Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1932-11-20
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 20 novembre 1932 20 novembre 1932
Description : 1932/11/20 (Numéro 325). 1932/11/20 (Numéro 325).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k297153n
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
FIGARO -DIMANCHE 20 NOVEMBRE 1932
DANS LE HAUT
COMMANDEMENT
Le ministre de la guerre a fait approu-
ver, hier, en conseil des ministres, un
important mouvement dans le haut com-
mandement.
MUTATIONS
Conseil supérieur de la guerre
Ont été nommés membres du Conseil
supérieur de la guerre, pour l'année 1932
les généraux de division Georges, comman-
dant le 19' corps maintenu prov.
dans son commandement actuel; Duchêne,
commandant la 13e région.
Etat-major général de l'armée
Le général de division Trousson, com-
mandant la 3e région, a été nommé au
çommander.ient de la 13' région, à Cler-
mont-Ferrand
Le général de division Errard, comman-
dant la 14e division d'infanterie, a été
nommé au commandement de la 3e région,
à Rouen.
Le général de brigade Herscher, com-
mandant militaire du Palais-Bourbon,
nommé au commandement par intérim de
la 14" division d'infanterie, à Mulhouse.
Le général de brigade Ducasse, dispo-
nible, nommé au commandement de la
5e brigade d'infanterie d'Algérie et de la
subdivision de Miliana, à Miliana.
Au grade de général de brigade les colo-
nels d'infanterie Vincent, command. l'inf.
de la 23e division, à Angoulême Fischer,
adjoint au préfet maritime, gouverneur de
Toulon, comm. la subdiv. de Toulon.
Le colonel d'infanterie Bru, comman-
dant le 3" zouaves, nommé au commande-
ment par intérim de la subdivision
d'Epinal.
Corps de santé militaire
Au grade de médecin-général, les méde-
cins-colonéls Chrétien, directeur approv.
et des établissements service santé Gay-
Bonnet, directeur service santé 4" région,
au Mans.
Le médecin-colonel Prat, sous-directeur
du service de santé de la 9e région, nommé
directeur du service de santé de la 9e ré-
gion, à Tours.
Etat-major général des troupes
coloniales
Au grade de général de division, le géné-
ral de brigade Villain au grade de géné-
ral de brigade, le colonel d'art, col. de
Pidoux de La Maduère, nommé au com-
mand. de l'art. de la 3e division col., à
Paris,
Corps de santé militaire
des troupes coloniales
Au grade de médecin-général, le méde-
cin-colonel Rousseau, en Indochine.
LE GENERAL GEORGES
Le général Georges est né à Montlucon
en 1875. Sorti de Saint-Cyr en 1897, .il" fit
ses premières armes aux tirailleurs algé-
riens et prit part à de nombreuses affaires
dans les régions sahariennes, sur les con-
fins algéro-marocains et, plus tard, aux
opérations du Maroc.
Au début de la grande guerre; le capi.
taine Georges, à la tête d'un bataillon du
122° d'infanterie, fut blessé au sud de Ger-
beviller. Sous-chef d'état-major des armées
alliées en Orient, puis affecté à l'état-ma-
jar du maréchal Foch, il prenait, en 1922,
le commandement du 64° tirailleurs ma-
rocains. Il appartenait à l'état-major de lîar-
mée du Rhm lôr$qü'il à.l.'éhl1-m. ajOr,d. e.~1~f,1.
mée du Rhin» lorsqu'il reçut, en d&dfcJSiïrtP'
1924, le grade de général'de brigade. Lors
des événements du Riff, en 1925, le maré-
chal Pétain, chargé de la direction des opé-
rations, le prit comme chef d'état-major. Di-
visionnaire en juillet 1928, il commandait
la division d'Alger quand M. Maginot lui
confia, en novembre 1929, la direction de
son cabinet militaire. Appelé à la tête du
19° corps d'armée en novembre 1930, il
est, depuis l'année dernière, grand-officier
de la Légion d'honneur.
LE GENERAL DUCHENE
Le général Duchêne est né à Annecy en
1871. Sorti de Polytechnique dans l'arme
de l'artillerie, il 'appartenait, en 1914, à
l'état-major du gouverneur militaire de Pa-
ris. Chef d'escadron en novembre 1914, il
prenait, en février 1916, le commandement
d'un groupe, puis d'un important groupe-
ment d'artillerie à la tête duquel il fut cité
deux fois. Appelé au G. Q. G. en juillet 1916,
il remplit successivement les fonctions de
chef de cabinet du maréchal Pétain au
groupe des armées du centre, au G. Q. G.
et à la vice-présidence du Conseil supé-
rieur de la guerre. Appelé en 1922 à la
tête du 82e d'artillerie, il commandait l'ar-
tillerie de la 10° division, lorsqu'il fut
nommé général de brigade. En 1925, on
trouve le général Duchêne directeur du
centre des études tactiques d'artillerie à
Metz. Divisionnaire en février 1928, on lui
donnait, en mai de la même année, le com-
mandement de la 29" division, puis, au
début de 1930, celui de la 13" région.
LE GENERAL ERRARD
Le général Errard est né en 1872, à
Sandaucourt (Vosges). Sorti de Polytechni-
Feuilleton de FIGARO du 20 Nov. 1932 2
VENT DU SUD
« Roman en vingt-quatre heures »
y
(Suite)
Aujourd'hui, te voici jeune premier, Ro-
méo, Céladon. Je me demande, en vérité,
d'ailleurs, tu en conviens toi-même
si tu n'as pas un peu perdu la tête. C'est
pourquoi j'ose t'adjurer, avant de réitérer
une telle requête, de te donner le temps
de réfléchir. Sois sûr que si notre petite
amie n'était saisie par ton extravagance,
elle se joindrait à moi pour t'en supplier.
Est-ce- vrai, Patoche ? Trop long-
temps, je vous ai négligée pour ne pas me
conformer à vos moindres ordres.
» Je ferai ce que vous voudrez, mais
n'avons-nous pas déjà perdu bien du
temps, des années precieuses? Faut-il en-
core en laisser écouler ? Est-ce réellement
là votre volonté.
A la jeune fille, qui ouvre la bouche, le
vieillard adresse un signe qui la lui re-
.ferme
Laisse-moi parler.
Et se retournant vers l'archéologue
Tu ne te figures pas tout de même
qu'une fille de bon sens, que depuis dix
ans un monsieur a plantée là, va en vingt-
quatre heures se décider à l'épouser ? En
vérité, permets-moi de te l'apprendre sous
que en 1893, il servait à la direction de
l'artillerie, au ministère de la guerre, lors-
que la guerre fut déclarée. En novembre
1914, il était cité à l'ordre de l'armée pour
avoir rendu les services les plus distin-
gués dans l'installation de l'artillerie lour-
de. Chef d'escadron en février 1915, il ser-
vit d'abord à l'état-major de la 1" armée
et fut blessé le 17 février étant en liaison
auprès d'un commandant de corps d'ar-
mée. Détaché à l'état-major des armées de
l'Est en septembre 1915, puis en 1918 à
l'état-mjajpr d'une armée, serbe, il contri-
bua grandement à' la. préparation des atta-
ques de rupture du front et accompagna
la glorieuse avance de cette armée dans des
des conditions particulièrement difficiles.
Après l'armistice, il vint au sous-secrétariat
général du ministère de la guerre, puis
commanda l'artillerie de la 15e division.
Général de brigade en 192G, il était chef
d'état-major du G. M. P. lorsqu'il reçut,
en 1929, le grade de divisionnaire et le
commandement de la 14° division.
