Titre : Bulletin de la Société française de numismatique
Auteur : Société française de numismatique. Auteur du texte
Éditeur : Société française de numismatique (Paris)
Date d'édition : 2002-06-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34349293t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juin 2002 01 juin 2002
Description : 2002/06/01 (N6,A57)-2002/06/30. 2002/06/01 (N6,A57)-2002/06/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3042323b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Monnaies, médailles et antiques, 8-PER-44
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/11/2019
Les bulles d'or sont peu nombreuses (2), et se présentent généralement de façon
fort différente : il s'agit d'objets constitués d'une feuille d'or mince recouvrant une âme
de cire le tout empreint par une matrice sigillaire normale. Ici nous sommes en pré
sence d'un objet d'orfèvrerie, pesant et d'un travail remarquable, en or massif émaillé :
c'est une toute autre technique. Les trous symétriques qui ont été rebouchés montrent
que l'objet n'est plus dans son état d'origine ; leur position rapprochée permet d'ex
clure l'hypothèse que ces trous laissaient passer des lacs de soie attachant la « bulle »
au document : on pense plutôt à des traces de charnières. On peut imaginer que cet
objet est en fait le couvercle d'une boîte qui aurait abrité un sceau de cire qui a servi
à sceller un acte particulièrement solennel, dans lequel Louis XII (ce ne peut être que
lui) agissait en tant que roi de France et de Naples. La légende est tout à fait explicite :
Louis XII y porte les titres de roi de France, roi de Naples, roi de Jérusalem et duc de
Milan.
L'iconographie est différente de celle du sceau de Louis XII comme roi de France
(3) : sur cet objet, Louis XII porte un sceptre et un globe et non un sceptre et la main
de justice ; il n'est pas sous un pavillon, mais devant une tenture et n'a pas à ses pieds
les deux lions. Contrairement également au sceau royal, où la figure du roi est plus celle
de la fonction que celle de l'individu, la représentation de Louis XII est un portrait véri
table : les traits sont bien individualisés ; et on peut les comparer à d'autres portraits
sculptés ou peints, et à ceux qui figurent sur des médailles et des monnaies, italiennes
ou françaises.
Louis XII n'a porté les titres de roi de France, roi de Naples, roi de Jérusalem, et duc
de Milan qu'entre le 11 novembre 1500 et septembre 1504. Antérieurement au 11
novembre 1500, il prenait le titre de roi de Sicile ; en septembre 1504, il renonça au
duché de Milan en faveur de sa fille Claude. L'héraldique a permis à M. Michel
Pastoureau d'aboutir à une datation plus précise : les armes d'Anjou-Sicile, ici écarte
lées des armes de Jérusalem, pour former celles du royaume de Naples, sont représentées
par un semé de lis brisé d'un lambel ; en 1503 elles seront modifiées et porteront
désormais trois lis et un lambel. Cet objet date donc d'avant 1503.
Il faut le rapprocher du sceau connu par une empreinte appendue à un acte du 14
septembre 1501 conservé au Mont-Cassin (4) : tous deux présentent des points com
muns mais aussi des différences. Au droit la représentation du roi est la même, avec
sceptre et globe, le trône est différent, et surtout sur ce sceau le fond est parti de France
et de Jérusalem ; pourtant la légende + LVDOVICVS DEI GRA FR[ANCO]RV REX [...]
NEAPOLI indique bien qu'il s'agit du sceau pour le royaume de Naples. Ce que le contre-
sceau confirme : + LVDOVICVS . DEI . GRA . FRANCOR . IERVSALEM . ET . NEAPOLI
. REX ; le type du contre-sceau est en accord avec celui du droit : sous une couronne
deux écus accolés, l'un aux armes de France, l'autre à celles de Jérusalem. Une autre
empreinte de ce même sceau appendue à un acte du 12 mars 1502 est connue par un
dessin. Ce sceau, gravé à Paris, fut envoyé en Italie pendant l'été 1501.
On aurait pu imaginer que la provenance monégasque de cet objet fournisse une
piste quant à l'acte auquel elle a été appendue : c'est Louis XII en effet qui reconnut
Monaco comme principauté souveraine par un acte en faveur de Lucien Grimaldi. Mais
2. Cf. A. MARTINI, / sigilli d'oro dell'Archivio segreto Vaticano/ The gold seals ofthe Vatican
archives, Milan, 1984.
