Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1936-08-14
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 août 1936 14 août 1936
Description : 1936/08/14 (Numéro 227). 1936/08/14 (Numéro 227).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k409211m
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
TABLEAU DES LOIS VOTEES DU 5 JUIN AU 13 AOUT 1936 (Page 5)
VENDREDI 14 AOUT 1936
VENDREDI 14 AOUT 1936
III» Année N° 227
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PRESSE DE RIRE de TOUT. DE PEUR D'ÊTRE obligé D'EN PLEURER. BEAUMARCHAIS.
30 Cmî*
le Gaulois
L'ALLEMAND 1
:BSTr
L'IDEE DE GUERRE
HEgS^a Les états-majors, les
*|||fp» chancelleries, les infor-
^jjjl mateurs illustres ne m'ont
point livré leurs secrets.
Et je n'ai que mes pauvres yeux pour
voir.
Dans ce qu'on appelle la « course
aux armements », le cas de l'Allema-
gne est. je crois, unique. Tous les
autres Etats de l'Europe font des
armements sous l'empire d'une crainte
ou d'une préoccupation immédiate,
par conséquent d'un point de vue en
quelque sorte occasionnel. L'Allema-
gne reconstruit sa puissance pour elle-
même et pour toutes les circonstances
éventuelles, dans un effort qui est non
exclusivement militaire, mais organi-
que et « total ».
Au surplus, faute de débouchés,
son énorme appareil industriel, dont
dépend la vie d'une forte part de sa
population, sécrète à l'intérieur outils,
armes, équipements, produits et amé-
nagements de toute sorte, c'est-à-dire
un accroissement incessant dé puis-
sance prête.
Prétendre arrêter ou modérer cela
au moyen de papiers de notaire et
d'équations diplomatiques, comme le
tentèrent jusqu'à présent les confé-
rences de désarmement, autant vou-
loir empêcher quelqu'un, par contrat,
d'avoir des furoncles ou de faire de
l'emphysème.
L'année 1937 marquera le palier
de maturité des nouveaux moyens
militaires de l'Allemagne. A ce mo-
ment, il faudra bien choisir entre les
vues de l'esprit et le problème réel.
L'Allemand pondéré, qui « vé-
cut », d'une manière ou d'une autre,
la défaite, ne se plaît pas à l'idée
de la guerre. Elle l'obsède, mais
comme une vieille souffrance. Il garde
le souvenir presque physique du ter-
rible « dérapage » de ses illusions
en 1918, de l'humiliation atroce de
1919, des misères qui suivirent pen-
dant plusieurs années. Il ne faut donc
pas raisonner comme si l'Allemand,
de son plein gré, voulait la guerre.
Malgré cela, dans l'état présent
de la psychologie des peuples euro-
péens, le peuple allemand, je sup-
pose, est celui qui partirait en guerre
avec le plus de conviction, de cohé-
sion et de certitude préalable.
.Pourquoi ? Parce qu'il a toujours
cru que sa défaite avait été une erreur
contre nature, une injustice physique,
déterminée par des éléments suppo-
sés malsains qu'il portait alors en lui
et qu'il a désormais rejetés parce
qu'il estime que la nature, la nature
de sa « race » et la nature des cho-
ses, lui doit réparation de cette erreur
physique parce que' sa libération
facile des contraintes internationales,
depuis quelques années, lui a donné
l'impression que la nature, en effet,
reconnaissait son erreur parce qu'il
aurait le sentiment de combattre, cette
fois, non pour le prestige d'une poli-
tique artificielle, mais pour sa « race »
et son « sang ».
C'est sous le signe d'une crainte
ou d'une revendication pour sa
race » que l'Allemand moyen par-
tirait en guerre, et non plus sous le
signe d'une conquête proprement po-
litique. Mais le thème de l'inquiétude
qui habite l'imagination allemande et
qui déclencherait son réflexe guer-
rier, n'a pas changé c'est le spectre
de l'encerclement, encerclement phy-
sique, encerclement moral.
Le plus grand risque, parce qu'ins-
pirant à l'Allemand à la fois colère
et tentation, serait un encerclement
aventureux, mais faible. A cet égard,
j'aurai peut-être l'occasion d'expli-
quer l'erreur que commet, à mon sens,
depuis quelque temps, la politique
soviétique de son propre point de
vue.
On raisonne beaucoup comme si
l'orientation stratégique de l'Allema-
gne était fixée dans le sens de l'Eu-
rope danubienne et de la Russie.
J'ignore, je le répète, ce que peuvent
penser ou savoir les états-majors.
Mais je fus toujours frappé, dans ce
que disent ou laissent entendre les
Allemands de leur expérience de la
dernière guerre, par la leçon qu'ils
en tiraient concernant l'inutilité, quant
à la décision, de victoires remportées
sur des théâtres secondaires. Lss
théâtres secondaires peuvent servir,
d'abord, aux « essais »,•» puis au
ravitaillement. Mais ils ne contiennent
pas la « décision ».
LUCIEN ROMIER.
LE TEMPS PROBABLE
Région parisienne. Temps meilleur,
plus chaud, nuiig-eux avec belles éclaircies.
.Vent variable faible.
Température en hausse. Maximum: 26».
Visibilité assez bonne.
Manche. Temps instable, très nuageux,
brumeux bruines, vent du secteur Sud-
Ouest modérC.
Mêr agitée.
Sud-Ouest. Beau temps plus chaud,'
pen nuageux. Vent est faible.
Mer ajftttîe.
Sud-E*t. Beau temps plus chaud. Vent
nord puis est faible a modère.
Mer peu agrlf'C puis Belle.
Alpes, Pyrénées. Amélioration, beau,1
peu nuageux, plus chaud.
{Voir l'évolution f[ênêrule et ta carie du
temps à la page des Sports.)
LA LUTTE RESTE INCERTAINE
AUTOUR DE SAINT-SEBASTIEN
Nouvelle offensive des insurgés contre Malaga
ou le croiseur gouvernemental" Jaime Vr » aurait été coulé
(De notre correspondant particulier, par téléphone) de la frontière espagnole.)
La lutte s'est poursuivie toute la
journée autour de Saint-Sébastien.
Mais après les assauts violents
d'hier, l'action aujourd'hui a été
plus lente et plus prudente. Les mi.
trailleuses ont cédé la parole à l'ar-
tillerie et à l'aviation.
Pour éviter les bombes de "«l'es-
cadrille noire », que les insurgés ont
envoyée contre la ville, les miliciens
de Saint-Sébastien ont retiré leurs
batteries des forts et les ont camou-
flées en montagne, dans les fougères.
Des monts de Guadalupe, des crêtes
de pins surplombant Biriatou, des
environs du fort de, San.-Marçqs^ les
pièces tirèrent toute la journée. A
intervalles réguliers, on pouvait voir
un jet de flammes sortir d'entre les
pins. Quelques secondes plus tard,
une détonation sourde. Les avions
noirs, planant lentement au-dessus
des batteries ennemies, laissaient
tomber leurs bombes sur la mon-
tagne.
Après les alertes et les assauts de
ces deux jours, les blancs et les rou-
ges, occupant des positions stratégi-
ques, face à face, se surveillent. De
temps en temps, une escarmouche,
comme hier soir au pont d'Endarla-
za, où les carlistes ont été arrêtés
par les nids de mitrailleuses des rou-
ges, ou une attaque comme celle qui
a permis aux blancs d'enlever Villa-
bona dans la matinée.
Mais c'est contre Pasajes, port
important dans les environs de
Saint-Sébastien, que les blancs ont
TOULOUSE, RELAIS FRANÇAIS
DU '̃ 'F RENTE POPULÂR"
(De notre envoyé spécial)
TOULOUSE, 13 août. Sous l'œil
d'une municipalité complaisante
l'enrôlement de miliciens, le ravitail-
lement des marxistes espagnols, la
diffusion et l'impression de tracts
se font ouvertement.