L'outillage national
MM. Germain-Martin et Palmade
devant la commission des finances
de la Chambre
La Commission des finances de la Cham-
bre avait convoqué hier MM. Germain-
Martin, ministre des finances, et Palmade,
ministre du budget, pour leur demander
l'avis du gouvernement sur le contre-pro-
jet d'outillage préparé par les socialistes.
Les ministres se sont rendus à cette invi-
tation. M. Palmade a rappelé dans quelles
conditions le plan gouvernemental d'ou-
tillage a été conçu tout en se proposant
de provoquer une reprise de l'activité éco-
nomique et de remedier au chômage, ce
plan est destiné à liquider l'arriéré de
l'outillage, et à assurer l'équilibre du bud-
get. Ces deux dernières destinations ne
sont pas assignées au texte socialiste.
M. Germain-Martin a rappelé que le
plan actuel ne constitue qu une première
tranche. Il sera suivi d'un programme de
travaux plus vaste, mais que le gouverne-
ment réserve pour le temps où le budget
sera équilibré et le marche plus favorable.
M. Bedouce a développe son contre-
projet, s'efforçant d'en mettre en valeur
les avantages. "Mais M. Blum intervint, de
façon un peu inattendue, pour déclarer
que ses amis et lui ne demandaient pas le
voie immédiat de leur contre-projet. Ils
ne le retiraient pas, mais se proposaient
de le reprendre lors des prochaines dis-
cussions budgétaires.
Là-dessus, par 12 voix contre 1 et 11
abstentions (celles de 7 socialistes et de
4 radicaux), le passage aux articles fut'
décidé.
La commission a examiné ensuite les
crédits relatifs aux ministères des finan-
ces et de l'intérieur et elle a décidé de
continuer l'examen du projet lundi pro-
chain.
L'inquisition fiscale
Au cours de l'échange de vues qui sui-
vit l'exposé des ministres, M. Chassaigne-
Goyon, vice-président de la commission,
fit observer aux membres du gouverne-
ment que les mesures de contrôle fiscal
annoncées risquaient d'alarmer l'opinion
et que déjà une certaine émotion semblait
s'emparer des épargnants.
M. Germain-Martin a répondu que ces
mesurés ne visaient à instaurer aucune
inquisition, mais que. le gouvernement
était- décidé à poursuivre énergiquement
la fraude -fiscale.
LA BOXE A PARIS-RING
~1.f~1\t .<~v:
Young Perez vainqueur
de Jack Cowley
Young Perez, hier soir, à Paris-Ring,
a triomphé avec aisance de l'Anglais Jack
Cowley. C'est par -arrêt- de l'arbitre, en
effet, à la sixième reprise, que l'ex-châm-
.pion du- monde des poids mouche l'a em-
porté. Auparavant, Jack Cowley était allé
plusieurs fois à terre, après avoir fait
preuve, dès la première reprise, d'une très
grosse infériorité.
Un très nombreux public a suivi cette
rencontre, qui était la première que Young
Perez disputait à Paris depuis fort long-
temps.
L'ASSASSINAT DU FAUX PRINCE
DE BOURBON
M. Hude, juge d'instruction, a interrogé,
en présence de M" Renée Garnier et de
Moro-Giafferri, Condellaria Brausoler qui,
rue du Bouloi, tua l'Italien Larioli, lequel
se faisait passer pour un prince de Bour-
bon.
L'inculpée a continué à affirmer qu'elle
n'avait pas prémédité son crime. Elle avait
prétendu que le défunt détenait des do-
cuments intéressant la défense nationale.
C'est inexact. Le juge, dans cette affaire,
a entendu trente-quatre témoins il a fait
traduire quatre commissions rogatoires
venant d'Espagne et quatre autres, rédi-
gées aux Etats-Unis et aux Philippines,
ainsi qu'un carnet où l'Espagnole notait
ses impressions quotidiennes. De cette
lecture, il résulte qu'elle donnait 25 francs
par jour au faux prince.
ies Tropiques, vous perdez un tantinet la
notion de nos convenances européennes.
Avoue que devant une telle mise en de-
meure, on est bien autorisé à se recueillir
un brin. Laisse-nous le temps de respirer,
de voir les choses à tête reposée. En som-
me, nous avons ici une bonne petite vie
tranquille, confortable, entourée d'affec-
tions c'est bien suffocant d'être som-
mée de lâcher tout ça du jour au lende-
main pour suivre en Chine, parmi les ti-
gres et les moustiques, un monsieur à qui
le climat semble avoir donné un sérieux
coup de bambou.
L'expression du visage sévère souligne
la gravité de l'avertissement. Les traits du
visiteur se sont altérés. Il pâlit, se tourne
vers Patoche, la vise peureusement comme
s'il implorait d'elle un secours. Ses lè-
vres tremblent, mais, impitoyable, Augus-
tin Pannelier poursuit, frappant de son
coupe-papier ses mains sèches
Voyons, mon garçon, est-ce que son
silence ne t'en dit pas assez long ? On ne
te répond pas non, pas tout à fait, c'est en-
tendu. Mais on te donne le temps de ré-
fléchir. On le réclame pour soi. Hein
Adrien Laborde passe sa main sur son
front d'un air accablé
Je comprends. C'est juste. En som-
me, oui, j'ai parlé d'une façon irréfléchie,
comme un égoïste. Vous avez eu raison,
parrain, de couper court, peut-être un
peu brutalement, à un rêve trop ambi-
tieux. Soyez tranquille, vous ne me verrez
pas m'obstiner. Oui, vous avez raison,
c'était une folie. Il s'est réveillé en moi
des voix si puissantes. C'eût été si beau,
si doux, trop doux Adieu, Patoche, excu-
sez-moi.
Le voyageur a un geste douloureux. Il
va repasser le seuil de la porte, quand
s'élève une voix incertaine
Adrien.
Il s'arrête, se retourne.
Adrien.
Mon Dieu, que va-t-elle dire ? Quelle est
cette Patoche aux yeux brillants, aux lè-
vres frémissantes, qui s'avance vers lui
Elle ouvre la bouche, aucun son n'en sort.
(15)
CHOSES VUES
DANS L'AMÉRIQUE
EN CRISE
Une nombreuse assistance se pressait,
hier après-midi, au théâtre des Ambassa-
deurs, pour entendre M. Paul Reynaud,
retour de New-York, traiter le sujet sui-
vant « L'Amérique en crise ».
Tout d'abord, l'ancien ministre décrit
les scènes de la vie américaine qui vien-
nent de se dérouler, si différentes de ce
qu'il voyait, il y a trois ans, à l'époque de
la prospérité. Au passage, notons quel-
ques traits la courbe des suicides, qui
monte quand baisse celle des valeurs la
diminution du nombre des divorces, le
divorce étant désormais un luxe par trop
coûteux ce « dîner que les gens ruinés »
qui, à New-York, fut le succès de la saison,
et encore ces jeunes garçons qui, risquant
leur vie, s'accrochent à des wagons pour
aller chercher fortune ailleurs.
En dépit de tant de détresse, l'Amérique
a tenu, elle tient. Elle tient magnifique-
ment sans communisme ni socialisme, car
la lutte des classes n'est pas une formule
qui lui inspire confiance.
