Titre : La Dépêche de Brest : journal politique et maritime ["puis" journal de l'Union républicaine "puis" journal républicain quotidien "puis" quotidien républicain du matin]...
Auteur : Union républicaine (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Brest)
Date d'édition : 1928-02-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755951g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 février 1928 10 février 1928
Description : 1928/02/10 (A42,N16117). 1928/02/10 (A42,N16117).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Yroise, bibliothèque... Collection numérique : Yroise, bibliothèque numérique de Brest
Description : Collection numérique : BIPFPIG29 Collection numérique : BIPFPIG29
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k348261t
Source : Bibliothèque municipale de Brest, PB A100
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/01/2021
r SIX PAGES - 25 CENTIMES
| QUOTIDIEN REPUBLICAIN DU MATIN
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EDITION DE 5 HEURES
MBACTEUR EN CHEF 3
Marcel COU D U RI ER §
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ADMINISTRATEUR a
Emile PERROT
niRixiauoaxiXKïainKw
Dix-sept milliards de croiseurs
ca « Vers le Désarmement naval »
par Stéphane LAUZANNE
Vingt-cinq nouveaux croiseurs de
bataille de 10.000 tonnes, coûtant
700 millions de dollars, soit, au cours
actuel du change, plus de i7 milliards
et demi de francs, voilà ce que !e
président Coolidge demande au Con-
grès américain de lui voter...
Le Sun, de Baltimore, expose en
termes d'une clarté sans égale à quoi
aboutirait l'exécution de ce gigantes-
que programme : « Nous disposons
actuellement, écrit-il, de dix croi-
seurs rapides de 7.500 tonnes. Nous
disposerons sous peu de huit autres
croiseurs de 10.000 tonnes. Si on y
ajoute les vingt-cinq croiseurs récla-
més par M. Coolidge, qui paraissent
devoir être construits en cinq ans, à
raison de cinq par an, nous dispose-
rons donc en 1933 ou 1934 de 405.000
tonnes de grands croiseurs. Qu'est-ce
à dire, sinon que dans cinq eu six ans
nous entendons avoir une suprématie
nettement marquée sur la Grande-
Bretagne ? Celle-ci, en s'en tenant
aux navires construits, à construire
ou en projet, n'aurait alors que
358.420 tonnes de croiseurs. Et en-
core le tonnage n'est pas tout. Tous
nos croiseurs, sauf dix, seraient des
croiseurs de 10.000 tonnes, tandis que
la Grande-Bretagne n'a pas moins de
quarante bateaux dont le tonnage est
inférieur à 5.000 tonnes. Comme puis-
sance offensive, dans une bataille
rangée, notre flotte dépasserait de
beaucoup la flotte anglaise. »
Voilà, n'est-!! pas vrai ? qui est
fimoide... Mais pourquoi ce brusque
besoin d'avoir la plus grande armada
des temps modernes ? Pourquoi ce
désir impérieux d'obtenir une « su-
prématie marquée » sur la Grande-
Bretagne ? Ici, les auteurs s'embar-
rassent. Les raisons les plus variées
chevauchent à travers les colonnes
des journaux. Une feuille de Cïeve-
land assure sans rire à ses lecteurs
qu'il s'agit « d'avoir une bonne force
de police sur les mers », tandis que
les News, de Washington, se livrent
à cei amusant calcul : « L'Amérique
représente un capital de 400 milliards
de dollars, sur lesquels 50 milliards
sont investis au dehors : qu'est-ce
que 7oo millions pour garantir la sé-
curité de tant de richesses ? C'est
une petite prime d'assurance contre
la guerre. S
Toutefois, une explication mérite
d'être retenue parce que, tout compte
fait, eîle semble bien être la vérita-
ble. C'est l'explication donnée par le
World, de New-York. « L'expérience,
écrit-il, a démontré maintes fois de-
puis un siècle qu'il est bien difficile,
surtout sur mer, de protéger les droits
des neutres en cas de guerre. Nous
avons eu un mal incroyable à proté-
ger les nôtres en 1915 et 1916, bien
que nous ne fussions pas des gens |
qu'on pût bousculer sans qu'ils crient.
D^autres neutres, moins puissants, ont
dû renoncer à les protéger peu ou
prou... C'est ce qui fait qu'aujour-
d'hui un nombre considérable d'Amé-
ricains jugent que leur pays doit avoir
une flotte au moins égale à celle de
la Grande-Bretagne — non pas comme
un instrument de guerre, mais comme
un instrument de protection pour le
cas, qui n'a rien d'invraisemblable,
où l'Angleterre serait, sur un point
quelconque du globe, engagée dans
une guerre et où l'Amérique serait
neutre. Dans les incidents auxquels
WWIIH MM iMiiiMiMiaMMfBffHBBffigf
inévitablement donné lieu un blocus,
l'amirauté anglaise n'écoute guère les
protestations des neutres que lors-
qu'elles peuvent être appuyées par
une flotte substantielle. »
Je viens de dire que cette explica-
tion doit être la vraie. Le hasard,
qui fait parfois bien les choses, a
voulu, en effet, qu'au moment où, à
New-York, le World tenait ce lan-
gage, un ambassadeur américain, pas-
sant par Paris, m'en tenait un iden-
tique.
— Vous croyez volontiers, vous
autres Français, me disait-il, à la
persistance des animosités histori-
ques, et vous jugez que Américains
et Anglais, s'étant deux fois battus
au cours des deux siècles passés, s'en
veulent toujours et doivent se re-
battre encore au cours de ce siècle-
ci. Non, cela n'est pas exact quand il
s'agit d'Anglo-Saxons.
« Mais ce qui est vrai, c'est qu'il
y a chez les Anglo-Saxons une per-
sistance dans la doctrine, sur laquelle
reposent leurs intérêts divers, qui
peut très bien les opposer, de façon
répétée, les uns aux autres... L'Amé-
rique a toujours professé, à travers
sa courte histoire, que lé principe de
la liberté des mers était pour elle
un principe vital.
« C'est pour ce principe qu'en
1812 elle a fait une seconde fois la
guerre à l'Angleterre. Guerre très
rude, où Washington fut prise par
les Anglais, et qui se poursuivit pen-
dant deux ans.
« C'est pour ce principe que, bien
qu'épuisés par leur lutte contre les
Sudistes, les Nordistes faillirent faire
une troisième fois la guerre à l'An-
gleterre en 1865 et qu'un nouveau
traité dut intervenir en I87I.
« C'est pour ce principe qu'en 1915
et 1916 nous eûmes avec ceux qui
devaient être nos alliés du lendemain
les controverses les plus âpres et les
plus désagréables.
« C'est ce principe qu'à Ver-
sailles, en 1919, le président Wilson
comptait bien faire inscrire en tête
du traité de paix et qu'il eût fait
inscrire si, avant même qu'il ne fût
débarqué, M. Lloyd George n'avait
pas pris soin de cirçonverir M. Cle-
menceau.
« C'est ce principe que nous som-
mes bien décidés à ne pas laisser
fouler aux pieds si jamais, une fois
encore, il y a quelque part, en Asie
ou en Europe, une conflagration...
« Voilà un siècle que nous n'avons
pu nous entendre là-dessus avec
l'Angleterre. Et il est à craindre que
nous ne nous entendions jamais. Or,
quand on est exposé à discuter avec
l'Angleterre, il est indispensable
d'avoir pour soi non seulement le bon
droit, mais aussi de bons bateaux... »
Je reproduis la déclaration telle
qu'elle m'a été faite. Elie explique
bien des choses. Elle explique no-
tamment que, tandis qu'on parle à
cor et à cris de désarmement naval,
le Président Coolidge demande à son
Congrès de lui accorder i7 milliards
et demi pour construire un peu plus
de croiseurs.
Avant de s'entendre sur le désar-
mement des escadres que mettent en
marche les principes, il faudrait
peut-être s'entendre sur le désarme-
ment des principes qui font mouvoir
les escadres.
Stéphane LAUZANNE.
BULLETIN
PROPOS MARITIMES
-00000-
Après huit mois et
dix jours de mer, le
sloop anglais Bounty
mouillait, en mars 1789,
devant Tahiti, l'île des
voluptés. Aussitôt les
jeunes femmes et les
jeunes filles du pays se
rendirent à bord, avec leur mari ou
eur père, puis, après s'être dévê-
ts, Sans façon ni gêne, dansèrent
eurs danses nationales, devant les
marins émerveillés... et êmoustillés:,
aPrès huit mois et dix jours de mer, !
°n le serait à moins...
C est M. G. Lenôtre qui rapporte
Cj-Ia dans Tune de ses intéressantes
chroniqu?s du Temps, diaprés un ré-
Cent volume de M. Soulié : L'équi-
Page révolté. Et vous vous demandez
Pourquoi l'équipage du sloop Bounty
* est révolté, alors que son arrivée
Tahiti commençait si bien...
B0unest Précisément pour cela. Le
n-,o-fl ■ ayant aPPareillé après trois
CL'S °e ribouldingue dans l'île en-
Pa/ resse> Ia moitié de son équi=
du h trouva tr°P rude la discipline
le 0r co COmmandant. Ce que voyant, le
tmbmandant, par une belle nuit, fit
(janarJUer 'es récalcitrants, surpris
loi sommeil, dans une cha
_ u"e qu"
racj„ Il't abandonnée en plein
rarne ^Ue' Après 1uoi> le commandant
lUpu"a ie Bounty dans l'île des vo
Us v; * fort dans ce temps-là.
'6 Bou!1ft"qUatre mar!ns restés sur
giie. J1/ rePrirent leur ribouldin-
rem0r(jaiS 'e c°nimandant avait des
Partage "' et une frousse qu'il fit
n'allaitu S°" êt*uiPa2e. L'Amirauté
c°uPabl PSS vouIoir pendre les
désertèieS ? Le résultEt fut que seize
vement ln\, et s'installèrent définiti-
cidèrent Tahiti; les huit autres dé-
""ent d' P0Ur êchapper au châti-
S6rte; / !e «tirer dans une île dé-
Maisa.,deu^ cer,ts milles de là.
s aimaient trop les Tahi-
Pour les quitter
ainsi; les
huit marins emmenèrent donc huit
femmes, et les huit maris par sur-
croît.
Huit femmes et seize hommes.
Tout alla bien durant les premiers
mois, sous le régime du meilleur des
communisir.es; mais un jour la jeune
Rarahuti, femme — naturellement —
d'un Tahitien et d'un Anglais, tomba
dans un précipice et se tua. Les
deux veufs eurent un gros chagrin;
ils réclamèrent des consolations, ce
qui troubla l'harmonie générale.
