Titre : La Dépêche de Brest : journal politique et maritime ["puis" journal de l'Union républicaine "puis" journal républicain quotidien "puis" quotidien républicain du matin]...
Auteur : Union républicaine (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Brest)
Date d'édition : 1898-12-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755951g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 décembre 1898 02 décembre 1898
Description : 1898/12/02 (A13,N3936). 1898/12/02 (A13,N3936).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Yroise, bibliothèque... Collection numérique : Yroise, bibliothèque numérique de Brest
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3331539
Source : Bibliothèque municipale de Brest, PB A100
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/01/2021
TREIZIÈME ANNÉE. — N 393a
LE NUMÉRO : CINQ CENTIMES
VENDREDI 2 DÉCEMBRE 1898
JOURNAL RÉPUBLICAIN
Quotidien du Matin
BUREAUX :
29, RUE DE LA RAMPE, BREST
Champ-de-Bataille
ABONNEMENTS
Finistère et limitr. 1 an, 20 f.; 6 m., il f.; 3 m., 6f.
France — 28 — 15 — 8
Colonies — 32 - 17 — 9
épêche
Les Abonnements partent des itr et iS
et sont payables d'avance.
LES PERES
NSC
ITS
jua fortune du Sénat est singu-
lière.
Il y a quelque six mois, alors que
la fièvre électorale atteignait la tem-
pérature maxima, nous assistions
à un véritable déchaînement de co-
lères contre la Haute Assemblée.
Ceux que l'on appelait irrévéren-
cieusement les Pères Conscrits —
quand on ne les accablait pas des
épithètes les plus malsonnantes,
quand on ne les affublait pas des
adjectifs les plus graveleux—voyaient
leur existence politique menacée par
"toute une armée, ardente et disci-
plinée : l'armée coalisée des radi-
caux, des socialistes et de quelques
autres groupes d'enflammés.
Il était très bien porté à ce moment
de réclamer la fermeture de cette
Chambre, assimilée fréquemment —
oh ! combien ! — à une chambre de
malades et d'impotents — voire de
pestiférés.
Nous avons entendu, ici même, en
2ette bonne ville de Brest, des candi-
dats réclamer les uns la mort sans
phrases, les autres l'extinction pro-
gressive et savamment calculée de
l'Assemblée sénatoriale.
Nous avons encore les oreilles
pleines des déclamations redondan-
tes de certains aspirants à la dépu-
tation. Aucun progrès démocratique
ne sera possible, aucune réforme ré-
publicaine ou sociale ne sera faisa-
ble, disaient ces apôtres, tant que
subsistera ce vieux palais du Luxem-
bourg où s'abritent les derniers sup-
pôts de la réaction et du clérica-
lisme. -
Sus au Sénat ! rcfétstij. le mot d'or-
dre du parti radical eeeialiste. Et il
est' bien certain' que si le suffrage
universel avait dotéia France de cinq
cents députés nuanoe- Jaurès, Léon
Bourgeois ou Mésairôûr, les pauvres
Pères Conscrits seraient, ■ à l'heure
actuelle, dans la plus triste posture.
— Etes-vous partisan de la sup-
pression du,Sénat ?; Etes-vous pour
son maintien ? clamaient les électeurs
influents, du sein des tabagies tumul-
tueuses où l'on allait, en ce mois de
mai béni, entendre la bonne parole
dans l'horreur des réunions pu-
bliques.
Si oui, le candidat était applaudi,
acclamé, porté en triomphe ; si non,
c'était le sifflet, et le sifflet à roulettes
par dessus le marché, avec tout l'ac-
compagnement formidable des huées,
des pommes cuites, des bousculades,
des coups de poing dans la salle.
On voyait alors des électeurs,
blêmes, s'écrier avec de grands gestes
tragiques :
— Il ne veut pas supprimer le
Sénat, la canaille 1
Et ces braves gens avaient des
crises de nerfs.
Or, voyons un peu ce qui se passe
aujourd'hui même, six mois après le
grand tintamarre électoral, et pendant
que M. Léon Bourgeois, Champenois
plus malin que le plus malin des
Normands, s'en va faire un. petit
voyage en Macédoine, car vous n'i-
gnorez point le départ du chef des
radicaux pour les régions du Pinde.
Le Sénat ? Savez-vous ce qu'il
vient de faire, le Sénat ? Savez-vous
de quoi sont capables ces vieilles
barbes ?
Le citoyen Jaurès nous le dit très
carrément, avec cette rude franchise
dont il est coutumier : « Le Sénat
vient de sauver la liberté des citoyens
et de sauver aussi l'honneur de la
France. C'est lui, le Sénat — et non
la Chambre, qui paraît jouer le
rôle décisif dans la solution suprême
de la grande crise. »
Ces paroles seraient évidemment à
retenir, à encadrer. Il faudrait les con-
server précieusement pour les grandes
batailles électorales de l'avenir, afin
de les opposer aux déclamations qui
se produiront alors, comme elles se
sont produites déjà, dans le camp des
radicaux et des socialistes.
Mais, à quoi bon ?
A cette époque probablement en-
3ore éloignée, le temps aura fait son
oeuvre. Et si, d'aventure, on rappelle
au citoyen Jaurès ou aux cous-Jaurès
les paroles prononcées en 1898, ils
répondront tou,:;, avec une énergie
farouche :
— Le Sénat !... Qu'on nous débar-
rasse donc de ces...
Ici viendront se placor les qualifi-
catifs les plues grossiers, qu'il OR*
inutile de préciser d'avance.
Vais COUDtFRIEB.
-O E JE3JFV E S T
H.èâ.a,ote\a.i? en Cnef = Louis COUD u HIER
INFORMATIONS 1ÉLÉGRAPHIQUEÎ
Par lil spécial t
BUREAUX
29, RUE DE LA RAMPE, BREST
Champ-de-Bataille
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W TELEGRAMMES
Parts, le 1" décembre, 9 h. 1/2 soir.
A L'ÉLVSÉE
Le président de la République a reçu, ce
matin, l'amiral Harrera.
CONSEIL DE CABINET
Les ministres se sont réunis, ce matin,
en conseil de cabinet, au ministère de l'in-
térieur, sous la présidence de M. Charles
Dupuy.
Ils ont procédé à l'expédition des affaires
courantes et se sont occupés des questions
qui vont venir en délibération devant les
Chambres.
Au Sénat, où l'on doit discuter prochai-
nement la proposition tendant à la sup-
pression de la publicité des exécutions ca-
pitales, le gouvernement appuiera la pro-
position.
La Chambre va être appelée, très pro-
chainement, à s'occuper de l'application de
la loi du 29 décembre 1897, relative à la
suppression des droits d'octrois sur les
boissons hygiéniques.
Le gouvernement a été amené à recher-
cher quelle était la date d'application de
cette foi.
L'article 1er porte suppression ou réduc-
tion des droits d'octroi « à partir du 31 dé-
cembre de l'année qui suivra celle au cours
do laquelle la loi a été promulguée. »
Il s'agissait de savoir, dès lors, si l'ap-
plication devait commencer après le 31
décembre 1898 ou le 31 décembre 1899, les
ministres des finances qui se sont succédé
depuis la promulgation de la loi ayant
été d'avis opposés.
Le gouvernement a consulté le conseil
d'Etat, qui a émis l'avis que la loi était
exécutoire à partir du 1er janvier 1899.
Le gouvernement fera connaître cet avis
à la Chambre.
Le conseil s'est, enfin, occupé des cas de
peste bubonique qui se sont déclarés à Ta-
matave.
En dehors des mesures énergiques qu'a
prises le général Galliéni, pour empêcher
l'extension du fléau à Madagascar, il est
question d'appliquer les prescriptions de
la conférence sanitaire internationale de
Venise, et, notamment, de soumettre les
voyagéurs partant de l'île à destination
d'Europe à un examen préalable, pour
éviter qu'ils ne transportent le germe du
mal dans le pays où ils se rendent.
Echos Parlementaires
AU PALAIS BOURBON
L'impôt sur lo revenu
La Chambre, réunie dans ses bureaux, a
nommé, aujourd'hui, la commission char-
gée d'examiner le projet Peytral sur l'im-
pôt sur le revenu.