Examinant les causes de la crise, M. Paul
Reynaud signale en premier lieu le désé-
quilibre existant entre le prix des pro-
duits agricoles et le prix des produits
industriels, déséquilibre qui se traduit par
la quasi-annihilation du pouvoir d'achat
des ruraux, presque la moitié de la popu-
lation. Pourquoi les prix agricoles sont-
ils tombés si bas ? Parce que les Etats-
Unis, quand ils rompirent la solidarité
financière avec les puissances associées,
reçurent en quantités massives l'or de leurs
débiteurs et ouvrirent aux habitants des
campagnes des crédits bancaires excessifs.
D'où surproduction intense. La politique
agricole du gouvernement de Washington
a atteint son point culminant dans l'expé-
rience ruineuse du Farm Board, que notre
Parlement fait mine de vouloir imiter avec
l'Office du blé, car les malheurs des uns
n'apprennent jamais rien aux autres.
La même inflation de crédit a sévi d'ans
le monde industriel américain, produisant
des effets analogues. « Il faut donner de
l'activité aux capitaux », disait M. Mon-
tagu Norman, gouverneur de la Banque
d'Angleterre à son collègue de la Fédéral
Reserve Board, qui acquiesçait. L'autre
jour,M. Montagu Norman avouait qu'il n'y]
voyait plus clair et que la situation écqno-
mique et financière devenait inintelligible
pour lui. Que n'était-il frappé, il y a quatre
ans, de cette cécité, mère de prudence!
En attendant, l'Amérique prêta de l'argent
aux peuples de l'Europe centrale et à ses
industriels. La fabrication intérieure fut
poussée à l'excès neuf cent millions de
paires de chaussures se trouvèrent jetées
sur le marché, alors que trois cent millions
suffisaient amplement à la population.
Tels sont les faits qui préparèrent le
krach boursier du 16 novembre 1929.
Et les remèdes ? M. Hoover, des indus-
triels comme Ford, employèrent d'abord la
méthode Coué « La prospérité revient,
elle est au coin de la rue, elle arrive. »
Ford a élevé les salaires et M. Hoover vou-
lut réduire les impôts pour alimenter cette
croyance. Actuellement, les salaires des ou-
vriers dépassent encore de 100 p. 100 le
niveau d'avant guerre, tandis que le blé se
vend 42 cents contre 141 en 1925. Le désé-
quilibre des prix agricoles et des prix in-
dustriels persiste donc et s'aggrave. Lon-
dres et New-York disent « Il faut rele-
ver les prix Non, au contraire, il faut
produire à meilleur marché.
Quant à ce que les Américains pensent
de nous, voici dès qu'un Français se
donne la peine d'expliquer à des Améri-
cains les raisons de tel ou tel acte du gou-
vernement français sur lequel ils se sont
mépris, le Français trouve un auditoire
bienveillant et d'esprit ouvert. M. Paul
Reynaud a pu en juger par lui-même quand
il expliqua pourquoi la Banque de France
avait dû rapatrier son or et pourquoi no-
tre gouvernement ne pouvait affaiblir son
armée dans les circonstances actuelles.
Malheureusement, peu de propagandistes
français traversent l'Atlantique, tandis que
les envoyés de ['Allemagne, les Kuhlmann
et les Curtius, par exemple, sont continuel-
lement en tournées de conférences.
Et M. Paul Reynaud de lancer un appel
aux Français qu'ils aillent recueillir sur
place la grande leçon d'énergie que dis-
pense l'Amérique.
PROPHYLAXIE DE LA CECITE
La réunion annuelle de l'Association
internationale de prophylaxie de la cécité
a eu lieu, hier après-midi, au siège central
de l'Association, 66, boulevard Saint-Mi-
chel, sous la présidence du professeur de
Lapersonne et en présence du ministre de
la santé publique. Mlle Szymanska de Sio-
povron représentait la duchesse de Ven-
dôme.
Après l'exposé des travaux de l'année
par le président, la séance a été consacrée
aux classes spéciales pour l'éducation des
enfants à vue très défectueuse des experts
venus d'Angleterre, d'Amérique, d'Allema-
gne, de Suisse se sont joints aux experts
français dans la discussion de cet impor-
tant problème.
Et puis, laborieusement, elle se met à pa-
tauger, à bafouiller.
Adrien. si vous croyez vraiment.
si vous êtes sûr que. en vérité, je m'ima-
ginais. ah la tête me tourne.
Elle chancelle. Les yeux du voyageur
vont de la silhouette gracile au vieillard
qui sourit. Le jeune homme s'approche de
la jeune fille, et d'une voix basse, sup-
pliante, il articule: t
-,Claire, ma petite Claire? Est-ce vrai-
ment que je ne me trompe pas ?
Elle lui tend sa main. II y pose les lè-
vres.
Assis dans son fauteuil, le vieil érudit:
contempla avec satisfaction- le couple im-'
mobile. Il accorde une caresse à Sésostris,
tapote sur le revers de son habit un grain
de poussière, et grommelle pour lui-même:
Tout de même, sans moi, ils en au-
raient fait de belles, ces deux nigauds.
La main dans la main, les jeunes gens
demeurent silencieux. Enfin se dégageant,
une rougeur aux joues, Patoche murmure
Mon parrain, nous vous demandons
pardon.
Il n'est pas impossible que je vous
pardonne. Mais tout de même pendant que
nous y sommes, autant vous expliquer à
fond.
Et se tournant vers son visiteur
Ah tu en as tout de même de la
chance, mon garçon, d'être probablement
tuberculeux, impaludé et plus ou moins
opiomane;
L'autre le toise avec stupeur
Que voulez-vous dire ? Je me porté'
comme le Pont-Neuf.
Malheureux Alors rien de fait, n'est-
ce pas Patoche ? 9
Elle a sur le vieil homme un- regard con-
fus, suppliant. L'archéologue semble com-
plètement dérouté, autant dire imbécile. Im-
pitoyable, Augustin Pannelier reprend
Eh bien, je vais t'expliquer. Figure-
toi qu'au moment. où tu es arrivé, cette
jeune personne me demandait de lui évi-
ter l'ennui de te mettre à la porte. Oui, tu
comprends, elle ne se faisait pas d'illusion
sur ton équilibre. Elle prévoyait la dé-
UN ENTRETIEN
AVEC M. MATSUOKA
DELEGUE DU JAPON
La session du Conseil de la S. D. N. qui
s'ouvre après-demain offre un intérêt
spécial pour le Japon. Le rapport Lytton y
sera discuté. C'est en raison de l'importance
qu'il attache à ce débat que le gouvernement
japonais a jugé utile d'adjoindre à son émi-
nent représentant permanent au Conseil
S. Exe. M. Nagaoka, ambassadeur à Paris
un nouveau délégué, M. Matsuoka, arrivant
eft droite ligne de Tokio, muni des instruc-
tions les plus précises. Comme M. Matsuoka
a passé une partie de sa jeunesse dans les
universités américaines, qu'il revint ensuite
aux Etats-Unis en qualité de secrétaire
d'ambassade et qu'il est personnellement lié
avec M. Franklin Roosevelt, on peut prévoir
que, tout au moins, un sérieux effort sera
déployé pour trouver enfin une formule de
compromis compatible avec la politique de
Tokio et celle de Washington.
Avant de quitter Paris pour Genève, M.
Matsuoka a bien voulu nous recevoir et nous
donner quelques renseignements sur l'état
actuel du problème mandchourien.
Le Japon acceptera-t-il la procédure de
l'assemblée, bien qu'elle soit engagée selon
l'article 15 ?
Nous continuerons à ignorer l'assem-
blée extraordinaire. Nous verrons comment
la situation évoluera au Conseil. Jusqu'à
présent, nous n'avons nullement changé
d'attitude vis-à-vis de l'article 15. Nous n'ac-
ceptons pas qu'il nous soit appliqué.
