Titre : L'Express du Nord et du Pas-de-Calais : ancien journal La Colonne
Éditeur : [s.n.] (Boulogne-sur-Mer)
Date d'édition : 1892-12-26
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32772372g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 décembre 1892 26 décembre 1892
Description : 1892/12/26 (N3017)-1892/12/27. 1892/12/26 (N3017)-1892/12/27.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG59 Collection numérique : BIPFPIG59
Description : Collection numérique : BIPFPIG62 Collection numérique : BIPFPIG62
Description : Collection numérique : BIPFPIG62 Collection numérique : BIPFPIG62
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32514820
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-14631
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2019
Lundi-Mardi 26-27 Décembre 1892
Huitième année K 0 3017
PRIX D’ABONNEMENT
(Payable d'avancé)
—»o«—•
TO AN 6 MOI» 8 VOIS
Boulogne-sur-mer. f 8 fr. ÎO fr. 5 fr.
Pas-de-Calais, Nord
Somme. . . . 20 fr. 11 fr. 6 fr.
Autres départent*. 24 fr. 13 fr. 7 fr.
Etranger (Union postale)
34 fr. — 18 fr. — 9 fr.
ABONNEMENTS A PRIX RÉDUIT
Edition du dimanche (un an). 3 fr.
SERVICE POSTAL t
La ligne.
La ligne.
ANNONCE»
• • • Ci
RECLAMES
♦ a •
.OIÜ NORD ET QU PAS-DE-fcAOilS '
LA COLONNE ET L’EXPRESS REUNIS
Politique, Littéraire, Commercial, Agricole et Maritime
JOURNAL DE BOULOGNE-SUR-MER
— QUOTIDIEIV — Dimanch.es et Fêtes légales exceptés. — Annonces Judiciaires et Commerciales —-
FAITS DIVERS
1a ligne. . » » . . »
0,25
040
0,75
Les annonces sont reçues â Paris,
par l'Agence gavas et C", 8, place
de la Boarse et ' au bureau du
ionrnal. - '
G. DELATTRE, Rédacteur en chef
Adresser franco lettres et manda; s
à Vve F. Dklahoddb et Cia
Dir jet on et Rédaction, 8 ter, Rue Nationale, Boulogne-sur-Mer, où les Commandes, Abonnements et Annonces sont reçus.—Les abonnements partent des l«r et 16 de chaque joois et continuent jusau’à réception
d’avis contraire. — Toute demande de changement d'adresse doit être accompagnée de 50 c. en timbres-poste. —Prix d’un n° antérieur à un mois de date : 10 c c., à six mois et plus : 1 fr.
FIN DE SESSION
La Chambre des corrompus a
terminé, hier, son avant-dernière
session, après avoir repoussé la
convention franco-suisse. Session
laborieuse et vide, et pourtant ses
sion salutaire, car elle a définitive-r
ment coulé devant l’opinion publi
que ce personnel a la fois sectaire,
présomptueux, infatué et nul qui,
depuis des années, nous opprime;
et qui, les bras ouverts pour tous
les aventuriers.venus d’Allemagne,
a traité en parias les trois quarts
des Français dont il a combattu les
convictions et les croyances.
Les députés vont se retremper;
suivant la formule consacrée, dans
le sein de leurs électeurs, dis y
constateront lé profond dégoût
qu’ils inspirent à ceux qui les ont
nommés.
El ils reviendront, persuadés,
nous l’espérons, que le plus grand
plaisir qu’ils puissent faire au suf
frage universel, serait de se préci
piter aux pieds de M. Carnot et de
lui demander de les dissoudre.pour
faire place à des hommes moins
compromis, à des hommes qui
eux, du moins, n’auront pas
payés ou élus avec
Panama.
l’argent
été
du
Quand on a entendu les explica
tions données par M. Floquet à la
Chambre ou lorsqu’on en lit le texte,
on est amené à se demanders’il n’y
a pas dans le cas du Président delà
Chambre un curieux spécimen
d’insouciance morale. L’incroyable
théorie développée par M. Floquet
sur les droits du gouvernement en
matière de publicité financière, a
causé littéralement un 1 sentiment
de stupéfaction. Les aveux com
plémentaires qu’est venu faire M.
Rouvier ont encore accentué cette
impression. On en est à se deman
der si les mots ont changé de sens.
Qu’en pense M. Ribot ? On le lui
a demandé vendredi. Il n’a point
voulu le dire.Le Journal des Débats,
qu’on peut en général regarder
comme l’organe autorisé du Prési
dent du Conseil, rappelle que M.
Robert Mittchell a déclaré qu’il
interprétait, le silence du gouverne
ment comme un désaveu implicite
des théories de MiyL Floquet jgà
Rouvier, puis il ajoute : « C’esÜ
aussi notre interprétation. Ce sera
celle de tous les gens impartiaux
ét raisonnables. » Soit. Il est seules
ment fâcheux pour.M. Ribot qu'il
n’ait pas eu le courage de le dire et
se soit imaginé répondre en adres
sant des menaces aux conserva^
leurs, menaces qui laissent d’ail
leurs ceux-ci profondément calmes
et indifférents.