Ont été élus :
1" bureau. — MM. Dulau, Chastenet et
Dansette, hostiles au projet;
2v bureau. — MM. Trouillot, Aymon,
Charles Gras, qui acceptent comme pis-
aller le projet, en attendant une réforme
plus radicale ;
3« bureau. — MM. Cassou, Boudenoot et
Constant, qui acceptent avec des réserves
nombreuses ;
4« bureau. — MM. Bazille, Muzet et
Guillemet; le premier accepte le projet
Peytral, qu'il eut désiré cependant voir se
rapprocher davantage du projet Doumer ;
le second est hostile et préférerait le pro-
jet Cochery; le troisième a insisté pour
l'adoption de son projet intermédiaire;
5e bureau. — MM. Rose, Denys Cochin
et Gaston Menier, hostiles au projet ;
6e bureau. — MM, Plichon, de la Batut
et Claudinon, favorables avec réserves:
7c bureau. — MM. Pajot, Merlou et Ma-
gnodet, hostiles au projet Peytral, sont fa-
vorables à l'impôt global et progressif;
8e bureau. — MM. Cailbaux, François
Hugues et Chenavas. Les deux premiers
accoptent le projet comme un minimum,
le dernier lui est hostile ;
0<> bureau. — MM. Roy, Sembat et Ma-
ret. Favorables à l'impôt global et pro-
gressif, hostiles au projet actuel ;
10e bureau. — MM. Bouvier, Viviani et
Mesureur. Le premier acceptant le projet
simplement comme base de discussion, les
autres hostiles et réclamant l'impôt global
et progressif ;
lie bureau. — MM. Cruppi, Alasseur et
Massabuau. Acceptent le projet, mais avec
de nombreuses réserves.
Commission oie l'enseignement
La commission de l'enseignement, dont
la Chambre a récemment voté la nomina-
tion, est ainsi composée :
1er bureau, MM. l'abbé Lemire, Porteux,
Poition, partisans de la liberté de l'ensei-
gnement ; 2e bureau, MM. Villejean, Ger-
vais, Chassaing, tous les trois partisans
du monopole de l'Etat ; 3e bureau, MM.
Aynard, Prachet, Perreau, pour la li-
berté ; 4e bureau, MM. Couyba, Déribéré-
Desgardes, Henri Blanc ; 5e bureau, MM.
Deshayes, de Mun, Bouyère, adversaires
du monopole ; 6e bureau, MM. Gallot,
Bussières, Ville, partisans du monopole ;
7e bureau, MM. Delarue, Baudon, Dubois,
le premier pour le monopole, les autres
demandant une complète modification du
régime actuel; 8e bureau, MM. Piou,
Sauzet, Fernand Brun, les deux premiers
partisans du maintien de l'état de choses
actuel, le troisième disposé à faire cer-
tains avantages aux élèves universitaires ;
9e bureau, MM. Isambert, pour lo mono-
pole, Massé et Beauregard pour la liberté
de l'enseignement ; 10e bureau, M. Le-
vraud, qui a soutenu sa proposition, Rai-
berti et Guénaud, qui font de nombreuses
réserves ; 11e bureau, MM. Ribot, Her-
mand, de Lanessan, pour le maintien de
la situation actuelle.
ftomifement de /'armée. — L'aîné de sept
cnfc.nts
Aux termes do lo loi militaire da 15
juilbt 1889, l'ainé des fila d'une famille de
sept enfants est, après un an de présence
sous les drapeaux, envoyé dans ses foyers
jusqu'à la date de son passage dans la
réserve.
Il résulte de cette disposition qu'une
famille composée de plus de sept enfants
(ces enfants seraient-ils au nombre de dix,
douze et davantage) ne jouit pas de faveurs
plus étendues.
Une centaine de députés appartenant à
toutes les opinions, et parmi lesquels on
relève les noms des représentants du
Rhône, de la Vendée, de la Seine-Infé-
rieure et de la Seine, ont décidé, pour re-
médier à cet état de choses, de déposer la
proposition suivante :
a Article unique. — Le paragraphe 3 de
l'article 21 de la loi militaire est modifié
comme suit :
« Article 21. — En temps de paix, après
« un an de présence sous les drapeaux,
« sont envoyés, etc., le fils unique ou
« l'aîné des fils d'une famille de sept en-
« fants, et, lorsque la famille est plus
« nombreuse, tous les ainés au-dessus de
« sept enfants. »
saÉijq-AT?
LA SÉANCE
La séance est ouverte à 3 h. 1/4.
M. Loubet préside.
L'instruction préalable devant les conseils
de guerre
Le Sénat reprend la suite de la discus-
sion de la proposition Constans, sur l'ins-
truction préalable devant les conseils de
guerre.
M. Jean Dupuy, rapporteur, fait connaî-
tre que la commission a décidé que la nou-
velle loi ne serait pas applicable à l'ins-
truction préalable à la caserne et que l'in-
culpé ne pourrait pas se faire assister par
une personne autre qu'un avoué ou un
avocat, et qu'enfin elle n'admettrait pas
d'exception dans les procès intéressant la
défense du territoire et la sécurité de
l'Etat.
MM. de Marcère, Bérenger et de Frey-
cinet présentent ensuite quelques observa-
tions.
M. Fresneau signale diverses difficultés
d'application de la loi, « qui, dit-il, n'est
réclamée par personne dans l'armée », et
demande le renvoi à la commission.
Le rapporteur déclare que la commis-
sion, d'accord avec le gouvernement, n'ac-
cepte pas le renvoi.
L'article unique du projet est adopté.
M. de Marcère développe une disposi-
tion additionnelle ayant pour objet d'ex-
cepter de la lof les cas particuliers où la
sûreté de l'Etat et la sûreté nationale se-
raient en cause dans l'affaire soumise au
conseil de guerre.
Après échange d'observations entre MM.
de Lamarzelle, Dupuy, rapporteur, et de
Freycinet, l'amendement de M. de Mar-
cère est repoussé par 196 voix contre 52.
L'ensemble du projet est adopté.
La procédure de révision
M. Waldeck-Rousseau dépose, au nom
d'un grand nombre de ses collègues, et lit
une proposition ayant pour but de per-
mettre à la cour de cassation d'ordonner
la suspension de poursuites qu'elle juge
prématurées ou qui pourraient entraver
ta procédure de révision.
M. Waldeck-Rousseau. - lia paru res-
sortir clairement de débats récemment en-
gagés devant les deux Chambres, qu'une
invitation a été adressée à la cour de cas-
sation d'avoir à exôrcer ou de n'avoir pas
à exercer son pouvoir discrétionnaire.
Nous croyons que les pouvoirs de la
cour n'ont pas l'étendue qu'on leur prête.
Elle peut ordonner des enquêtes et des
constatations et employer tous les moyens
de nature à faire apparaître la vérité, mais
les jurisconsultes ne pensent pas qu'elle
puisse dessaisir un autre tribunal réguliè-
rement saisi.
Ce serait là un fait qui ne peut être ac-
compli qu'au moyen d'un arrêt.
Nous avons cru, d'autre part, que tous les
conflits judiciaires ne peuvent être tran-
chés que par l'autorité judiciaire eîle-
même, et alors, ayant examiné l'article
445, nous avons vu qu'il contenait une la-
cune.
La loi de 1895 a fait de la cour de cassa-
tion le juge du fond en matière de révi-
sion.
Si donc il y a conflit, il doit être résolu
au profit de la juridiction supérieure.
La proposition soumise au vote du Sénsft >
n'est pas de circonstance.
Elle survivra aux événements actuels.
Nous demandons l'urgence et le renvoi
à la commission saisie de l'examen des
modifications du code d'instruction crimi»
nelle. (Très bien ! sur un certain nombre de
bancs.)
Le garde des sceaux. — Le gouverne-
ment se réserve d'examiner au fond cette
proposition de loi.
Le Sénat n'est saisi, quant à présent,
que du point de savoir s'il y a lieu ou non
de déclarer l'urgence.
A cet égard, je ne suivrai pas M. Wal-
deck-Rousseau dans les développements
qu'il a présentés en ce qui concerne l'ur-
gence.
Je me permets de faire respectueuse-
ment remarquer au Sénat qae la déclara-
tion d'urgence pourrait avoir pour effet
de donner à cette loi le caractère de loi de
circonstance contre lequel son auteur a
protesté il y a un instant.
M. Fabre. — C'est vrai, c'est une loi de
circonstance.
On passe au vote : 113 sénateurs se pro-
noncent pour l'urgence et 113 contre.
L'urgence n'est pas prononcée.
La proposition est renvoyée à la com-
mission d'initiative, et non, comme le
demandait M. Waldeck-Rousseau, à la
commission qui examine la proposition
Constans.
La séance est levée à 6 h. 20.
Séanco lundi.
LA MARINE ALA CHAMBRE
Distribution de cartes marines. — La
radiographie
Un amendement de M. Gautret au bud-
get du ministère de la marine demande
une augmentation du crédit de 2,000 fr.,
pour distribuer des cartes marines aux
meilleurs patrons pêcheurs désignés par
l'autorité maritime.
Plusieurs députés demandent, sur le
budget du même département, une aug-'
mentation de 35,000 fr. pour achat de cin-
quante appareils de radiographie et de ra-
dioscopie, destinés à être répartis dans les
hôpitaux maritimes et les principaux na-
vires de guerre.
La même augmentation est demandée,
dans le même but, pour le ministère de la
guerre, pour les hôpitaux militaires et le
matériel des ambulances.
lï
S
Les déclarations de M. Ch. Dupuy
On lit dans la Liberté :
« Quelques personnes ont paru attacher
une certaine importance à une modifica-
tion apportée par M. Charles Dupuy, pré-
sident du conseil, a une phrase du dis-
cours qu'il a prononcé, avant-hier, au
Sénat en réponse à la question de M.
