
que les empereurs et leurs ministres appellent
des «socialistes ». C'est un de ces mots vagues
qui ne désignent personne et enveloppent tout
le monde. Qui n'est pas socialiste ou au moins
qui ne se prétend pas socialiste '? Est-ce que les
républicains ne sont pas plus ou moins socialistes'?
Est-ce qu'on n'a pas traité de « socialistes » de
simples et innocents libéraux?
Exiger d'un gouvernement qu'il poursuive les
« socialistes », c'est se réserver le droit de lui
désigner des victimes. On frapperait un jour i:n
savant comme Kropotkine, ou un homme d'Etat
comme Zorilla, ou un simple citoyen coupable
seu,ement d'avoir aimé son pays : qui l'on vou-
drait, comme l'on voudrait, et c'esthous qui exé-
cuterions la sentence! Nous espérons pour no-
tre sécurité et pour notre honneur, que per-
sonne ne se rencontrera jamais en France pour
ce métier de valet de bourreau.
Edouard LOCKROY.
Télégrammes de Jour
Par le FIL SPÉCIAL de la DÉPÊCHE
LES VACANCES AU SÉNAT
Paris, 30 septembre, matin.
La mort de M. Brugerolle, sénateur républi-
cain du Cantal, porte à 18 sièges les vacances au
Sénat dans la représentation des départements.
Il y a, en outre, un siège d'inamovible vacant,
par suite de la mort de M. le comte de Douhet.
Jamais, à aucune époque, le Sénat n'avait eu
un aussi grand nombre de sièges vacants, et il
y a cette année un fait particulier, c'est que, sur
dix-huit sièges ainsi privés de titulaires, onze
appartiennent à la série sortante, c'est-à-dire à
ceUe qui devra être soumise au renouvellement
du 5 janvier prochain; les sept autres appartien-
nent aux autres séries. Il y aura donc, le 5 jan-
vier prochain, 82 sénateurs à élire, à moins que,
d'ici là, la mort ou la démission en augmente le
nombre.
Cet état de choses tient, comme on sait, à la
Constitution qui ne permet pas le remplacement
des sénateurs avant le renouvellement triennal,
quand la représentation d'un département n'est
pas réduite de moitié.
^ Quant au sénateur inamovible décédé, il devra
être remplacé dès la rentrée, la loi exigeant que
la vacance soit comblée dans le délai de deux
mois. On sait que le droit de désigner le candi-
dat revient, cette fois, au centregauche, en vertu
du roulement établi entre les groupes. A la gau-
che seule, une candidature est posée jusqu'ici,
c'est celle de M. Gréard, vice-recteur de l'Acadé-
mie de Paris.
Quel que soit l'élu, d'ailleurs, il sera le dernier
nommé en vertu de la législation actuelle. On sait.
en effet, que par le projet de réforme électorale
dont les Chambres sont saisies, le mandat viager
est supprimé et qu'il ne doit plus y avoir à la
place d'inamovibles que des sénateurs élus pour
neuf ans par les deux Chambres. Il se pourrait
même que les sénateurs élus ainsi fussent tout à
fait supprimés et qu'il n'y eût plus que des sé-
nateurs des départements. On rattacherait alors
les soixante-quinze sièges d'inamovibles aux dé-
partements, au fur et à mesure des extinctions
des titulaires actuels.
LES MINES DU TONKIN
La commission des mines de l'Annam et du
Tonkin a continué ses travaux hier. La majeure
partie de la séance a été employée à discuter les
questions d'ordre purement technique.
La commission a émis un avis favorable à la
réunion des concessions entre les mêmes mains,
sous laréserve que l'administration auraitledroit
d'opposer son veto dans le délai de six mois.
On a discuté ensuite quels seraient les droits et
privilèges des propriétaires des mines sur le ter-
ritoire de la concession et en dehors de la con-
cession.
La commission a repoussé ensuite une dispo-
sition, tendant à accorder aux propriétaires mi-
niers, en dehors de la concesson, des privilèges
plus étendus sur le domaine des particuliers.
Elle a statué, enfin, sur quelques points de dé-
tail.
Nouvelles militaires
ARMÉE ACTIVE. — Infanterie. — Sont promus
au grade de capitaine :
MM. Lhotellier, du 100e, affecté au 73e; Plateau,
du 14ie, affecté au 122e, Leprevote, de la 2* com-
pagnie des fusiliers de discipline, affecté au 53e;
Guérin, du 100e, affecté au 15e; Moret, du 50 d'in-
fanterie légère d'Afrique, affecté au 1431; Bastard,
du 41e, affecté au 122e; Magnette, du 144.. affecté
au 1001; Buache, du 59e, affecté au 17e.