INFORMATIONS
Nouveau
scandale
La Cocarde publie des documents trop
étendus pour que nous puissions les
reproduire ni même les analyser. Con;
tentons-nous de dire qu’il eu. résulterait
que. le personnel politique, de la Répit:
blique Française, dont les inspirateurs
étaient MM. Jules Ferry et Joseph Rpir
naeb, a fait à M r Ch.ristophle,gouverneur
du, Crédit Foncier, la proposition sui
vante
« Trois cent mille francs pour la Répu
blique Française, et nous votons votre
Métropolitain. Si vous refusez, nou9
ferons voter et nous voterons contre. »
Jll va de soi que nous faisons toutes
réserves sur la valeur et l’àuthencitè des
documents publiés par la Cocarde et qui
lui ont été communiqués par M. Denay-
rouse, anciep. administrateur de la Répu
blique Française.
Le commandant Baussaint
Çhâlons-sur-Marne.— Le commandant
Baussaint, chef d’escaàron de cavalerie
hors cadre, commandant les établisse^
ments hippiques de Suippes, chevalier
de la Légion d’honpeur, .vient de corn par
raitre devant le eooseil de guerre du. 6°
corps d’armée pour, avoir détourné une
douzaine de mille francs. Il les avait
pulsés dans la caisse de ces établisse
ments pour couvrir des pertes résultant
de paris par lui faits aux courses.
Le conseil a condamné cet. officier su
périeur -t qui avait spontanément avoué
les.faits au général Kessler. — à un an dja
prison et à la perte de son grade. i
.v;;/,;./, i
Les messes de minait à Paris
Au milieu du désarroi général des
politiciens de la République, c’était un
spectacle, consolant que de voir, J’avant-
deruière nuit, les messes de minuit sui
vies dans toutes les églises de Paris, par
une foule recueillie. .
Jamais les églises ne sont assez vastes
pour la foule qui se presse à cette fête où
l’on chante : Paix aux hommes de bonne
volonté ! . :
L’origine du chèque
On parle beaucoup de chèques en ce
en connaît-on l’ori^ne ? La [
moment
voici *. flùplBfTr* .
Le chèque est une invention anglaise
qui date de 1760. En France, il n’a
d’existence légale que depuis 1865, et si
sou usage teud à se généraliser, il est
loin d’atteindre l’importance qu’il a en
Angleterre.
Il est, chez nos voisins, la base de
l’institution du Clearing-House, la Banque
de compensation, où les principaux ban^
quiers de Londres échangent les chèques
qu’ils ont reçus et, par de simples mou
vements d’écritures règlent des comptes
qui se montent de 120 à 150 millions par
an.
Affaire Millevoye-Olémeneeau
Les témoins,après a voir eu beau
coup de peine à se mettre d’accord
sur la qualité de l’offense ét avoir
recouru à un arbitre, n’ont pu fina
lement s’entendre sur les condi
tions du combat : les témoins de
M. Clémenceau exigeant l’échange
de quatre balles au commande
ment, à vingt-cinq pas, au pistolet
de tir ; ceux de M. Millevoye,
l’échange dedeuxballes et ensuite,
s’il y avait lieu,une reprise à l’épée
jusqu’à ce que l’un des adversaires
tût dans l'impossibilité decontinuer
Les pourparlers ont été rompus à
la suite des lettres adressées par
les témoin?. MM. Clémenceau et
Millevoye leur ont répondu respec
tivement.
M. Clémenceau a répondu à sas té
moins par la lettre suivante :
« Mes chers amis,
« Je m’y attendais. Tom à vous.
« Gedrges Clemenceau.»
De son côté, M. Millevoye a adressé à
ses témoins la lettre que voici :
« Mes chers amis,
« J’ai accepté de me placer
devant le
M. Clémen-
devant mon
pistolet de M. Clémenceau.
ceau refuse de se placer
épée. Le public jugera.
« A vous de cœur.
« L. Millevoye
M9U PETIT JOURNAL
r—O—
Le premier jour de l’an est une époque
pour la distribution des croix d’honneur.
On s’en aperçoit dans les ministères. Je
ne sais pas quel peut être à présentie
nombre des candidats. De mon temps,
c’est-à dire du temps que j’étais ministre,
ce nombre était énorme II a du s’accroî
tre encore depuis. Je regrettais beaucoup
de ne pouvoir lire les suppliques qu’on
m'adressait. Mou temps u’y aurait pas
suffi. Cas ardents désirs, ces pauvres rai
sons et ces promesses inconsidérées four
niraient à un philosophe qui aurait un
ministère sur les bras une ample provi
sion de renseignements sur les faiblesses
humaines. Ce qui serait surtout intéres
sant, ce serait de suivre une candidature
commencée sous M. Goblet et terminée
sous M. Ribot. La plupart de ces candi
dats changent de langage et de senti
ments sans y penser, pour se conformer
aux convenances du nouveau ministre.
C’est pour eux surtout que le mot d’op
portuniste semble fait. Quand il y a une
crise ministérielle en décembre, un bon
candidat occupe ses soirées à rédiger
deux pétitions, l’une très radicale et l’an
tre très adoucie. Grâce à cette précaution,
il se trouvera prêt pour toutes les éven
tualités, pour Gasimir-Périer ou pour
Brisson.