Monis.
« Le président du conseil avait, après
avoir parlé longuement déjà, qualifié de
« discrétionnaire » le pouvoir de la cour
de cassation.
« A l'Officiel le mot « discrétionnaire »
ne figure pas.
«Nous croyons savoir que si, par ha-
sard, il est interrogé à ce sujet, M. Charles
Dupuy répondra qu'il n'a mis là aucune ha-
bileté et que sa seule intention, en appor-
tant cette modification sur les épreuves, a
été de ne pas laisser, dans son discours,
un terme qui, très précis au point de vue
juridique, présente, dans le langage ordi-
naire, une signification plus vague et plus
étendue, et qui équivaut presque au mot
« arbitraire ».
« Le président du conseil qui, comme il
l'a déclaré à la Chambre et au Sénat, veut,
avant tout, éviter pour le gouvernement
tout soupçon d'arbitraire, n'a pas voulu
qu'on pût croire qu'il conseillait « l'arbi-
traire » aux autres. »
L'enquête de la cour de cassation
Reprenant son enquête sur l'affaire
Dreyfus qu'elle avait interrompue, hier,
la chambre criminelle de la cour de cassa-
tion a continué, aujourd'hui, l'audition du
colonel Picquart.
Le cas du colonel Picquart
L'agence Nationale se dit on mesure
d'affirmer qu'en ce qui concerne l'affaire
Picquart, la cour de cassation laissera,
pour le moment, « les choses on l'état »,
Le cours de M. Buisson. — Manifestation
hostile
Le cours public de M. Buisson, à la
Sorbonne, a été ouvert, ce soir, à cinq
heures, dans l'amphithéâtre provisoire.
L'attitude qu'a prise M. Buisson, relati-
vement à l'affaire Dreyfus, semble avoir
excité, contre l'honorable professeur l'ani-
mosité d'une partie des étudiants.
Depuis quelques jours, on annonçait
dans les cafés du Quartier latin des mani-
festations pour l'ouverture de son cours.
Ces manifestations ont commencé, au-
jourd'hui, dès une heure et demie.
Deux ou trois cents étudiants se sont
groupés devant la façade du monument,
rue des Ecoles, ont conspué pendant quel-
ques minutes M. Buisson, et crié : «Vive
f armée I »
Puis ils se sont reformés en colonnes et
se sont rendus, boulevard Montparnasse,
devant la maison qu'habite M. Buisson.
Là ils ont renouvelé leurs cris hostiles.
A cinq heures, de nouvelles manifesta-
tions se sont produites à l'arrivée de M.
Buisson à la Sorbonne.
Quand M. Buisson a pris la parole, il a
été vivement interrompu, mais les tapa-
geurs ont été expulsés et le cours a con-
tinué.
Une lettre de M. Charles Dupuy
L'armée et la démocratie
A la suite d'une interview de M. Charles
Dupuy, publiée par M. Adolphe Brisson
dans le Figaro, le président du conseil a
adressé à notre confrère la lettre suivante :
Cher monsieur,
J'ai lu hier, et relu ce matin, le portrait que
vous avez fait de moi dans le Figaro. C'est
bien cela, mais en mieux, et vous m'avez fait
meilleur que je ne puis être, étant donne
l'ordinaire infirmité humaine.
En tout cas, vous avez rendu généralement
avec exactitude et précision mes sentiments
et mes aspirations, et je vous en remercie de
tout coeur. .,
Sur un point seulement nous semblons ne
pas nous être très bien compris. Vous me
faites dire qu'il y a entre l'armée et la démo-
cratie une contradiction nécessaire, et que
cette contradiction crée dans ce pays une équi-
voque qui dure depuis vingt-huit ans. Ce n'est
ms tout à fait cela.
J'ai dit que c'était miracleque nous eussions,
depuis vingt-huit ans, fait vivre et grandir,
d'ane part une république dans l'Europe mo-
narchique, d'autre part une armée fortement
hiérarchisée dans une démocratie égalitaire.
Et j'ai ajouté qu'il y aurait là une équivoque,
si l'antithèse n'était effacée et résolue par
l'amour de la patrie, culte commun et indé-
racinable des Français. Vous voyez la difïé-
roues.
La vie nous impose d'accorder des choses
qui à première vue, semblent s'opposer.
L'amour d'un idéal, un sentiment commun à
toute l'âme nationale, fond les oppositions et
réalise, par consentement mutuel, l'harmonie
et l'unité. Et ici, l'idéal, l'objet de l'amour qui
vivifie et unifie, c'est la Patrie.
Voilà ma pensée très nette. J'ai cru néces-
saire de vous la dire simplement, nettement.
Croyez, je vous prie, à mes sentiments de
cordiale sympathie. ch. DUPUY.
La paix hispano-américaine
Aux Philippines
Madrid, 1er décembre.
Suivant des nouvelles reçues des Phi-
lippines, les insurgés seraient décidés à ne
pas reconnaître la domination américaine
et à entreprendre contre elle une guerre à
outrance.
Dans cè cas, on estime que les Améri-
cains auront besoin de 70,000 hommes
pour réduire la rébellion.
Les insurgés retiennent prisonniers
10,000 soldats espagnols pour les obliger
à entrer dans leurs rangs contre les Amé-
ricains,
COLONIES
Promotion et nomination
Le sous-commissaire des colonies Nesly
est promu commissaire-adjoint.
Les aides-commissaires Bertrand,Gailhac
et Michaux sont promus sous-commis-
saires de 2e classe.
Les élèves brevetés de l'école coloniale
Caries, Douveon et Lippmann sent nom-
més aides-commissaires.
Les élèves brevetés d'Arboussier et Ar-
naud sont nommés administrateurs sta-
giaires et appelés à servir au Soudan,
ainsi que MM. Cochard et Grafie, classés
après concours.
La peste bubonique
Une dépêche adressée du Caire au Daily
Mail, et que nous reproduisons sous les
plus expresses réserves, signale l'appari-
tion de la peste bubonique à Suez.
ÂFFÀIRESJE CRÈTE
Le prince Georges de Grèce. — Prise
de possession du gouvernement
La Canée, 1er décembre.
Le prince Georges de Crète arrivera à
La Sude à bord du yacht royal grec.
Il sera escorté par une canonnière de
chacune des quatre puissances.
A son arrivée, les amiraux arboreront
le drapeau grec et une salve de 21 coups
de canon sera tirée.
Le doyen des amiraux présentera ses
collègues au prince.
Celui-ci rendra, probablement, visite
aux amiraux à leur bord.
Aussitôt débarqué, le prince se rendra
en voiture à La Canée avec les amiraux,
qui doivent lui remettre, dans cette ville,
le gouvernement de l'île.
Le drapeau grec sera hissé sur la rési-
dence du prince et une autre salve de 21
coups de canon sera tirée.
mJtuêmmmammKxmKmmmmt i ni ■ ■ 11. ^ ii'wmwwBMWi
Voir à la 3° page nos télégrammes
de dernière heure
CHRONIQUE LOCALE
Situation atmosphérique. — Le baromètre
est en hausse de 3 '"/» à Valentia, 4 "/" à Brest,
9 ■»/"' à Biarritz..
Les pressions se répartissent comme il suit : 732 ■»/■»
à Christiansund ; 745 "V" à Stornoway et Hermo-
fjand ; 755 »/» à Belmullet, Hambourg, Riga; 760"7<»
à Valentia, Berlin, Moscou ; 765 m/° à Nantes, Bres-
lau, Charkow ; 772 »/" a Lisbonne.
Et) Bretagne, le temps va demeurer variable, par
vent des régions Ouest modéré ou assez fort.
— Obseivations météorologiques relovées â l'obser-
vatoire de Brest, le 30 novembre, à huit heures
du soir, et le l" décembre, à sept heures du matin
et à midi.
Hauteur barométrique à zéro et au niveau de la mer:
759.6, Î62.0. 763.9. — Température en degrés centi-
grades : 9.2, 9 0, 12.0. — Etat hygrométrique :
97. 95, 76. — Pluie tombée du 30 novembre au
1« décembre : 1 "V™ 50. — Direction etlorcedu vent :
O.-N.-O. 1, O-.N.-O. 2, N.-Q, 1.
Heures «les marées. — Aujourd'hui ven-
dredi 2 décembre : Pleine mer à Brest à 6 h. 55 du
matin et à C h. 34 du soir ; basse mer à minuit 16 et
à midi 34.
Demain samedi 3 décembre : Pleine mer à Brest à
6 h. 53 du matin et à 7 h. 12 du soir ; basse mer à
minuit 53 et à 1 h. 13 du soir.