Un travail bien mené
Ce n'est pas de l'envoi en Espa-
gne, plus ou moins camouflé, d'a-
vions militaires Dewoitine ou Potez-
Bloch que nous voulons parler,
mais d'un aspect plus secret, et
peut-être plus redoutable, de l'aide
apportée par le Front populaire à
la Généralité de Catalogne, plus
exactement à la Confédération natio-
nale du travail et à la Fédération
anarchiste ibérique qui, en fait, gou-
vernent et sont à la _tète de Barce-
lone.
Tant du côté communiste français
qu'espagnol, le rôle que devait jouer
Toulouse a été immédiatement com-
pris. La ville, qui était depuis long-
temps un fief socialiste, fut savam-
ment F patiemment travaillée par
les moscoutaires. Et ceux-ci virent
UNE ENQUETE DU FIGARO
« Ordonner l'énergie
des masses par un sport
sans passions politiques »
nous dit H.'R. Lenormand
Deux éminents praticiens, les pro-
fesseurs Sergent et Guérin, nous ont
signalé, hier, les dangers que l'abus
des sports faisait courir à notre jeu-
nesse.
Ces risques ne sont pas les seuls.
Il y en a d'autres, et qui peuvent,
comme des épidémies, affecter les
collectivités.
C'est M. H.-R. Lenormand, l'auteur
du Simoun et des Ratés, aui nous les
expose.
« Voici, écrit le dramaturge, les
réflexions d'ordre, hélas beau-
coup trop général que votre ques-
tionnaire suggère à un incompétent:
» L'Etat, seul, peut instaurer une
politique des sports, éveiller et,
quand il le faut, modérer l'enthou-
siasme sportif d'une nation. Il y a
des pays où le sport est devenu la
préoccupation majeure de la collec-
tivité, où les masses, peu dévelop-
pées mentalement, sont remuées par
une compétition sportive comme par
un événement historique. Dans ces
pays-là, l'Etat devrait diminuer les
crédits attribués au sport.
Le sport, dérivatif salutaire
» II en est d'autres où tout est à
faire, où les énergies accumulées
des masses s'égarent parfois dans des
activités sauvages, incompréhensi-
bles. Là, le sport est appelé à cana-
liser ces forces désordonnées. Je me
rappelle un mot du président Aza-
na. Il me parlait des violences mys-
térieuses de certaines collectivités
paysannes espagnoles
» Trop d'énergie à dépenser,
me disait-il. Nous leur donnerons
le sport.
» En France, il y aurait tout in-
térêt à voir donner par l'Etal une
éducation sportive. Jean Dauven..
Juan Dativen,
(Voir la suite en rubrique sportive.)
concentré leurs forces. II leur faut,
en effet, un débouché à la mer pour
les colonnes du Nord, le ravitaille-
ment étant trop long par la Galice
et par la Vieille Castille.
Dans les deux camps
on a la hantise `;
de l'espionnage^.
Les rouges ont entièrement bloqué
la frontière de Béhobié, pour éviter
que les mouvements des milices
•d'Iran aie puissent être communi-
qués aux carlistes. Des deux côtés,
en effet, l'on a la hantise de l'es-
pionnage. Dans toutes les villes d'Es-
pagne, il y a, au fond de quelque
cave, une radio clandestine que les
autorités ne peuvent dépister. A Ma-
drid il y en a une, qui est en com-
munication constante avec Radio-
Séville. Il y a, devant le ministère de
l'intérieur de la capitale, des ven-
deurs de lacets et de lames de ra-
soir qui ne s'intéressent pas toujours
à leurs marcharfdises. Des journalis-
tes étrangers, expulsés maintenant
d'Espagne, ont pu se convaincre des
dons linguistiques de certains petits
garçons qui jouent dans les arrière.
salles des cafés. A l'hôpital que j'ai
visité en Navarre, l'on venait d'arrê-
ter un médecin bénévole, qui était
aussi un espion. Les lettres sont cen-
surées et j'en ai vu une, venue de
Saint-Sébastien, sur laquelle était
écrit au cachet « Censurée par le
en quelques années leurs efforts cou-
ronnés, passant, aux avant-derniè-
res élections, d'un chiffre ridicule à
presque un quart des voix socialis-
tes en 1935.
Depuis lors, leur influence n'a fait
que croître et, dès la nouvelle insur-
rection militaire connue, une base
de ravitaillement pour les commu-
nistes anarchistes catalans y fut éta-
blie.
Tout se prêtait à cela la proxi-
mité de la frontière (140 kilomètres
environ), une colonie espagnole pro-
fondément antifasciste très impor-
tante, une aide immédiate parmi les
dirigeants communistes toulousains,
où, comme par hasard, se trouvent
un instituteur, Fournial, et Marcel
Craste, ouvrier, qui abandonne sou-
vent son atelier pour l'agitation ré-
volutionnaire enfin, la certitude
d'une municipalité toute prête à fer-
mer les yeux sinon à offrir une aide.
L'établissement de la base
Dès le lendemain du sursaut na-
tional en Espagne, Garcia, chef offi-
ciel, à Toulouse, du Comité espagnol
d'action antifasciste, se met au tra-
LE FRONT POPULAIRE
délibère aujourd'hui
sur la neutralité
à Fégard de l'Espagne
A la suite d'une initiative du parti
communiste qui l'avait pressenti à ce
propos, le'parti socialiste n'a pas cru
devoir accepter la réunion, aujourd'hui,
des comités de coordination Séverac-
Thorez. Il s'agissait d'examiner une
méthode commune d'action pour aider
les « gouvernementaux d'Espagne.
Les socialistes, désireux de ne pas
partager seuls avec les communistes la
responsabilité d'une attitude catégori-
que, ont proposé d'élargir aux radicaux
le champ des délibérations. Ils lancèrent
donc l'idée d'une réunion du Comité
de rassemblement populaire, acceptée
hier par le groupe radical de la Cham-
bre. En conséquence, les délégués radi-
caux, communtstes et socialistes se ren-
contreront, cet après-midi, à 17 heures,
au siège du parti communiste, 120, rue
Lafayette. Mais la rue de Valois mani-
feste d'expresses réserves quant à une
action quelconque en Espagne.
LES TITRES
de la 12e journée
des Jeux Olympiques
La Hollandaise
Mlle T. SENFF
gagne le 100 m. dos
en 1 m. 18 sec. 9/10.
L'Américaine
Mrs POYNTON-HILL
remporte le titre dans les
plongeons de haut vol.
L'Allemand H. POLLAY
triomphe en hippisme dans
le concours de dressage.
Front populaire ». Dans cette lettre
un habitant de Saint-Sébastien avait
écrit « Il se passe ici des hor-
reurs La lettre n'a pas été rete-
nue, mais le nom de l'expéditeur n'a
sans doute pas été oublié. Enfln, cer-
taines vieilles paysannes espagnoles,
qui rôdaient avant-hier soir dans les
environs d'Endarlaza ne doivent pas
avoir été étrangères à l'échec de 1 at-
taque de surprise qu'ont tentée les
blancs dans la nuit.
Pourquoi l'attaque
des insurgés contre Malaga
avait- été interrompue
L'on n'a pas combattu qu'à Saint-
Sébastien. L'offensive de 1 armée du
sud contre Malaga, qui avait été arrê-
tée, a été reprise hier. Une colonne
a enlevé Antiquera, à une soixantai-
ne de kilomètres de la ville. C'est
une curieuse histoire que celle de
cette offensive. Le général de Llano
l'avait à peine déclenchée qu'il ap-
prenait que sa femme et sa fille,
qu'il croyait en lieu sûr, étaient à
Malaga dans les mains des commu-
nistes. Le général hésita et c'est fort
naturel, car on lui avait fait savoir
quel sort les attendait si l'attaque
était poursuivie. Deux jours plus
tard, un coup de téléphone avertit le
général de l'armée du sud que la
femme du ministre de la guerre de
Madrid était prisonnière des blancs.
Georges Rotvand.