Pour établir une plus juste propor-
tion entre , les deux sexes, les Tahi-
tiens massacrèrent quatre Anglais;
alors les Tahitiennes, désolées, se
vengèrent en tuant tous leurs époux.
Il restait ainsi quatre Anglais et
sept Tahitiennes. On était en 1793,
et déjà la colonie s'était enrichie
d'un certain nombre d'enfants. En
1800, il ne restait plus qu'un homme,
mais il y avait dix-neuf enfants. En
1S14, cet homme — Adam, nom pré-
destiné — vivait encore, lorsque la
frégate anglaise Briton mouilla de-
vant son île. La famille d'Adam com-
prenait soixante-dix femmes, fils,
jeunes filles.
On a retrouvé le rapport du com-
mandant du Briton. « Tous ceux qui
sont nés dans l'île, y lit-on, ont les
plus belles formes qu'on puisse voir;
les hommes sont bâtis en hercules,
les femmes robustes, faites à ravir;
... leur buste offre les formes les plus
gracieuses et les plus belles qu'on
puisse imaginer... »
Peut-être le Briton avait-il tenu
la mer huit mois et dix jours, lui
aussi...
LE BILAN HEBDOMADAIRE
DE LA BANQUE DE FRANCE
Paris, 9. — Le bilan hebdomadaire de
la Banque de France enregistre aux pos-
tes principaux les variations suivantes:
avances a l'État, en moins 300 millions:
billets en circulation, en plus 503 millions;
achats d'or et de devises, eu plus i mil-
lions.
GOSTES ET LE BRiX
A WASHINGTON
Les «Jeux aviateurs totalisent
62.000 milles
ET ILS CONTINUENT î
?o*c»
Washington, 9. — Le frère de Nun-
gesser était présent, lorsque l'avion qui
porte le nom de son frère et celui de son
malheureux compagnon fit son impec-
cable atterrissage à Bolling-Field.
-Xungesser parla longuement avec
Costes qui le conduisit au devant de Le
Brix à travers la foule, venue pour accla-
mer les • aviateurs français. Après quoi
Costes et Le Brix passèrent une inspec-
tion rapide de leur avion qu'on enfer-
mait dans un hangar, où des officiers
américains étaient vcnu6 en igrarid nom-
bre pour examiner l'appareil qui vient
d'accomplir un vol de 800 milles en
7 heures 8 minutes et a parcouru le total
remarquable de 62.000 milles.
M. Claudel, ambassadeur de France,
examine, avec les aviateurs,
le meilleur itinéraire
Washington, 8. — Les aviateurs fran-
çais Costes et Le Brix ont annoncé leur
intention d'entreprendre un voyage à
travers le continent américain de New-
York à San-Francisco et de rendre visite
aux principales villes américaines.
Les aviateurs examinent actuellement,
avec l'ambassadeur de France à Was-
hington. M. Paul Claudel, l'itinéraire qui
devra être adopté.
Costes et Le Brix
reçus par le président Coolidge
Washington, 9. — Les aviateurs fran-
çais Costes et Le Brix , arrivés hier à
Washington, ont été reçus aujourd'hui
à la liaison Blanche par le président
Coolidge, à qui ils ont été -présentés par
l'ambassadeur de France, M. Paul
Claudel. '
La réception a été des plus cordiales
et ajprès l'échange des salutations d'H-
sage, le président a tenu à se faire pho-
tographier en compagnie des aviateurs
et de l'ambassadeur français, sur ' une
pelouse de la Maison Blanche.
. —
L'arrivée du député
communiste Marty à Toulon
Toulon, 9. — Le député communiste
Marty est arrivé ce matin en gare de
Toulon, à 10 h. 25, accompagné de deux
inspecteurs de police. Le passage de
M. Martv au milieu des voyageurs ne
produisit' aucun incident et ne fut même
pas remarqué.
Le député communiste a été conduit
en taxi à la maison d'arrêt, où il a été
mis immédiatement au régime politi-
que. Ii comparaîtra, demain devant le
tribunal correctionnel, pour provocations
de militaires à la désobéissance. .
— ■—-—^^-^—;
M. Georges Leygaes célèbre
le centenaire de Jules Verne
Il donne le nom du romancier
à une unité navale
Paris. 9. — Le ministre de la Marine
a célébré le centenaire de Jules -Verne -cri
donnant le nom de Jules-Verne et de
Nautilus à deux bâtiments de la tranche
votée lo 4 août 1926 et qui sont actuelle-
ment en chantier.
*3>
Déraillement d'un train
de minerai, près de Thionville
' notre repuwtque le parti de gou
DOUZE MORTS. - DIX BLESSÉS j vernement, dans la haute et forte
Thionville, 9. — Un wagon d'un train acception du terme. Sans eux, le
de minerai, transportant des ouvriers, rabinet n'aurait oas connu une fo^-
a déraillé près de Thionville. . , „„i ,„_,„,. „r
Il y aurait'actuellement douze morts '.' •n? heureuse. Que nul regret ne
t dix blessés. les hante. Ils ont fait leur devoir,
ils ont été honnêtes,
M. Léon Blum, tout en ergo-
tant, sent confusément .tout cela.
Il sent que d'avoir prêté leur con-
cours au cabinet d'union nationale,
cela place les radicaux de la majo-
rité en meilleure posture que les
socialistes. Mais que peut-il faire
pour effacer cela? Rien, et c'est
bien ce qui l'ennuie. —>- L***.
_______ a^ltfP^dflP" 4py^-
LA CLOTURE DU DÉBAT FINANCIER
000
LE VICE
DE LA POLITIQUE
SOCIALISTE ! de confiance par 3 7 0 voix contre 131
La Chambre a voté l'ordre du jour
*o*o*
Paris, 9. — M. Léon Blum n'a
pas de chance. Mais aussi cet ad-
mirable financier manque de mé-
moire et sur des faits essentiels. Il
avait nié qu'en juillet 1926 M.
Herriot lui ait offert de participer
au pouvoir. Et pourtant, aujour-
d'hui, il reconnaît son erreur.
M. Renaudel a rafraîchi ses sou-
venirs.
M. Herriot, chargé de constituer
un cabinet après la chute du cabi-
net Briand-Caillaux, non seule-
ment a offert au parti socialiste
une collabonation, mais la lettre
est restée par laquelle M. Herrioi
propose à M. Blum d'entrer dans
un gouvernement qui se proposera
essentiellement de réaliser, sous le
contrôle du Parlement, la restaura-
tion financière de la France, en
faisant appel aux républicains, qui
croient que le salut du pays doit
être assuré par l'effort même de la
nation.
Cette offre fut précisée au cours
dJune conversation qui se tint le
même jour, entre M. Herriot,
d'une part, M. Paul Faure et M.
Blum, de l'autre.
Une réponse écrite fut faire a
M. Herriot, aux termes de la-
quelle le parti socialiste « remer-
ciait, invoquait la décision du con-
grès de Clermont-Ferrand, hostile
à la participation, et représentait
que la participation ministérielle ne
lui paraissait pas la solution qui
permettrait au parti socialiste de
prêter au gouvernement le concours
le plus efficace. »
M. Blum ne pouvait nier ces
textes. Il s'excuse franchement de
son manque de mémoire. Mais il
en tire cette conclusion que le parti
socialiste avait donné son entier
concours à la tentative de M. Her-
riot.
Une fois de plus, nous saisissons
sur le vif le vice constant de la
politique socialiste: promettre un
concours qu'on peut à chaque ins-
tant retirer et se dérober à toute
responsabilité.
Que serait-il arrivé du cabinet
Poincaré et des finances de la
France, si le parti radical avait agi
de mîmer On se le demande avec
angoisse. Mais les radicaux n'ont
pas la mentalité des socialistes.
« Ils n'ont pas fui les responsabi-
lités comme les chefs socialistes »
dit justement M. Ponsot.
Ils ont prouvé qu'ils sont dar>s
Paris, 9. — Le débat financier, que la
Chambre poursuivait depuis le 24 jan-
vier, a pris fin ce soir par un vote de
confiance, sur lequel s'e3t affirmée une
majorité énorme, et dont les proportions
ont dépa33é celles que pouvaient pré-
voir les plus optimistes.
Deux scrutins avaient, entre-temps,
précédé ce vote final: le premier, sur
la priorité de l'ordre du jour radical,
auquel il lut procédé dans une agita-
tion extrême; le second, sur l'ordre du
jour socialiste, et qui, en fait, ne réu-
nit que les voix de ce groupe.
Ce résultat était au surplus depuis
longtemps escompté, et les derniers dis-
cours prononcés cet après-midi n'y ont
rien changé. Ils ont d'ailleurs porté
moins sur le fond même du débat, que
sur la position respective des partis de
gauche vis-à-vis les uns des autres.
M. Vincent Auriol, qui a ouvert le
feu, a répliqué cependant avec beau-
coup de mordant — en un discours vi-
goureusement écrit, dont il a donné
lecture — à quelques-uns des traits
dont l'avait criblé le président du Con-
seil. Et, sur la fin de ses déclarations,
comme il n'adressait aux radicaux, On
put croire, à leurs applaudissements,
qui se mêlaient à ceux de Textrême-
gauche, qu'il avait reconstitué le cartel.
Il en fut de même sur la fin du dis-
cours de M. Malvy, qui prit la parole
après une intervention de M. Marcel
Héraud. Le député du Lot, qui, dans
la première partie de ses déclarations,
n'avait pas ménagé les éloges à l'oeu-
vre de M. Poincaré, tint à proclamer
dans la seconde que son parti avait tou-
jours la main tendue vers le parti so-
cialiste pour poursuivre, de concert avec
lui, une large politique de justice et de
solidarité sociales. Et, par un juste re-
tour, les applaudissements socialistes
s'étaient confondus cette fois avec ceux
des radicaux.
Mais ces maniestations ne devaient
altérer en rien le résultat à intervenir.
Les choses devaient d'ailleurs se pré
cipiter. La clôture ayant été, en effet,
prononcée après une intervention de
M. Garchery, et M. Sibille ayant dé-
fendu son ordre du jour, le président
du Conseil, peu soucieux désormais' de
répondre à ses contradicteurs, se borna
à dire en quelques mots qu'il acceptait
cet ordre du jour et qu'il y attachait
la confiance.
Et la Chambre émit successivement
les trois votes que nous indiquons, té-
moignant par là que, selon l'exhortation
du président du Conseil, elle tenait à
« répondre par des faits et des faits
acquis » après tant de discours.