3. M. DALAS, Corpus des sceaux français du Moyen Âge, t. Il, Les sceaux des rois et de régence,
Paris, 1991, p. 308-309, n° 217.
4. M. DALAS, op. cit., n“ 229-229 bis.
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fort différente : il s'agit d'objets constitués d'une feuille d'or mince recouvrant une âme
de cire le tout empreint par une matrice sigillaire normale. Ici nous sommes en pré
sence d'un objet d'orfèvrerie, pesant et d'un travail remarquable, en or massif émaillé :
c'est une toute autre technique. Les trous symétriques qui ont été rebouchés montrent
que l'objet n'est plus dans son état d'origine ; leur position rapprochée permet d'ex
clure l'hypothèse que ces trous laissaient passer des lacs de soie attachant la « bulle »
au document : on pense plutôt à des traces de charnières. On peut imaginer que cet
objet est en fait le couvercle d'une boîte qui aurait abrité un sceau de cire qui a servi
à sceller un acte particulièrement solennel, dans lequel Louis XII (ce ne peut être que
lui) agissait en tant que roi de France et de Naples. La légende est tout à fait explicite :
Louis XII y porte les titres de roi de France, roi de Naples, roi de Jérusalem et duc de
Milan.
L'iconographie est différente de celle du sceau de Louis XII comme roi de France
(3) : sur cet objet, Louis XII porte un sceptre et un globe et non un sceptre et la main
de justice ; il n'est pas sous un pavillon, mais devant une tenture et n'a pas à ses pieds
les deux lions. Contrairement également au sceau royal, où la figure du roi est plus celle
de la fonction que celle de l'individu, la représentation de Louis XII est un portrait véri
table : les traits sont bien individualisés ; et on peut les comparer à d'autres portraits
sculptés ou peints, et à ceux qui figurent sur des médailles et des monnaies, italiennes
ou françaises.
Louis XII n'a porté les titres de roi de France, roi de Naples, roi de Jérusalem, et duc
de Milan qu'entre le 11 novembre 1500 et septembre 1504. Antérieurement au 11
novembre 1500, il prenait le titre de roi de Sicile ; en septembre 1504, il renonça au
duché de Milan en faveur de sa fille Claude. L'héraldique a permis à M. Michel
Pastoureau d'aboutir à une datation plus précise : les armes d'Anjou-Sicile, ici écarte
lées des armes de Jérusalem, pour former celles du royaume de Naples, sont représentées
par un semé de lis brisé d'un lambel ; en 1503 elles seront modifiées et porteront
désormais trois lis et un lambel. Cet objet date donc d'avant 1503.
Il faut le rapprocher du sceau connu par une empreinte appendue à un acte du 14
septembre 1501 conservé au Mont-Cassin (4) : tous deux présentent des points com
muns mais aussi des différences. Au droit la représentation du roi est la même, avec
sceptre et globe, le trône est différent, et surtout sur ce sceau le fond est parti de France
et de Jérusalem ; pourtant la légende + LVDOVICVS DEI GRA FR[ANCO]RV REX [...]
NEAPOLI indique bien qu'il s'agit du sceau pour le royaume de Naples. Ce que le contre-
sceau confirme : + LVDOVICVS . DEI . GRA . FRANCOR . IERVSALEM . ET . NEAPOLI
. REX ; le type du contre-sceau est en accord avec celui du droit : sous une couronne
deux écus accolés, l'un aux armes de France, l'autre à celles de Jérusalem. Une autre
empreinte de ce même sceau appendue à un acte du 12 mars 1502 est connue par un
dessin. Ce sceau, gravé à Paris, fut envoyé en Italie pendant l'été 1501.
On aurait pu imaginer que la provenance monégasque de cet objet fournisse une
piste quant à l'acte auquel elle a été appendue : c'est Louis XII en effet qui reconnut
Monaco comme principauté souveraine par un acte en faveur de Lucien Grimaldi. Mais
2. Cf. A. MARTINI, / sigilli d'oro dell'Archivio segreto Vaticano/ The gold seals ofthe Vatican
archives, Milan, 1984.
3. M. DALAS, Corpus des sceaux français du Moyen Âge, t. Il, Les sceaux des rois et de régence,
Paris, 1991, p. 308-309, n° 217.
4. M. DALAS, op. cit., n“ 229-229 bis.
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