(Suite page 3, colonne 1.)
vaH. Par la frontière largement ou-
verte affluent en proportion égale
communistes et fascistes. Immédia-
tement, pour les premiers, une per-
manence est créée au siège du Se-
cours rouge, 14, rue Saint-Georges.
Argent, vêtements leur sont abon-
damment fournis. Rien que de très
normal puisque, au su et au vu de
chacun, l'entr'aide joue, efficace-
ment.
Les jours passent. Si Barcelone
gagne, Madrid multiplie les appels.
Ils ne sont pas lances en vain offi-
cielletnent. J. B.
(Suite page 3, colonnes 2, 3 et 4.)
Un embarquement
d'armements
empêché à Bordeaux?
On a beaucoup commenté hier,
dans les milieux parlementaires,
une information selon laquelle le
poste de Radio-Cologne aurait,
avant-hier, annoncé que deux ba-
teaux français seraient partis de
Bordeaux à destination de l'Espa-
gne ayant à bord trente canons et
trois millions de cartouches. On
ajoutait qu'en réalité l'expédition de
ces armements avait bien été effec-
tuées de Bourges, mais que l'embar-
quement n'avait pas été opéré. Et on
reportait le mérite de cette sage dé-
cision au député-maire de Bordeaux,
M. Adrien Marquet, qui aurait aisé-
ment obtenu de M. Daladier que le
départ ne fût pas permis. On préci-
sait que les armements en ques-
tion auraient été réacheminés sur
Bourges.
DE L'ÉCHOPPE A LA BANQUE DE FRANCE
LES IDÉES DE M. GRANDADAM
ancien artisan-cordonnier
et nouveau membre du Conseil
Une convocation urgente est venue
suspendre M. Grandadam dans sa pe-
tite maison campagnarde de Salins,
bâtie à mi-côte, sur la route de Mon-
tereau, loin de toute agglomération.
Il lui faudra, mardi, laisser ses tra-
vaux de jardinage pour aller prendre
ses fonctions de conseiller à la Ban-
que de France 1
M. Grandadam est un homme de
taille moyenne, large, épais, solide.
Un homme de l'Est, froid, volontaire,
bourru. et très sentimental. Il a fait,
jadis, son tour de France comme com-
pagnon-cordonnier. Venu à Paris, il
a pu à force de battre la semelle sur
le pied de fer des échoppes, acquérir
Un petit atelier de réparations de
chaussures. Après la guerre, il fondait,
en 1922, avec un autre artisan, M.
Taillardet, grâce à une opportune al-
liance de la Fédération de la petite
industrie de la chaussure de France
avec la puissante Fédération des coif-
feurs, cette Confédération de l'Arti-
sanat français dont il est resté, de-
puis, le secrétaire général, qui groupe
550 syndicats et compte 200.000 mem-
bres.
Président de la Chambre des Mé-
tiers de la Seine, le voilà, aujourd'hui,
qui succède dans les conseils finan-
ciers du gouvernement, aux représen-
tants des « deux cents familles »
UNE QUESTION l
DE M. 'e VALLAT
sur les livraisons
d'avions
à F Espagne
Violents incidents
à ta Chambre
A propos des crédits du ministère
de l'air, inclus dans le « collectif »,
M. Xavier Vallat posa hier, à la fin
de l'après-midi, une question au gou-
vernement. Oui ou non, demanda M.
Vallat, des avions français ont-ils été
livrés au gouvernement espagnol,
que ce soit celui de Madrid ou celui
de Barcelone, « car ce n'est pas le
même » ? L'Action française a affir-
mé qu'un certain nombre d'appa
reils sont arrivés à Barcelone. Cette
information a bien été l'objet de
deux démentis, le second, partiel
d'ailleurs, puisqu'il déclarait que les
avions seraient partis avant la dé-
claration de non-intervention du
gouvernement français. Or ̃– M. Val-
lat y insiste ils sont partis après
la décision du Conseil de cabinet
sur la non-ingérence, que le Conseil
des ministres, le lendemain, n'a fait
qu'entériner.
Cette partie du discours de M.
Vallat avait déjà été souvent inter-
rompue par les communistes qui di-
saient à l'orateur « Vous travaillez
pour l'Allemagne et qui trou-
vaient spirituel de crier « Heil
Vallat »
A ce moment M. Herriot jugea bon
d'intervenir pour faire observer à
M. Vallat qu'il n'était pas permis
de joindre une interpellation à la
discussion du collectif. Ce fut alors
une scène tragi-comique. Trop heu-
reux d'avoir trouvé dans le règle-
ment un appui inattendu, les com-
munistes n'arrêtèrent plus de voci-
férer.
Pâle, mais impassible, M. Vallat
poursuivait son discours, insistait
pour qu'on répondît à sa question.
Tourné vers lui, frappant la tribune
du coupe-papier, menaçant, sup-
pliant, M. Herriot essayait de le faire
taire. Il prenait son chapeau (« Je
vais suspendre »); il le reposait. En-
fin il lança « Monsieur Vallat, je
vous rappelle à l'ordreet au règle-
ment et je suspens la séance »
Roger Dardenne.
(Suite page 4, colonne 2)
Le dernier Conseil des ministres
de la session 1
Un long échange de vues
sur les événements d'Espagne
(Voir l'article en troisième page)
Les sept communistes
étrangers hébergés au Havre
ont tenté de s'enfuir
Evreux, 13 août. Lundi matin,
dans les circonstances que nous
avons relatées, sept communistes,
expulsés du Brésil quatre Polonais
et trois Roumains, avaient provoqué
une manifestation de dockers à l'ar-
rivée au Havre du paquebot brési-
lien Bage, qui devait les déposer à
Hambourg.
Les sept refoulés avaient obtenu
d'être débarqués au Havre pour ga-
gner leurs pays par la Suisse, en évi-
tant la traversée du Reich.
Or, la nuit dernière, à 2 h. 30,
en gare de Saint-Pierre-du-Vauvray
(Eure), les sept expulsés ont bous-
culé l'inspecteur de police qui devait
les accompagner dans leur traversée
de la France, et ils se sont enfuis à
travers les voies.
Toutes les brigades de gendarme-
rie de la région sont alertées et "re-
cherchent les fuyards à travers la
campagne.
Deux d'entre eux ont pu être ap-
préhendés à Notre-Dame-du-Vau-
dreuil.
Peu de compagnons-cordonniers ont
jamais fait un tel chemin
Francs-or et francs-papier
Cependant M. Grandadam ne s'é-
tonne ni ne s'émeut. Il se défend mê-
me de former des projets. Il reste sur
une prudente réserve. Il parle peu.
Mais ses écrits parlent pour lui. Voici,
par exemple, sa théorie du « franc-
or » et du « franc-travail », telle qu'il
l'a exposée, en juin dernier, au con-
grès national de l'Artisanat français,
et telle que la reproduit l'organe de
la Confédération.
5 Georges Ravon.
(Suite page 3, colonnes 6 et 7.)
LE BAROMETRE BOURSIER
LONDRES ferme. BRUXELLES en
reprise. NEW-YORK alourdi.
Livre 70 38 Contre 76 255.
Dollar 15 1875 contre 15 1775.
tire en page 6 « LE FIGARO
ECONOMIQUE Et FINANCIER. >
Me 1EDOUARD BOURDET
administrateur de la Comédie=Françaîse
en remplacement de M. Emile Fabre
MM. Louis Jouvet, Charles Dullin,
Gaston Baty et Jacques Copeau,
sont chargés de la mise en scène
Voilà, au moins, une bonne nou-
velle.
Il n'était que temps.
Les dispositions prises pour le
renflouage de notre malheureuse
Comédie-Française répondent à
ce que souhaitaient les amis sin-
cères de la Maison.
La nomination de M. Edouard
Bourdet coupe les ponts avec le
Parlement. Elle a une significa-
tion professionnelle et ne peut
avoir que celle-là. L'auteur de La
Prisonnière s'installe sans intri-
gues, sans dettes politiques et sans
clientèle. Ce qu'on sait de son in-
dépendance, de ses scrupules, de
la qualité de son goût et de la con-
naissance qu'il a du métier direc-
torial constitue sinon un gage du
moins un ferme espoir de succès.