En ce qui concerne la question mand-
chourienne, ne pourrait-on envisager une
formule de compromis qui subordonnerait
l'établissement d'un nouveau gouvernement
mandchou à cette création ou modernisation
de l'Etat chinois « par action internationale
temporaire dont il est fait mention à la
fin des recommandations de la Commis-
sion ?
Nous verrons cela à Genève. Toutefois.
je puis vous dire déjà qu'aucune solution ne
paraîtra acceptable à la nation japonaise si,
au préalable, n'a pas été pose ce double
principe 1° le Mandchou-Kouo existe
2" il a été reconnu par le gouvernement ja-
ponais.
Le Japon demande-t-il la reconnais-
sance officielle du Manchou-Kouo par les
diverses puissances ou entre ces puissances
et le Mandchou-Kouo tient-il pour suffisan-
tés les relations de fait ? Si, pour une rai-
son ou une autre, les consuls actuellement
accrédités devaient être remplacés, qu'ar-
riverait-il ?
Le Japon n'a pas voix au chapitre,
car il n'est pas le Mandchou-Kouo. Cer-
tes, nous serions satisfaits si les diverses
puissances reconnaissaient officiellement
le Mandchou-Kouo, mais il ne nous in-
combe pas d'en faire la demande.
Quelle réponse peut être faite aux deux
accusations portées par le rapport Lytton
1" que les troupes japonaises, le 18 septem-
bre 1931, ont pris l'initiative d'occuper
Moukden un régiment nommément dési-
gné ayant quitté ses quartiers deux heures
avant le prétendu attentat sur le chemin de
fer 2° que des fonctionnaires japonais ont
pris l'initiative de constituer le Mandchou-
Kouo ?
Ces points seront discutés à Genève.
Là-dessus, nous dénions le bien-fondé du
rapport Lytton. Nous développerons nos ar-
guments devant le Conseil.
Dans certains milieux de la S. D. N., on
prétend que le Japon, privé de capitaux, ne
trouvant pas à emprunter au dehors, sera
incapable de mettre en valeur et de tenir la
Mandchourie, peuplée de trente millions
d'habitants. Comment réfuter cette thèse ?
L'avenir montrera ce qu'il en est. En
tout cas, pour tenir de pareils propos, il faut
vraiment que les Européens connaissent
bien mal la Mandchourie et la façon dont
vont les choses en Extrême-Orient.
Quel est l'état actuel de la sécurité en
Mandchourie ? Y a-t-il diminution des atta-
ques de brigands ?
Oui, les attaques deviennent moins
nombreuses. Déjà le long des voies ferrées
(Sud-Mandchourien et Est-Chinois) et au-
tour des grandes villes, la paix est assurée.
Avant six mois, l'ordre régnera partout. En
Mandchourie comme dans toute la Chine,
le brigandage était une profession. On n'a
pas pu le supprimer du jour au lendemain.
Cependant, dès maintenant, on peut affir-
mer que la sécurité est dans le Mandchou-
Kouo plus grande qu'en Chine.
D. Le Lasseur.
LE HOME RULE POUR L'ECOSSE
Depuis quelque temps, un mouvement se
produit en Ecosse en faveur du Home Rule.
Lord Dalziel, membre de la Chambre des
pairs à Westminster, est une des personna-
lités qui s'occupent le plus activement de
la question. Il se propose même de sai-
sir incessamment la Chambre haute d'un
projet de loi à cet effet. Au cours
d'un article qu'il publie dans le Daih]
Mail, il énumère les raisons qui, selon
lui, militent en faveur d'une pareille
mesure. En dehors du prestige de la
,race, qui demande plus que jamais à
s'affirmer à la face de tous, il y a des
raisons éminemment pratiques, « car,
dit-il, les lois de l'Ecosse n'ont jamais été
assimilées à celles de l'Angleterre. Le sys-
tème ecclésiastique, celui de l'éducation,
celui de la justice, celui des concessions et
marche incongrue où il risquait de t'entraî-
ner, désirait vous épargner à tous deux une
erreur regrettable. Je dois t'avouer que je
n'ai pu que l'encourager dans cette sage
résolution. Je lui ai certifié que l'influence
déprimante du climat avait atteint ta san-
té, que tu marchais vers le détraquement
général et constituais ainsi un parti fort
médiocre. L'exaltation dont tu viens de té-
moigner n'a pu que confirmer mon pro-
nostic. Donc, si elle a fait volte-face, ne
t'abuse pas sur les raisons de ce change-
ment. Tout simplement, au lieu d'aller con-
vertir les nègres, soigner les lépreux ou
enseigner l'alphabet à des cannibales, c'est
à toi qu'elle consacrera ses soins. Il est
bien convenu, n'est-ce pas, que c'est com-
me garde-malade que tu l'engages autre-
ment rien de fait.
Le jeune homme, décontenancé, sourit
avec quelque embarras. Pauvre Patoche
comme elle a l'air malheureux En vé-
rité, la plaisanterie est médiocre.
Et Augustin de continuer
Rends-toi compte toi-même que si tu
étais bien portant et dans ton bon sens, elle
ne saurait en aucune manière accepter
d'être ta femme.
Et pourquoi ?
'Parce qu'évidemment tu ne pour-
rais, dans ce cas, l'épouser que pour faire
une fin, ou encore par pitié, par aberra-
tion. Comment encombrer ta vie de cette
petite provinciale non seulement bien né-
gligeable, mais qui, de plus, serait terri-
blement fatigante, car mon brave garçon,
cette union de raison que tu lui offres,
cette tiédeur de sentiment raisonnable que
dénote ta tardive démarche ne correspon-
dent pas, mais pas du tout, à ce qui s'agite
en elle.
Le jeune homme tressaille, darde sur la
jeune fille des prunelles agrandies
Oh Patoche, puis-je vraiment croire?
Elle lève sur lui des yeux resplendis-
sants.
Ah cette fois, quel élan noue leurs
mains, accole leurs lèvres
Eh bien, mes enfants, vous ne vous
gênez pas. Heureusement que j'ai à trier
des rèdevances ayant trait aux terres sont
très différents. Aucun Anglais ne s'est
rendu vraiment maître de la loi et de la
procédure écossaises, et cette infériorité
fait que les députés de race anglaise sont
inaptes à légiférer sur les affaires d'Ecosse,
ce qui les amène, d'ailleurs, à les négliger
de façon scandaleuse au sein du Parlement
impérial ».
Cependant, nombre d'Ecossais, parmi
les plus éminents, ne partagent pas cet
avis. Une déclaration vient d'être signée
à cet effet par les ducs de Bucclench,
d'Argyll, de Richmond et Gordon, d'A-
tholl et une vingtaine d'autres lords,
affirmant qu'aux points de vue géogra-
phique, industriel et naturel, l'Angleterre
et l'Ecosse dépendent l'une de l'autre et
ne constituent qu'un seul et même pays,
les Ecossais jouissant d'une participation
égale dans toutes les questions qui relèvent
de la Grande-Bretagne. On attend avec
curiosité les débats réservés à ce projet
de loi.