Gavarni a fait un joli dessin qui repré
sente un nouveau décoré, monté sur ses
ergots, avec un ruban rouge long comme
cela. Un ami lui fait jim profond salut ;
« Qu’as-tu fait pour être décoré ? » Et
l’autre répond,: « J’ai fait les démarches
nécessaires. » Gavarni a pris le côté plai
sant. i
Lé côté le plus fâcheux de cette aris
tocratie viagère, qui jure un peu avec nos
prétentions démocratiques, c’est que la
croix militaire y perd son prestige. Un
héros, blessé à côté du général Dodds
après avoir vingt fois bravé la mort et
rapatrié par miracle, obtient le même
ruban qu’un vieux paresseux de chef de
bureau, qui se retire après avoir pape
rasse pendant trente ans et servi tous les
régimes avec la même incapacité et la
m^ ne platitude. Il v a des abus «nco^é
pins révoltants. Je ne demande pas la
suppression de la croix ; j’aime mieux la
restaurer et la relever, que la suppri
mer ; mais une réforme, à mon avis, est
bien nécessaire.
Les gouvernements, dans l’espoir de
soulager un peu la Légion d’honneur,
créent de temps en temps un ordre nou
veau. Nous autres républicains, nous ne
sommes pas trop mal partagés pour des
ennmis de toute aristocratie et de tout
privelège.,Nous avons la croix d’honneur
la médaille militaire, les palmes acadé
miques et la croix lu Mérite agricole,
très ingénieuse création de M; Méline. En
ajoutant les médailles spéciales aux
grandes expéditions, les médailles de
Grimée, de Chine, dn Tonkin, du Daho
mey, oq voit qu’un républicain français
peut être chamarré de décorations sans
recourir aux chancelleries étrangères.
Il y a des collectionneurs qui’ tiennent
à avoir toutes les croix, comme on a un
album complet de timbres poste. J’ai
connu deux chefs de division qui avaient
cette inofïensive manie. L’un était gras.
Sa chaînette partait de sa boutonnière la
plus haute, s’arrondissait sur sa plantu
reuse personne et revenait se perdre dans
la poche de son gilet, où l’imagination
pouvait rêver de nouveaux insignes
honorifiques. L’autre était maigre, â son
profond désespoir, et ne pouvait exhiber
qu’une trentaine de croix. On lui donna
le conseil de porter une double rangée,
comme les forçats récalcitrants portent
une double chaîne. Il le fit, et fit bien.
Sa poitrine était une collection de toutes
les bêtes,de la terre en or, en argent, en
émail, en vermeil. On s’amusait à regar
der cela pendant qu’il parlait, et ou était
bien aise de jouir de cette distraction,car
il était bête.
Jules Simon.
CHEZ M. ANDRIEUX
Nous détachons de l’interview de
M. Andrieux par le Gaulois le pas
sage suivant, qui montre que la
campagne de scandales est loin
d’être close :
— Voilà qui est net. Maintenant, pour
riez vous me dire si vous comptez faire la
trêve des confiseurs ? Touchons-nous à
la fin ?
— Tout dépendra des évènements. Ça
n’est jamais fini. Aussi longtemps que le
personnel gouvernemental actuel n’aura
pas sombré, la campagne d’épuration et
d’assainissement ne saurait cesser. Les
odeurs nauséabondes qui s’échappent des
corps corrompus n’ont pas de vacances
même pour être agréable aux confiseurs’
SoDgez qu’il y a à peine quinze jours
que la campagne est commencée. Or, de
puis plus de douze années, le linge traî
nait dans les bourbiers et les détritus les
plus immondes-. Vous senlez Juâc
près ie Panamâlfl faudra aller en amont.
,— ??? .K,,-.
— Il n’y a pas eu une entreprise de
travaux publics, une concession, un
marché, une affaire, depuis que les
opportunistes sont au pouvoir, sans qu'il
y ait d’énormes pots-de-vins.Et vous vou
driez que nous touchions à la fin ?I1 faut
porter le fer rouge sur toutes les plaies.
C’est le coup de lancette. Je ne vois, pour
la majorité, qu’un moyen de se sous
traire au scandale : c’est la dissolution ;
son intérêt, autant que son patriotisme,
doit l’y pousser.
Dans les Chambres
La discussion générale de la convention
franco-suisse a rempli les deux séances
tenues samedi au Palais-Bourbon.
La seconde partie du discours de M.
Jules Roche en faveur du projet a rempli
la séance du matin.
M. Méliue a réfuté, de 2 heures à 4,
l'argumentation de l’aucien ministre du
commerce.
Enfin, M. Ribot, au nom du gouverne
ment, a appuyé la demande émise par le
rapporteur général de passer à la discus-
Feuilletonder£’r/)r6ssdu26-27décembre 1892.- |
.. (Ï4)
TOUT POUR L'HONNEUR!
PAR
Alphonse BROT et SAINT-VÉRAN
, III ..
Les sinapismes posés, il attendit le résultat
en ccnsultant sa montre.
