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milieu du xve siècle. De> plus, les figures d'anges qui tiennent les bla-
sons témoignent, à notre avis, qu'un sentiment de pure dévotion en
a inspiré le dessin, et que ce chapiteau était destiné à faire partie de
la décoration d'un édifice religieux, tel qu'une église ou une chapelle!,
où il devait être appliqué à la retombée des arcs doubleaux ou ner-
vures de voûtes d'arête. Il est bien entendu que notre opinion, dans
ce cas particulier, est tout à fait hypothétique et que nous sommes
loin de prétendre l'énoncer en règle absolue. Nous n'ignorons pas,
en effet, que, dans les édifices laïcs des xve et XVI" siècles, les imagiers
ontsouven abusé de la représentation des anges; ils leur ont fait
aussi supporter des armoiries et des devises, ou bien encore, ils les
ont employés en culs-de-lampe à la place des traditionnels marmou-
sets, etc.2. Mais on ne saurait en inférer que notre hypothèse doit
être rejetée comme inadmissible; elle repose, au contraire, ainsi que
nous le verrons bientôt, sur des indices suffisamment probants.
Il n'est pas moins aisé de préciser, à quelques années près, l'époque
où fut taillé notre chapiteau, grâce à ses figurations héraldiques qui
rappellent, notamment sur l'écusson parti, l'alliance de deux familles
parisiennes jouissant dès le xve siècle d'une certaine notoriété les
familles Raguier et Budé. Or, d'après nos héraldistes, les Raguier
portaient d'argent, au sautoir de sable cantonné de quatre perdrix
au naturel, tandis que les armes de la maison de Budé étaient d'ar-
gent, au chevron de gueules, acconzpagzzé de trois grappes de raisin
d'a~ur pamprées de sinople3. Ces blasonnements sont donc bien con-
formes aux figurations de la pierre, sauf la bordure engrêlée dont
celle-ci pare l'écusson des Raguier, et où il ne faut voir autre chose
que ce qu'en terme de blason on appelle une brisure de puîné ou de
branche cadette, l'aîné ou la branche aînée ayant seuls droit aux
armoiries pleines du chef de la famille. Quant à l'alliance des deux
familles, des titres nous ont appris qu'elle date du 5 août 1441, c'est-
à-dire du mariage d'Antoine Raguier, trésorier des guerres du roi,
avec Jacquette Budé, fille de Dreux Budé, alors grand audiencier de
la chancellerie de France 4. Il est donc évident que la confection de
1. On peut voir, dans plusieurs édifices religieux de Paris, maints exemples
de représentation d'anges employés notamment dans quelques culs-de-
lampes et clefs de voûte de l'église Saint-Séverin, dans quelques consoles
du cloître des Billettes, etc. Cf. l'Atlas de la Statistique monumentale d'Al-
bert Lenoir. Le pendentif sur lequel porte la chapelle de l'hôtel de Cluny
est également décoré d'un écusson (celui du cardinal d'Amboise) tenu par
des anges. Voir l'Hôtel de Cluny, par M. Ch. Normand, p. 117.
2. Viollet-le-Duc, Dictionnaire d'architecture.
3. Grandmaison, Dictionnaire héraldique; Rietstap, Armorial général, etc.
4. BibI. nat., mss., Pièces orig. et Dossiers bleus, aux noms Raguier et
Budé.-Le Dreux Budé, dont il est ici question, devint prévôt des marchands
milieu du xve siècle. De> plus, les figures d'anges qui tiennent les bla-
sons témoignent, à notre avis, qu'un sentiment de pure dévotion en
a inspiré le dessin, et que ce chapiteau était destiné à faire partie de
la décoration d'un édifice religieux, tel qu'une église ou une chapelle!,
où il devait être appliqué à la retombée des arcs doubleaux ou ner-
vures de voûtes d'arête. Il est bien entendu que notre opinion, dans
ce cas particulier, est tout à fait hypothétique et que nous sommes
loin de prétendre l'énoncer en règle absolue. Nous n'ignorons pas,
en effet, que, dans les édifices laïcs des xve et XVI" siècles, les imagiers
ontsouven abusé de la représentation des anges; ils leur ont fait
aussi supporter des armoiries et des devises, ou bien encore, ils les
ont employés en culs-de-lampe à la place des traditionnels marmou-
sets, etc.2. Mais on ne saurait en inférer que notre hypothèse doit
être rejetée comme inadmissible; elle repose, au contraire, ainsi que
nous le verrons bientôt, sur des indices suffisamment probants.
Il n'est pas moins aisé de préciser, à quelques années près, l'époque
où fut taillé notre chapiteau, grâce à ses figurations héraldiques qui
rappellent, notamment sur l'écusson parti, l'alliance de deux familles
parisiennes jouissant dès le xve siècle d'une certaine notoriété les
familles Raguier et Budé. Or, d'après nos héraldistes, les Raguier
portaient d'argent, au sautoir de sable cantonné de quatre perdrix
au naturel, tandis que les armes de la maison de Budé étaient d'ar-
gent, au chevron de gueules, acconzpagzzé de trois grappes de raisin
d'a~ur pamprées de sinople3. Ces blasonnements sont donc bien con-
formes aux figurations de la pierre, sauf la bordure engrêlée dont
celle-ci pare l'écusson des Raguier, et où il ne faut voir autre chose
que ce qu'en terme de blason on appelle une brisure de puîné ou de
branche cadette, l'aîné ou la branche aînée ayant seuls droit aux
armoiries pleines du chef de la famille. Quant à l'alliance des deux
familles, des titres nous ont appris qu'elle date du 5 août 1441, c'est-
à-dire du mariage d'Antoine Raguier, trésorier des guerres du roi,
avec Jacquette Budé, fille de Dreux Budé, alors grand audiencier de
la chancellerie de France 4. Il est donc évident que la confection de
1. On peut voir, dans plusieurs édifices religieux de Paris, maints exemples
de représentation d'anges employés notamment dans quelques culs-de-
lampes et clefs de voûte de l'église Saint-Séverin, dans quelques consoles
du cloître des Billettes, etc. Cf. l'Atlas de la Statistique monumentale d'Al-
bert Lenoir. Le pendentif sur lequel porte la chapelle de l'hôtel de Cluny
est également décoré d'un écusson (celui du cardinal d'Amboise) tenu par
des anges. Voir l'Hôtel de Cluny, par M. Ch. Normand, p. 117.
2. Viollet-le-Duc, Dictionnaire d'architecture.
3. Grandmaison, Dictionnaire héraldique; Rietstap, Armorial général, etc.
4. BibI. nat., mss., Pièces orig. et Dossiers bleus, aux noms Raguier et
Budé.-Le Dreux Budé, dont il est ici question, devint prévôt des marchands
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