-fcVJO*'»
-:— LES SÉANCES —:—
Il y a danseurs et danseurs. Certains
professionnels gagnent très honnête-
ment leur vie dans les dancings. La
mère peut sans danger leur confier sa
fille. La fille peut sans crainte leur con-
fier sa mère.
Il y a parmi evx un grand nombre
d'étrangers exilés de leur patrie et qui
se créent cdnsi un moyen d'existence, en
attendant mieux. On en cite qui pour-
suivtnt leurs études cf. qui songent à
quelque examen, en initiant une grosse
dame aux douceurs du charlcston et du
blad: bottom.
Mais à côté d'eux se glissent d'autres
danseurs, les danseurs marrons, si l'on
peut s'exprimer ainsi. Et il faut croire
qu'ils ne sont pas de tout repos, puisque
M. Fcrnand Laurent, conseiller imifii;
cipal du XVI' arrondissement, entend
poser à leur sujet une question au pré-
fet de police.
On sait avec quel Me et avec quel
bonheur M. Chiappe a entrepris l'épu-
ration de Paris. Il n'entend pas borner
son effort aux bats musettes, où Fran-
cis Carco a trouvé quelques-uns de Ves
saisissants modèles. Le bal, au son de
l'accordéon, où la danse coûte cinquante
centimes — payés d'avance — et où l".
garde de service ouvre un oeil sévère
n'est pas toujours le plus dangereux.
Il convient de surveiller le louche
éphèbe trop bien mis qui, dans des éta-
blissements ■ plus relevés, repère silen-
cieusement les bijoux authentiques et
pratique le courtage des stupéfiants. Il
n'a aucun rapport avec le danseur ré
tribué, qui fait sa besogne ouvcrlcmcd.
L'autre est un client, s'il n'est pas un
client sérieux. It est à l'affût de la prolt
facile, de la bonne dame portée au sen-
timent et à laquelle il glisse ses confi-
dences au cours d'un langoureux tango.
Il parie de sa famille si honorable, dk
ses 1 dations si puissantes, de sa gère
toute momentanée.
Il ne s'ensuit pas toujours un scandale
comme dans la pièce émouvante d'Henry
Bataille. Le plus souvent, la bonne dame
dupée, s'éloigne et ne dit mol.
Il s'agit de la protéger et de ruiner
une industrie cjui ne fait pas honneur èi
Paris. Rien de plus facile. La publicité
que l'on est en train de leur faire suf-
fira sans doute à éloigner les danseurs
marrons. Il ne leur restera qu'à choisir
un métier moins dangereux, et pour
eux-mêmes et pour les autres.
.enri D0VEJUÏOIS.
LES ADIEUX DU ROI
D'AFGHANISTAN
Paris, 0. — Avant de quitter la France,
Sa Majesté Amanoullah Khan, roi d'Af-
hanistan, a fait parvenir au président
de la République le télégramme suivant:
Au moment de ejuiller la terre fran-
çaise, nous vous exprimons, la reine et
moi, nos plus sincères remerciements
pour la façon paritculièrement aimable
dont nous avons été accueillis par votre
Excellence', par le gouvernement et par
le peuple enlirr.
Ces quelques jours que nous avons
passés en France ont été en tous points
des plus ae/réablcs et nous en porterons
partout avec nous le souvenir ineffaçable;
M. Gaston Doumergue a aussitôt ré-
pondu en ces tonnes :
L'aimable message que m'a fait par-
venir votre Majesté m'a vivement touché
et. très sensible aux sentiments qu'Elle
veut bien m'exprimer, je l'en remercie
bien sincèrement.
La France gardera le meilleur souvenir
de la visite 'qu'ont bien voulu lui faire
les souverains de l'Afghanistan, et en
adressant à Voire Majesté tous mes sou-
haits pour l'heureuse continuation de
son voyage, je la prie de faire agréer à
Sa Majesté la reine mes hommages res-
pectueux.
L'AFFAIRE
DU MOBILIER NATIONAL
Paris, !). — Le conseil des directeurs
du 'ministère de l'Instruction publique
s'est réuni ce-malin sous la présidence
de M. Edouard Herriot, pour examiner
le cas de M. Janneau. adminislrateur du
Mobilier national, qui avait été déféré
devant le conseil de discipline pour
avoir commis des indiscrétions, au sujet
de la disparition d'objets appartenant
au Mobilier national.
Le ministre, après avoir pris connais-
sance ries conclusions du conseil, a pr|j
une décision qui sera publiée demain
malin au Journal officiel.
Nous croyons savoir que la sanction
prise par M. Herriot frapperait M. Jan-
noau d'une suspension de fonctions
d une durée, de quatre mois.
Paris, i). — La Chambre a prononcé,
mardi soir, la clôture do . la discussion
générale engagée sur la politique finan-
cière du cabinet. Il reste à donner A ce
long débat la sanction d'un ordre du
jour de confiance. Ce sera l'objet de
cette séance.
Elle est ouverte à 15 h. 10, sous la
présidence de M. Fernand Bouisson.
MAI. Poincaré, Sarraut et Queuille sont
au banc du gouvernement. L'hémicycle
est fort nombreux.
Divers projets sans débat sont d'a-
bord expédiés, notamment un projet
modifiant la réglementation relative à
la circulation des blés et farines, à
l'unanimité de 528 votants, et un projet
introduisant en Alsace et Lorraine la
législation française de l'assistance ju-
diciaire.
M. Injzan demande et obtient le ren-
voi d'un projet .tendant à distraire de
la commune de Plonéour, la section de
Brignogan (Finistère).
Les ordres du jour
Puis le .président donne connaissance
des ordres du jour: Ils sont signés de
MM. Margaine, Matvy, Daladier, pour
les radicaux-socialistes: MM. Blum, Be-
douce et Vincent Auriol pour les socia-
listes- MM. Thomson et Loucheur pour
la gauche radicale; MM. Boully et
RaiHiac -pour les républicains socialis-
tes : M. .Garéhéry pour les communistes.
Le texta des radicaux-socialistes
Voici, en résumé, le texte des radi-
caux-socialistes : -
La Chambre, résolue à continuer la poli-
tinn» d'amortissement et de consolidation
heureusement poursuivie (exclamations au
centre et à droits), résolue à assurer dans .le
plus bref délai possible une stabilisation le-
sale de la monnaie, h réaliser la Justice fis-
cale par un aménagement de l'impôt gênerai
sur le revenu et une: répression des fraudes
nui permette ia diminution des impôts eea'ii-
laireV et dés-taxes de consommation, par la
réalisation d'un programme 6cononuque_ et
social assuré dans le eadi'o de l'impôt gêne-
rai sur 16 revenu, résolue à assurer 1 aména-
gement industriel des monopoles existants
et le contrôle des monopoles de fan, passe a
l'ordre du Jour.
M Ossola propose une addition im-
pliquant la confiance.
L ordre du ]our des socialistes
Celui ries socialistes invite le gouver-
nement à faire immédiatement la stabi-
lisation légâle au taux actuel, pour
mettre fin-'à la spéculation et à 1 in-
certitude îles transactions.
Il préconise, en outre, le développe-
ment du marché intérieur par un meil-
leur aménagement de la production, la
rationalisation des monopoles de droit
et de fait, l'allégement des charges fis-
cales pesant sur la consommation et le
travail, un nouvel aménagement de 1 im-
pôt . sûr le revenu et, enfin, l'établisse-
ment, d'une contribution personnelle et
progressive sur la fortune acquise
Celui de la gauche radicale
L'ordre du jour do MM. Thomson et
Paul Morel est ainsi conçu:
La Chambre, prenant acte des heureux ré-
sultats Votenus par la politique financière dit
eonverneinent et confiante en 101 pour pour-
suivre ïe redressement financier, passe a
l'ordre du jour.
INTERVENTION
DE M- VINCENT AURIOL
Sur ces textes, la parole est d'abord
à M Vincent Auriol. 11 ne doute pas
que le gouvernement n'accepte l'ori're
du jour de M. Paul Morel, puisqu il
apnrouve une politique dont toute la
technique financière consiste dans la
confiance à cette politique. ,
Le député socialiste oppose une tjis
encore les solutions qu'apportait ion
parti, alors qu'il doutait de la certitude
qu'ava'icnt certains que l'Allemagne
paierait: ,. .
C'est a nouveau la condamnation très
emprunts auxnuels on a eu recours,
puis de la politique de la Ruhr qui de
vait, suivant M. Le Trocquer, nous
donner tant d'excellents résultats.
M Vintei}\ Auriol. — Xous restions les
médecins tant pis. Nous supplions de re-
courir aux réparations en nature, de lier la
nr.estlon des dettes à la négociation de la
créance allemande, de mobiliser 1 la richesse
ûr pa\s pour slaoiliscr notre monnaie.
Ce fut en vain-, nous n'avons eu que le
tôt ■ (*e la motion Itroussc sur le budget
biennal et la béatitude de M. de Lasteyric.
(Applaudissements a l'extrème-gauche).
N6f.ro politique de prestige à l'extérieur,
d'abandon & l'intérieur aboutit à l'inflation et
a la chute do franc.
A son avis, le succès de M. Poincaré
tient moins à la valeur intrinsèque de
son programme, qu'au retour de la
confiance et à l'aide des établissements
do crédit.
C'est la rentrée massive des rapitaux éva-
dés qui a rempli les caisses du Trésor et per-
mis l'oeuvre d'amortissement. C'est la con-
flar,-e. mais a court terme. Tour retenir la
monnaie, la banque achète des devises, mais
il en résulte un accroissement de circulation
qu devient dangereux.
« La richesse ne paie pas sa part »
L'orateur ne voit que de riouveaux
risques da,ns u,o ajournement de la gtabl-
ILS SONT 100.000
EN TUNISIE
« Il ne faut pas, noua dit
M. Mario Diuliani, que le
problème tunisien devienne»
selon le voeu de Bismarck,
la pomme de discorde entra
la France et l'Italie. »
iisatioa. Il s'inquiète de l'excès de fisca-
lité et d'une surcharge d'impôts qu'il
évalue à 12 milliards, par rapport au
budget d'avant-guerre et à l'ordre nor-
mal, tout cela parce que la richesse ne
paye pas sa part, que la fraude sur les
valeurs sévit plus que jamais.
L'impôt global sur le revenu a donné des
rentrées inférieures aux évaluations. La
confiance a joué pour la rentrée, des capi-
taux-, elle n'a pas loué pour la rentrée des
taxes. (Applaudissements :t l'extrême-g-auche.)