Le XIIIe Salon
de l'Héronautique
Il obtient un beau succès
Les deux premières journées du Salon
de l'Aéronautique font bien augurer de
son succès. L'affluence des visiteurs a été
grande et hier notamment, dans l'après-
midi, la foule se pressait autour des
stands, considérant avec curiosité les
avions de toutes dimensions qui y sont
exposés. Le nombre des entrées d'ailleurs
pour ces deux premières journées dépasse
largement celui de 1930. La preuve est
ainsi faite que la masse s'intéresse aux
choses de l'aviation. On sent dans les vi-
siteurs une certaine curiosité mais aussi
une certaine confiance dans ces « oi-
seaux » de toutes tailles que présentent
nos constructeurs.
L'admiration de la foule est grande
pour les avions et hydravions militaires
mais c'est aux appareils de tourisme, puis
aux avions de transport que va la faveur
du public. Il n'est pour s'en convaincre
que de voir les longues files de visiteurs
qui font le siège des grands appareils
commerciaux. On veut voir l'intérieur de
ces « grands express de l'air » qui vous
transportent à Londres en 2 heures, à
Berlin en 6 heures, à Cannes en 4 h. 30,
à Bucarest en 15 heures et ce sont dans
chaque carlingue des cris d'admiration
pour le confort, l'aisance, que comportent
les installations comme quoi une sembla-
ble exposition fait beaucoup en faveur de
l'aviation qui connaît chaque jour un dé-
veloppement plus grand.
Demain ces visiteurs, mis en goût par
ce qu'ils auront vu au Grand Palais, rece-
vront, dès que l'occasion s'en présentera,
le baptême de l'air. Définitivement con-
quis alors à la navigation aérienne,
comme tant d'autres dont les craintes et
le scepticisme furent vaincus, ils devien-
dront des habitués de ce mode de trans-
port qui progresse à pas de géant, puis
d'ardents propagandistes.
Ainsi apparaît l'utilité de ce Salon de
l'Aéronautique que nous regretterons, une
fois encore, de ne pas voir consacré plus
complètement aux avions civils.
Le public trouve pourtant au Grand Pa-
lais des appareils, des statistiques, des
moteurs qui retiennent son attention. C'est
pourquoi il accourt nombreux. Aujour-
d'hui, premier dimanche, on peut prévoir
une tres grosse afiluence.
Demain lundi, une mission yougoslave
visitera officiellement le Salon à 15 heu-
res. A. R. ̃̃" •' • '.̃'̃̃
LES SCANDALES DE L'AVIATION
M. Brack, juge d'instruction, a passé sa
journée à confronter Luco, qu'assistaient
M" Raymond Hubert et Jean Laval avec
MM. Bouilloux Lafont, Portais, Vivant,
Goldsky et le commandant Dagneaux.
M. Vivant a formellement nié avoir mis
M. Portais en garde contre Luco dont il
ignorait le passé.
M. Goldskv a dénoncé Luco en deux ar-
ticles dans un journal que l'on pouvait se
procurer.
Enfin, une longue discussion s'est enga-
gée sur le contrat tripartite entre la Sidna,
la Lufthansa et une compagnie aéronauti-
que espagnole. Luco continue à accuser
M. Bouilloux-Lafont de lui avoir dicté les
termes du contrat, et le commandant Da-
gneaux estime que M. Bouilloux-Lafont ne
pouvait soupçonner la Sidna d'avoir versé
ce qu'elle ne possédait pas; c'est-à-dire des
actions nominatives de la Transafricaine.
M. Bouilloux-Lafont répond que Gnôme
et Rhône pouvaient disposer d'un apport
et que le contrat devait lui paraître nor-
mal.
fA
M. Lapeyre, doyen des juges d'instruc-
tion, a rendu une ordonnance de non-in-
formé sur la plainte en escroquerie de M.
André Bouilloux-Lafont contre Serge Luco.
Le plaignant a fait opposition à l'ordon-
nance, devant la chambre des mises en
accusation.
dans mes cartons. Après réflexion, je crois
bien avoir quelque part un tirage à part
assez curieux sur les tombes kmers. Pen-
dant que je farfouille, achevez donc .de
vous mettre d'accord. Parce que vous sa-
vez, pour parler le langage à la mode, j'en
ai marre de faire l'interprète.
Les deux jeunes gens se sont assis côte
à côte sur le divan. Ils s'entretiennent à
demi-voix. Leurs yeux sont humides. Ah
la magique douceur des aveux définitifs
enfin formulés I
Mais, Patoche, je n'ai jamais aimé
que vous.
Adrien, c'est vous seul que toujours
j'ai aimé.
Ils tressaillent. A la pendule, sur la che-
minée, onze heures et demie ont sonné. Au-
gustin Pannelier revient, brandissant une
plaquette poudreuse.,
A la bonne heure, mon garçon, tu
n'auras pas tout à fait perdu ta visite. Je
suis sûr que tu trouveras là quelques in-
dications.
Et puis, changeant de ton
Allons, il me semble que pendant mes
perquisitions vous avez rattrapé le temps
perdu. Sans reproche, voilà dix ans assez
bêtement gaspillés. Heureusement, vous
être repartis en vitesse. Il n'était que temps.
Le baromètre baisse, quelques heures de
plus, le vent tournait et sans doute vous
restiez en panne. « Le destin de Patoche,
ou un mariage en vingt-quatre heures »,
quel joli titre de roman pour jeunes filles
sentimentales 1
Les jeunes gens s'entre-regardent en sou-
riant, et Claire répond
Non, parrain, pas le roman de vingt-
quatre heures, le roman de toujours. Huit
ans d'absence m'ont seulement prouvé que
rien ne pouvait abolir le vœu suprême de
mon adolescence. Il a suffi du retour de
ce voyageur, et, si vous voulez, de quel-
ques bouffées de vent du Sud pour tout
effacer devant lui.
Et le jeune homme ajoute à son tour
Et moi, huit ans de travail et d'er-
rance m'ont surtout appris ceci rien ne
NOUVELLES
DIVERSES
On arrête un escroc qui opérait
en complicité avec sa soeur
Deux inspecteurs de là police judiciaire
viennent de mettre fin aux agissements
d'un habile « chevalier d'industries, Dé-
siré David, ancien lieutenant pendant la
guerre. Il opérait dans les trains de luxe,
liait conversation avec certaines voyageu-
ses, se renseignait sur leur situation et
nouait des relations suivies avec des veu-
ves ou des femmes divorcées très riches.
Celles-ci étaient mises en confiance par
l'escroc, qui se donnait pour chef de cabi-
net de ministre ou pour gros industriel.
La sœur de David, Elise, âgée de cin-
quante ans, très belle et fort éloquente, en-
trait en scène au besoin lorsque les victi-
mes paraissaient récalcitrantes. Elle allait
jusqu'à parler d'un suicide possible de son
frère si elles ne répondaient pas à ses dé-
sirs. On estime à un million les sommes
que le couple a escroquées.
En 1921, on entend parler de David à la
suite d'un vol de 400,000 francs de bijoux
commis au préjudice d'une dame de la
haute société dont il avait fait la connais-
sance dans un train venant de Lyon.
En 1925 et 1926, on le retrouve à Dus-
seldorf. Les autorités acceptent de le faire
extrader, mais à condition qu'on ne re-
'enne pas le délit d'espionnage contre lui,
ce qui semble indiquer que David était at-
taché à un service secret.
Enfin, à la suite de nouvelles plaintes,
M. Guillaume, commissaire divisionnaire,
chargea les brigadiers Piguet et Bonardi
de faire une enquête. David et sa sœur ont
été arrêtés et mis à la disposition de la
justice.