Au grade de lieutenant :
__MM. Nitard, du 122e, affecté au 58e; Tisset, du
iie, maintenu au corps; Bombardier, du 2" zoua-
ves, affecté au 100e; Chevassu, du i218, affecté au
142a; Castanet, du 83", affecté au 126; de Lacger-
Complon, du Hie, affecté au 126e; Pierre, du 16%
affecté au 9°; Chambrun-d'Uxeloup-de-Rose- j
mond, du 95e, affecté au 142e.
AU MAROC
On télégraphie de Tanger, 29 septembre, qu'une
famillle algérienne, établie dans la province du
Fez, a été massacrée par des soldats du pacha.
La maison qu'elle habitait a été pillée.
On signale également des attentats commis, sur
des sujets français, par lesautorités locales, dans
l'intérieur du Maroc.
LES BALLONS DIRIGEABLES
M. Tissandier a donné communication hier à
l'Académie ^ des sciences des résultats obtenus au
cours de son expérience aérostatique de samedi.
Depuis l'essai tenté l'année dernière, le maté-
riel du ballon a été transformé; la puissance des
piles et, par suite, la force de propulsion a été
augmentée. La force motrice est d'un cheval va-
peur et demi et l'hélice placée à l'arrière est
animée d'une vilesse de 190 tours à la seconde.
Les résultats ont satisfait l'inventeur. A quatre
cents mètres d'altitude ; le ballon a été entraîné
par un vent nord-ouest assez vif; l'hélice a alors
été mise en mouvement et le ballon, obéissant ta
gouvernail, a viré de bord et remonté le vent
pendant dix minutes environ.
D'après les calculs des aéronautes, le vent
avait une vitesse de trois mètres à la second»,;®*
le ballon, une vitesse de quatre mètres. Let
aéronautes ne pouvaient donc remonter le coâ-
rant d'air qu'avec lenteur.
Après avoir suspendu le mouvement de l'he"
lice et s'être laissé entraîner dans la direction du
vent, la même manœuvre a été répété au-dessaS
de l'Observatoire et a de nouveau pleinement
réussi.
Hier, les frères Tissandier ont recommetiC;i
leur expérience, mais l'état de l'atmosphère les
ayant contrariés, ils se sont empressés de de<*
cendre.
NAUFRAGE
On annonce de Lisbonne que le steamer Bit*
nina, de Carthagène, qui allait à Cardiff, aabori*
cette nuit le steamer Busshire, de Cardiff, près lé
cap Espichel.
Le Busshire a coulé bas; quinze hommes de
l'équipage ont péri- les douze autres personnes
qui se trouvaient à bord ont été sauv4e, par I&
Bernina et ramenées à Lisbonne.
AU PÉROU
Une dépêche de Lima rapporte que dans cette
ville, le bruit court que les troupes du gouverne-* 1 ~
ment auraient été battues à Pacasmayo.
Le général Puga occuperait Trujillo et les gé-
néraux Carcerès et Canevara seraient maîtres .
d'Arequipa.
AFFAIRES D'ÉGYPTE
Le correspondant viennois du Daily Telegraph
a obtenu une audience d'Ismaïl-Pacha et il fait
connaître la manière de voir de l'ex-khédive sur
l'état actuel de la question égyptienne, au sujet
de la suspension de l'amortissement.
Ismaïl admet qu.il y a là un droit international
à sauvegarder, mais il fait remarquer aussi qu'il
fallait faire face à des nécessités financières extrê-
mement pressantes. A son avis, la meilleure po-
litique à suivre serait de reprendre le programme
primitif du gouvernement britannique, c'est-à-
dire de laisser l'Egypte aux Egyptiens,
Ismaïl croit qu'on a encore sous la main tous
les éléments nécessaires au rétablissement rapide
et complet de l'ordre. Il déclare, du reste, qu'il
n'a aucun désir d'être remis à la tête du gouVir-
nement égyptien.
ÉVÊCHÉS VACANTS
Le Figaro croit savoir que la candidature de
M. Plamis, vicaire général d'AutUn, serait écartée
pour le siège épiscopal de Dijon. Ce serait l'abbé
Gonindard, sous-directeur du collège des Char-
treux à Lyon, qui serait nommé à ce poste.
Le Figaro croit, en outre, que, dans le conseil
des ministres de jeudi, il sera pourvu aux siéges
de Verdun, Dijon, la Basse-Terre et Agen. îles-
décrets seraient signés samedi.
NOUVELLES DIVERSES
L'ex-impératrice Eugénife. qui devait quitter
Paris hier, prolonge son séjour dans cette fille
de quelques jours.
FEUILLETON
LE MÉDECIN DES FOLLES
PREMIÈRE PARTIE
L'HOTEL DU GRAND CERF
VIII
naetjf magistrat instructeur n'est point resté !
er;" et vous n'a le garantis, continua Georges
pas circonscrit ses recherches
'ePark f£c'e restreint. Avec l'aide du parquet
^sbir'ûi Vi}ert en.ees matières, il a exploré le
tti'at,," iirhpossible, sans relâche et sans ré-
fe0rlH,ravez raison, docteur, dit M. Delari-
t Ù(/d,[ljmem une affaire fut plus mystérieuse.