J'ajouterai qu'il vient de donner
la mesure de son esprit de sacri-
fice. Le poste dont il accepte la
charge, au détriment de ses inté-
rêts personnels, n'est. enviable à
aucun titre. S'il existe un rôle dif-
ficile et ingrat entre tous. c'est
bien celui de sauveteur.
Jouvet, Copeau, Baty, Dullin lui
prêteront leur concours comme
metteurs en scène. Quatre hom-
mes qui ont su, contre vents et
marées, soutenir le prestige du
CE QU'ON DIT
dans la Maison de Molière
M. Emile Fabre, veston noir et
pantalon rayé, mais la canne flâ-
neuse, passait, hier matin, rue de
Grenelle, le seuil du ministère de
l'éducation nationale. Il venait don-
ner sa démission d'administrateur
général de la Comédie-Française ou,
plus exactement, faire valoir ses
droits à la retraite à partir du 15 oc-
tobre prochain.
Une heure plus tard M. Edouard
Bourdet, débarqué du petit matin,
recevait du ministre, M. Zay, l'offre
de la charge vacante, méditait l'évé-
nement, et finalement l'acceptait.
On apprit vite, dans Paris, la nou-
velle et aussi que le ministre at-
tachait à M. Edouard Bourdet la col-
laboration de quatre metteurs en
scène MM. Gaston Baty, Jacques Co-
peau, Charles Dullin et Louis Jou-
vet.
Personne, certes, ne s'attendait à
d'aussi promptes et brillantes déci-
sions. Les exégètes, hier soir, éclai-
raient ainsi la promptitude ministé-
rielle le Théâtre-Français tient une
telle place dans l'Etat et réunit des
patronages si puissants que l'on n'y
changerait rien par le consentement
général, mais tout par un coup de
main.
A la Comédie-Française
Eh bien que dites-vous de
l'événement ? 2
Mlle Jane Sully s'arrêta contre
la rampe de l'escalier. Et, brisant
avec un charme naturel pour res-
LE REMBOURSEMENT
DE S AVANCES
SUR LINGOTS D'OR
de la Banque de France
Que signifie cette mesure ?
La Banque de France vient d'in-
viter ses clients à rembourser, avant
le 1" septembre prochain, les avan-
ces sur lingots d'or qu'elle leur avait
consenties.
C'est la dernière d'une série de
mesures tendant à réduire et à sup-
primer progressivement le poste
« Avances sur lingots».
En mai 1935, la Banque de France,
imitée ensuite par les banques cen-
trales d'Angleterre et des Etats-Unis,
décida de mettre un frein à la spé-
culation sur l'or qui était souvent
aussi une spéculation à la baisse de
franc.
Rien n'était plus facile, en effet,
pour un capitaliste ayant des fonds
disponibles, que de les échanger
contre des lingots à la Banque de
France, de se faire consentir une
avance sur ces lingots, de retirer
encore de l'or avec le montant de
l'avance, et ainsi de suite. Grâce à
ce jeu d'avances, il pouvait prendre,
à la baisse du franc, une position
plusieurs fois supérieure au montant
du capital engagé. En cas de déva-
luation du franc, il n'avait à rendre
que des francs dépréciés, alors qu'on
eût réévalué le montant des lingots
déposés en gage à leur valeur nou-
velle.
Théoriquement, le dit spéculateur
pouvait même se faire ouvrir un cré-
dit pour procéder à l'opération. Cela
revenait, pour l'Institut d'émission,
à permettre qu'on jouât à la baisse
du franc avec sa propre encaisse et,
si l'on nous pardonne l'expression,
sur son dos.
C.-P. Hobbé.
(Suite page 6, colonne 1.)
théâtre. Quatre hommes dont le
talent nous est envié par toutes
les capitales.
Je n'aurais pas choisi d'autres
noms, c'est dire que le choix me
paraît excellent.
Ne nous y trompons pas la
question de la Comédie-Française
prend une gravité toute particu-
lière dans les épreuves que nous
traversons. Le théâtre a besoin
d'un refuge et d'une citadelle.
Lorsque le répertoire sera re-
vivifié, lorsqu'il sera délivré
de ses servitudes académiques
et autres, qu'il aura secoué ses
chaînes et sa poussière, la Mai-
son retrouvera son véritable as-
pect et le sens de sa mission. A
l'heure actuelle, l'art dramatique
manque d'un système de réfé-
rences. Une Comédie-Française
conforme aux exigences de notre
époque et renouvelant ses tradi-
tions peut et doit le lui ofrir.
Et maintenant, formons des
vœux pour le bonheur de M. Emile
Fabre. Il va connaître, d'ici quel-
ques semaines, la vraie douceur
de vivre les joies de l'insoucian-
ce, les jours sans comités, les soi-
rées sans orages, l'oubli de la cri-
tique et les amitiés vraies.
Pierre Brisson.
susciter les minutes tragiques, les
bras levés, elle s'écria
Rien. rien Je suis pension-
naire, et les pensionnaires n'ont pas
d'avis. Ils sont prêts à subir toutes
les autorités.
Dans le salon du comité, Mlle Ma-
rie Bell était assise tout près de la
vitrine qui abrite la mâchoire de
Molière délicieuse sous les four-
rures et le visage secret dans l'om-
bre du chapeau de paille.
Rien. rien D'ailleurs, je ne
sais pas ce qui se passe.
Une révolution.
Ah A propos, qu'y a-t-il de
nouveau sur la situation en Espagne?
Tout aussi grave qu'ici.
On jouait Bérénice, hier après-
midi, au Théâtre-Français. Le pu-
blic a dû être comblé la Maison
tout entière, vue des coulisses, ré-
vélait une gravité pathétique. Des
tragédiens illustres portaient sur les
tapis de couloirs et d'escaliers de la
fièvre, des voix sourdes, de brefs dé-
bats. Que se confiaient-ils ? Sans
doute la fierté de voir attacher au
service de leur Compagnie un écri-
vain qui a l'oreille du public, les
metteurs en scène les plus remarqua-
bles de notre théâtre.
On murmurait aussi « II parait
qu'Edouard Bourdet a demandé au
ministre les pleins pouvoirs. Les
pleins pouvoirs sont une menace re-
doutable pour tout esprit républi-
cain.
̃ -•̃̃ J. F.
(Suite page 3, colonnes 6 et 7.)
M. ROUCHÉ
est nommé directeur
des théâtres lyriques
nationaux
Comme nous l'avions laissé prévoir
hier M. Rouché a accepté d'assumer
la double direction de l'Opéra et de
l'Opéra-Comique.
M. Jean Zay a soumis à la signature
du président de la République un dé-
cret aux termes duquel le directeur
de l'Académie nationale de musique
et de danse, est chargé à titre de mis-
sion temporaire, de la direction géné-
rale des théâtres lyriques nationaux
et de l'étude de toutes les mesures en
vue d'assurer leur réorganisation.
Le Théâtre national de l'Opéra-Co-
mique sera administré par un admi-
nistrateur général, désigné par le mi-
nistre de l'éducation nationale et des
beaux-Arts et assisté d'un comité con-
sultatif comprenant douze composi-
teurs de musique. Ce comité sera éga-
lement nommé par le ministre. Deux
représentants du personnel pourront
lui être adjoints.
Par arrêté de M. Jean Zay, ministre
de l'Education nationale et des beaux-
arts, sont nommés membres du comité
consultatif de l'Opéra-Comique MM.
Georges Auric, Gustave Charpentier,
Reynaldo Hahn, Athur Honegger,
Jacques Ibert, Charles Koechlin, Da-
niel Lazarus, Antoine Mariotte, Da-
rius Milhaud, Max d'Ollone, Gabriel
Pierné, Albert Roussel.