Les taxes de consommation, qui ont donné
12 milliards en 1920, ont donné 16 milliards
en-1927. Les impôts cédulaires frappant le
travail et îa production pour 7 milliards en
192G, ont donné 9 milliards en 1927.
On a dégrevé les grosses successions. Qu'a-
t-on fait pour les classes travailleuses? Le
président du Conseil promet bien des re-
tpuebes, mais rien de profond.
Et s'adressant à la majorité bourgeoise)
libérale :
Vous avez détourné le peuple de la foi
pour lui donner la justice. Vous ne lui avea
pas donné la justice. Que lui reste-t-il?
Puis résumant les sanctions inscrites
dans le texte des socialistes, M. Vincent
Auriol voudrait une consolidation d'ac-
oord avec les porteurs do la dette à
court terme, tout au moins une réduc-
tion de l'intérêt. Et, dans le cas où ce
flottant voudrait jouer contre le crédit
publie, alors une consolidation comme
en Italie.
Le prélèvement sur la fortune
L'allégement de la dette publique,
d'autre part, doit être demandé à un
prélèvement sur la fortune.
M. Vincent Auriol. — M. Duboin le déclare
dangereux. 11 oublie que le prélèvement que
nous suggérions en 1920 était .massif pour
arriver à. une stabilisation des changes. Le
prélèvement d'aujourd'hui serait personnel,
progressif une fois pour toutes, avec dégrève-
ment de 100.000 francs il la base, et se
substituerait à d'autres impôts frappant
trop lourdement les classes pauvres et
moyennes.
— Est-ce que, rappelle l'orateur, M. Cail-
iftOx n avait pas déposé en 1014 un projet
(limpot sur le capital, avec un dégrève-
ment de -'10.000 francs.
M Xerthoa. — Mais il s'agissait d'une
contribution annuelle, ce qui était beau-
coup plus juste.
M. Vincent Auriol cite encore la mo-
tion votée en 1920, sur la proposition
de MM. Marin, Colrat et lui-même, invi-
tant le gouvernement à préparer un
projet d'impôt sur lo capital. Est-ce que
le congrès radical-socialiste de Bordeaux
na pas préconisé un prélèvement ana-
logue ?
Le député socialiste prend acte de
'ordre du jour déposé par les radicaux,
et qui énurnère tout un programme de
reiormes sociales auxquelles eux, socia-
listes, sont prêts à adhérer.
t"7VV<îus vouloz. dit-il, comme nous, la
stabilisation, le dégrèvement fiscal la
poursuite des fraudes sur les déclarations.
.Mais ce programme, pourra-t-ou le réali-
ser.' Qu ou se souvienne des obstacles qui
furent dresses contre les efforts de M Her-
riot, qu'on se rappelle l'opposition nue les
banques, qui avaient déjà fait campagne
contre 1 impôt sur le capital, firent au
carnet de_ coupons, et les sommations
quelles adressèrent au président du Con-
setl d alors i (Vifs applaudissements à l'ex-
ehc1fe~SaUC' 10 0t S" divers banc 3 à gau-
M. Herriot déclara qu'il ne céderait pas
a la pression des banques et qu'il en ap-
pellerait plutôt à la Nation tout entière
(Applaudissements prolongés à gauche et
a lextreme-gauche). Quelle leçon faut-il en
retenir? C'est que dès le moment où on
supprimait les avances occultes et qu'on
essayait une fiscalité de justice, ce fut
la_ résistance de la haute banque. Cette
même résistance, les républicains la ren-
contreront demain. La confiance, aujour-
diiui, repose sur l'injustice.
Appel aux radicaux
Et, s'adressant aux radicaux :
Xous sommes aujourd'hui à un carrefour.
11 tant marcher ensemble Ou nous sépa-
rer. Il faut choisir. C'est aujourd'hui le
rassemblement de combat. Il ne suffit pas
de saluer le drapeau, il faut le suivre.
M. VinAan-t Auriol obtient un irros
succès parmi ses amis et les radicaux
dissidents.
La suite à la 2" page.
-^
TOUJOURS LA MAFFIA
Trois cents accusés vont avoir
à répondre de nombreux crimes
Rome, 9. — L'instruction ouverte par
laolor.lo judiciaire de Palerme contre
300 individus appartenant à la Maffia;
vient d'être terminée.
Ces bandits, auxquels on reproche de
nombreux crimes dans la région de
Tcrmini-Innereso, ont été renvoyés de-
vant doux tribunaux différents par la
Chambre d'accusation. C'est ainsi que
241 comparaîtront devant le tribunal de
Termini-Innereso, et 5G devant la Cour
, d'assises de Palerme, pour répondre de
lîcura forfaits.
*<>:<>:♦-—
Paris, 7. — Au moment où sont en'W
gagées les conversations franco-itaV
tiennes, il est intéressant de connaît™,
le point de vue italien sur l'un de^
problèmes les plus délicats qui se pré*,
sentent aux négociateurs :; 1* problème
tunisien.
Comment l'Italie fasciste envisage?
t-elle la situation des Italiens, qui, aù
nombre d'une centaine de mille, sont
venus peupler notre Tunisie, et leurs
rapports avec l'autorité française,? Corn*
ment concilier la stabilité qu'exige notre
empire africain avec les légitimes sus-<
ceptibilités des admirables colons, de;
notre voisine méditerranéenne?... Une
des personnalités émmentes de là so-
ciété italienne de Paris et l'une des plùa
averties, M. Mario Diuliani, directeur po-
litique de la grande Agence Transalpine,-
a bien voulu me recevoir et me faire
connaître le point de vue italien sur ces
questions d'une actualité si brûlante et
si grave.
Un peuplement naturel
— Il est bon de rappeler tout d'à-*
bord, me dit M. Mario Diuliani, que la
Sicile n'est éloignée de la Tunisie que
de 170 kilomètres, et l'île de Pantellaria,-
qui a fourni à la Tunisie les meilleurs
vignerons italiens, l'est de moins de
100 kilomètres, beaucoup moins que de
Paris au Havre, quelque chose comme
une promenade en bateau de Nice à
Toulon, alors qu'il y a 850 kilomètres
de Marseille à Tunis."Si donc ces Italiens
sont arrivés par milliers au lendemain
même de l'occupation française, et mal-
gré les froissements politiques de cette
époque, c'est qu'on ne peut changer ni
la géographie, ni l'ethnographie, quj
nous prouvent que, malgré la politique,
c'est par des laboureurs siciliens que
devait être colonisée la Tunisie.
« Ce processus de colonisation natu-f
relie était déjà en plein développement
au moment où le traité de Kasr-Saïd
imposa le protectorat au bey. M. Pierre
Mille, qui écrivit récemment un article
sur cette question, dont les conclusions
et l'esprit me paraissent dangereux et
ouAonSs.- donne les chiffres suivants: en
1881, la colonie française en Tunisie
s'élevait £. 700 personnes, contre 11.000
Italiens, cùint le nombre passe deux ans
plus tard à 21.000 pour atteindre 71.000
en 1901 et 100.000 en 1921.
L'attachement des colons italiens
à la mère*pairie
« Mais en face de tié fait matériel
d'un peuplement naturel de plus en plue
nombreux, il est un autre fait, moral,
qui n'est pas moins douteux, et que
M. Pierre Mille reconnaît loyalement:
c'est l'attachement de ces pionniers la-
tins sur la côte africaine pour leur
mère-patrie. La plupart demeurent fiera
d'être Italiens. D'autres écrivains, moins
loyaux, ont dit que c'était pour bénéi
licier de leur loi qui les dispense du
service militaire. La colonie italienne du
Tunisie a donné clans la grande guerre
13.000 mobilisés aux armées italiennes,
et 2.000 morts pour la cause des Alliés..i
Voila, la seule réponse à faire à ces
écrivains...
« Etant donné ces faits, on se de-
mande comment des écrivains français
— c'est-à-dire des Écrivains chez qui
l'amour de la vérité est une tradition;
et l'admiration pour tout sentiment
d'honneur, un instinct — comment des
écrivains français peuvent en arriver a
conclure qu'ii faut enlever aux colons
italiens en Tunisie, à ces bons citoyens,
obéissants et respectueux envers les lois
françaises, admirateurs convaincus ét
loyaux de l'organisation française à la-
quelle ils collaborent puissamment, mata
sans aucune prétention, le droit de gar-
der leur nationalité. »
Les Italiens n'ont là-bas aucune
visée impérialiste
Prévenant la question qu'il devine sur
mes lèvres, mon aimable interlocuteur
m'assure alors que ce légitime désir des
Italiens en Tunisie ne comporte aucune
arrière-pensée et ne cache aucune visée
impérialiste dont le nationalisme français,
le plus susceptible puisse prendre onw
brage.
« L'Italie, vous le savez, me dit-il;
a, par les conventions de 189G, reconnu
le fait accompli en 1881. Pour elle, il
ne saurait être remis en question. De-
puis, ses enfants ont travaillé pour le
développement du protectorat français
avec une loyauté qui n'a jamais pu être
mise en doute, et ils sont si manifeste-
ment disposés à continuer que M. Pierre
Mille, dans l'article auquel je faisais
allusion tout à l'heure, déclarait : « S'il!
existe un péril italien, ce péril n'est pas
en Tunisie. »
« La colonie italienne de Tunisie n'est
pas un danger, elle est une nécessité,
elle est une partie de la vie même du
protectorat. En échange des services
qu'elle lui a rendus, elle demande très
peu: elle ne demande que deux choses:,
qu'on la laisse travailler pour le bien de
la Tunisie, qui est sa seconde patrie, et
qu'on la laisse demeurer italienne.
« A ces conditions, elle est la plua
commode population que les autorités
françaises aient à administrer, car elle
paie " ses contributions et ne vote pas.
Et elle est fidèle à la France qu'elle aime
et dont elle absorbe entièrement la cul>
turc.
« Mais en raison de la modération de
ces demandes, la colonie italienne de
Tunisie est très sensible sur ce point.
Et, ce qui est plus grave, c'est que toute
l'Italie considère l'affront que l'on ferait
aux Italiens de Tunisie en les privant
du droit de garder leur nationalité^
comme un affront fait à toute la nalior^
et comme une injustice.