■ lui urA obScurité <3Iltr8Lenant volontairement autour
on ,, eiirilê q!l! le perd, est une énigme
i-U a t ou"-
0rges olit sa raison, je l'affirme... répliqua
'"WrU-
'eiiî, " £iat3 ont dû. être éminemment cu-
^is toute vraisemblance et
OUVelan\ oule avide d'émotions et se re-
» > et npnr!8 cesse. Le procès a duré cinq
ftn nûes J,, 1 ces cinq jours trente mille
^ mOins, — sans exagération, —
k dVn tous côtés, espérant prendre
în t', iiais i spectacle dramatique et passion-
p dWoit y a eu, comme toujours, beau-
(et peu d'élus...
Obi eti* rf°n à la condamnation ?
ès .. ^Seutêè dire cependant qu'elle a été
Q Personnelle, docteur i je vou-
la coSi-è?Groyez'vous que le con~
, Georges Veroiet répoadit :
— Non, je ne le crois pas !...
Le banquier fit un geste de surprise.
— Ah b::h 1 — s'écrla-t-il. — Quoi, malgré les
preuves matérielles dont vous m'avez parlé,
vous admettez son innocence ?
— Je l'admets.
— Et sur quoi vous basez-vous pour penser
ainsi ?
— Sur certains faits dont le détail serait trop
long et auxquels la cour et le jury ne me parais-
sent point avoir accordé une attention suffi-
sante.
— Mais était-il possible, en face d'une quasi-
évidence, d'absoudre t'accusé?
— Je suis d'avis que le moindre doute devait
suffire pour éloigner une condamnation capitale.
Tout au moins fallait-il accorder des circons-
tances atténuantes et ne pas envoyer à la mort
un malheureux peut-être innocent...
— Les membres du jury, agissant selon leur
conscience, n'ont point hésité cependant.
— Hélas! non! — répliqua le docteur. — Mais
savez-vous quelle est, selon moi, la véritable et
presque l'unique cause de la sévérité du ver-
dict?... C'est l'incompréhensible obstination de
l'accusé à s'environner de ténèbres... On a dû
croire et on a cru en effet que cet homme ne
cachait son passé que pour laisser dans l'ombre
des crimes antérieurs... Certes les jurés ont pro-
noncé selon leur conscience, et n'ont fait'que
leur devoir. — Je suis certain pourtant que
parmi eux il en est plus d'un qui dormira mal la
nuit prochaine. — Il ? r*a trop tard!... — Inno-
cent ou coupable, d .i1aJn le condamné aura
cessé de vivre...
— Le pourvoi et le recours en grâce ont été re-
jetés?
— Oui, monsieur... — la nouvelle en est ar-
rivée hier au parquet.... — Demain matin le pa-
nier de la guillotine recevra la tête d'un Infâme
assassin ou celle d'un obscur martyr.
Le repas était terminé.
Le docteur regarda sa montre et se leva de
table.
Les deux hommes regagnèrent l'appartement
du »ecoûd étage et emrèreat, ea assourdissant,
le bruit de leurs pas, dans la chambre où repo-
sait Mme Delarivière.
La jeune femme continuait à dormir d'un pro-
fond sommeil.
La respiration était calme et régulière.
Les pulsations de l'artère se trouvaient presque
ramenées à l'état normal. La fièvre cédait.
— Vous le voyez, monsieur, — dit Georges, —
tout va bien...
Le banquier rayonnait de joie;
— Quelle sera maintenant la durée de ce som-
meil réparateur? - demanda-t-il.
— Une heure encore au moins... deux au plus...
— En prévision du réveil, à quelque moment
qu'il se produise, je dois vous donner mes ins-
tructions...
— Donnez, docteur...— Elles seront religieuse-
ment suivies.
— Rien n'est plus simple et plus facile... —
Aussitôt que madame ne dormira plus, vous lui
ferez prendre une cuillerée de cette potion, et
vous continuerez de quart d'heure en quart
d'IJeure,.. — Je crois inutile de vous recomman-
der la plus grande exactitude...
— J'aurai sans cesse ma montre à la main...
— Et maintenant monsieur, adieu, ou plutôt au
revoir.
— Vous me quittez, docteur?...
— Pour peu de temps... — Ma présence vous
est inutile et je dois visiter plusieurs de mes
clients qui doivent trouver mon absence incom-
préhensible...
— C'est juste... — Allez donc, et à bientôt...
— A bientôt...
— Vous m'affirmez encore que je puis être
complèLement rassuré?
— Oh ! complètement, je vous en donne ma pa-
role d'honneur.
Georges Vernier salua M. Delarivière et quitta
la chambre.
En descendant l'escalier, mille pensées confu-
ses tourbillonnaient dans son cerveau. — Il avait
sans cesse sous les yeux le doux visage de la
malade.