Calendrier. — Aujourd'hui vendredi 2 décem-
bre, sainte Aurélie. — Soleil : lever A 7 h. 35;
coucher à i h. 4. Lune : lever à 8 h. 1 du soir ;
coucher à 10 h. 40 du matin.
Demain samedi 3 décembre, saint Claude. — Soleil :
lover à 7 h. 37 ; coucher a 4 h. 3 . Lune : lever à
9 h. 7 du soir ; coucher à H h. 5 du matin.
Epbéinérides. — 1725. — Prise de Mahè par la
divicion du capitaine de Pardaillan.
Élections municipales complémentaires
2" TOUR DE SCRUTIN
En raison du nombre inquiétant
d'abstentions constaté dimanche der-
nier, nous croyons devoir rappeler
aux électeurs :
l°Que le scrutin s'ouvrira dimanche
à huit heures du matin;
2° Que le scrutin sera fermé à
QUATRE HEURES de l'après-midi.
Les ouvriers métallurgistes et les méca-
niciens de la marine n'ont pas voulu man-
quer à l'habituelle célébration de la Saint-
Eloi.
Dans l'après-midi, nos rues ont été fort
animées par les chants joyeux des disciples
du saint ministre du bon roi Dagobert.
Dans la soirée, comme chaque année,
divers banquets ont eu lieu.
Le groupe central de la réserve
Les mécaniciens du Tonnerre, du Fulmi-
nant, de la Victorieuse, et de l'Onondaga
se sont réunis, hier soir, à cinq heures,
au café Dauzier, rue d'Aiguillon, sous la
présidence de M. Cuisinier, 1" maître
mécanicien, où ils ont offert un apéritif à
MM. Guiberteau, capitaine de frégate,
commandant ce groupe de bâtiments;
Terquem, lieutenant de vaisseau, second ;
Didier, mécanicien principal de 1™ classe,
et Ceyrac, aide-commissaire.
Après avoir remercié ces officiers d'a-
voir accepté leur invitation et après avoir
bu à leur santé, les mécaniciens se sont
rendus, à six heures, au restaurant de la
Glacière, où un banquet les attendait.
A la même heure, avait lieu au même
restaurant le banquet donné par les mé-
caniciens de la Vienne, sous la présidence
de M. Mahé.
Ces banquets, empreints de la plus
franche gaieté, se sont terminés par des
chansonnettes et monologues.
Le « Gaulois » et le « Tage »
Le soir a eu lieu, à la salle de Venise,
le bal donné par les mécaniciens du Gau-
lois et du Tage, sous la présidence d'hon-
neur de M. Le Barazer, maître mécanicien
du Gaulois.
A 8 h. 1/2, l'entrée du bal s'est faite aux
accents de la Marseillaise. MM. Arquier,
quartier-maître mécanicien, du Tage, pré-
; sident, offrait le bras à Mlle Jeanne Jon-
trec, et Berric, quartier-maître, du Gaw-
ZOJ'S, âMlîe Jeanne Gourté, deux charmantes
jeunes filles aux ravissantes toilettes.
A neuf heures, l'entrée officielle a lieu.
MM. Tricard, mécanicien principal de 1"
classe, du Tage, Le Brun, mécanicien
principal de 1'' classe, du Gaulois, repré-
sentant le commandant Gadaud, empêché;
Lafrogne, lieutenant de vaisseau; de Pen-
fentenyo, Richard, enseignes ; Montigny,
mécanicien principal de 2« classe, du Gau-
lois ; Le Bronze, 1er maître mécanicien, du
Tage, et Bellec, 1er maître mécanicien, du
Gaulois, vont prendre place sur la scène.
Aussitôt, les danses commencent par un
brillant quadrille.
A dix heures, les membres du comité
réunissent les officiers et leur offrent UD
vin d'honneur.
M. Barazer, maître mécanicien, prési-
dent d'honneur, porte un toast dans les
termes suivants :
Messieurs les officiers,
Au nom des sociétaires, je vous remercie
de l'honneur que vous nous faites en accep-
tant notre invitation.
Vous nous donnez là, messieurs, une mar-
que de sympathie dont nous vous sommes re-
connaissants. Je vous prie d'être nos inter-
prètes auprès des commandants du Tage et
du Gaulois, que vous représentez, et de les
remercier sincèrement, de notre part, de la
bienveillance qu'ils ont toujours eue pour
nous.
Je termine en vous disant, an nom de tous,
que nous sommes heureux et fiers de servir
sous vos ordres.
Je bois à la santé des commandants et des
officiers du Tage et du Gaulois.
M. Lafrogne, lieutenant de vaisseau du
Gaulois, prend ensuite la parole et s'ex-
prime à peu près dans ces termes :
Au nom des officiers, je vous remercie du
charmant accueil que nous avons reçu.
Vous venez de nous dire que vous étiez
fiers de servir sous les ordres d'officiers tels
que nous ; eh bien, nous aussi, nous sommes
fiers d'avoir sous nos ordres des serviteurs
tels que vous.
Vous nous dites qu'en venant ici, nous
vous donnons une marque de sympathie. A
bord, nous suivons vos travaux et vos fati-
gues, il est juste que nous participions aussi
5 votre amusement.
Je bois aux mécaniciens.
M. Tricard, mécanicien principal de
Ire classe, prend ensuite la parole et re-
mercie le comité de l'avoir invité â sa fête,
invitation qui l'a vivement touché de la
part de ses subordonnés, dont tous\, les
jours il apprécie la valeur et l'abnégation.
Il termine en levant son verre aux méca-
niciens et aux commandants.
A minuit, une quête a été faite au profit
des veuves et orphelins.
Les danses ont recommencé aussitôt
pour ne se terminer qu'à cinq heures du
matin.
En somme, belle fête, qui fait le plus
grand honneur aux mécaniciens du Tage
et du Gaulois.
Détail rétrospectif :
Le matin à neuf heures, une délégation
des mécaniciens du Tage s'était rendue
dans la chambre de M. Tricard, mécani-
cien principal de lre classe, pour lui offrir
une corbeille de fleurs.
La délégation s'est ensuite rendue chez
M. Le Bronze, maître mécanicien, au carré
des officiers et chez le commandant en se-
cond, M. Saget, capitaine de frégate, puis
au carré des maîtres, où ils ont offert des
bouquets et des corbeilles.
A une heure, ils se sont rendus chez M.
Saint-Paul de Sinçay, capitaine de vais-
seau commandant le Tage, rue Saint-Yves,
3, et lui ont offert Une superbe corbeille de
fleurs.
M. Saint-Paul de Sinçay a été vivement
touché de cette marque d'affection de ses
subordonnés et leur a promis de prendre
avec eux l'apéritif ce matin.
A bord du Gaulois, MM. Grall, élève,
Berric et Challony, quartiers-maîtres, et
Charles, ouvrier, ont offert au comman-
dant Gadaud une belle corbeille de fleurs.
Tout en les remerciant. M. Gadaud leur a
souhaité beaucoup de plaisir et accordé
une permission de quarante-huit heures.
Chez M. Bouxin, capitaine de frégate, se-
cond, ils ont eu le même accueil, ainsi qu'au
carré des officiers et au poste des maHres.
Aujourd'hui à midi aura lien, dans la
même salle, le banquet donné par les mé-
caniciens des deux bâtiments.
Les mécaniciens du « Charlemagne »
Los mécaniciens du Charlemagne, au
nombre de 42 seulement, car les permis-
sions données avaient été très restreintes,
se sont réunis hier soir, au café des Mes-
sageries.
Cette petite fête, qui avait été organisée
principalement par MM. Le Guellec et
Dupuis, a été des plus cordiales.
La salle avait été brillamment décorée
de drapeaux et de verdure par les soins du
gérant du café des Messageries, M.Briant.
Voici, d'autre part, le menu auquel les
convives, inutile de le dire, ont fait hon-
neur :
Potage gras pâte d'Italie. — Hors d'oeuvre !
anchois, crevettes, beurre. — Poisson : tur»
bot sauce cabestan. — Entrées : canards ven-
tilateurs, civet de lièvre torpilleur, noix d«
veau au condenseur. — Rôti : gigot à la sauce
dynamo. — Légumes : choux de Bruxelles,
salade russe. — Fromage. — Pièce montée,
fruits. — Vin blanc, vin rouge, eafé aux trois
couleurs.
Le président a prononcé une courte allo-
cution dans laquelle il a exprimé tous ses
voeux pour que tous les assistants se re-
trouvent au prochain banquet de la Saint-
Eloi, et il a terminé en recommandant à
tous ses camarades de s'amuser dignement
pendant le reste de la soirée.
Ce matin, les mécaniciens du Charle-
magne se réuniront dans un déjeuner à 1»
fourchette.
.%
Jusqu'à une heure assez avancée de la
nuit, nos rues ont été assez bruyantes ; fil
y a eu des rires, des chants, des cris, mais
nulle part aucun désordre qui puisse être
mis sur le compte des joyeux disciples de
la Saint-Eloi.