La nécessité d'un arrangement
franco'italien
« Dans les rangs de ceux qui de-*
viennent heureusement de jour en jour,
plus nombreux, de ceux qui souhaitent
ardemment un rapprochement sincère et
durable entre les deux peuples, lo pre-
mier souci que l'pn rencontre est la né-
cessité d'un arrangement de la question
des Italiens en Tunisie. Mais on trom-
perait grandement l'opinion publique
française, si on lui laissait croire que
l'Italie, dans . des négociations diploma-
tiques, pourrait abandonner ses enfants
de Tunisie, en vue d'obtenir d'autres
avantages. Il n'y a qu'à se rendre en
Italie ou à parler avec un Italien cultivé
pour se rendre compte que, rien qu'St
parler de cette question, les Italiens ont
le coeur gros et vous diront avec un
[grand, regret: ^Pourquoi la, France est-
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Dix-sept milliards de croiseurs
ca « Vers le Désarmement naval »
par Stéphane LAUZANNE
Vingt-cinq nouveaux croiseurs de
bataille de 10.000 tonnes, coûtant
700 millions de dollars, soit, au cours
actuel du change, plus de i7 milliards
et demi de francs, voilà ce que !e
président Coolidge demande au Con-
grès américain de lui voter...
Le Sun, de Baltimore, expose en
termes d'une clarté sans égale à quoi
aboutirait l'exécution de ce gigantes-
que programme : « Nous disposons
actuellement, écrit-il, de dix croi-
seurs rapides de 7.500 tonnes. Nous
disposerons sous peu de huit autres
croiseurs de 10.000 tonnes. Si on y
ajoute les vingt-cinq croiseurs récla-
més par M. Coolidge, qui paraissent
devoir être construits en cinq ans, à
raison de cinq par an, nous dispose-
rons donc en 1933 ou 1934 de 405.000
tonnes de grands croiseurs. Qu'est-ce
à dire, sinon que dans cinq eu six ans
nous entendons avoir une suprématie
nettement marquée sur la Grande-
Bretagne ? Celle-ci, en s'en tenant
aux navires construits, à construire
ou en projet, n'aurait alors que
358.420 tonnes de croiseurs. Et en-
core le tonnage n'est pas tout. Tous
nos croiseurs, sauf dix, seraient des
croiseurs de 10.000 tonnes, tandis que
la Grande-Bretagne n'a pas moins de
quarante bateaux dont le tonnage est
inférieur à 5.000 tonnes. Comme puis-
sance offensive, dans une bataille
rangée, notre flotte dépasserait de
beaucoup la flotte anglaise. »
Voilà, n'est-!! pas vrai ? qui est
fimoide... Mais pourquoi ce brusque
besoin d'avoir la plus grande armada
des temps modernes ? Pourquoi ce
désir impérieux d'obtenir une « su-
prématie marquée » sur la Grande-
Bretagne ? Ici, les auteurs s'embar-
rassent. Les raisons les plus variées
chevauchent à travers les colonnes
des journaux. Une feuille de Cïeve-
land assure sans rire à ses lecteurs
qu'il s'agit « d'avoir une bonne force
de police sur les mers », tandis que
les News, de Washington, se livrent
à cei amusant calcul : « L'Amérique
représente un capital de 400 milliards
de dollars, sur lesquels 50 milliards
sont investis au dehors : qu'est-ce
que 7oo millions pour garantir la sé-
curité de tant de richesses ? C'est
une petite prime d'assurance contre
la guerre. S
Toutefois, une explication mérite
d'être retenue parce que, tout compte
fait, eîle semble bien être la vérita-
ble. C'est l'explication donnée par le
World, de New-York. « L'expérience,
écrit-il, a démontré maintes fois de-
puis un siècle qu'il est bien difficile,
surtout sur mer, de protéger les droits
des neutres en cas de guerre. Nous
avons eu un mal incroyable à proté-
ger les nôtres en 1915 et 1916, bien
que nous ne fussions pas des gens |
qu'on pût bousculer sans qu'ils crient.
D^autres neutres, moins puissants, ont
dû renoncer à les protéger peu ou
prou... C'est ce qui fait qu'aujour-
d'hui un nombre considérable d'Amé-
ricains jugent que leur pays doit avoir
une flotte au moins égale à celle de
la Grande-Bretagne — non pas comme
un instrument de guerre, mais comme
un instrument de protection pour le
cas, qui n'a rien d'invraisemblable,
où l'Angleterre serait, sur un point
quelconque du globe, engagée dans
une guerre et où l'Amérique serait
neutre. Dans les incidents auxquels
WWIIH MM iMiiiMiMiaMMfBffHBBffigf
inévitablement donné lieu un blocus,
l'amirauté anglaise n'écoute guère les
protestations des neutres que lors-
qu'elles peuvent être appuyées par
une flotte substantielle. »
Je viens de dire que cette explica-
tion doit être la vraie. Le hasard,
qui fait parfois bien les choses, a
voulu, en effet, qu'au moment où, à
New-York, le World tenait ce lan-
gage, un ambassadeur américain, pas-
sant par Paris, m'en tenait un iden-
tique.
— Vous croyez volontiers, vous
autres Français, me disait-il, à la
persistance des animosités histori-
ques, et vous jugez que Américains
et Anglais, s'étant deux fois battus
au cours des deux siècles passés, s'en
veulent toujours et doivent se re-
battre encore au cours de ce siècle-
ci. Non, cela n'est pas exact quand il
s'agit d'Anglo-Saxons.
« Mais ce qui est vrai, c'est qu'il
y a chez les Anglo-Saxons une per-
sistance dans la doctrine, sur laquelle
reposent leurs intérêts divers, qui
peut très bien les opposer, de façon
répétée, les uns aux autres... L'Amé-
rique a toujours professé, à travers
sa courte histoire, que lé principe de
la liberté des mers était pour elle
un principe vital.
« C'est pour ce principe qu'en
1812 elle a fait une seconde fois la
guerre à l'Angleterre. Guerre très
rude, où Washington fut prise par
les Anglais, et qui se poursuivit pen-
dant deux ans.
« C'est pour ce principe que, bien
qu'épuisés par leur lutte contre les
Sudistes, les Nordistes faillirent faire
une troisième fois la guerre à l'An-
gleterre en 1865 et qu'un nouveau
traité dut intervenir en I87I.
« C'est pour ce principe qu'en 1915
et 1916 nous eûmes avec ceux qui
devaient être nos alliés du lendemain
les controverses les plus âpres et les
plus désagréables.
« C'est ce principe qu'à Ver-
sailles, en 1919, le président Wilson
comptait bien faire inscrire en tête
du traité de paix et qu'il eût fait
inscrire si, avant même qu'il ne fût
débarqué, M. Lloyd George n'avait
pas pris soin de cirçonverir M. Cle-
menceau.
« C'est ce principe que nous som-
mes bien décidés à ne pas laisser
fouler aux pieds si jamais, une fois
encore, il y a quelque part, en Asie
ou en Europe, une conflagration...
« Voilà un siècle que nous n'avons
pu nous entendre là-dessus avec
l'Angleterre. Et il est à craindre que
nous ne nous entendions jamais. Or,
quand on est exposé à discuter avec
l'Angleterre, il est indispensable
d'avoir pour soi non seulement le bon
droit, mais aussi de bons bateaux... »
Je reproduis la déclaration telle
qu'elle m'a été faite. Elie explique
bien des choses. Elle explique no-
tamment que, tandis qu'on parle à
cor et à cris de désarmement naval,
le Président Coolidge demande à son
Congrès de lui accorder i7 milliards
et demi pour construire un peu plus
de croiseurs.
Avant de s'entendre sur le désar-
mement des escadres que mettent en
marche les principes, il faudrait
peut-être s'entendre sur le désarme-
ment des principes qui font mouvoir
les escadres.
Stéphane LAUZANNE.
BULLETIN
PROPOS MARITIMES
-00000-
Après huit mois et
dix jours de mer, le
sloop anglais Bounty
mouillait, en mars 1789,
devant Tahiti, l'île des
voluptés. Aussitôt les
jeunes femmes et les
jeunes filles du pays se
rendirent à bord, avec leur mari ou
eur père, puis, après s'être dévê-
ts, Sans façon ni gêne, dansèrent
eurs danses nationales, devant les
marins émerveillés... et êmoustillés:,
aPrès huit mois et dix jours de mer, !
°n le serait à moins...
C est M. G. Lenôtre qui rapporte
Cj-Ia dans Tune de ses intéressantes
chroniqu?s du Temps, diaprés un ré-
Cent volume de M. Soulié : L'équi-
Page révolté. Et vous vous demandez
Pourquoi l'équipage du sloop Bounty
* est révolté, alors que son arrivée
Tahiti commençait si bien...
B0unest Précisément pour cela. Le
n-,o-fl ■ ayant aPPareillé après trois
CL'S °e ribouldingue dans l'île en-
Pa/ resse> Ia moitié de son équi=
du h trouva tr°P rude la discipline
le 0r
tmbmandant, par une belle nuit, fit
(janarJUer 'es récalcitrants, surpris
loi sommeil, dans une cha
_ u"e qu"
racj„ Il't abandonnée en plein
rarne ^Ue' Après 1uoi> le commandant
lUpu"a ie Bounty dans l'île des vo
Us v; * fort dans ce temps-là.
'6 Bou!1ft"qUatre mar!ns restés sur
giie. J1/ rePrirent leur ribouldin-
rem0r(jaiS 'e c°nimandant avait des
Partage "' et une frousse qu'il fit
n'allaitu S°" êt*uiPa2e. L'Amirauté
c°uPabl PSS vouIoir pendre les
désertèieS ? Le résultEt fut que seize
vement ln\, et s'installèrent définiti-
cidèrent Tahiti; les huit autres dé-
""ent d' P0Ur êchapper au châti-
S6rte; / !e «tirer dans une île dé-
Maisa.,deu^ cer,ts milles de là.
s aimaient trop les Tahi-
Pour les quitter
ainsi; les
huit marins emmenèrent donc huit
femmes, et les huit maris par sur-
croît.
Huit femmes et seize hommes.
Tout alla bien durant les premiers
mois, sous le régime du meilleur des
communisir.es; mais un jour la jeune
Rarahuti, femme — naturellement —
d'un Tahitien et d'un Anglais, tomba
dans un précipice et se tua. Les
deux veufs eurent un gros chagrin;
ils réclamèrent des consolations, ce
qui troubla l'harmonie générale.
Pour établir une plus juste propor-
tion entre , les deux sexes, les Tahi-
tiens massacrèrent quatre Anglais;
alors les Tahitiennes, désolées, se
vengèrent en tuant tous leurs époux.