Au bout de cinq minutes, Jean agita les
jamles.
Le feu a changé de place, dit le vieux
praticien ; il est à présent en bas.
1 t comme la douleur devenait plus vive,
Jean essaya de se lever. Mais M Porcelet
é ait là, et avec ses fortes mains, il comprima
ce te seconde tentative de révolte.
Cependant la glace qui entourait la tête fon
dait rapidement et se résolvait en eau froide
qui, descendant par le cou, avait fini par
inonder le malade. ... i
Le docteur l’essuya à l’aide d’une grosse
('ponge.
Pendant la journée et la nuit qui suivit la
glace et les sinapismes furent plusieurs fois
renouvelés.
Le lendemain, une grande amélioration
s’étuit produite dans l’état de Jean. Sa figure,
de rouge qu’elle avait été, juspe-là> était
devenue pâle, sou cerveau était complè
tement dégagé ; il voyait, il comprenait,
et il pouvait articuler quelques mots.
— Qu’éprouves-tu, mon ami Hui de-,
manda le docteuri, i
— Je resseos une forte douleur au
côté, ^répondit Jean : on dirait que j’ai
reçu là un violent coup ,de bâton. ;r
— Je m’y attendais bieo, répliqua le
vieux praticien ; c’est- la pleurésie qui
commence, et que nous allons combat
tre. -■ - -• ,
VIII
La fièvre cérébrale, aiosi que l’avait
pronostiqué le docteur Porcelet, ayant
été arrêtée dès son début, la seconde ma
ladie de Jean suivit son cours normal eé
régulier.
Au bout d’an mois, il entrait en con
valescence, mais ce qui retardait son
complet rétablissement, c’était l’inquié
tude ; le temps s’écoulait, et il u’avait
encore rien pu tenter pour sauver son
père. . ’.-î ■ :
Un matin que le médecin était venu le
voir, il annonça que c’était sa dernière
visite•
— Votre fils c’a plus besoin à présent
que de soins et d’une nourriture con
fortable, dit-il à madame Verbeux :
surtout qu’il ne s’expose pas à l’air:
car une sortie prématurée pourrait
ameDer une rechute plus dangereuse que
la première maladie.
— Faites-lui donc entendre raison,
mon bon monsieur Porcelet, répondit la
meunière : car il a mis dans sa tête
d’aller à Dijon pour notre malheureuse
affaire que vous savez.
— Ce serait tout simplement vouloir
se tuer, répliqua le vieux praticien. Mon
garçon, poursuivit il, tu es un bon fils,
mais à l’impossible nul u’est tenu. Je te
dirai môme que, sij’avais été juré, j’aurais
acquitté toa père, que je connais depuis
bien loogtemps, et qu’à mes yeux, il est
incapable de commettre une mauvaise
action.
— Tu le vois, ma mère, dit Jean; notre
bon docteur croit à l'innocence du père ;
avec les preuves que nous avons dans les
mains, nous pourrions peut-être faire
reviser le jugement;
— Quelles sont ces preuves ? demanda
M. Porcelet.
Jean qui avait entière confiauce eu lui,
ne lui cacha rieo.
— Oui, eu effet, dit le médecin, il y a
quelque chose à faire, mais puisqu’il
t’est défendu de sortir, ta mère peut aller
elle-même à Dijon, et elle demandera
une audience au procureur impérial qui t
ne pourra la lui refuser. D’ailleurs, je le
connais, et je donnerai à ta mère une
lettre d’introduction auprès de lui.
— Je vous suis bien reconnaissante de
votre bonté, répondit la meunière, mais
que deviendrait mon garçon, tout seul à
la maison ? Il faudrait quelqu’un pour
le soigner pendant mon absence.
— Si ce u’est que cela, répliqua Jeao,
ne te mets pas en peine, chère mère, ma
garde est toute trouvée : la Claudine ne
refusera pas de s’installer ici, et je suis
certain qu’elle aura bien soin de moi.
Madame Verlogeux réfléchit quelques
instants.
— C’est entendu, dit-elle, je partirai
demain.
— Pourquoi pas tout de suite ? répar
tit son fils : notrebon docteur te conduira
à Autuu dans sa voiture,etlàtu prendras
le chemin de fer.
— Votre garçon a raison, dit le vieux
praticien, allez quérir la Claudine ; puis,
pendant que vous ferez vos apprêts, j’é
crirai ma lettre pour le procureur im
périal.
La fille du rebouteux n’était pas loin ;
selon son habitude, elle faisait paître sa
vache dans le pré atttenant au moulin, 8t
au premier appel, elle accourut.
ta meunière lui expliqua le service
qu’elle attendait d’elle, et Claudine,
malgré son iutelligeocé bornée, comprit
parfaitement.
Uue heure plus tard, le docteur Porce
let partait daos sa voiture, ayant à côté
de lui la femme du coudamLé à laquelle
il avait remis la lettre promise. Afin d’é
viter toute perte de temps, il contourna
Autun, et il la conduisit directement au
chemin de fer où elle arriva juste à
temps pour prendre le train qui allait
à Chagny.