Le secrétaire général
de la préfecture d'Auxerre
meurt asphyxié
M. Bouvier, secrétaire général de la pré-
fecture d'Auxerre, est mort asphyxié par
des émanations d'un poêle à combustion
lente. Etonné de ne l'avoir pas vu paraî-
tre hier à la préfecture, M. Angeli, préfet,
envoya vers trois heures M. Cousin, chef
de son cabinet, chez M. Bouvier. Celui-ci
gisait inanimé sur son lit.
Le docteur Duche a constaté que la mort
remontait à dix ou douze heures.
Né à Rumilly (Haute-Savoie), M. Bouvier
n'était âgé que de trente-cinq ans.
Grave accident de la circulation
à Toulon
Une collision s'est produite à l'angle de
la place du Champ-de-Mars et du boule-
vard Georges-Clemenceau, à Toulon, entre
une automobile conduite par M. William
Barrier, percepteur à Collobrières, demeu-
rant à Toulon, et un tramway se dirigeant
vers Brunet. Le choc fut des plus violents
et la motrice sortit des rails. M. Lucien
Anderi, receveur du tramway, a été blessé.
M. Barrier a été atteint au visage, ainsi que
Mlle Catherine Becco, sa femme de cham-
bre. M. William Barrier, grand mutilé de
guerre, est le mari de Mme Suzanne Sa-,
bran, de l'Opéra-Comique.
Monument historique endommagé
Moulins, 19 novembre. -Un camion au-
tomobile appartenant à M. Marcel Dreux,
de Saint-Christophe-en-Brionnais, s'est jeté,
à Montaiguet-en-Forez, sur une porte for-
tifiée classée monument historique. Cette
porte, qui constitue un des plus purs spé-
cimens d'architecture militaire du quinziè-
me siècle,' a été hrisèé. L'administration
dés beaux-arts ;a/ét|tHprèyeîftiè; ̃•̃•:• ̃•
La Mode actuelle
exige une Ligne
parfaite.
Portez "Ma Gaine"
"C.95"ou"Kigante"
trois Créations
C LAVE RIE'.
offertes au prix spécial de
»5 1rs
à l'occasion du Cinquante-
naire des Établis. €L,AVEKIE
234, Faubourg Saint-RS:irtin
et 12, Rue Tronchet, PARIS
Notice C sur demande 1-
Toute demande de changement d'adresse
doit être accompagnée de la somme de un
frane cinquante en timbres-poste pour cou-
vrir une partie des frais de renouvellement
de la bande.
compte, rien ne vaut auprès du jeune
amour dans le vieux terroir.
A la bonne heure. Eh bien, si vous
voulez m'en croire, maintenant vous allez
filer et déjeuner en tête à tête au restau-
rant des Rocailles. Vous devez avoir en-
core pas mal de choses à vous dire. Ne
t'inquiète pas, ma fille, je fais prévenir
ta belle-mère de se mettre à table sans
t'attendre.
Les jeunes gens se lèvent. Patoche in-
terroge
Mon parrain, dites, vous ne me trou-
vez vraiment pas trop ridicule ? Une
vieille fille.
Adrien proteste
Un vieux garçon. v:
Qui vont faire ensemble un jeune ̃
couple et s'envoler à la conquête de la
Toison d'Or ou du Saint-Graal au delà de
Singapour. Et moi qui vais rester seul,
qu'est-ce que je toucherai pour ma com-
mission ?. Chut, taisez-vous. C'est le sort
des vieux, mes enfants. Vous êtes dans la
vérité, dans le devoir. Parfois, quand vous
n'aurez rien de mieux à faire, écrivez-
moi quelques lignes. Quand vous cesserez
de recevoir réponse, vous saurez que j'ai
à mon tour déménagé, rejoint ton :papa,
ma petite Claire, dans l'enclos jonché de
cyprès et de croix sur le flanc de la fa-
laise. Lorsque vous reviendrez au pays,
tous deux vous viendrez y faire un tour
et déposerez sur les pierres grises quel-
ques œillets maritimes que vous serez
aller cueillir ensemble.
Les fiancés embrassent le vieillard, des-
cendent l'escalier. Pendant qu'ils en dé-
gringolent les dernières marches, ils en-
tendent une voix guoguenarde et enrouée
qui hèle Adrien.
Et surtout, mon garçon, n'oublie pas
de télégraphier à Bordeaux pour deman-
der l'ajournement de ta conférence. Motif:
archéologue en panne à Cythère.
André Lichtenberger.
FIN
DANS LE HAUT
COMMANDEMENT
Le ministre de la guerre a fait approu-
ver, hier, en conseil des ministres, un
important mouvement dans le haut com-
mandement.
MUTATIONS
Conseil supérieur de la guerre
Ont été nommés membres du Conseil
supérieur de la guerre, pour l'année 1932
les généraux de division Georges, comman-
dant le 19' corps maintenu prov.
dans son commandement actuel; Duchêne,
commandant la 13e région.
Etat-major général de l'armée
Le général de division Trousson, com-
mandant la 3e région, a été nommé au
çommander.ient de la 13' région, à Cler-
mont-Ferrand
Le général de division Errard, comman-
dant la 14e division d'infanterie, a été
nommé au commandement de la 3e région,
à Rouen.
Le général de brigade Herscher, com-
mandant militaire du Palais-Bourbon,
nommé au commandement par intérim de
la 14" division d'infanterie, à Mulhouse.
Le général de brigade Ducasse, dispo-
nible, nommé au commandement de la
5e brigade d'infanterie d'Algérie et de la
subdivision de Miliana, à Miliana.
Au grade de général de brigade les colo-
nels d'infanterie Vincent, command. l'inf.
de la 23e division, à Angoulême Fischer,
adjoint au préfet maritime, gouverneur de
Toulon, comm. la subdiv. de Toulon.
Le colonel d'infanterie Bru, comman-
dant le 3" zouaves, nommé au commande-
ment par intérim de la subdivision
d'Epinal.
Corps de santé militaire
Au grade de médecin-général, les méde-
cins-colonéls Chrétien, directeur approv.
et des établissements service santé Gay-
Bonnet, directeur service santé 4" région,
au Mans.
Le médecin-colonel Prat, sous-directeur
du service de santé de la 9e région, nommé
directeur du service de santé de la 9e ré-
gion, à Tours.
Etat-major général des troupes
coloniales
Au grade de général de division, le géné-
ral de brigade Villain au grade de géné-
ral de brigade, le colonel d'art, col. de
Pidoux de La Maduère, nommé au com-
mand. de l'art. de la 3e division col., à
Paris,
Corps de santé militaire
des troupes coloniales
Au grade de médecin-général, le méde-
cin-colonel Rousseau, en Indochine.
LE GENERAL GEORGES
Le général Georges est né à Montlucon
en 1875. Sorti de Saint-Cyr en 1897, .il" fit
ses premières armes aux tirailleurs algé-
riens et prit part à de nombreuses affaires
dans les régions sahariennes, sur les con-
fins algéro-marocains et, plus tard, aux
opérations du Maroc.
Au début de la grande guerre; le capi.
taine Georges, à la tête d'un bataillon du
122° d'infanterie, fut blessé au sud de Ger-
beviller. Sous-chef d'état-major des armées
alliées en Orient, puis affecté à l'état-ma-
jar du maréchal Foch, il prenait, en 1922,
le commandement du 64° tirailleurs ma-
rocains. Il appartenait à l'état-major de lîar-
mée du Rhm lôr$qü'il à.l.'éhl1-m. ajOr,d. e.~1~f,1.
mée du Rhin» lorsqu'il reçut, en d&dfcJSiïrtP'
1924, le grade de général'de brigade. Lors
des événements du Riff, en 1925, le maré-
chal Pétain, chargé de la direction des opé-
rations, le prit comme chef d'état-major. Di-
visionnaire en juillet 1928, il commandait
la division d'Alger quand M. Maginot lui
confia, en novembre 1929, la direction de
son cabinet militaire. Appelé à la tête du
19° corps d'armée en novembre 1930, il
est, depuis l'année dernière, grand-officier
de la Légion d'honneur.