Par un second arrêté, M. Antoine
Mariotte, compositeur de musique, est
nommé 'administrateur général du
théâtre national de l'Opéra-Comique.
EN 3* PAGE
A Varsovie, le général, Ga-
melin s'entretient longuement
avec le général Bydz-Smigiy.
VENDREDI 14 AOUT 1936
VENDREDI 14 AOUT 1936
III» Année N° 227
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30 Cmî*
le Gaulois
L'ALLEMAND 1
:BSTr
L'IDEE DE GUERRE
HEgS^a Les états-majors, les
*|||fp» chancelleries, les infor-
^jjjl mateurs illustres ne m'ont
point livré leurs secrets.
Et je n'ai que mes pauvres yeux pour
voir.
Dans ce qu'on appelle la « course
aux armements », le cas de l'Allema-
gne est. je crois, unique. Tous les
autres Etats de l'Europe font des
armements sous l'empire d'une crainte
ou d'une préoccupation immédiate,
par conséquent d'un point de vue en
quelque sorte occasionnel. L'Allema-
gne reconstruit sa puissance pour elle-
même et pour toutes les circonstances
éventuelles, dans un effort qui est non
exclusivement militaire, mais organi-
que et « total ».
Au surplus, faute de débouchés,
son énorme appareil industriel, dont
dépend la vie d'une forte part de sa
population, sécrète à l'intérieur outils,
armes, équipements, produits et amé-
nagements de toute sorte, c'est-à-dire
un accroissement incessant dé puis-
sance prête.
Prétendre arrêter ou modérer cela
au moyen de papiers de notaire et
d'équations diplomatiques, comme le
tentèrent jusqu'à présent les confé-
rences de désarmement, autant vou-
loir empêcher quelqu'un, par contrat,
d'avoir des furoncles ou de faire de
l'emphysème.
L'année 1937 marquera le palier
de maturité des nouveaux moyens
militaires de l'Allemagne. A ce mo-
ment, il faudra bien choisir entre les
vues de l'esprit et le problème réel.
L'Allemand pondéré, qui « vé-
cut », d'une manière ou d'une autre,
la défaite, ne se plaît pas à l'idée
de la guerre. Elle l'obsède, mais
comme une vieille souffrance. Il garde
le souvenir presque physique du ter-
rible « dérapage » de ses illusions
en 1918, de l'humiliation atroce de
1919, des misères qui suivirent pen-
dant plusieurs années. Il ne faut donc
pas raisonner comme si l'Allemand,
de son plein gré, voulait la guerre.
Malgré cela, dans l'état présent
de la psychologie des peuples euro-
péens, le peuple allemand, je sup-
pose, est celui qui partirait en guerre
avec le plus de conviction, de cohé-
sion et de certitude préalable.
.Pourquoi ? Parce qu'il a toujours
cru que sa défaite avait été une erreur
contre nature, une injustice physique,
déterminée par des éléments suppo-
sés malsains qu'il portait alors en lui
et qu'il a désormais rejetés parce
qu'il estime que la nature, la nature
de sa « race » et la nature des cho-
ses, lui doit réparation de cette erreur
physique parce que' sa libération
facile des contraintes internationales,
depuis quelques années, lui a donné
l'impression que la nature, en effet,
reconnaissait son erreur parce qu'il
aurait le sentiment de combattre, cette
fois, non pour le prestige d'une poli-
tique artificielle, mais pour sa « race »
et son « sang ».
C'est sous le signe d'une crainte
ou d'une revendication pour sa
race » que l'Allemand moyen par-
tirait en guerre, et non plus sous le
signe d'une conquête proprement po-
litique. Mais le thème de l'inquiétude
qui habite l'imagination allemande et
qui déclencherait son réflexe guer-
rier, n'a pas changé c'est le spectre
de l'encerclement, encerclement phy-
sique, encerclement moral.
Le plus grand risque, parce qu'ins-
pirant à l'Allemand à la fois colère
et tentation, serait un encerclement
aventureux, mais faible. A cet égard,
j'aurai peut-être l'occasion d'expli-
quer l'erreur que commet, à mon sens,
depuis quelque temps, la politique
soviétique de son propre point de
vue.
On raisonne beaucoup comme si
l'orientation stratégique de l'Allema-
gne était fixée dans le sens de l'Eu-
rope danubienne et de la Russie.
J'ignore, je le répète, ce que peuvent
penser ou savoir les états-majors.
Mais je fus toujours frappé, dans ce
que disent ou laissent entendre les
Allemands de leur expérience de la
dernière guerre, par la leçon qu'ils
en tiraient concernant l'inutilité, quant
à la décision, de victoires remportées
sur des théâtres secondaires. Lss
théâtres secondaires peuvent servir,
d'abord, aux « essais »,•» puis au
ravitaillement. Mais ils ne contiennent
pas la « décision ».
LUCIEN ROMIER.
LE TEMPS PROBABLE
Région parisienne. Temps meilleur,
plus chaud, nuiig-eux avec belles éclaircies.
.Vent variable faible.
Température en hausse. Maximum: 26».
Visibilité assez bonne.
Manche. Temps instable, très nuageux,
brumeux bruines, vent du secteur Sud-
Ouest modérC.
Mêr agitée.
Sud-Ouest. Beau temps plus chaud,'
pen nuageux. Vent est faible.
Mer ajftttîe.
Sud-E*t. Beau temps plus chaud. Vent
nord puis est faible a modère.
Mer peu agrlf'C puis Belle.
Alpes, Pyrénées. Amélioration, beau,1
peu nuageux, plus chaud.
{Voir l'évolution f[ênêrule et ta carie du
temps à la page des Sports.)
LA LUTTE RESTE INCERTAINE
AUTOUR DE SAINT-SEBASTIEN
Nouvelle offensive des insurgés contre Malaga
ou le croiseur gouvernemental" Jaime Vr » aurait été coulé
(De notre correspondant particulier, par téléphone) de la frontière espagnole.)
La lutte s'est poursuivie toute la
journée autour de Saint-Sébastien.
Mais après les assauts violents
d'hier, l'action aujourd'hui a été
plus lente et plus prudente. Les mi.
trailleuses ont cédé la parole à l'ar-
tillerie et à l'aviation.
Pour éviter les bombes de "«l'es-
cadrille noire », que les insurgés ont
envoyée contre la ville, les miliciens
de Saint-Sébastien ont retiré leurs
batteries des forts et les ont camou-
flées en montagne, dans les fougères.
Des monts de Guadalupe, des crêtes
de pins surplombant Biriatou, des
environs du fort de, San.-Marçqs^ les
pièces tirèrent toute la journée. A
intervalles réguliers, on pouvait voir
un jet de flammes sortir d'entre les
pins. Quelques secondes plus tard,
une détonation sourde. Les avions
noirs, planant lentement au-dessus
des batteries ennemies, laissaient
tomber leurs bombes sur la mon-
tagne.
Après les alertes et les assauts de
ces deux jours, les blancs et les rou-
ges, occupant des positions stratégi-
ques, face à face, se surveillent. De
temps en temps, une escarmouche,
comme hier soir au pont d'Endarla-
za, où les carlistes ont été arrêtés
par les nids de mitrailleuses des rou-
ges, ou une attaque comme celle qui
a permis aux blancs d'enlever Villa-
bona dans la matinée.
Mais c'est contre Pasajes, port
important dans les environs de
Saint-Sébastien, que les blancs ont
TOULOUSE, RELAIS FRANÇAIS
DU '̃ 'F RENTE POPULÂR"
(De notre envoyé spécial)
TOULOUSE, 13 août. Sous l'œil
d'une municipalité complaisante
l'enrôlement de miliciens, le ravitail-
lement des marxistes espagnols, la
diffusion et l'impression de tracts
se font ouvertement.
Un travail bien mené
Ce n'est pas de l'envoi en Espa-
gne, plus ou moins camouflé, d'a-
vions militaires Dewoitine ou Potez-
Bloch que nous voulons parler,
mais d'un aspect plus secret, et
peut-être plus redoutable, de l'aide
apportée par le Front populaire à
la Généralité de Catalogne, plus
exactement à la Confédération natio-
nale du travail et à la Fédération
anarchiste ibérique qui, en fait, gou-
vernent et sont à la _tète de Barce-
lone.