Il restait ainsi quatre Anglais et
sept Tahitiennes. On était en 1793,
et déjà la colonie s'était enrichie
d'un certain nombre d'enfants. En
1800, il ne restait plus qu'un homme,
mais il y avait dix-neuf enfants. En
1S14, cet homme — Adam, nom pré-
destiné — vivait encore, lorsque la
frégate anglaise Briton mouilla de-
vant son île. La famille d'Adam com-
prenait soixante-dix femmes, fils,
jeunes filles.
On a retrouvé le rapport du com-
mandant du Briton. « Tous ceux qui
sont nés dans l'île, y lit-on, ont les
plus belles formes qu'on puisse voir;
les hommes sont bâtis en hercules,
les femmes robustes, faites à ravir;
... leur buste offre les formes les plus
gracieuses et les plus belles qu'on
puisse imaginer... »
Peut-être le Briton avait-il tenu
la mer huit mois et dix jours, lui
aussi...
LE BILAN HEBDOMADAIRE
DE LA BANQUE DE FRANCE
Paris, 9. — Le bilan hebdomadaire de
la Banque de France enregistre aux pos-
tes principaux les variations suivantes:
avances a l'État, en moins 300 millions:
billets en circulation, en plus 503 millions;
achats d'or et de devises, eu plus i mil-
lions.
GOSTES ET LE BRiX
A WASHINGTON
Les «Jeux aviateurs totalisent
62.000 milles
ET ILS CONTINUENT î
?o*c»
Washington, 9. — Le frère de Nun-
gesser était présent, lorsque l'avion qui
porte le nom de son frère et celui de son
malheureux compagnon fit son impec-
cable atterrissage à Bolling-Field.
-Xungesser parla longuement avec
Costes qui le conduisit au devant de Le
Brix à travers la foule, venue pour accla-
mer les • aviateurs français. Après quoi
Costes et Le Brix passèrent une inspec-
tion rapide de leur avion qu'on enfer-
mait dans un hangar, où des officiers
américains étaient vcnu6 en igrarid nom-
bre pour examiner l'appareil qui vient
d'accomplir un vol de 800 milles en
7 heures 8 minutes et a parcouru le total
remarquable de 62.000 milles.
M. Claudel, ambassadeur de France,
examine, avec les aviateurs,
le meilleur itinéraire
Washington, 8. — Les aviateurs fran-
çais Costes et Le Brix ont annoncé leur
intention d'entreprendre un voyage à
travers le continent américain de New-
York à San-Francisco et de rendre visite
aux principales villes américaines.
Les aviateurs examinent actuellement,
avec l'ambassadeur de France à Was-
hington. M. Paul Claudel, l'itinéraire qui
devra être adopté.
Costes et Le Brix
reçus par le président Coolidge
Washington, 9. — Les aviateurs fran-
çais Costes et Le Brix , arrivés hier à
Washington, ont été reçus aujourd'hui
à la liaison Blanche par le président
Coolidge, à qui ils ont été -présentés par
l'ambassadeur de France, M. Paul
Claudel. '
La réception a été des plus cordiales
et ajprès l'échange des salutations d'H-
sage, le président a tenu à se faire pho-
tographier en compagnie des aviateurs
et de l'ambassadeur français, sur ' une
pelouse de la Maison Blanche.
. —
L'arrivée du député
communiste Marty à Toulon
Toulon, 9. — Le député communiste
Marty est arrivé ce matin en gare de
Toulon, à 10 h. 25, accompagné de deux
inspecteurs de police. Le passage de
M. Martv au milieu des voyageurs ne
produisit' aucun incident et ne fut même
pas remarqué.
Le député communiste a été conduit
en taxi à la maison d'arrêt, où il a été
mis immédiatement au régime politi-
que. Ii comparaîtra, demain devant le
tribunal correctionnel, pour provocations
de militaires à la désobéissance. .
— ■—-—^^-^—;
M. Georges Leygaes célèbre
le centenaire de Jules Verne
Il donne le nom du romancier
à une unité navale
Paris. 9. — Le ministre de la Marine
a célébré le centenaire de Jules -Verne -cri
donnant le nom de Jules-Verne et de
Nautilus à deux bâtiments de la tranche
votée lo 4 août 1926 et qui sont actuelle-
ment en chantier.
*3>
Déraillement d'un train
de minerai, près de Thionville
' notre repuwtque le parti de gou
DOUZE MORTS. - DIX BLESSÉS j vernement, dans la haute et forte
Thionville, 9. — Un wagon d'un train acception du terme. Sans eux, le
de minerai, transportant des ouvriers, rabinet n'aurait oas connu une fo^-
a déraillé près de Thionville. . , „„i ,„_,„,. „r
Il y aurait'actuellement douze morts '.' •n? heureuse. Que nul regret ne
t dix blessés. les hante. Ils ont fait leur devoir,
ils ont été honnêtes,
M. Léon Blum, tout en ergo-
tant, sent confusément .tout cela.
Il sent que d'avoir prêté leur con-
cours au cabinet d'union nationale,
cela place les radicaux de la majo-
rité en meilleure posture que les
socialistes. Mais que peut-il faire
pour effacer cela? Rien, et c'est
bien ce qui l'ennuie. —>- L***.
_______ a^ltfP^dflP" 4py^-
LA CLOTURE DU DÉBAT FINANCIER
000
LE VICE
DE LA POLITIQUE
SOCIALISTE ! de confiance par 3 7 0 voix contre 131
La Chambre a voté l'ordre du jour
*o*o*
Paris, 9. — M. Léon Blum n'a
pas de chance. Mais aussi cet ad-
mirable financier manque de mé-
moire et sur des faits essentiels. Il
avait nié qu'en juillet 1926 M.
Herriot lui ait offert de participer
au pouvoir. Et pourtant, aujour-
d'hui, il reconnaît son erreur.
M. Renaudel a rafraîchi ses sou-
venirs.
M. Herriot, chargé de constituer
un cabinet après la chute du cabi-
net Briand-Caillaux, non seule-
ment a offert au parti socialiste
une collabonation, mais la lettre
est restée par laquelle M. Herrioi
propose à M. Blum d'entrer dans
un gouvernement qui se proposera
essentiellement de réaliser, sous le
contrôle du Parlement, la restaura-
tion financière de la France, en
faisant appel aux républicains, qui
croient que le salut du pays doit
être assuré par l'effort même de la
nation.
Cette offre fut précisée au cours
dJune conversation qui se tint le
même jour, entre M. Herriot,
d'une part, M. Paul Faure et M.
Blum, de l'autre.
Une réponse écrite fut faire a
M. Herriot, aux termes de la-
quelle le parti socialiste « remer-
ciait, invoquait la décision du con-
grès de Clermont-Ferrand, hostile
à la participation, et représentait
que la participation ministérielle ne
lui paraissait pas la solution qui
permettrait au parti socialiste de
prêter au gouvernement le concours
le plus efficace. »
M. Blum ne pouvait nier ces
textes. Il s'excuse franchement de
son manque de mémoire. Mais il
en tire cette conclusion que le parti
socialiste avait donné son entier
concours à la tentative de M. Her-
riot.
Une fois de plus, nous saisissons
sur le vif le vice constant de la
politique socialiste: promettre un
concours qu'on peut à chaque ins-
tant retirer et se dérober à toute
responsabilité.
Que serait-il arrivé du cabinet
Poincaré et des finances de la
France, si le parti radical avait agi
de mîmer On se le demande avec
angoisse. Mais les radicaux n'ont
pas la mentalité des socialistes.
« Ils n'ont pas fui les responsabi-
lités comme les chefs socialistes »
dit justement M. Ponsot.
Ils ont prouvé qu'ils sont dar>s
Paris, 9. — Le débat financier, que la
Chambre poursuivait depuis le 24 jan-
vier, a pris fin ce soir par un vote de
confiance, sur lequel s'e3t affirmée une
majorité énorme, et dont les proportions
ont dépa33é celles que pouvaient pré-
voir les plus optimistes.
Deux scrutins avaient, entre-temps,
précédé ce vote final: le premier, sur
la priorité de l'ordre du jour radical,
auquel il lut procédé dans une agita-
tion extrême; le second, sur l'ordre du
jour socialiste, et qui, en fait, ne réu-
nit que les voix de ce groupe.
Ce résultat était au surplus depuis
longtemps escompté, et les derniers dis-
cours prononcés cet après-midi n'y ont
rien changé. Ils ont d'ailleurs porté
moins sur le fond même du débat, que
sur la position respective des partis de
gauche vis-à-vis les uns des autres.
M. Vincent Auriol, qui a ouvert le
feu, a répliqué cependant avec beau-
coup de mordant — en un discours vi-
goureusement écrit, dont il a donné
lecture — à quelques-uns des traits
dont l'avait criblé le président du Con-
seil. Et, sur la fin de ses déclarations,
comme il n'adressait aux radicaux, On
put croire, à leurs applaudissements,
qui se mêlaient à ceux de Textrême-
gauche, qu'il avait reconstitué le cartel.
Il en fut de même sur la fin du dis-
cours de M. Malvy, qui prit la parole
après une intervention de M. Marcel
Héraud. Le député du Lot, qui, dans
la première partie de ses déclarations,
n'avait pas ménagé les éloges à l'oeu-
vre de M. Poincaré, tint à proclamer
dans la seconde que son parti avait tou-
jours la main tendue vers le parti so-
cialiste pour poursuivre, de concert avec
lui, une large politique de justice et de
solidarité sociales. Et, par un juste re-
tour, les applaudissements socialistes
s'étaient confondus cette fois avec ceux
des radicaux.
Mais ces maniestations ne devaient
altérer en rien le résultat à intervenir.
Les choses devaient d'ailleurs se pré
cipiter. La clôture ayant été, en effet,
prononcée après une intervention de
M. Garchery, et M. Sibille ayant dé-
fendu son ordre du jour, le président
du Conseil, peu soucieux désormais' de
répondre à ses contradicteurs, se borna
à dire en quelques mots qu'il acceptait
cet ordre du jour et qu'il y attachait
la confiance.
Et la Chambre émit successivement
les trois votes que nous indiquons, té-
moignant par là que, selon l'exhortation
du président du Conseil, elle tenait à
« répondre par des faits et des faits
acquis » après tant de discours.
-fcVJO*'»
-:— LES SÉANCES —:—
Il y a danseurs et danseurs. Certains
professionnels gagnent très honnête-
ment leur vie dans les dancings. La
mère peut sans danger leur confier sa
fille. La fille peut sans crainte leur con-
fier sa mère.
Il y a parmi evx un grand nombre
d'étrangers exilés de leur patrie et qui
se créent cdnsi un moyen d'existence, en
attendant mieux. On en cite qui pour-
suivtnt leurs études cf. qui songent à
quelque examen, en initiant une grosse
dame aux douceurs du charlcston et du
blad: bottom.