LE GENERAL DUCHENE
Le général Duchêne est né à Annecy en
1871. Sorti de Polytechnique dans l'arme
de l'artillerie, il 'appartenait, en 1914, à
l'état-major du gouverneur militaire de Pa-
ris. Chef d'escadron en novembre 1914, il
prenait, en février 1916, le commandement
d'un groupe, puis d'un important groupe-
ment d'artillerie à la tête duquel il fut cité
deux fois. Appelé au G. Q. G. en juillet 1916,
il remplit successivement les fonctions de
chef de cabinet du maréchal Pétain au
groupe des armées du centre, au G. Q. G.
et à la vice-présidence du Conseil supé-
rieur de la guerre. Appelé en 1922 à la
tête du 82e d'artillerie, il commandait l'ar-
tillerie de la 10° division, lorsqu'il fut
nommé général de brigade. En 1925, on
trouve le général Duchêne directeur du
centre des études tactiques d'artillerie à
Metz. Divisionnaire en février 1928, on lui
donnait, en mai de la même année, le com-
mandement de la 29" division, puis, au
début de 1930, celui de la 13" région.
LE GENERAL ERRARD
Le général Errard est né en 1872, à
Sandaucourt (Vosges). Sorti de Polytechni-
Feuilleton de FIGARO du 20 Nov. 1932 2
VENT DU SUD
« Roman en vingt-quatre heures »
y
(Suite)
Aujourd'hui, te voici jeune premier, Ro-
méo, Céladon. Je me demande, en vérité,
d'ailleurs, tu en conviens toi-même
si tu n'as pas un peu perdu la tête. C'est
pourquoi j'ose t'adjurer, avant de réitérer
une telle requête, de te donner le temps
de réfléchir. Sois sûr que si notre petite
amie n'était saisie par ton extravagance,
elle se joindrait à moi pour t'en supplier.
Est-ce- vrai, Patoche ? Trop long-
temps, je vous ai négligée pour ne pas me
conformer à vos moindres ordres.
» Je ferai ce que vous voudrez, mais
n'avons-nous pas déjà perdu bien du
temps, des années precieuses? Faut-il en-
core en laisser écouler ? Est-ce réellement
là votre volonté.
A la jeune fille, qui ouvre la bouche, le
vieillard adresse un signe qui la lui re-
.ferme
Laisse-moi parler.
Et se retournant vers l'archéologue
Tu ne te figures pas tout de même
qu'une fille de bon sens, que depuis dix
ans un monsieur a plantée là, va en vingt-
quatre heures se décider à l'épouser ? En
vérité, permets-moi de te l'apprendre sous
que en 1893, il servait à la direction de
l'artillerie, au ministère de la guerre, lors-
que la guerre fut déclarée. En novembre
1914, il était cité à l'ordre de l'armée pour
avoir rendu les services les plus distin-
gués dans l'installation de l'artillerie lour-
de. Chef d'escadron en février 1915, il ser-
vit d'abord à l'état-major de la 1" armée
et fut blessé le 17 février étant en liaison
auprès d'un commandant de corps d'ar-
mée. Détaché à l'état-major des armées de
l'Est en septembre 1915, puis en 1918 à
l'état-mjajpr d'une armée, serbe, il contri-
bua grandement à' la. préparation des atta-
ques de rupture du front et accompagna
la glorieuse avance de cette armée dans des
des conditions particulièrement difficiles.
Après l'armistice, il vint au sous-secrétariat
général du ministère de la guerre, puis
commanda l'artillerie de la 15e division.
Général de brigade en 192G, il était chef
d'état-major du G. M. P. lorsqu'il reçut,
en 1929, le grade de divisionnaire et le
commandement de la 14° division.
L'outillage national
MM. Germain-Martin et Palmade
devant la commission des finances
de la Chambre
La Commission des finances de la Cham-
bre avait convoqué hier MM. Germain-
Martin, ministre des finances, et Palmade,
ministre du budget, pour leur demander
l'avis du gouvernement sur le contre-pro-
jet d'outillage préparé par les socialistes.
Les ministres se sont rendus à cette invi-
tation. M. Palmade a rappelé dans quelles
conditions le plan gouvernemental d'ou-
tillage a été conçu tout en se proposant
de provoquer une reprise de l'activité éco-
nomique et de remedier au chômage, ce
plan est destiné à liquider l'arriéré de
l'outillage, et à assurer l'équilibre du bud-
get. Ces deux dernières destinations ne
sont pas assignées au texte socialiste.
M. Germain-Martin a rappelé que le
plan actuel ne constitue qu une première
tranche. Il sera suivi d'un programme de
travaux plus vaste, mais que le gouverne-
ment réserve pour le temps où le budget
sera équilibré et le marche plus favorable.
M. Bedouce a développe son contre-
projet, s'efforçant d'en mettre en valeur
les avantages. "Mais M. Blum intervint, de
façon un peu inattendue, pour déclarer
que ses amis et lui ne demandaient pas le
voie immédiat de leur contre-projet. Ils
ne le retiraient pas, mais se proposaient
de le reprendre lors des prochaines dis-
cussions budgétaires.
Là-dessus, par 12 voix contre 1 et 11
abstentions (celles de 7 socialistes et de
4 radicaux), le passage aux articles fut'
décidé.
La commission a examiné ensuite les
crédits relatifs aux ministères des finan-
ces et de l'intérieur et elle a décidé de
continuer l'examen du projet lundi pro-
chain.
L'inquisition fiscale
Au cours de l'échange de vues qui sui-
vit l'exposé des ministres, M. Chassaigne-
Goyon, vice-président de la commission,
fit observer aux membres du gouverne-
ment que les mesures de contrôle fiscal
annoncées risquaient d'alarmer l'opinion
et que déjà une certaine émotion semblait
s'emparer des épargnants.
M. Germain-Martin a répondu que ces
mesurés ne visaient à instaurer aucune
inquisition, mais que. le gouvernement
était- décidé à poursuivre énergiquement
la fraude -fiscale.
LA BOXE A PARIS-RING
~1.f~1\t .<~v:
Young Perez vainqueur
de Jack Cowley
Young Perez, hier soir, à Paris-Ring,
a triomphé avec aisance de l'Anglais Jack
Cowley. C'est par -arrêt- de l'arbitre, en
effet, à la sixième reprise, que l'ex-châm-
.pion du- monde des poids mouche l'a em-
porté. Auparavant, Jack Cowley était allé
plusieurs fois à terre, après avoir fait
preuve, dès la première reprise, d'une très
grosse infériorité.
Un très nombreux public a suivi cette
rencontre, qui était la première que Young
Perez disputait à Paris depuis fort long-
temps.
L'ASSASSINAT DU FAUX PRINCE
DE BOURBON
M. Hude, juge d'instruction, a interrogé,
en présence de M" Renée Garnier et de
Moro-Giafferri, Condellaria Brausoler qui,
rue du Bouloi, tua l'Italien Larioli, lequel
se faisait passer pour un prince de Bour-
bon.
L'inculpée a continué à affirmer qu'elle
n'avait pas prémédité son crime. Elle avait
prétendu que le défunt détenait des do-
cuments intéressant la défense nationale.