Jean, avant le départ de sa mère, lui,
avait recommandé très vivemeut de ne
se dessaisir, sous aucun prétexte, du
pistolet qu’il avait trouvé dans l’écluse.
— Si tu le rendais, ajouta-t-il, on 1(3
ferait peut être disparaître. L’espoir que
nous avons de sauver mon père de l’é
chafaud serait à tout jamais perdu, et il
ne nous resterait même pas la consola
tion, lui mort, d’obtenir sa réhabilita
tion.
— Je ferai comme tu dis, répondit la
meuoiôre.
(A Suivre).
Huitième année K 0 3017
PRIX D’ABONNEMENT
(Payable d'avancé)
—»o«—•
TO AN 6 MOI» 8 VOIS
Boulogne-sur-mer. f 8 fr. ÎO fr. 5 fr.
Pas-de-Calais, Nord
Somme. . . . 20 fr. 11 fr. 6 fr.
Autres départent*. 24 fr. 13 fr. 7 fr.
Etranger (Union postale)
34 fr. — 18 fr. — 9 fr.
ABONNEMENTS A PRIX RÉDUIT
Edition du dimanche (un an). 3 fr.
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ANNONCE»
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LA COLONNE ET L’EXPRESS REUNIS
Politique, Littéraire, Commercial, Agricole et Maritime
JOURNAL DE BOULOGNE-SUR-MER
— QUOTIDIEIV — Dimanch.es et Fêtes légales exceptés. — Annonces Judiciaires et Commerciales —-
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1a ligne. . » » . . »
0,25
040
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de la Boarse et ' au bureau du
ionrnal. - '
G. DELATTRE, Rédacteur en chef
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à Vve F. Dklahoddb et Cia
Dir jet on et Rédaction, 8 ter, Rue Nationale, Boulogne-sur-Mer, où les Commandes, Abonnements et Annonces sont reçus.—Les abonnements partent des l«r et 16 de chaque joois et continuent jusau’à réception
d’avis contraire. — Toute demande de changement d'adresse doit être accompagnée de 50 c. en timbres-poste. —Prix d’un n° antérieur à un mois de date : 10 c c., à six mois et plus : 1 fr.
FIN DE SESSION
La Chambre des corrompus a
terminé, hier, son avant-dernière
session, après avoir repoussé la
convention franco-suisse. Session
laborieuse et vide, et pourtant ses
sion salutaire, car elle a définitive-r
ment coulé devant l’opinion publi
que ce personnel a la fois sectaire,
présomptueux, infatué et nul qui,
depuis des années, nous opprime;
et qui, les bras ouverts pour tous
les aventuriers.venus d’Allemagne,
a traité en parias les trois quarts
des Français dont il a combattu les
convictions et les croyances.
Les députés vont se retremper;
suivant la formule consacrée, dans
le sein de leurs électeurs, dis y
constateront lé profond dégoût
qu’ils inspirent à ceux qui les ont
nommés.
El ils reviendront, persuadés,
nous l’espérons, que le plus grand
plaisir qu’ils puissent faire au suf
frage universel, serait de se préci
piter aux pieds de M. Carnot et de
lui demander de les dissoudre.pour
faire place à des hommes moins
compromis, à des hommes qui
eux, du moins, n’auront pas
payés ou élus avec
Panama.
l’argent
été
du
Quand on a entendu les explica
tions données par M. Floquet à la
Chambre ou lorsqu’on en lit le texte,
on est amené à se demanders’il n’y
a pas dans le cas du Président delà
Chambre un curieux spécimen
d’insouciance morale. L’incroyable
théorie développée par M. Floquet
sur les droits du gouvernement en
matière de publicité financière, a
causé littéralement un 1 sentiment
de stupéfaction. Les aveux com
plémentaires qu’est venu faire M.
Rouvier ont encore accentué cette
impression. On en est à se deman
der si les mots ont changé de sens.
Qu’en pense M. Ribot ? On le lui
a demandé vendredi. Il n’a point
voulu le dire.Le Journal des Débats,
qu’on peut en général regarder
comme l’organe autorisé du Prési
dent du Conseil, rappelle que M.
Robert Mittchell a déclaré qu’il
interprétait, le silence du gouverne
ment comme un désaveu implicite
des théories de MiyL Floquet jgà
Rouvier, puis il ajoute : « C’esÜ
aussi notre interprétation. Ce sera
celle de tous les gens impartiaux
ét raisonnables. » Soit. Il est seules
ment fâcheux pour.M. Ribot qu'il
n’ait pas eu le courage de le dire et
se soit imaginé répondre en adres
sant des menaces aux conserva^
leurs, menaces qui laissent d’ail
leurs ceux-ci profondément calmes
et indifférents.
INFORMATIONS
Nouveau
scandale
La Cocarde publie des documents trop
étendus pour que nous puissions les
reproduire ni même les analyser. Con;
tentons-nous de dire qu’il eu. résulterait
que. le personnel politique, de la Répit:
blique Française, dont les inspirateurs
étaient MM. Jules Ferry et Joseph Rpir
naeb, a fait à M r Ch.ristophle,gouverneur
du, Crédit Foncier, la proposition sui
vante
« Trois cent mille francs pour la Répu
blique Française, et nous votons votre
Métropolitain. Si vous refusez, nou9
ferons voter et nous voterons contre. »
Jll va de soi que nous faisons toutes
réserves sur la valeur et l’àuthencitè des
documents publiés par la Cocarde et qui
lui ont été communiqués par M. Denay-
rouse, anciep. administrateur de la Répu
blique Française.