— Est-ce la sœur de celle que j'aime? — se
dsjnaûdait-ll» — Est-ce sa mère?... — Que signifie i
cette étrange ressemblance et faut-il l'attribuer
à un caprice du hasard?... — Je n'ose interro-
ger... Comment savoir?
Au momant où le docteur allait sortir du
Grand-Cerf en se posant ces questions, llo=l-
bus du chemin de fer stationnait devant la porte.
Deux jeunes gens et deux jeunes femmes ve-
naient d'en descendre et se préparaient à faire
bruyamment irruption dans l'hôtel.
En voyant le docteur, dont la physionomie,
nous le savons, était remarquablement belle, et
dont les traits réguliers, la démarche à la fois
pleine d'assurance et de simplicité, annonçaient
quelqu'un, les deux femmes s'arrêtèrent.
Georges les salua distraitement, presque aans
les regarder, et continua son chemin.
Il était difficile de s'illusionner sur la position
sociale des nouvelles venues, très jolies d'ail-
leurs l'une et l'autre, — l'une brune et l'autre
Blonde.
L'élégance un peu trop tapageuse de leurs tol-
let'tes de campagne, la coquetterie ultra-voyante
de }eurs petits chapeaux excentriques, l'anfoleur
exagérée de leurs chignons d'ébène et d'or, les
émanations violentes de l'opoponax, de l'ylaûg-
ylang et du champaka, mettant autour d'elles
une atnîde Suède montant jusqu'aux coudes, le nombre
déraisonnable de leurs porte-bonheur, la cam-
brure vertigineuse de leurs bottines à talons
pointus de dix centimètres de haut., le style par-
ticulier de leur énorme éventail soutenu à leur
côté par une cHaînette et par une agrafe de vieil
argent, enfin dans l'ensemble et dans l'expres-
sion cet indéfinissable je ne sais quoi auquel il
est presque impossible de se tromper quand on
a le coup d'œil un tant soit peu parisien, prou-
vaient jusau'a l'eviAence que ces jolies person-
nes appartenaient au monde où. l?on s'am:use, en
qualité d'étoiles galantes de moyenne grandeur.
— 011! mes enfants! Ja jolie tête! — dit pres-
qn'à voix haute la Jeune femme blonde en sui-
vant du regard Georges Vernier.
— Tout à fait un gentleman... — appuya da
brune compagne.
(A suivre)
XAVIER DE MONTÉPIN.
I Velldéllllaire an 93. i;' Année. — MI Mercredi 1 Octobre 1884
Ile Numéro
5
Centimes
Journal cla la. Démocratie du Mic1.:J
Le Numéro
5
Centimes
■^^BONKEiSBKrS Trois mois Si:¡. moi. Un an
I 4fr. 50 9 fr. a 18 fr. t
|^«ts Sfr. a lOfr. t 20 fr. »
■g . 9fr. a 18 fr. * 36 fr. »
y ies abcunement» partent da 1" et da 18 de chaque mois.
■ d'avance. - Joindr,e 0 fr. 50 e. à tout changement d'adresse.
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Rue d'Alsace-Lorraine, 59 — TOULOUSE
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A TODLODSÏ : Aux Bureaux du Journal et à l'Agence Canet, 36, rue d'Alsace-Lorrain..
A PARIS : Chez MM. Audbourg et Ci., 10, pl. de la Bourse, et ft l'Agence Havai, 8, pl. de la Baur#@
ÉDITION DE NUIT
TOULOUSE, 30 SEPTEMBRE 1884
LES SOCIALISTES
IBxotre correspondant télégraphique nous a fail
laiaitre toutes les rumeurs contradictoires qu:
C[ couru à propos de l'entrevue des trois em-
treiirs. Ces pseudo-philantllropes, qui se dé-
Laient en continuateurs de l'abbé de Saint-
Berra, proclamaient bien haut qu'ils n'avaient
La but : assurer la paix universelle. La vé-
L c'est cme les porte-couronnes se rendent
tœpte avec terreur des progrès que l'idée d'ln-
[ipendanee ¡"it dans l'esprit des peuples.
[Cette crainte seule les a réunis et, pour si se-
ps qu'aient été tenues leurs délibérations,
gisait qu'ils se sont presque exclusivement oe-
îapés des socialistes ; leurs ministres ont, pa-
Hl, rédige une circulaire invitant les gou-
Memems de l'Europe à se débarrasser et sur-
oiit à les ciéJaJ:rasser de tous « les conspira-
is qui u'cui,'Ient la paix des Etats. »
C«ttenourelie« Sainte-Alliance-des-Rois » sera
(puissante a prolonger l'existence de l'absolu-
ime; mais que penser de cette tentative des
spereurs, tentative aussi saugrenue qu'insul-
mie pour les nations européennes, tendant à
gager les gouvernements à entrer en chasse
le eux M. Edouard Lockroy publie à ce pro-
K, dans le Rappel, les réflexions suivantes,
te nous nous empressons de reproduire en les
prouvant de tous points. — Louis BRATJD.