Mais à côté d'eux se glissent d'autres
danseurs, les danseurs marrons, si l'on
peut s'exprimer ainsi. Et il faut croire
qu'ils ne sont pas de tout repos, puisque
M. Fcrnand Laurent, conseiller imifii;
cipal du XVI' arrondissement, entend
poser à leur sujet une question au pré-
fet de police.
On sait avec quel Me et avec quel
bonheur M. Chiappe a entrepris l'épu-
ration de Paris. Il n'entend pas borner
son effort aux bats musettes, où Fran-
cis Carco a trouvé quelques-uns de Ves
saisissants modèles. Le bal, au son de
l'accordéon, où la danse coûte cinquante
centimes — payés d'avance — et où l".
garde de service ouvre un oeil sévère
n'est pas toujours le plus dangereux.
Il convient de surveiller le louche
éphèbe trop bien mis qui, dans des éta-
blissements ■ plus relevés, repère silen-
cieusement les bijoux authentiques et
pratique le courtage des stupéfiants. Il
n'a aucun rapport avec le danseur ré
tribué, qui fait sa besogne ouvcrlcmcd.
L'autre est un client, s'il n'est pas un
client sérieux. It est à l'affût de la prolt
facile, de la bonne dame portée au sen-
timent et à laquelle il glisse ses confi-
dences au cours d'un langoureux tango.
Il parie de sa famille si honorable, dk
ses 1 dations si puissantes, de sa gère
toute momentanée.
Il ne s'ensuit pas toujours un scandale
comme dans la pièce émouvante d'Henry
Bataille. Le plus souvent, la bonne dame
dupée, s'éloigne et ne dit mol.
Il s'agit de la protéger et de ruiner
une industrie cjui ne fait pas honneur èi
Paris. Rien de plus facile. La publicité
que l'on est en train de leur faire suf-
fira sans doute à éloigner les danseurs
marrons. Il ne leur restera qu'à choisir
un métier moins dangereux, et pour
eux-mêmes et pour les autres.
.enri D0VEJUÏOIS.
LES ADIEUX DU ROI
D'AFGHANISTAN
Paris, 0. — Avant de quitter la France,
Sa Majesté Amanoullah Khan, roi d'Af-
hanistan, a fait parvenir au président
de la République le télégramme suivant:
Au moment de ejuiller la terre fran-
çaise, nous vous exprimons, la reine et
moi, nos plus sincères remerciements
pour la façon paritculièrement aimable
dont nous avons été accueillis par votre
Excellence', par le gouvernement et par
le peuple enlirr.
Ces quelques jours que nous avons
passés en France ont été en tous points
des plus ae/réablcs et nous en porterons
partout avec nous le souvenir ineffaçable;
M. Gaston Doumergue a aussitôt ré-
pondu en ces tonnes :
L'aimable message que m'a fait par-
venir votre Majesté m'a vivement touché
et. très sensible aux sentiments qu'Elle
veut bien m'exprimer, je l'en remercie
bien sincèrement.
La France gardera le meilleur souvenir
de la visite 'qu'ont bien voulu lui faire
les souverains de l'Afghanistan, et en
adressant à Voire Majesté tous mes sou-
haits pour l'heureuse continuation de
son voyage, je la prie de faire agréer à
Sa Majesté la reine mes hommages res-
pectueux.
L'AFFAIRE
DU MOBILIER NATIONAL
Paris, !). — Le conseil des directeurs
du 'ministère de l'Instruction publique
s'est réuni ce-malin sous la présidence
de M. Edouard Herriot, pour examiner
le cas de M. Janneau. adminislrateur du
Mobilier national, qui avait été déféré
devant le conseil de discipline pour
avoir commis des indiscrétions, au sujet
de la disparition d'objets appartenant
au Mobilier national.
Le ministre, après avoir pris connais-
sance ries conclusions du conseil, a pr|j
une décision qui sera publiée demain
malin au Journal officiel.
Nous croyons savoir que la sanction
prise par M. Herriot frapperait M. Jan-
noau d'une suspension de fonctions
d une durée, de quatre mois.
Paris, i). — La Chambre a prononcé,
mardi soir, la clôture do . la discussion
générale engagée sur la politique finan-
cière du cabinet. Il reste à donner A ce
long débat la sanction d'un ordre du
jour de confiance. Ce sera l'objet de
cette séance.
Elle est ouverte à 15 h. 10, sous la
présidence de M. Fernand Bouisson.
MAI. Poincaré, Sarraut et Queuille sont
au banc du gouvernement. L'hémicycle
est fort nombreux.
Divers projets sans débat sont d'a-
bord expédiés, notamment un projet
modifiant la réglementation relative à
la circulation des blés et farines, à
l'unanimité de 528 votants, et un projet
introduisant en Alsace et Lorraine la
législation française de l'assistance ju-
diciaire.
M. Injzan demande et obtient le ren-
voi d'un projet .tendant à distraire de
la commune de Plonéour, la section de
Brignogan (Finistère).
Les ordres du jour
Puis le .président donne connaissance
des ordres du jour: Ils sont signés de
MM. Margaine, Matvy, Daladier, pour
les radicaux-socialistes: MM. Blum, Be-
douce et Vincent Auriol pour les socia-
listes- MM. Thomson et Loucheur pour
la gauche radicale; MM. Boully et
RaiHiac -pour les républicains socialis-
tes : M. .Garéhéry pour les communistes.
Le texta des radicaux-socialistes
Voici, en résumé, le texte des radi-
caux-socialistes : -
La Chambre, résolue à continuer la poli-
tinn» d'amortissement et de consolidation
heureusement poursuivie (exclamations au
centre et à droits), résolue à assurer dans .le
plus bref délai possible une stabilisation le-
sale de la monnaie, h réaliser la Justice fis-
cale par un aménagement de l'impôt gênerai
sur le revenu et une: répression des fraudes
nui permette ia diminution des impôts eea'ii-
laireV et dés-taxes de consommation, par la
réalisation d'un programme 6cononuque_ et
social assuré dans le eadi'o de l'impôt gêne-
rai sur 16 revenu, résolue à assurer 1 aména-
gement industriel des monopoles existants
et le contrôle des monopoles de fan, passe a
l'ordre du Jour.
M Ossola propose une addition im-
pliquant la confiance.
L ordre du ]our des socialistes
Celui ries socialistes invite le gouver-
nement à faire immédiatement la stabi-
lisation légâle au taux actuel, pour
mettre fin-'à la spéculation et à 1 in-
certitude îles transactions.
Il préconise, en outre, le développe-
ment du marché intérieur par un meil-
leur aménagement de la production, la
rationalisation des monopoles de droit
et de fait, l'allégement des charges fis-
cales pesant sur la consommation et le
travail, un nouvel aménagement de 1 im-
pôt . sûr le revenu et, enfin, l'établisse-
ment, d'une contribution personnelle et
progressive sur la fortune acquise
Celui de la gauche radicale
L'ordre du jour do MM. Thomson et
Paul Morel est ainsi conçu:
La Chambre, prenant acte des heureux ré-
sultats Votenus par la politique financière dit
eonverneinent et confiante en 101 pour pour-
suivre ïe redressement financier, passe a
l'ordre du jour.
INTERVENTION
DE M- VINCENT AURIOL
Sur ces textes, la parole est d'abord
à M Vincent Auriol. 11 ne doute pas
que le gouvernement n'accepte l'ori're
du jour de M. Paul Morel, puisqu il
apnrouve une politique dont toute la
technique financière consiste dans la
confiance à cette politique. ,
Le député socialiste oppose une tjis
encore les solutions qu'apportait ion
parti, alors qu'il doutait de la certitude
qu'ava'icnt certains que l'Allemagne
paierait: ,. .
C'est a nouveau la condamnation très
emprunts auxnuels on a eu recours,
puis de la politique de la Ruhr qui de
vait, suivant M. Le Trocquer, nous
donner tant d'excellents résultats.
M Vintei}\ Auriol. — Xous restions les
médecins tant pis. Nous supplions de re-
courir aux réparations en nature, de lier la
nr.estlon des dettes à la négociation de la
créance allemande, de mobiliser 1 la richesse
ûr pa\s pour slaoiliscr notre monnaie.
Ce fut en vain-, nous n'avons eu que le
tôt ■ (*e la motion Itroussc sur le budget
biennal et la béatitude de M. de Lasteyric.
(Applaudissements a l'extrème-gauche).
N6f.ro politique de prestige à l'extérieur,
d'abandon & l'intérieur aboutit à l'inflation et
a la chute do franc.
A son avis, le succès de M. Poincaré
tient moins à la valeur intrinsèque de
son programme, qu'au retour de la
confiance et à l'aide des établissements
do crédit.
C'est la rentrée massive des rapitaux éva-
dés qui a rempli les caisses du Trésor et per-
mis l'oeuvre d'amortissement. C'est la con-
flar,-e. mais a court terme. Tour retenir la
monnaie, la banque achète des devises, mais
il en résulte un accroissement de circulation
qu devient dangereux.
« La richesse ne paie pas sa part »
L'orateur ne voit que de riouveaux
risques da,ns u,o ajournement de la gtabl-
ILS SONT 100.000
EN TUNISIE
« Il ne faut pas, noua dit
M. Mario Diuliani, que le
problème tunisien devienne»
selon le voeu de Bismarck,
la pomme de discorde entra
la France et l'Italie. »
iisatioa. Il s'inquiète de l'excès de fisca-
lité et d'une surcharge d'impôts qu'il
évalue à 12 milliards, par rapport au
budget d'avant-guerre et à l'ordre nor-
mal, tout cela parce que la richesse ne
paye pas sa part, que la fraude sur les
valeurs sévit plus que jamais.
L'impôt global sur le revenu a donné des
rentrées inférieures aux évaluations. La
confiance a joué pour la rentrée, des capi-
taux-, elle n'a pas loué pour la rentrée des
taxes. (Applaudissements :t l'extrême-g-auche.)
Les taxes de consommation, qui ont donné
12 milliards en 1920, ont donné 16 milliards
en-1927. Les impôts cédulaires frappant le
travail et îa production pour 7 milliards en
192G, ont donné 9 milliards en 1927.
On a dégrevé les grosses successions. Qu'a-
t-on fait pour les classes travailleuses? Le
président du Conseil promet bien des re-
tpuebes, mais rien de profond.
Et s'adressant à la majorité bourgeoise)
libérale :
Vous avez détourné le peuple de la foi
pour lui donner la justice. Vous ne lui avea
pas donné la justice. Que lui reste-t-il?