Le commandant Baussaint
Çhâlons-sur-Marne.— Le commandant
Baussaint, chef d’escaàron de cavalerie
hors cadre, commandant les établisse^
ments hippiques de Suippes, chevalier
de la Légion d’honpeur, .vient de corn par
raitre devant le eooseil de guerre du. 6°
corps d’armée pour, avoir détourné une
douzaine de mille francs. Il les avait
pulsés dans la caisse de ces établisse
ments pour couvrir des pertes résultant
de paris par lui faits aux courses.
Le conseil a condamné cet. officier su
périeur -t qui avait spontanément avoué
les.faits au général Kessler. — à un an dja
prison et à la perte de son grade. i
.v;;/,;./, i
Les messes de minait à Paris
Au milieu du désarroi général des
politiciens de la République, c’était un
spectacle, consolant que de voir, J’avant-
deruière nuit, les messes de minuit sui
vies dans toutes les églises de Paris, par
une foule recueillie. .
Jamais les églises ne sont assez vastes
pour la foule qui se presse à cette fête où
l’on chante : Paix aux hommes de bonne
volonté ! . :
L’origine du chèque
On parle beaucoup de chèques en ce
en connaît-on l’ori^ne ? La [
moment
voici *. flùplBfTr* .
Le chèque est une invention anglaise
qui date de 1760. En France, il n’a
d’existence légale que depuis 1865, et si
sou usage teud à se généraliser, il est
loin d’atteindre l’importance qu’il a en
Angleterre.
Il est, chez nos voisins, la base de
l’institution du Clearing-House, la Banque
de compensation, où les principaux ban^
quiers de Londres échangent les chèques
qu’ils ont reçus et, par de simples mou
vements d’écritures règlent des comptes
qui se montent de 120 à 150 millions par
an.
Affaire Millevoye-Olémeneeau
Les témoins,après a voir eu beau
coup de peine à se mettre d’accord
sur la qualité de l’offense ét avoir
recouru à un arbitre, n’ont pu fina
lement s’entendre sur les condi
tions du combat : les témoins de
M. Clémenceau exigeant l’échange
de quatre balles au commande
ment, à vingt-cinq pas, au pistolet
de tir ; ceux de M. Millevoye,
l’échange dedeuxballes et ensuite,
s’il y avait lieu,une reprise à l’épée
jusqu’à ce que l’un des adversaires
tût dans l'impossibilité decontinuer
Les pourparlers ont été rompus à
la suite des lettres adressées par
les témoin?. MM. Clémenceau et
Millevoye leur ont répondu respec
tivement.
M. Clémenceau a répondu à sas té
moins par la lettre suivante :
« Mes chers amis,
« Je m’y attendais. Tom à vous.
« Gedrges Clemenceau.»
De son côté, M. Millevoye a adressé à
ses témoins la lettre que voici :
« Mes chers amis,
« J’ai accepté de me placer
devant le
M. Clémen-
devant mon
pistolet de M. Clémenceau.
ceau refuse de se placer
épée. Le public jugera.
« A vous de cœur.
« L. Millevoye
M9U PETIT JOURNAL
r—O—
Le premier jour de l’an est une époque
pour la distribution des croix d’honneur.
On s’en aperçoit dans les ministères. Je
ne sais pas quel peut être à présentie
nombre des candidats. De mon temps,
c’est-à dire du temps que j’étais ministre,
ce nombre était énorme II a du s’accroî
tre encore depuis. Je regrettais beaucoup
de ne pouvoir lire les suppliques qu’on
m'adressait. Mou temps u’y aurait pas
suffi. Cas ardents désirs, ces pauvres rai
sons et ces promesses inconsidérées four
niraient à un philosophe qui aurait un
ministère sur les bras une ample provi
sion de renseignements sur les faiblesses
humaines. Ce qui serait surtout intéres
sant, ce serait de suivre une candidature
commencée sous M. Goblet et terminée
sous M. Ribot. La plupart de ces candi
dats changent de langage et de senti
ments sans y penser, pour se conformer
aux convenances du nouveau ministre.
C’est pour eux surtout que le mot d’op
portuniste semble fait. Quand il y a une
crise ministérielle en décembre, un bon
candidat occupe ses soirées à rédiger
deux pétitions, l’une très radicale et l’an
tre très adoucie. Grâce à cette précaution,
il se trouvera prêt pour toutes les éven
tualités, pour Gasimir-Périer ou pour
Brisson.