Vers huit heures du seir, une rixe a
éclaté, rue Suffren, entre plusieurs sol-
dats et des civils.
D'autre part, un militaire qui avait bu
jusqu'à l'ivresse complète cassa divers
objets dans un débit. Comme dans son.
LE NUMÉRO : CINQ CENTIMES
VENDREDI 2 DÉCEMBRE 1898
JOURNAL RÉPUBLICAIN
Quotidien du Matin
BUREAUX :
29, RUE DE LA RAMPE, BREST
Champ-de-Bataille
ABONNEMENTS
Finistère et limitr. 1 an, 20 f.; 6 m., il f.; 3 m., 6f.
France — 28 — 15 — 8
Colonies — 32 - 17 — 9
épêche
Les Abonnements partent des itr et iS
et sont payables d'avance.
LES PERES
NSC
ITS
jua fortune du Sénat est singu-
lière.
Il y a quelque six mois, alors que
la fièvre électorale atteignait la tem-
pérature maxima, nous assistions
à un véritable déchaînement de co-
lères contre la Haute Assemblée.
Ceux que l'on appelait irrévéren-
cieusement les Pères Conscrits —
quand on ne les accablait pas des
épithètes les plus malsonnantes,
quand on ne les affublait pas des
adjectifs les plus graveleux—voyaient
leur existence politique menacée par
"toute une armée, ardente et disci-
plinée : l'armée coalisée des radi-
caux, des socialistes et de quelques
autres groupes d'enflammés.
Il était très bien porté à ce moment
de réclamer la fermeture de cette
Chambre, assimilée fréquemment —
oh ! combien ! — à une chambre de
malades et d'impotents — voire de
pestiférés.
Nous avons entendu, ici même, en
2ette bonne ville de Brest, des candi-
dats réclamer les uns la mort sans
phrases, les autres l'extinction pro-
gressive et savamment calculée de
l'Assemblée sénatoriale.
Nous avons encore les oreilles
pleines des déclamations redondan-
tes de certains aspirants à la dépu-
tation. Aucun progrès démocratique
ne sera possible, aucune réforme ré-
publicaine ou sociale ne sera faisa-
ble, disaient ces apôtres, tant que
subsistera ce vieux palais du Luxem-
bourg où s'abritent les derniers sup-
pôts de la réaction et du clérica-
lisme. -
Sus au Sénat ! rcfétstij. le mot d'or-
dre du parti radical eeeialiste. Et il
est' bien certain' que si le suffrage
universel avait dotéia France de cinq
cents députés nuanoe- Jaurès, Léon
Bourgeois ou Mésairôûr, les pauvres
Pères Conscrits seraient, ■ à l'heure
actuelle, dans la plus triste posture.
— Etes-vous partisan de la sup-
pression du,Sénat ?; Etes-vous pour
son maintien ? clamaient les électeurs
influents, du sein des tabagies tumul-
tueuses où l'on allait, en ce mois de
mai béni, entendre la bonne parole
dans l'horreur des réunions pu-
bliques.
Si oui, le candidat était applaudi,
acclamé, porté en triomphe ; si non,
c'était le sifflet, et le sifflet à roulettes
par dessus le marché, avec tout l'ac-
compagnement formidable des huées,
des pommes cuites, des bousculades,
des coups de poing dans la salle.
On voyait alors des électeurs,
blêmes, s'écrier avec de grands gestes
tragiques :
— Il ne veut pas supprimer le
Sénat, la canaille 1
Et ces braves gens avaient des
crises de nerfs.
Or, voyons un peu ce qui se passe
aujourd'hui même, six mois après le
grand tintamarre électoral, et pendant
que M. Léon Bourgeois, Champenois
plus malin que le plus malin des
Normands, s'en va faire un. petit
voyage en Macédoine, car vous n'i-
gnorez point le départ du chef des
radicaux pour les régions du Pinde.
Le Sénat ? Savez-vous ce qu'il
vient de faire, le Sénat ? Savez-vous
de quoi sont capables ces vieilles
barbes ?
Le citoyen Jaurès nous le dit très
carrément, avec cette rude franchise
dont il est coutumier : « Le Sénat
vient de sauver la liberté des citoyens
et de sauver aussi l'honneur de la
France. C'est lui, le Sénat — et non
la Chambre, qui paraît jouer le
rôle décisif dans la solution suprême
de la grande crise. »
Ces paroles seraient évidemment à
retenir, à encadrer. Il faudrait les con-
server précieusement pour les grandes
batailles électorales de l'avenir, afin
de les opposer aux déclamations qui
se produiront alors, comme elles se
sont produites déjà, dans le camp des
radicaux et des socialistes.
Mais, à quoi bon ?
A cette époque probablement en-
3ore éloignée, le temps aura fait son
oeuvre. Et si, d'aventure, on rappelle
au citoyen Jaurès ou aux cous-Jaurès
les paroles prononcées en 1898, ils
répondront tou,:;, avec une énergie
farouche :
— Le Sénat !... Qu'on nous débar-
rasse donc de ces...
Ici viendront se placor les qualifi-
catifs les plues grossiers, qu'il OR*
inutile de préciser d'avance.
Vais COUDtFRIEB.
-O E JE3JFV E S T
H.èâ.a,ote\a.i? en Cnef = Louis COUD u HIER
INFORMATIONS 1ÉLÉGRAPHIQUEÎ
Par lil spécial t
BUREAUX
29, RUE DE LA RAMPE, BREST
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Faits Divers 1 > —
Tarif décroissant
pour les annonces plusieurs fois répêtêeh
W TELEGRAMMES
Parts, le 1" décembre, 9 h. 1/2 soir.
A L'ÉLVSÉE
Le président de la République a reçu, ce
matin, l'amiral Harrera.
CONSEIL DE CABINET
Les ministres se sont réunis, ce matin,
en conseil de cabinet, au ministère de l'in-
térieur, sous la présidence de M. Charles
Dupuy.
Ils ont procédé à l'expédition des affaires
courantes et se sont occupés des questions
qui vont venir en délibération devant les
Chambres.
Au Sénat, où l'on doit discuter prochai-
nement la proposition tendant à la sup-
pression de la publicité des exécutions ca-
pitales, le gouvernement appuiera la pro-
position.
La Chambre va être appelée, très pro-
chainement, à s'occuper de l'application de
la loi du 29 décembre 1897, relative à la
suppression des droits d'octrois sur les
boissons hygiéniques.
Le gouvernement a été amené à recher-
cher quelle était la date d'application de
cette foi.
L'article 1er porte suppression ou réduc-
tion des droits d'octroi « à partir du 31 dé-
cembre de l'année qui suivra celle au cours
do laquelle la loi a été promulguée. »
Il s'agissait de savoir, dès lors, si l'ap-
plication devait commencer après le 31
décembre 1898 ou le 31 décembre 1899, les
ministres des finances qui se sont succédé
depuis la promulgation de la loi ayant
été d'avis opposés.
Le gouvernement a consulté le conseil
d'Etat, qui a émis l'avis que la loi était
exécutoire à partir du 1er janvier 1899.
Le gouvernement fera connaître cet avis
à la Chambre.
Le conseil s'est, enfin, occupé des cas de
peste bubonique qui se sont déclarés à Ta-
matave.
En dehors des mesures énergiques qu'a
prises le général Galliéni, pour empêcher
l'extension du fléau à Madagascar, il est
question d'appliquer les prescriptions de
la conférence sanitaire internationale de
Venise, et, notamment, de soumettre les
voyagéurs partant de l'île à destination
d'Europe à un examen préalable, pour
éviter qu'ils ne transportent le germe du
mal dans le pays où ils se rendent.
Echos Parlementaires
AU PALAIS BOURBON
L'impôt sur lo revenu
La Chambre, réunie dans ses bureaux, a
nommé, aujourd'hui, la commission char-
gée d'examiner le projet Peytral sur l'im-
pôt sur le revenu.
Ont été élus :
1" bureau. — MM. Dulau, Chastenet et
Dansette, hostiles au projet;
2v bureau. — MM. Trouillot, Aymon,
Charles Gras, qui acceptent comme pis-
aller le projet, en attendant une réforme
plus radicale ;
3« bureau. — MM. Cassou, Boudenoot et
Constant, qui acceptent avec des réserves
nombreuses ;
4« bureau. — MM. Bazille, Muzet et
Guillemet; le premier accepte le projet
Peytral, qu'il eut désiré cependant voir se
rapprocher davantage du projet Doumer ;
le second est hostile et préférerait le pro-
jet Cochery; le troisième a insisté pour
l'adoption de son projet intermédiaire;
5e bureau. — MM. Rose, Denys Cochin
et Gaston Menier, hostiles au projet ;
6e bureau. — MM, Plichon, de la Batut
et Claudinon, favorables avec réserves:
7c bureau. — MM. Pajot, Merlou et Ma-
gnodet, hostiles au projet Peytral, sont fa-
vorables à l'impôt global et progressif;
8e bureau. — MM. Cailbaux, François
Hugues et Chenavas. Les deux premiers
accoptent le projet comme un minimum,
le dernier lui est hostile ;
0<> bureau. — MM. Roy, Sembat et Ma-
ret. Favorables à l'impôt global et pro-
gressif, hostiles au projet actuel ;
10e bureau. — MM. Bouvier, Viviani et
Mesureur. Le premier acceptant le projet
simplement comme base de discussion, les
autres hostiles et réclamant l'impôt global
et progressif ;
lie bureau. — MM. Cruppi, Alasseur et
Massabuau. Acceptent le projet, mais avec
de nombreuses réserves.