I-sentiment qui anime les empereurs et leurs
pires est certainement très compréhensible.
N sentent-ils pas menacés tous les jours ? Ne
':mrent-ils pas tous les jours en présence
'Ouvel ennemi? Le souvenir du passé ne
Wige-t-i! pas à craindre pour le présent et
^tiler pour l'avenir! Dans les pays qu'ils
wernent, comme dans tous çeux où la liberté
« pas a;;;,01ue, les opposants, faute de presse
tribune, expriment leur opinion avec de la
«ite. Les partis, au lieu de discuter, se font
fuerre, Chacun en appelle à la force, au lieu
« appeler à la raison.
empereurs voudraient que l'Europe les
qUe l'Angletêrre, la France, l'Italie, l'Es-
-3. ia cuisse prissent parti pour eux. Encore
«• fOIS, cela est de leur part tout naturel. Mais
œ e moudrais savoir, c'est en quels termes
5'êest ? édigée. Est-elle une simple cir-
toi '-C0Qli,eût"e^e une disposition commi-
ïioirtî AOus dira-t-on : « Vous seriez bien ai-
uîiifh nous aider? » ou, nous dira-t-on : « Si
m*^î,n,0U£.aidez viL pas, nous nous mettrons en
tele de trois millions d'hommes? »
\m nnr,,saJ,ons n jusqu'à présent qu'une chose :
k Gladstone, qui a reçu la lettre, a ré-
Mn nli ment mais négativement. Cela mal-
o}usemeut :Ir ne nous apprend rien de ce qui
îa5 ,sse' M. Gladstone habite une île; la
aoS ?tte du monde le protège. Rien ne le
île t * sans danger décliner cette invita- j
. n e '\ bPeut eaucoup d'autres encore.
Nous n'avons pas, nous, l'agrément d'être dans
une île. On ne peut pas supposer, cependant,
que la France va se deshonorer au point d'obéir
à des insinuations de cette nature. Pourrait-elle
renoncer à être un lieu d'asile et. à rester maî-
tresse d'elle-même? Pourrait-elle ouvrir ses
frontières aux ag-ents secrets des polices euro-
péennes et les fermer aux proscrits? Devrait-elle
se faire la servante de ses adversaires et de ses
vainqueurs ?
Remarquez que nous ne savons même pas ce
que les empereurs et leurs ministres appellent
des «socialistes ». C'est un de ces mots vagues
qui ne désignent personne et enveloppent tout
le monde. Qui n'est pas socialiste ou au moins
qui ne se prétend pas socialiste '? Est-ce que les
républicains ne sont pas plus ou moins socialistes'?
Est-ce qu'on n'a pas traité de « socialistes » de
simples et innocents libéraux?
Exiger d'un gouvernement qu'il poursuive les
« socialistes », c'est se réserver le droit de lui
désigner des victimes. On frapperait un jour i:n
savant comme Kropotkine, ou un homme d'Etat
comme Zorilla, ou un simple citoyen coupable
seu,ement d'avoir aimé son pays : qui l'on vou-
drait, comme l'on voudrait, et c'esthous qui exé-
cuterions la sentence! Nous espérons pour no-
tre sécurité et pour notre honneur, que per-
sonne ne se rencontrera jamais en France pour
ce métier de valet de bourreau.
Edouard LOCKROY.
Télégrammes de Jour
Par le FIL SPÉCIAL de la DÉPÊCHE
LES VACANCES AU SÉNAT
Paris, 30 septembre, matin.
La mort de M. Brugerolle, sénateur républi-
cain du Cantal, porte à 18 sièges les vacances au
Sénat dans la représentation des départements.
Il y a, en outre, un siège d'inamovible vacant,
par suite de la mort de M. le comte de Douhet.
Jamais, à aucune époque, le Sénat n'avait eu
un aussi grand nombre de sièges vacants, et il
y a cette année un fait particulier, c'est que, sur
dix-huit sièges ainsi privés de titulaires, onze
appartiennent à la série sortante, c'est-à-dire à
ceUe qui devra être soumise au renouvellement
du 5 janvier prochain; les sept autres appartien-
nent aux autres séries. Il y aura donc, le 5 jan-
vier prochain, 82 sénateurs à élire, à moins que,
d'ici là, la mort ou la démission en augmente le
nombre.
Cet état de choses tient, comme on sait, à la
Constitution qui ne permet pas le remplacement
des sénateurs avant le renouvellement triennal,
quand la représentation d'un département n'est
pas réduite de moitié.