Tant du côté communiste français
qu'espagnol, le rôle que devait jouer
Toulouse a été immédiatement com-
pris. La ville, qui était depuis long-
temps un fief socialiste, fut savam-
ment F patiemment travaillée par
les moscoutaires. Et ceux-ci virent
UNE ENQUETE DU FIGARO
« Ordonner l'énergie
des masses par un sport
sans passions politiques »
nous dit H.'R. Lenormand
Deux éminents praticiens, les pro-
fesseurs Sergent et Guérin, nous ont
signalé, hier, les dangers que l'abus
des sports faisait courir à notre jeu-
nesse.
Ces risques ne sont pas les seuls.
Il y en a d'autres, et qui peuvent,
comme des épidémies, affecter les
collectivités.
C'est M. H.-R. Lenormand, l'auteur
du Simoun et des Ratés, aui nous les
expose.
« Voici, écrit le dramaturge, les
réflexions d'ordre, hélas beau-
coup trop général que votre ques-
tionnaire suggère à un incompétent:
» L'Etat, seul, peut instaurer une
politique des sports, éveiller et,
quand il le faut, modérer l'enthou-
siasme sportif d'une nation. Il y a
des pays où le sport est devenu la
préoccupation majeure de la collec-
tivité, où les masses, peu dévelop-
pées mentalement, sont remuées par
une compétition sportive comme par
un événement historique. Dans ces
pays-là, l'Etat devrait diminuer les
crédits attribués au sport.
Le sport, dérivatif salutaire
» II en est d'autres où tout est à
faire, où les énergies accumulées
des masses s'égarent parfois dans des
activités sauvages, incompréhensi-
bles. Là, le sport est appelé à cana-
liser ces forces désordonnées. Je me
rappelle un mot du président Aza-
na. Il me parlait des violences mys-
térieuses de certaines collectivités
paysannes espagnoles
» Trop d'énergie à dépenser,
me disait-il. Nous leur donnerons
le sport.
» En France, il y aurait tout in-
térêt à voir donner par l'Etal une
éducation sportive. Jean Dauven..
Juan Dativen,
(Voir la suite en rubrique sportive.)
concentré leurs forces. II leur faut,
en effet, un débouché à la mer pour
les colonnes du Nord, le ravitaille-
ment étant trop long par la Galice
et par la Vieille Castille.
Dans les deux camps
on a la hantise `;
de l'espionnage^.
Les rouges ont entièrement bloqué
la frontière de Béhobié, pour éviter
que les mouvements des milices
•d'Iran aie puissent être communi-
qués aux carlistes. Des deux côtés,
en effet, l'on a la hantise de l'es-
pionnage. Dans toutes les villes d'Es-
pagne, il y a, au fond de quelque
cave, une radio clandestine que les
autorités ne peuvent dépister. A Ma-
drid il y en a une, qui est en com-
munication constante avec Radio-
Séville. Il y a, devant le ministère de
l'intérieur de la capitale, des ven-
deurs de lacets et de lames de ra-
soir qui ne s'intéressent pas toujours
à leurs marcharfdises. Des journalis-
tes étrangers, expulsés maintenant
d'Espagne, ont pu se convaincre des
dons linguistiques de certains petits
garçons qui jouent dans les arrière.
salles des cafés. A l'hôpital que j'ai
visité en Navarre, l'on venait d'arrê-
ter un médecin bénévole, qui était
aussi un espion. Les lettres sont cen-
surées et j'en ai vu une, venue de
Saint-Sébastien, sur laquelle était
écrit au cachet « Censurée par le
en quelques années leurs efforts cou-
ronnés, passant, aux avant-derniè-
res élections, d'un chiffre ridicule à
presque un quart des voix socialis-
tes en 1935.
Depuis lors, leur influence n'a fait
que croître et, dès la nouvelle insur-
rection militaire connue, une base
de ravitaillement pour les commu-
nistes anarchistes catalans y fut éta-
blie.
Tout se prêtait à cela la proxi-
mité de la frontière (140 kilomètres
environ), une colonie espagnole pro-
fondément antifasciste très impor-
tante, une aide immédiate parmi les
dirigeants communistes toulousains,
où, comme par hasard, se trouvent
un instituteur, Fournial, et Marcel
Craste, ouvrier, qui abandonne sou-
vent son atelier pour l'agitation ré-
volutionnaire enfin, la certitude
d'une municipalité toute prête à fer-
mer les yeux sinon à offrir une aide.
L'établissement de la base
Dès le lendemain du sursaut na-
tional en Espagne, Garcia, chef offi-
ciel, à Toulouse, du Comité espagnol
d'action antifasciste, se met au tra-
LE FRONT POPULAIRE
délibère aujourd'hui
sur la neutralité
à Fégard de l'Espagne
A la suite d'une initiative du parti
communiste qui l'avait pressenti à ce
propos, le'parti socialiste n'a pas cru
devoir accepter la réunion, aujourd'hui,
des comités de coordination Séverac-
Thorez. Il s'agissait d'examiner une
méthode commune d'action pour aider
les « gouvernementaux d'Espagne.
Les socialistes, désireux de ne pas
partager seuls avec les communistes la
responsabilité d'une attitude catégori-
que, ont proposé d'élargir aux radicaux
le champ des délibérations. Ils lancèrent
donc l'idée d'une réunion du Comité
de rassemblement populaire, acceptée
hier par le groupe radical de la Cham-
bre. En conséquence, les délégués radi-
caux, communtstes et socialistes se ren-
contreront, cet après-midi, à 17 heures,
au siège du parti communiste, 120, rue
Lafayette. Mais la rue de Valois mani-
feste d'expresses réserves quant à une
action quelconque en Espagne.
LES TITRES
de la 12e journée
des Jeux Olympiques
La Hollandaise
Mlle T. SENFF
gagne le 100 m. dos
en 1 m. 18 sec. 9/10.
L'Américaine
Mrs POYNTON-HILL
remporte le titre dans les
plongeons de haut vol.
L'Allemand H. POLLAY
triomphe en hippisme dans
le concours de dressage.
Front populaire ». Dans cette lettre
un habitant de Saint-Sébastien avait
écrit « Il se passe ici des hor-
reurs La lettre n'a pas été rete-
nue, mais le nom de l'expéditeur n'a
sans doute pas été oublié. Enfln, cer-
taines vieilles paysannes espagnoles,
qui rôdaient avant-hier soir dans les
environs d'Endarlaza ne doivent pas
avoir été étrangères à l'échec de 1 at-
taque de surprise qu'ont tentée les
blancs dans la nuit.
Pourquoi l'attaque
des insurgés contre Malaga
avait- été interrompue
L'on n'a pas combattu qu'à Saint-
Sébastien. L'offensive de 1 armée du
sud contre Malaga, qui avait été arrê-
tée, a été reprise hier. Une colonne
a enlevé Antiquera, à une soixantai-
ne de kilomètres de la ville. C'est
une curieuse histoire que celle de
cette offensive. Le général de Llano
l'avait à peine déclenchée qu'il ap-
prenait que sa femme et sa fille,
qu'il croyait en lieu sûr, étaient à
Malaga dans les mains des commu-
nistes. Le général hésita et c'est fort
naturel, car on lui avait fait savoir
quel sort les attendait si l'attaque
était poursuivie. Deux jours plus
tard, un coup de téléphone avertit le
général de l'armée du sud que la
femme du ministre de la guerre de
Madrid était prisonnière des blancs.
Georges Rotvand.
(Suite page 3, colonne 1.)
vaH. Par la frontière largement ou-
verte affluent en proportion égale
communistes et fascistes. Immédia-
tement, pour les premiers, une per-
manence est créée au siège du Se-
cours rouge, 14, rue Saint-Georges.