Commission oie l'enseignement
La commission de l'enseignement, dont
la Chambre a récemment voté la nomina-
tion, est ainsi composée :
1er bureau, MM. l'abbé Lemire, Porteux,
Poition, partisans de la liberté de l'ensei-
gnement ; 2e bureau, MM. Villejean, Ger-
vais, Chassaing, tous les trois partisans
du monopole de l'Etat ; 3e bureau, MM.
Aynard, Prachet, Perreau, pour la li-
berté ; 4e bureau, MM. Couyba, Déribéré-
Desgardes, Henri Blanc ; 5e bureau, MM.
Deshayes, de Mun, Bouyère, adversaires
du monopole ; 6e bureau, MM. Gallot,
Bussières, Ville, partisans du monopole ;
7e bureau, MM. Delarue, Baudon, Dubois,
le premier pour le monopole, les autres
demandant une complète modification du
régime actuel; 8e bureau, MM. Piou,
Sauzet, Fernand Brun, les deux premiers
partisans du maintien de l'état de choses
actuel, le troisième disposé à faire cer-
tains avantages aux élèves universitaires ;
9e bureau, MM. Isambert, pour lo mono-
pole, Massé et Beauregard pour la liberté
de l'enseignement ; 10e bureau, M. Le-
vraud, qui a soutenu sa proposition, Rai-
berti et Guénaud, qui font de nombreuses
réserves ; 11e bureau, MM. Ribot, Her-
mand, de Lanessan, pour le maintien de
la situation actuelle.
ftomifement de /'armée. — L'aîné de sept
cnfc.nts
Aux termes do lo loi militaire da 15
juilbt 1889, l'ainé des fila d'une famille de
sept enfants est, après un an de présence
sous les drapeaux, envoyé dans ses foyers
jusqu'à la date de son passage dans la
réserve.
Il résulte de cette disposition qu'une
famille composée de plus de sept enfants
(ces enfants seraient-ils au nombre de dix,
douze et davantage) ne jouit pas de faveurs
plus étendues.
Une centaine de députés appartenant à
toutes les opinions, et parmi lesquels on
relève les noms des représentants du
Rhône, de la Vendée, de la Seine-Infé-
rieure et de la Seine, ont décidé, pour re-
médier à cet état de choses, de déposer la
proposition suivante :
a Article unique. — Le paragraphe 3 de
l'article 21 de la loi militaire est modifié
comme suit :
« Article 21. — En temps de paix, après
« un an de présence sous les drapeaux,
« sont envoyés, etc., le fils unique ou
« l'aîné des fils d'une famille de sept en-
« fants, et, lorsque la famille est plus
« nombreuse, tous les ainés au-dessus de
« sept enfants. »
saÉijq-AT?
LA SÉANCE
La séance est ouverte à 3 h. 1/4.
M. Loubet préside.
L'instruction préalable devant les conseils
de guerre
Le Sénat reprend la suite de la discus-
sion de la proposition Constans, sur l'ins-
truction préalable devant les conseils de
guerre.
M. Jean Dupuy, rapporteur, fait connaî-
tre que la commission a décidé que la nou-
velle loi ne serait pas applicable à l'ins-
truction préalable à la caserne et que l'in-
culpé ne pourrait pas se faire assister par
une personne autre qu'un avoué ou un
avocat, et qu'enfin elle n'admettrait pas
d'exception dans les procès intéressant la
défense du territoire et la sécurité de
l'Etat.
MM. de Marcère, Bérenger et de Frey-
cinet présentent ensuite quelques observa-
tions.
M. Fresneau signale diverses difficultés
d'application de la loi, « qui, dit-il, n'est
réclamée par personne dans l'armée », et
demande le renvoi à la commission.
Le rapporteur déclare que la commis-
sion, d'accord avec le gouvernement, n'ac-
cepte pas le renvoi.
L'article unique du projet est adopté.
M. de Marcère développe une disposi-
tion additionnelle ayant pour objet d'ex-
cepter de la lof les cas particuliers où la
sûreté de l'Etat et la sûreté nationale se-
raient en cause dans l'affaire soumise au
conseil de guerre.
Après échange d'observations entre MM.
de Lamarzelle, Dupuy, rapporteur, et de
Freycinet, l'amendement de M. de Mar-
cère est repoussé par 196 voix contre 52.
L'ensemble du projet est adopté.
La procédure de révision
M. Waldeck-Rousseau dépose, au nom
d'un grand nombre de ses collègues, et lit
une proposition ayant pour but de per-
mettre à la cour de cassation d'ordonner
la suspension de poursuites qu'elle juge
prématurées ou qui pourraient entraver
ta procédure de révision.
M. Waldeck-Rousseau. - lia paru res-
sortir clairement de débats récemment en-
gagés devant les deux Chambres, qu'une
invitation a été adressée à la cour de cas-
sation d'avoir à exôrcer ou de n'avoir pas
à exercer son pouvoir discrétionnaire.
Nous croyons que les pouvoirs de la
cour n'ont pas l'étendue qu'on leur prête.
Elle peut ordonner des enquêtes et des
constatations et employer tous les moyens
de nature à faire apparaître la vérité, mais
les jurisconsultes ne pensent pas qu'elle
puisse dessaisir un autre tribunal réguliè-
rement saisi.
Ce serait là un fait qui ne peut être ac-
compli qu'au moyen d'un arrêt.
Nous avons cru, d'autre part, que tous les
conflits judiciaires ne peuvent être tran-
chés que par l'autorité judiciaire eîle-
même, et alors, ayant examiné l'article
445, nous avons vu qu'il contenait une la-
cune.
La loi de 1895 a fait de la cour de cassa-
tion le juge du fond en matière de révi-
sion.
Si donc il y a conflit, il doit être résolu
au profit de la juridiction supérieure.
La proposition soumise au vote du Sénsft >
n'est pas de circonstance.
Elle survivra aux événements actuels.
Nous demandons l'urgence et le renvoi
à la commission saisie de l'examen des
modifications du code d'instruction crimi»
nelle. (Très bien ! sur un certain nombre de
bancs.)
Le garde des sceaux. — Le gouverne-
ment se réserve d'examiner au fond cette
proposition de loi.
Le Sénat n'est saisi, quant à présent,
que du point de savoir s'il y a lieu ou non
de déclarer l'urgence.
A cet égard, je ne suivrai pas M. Wal-
deck-Rousseau dans les développements
qu'il a présentés en ce qui concerne l'ur-
gence.
Je me permets de faire respectueuse-
ment remarquer au Sénat qae la déclara-
tion d'urgence pourrait avoir pour effet
de donner à cette loi le caractère de loi de
circonstance contre lequel son auteur a
protesté il y a un instant.
M. Fabre. — C'est vrai, c'est une loi de
circonstance.
On passe au vote : 113 sénateurs se pro-
noncent pour l'urgence et 113 contre.
L'urgence n'est pas prononcée.
La proposition est renvoyée à la com-
mission d'initiative, et non, comme le
demandait M. Waldeck-Rousseau, à la
commission qui examine la proposition
Constans.
La séance est levée à 6 h. 20.
Séanco lundi.
LA MARINE ALA CHAMBRE
Distribution de cartes marines. — La
radiographie
Un amendement de M. Gautret au bud-
get du ministère de la marine demande
une augmentation du crédit de 2,000 fr.,
pour distribuer des cartes marines aux
meilleurs patrons pêcheurs désignés par
l'autorité maritime.
Plusieurs députés demandent, sur le
budget du même département, une aug-'
mentation de 35,000 fr. pour achat de cin-
quante appareils de radiographie et de ra-
dioscopie, destinés à être répartis dans les
hôpitaux maritimes et les principaux na-
vires de guerre.
La même augmentation est demandée,
dans le même but, pour le ministère de la
guerre, pour les hôpitaux militaires et le
matériel des ambulances.
lï
S
Les déclarations de M. Ch. Dupuy
On lit dans la Liberté :
« Quelques personnes ont paru attacher
une certaine importance à une modifica-
tion apportée par M. Charles Dupuy, pré-
sident du conseil, a une phrase du dis-
cours qu'il a prononcé, avant-hier, au
Sénat en réponse à la question de M.
Monis.