^ Quant au sénateur inamovible décédé, il devra
être remplacé dès la rentrée, la loi exigeant que
la vacance soit comblée dans le délai de deux
mois. On sait que le droit de désigner le candi-
dat revient, cette fois, au centregauche, en vertu
du roulement établi entre les groupes. A la gau-
che seule, une candidature est posée jusqu'ici,
c'est celle de M. Gréard, vice-recteur de l'Acadé-
mie de Paris.
Quel que soit l'élu, d'ailleurs, il sera le dernier
nommé en vertu de la législation actuelle. On sait.
en effet, que par le projet de réforme électorale
dont les Chambres sont saisies, le mandat viager
est supprimé et qu'il ne doit plus y avoir à la
place d'inamovibles que des sénateurs élus pour
neuf ans par les deux Chambres. Il se pourrait
même que les sénateurs élus ainsi fussent tout à
fait supprimés et qu'il n'y eût plus que des sé-
nateurs des départements. On rattacherait alors
les soixante-quinze sièges d'inamovibles aux dé-
partements, au fur et à mesure des extinctions
des titulaires actuels.
LES MINES DU TONKIN
La commission des mines de l'Annam et du
Tonkin a continué ses travaux hier. La majeure
partie de la séance a été employée à discuter les
questions d'ordre purement technique.
La commission a émis un avis favorable à la
réunion des concessions entre les mêmes mains,
sous laréserve que l'administration auraitledroit
d'opposer son veto dans le délai de six mois.
On a discuté ensuite quels seraient les droits et
privilèges des propriétaires des mines sur le ter-
ritoire de la concession et en dehors de la con-
cession.
La commission a repoussé ensuite une dispo-
sition, tendant à accorder aux propriétaires mi-
niers, en dehors de la concesson, des privilèges
plus étendus sur le domaine des particuliers.
Elle a statué, enfin, sur quelques points de dé-
tail.
Nouvelles militaires
ARMÉE ACTIVE. — Infanterie. — Sont promus
au grade de capitaine :
MM. Lhotellier, du 100e, affecté au 73e; Plateau,
du 14ie, affecté au 122e, Leprevote, de la 2* com-
pagnie des fusiliers de discipline, affecté au 53e;
Guérin, du 100e, affecté au 15e; Moret, du 50 d'in-
fanterie légère d'Afrique, affecté au 1431; Bastard,
du 41e, affecté au 122e; Magnette, du 144.. affecté
au 1001; Buache, du 59e, affecté au 17e.
Au grade de lieutenant :
__MM. Nitard, du 122e, affecté au 58e; Tisset, du
iie, maintenu au corps; Bombardier, du 2" zoua-
ves, affecté au 100e; Chevassu, du i218, affecté au
142a; Castanet, du 83", affecté au 126; de Lacger-
Complon, du Hie, affecté au 126e; Pierre, du 16%
affecté au 9°; Chambrun-d'Uxeloup-de-Rose- j
mond, du 95e, affecté au 142e.
AU MAROC
On télégraphie de Tanger, 29 septembre, qu'une
famillle algérienne, établie dans la province du
Fez, a été massacrée par des soldats du pacha.
La maison qu'elle habitait a été pillée.
On signale également des attentats commis, sur
des sujets français, par lesautorités locales, dans
l'intérieur du Maroc.
LES BALLONS DIRIGEABLES
M. Tissandier a donné communication hier à
l'Académie ^ des sciences des résultats obtenus au
cours de son expérience aérostatique de samedi.
Depuis l'essai tenté l'année dernière, le maté-
riel du ballon a été transformé; la puissance des
piles et, par suite, la force de propulsion a été
augmentée. La force motrice est d'un cheval va-
peur et demi et l'hélice placée à l'arrière est
animée d'une vilesse de 190 tours à la seconde.
Les résultats ont satisfait l'inventeur. A quatre
cents mètres d'altitude ; le ballon a été entraîné
par un vent nord-ouest assez vif; l'hélice a alors
été mise en mouvement et le ballon, obéissant ta
gouvernail, a viré de bord et remonté le vent
pendant dix minutes environ.
D'après les calculs des aéronautes, le vent
avait une vitesse de trois mètres à la second»,;®*
le ballon, une vitesse de quatre mètres. Let
aéronautes ne pouvaient donc remonter le coâ-
rant d'air qu'avec lenteur.
Après avoir suspendu le mouvement de l'he"
lice et s'être laissé entraîner dans la direction du
vent, la même manœuvre a été répété au-dessaS
de l'Observatoire et a de nouveau pleinement
réussi.
Hier, les frères Tissandier ont recommetiC;i
leur expérience, mais l'état de l'atmosphère les
ayant contrariés, ils se sont empressés de de<*
cendre.
NAUFRAGE
On annonce de Lisbonne que le steamer Bit*
nina, de Carthagène, qui allait à Cardiff, aabori*
cette nuit le steamer Busshire, de Cardiff, près lé
cap Espichel.