Gavarni a fait un joli dessin qui repré
sente un nouveau décoré, monté sur ses
ergots, avec un ruban rouge long comme
cela. Un ami lui fait jim profond salut ;
« Qu’as-tu fait pour être décoré ? » Et
l’autre répond,: « J’ai fait les démarches
nécessaires. » Gavarni a pris le côté plai
sant. i
Lé côté le plus fâcheux de cette aris
tocratie viagère, qui jure un peu avec nos
prétentions démocratiques, c’est que la
croix militaire y perd son prestige. Un
héros, blessé à côté du général Dodds
après avoir vingt fois bravé la mort et
rapatrié par miracle, obtient le même
ruban qu’un vieux paresseux de chef de
bureau, qui se retire après avoir pape
rasse pendant trente ans et servi tous les
régimes avec la même incapacité et la
m^ ne platitude. Il v a des abus «nco^é
pins révoltants. Je ne demande pas la
suppression de la croix ; j’aime mieux la
restaurer et la relever, que la suppri
mer ; mais une réforme, à mon avis, est
bien nécessaire.
Les gouvernements, dans l’espoir de
soulager un peu la Légion d’honneur,
créent de temps en temps un ordre nou
veau. Nous autres républicains, nous ne
sommes pas trop mal partagés pour des
ennmis de toute aristocratie et de tout
privelège.,Nous avons la croix d’honneur
la médaille militaire, les palmes acadé
miques et la croix lu Mérite agricole,
très ingénieuse création de M; Méline. En
ajoutant les médailles spéciales aux
grandes expéditions, les médailles de
Grimée, de Chine, dn Tonkin, du Daho
mey, oq voit qu’un républicain français
peut être chamarré de décorations sans
recourir aux chancelleries étrangères.
Il y a des collectionneurs qui’ tiennent
à avoir toutes les croix, comme on a un
album complet de timbres poste. J’ai
connu deux chefs de division qui avaient
cette inofïensive manie. L’un était gras.
Sa chaînette partait de sa boutonnière la
plus haute, s’arrondissait sur sa plantu
reuse personne et revenait se perdre dans
la poche de son gilet, où l’imagination
pouvait rêver de nouveaux insignes
honorifiques. L’autre était maigre, â son
profond désespoir, et ne pouvait exhiber
qu’une trentaine de croix. On lui donna
le conseil de porter une double rangée,
comme les forçats récalcitrants portent
une double chaîne. Il le fit, et fit bien.
Sa poitrine était une collection de toutes
les bêtes,de la terre en or, en argent, en
émail, en vermeil. On s’amusait à regar
der cela pendant qu’il parlait, et ou était
bien aise de jouir de cette distraction,car
il était bête.
Jules Simon.
CHEZ M. ANDRIEUX
Nous détachons de l’interview de
M. Andrieux par le Gaulois le pas
sage suivant, qui montre que la
campagne de scandales est loin
d’être close :
— Voilà qui est net. Maintenant, pour
riez vous me dire si vous comptez faire la
trêve des confiseurs ? Touchons-nous à
la fin ?
— Tout dépendra des évènements. Ça
n’est jamais fini. Aussi longtemps que le
personnel gouvernemental actuel n’aura
pas sombré, la campagne d’épuration et
d’assainissement ne saurait cesser. Les
odeurs nauséabondes qui s’échappent des
corps corrompus n’ont pas de vacances
même pour être agréable aux confiseurs’
SoDgez qu’il y a à peine quinze jours
que la campagne est commencée. Or, de
puis plus de douze années, le linge traî
nait dans les bourbiers et les détritus les
plus immondes-. Vous senlez Juâc
près ie Panamâlfl faudra aller en amont.
,— ??? .K,,-.
— Il n’y a pas eu une entreprise de
travaux publics, une concession, un
marché, une affaire, depuis que les
opportunistes sont au pouvoir, sans qu'il
y ait d’énormes pots-de-vins.Et vous vou
driez que nous touchions à la fin ?I1 faut
porter le fer rouge sur toutes les plaies.
C’est le coup de lancette. Je ne vois, pour
la majorité, qu’un moyen de se sous
traire au scandale : c’est la dissolution ;
son intérêt, autant que son patriotisme,
doit l’y pousser.
Dans les Chambres
La discussion générale de la convention
franco-suisse a rempli les deux séances
tenues samedi au Palais-Bourbon.
La seconde partie du discours de M.
Jules Roche en faveur du projet a rempli
la séance du matin.
M. Méliue a réfuté, de 2 heures à 4,
l'argumentation de l’aucien ministre du
commerce.
Enfin, M. Ribot, au nom du gouverne
ment, a appuyé la demande émise par le
rapporteur général de passer à la discus-
Feuilletonder£’r/)r6ssdu26-27décembre 1892.- |
.. (Ï4)
TOUT POUR L'HONNEUR!
PAR
Alphonse BROT et SAINT-VÉRAN
, III ..
Les sinapismes posés, il attendit le résultat
en ccnsultant sa montre.
Au bout de cinq minutes, Jean agita les
jamles.
Le feu a changé de place, dit le vieux
praticien ; il est à présent en bas.
1 t comme la douleur devenait plus vive,
Jean essaya de se lever. Mais M Porcelet
é ait là, et avec ses fortes mains, il comprima
ce te seconde tentative de révolte.
Cependant la glace qui entourait la tête fon
dait rapidement et se résolvait en eau froide
qui, descendant par le cou, avait fini par
inonder le malade. ... i
Le docteur l’essuya à l’aide d’une grosse
('ponge.