Puis résumant les sanctions inscrites
dans le texte des socialistes, M. Vincent
Auriol voudrait une consolidation d'ac-
oord avec les porteurs do la dette à
court terme, tout au moins une réduc-
tion de l'intérêt. Et, dans le cas où ce
flottant voudrait jouer contre le crédit
publie, alors une consolidation comme
en Italie.
Le prélèvement sur la fortune
L'allégement de la dette publique,
d'autre part, doit être demandé à un
prélèvement sur la fortune.
M. Vincent Auriol. — M. Duboin le déclare
dangereux. 11 oublie que le prélèvement que
nous suggérions en 1920 était .massif pour
arriver à. une stabilisation des changes. Le
prélèvement d'aujourd'hui serait personnel,
progressif une fois pour toutes, avec dégrève-
ment de 100.000 francs il la base, et se
substituerait à d'autres impôts frappant
trop lourdement les classes pauvres et
moyennes.
— Est-ce que, rappelle l'orateur, M. Cail-
iftOx n avait pas déposé en 1014 un projet
(limpot sur le capital, avec un dégrève-
ment de -'10.000 francs.
M Xerthoa. — Mais il s'agissait d'une
contribution annuelle, ce qui était beau-
coup plus juste.
M. Vincent Auriol cite encore la mo-
tion votée en 1920, sur la proposition
de MM. Marin, Colrat et lui-même, invi-
tant le gouvernement à préparer un
projet d'impôt sur lo capital. Est-ce que
le congrès radical-socialiste de Bordeaux
na pas préconisé un prélèvement ana-
logue ?
Le député socialiste prend acte de
'ordre du jour déposé par les radicaux,
et qui énurnère tout un programme de
reiormes sociales auxquelles eux, socia-
listes, sont prêts à adhérer.
t"7VV<îus vouloz. dit-il, comme nous, la
stabilisation, le dégrèvement fiscal la
poursuite des fraudes sur les déclarations.
.Mais ce programme, pourra-t-ou le réali-
ser.' Qu ou se souvienne des obstacles qui
furent dresses contre les efforts de M Her-
riot, qu'on se rappelle l'opposition nue les
banques, qui avaient déjà fait campagne
contre 1 impôt sur le capital, firent au
carnet de_ coupons, et les sommations
quelles adressèrent au président du Con-
setl d alors i (Vifs applaudissements à l'ex-
ehc1fe~SaUC' 10 0t S" divers banc 3 à gau-
M. Herriot déclara qu'il ne céderait pas
a la pression des banques et qu'il en ap-
pellerait plutôt à la Nation tout entière
(Applaudissements prolongés à gauche et
a lextreme-gauche). Quelle leçon faut-il en
retenir? C'est que dès le moment où on
supprimait les avances occultes et qu'on
essayait une fiscalité de justice, ce fut
la_ résistance de la haute banque. Cette
même résistance, les républicains la ren-
contreront demain. La confiance, aujour-
diiui, repose sur l'injustice.
Appel aux radicaux
Et, s'adressant aux radicaux :
Xous sommes aujourd'hui à un carrefour.
11 tant marcher ensemble Ou nous sépa-
rer. Il faut choisir. C'est aujourd'hui le
rassemblement de combat. Il ne suffit pas
de saluer le drapeau, il faut le suivre.
M. VinAan-t Auriol obtient un irros
succès parmi ses amis et les radicaux
dissidents.
La suite à la 2" page.
-
TOUJOURS LA MAFFIA
Trois cents accusés vont avoir
à répondre de nombreux crimes
Rome, 9. — L'instruction ouverte par
laolor.lo judiciaire de Palerme contre
300 individus appartenant à la Maffia;
vient d'être terminée.
Ces bandits, auxquels on reproche de
nombreux crimes dans la région de
Tcrmini-Innereso, ont été renvoyés de-
vant doux tribunaux différents par la
Chambre d'accusation. C'est ainsi que
241 comparaîtront devant le tribunal de
Termini-Innereso, et 5G devant la Cour
, d'assises de Palerme, pour répondre de
lîcura forfaits.
*<>:<>:♦-—
Paris, 7. — Au moment où sont en'W
gagées les conversations franco-itaV
tiennes, il est intéressant de connaît™,
le point de vue italien sur l'un de^
problèmes les plus délicats qui se pré*,
sentent aux négociateurs :; 1* problème
tunisien.
Comment l'Italie fasciste envisage?
t-elle la situation des Italiens, qui, aù
nombre d'une centaine de mille, sont
venus peupler notre Tunisie, et leurs
rapports avec l'autorité française,? Corn*
ment concilier la stabilité qu'exige notre
empire africain avec les légitimes sus-<
ceptibilités des admirables colons, de;
notre voisine méditerranéenne?... Une
des personnalités émmentes de là so-
ciété italienne de Paris et l'une des plùa
averties, M. Mario Diuliani, directeur po-
litique de la grande Agence Transalpine,-
a bien voulu me recevoir et me faire
connaître le point de vue italien sur ces
questions d'une actualité si brûlante et
si grave.
Un peuplement naturel
— Il est bon de rappeler tout d'à-*
bord, me dit M. Mario Diuliani, que la
Sicile n'est éloignée de la Tunisie que
de 170 kilomètres, et l'île de Pantellaria,-
qui a fourni à la Tunisie les meilleurs
vignerons italiens, l'est de moins de
100 kilomètres, beaucoup moins que de
Paris au Havre, quelque chose comme
une promenade en bateau de Nice à
Toulon, alors qu'il y a 850 kilomètres
de Marseille à Tunis."Si donc ces Italiens
sont arrivés par milliers au lendemain
même de l'occupation française, et mal-
gré les froissements politiques de cette
époque, c'est qu'on ne peut changer ni
la géographie, ni l'ethnographie, quj
nous prouvent que, malgré la politique,
c'est par des laboureurs siciliens que
devait être colonisée la Tunisie.
« Ce processus de colonisation natu-f
relie était déjà en plein développement
au moment où le traité de Kasr-Saïd
imposa le protectorat au bey. M. Pierre
Mille, qui écrivit récemment un article
sur cette question, dont les conclusions
et l'esprit me paraissent dangereux et
ouAonSs.- donne les chiffres suivants: en
1881, la colonie française en Tunisie
s'élevait £. 700 personnes, contre 11.000
Italiens, cùint le nombre passe deux ans
plus tard à 21.000 pour atteindre 71.000
en 1901 et 100.000 en 1921.
L'attachement des colons italiens
à la mère*pairie
« Mais en face de tié fait matériel
d'un peuplement naturel de plus en plue
nombreux, il est un autre fait, moral,
qui n'est pas moins douteux, et que
M. Pierre Mille reconnaît loyalement:
c'est l'attachement de ces pionniers la-
tins sur la côte africaine pour leur
mère-patrie. La plupart demeurent fiera
d'être Italiens. D'autres écrivains, moins
loyaux, ont dit que c'était pour bénéi
licier de leur loi qui les dispense du
service militaire. La colonie italienne du
Tunisie a donné clans la grande guerre
13.000 mobilisés aux armées italiennes,
et 2.000 morts pour la cause des Alliés..i
Voila, la seule réponse à faire à ces
écrivains...
« Etant donné ces faits, on se de-
mande comment des écrivains français
— c'est-à-dire des Écrivains chez qui
l'amour de la vérité est une tradition;
et l'admiration pour tout sentiment
d'honneur, un instinct — comment des
écrivains français peuvent en arriver a
conclure qu'ii faut enlever aux colons
italiens en Tunisie, à ces bons citoyens,
obéissants et respectueux envers les lois
françaises, admirateurs convaincus ét
loyaux de l'organisation française à la-
quelle ils collaborent puissamment, mata
sans aucune prétention, le droit de gar-
der leur nationalité. »
Les Italiens n'ont là-bas aucune
visée impérialiste
Prévenant la question qu'il devine sur
mes lèvres, mon aimable interlocuteur
m'assure alors que ce légitime désir des
Italiens en Tunisie ne comporte aucune
arrière-pensée et ne cache aucune visée
impérialiste dont le nationalisme français,
le plus susceptible puisse prendre onw
brage.
« L'Italie, vous le savez, me dit-il;
a, par les conventions de 189G, reconnu
le fait accompli en 1881. Pour elle, il
ne saurait être remis en question. De-
puis, ses enfants ont travaillé pour le
développement du protectorat français
avec une loyauté qui n'a jamais pu être
mise en doute, et ils sont si manifeste-
ment disposés à continuer que M. Pierre
Mille, dans l'article auquel je faisais
allusion tout à l'heure, déclarait : « S'il!
existe un péril italien, ce péril n'est pas
en Tunisie. »
« La colonie italienne de Tunisie n'est
pas un danger, elle est une nécessité,
elle est une partie de la vie même du
protectorat. En échange des services
qu'elle lui a rendus, elle demande très
peu: elle ne demande que deux choses:,
qu'on la laisse travailler pour le bien de
la Tunisie, qui est sa seconde patrie, et
qu'on la laisse demeurer italienne.
« A ces conditions, elle est la plua
commode population que les autorités
françaises aient à administrer, car elle
paie " ses contributions et ne vote pas.
Et elle est fidèle à la France qu'elle aime
et dont elle absorbe entièrement la cul>
turc.
« Mais en raison de la modération de
ces demandes, la colonie italienne de
Tunisie est très sensible sur ce point.
Et, ce qui est plus grave, c'est que toute
l'Italie considère l'affront que l'on ferait
aux Italiens de Tunisie en les privant
du droit de garder leur nationalité^
comme un affront fait à toute la nalior^
et comme une injustice.
La nécessité d'un arrangement
franco'italien
« Dans les rangs de ceux qui de-*
viennent heureusement de jour en jour,
plus nombreux, de ceux qui souhaitent
ardemment un rapprochement sincère et
durable entre les deux peuples, lo pre-
mier souci que l'pn rencontre est la né-
cessité d'un arrangement de la question
des Italiens en Tunisie. Mais on trom-
perait grandement l'opinion publique
française, si on lui laissait croire que
l'Italie, dans . des négociations diploma-
tiques, pourrait abandonner ses enfants
de Tunisie, en vue d'obtenir d'autres
avantages. Il n'y a qu'à se rendre en
Italie ou à parler avec un Italien cultivé
pour se rendre compte que, rien qu'St
parler de cette question, les Italiens ont
le coeur gros et vous diront avec un
[grand, regret: ^Pourquoi la, France est-
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