Argent, vêtements leur sont abon-
damment fournis. Rien que de très
normal puisque, au su et au vu de
chacun, l'entr'aide joue, efficace-
ment.
Les jours passent. Si Barcelone
gagne, Madrid multiplie les appels.
Ils ne sont pas lances en vain offi-
cielletnent. J. B.
(Suite page 3, colonnes 2, 3 et 4.)
Un embarquement
d'armements
empêché à Bordeaux?
On a beaucoup commenté hier,
dans les milieux parlementaires,
une information selon laquelle le
poste de Radio-Cologne aurait,
avant-hier, annoncé que deux ba-
teaux français seraient partis de
Bordeaux à destination de l'Espa-
gne ayant à bord trente canons et
trois millions de cartouches. On
ajoutait qu'en réalité l'expédition de
ces armements avait bien été effec-
tuées de Bourges, mais que l'embar-
quement n'avait pas été opéré. Et on
reportait le mérite de cette sage dé-
cision au député-maire de Bordeaux,
M. Adrien Marquet, qui aurait aisé-
ment obtenu de M. Daladier que le
départ ne fût pas permis. On préci-
sait que les armements en ques-
tion auraient été réacheminés sur
Bourges.
DE L'ÉCHOPPE A LA BANQUE DE FRANCE
LES IDÉES DE M. GRANDADAM
ancien artisan-cordonnier
et nouveau membre du Conseil
Une convocation urgente est venue
suspendre M. Grandadam dans sa pe-
tite maison campagnarde de Salins,
bâtie à mi-côte, sur la route de Mon-
tereau, loin de toute agglomération.
Il lui faudra, mardi, laisser ses tra-
vaux de jardinage pour aller prendre
ses fonctions de conseiller à la Ban-
que de France 1
M. Grandadam est un homme de
taille moyenne, large, épais, solide.
Un homme de l'Est, froid, volontaire,
bourru. et très sentimental. Il a fait,
jadis, son tour de France comme com-
pagnon-cordonnier. Venu à Paris, il
a pu à force de battre la semelle sur
le pied de fer des échoppes, acquérir
Un petit atelier de réparations de
chaussures. Après la guerre, il fondait,
en 1922, avec un autre artisan, M.
Taillardet, grâce à une opportune al-
liance de la Fédération de la petite
industrie de la chaussure de France
avec la puissante Fédération des coif-
feurs, cette Confédération de l'Arti-
sanat français dont il est resté, de-
puis, le secrétaire général, qui groupe
550 syndicats et compte 200.000 mem-
bres.
Président de la Chambre des Mé-
tiers de la Seine, le voilà, aujourd'hui,
qui succède dans les conseils finan-
ciers du gouvernement, aux représen-
tants des « deux cents familles »
UNE QUESTION l
DE M. 'e VALLAT
sur les livraisons
d'avions
à F Espagne
Violents incidents
à ta Chambre
A propos des crédits du ministère
de l'air, inclus dans le « collectif »,
M. Xavier Vallat posa hier, à la fin
de l'après-midi, une question au gou-
vernement. Oui ou non, demanda M.
Vallat, des avions français ont-ils été
livrés au gouvernement espagnol,
que ce soit celui de Madrid ou celui
de Barcelone, « car ce n'est pas le
même » ? L'Action française a affir-
mé qu'un certain nombre d'appa
reils sont arrivés à Barcelone. Cette
information a bien été l'objet de
deux démentis, le second, partiel
d'ailleurs, puisqu'il déclarait que les
avions seraient partis avant la dé-
claration de non-intervention du
gouvernement français. Or ̃– M. Val-
lat y insiste ils sont partis après
la décision du Conseil de cabinet
sur la non-ingérence, que le Conseil
des ministres, le lendemain, n'a fait
qu'entériner.
Cette partie du discours de M.
Vallat avait déjà été souvent inter-
rompue par les communistes qui di-
saient à l'orateur « Vous travaillez
pour l'Allemagne et qui trou-
vaient spirituel de crier « Heil
Vallat »
A ce moment M. Herriot jugea bon
d'intervenir pour faire observer à
M. Vallat qu'il n'était pas permis
de joindre une interpellation à la
discussion du collectif. Ce fut alors
une scène tragi-comique. Trop heu-
reux d'avoir trouvé dans le règle-
ment un appui inattendu, les com-
munistes n'arrêtèrent plus de voci-
férer.
Pâle, mais impassible, M. Vallat
poursuivait son discours, insistait
pour qu'on répondît à sa question.
Tourné vers lui, frappant la tribune
du coupe-papier, menaçant, sup-
pliant, M. Herriot essayait de le faire
taire. Il prenait son chapeau (« Je
vais suspendre »); il le reposait. En-
fin il lança « Monsieur Vallat, je
vous rappelle à l'ordreet au règle-
ment et je suspens la séance »
Roger Dardenne.
(Suite page 4, colonne 2)
Le dernier Conseil des ministres
de la session 1
Un long échange de vues
sur les événements d'Espagne
(Voir l'article en troisième page)
Les sept communistes
étrangers hébergés au Havre
ont tenté de s'enfuir
Evreux, 13 août. Lundi matin,
dans les circonstances que nous
avons relatées, sept communistes,
expulsés du Brésil quatre Polonais
et trois Roumains, avaient provoqué
une manifestation de dockers à l'ar-
rivée au Havre du paquebot brési-
lien Bage, qui devait les déposer à
Hambourg.
Les sept refoulés avaient obtenu
d'être débarqués au Havre pour ga-
gner leurs pays par la Suisse, en évi-
tant la traversée du Reich.
Or, la nuit dernière, à 2 h. 30,
en gare de Saint-Pierre-du-Vauvray
(Eure), les sept expulsés ont bous-
culé l'inspecteur de police qui devait
les accompagner dans leur traversée
de la France, et ils se sont enfuis à
travers les voies.
Toutes les brigades de gendarme-
rie de la région sont alertées et "re-
cherchent les fuyards à travers la
campagne.
Deux d'entre eux ont pu être ap-
préhendés à Notre-Dame-du-Vau-
dreuil.
Peu de compagnons-cordonniers ont
jamais fait un tel chemin
Francs-or et francs-papier
Cependant M. Grandadam ne s'é-
tonne ni ne s'émeut. Il se défend mê-
me de former des projets. Il reste sur
une prudente réserve. Il parle peu.
Mais ses écrits parlent pour lui. Voici,
par exemple, sa théorie du « franc-
or » et du « franc-travail », telle qu'il
l'a exposée, en juin dernier, au con-
grès national de l'Artisanat français,
et telle que la reproduit l'organe de
la Confédération.
5 Georges Ravon.
(Suite page 3, colonnes 6 et 7.)
LE BAROMETRE BOURSIER
LONDRES ferme. BRUXELLES en
reprise. NEW-YORK alourdi.
Livre 70 38 Contre 76 255.
Dollar 15 1875 contre 15 1775.
tire en page 6 « LE FIGARO
ECONOMIQUE Et FINANCIER. >
Me 1EDOUARD BOURDET
administrateur de la Comédie=Françaîse
en remplacement de M. Emile Fabre
MM. Louis Jouvet, Charles Dullin,
Gaston Baty et Jacques Copeau,
sont chargés de la mise en scène
Voilà, au moins, une bonne nou-
velle.
Il n'était que temps.
Les dispositions prises pour le
renflouage de notre malheureuse
Comédie-Française répondent à
ce que souhaitaient les amis sin-
cères de la Maison.
La nomination de M. Edouard
Bourdet coupe les ponts avec le
Parlement. Elle a une significa-
tion professionnelle et ne peut
avoir que celle-là. L'auteur de La
Prisonnière s'installe sans intri-
gues, sans dettes politiques et sans
clientèle. Ce qu'on sait de son in-
dépendance, de ses scrupules, de
la qualité de son goût et de la con-
naissance qu'il a du métier direc-
torial constitue sinon un gage du
moins un ferme espoir de succès.