Le Busshire a coulé bas; quinze hommes de
l'équipage ont péri- les douze autres personnes
qui se trouvaient à bord ont été sauv4e, par I&
Bernina et ramenées à Lisbonne.
AU PÉROU
Une dépêche de Lima rapporte que dans cette
ville, le bruit court que les troupes du gouverne-* 1 ~
ment auraient été battues à Pacasmayo.
Le général Puga occuperait Trujillo et les gé-
néraux Carcerès et Canevara seraient maîtres .
d'Arequipa.
AFFAIRES D'ÉGYPTE
Le correspondant viennois du Daily Telegraph
a obtenu une audience d'Ismaïl-Pacha et il fait
connaître la manière de voir de l'ex-khédive sur
l'état actuel de la question égyptienne, au sujet
de la suspension de l'amortissement.
Ismaïl admet qu.il y a là un droit international
à sauvegarder, mais il fait remarquer aussi qu'il
fallait faire face à des nécessités financières extrê-
mement pressantes. A son avis, la meilleure po-
litique à suivre serait de reprendre le programme
primitif du gouvernement britannique, c'est-à-
dire de laisser l'Egypte aux Egyptiens,
Ismaïl croit qu'on a encore sous la main tous
les éléments nécessaires au rétablissement rapide
et complet de l'ordre. Il déclare, du reste, qu'il
n'a aucun désir d'être remis à la tête du gouVir-
nement égyptien.
ÉVÊCHÉS VACANTS
Le Figaro croit savoir que la candidature de
M. Plamis, vicaire général d'AutUn, serait écartée
pour le siège épiscopal de Dijon. Ce serait l'abbé
Gonindard, sous-directeur du collège des Char-
treux à Lyon, qui serait nommé à ce poste.
Le Figaro croit, en outre, que, dans le conseil
des ministres de jeudi, il sera pourvu aux siéges
de Verdun, Dijon, la Basse-Terre et Agen. îles-
décrets seraient signés samedi.
NOUVELLES DIVERSES
L'ex-impératrice Eugénife. qui devait quitter
Paris hier, prolonge son séjour dans cette fille
de quelques jours.
FEUILLETON
LE MÉDECIN DES FOLLES
PREMIÈRE PARTIE
L'HOTEL DU GRAND CERF
VIII
naetjf magistrat instructeur n'est point resté !
er;" et vous n'a le garantis, continua Georges
pas circonscrit ses recherches
'ePark f£c'e restreint. Avec l'aide du parquet
^sbir'ûi Vi}ert en.ees matières, il a exploré le
tti'at,," iirhpossible, sans relâche et sans ré-
fe0rlH,ravez raison, docteur, dit M. Delari-
t Ù(/d,[ljmem une affaire fut plus mystérieuse.
■ lui urA obScurité <3Iltr8Lenant volontairement autour
on ,, eiirilê q!l! le perd, est une énigme
i-U a t ou"-
0rges olit sa raison, je l'affirme... répliqua
'"WrU-
'eiiî, " £iat3 ont dû. être éminemment cu-
^is toute vraisemblance et
OUVelan\ oule avide d'émotions et se re-
» > et npnr!8 cesse. Le procès a duré cinq
ftn nûes J,, 1 ces cinq jours trente mille
^ mOins, — sans exagération, —
k dVn tous côtés, espérant prendre
în t', iiais i spectacle dramatique et passion-
p dWoit y a eu, comme toujours, beau-
(et peu d'élus...
Obi eti* rf°n à la condamnation ?
ès .. ^Seutêè dire cependant qu'elle a été
Q Personnelle, docteur i je vou-
la coSi-è?Groyez'vous que le con~
, Georges Veroiet répoadit :
— Non, je ne le crois pas !...
Le banquier fit un geste de surprise.
— Ah b::h 1 — s'écrla-t-il. — Quoi, malgré les
preuves matérielles dont vous m'avez parlé,
vous admettez son innocence ?
— Je l'admets.
— Et sur quoi vous basez-vous pour penser
ainsi ?
— Sur certains faits dont le détail serait trop
long et auxquels la cour et le jury ne me parais-
sent point avoir accordé une attention suffi-
sante.
— Mais était-il possible, en face d'une quasi-
évidence, d'absoudre t'accusé?
— Je suis d'avis que le moindre doute devait
suffire pour éloigner une condamnation capitale.
Tout au moins fallait-il accorder des circons-
tances atténuantes et ne pas envoyer à la mort
un malheureux peut-être innocent...
— Les membres du jury, agissant selon leur
conscience, n'ont point hésité cependant.
— Hélas! non! — répliqua le docteur. — Mais
savez-vous quelle est, selon moi, la véritable et
presque l'unique cause de la sévérité du ver-
dict?... C'est l'incompréhensible obstination de
l'accusé à s'environner de ténèbres... On a dû
croire et on a cru en effet que cet homme ne
cachait son passé que pour laisser dans l'ombre
des crimes antérieurs... Certes les jurés ont pro-
noncé selon leur conscience, et n'ont fait'que
leur devoir. — Je suis certain pourtant que
parmi eux il en est plus d'un qui dormira mal la
nuit prochaine. — Il ? r*a trop tard!... — Inno-
cent ou coupable, d .i1aJn le condamné aura
cessé de vivre...