« Le président du conseil avait, après
avoir parlé longuement déjà, qualifié de
« discrétionnaire » le pouvoir de la cour
de cassation.
« A l'Officiel le mot « discrétionnaire »
ne figure pas.
«Nous croyons savoir que si, par ha-
sard, il est interrogé à ce sujet, M. Charles
Dupuy répondra qu'il n'a mis là aucune ha-
bileté et que sa seule intention, en appor-
tant cette modification sur les épreuves, a
été de ne pas laisser, dans son discours,
un terme qui, très précis au point de vue
juridique, présente, dans le langage ordi-
naire, une signification plus vague et plus
étendue, et qui équivaut presque au mot
« arbitraire ».
« Le président du conseil qui, comme il
l'a déclaré à la Chambre et au Sénat, veut,
avant tout, éviter pour le gouvernement
tout soupçon d'arbitraire, n'a pas voulu
qu'on pût croire qu'il conseillait « l'arbi-
traire » aux autres. »
L'enquête de la cour de cassation
Reprenant son enquête sur l'affaire
Dreyfus qu'elle avait interrompue, hier,
la chambre criminelle de la cour de cassa-
tion a continué, aujourd'hui, l'audition du
colonel Picquart.
Le cas du colonel Picquart
L'agence Nationale se dit on mesure
d'affirmer qu'en ce qui concerne l'affaire
Picquart, la cour de cassation laissera,
pour le moment, « les choses on l'état »,
Le cours de M. Buisson. — Manifestation
hostile
Le cours public de M. Buisson, à la
Sorbonne, a été ouvert, ce soir, à cinq
heures, dans l'amphithéâtre provisoire.
L'attitude qu'a prise M. Buisson, relati-
vement à l'affaire Dreyfus, semble avoir
excité, contre l'honorable professeur l'ani-
mosité d'une partie des étudiants.
Depuis quelques jours, on annonçait
dans les cafés du Quartier latin des mani-
festations pour l'ouverture de son cours.
Ces manifestations ont commencé, au-
jourd'hui, dès une heure et demie.
Deux ou trois cents étudiants se sont
groupés devant la façade du monument,
rue des Ecoles, ont conspué pendant quel-
ques minutes M. Buisson, et crié : «Vive
f armée I »
Puis ils se sont reformés en colonnes et
se sont rendus, boulevard Montparnasse,
devant la maison qu'habite M. Buisson.
Là ils ont renouvelé leurs cris hostiles.
A cinq heures, de nouvelles manifesta-
tions se sont produites à l'arrivée de M.
Buisson à la Sorbonne.
Quand M. Buisson a pris la parole, il a
été vivement interrompu, mais les tapa-
geurs ont été expulsés et le cours a con-
tinué.
Une lettre de M. Charles Dupuy
L'armée et la démocratie
A la suite d'une interview de M. Charles
Dupuy, publiée par M. Adolphe Brisson
dans le Figaro, le président du conseil a
adressé à notre confrère la lettre suivante :
Cher monsieur,
J'ai lu hier, et relu ce matin, le portrait que
vous avez fait de moi dans le Figaro. C'est
bien cela, mais en mieux, et vous m'avez fait
meilleur que je ne puis être, étant donne
l'ordinaire infirmité humaine.
En tout cas, vous avez rendu généralement
avec exactitude et précision mes sentiments
et mes aspirations, et je vous en remercie de
tout coeur. .,
Sur un point seulement nous semblons ne
pas nous être très bien compris. Vous me
faites dire qu'il y a entre l'armée et la démo-
cratie une contradiction nécessaire, et que
cette contradiction crée dans ce pays une équi-
voque qui dure depuis vingt-huit ans. Ce n'est
ms tout à fait cela.
J'ai dit que c'était miracleque nous eussions,
depuis vingt-huit ans, fait vivre et grandir,
d'ane part une république dans l'Europe mo-
narchique, d'autre part une armée fortement
hiérarchisée dans une démocratie égalitaire.
Et j'ai ajouté qu'il y aurait là une équivoque,
si l'antithèse n'était effacée et résolue par
l'amour de la patrie, culte commun et indé-
racinable des Français. Vous voyez la difïé-
roues.
La vie nous impose d'accorder des choses
qui à première vue, semblent s'opposer.
L'amour d'un idéal, un sentiment commun à
toute l'âme nationale, fond les oppositions et
réalise, par consentement mutuel, l'harmonie
et l'unité. Et ici, l'idéal, l'objet de l'amour qui
vivifie et unifie, c'est la Patrie.
Voilà ma pensée très nette. J'ai cru néces-
saire de vous la dire simplement, nettement.
Croyez, je vous prie, à mes sentiments de
cordiale sympathie. ch. DUPUY.
La paix hispano-américaine
Aux Philippines
Madrid, 1er décembre.
Suivant des nouvelles reçues des Phi-
lippines, les insurgés seraient décidés à ne
pas reconnaître la domination américaine
et à entreprendre contre elle une guerre à
outrance.
Dans cè cas, on estime que les Améri-
cains auront besoin de 70,000 hommes
pour réduire la rébellion.
Les insurgés retiennent prisonniers
10,000 soldats espagnols pour les obliger
à entrer dans leurs rangs contre les Amé-
ricains,
COLONIES
Promotion et nomination
Le sous-commissaire des colonies Nesly
est promu commissaire-adjoint.
Les aides-commissaires Bertrand,Gailhac
et Michaux sont promus sous-commis-
saires de 2e classe.
Les élèves brevetés de l'école coloniale
Caries, Douveon et Lippmann sent nom-
més aides-commissaires.
Les élèves brevetés d'Arboussier et Ar-
naud sont nommés administrateurs sta-
giaires et appelés à servir au Soudan,
ainsi que MM. Cochard et Grafie, classés
après concours.
La peste bubonique
Une dépêche adressée du Caire au Daily
Mail, et que nous reproduisons sous les
plus expresses réserves, signale l'appari-
tion de la peste bubonique à Suez.
ÂFFÀIRESJE CRÈTE
Le prince Georges de Grèce. — Prise
de possession du gouvernement
La Canée, 1er décembre.
Le prince Georges de Crète arrivera à
La Sude à bord du yacht royal grec.
Il sera escorté par une canonnière de
chacune des quatre puissances.
A son arrivée, les amiraux arboreront
le drapeau grec et une salve de 21 coups
de canon sera tirée.
Le doyen des amiraux présentera ses
collègues au prince.
Celui-ci rendra, probablement, visite
aux amiraux à leur bord.
Aussitôt débarqué, le prince se rendra
en voiture à La Canée avec les amiraux,
qui doivent lui remettre, dans cette ville,
le gouvernement de l'île.
Le drapeau grec sera hissé sur la rési-
dence du prince et une autre salve de 21
coups de canon sera tirée.
mJtuêmmmammKxmKmmmmt i ni ■ ■ 11. ^ ii'wmwwBMWi
Voir à la 3° page nos télégrammes
de dernière heure
CHRONIQUE LOCALE
Situation atmosphérique. — Le baromètre
est en hausse de 3 '"/» à Valentia, 4 "/" à Brest,
9 ■»/"' à Biarritz..
Les pressions se répartissent comme il suit : 732 ■»/■»
à Christiansund ; 745 "V" à Stornoway et Hermo-
fjand ; 755 »/» à Belmullet, Hambourg, Riga; 760"7<»
à Valentia, Berlin, Moscou ; 765 m/° à Nantes, Bres-
lau, Charkow ; 772 »/" a Lisbonne.
Et) Bretagne, le temps va demeurer variable, par
vent des régions Ouest modéré ou assez fort.
— Obseivations météorologiques relovées â l'obser-
vatoire de Brest, le 30 novembre, à huit heures
du soir, et le l" décembre, à sept heures du matin
et à midi.
Hauteur barométrique à zéro et au niveau de la mer:
759.6, Î62.0. 763.9. — Température en degrés centi-
grades : 9.2, 9 0, 12.0. — Etat hygrométrique :
97. 95, 76. — Pluie tombée du 30 novembre au
1« décembre : 1 "V™ 50. — Direction etlorcedu vent :
O.-N.-O. 1, O-.N.-O. 2, N.-Q, 1.
Heures «les marées. — Aujourd'hui ven-
dredi 2 décembre : Pleine mer à Brest à 6 h. 55 du
matin et à C h. 34 du soir ; basse mer à minuit 16 et
à midi 34.
Demain samedi 3 décembre : Pleine mer à Brest à
6 h. 53 du matin et à 7 h. 12 du soir ; basse mer à
minuit 53 et à 1 h. 13 du soir.
Calendrier. — Aujourd'hui vendredi 2 décem-
bre, sainte Aurélie. — Soleil : lever A 7 h. 35;
coucher à i h. 4. Lune : lever à 8 h. 1 du soir ;
coucher à 10 h. 40 du matin.