J'ajouterai qu'il vient de donner
la mesure de son esprit de sacri-
fice. Le poste dont il accepte la
charge, au détriment de ses inté-
rêts personnels, n'est. enviable à
aucun titre. S'il existe un rôle dif-
ficile et ingrat entre tous. c'est
bien celui de sauveteur.
Jouvet, Copeau, Baty, Dullin lui
prêteront leur concours comme
metteurs en scène. Quatre hom-
mes qui ont su, contre vents et
marées, soutenir le prestige du
CE QU'ON DIT
dans la Maison de Molière
M. Emile Fabre, veston noir et
pantalon rayé, mais la canne flâ-
neuse, passait, hier matin, rue de
Grenelle, le seuil du ministère de
l'éducation nationale. Il venait don-
ner sa démission d'administrateur
général de la Comédie-Française ou,
plus exactement, faire valoir ses
droits à la retraite à partir du 15 oc-
tobre prochain.
Une heure plus tard M. Edouard
Bourdet, débarqué du petit matin,
recevait du ministre, M. Zay, l'offre
de la charge vacante, méditait l'évé-
nement, et finalement l'acceptait.
On apprit vite, dans Paris, la nou-
velle et aussi que le ministre at-
tachait à M. Edouard Bourdet la col-
laboration de quatre metteurs en
scène MM. Gaston Baty, Jacques Co-
peau, Charles Dullin et Louis Jou-
vet.
Personne, certes, ne s'attendait à
d'aussi promptes et brillantes déci-
sions. Les exégètes, hier soir, éclai-
raient ainsi la promptitude ministé-
rielle le Théâtre-Français tient une
telle place dans l'Etat et réunit des
patronages si puissants que l'on n'y
changerait rien par le consentement
général, mais tout par un coup de
main.
A la Comédie-Française
Eh bien que dites-vous de
l'événement ? 2
Mlle Jane Sully s'arrêta contre
la rampe de l'escalier. Et, brisant
avec un charme naturel pour res-
LE REMBOURSEMENT
DE S AVANCES
SUR LINGOTS D'OR
de la Banque de France
Que signifie cette mesure ?
La Banque de France vient d'in-
viter ses clients à rembourser, avant
le 1" septembre prochain, les avan-
ces sur lingots d'or qu'elle leur avait
consenties.
C'est la dernière d'une série de
mesures tendant à réduire et à sup-
primer progressivement le poste
« Avances sur lingots».
En mai 1935, la Banque de France,
imitée ensuite par les banques cen-
trales d'Angleterre et des Etats-Unis,
décida de mettre un frein à la spé-
culation sur l'or qui était souvent
aussi une spéculation à la baisse de
franc.
Rien n'était plus facile, en effet,
pour un capitaliste ayant des fonds
disponibles, que de les échanger
contre des lingots à la Banque de
France, de se faire consentir une
avance sur ces lingots, de retirer
encore de l'or avec le montant de
l'avance, et ainsi de suite. Grâce à
ce jeu d'avances, il pouvait prendre,
à la baisse du franc, une position
plusieurs fois supérieure au montant
du capital engagé. En cas de déva-
luation du franc, il n'avait à rendre
que des francs dépréciés, alors qu'on
eût réévalué le montant des lingots
déposés en gage à leur valeur nou-
velle.
Théoriquement, le dit spéculateur
pouvait même se faire ouvrir un cré-
dit pour procéder à l'opération. Cela
revenait, pour l'Institut d'émission,
à permettre qu'on jouât à la baisse
du franc avec sa propre encaisse et,
si l'on nous pardonne l'expression,
sur son dos.
C.-P. Hobbé.
(Suite page 6, colonne 1.)
théâtre. Quatre hommes dont le
talent nous est envié par toutes
les capitales.
Je n'aurais pas choisi d'autres
noms, c'est dire que le choix me
paraît excellent.
Ne nous y trompons pas la
question de la Comédie-Française
prend une gravité toute particu-
lière dans les épreuves que nous
traversons. Le théâtre a besoin
d'un refuge et d'une citadelle.
Lorsque le répertoire sera re-
vivifié, lorsqu'il sera délivré
de ses servitudes académiques
et autres, qu'il aura secoué ses
chaînes et sa poussière, la Mai-
son retrouvera son véritable as-
pect et le sens de sa mission. A
l'heure actuelle, l'art dramatique
manque d'un système de réfé-
rences. Une Comédie-Française
conforme aux exigences de notre
époque et renouvelant ses tradi-
tions peut et doit le lui ofrir.
Et maintenant, formons des
vœux pour le bonheur de M. Emile
Fabre. Il va connaître, d'ici quel-
ques semaines, la vraie douceur
de vivre les joies de l'insoucian-
ce, les jours sans comités, les soi-
rées sans orages, l'oubli de la cri-
tique et les amitiés vraies.
Pierre Brisson.
susciter les minutes tragiques, les
bras levés, elle s'écria
Rien. rien Je suis pension-
naire, et les pensionnaires n'ont pas
d'avis. Ils sont prêts à subir toutes
les autorités.
Dans le salon du comité, Mlle Ma-
rie Bell était assise tout près de la
vitrine qui abrite la mâchoire de
Molière délicieuse sous les four-
rures et le visage secret dans l'om-
bre du chapeau de paille.
Rien. rien D'ailleurs, je ne
sais pas ce qui se passe.
Une révolution.
Ah A propos, qu'y a-t-il de
nouveau sur la situation en Espagne?
Tout aussi grave qu'ici.
On jouait Bérénice, hier après-
midi, au Théâtre-Français. Le pu-
blic a dû être comblé la Maison
tout entière, vue des coulisses, ré-
vélait une gravité pathétique. Des
tragédiens illustres portaient sur les
tapis de couloirs et d'escaliers de la
fièvre, des voix sourdes, de brefs dé-
bats. Que se confiaient-ils ? Sans
doute la fierté de voir attacher au
service de leur Compagnie un écri-
vain qui a l'oreille du public, les
metteurs en scène les plus remarqua-
bles de notre théâtre.
On murmurait aussi « II parait
qu'Edouard Bourdet a demandé au
ministre les pleins pouvoirs. Les
pleins pouvoirs sont une menace re-
doutable pour tout esprit républi-
cain.
̃ -•̃̃ J. F.
(Suite page 3, colonnes 6 et 7.)
M. ROUCHÉ
est nommé directeur
des théâtres lyriques
nationaux
Comme nous l'avions laissé prévoir
hier M. Rouché a accepté d'assumer
la double direction de l'Opéra et de
l'Opéra-Comique.
M. Jean Zay a soumis à la signature
du président de la République un dé-
cret aux termes duquel le directeur
de l'Académie nationale de musique
et de danse, est chargé à titre de mis-
sion temporaire, de la direction géné-
rale des théâtres lyriques nationaux
et de l'étude de toutes les mesures en
vue d'assurer leur réorganisation.
Le Théâtre national de l'Opéra-Co-
mique sera administré par un admi-
nistrateur général, désigné par le mi-
nistre de l'éducation nationale et des
beaux-Arts et assisté d'un comité con-
sultatif comprenant douze composi-
teurs de musique. Ce comité sera éga-
lement nommé par le ministre. Deux
représentants du personnel pourront
lui être adjoints.
Par arrêté de M. Jean Zay, ministre
de l'Education nationale et des beaux-
arts, sont nommés membres du comité
consultatif de l'Opéra-Comique MM.
Georges Auric, Gustave Charpentier,
Reynaldo Hahn, Athur Honegger,
Jacques Ibert, Charles Koechlin, Da-
niel Lazarus, Antoine Mariotte, Da-
rius Milhaud, Max d'Ollone, Gabriel
Pierné, Albert Roussel.
Par un second arrêté, M. Antoine
Mariotte, compositeur de musique, est
nommé 'administrateur général du
théâtre national de l'Opéra-Comique.
EN 3* PAGE
A Varsovie, le général, Ga-
melin s'entretient longuement
avec le général Bydz-Smigiy.
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