Pendant la journée et la nuit qui suivit la
glace et les sinapismes furent plusieurs fois
renouvelés.
Le lendemain, une grande amélioration
s’étuit produite dans l’état de Jean. Sa figure,
de rouge qu’elle avait été, juspe-là> était
devenue pâle, sou cerveau était complè
tement dégagé ; il voyait, il comprenait,
et il pouvait articuler quelques mots.
— Qu’éprouves-tu, mon ami Hui de-,
manda le docteuri, i
— Je resseos une forte douleur au
côté, ^répondit Jean : on dirait que j’ai
reçu là un violent coup ,de bâton. ;r
— Je m’y attendais bieo, répliqua le
vieux praticien ; c’est- la pleurésie qui
commence, et que nous allons combat
tre. -■ - -• ,
VIII
La fièvre cérébrale, aiosi que l’avait
pronostiqué le docteur Porcelet, ayant
été arrêtée dès son début, la seconde ma
ladie de Jean suivit son cours normal eé
régulier.
Au bout d’an mois, il entrait en con
valescence, mais ce qui retardait son
complet rétablissement, c’était l’inquié
tude ; le temps s’écoulait, et il u’avait
encore rien pu tenter pour sauver son
père. . ’.-î ■ :
Un matin que le médecin était venu le
voir, il annonça que c’était sa dernière
visite•
— Votre fils c’a plus besoin à présent
que de soins et d’une nourriture con
fortable, dit-il à madame Verbeux :
surtout qu’il ne s’expose pas à l’air:
car une sortie prématurée pourrait
ameDer une rechute plus dangereuse que
la première maladie.
— Faites-lui donc entendre raison,
mon bon monsieur Porcelet, répondit la
meunière : car il a mis dans sa tête
d’aller à Dijon pour notre malheureuse
affaire que vous savez.
— Ce serait tout simplement vouloir
se tuer, répliqua le vieux praticien. Mon
garçon, poursuivit il, tu es un bon fils,
mais à l’impossible nul u’est tenu. Je te
dirai môme que, sij’avais été juré, j’aurais
acquitté toa père, que je connais depuis
bien loogtemps, et qu’à mes yeux, il est
incapable de commettre une mauvaise
action.
— Tu le vois, ma mère, dit Jean; notre
bon docteur croit à l'innocence du père ;
avec les preuves que nous avons dans les
mains, nous pourrions peut-être faire
reviser le jugement;
— Quelles sont ces preuves ? demanda
M. Porcelet.
Jean qui avait entière confiauce eu lui,
ne lui cacha rieo.
— Oui, eu effet, dit le médecin, il y a
quelque chose à faire, mais puisqu’il
t’est défendu de sortir, ta mère peut aller
elle-même à Dijon, et elle demandera
une audience au procureur impérial qui t
ne pourra la lui refuser. D’ailleurs, je le
connais, et je donnerai à ta mère une
lettre d’introduction auprès de lui.
— Je vous suis bien reconnaissante de
votre bonté, répondit la meunière, mais
que deviendrait mon garçon, tout seul à
la maison ? Il faudrait quelqu’un pour
le soigner pendant mon absence.
— Si ce u’est que cela, répliqua Jeao,
ne te mets pas en peine, chère mère, ma
garde est toute trouvée : la Claudine ne
refusera pas de s’installer ici, et je suis
certain qu’elle aura bien soin de moi.
Madame Verlogeux réfléchit quelques
instants.
— C’est entendu, dit-elle, je partirai
demain.
— Pourquoi pas tout de suite ? répar
tit son fils : notrebon docteur te conduira
à Autuu dans sa voiture,etlàtu prendras
le chemin de fer.
— Votre garçon a raison, dit le vieux
praticien, allez quérir la Claudine ; puis,
pendant que vous ferez vos apprêts, j’é
crirai ma lettre pour le procureur im
périal.
La fille du rebouteux n’était pas loin ;
selon son habitude, elle faisait paître sa
vache dans le pré atttenant au moulin, 8t
au premier appel, elle accourut.
ta meunière lui expliqua le service
qu’elle attendait d’elle, et Claudine,
malgré son iutelligeocé bornée, comprit
parfaitement.
Uue heure plus tard, le docteur Porce
let partait daos sa voiture, ayant à côté
de lui la femme du coudamLé à laquelle
il avait remis la lettre promise. Afin d’é
viter toute perte de temps, il contourna
Autun, et il la conduisit directement au
chemin de fer où elle arriva juste à
temps pour prendre le train qui allait
à Chagny.
Jean, avant le départ de sa mère, lui,
avait recommandé très vivemeut de ne
se dessaisir, sous aucun prétexte, du
pistolet qu’il avait trouvé dans l’écluse.
— Si tu le rendais, ajouta-t-il, on 1(3
ferait peut être disparaître. L’espoir que
nous avons de sauver mon père de l’é
chafaud serait à tout jamais perdu, et il
ne nous resterait même pas la consola
tion, lui mort, d’obtenir sa réhabilita
tion.
— Je ferai comme tu dis, répondit la
meuoiôre.
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