Demain samedi 3 décembre, saint Claude. — Soleil :
lover à 7 h. 37 ; coucher a 4 h. 3 . Lune : lever à
9 h. 7 du soir ; coucher à H h. 5 du matin.
Epbéinérides. — 1725. — Prise de Mahè par la
divicion du capitaine de Pardaillan.
Élections municipales complémentaires
2" TOUR DE SCRUTIN
En raison du nombre inquiétant
d'abstentions constaté dimanche der-
nier, nous croyons devoir rappeler
aux électeurs :
l°Que le scrutin s'ouvrira dimanche
à huit heures du matin;
2° Que le scrutin sera fermé à
QUATRE HEURES de l'après-midi.
Les ouvriers métallurgistes et les méca-
niciens de la marine n'ont pas voulu man-
quer à l'habituelle célébration de la Saint-
Eloi.
Dans l'après-midi, nos rues ont été fort
animées par les chants joyeux des disciples
du saint ministre du bon roi Dagobert.
Dans la soirée, comme chaque année,
divers banquets ont eu lieu.
Le groupe central de la réserve
Les mécaniciens du Tonnerre, du Fulmi-
nant, de la Victorieuse, et de l'Onondaga
se sont réunis, hier soir, à cinq heures,
au café Dauzier, rue d'Aiguillon, sous la
présidence de M. Cuisinier, 1" maître
mécanicien, où ils ont offert un apéritif à
MM. Guiberteau, capitaine de frégate,
commandant ce groupe de bâtiments;
Terquem, lieutenant de vaisseau, second ;
Didier, mécanicien principal de 1™ classe,
et Ceyrac, aide-commissaire.
Après avoir remercié ces officiers d'a-
voir accepté leur invitation et après avoir
bu à leur santé, les mécaniciens se sont
rendus, à six heures, au restaurant de la
Glacière, où un banquet les attendait.
A la même heure, avait lieu au même
restaurant le banquet donné par les mé-
caniciens de la Vienne, sous la présidence
de M. Mahé.
Ces banquets, empreints de la plus
franche gaieté, se sont terminés par des
chansonnettes et monologues.
Le « Gaulois » et le « Tage »
Le soir a eu lieu, à la salle de Venise,
le bal donné par les mécaniciens du Gau-
lois et du Tage, sous la présidence d'hon-
neur de M. Le Barazer, maître mécanicien
du Gaulois.
A 8 h. 1/2, l'entrée du bal s'est faite aux
accents de la Marseillaise. MM. Arquier,
quartier-maître mécanicien, du Tage, pré-
; sident, offrait le bras à Mlle Jeanne Jon-
trec, et Berric, quartier-maître, du Gaw-
ZOJ'S, âMlîe Jeanne Gourté, deux charmantes
jeunes filles aux ravissantes toilettes.
A neuf heures, l'entrée officielle a lieu.
MM. Tricard, mécanicien principal de 1"
classe, du Tage, Le Brun, mécanicien
principal de 1'' classe, du Gaulois, repré-
sentant le commandant Gadaud, empêché;
Lafrogne, lieutenant de vaisseau; de Pen-
fentenyo, Richard, enseignes ; Montigny,
mécanicien principal de 2« classe, du Gau-
lois ; Le Bronze, 1er maître mécanicien, du
Tage, et Bellec, 1er maître mécanicien, du
Gaulois, vont prendre place sur la scène.
Aussitôt, les danses commencent par un
brillant quadrille.
A dix heures, les membres du comité
réunissent les officiers et leur offrent UD
vin d'honneur.
M. Barazer, maître mécanicien, prési-
dent d'honneur, porte un toast dans les
termes suivants :
Messieurs les officiers,
Au nom des sociétaires, je vous remercie
de l'honneur que vous nous faites en accep-
tant notre invitation.
Vous nous donnez là, messieurs, une mar-
que de sympathie dont nous vous sommes re-
connaissants. Je vous prie d'être nos inter-
prètes auprès des commandants du Tage et
du Gaulois, que vous représentez, et de les
remercier sincèrement, de notre part, de la
bienveillance qu'ils ont toujours eue pour
nous.
Je termine en vous disant, an nom de tous,
que nous sommes heureux et fiers de servir
sous vos ordres.
Je bois à la santé des commandants et des
officiers du Tage et du Gaulois.
M. Lafrogne, lieutenant de vaisseau du
Gaulois, prend ensuite la parole et s'ex-
prime à peu près dans ces termes :
Au nom des officiers, je vous remercie du
charmant accueil que nous avons reçu.
Vous venez de nous dire que vous étiez
fiers de servir sous les ordres d'officiers tels
que nous ; eh bien, nous aussi, nous sommes
fiers d'avoir sous nos ordres des serviteurs
tels que vous.
Vous nous dites qu'en venant ici, nous
vous donnons une marque de sympathie. A
bord, nous suivons vos travaux et vos fati-
gues, il est juste que nous participions aussi
5 votre amusement.
Je bois aux mécaniciens.
M. Tricard, mécanicien principal de
Ire classe, prend ensuite la parole et re-
mercie le comité de l'avoir invité â sa fête,
invitation qui l'a vivement touché de la
part de ses subordonnés, dont tous\, les
jours il apprécie la valeur et l'abnégation.
Il termine en levant son verre aux méca-
niciens et aux commandants.
A minuit, une quête a été faite au profit
des veuves et orphelins.
Les danses ont recommencé aussitôt
pour ne se terminer qu'à cinq heures du
matin.
En somme, belle fête, qui fait le plus
grand honneur aux mécaniciens du Tage
et du Gaulois.
Détail rétrospectif :
Le matin à neuf heures, une délégation
des mécaniciens du Tage s'était rendue
dans la chambre de M. Tricard, mécani-
cien principal de lre classe, pour lui offrir
une corbeille de fleurs.
La délégation s'est ensuite rendue chez
M. Le Bronze, maître mécanicien, au carré
des officiers et chez le commandant en se-
cond, M. Saget, capitaine de frégate, puis
au carré des maîtres, où ils ont offert des
bouquets et des corbeilles.
A une heure, ils se sont rendus chez M.
Saint-Paul de Sinçay, capitaine de vais-
seau commandant le Tage, rue Saint-Yves,
3, et lui ont offert Une superbe corbeille de
fleurs.
M. Saint-Paul de Sinçay a été vivement
touché de cette marque d'affection de ses
subordonnés et leur a promis de prendre
avec eux l'apéritif ce matin.
A bord du Gaulois, MM. Grall, élève,
Berric et Challony, quartiers-maîtres, et
Charles, ouvrier, ont offert au comman-
dant Gadaud une belle corbeille de fleurs.
Tout en les remerciant. M. Gadaud leur a
souhaité beaucoup de plaisir et accordé
une permission de quarante-huit heures.
Chez M. Bouxin, capitaine de frégate, se-
cond, ils ont eu le même accueil, ainsi qu'au
carré des officiers et au poste des maHres.
Aujourd'hui à midi aura lien, dans la
même salle, le banquet donné par les mé-
caniciens des deux bâtiments.
Les mécaniciens du « Charlemagne »
Los mécaniciens du Charlemagne, au
nombre de 42 seulement, car les permis-
sions données avaient été très restreintes,
se sont réunis hier soir, au café des Mes-
sageries.
Cette petite fête, qui avait été organisée
principalement par MM. Le Guellec et
Dupuis, a été des plus cordiales.
La salle avait été brillamment décorée
de drapeaux et de verdure par les soins du
gérant du café des Messageries, M.Briant.
Voici, d'autre part, le menu auquel les
convives, inutile de le dire, ont fait hon-
neur :
Potage gras pâte d'Italie. — Hors d'oeuvre !
anchois, crevettes, beurre. — Poisson : tur»
bot sauce cabestan. — Entrées : canards ven-
tilateurs, civet de lièvre torpilleur, noix d«
veau au condenseur. — Rôti : gigot à la sauce
dynamo. — Légumes : choux de Bruxelles,
salade russe. — Fromage. — Pièce montée,
fruits. — Vin blanc, vin rouge, eafé aux trois
couleurs.
Le président a prononcé une courte allo-
cution dans laquelle il a exprimé tous ses
voeux pour que tous les assistants se re-
trouvent au prochain banquet de la Saint-
Eloi, et il a terminé en recommandant à
tous ses camarades de s'amuser dignement
pendant le reste de la soirée.
Ce matin, les mécaniciens du Charle-
magne se réuniront dans un déjeuner à 1»
fourchette.
.%
Jusqu'à une heure assez avancée de la
nuit, nos rues ont été assez bruyantes ; fil
y a eu des rires, des chants, des cris, mais
nulle part aucun désordre qui puisse être
mis sur le compte des joyeux disciples de
la Saint-Eloi.
Vers huit heures du seir, une rixe a
éclaté, rue Suffren, entre plusieurs sol-
dats et des civils.
D'autre part, un militaire qui avait bu
jusqu'à l'ivresse complète cassa divers
objets dans un débit. Comme dans son.
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