— Le pourvoi et le recours en grâce ont été re-
jetés?
— Oui, monsieur... — la nouvelle en est ar-
rivée hier au parquet.... — Demain matin le pa-
nier de la guillotine recevra la tête d'un Infâme
assassin ou celle d'un obscur martyr.
Le repas était terminé.
Le docteur regarda sa montre et se leva de
table.
Les deux hommes regagnèrent l'appartement
du »ecoûd étage et emrèreat, ea assourdissant,
le bruit de leurs pas, dans la chambre où repo-
sait Mme Delarivière.
La jeune femme continuait à dormir d'un pro-
fond sommeil.
La respiration était calme et régulière.
Les pulsations de l'artère se trouvaient presque
ramenées à l'état normal. La fièvre cédait.
— Vous le voyez, monsieur, — dit Georges, —
tout va bien...
Le banquier rayonnait de joie;
— Quelle sera maintenant la durée de ce som-
meil réparateur? - demanda-t-il.
— Une heure encore au moins... deux au plus...
— En prévision du réveil, à quelque moment
qu'il se produise, je dois vous donner mes ins-
tructions...
— Donnez, docteur...— Elles seront religieuse-
ment suivies.
— Rien n'est plus simple et plus facile... —
Aussitôt que madame ne dormira plus, vous lui
ferez prendre une cuillerée de cette potion, et
vous continuerez de quart d'heure en quart
d'IJeure,.. — Je crois inutile de vous recomman-
der la plus grande exactitude...
— J'aurai sans cesse ma montre à la main...
— Et maintenant monsieur, adieu, ou plutôt au
revoir.
— Vous me quittez, docteur?...
— Pour peu de temps... — Ma présence vous
est inutile et je dois visiter plusieurs de mes
clients qui doivent trouver mon absence incom-
préhensible...
— C'est juste... — Allez donc, et à bientôt...
— A bientôt...
— Vous m'affirmez encore que je puis être
complèLement rassuré?
— Oh ! complètement, je vous en donne ma pa-
role d'honneur.
Georges Vernier salua M. Delarivière et quitta
la chambre.
En descendant l'escalier, mille pensées confu-
ses tourbillonnaient dans son cerveau. — Il avait
sans cesse sous les yeux le doux visage de la
malade.
— Est-ce la sœur de celle que j'aime? — se
dsjnaûdait-ll» — Est-ce sa mère?... — Que signifie i
cette étrange ressemblance et faut-il l'attribuer
à un caprice du hasard?... — Je n'ose interro-
ger... Comment savoir?
Au momant où le docteur allait sortir du
Grand-Cerf en se posant ces questions, llo=l-
bus du chemin de fer stationnait devant la porte.
Deux jeunes gens et deux jeunes femmes ve-
naient d'en descendre et se préparaient à faire
bruyamment irruption dans l'hôtel.
En voyant le docteur, dont la physionomie,
nous le savons, était remarquablement belle, et
dont les traits réguliers, la démarche à la fois
pleine d'assurance et de simplicité, annonçaient
quelqu'un, les deux femmes s'arrêtèrent.
Georges les salua distraitement, presque aans
les regarder, et continua son chemin.
Il était difficile de s'illusionner sur la position
sociale des nouvelles venues, très jolies d'ail-
leurs l'une et l'autre, — l'une brune et l'autre
Blonde.
L'élégance un peu trop tapageuse de leurs tol-
let'tes de campagne, la coquetterie ultra-voyante
de }eurs petits chapeaux excentriques, l'anfoleur
exagérée de leurs chignons d'ébène et d'or, les
émanations violentes de l'opoponax, de l'ylaûg-
ylang et du champaka, mettant autour d'elles
une atnî
déraisonnable de leurs porte-bonheur, la cam-
brure vertigineuse de leurs bottines à talons
pointus de dix centimètres de haut., le style par-
ticulier de leur énorme éventail soutenu à leur
côté par une cHaînette et par une agrafe de vieil
argent, enfin dans l'ensemble et dans l'expres-
sion cet indéfinissable je ne sais quoi auquel il
est presque impossible de se tromper quand on
a le coup d'œil un tant soit peu parisien, prou-
vaient jusau'a l'eviAence que ces jolies person-
nes appartenaient au monde où. l?on s'am:use, en
qualité d'étoiles galantes de moyenne grandeur.
— 011! mes enfants! Ja jolie tête! — dit pres-
qn'à voix haute la Jeune femme blonde en sui-
vant du regard Georges Vernier.
— Tout à fait un gentleman... — appuya da
brune compagne.
(A suivre)
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