C'est inexact. Le juge, dans cette affaire,
a entendu trente-quatre témoins il a fait
traduire quatre commissions rogatoires
venant d'Espagne et quatre autres, rédi-
gées aux Etats-Unis et aux Philippines,
ainsi qu'un carnet où l'Espagnole notait
ses impressions quotidiennes. De cette
lecture, il résulte qu'elle donnait 25 francs
par jour au faux prince.
ies Tropiques, vous perdez un tantinet la
notion de nos convenances européennes.
Avoue que devant une telle mise en de-
meure, on est bien autorisé à se recueillir
un brin. Laisse-nous le temps de respirer,
de voir les choses à tête reposée. En som-
me, nous avons ici une bonne petite vie
tranquille, confortable, entourée d'affec-
tions c'est bien suffocant d'être som-
mée de lâcher tout ça du jour au lende-
main pour suivre en Chine, parmi les ti-
gres et les moustiques, un monsieur à qui
le climat semble avoir donné un sérieux
coup de bambou.
L'expression du visage sévère souligne
la gravité de l'avertissement. Les traits du
visiteur se sont altérés. Il pâlit, se tourne
vers Patoche, la vise peureusement comme
s'il implorait d'elle un secours. Ses lè-
vres tremblent, mais, impitoyable, Augus-
tin Pannelier poursuit, frappant de son
coupe-papier ses mains sèches
Voyons, mon garçon, est-ce que son
silence ne t'en dit pas assez long ? On ne
te répond pas non, pas tout à fait, c'est en-
tendu. Mais on te donne le temps de ré-
fléchir. On le réclame pour soi. Hein
Adrien Laborde passe sa main sur son
front d'un air accablé
Je comprends. C'est juste. En som-
me, oui, j'ai parlé d'une façon irréfléchie,
comme un égoïste. Vous avez eu raison,
parrain, de couper court, peut-être un
peu brutalement, à un rêve trop ambi-
tieux. Soyez tranquille, vous ne me verrez
pas m'obstiner. Oui, vous avez raison,
c'était une folie. Il s'est réveillé en moi
des voix si puissantes. C'eût été si beau,
si doux, trop doux Adieu, Patoche, excu-
sez-moi.
Le voyageur a un geste douloureux. Il
va repasser le seuil de la porte, quand
s'élève une voix incertaine
Adrien.
Il s'arrête, se retourne.
Adrien.
Mon Dieu, que va-t-elle dire ? Quelle est
cette Patoche aux yeux brillants, aux lè-
vres frémissantes, qui s'avance vers lui
Elle ouvre la bouche, aucun son n'en sort.
(15)
CHOSES VUES
DANS L'AMÉRIQUE
EN CRISE
Une nombreuse assistance se pressait,
hier après-midi, au théâtre des Ambassa-
deurs, pour entendre M. Paul Reynaud,
retour de New-York, traiter le sujet sui-
vant « L'Amérique en crise ».
Tout d'abord, l'ancien ministre décrit
les scènes de la vie américaine qui vien-
nent de se dérouler, si différentes de ce
qu'il voyait, il y a trois ans, à l'époque de
la prospérité. Au passage, notons quel-
ques traits la courbe des suicides, qui
monte quand baisse celle des valeurs la
diminution du nombre des divorces, le
divorce étant désormais un luxe par trop
coûteux ce « dîner que les gens ruinés »
qui, à New-York, fut le succès de la saison,
et encore ces jeunes garçons qui, risquant
leur vie, s'accrochent à des wagons pour
aller chercher fortune ailleurs.
En dépit de tant de détresse, l'Amérique
a tenu, elle tient. Elle tient magnifique-
ment sans communisme ni socialisme, car
la lutte des classes n'est pas une formule
qui lui inspire confiance.
Examinant les causes de la crise, M. Paul
Reynaud signale en premier lieu le désé-
quilibre existant entre le prix des pro-
duits agricoles et le prix des produits
industriels, déséquilibre qui se traduit par
la quasi-annihilation du pouvoir d'achat
des ruraux, presque la moitié de la popu-
lation. Pourquoi les prix agricoles sont-
ils tombés si bas ? Parce que les Etats-
Unis, quand ils rompirent la solidarité
financière avec les puissances associées,
reçurent en quantités massives l'or de leurs
débiteurs et ouvrirent aux habitants des
campagnes des crédits bancaires excessifs.
D'où surproduction intense. La politique
agricole du gouvernement de Washington
a atteint son point culminant dans l'expé-
rience ruineuse du Farm Board, que notre
Parlement fait mine de vouloir imiter avec
l'Office du blé, car les malheurs des uns
n'apprennent jamais rien aux autres.
La même inflation de crédit a sévi d'ans
le monde industriel américain, produisant
des effets analogues. « Il faut donner de
l'activité aux capitaux », disait M. Mon-
tagu Norman, gouverneur de la Banque
d'Angleterre à son collègue de la Fédéral
Reserve Board, qui acquiesçait. L'autre
jour,M. Montagu Norman avouait qu'il n'y]
voyait plus clair et que la situation écqno-
mique et financière devenait inintelligible
pour lui. Que n'était-il frappé, il y a quatre
ans, de cette cécité, mère de prudence!
En attendant, l'Amérique prêta de l'argent
aux peuples de l'Europe centrale et à ses
industriels. La fabrication intérieure fut
poussée à l'excès neuf cent millions de
paires de chaussures se trouvèrent jetées
sur le marché, alors que trois cent millions
suffisaient amplement à la population.
Tels sont les faits qui préparèrent le
krach boursier du 16 novembre 1929.
Et les remèdes ? M. Hoover, des indus-
triels comme Ford, employèrent d'abord la
méthode Coué « La prospérité revient,
elle est au coin de la rue, elle arrive. »
Ford a élevé les salaires et M. Hoover vou-
lut réduire les impôts pour alimenter cette
croyance. Actuellement, les salaires des ou-
vriers dépassent encore de 100 p. 100 le
niveau d'avant guerre, tandis que le blé se
vend 42 cents contre 141 en 1925. Le désé-
quilibre des prix agricoles et des prix in-
dustriels persiste donc et s'aggrave. Lon-
dres et New-York disent « Il faut rele-
ver les prix Non, au contraire, il faut
produire à meilleur marché.
Quant à ce que les Américains pensent
de nous, voici dès qu'un Français se
donne la peine d'expliquer à des Améri-
cains les raisons de tel ou tel acte du gou-
vernement français sur lequel ils se sont
mépris, le Français trouve un auditoire
bienveillant et d'esprit ouvert. M. Paul
Reynaud a pu en juger par lui-même quand
il expliqua pourquoi la Banque de France
avait dû rapatrier son or et pourquoi no-
tre gouvernement ne pouvait affaiblir son
armée dans les circonstances actuelles.
Malheureusement, peu de propagandistes
français traversent l'Atlantique, tandis que
les envoyés de ['Allemagne, les Kuhlmann
et les Curtius, par exemple, sont continuel-
lement en tournées de conférences.
Et M. Paul Reynaud de lancer un appel
aux Français qu'ils aillent recueillir sur
place la grande leçon d'énergie que dis-
pense l'Amérique.
PROPHYLAXIE DE LA CECITE
La réunion annuelle de l'Association
internationale de prophylaxie de la cécité
a eu lieu, hier après-midi, au siège central
de l'Association, 66, boulevard Saint-Mi-
chel, sous la présidence du professeur de
Lapersonne et en présence du ministre de
la santé publique. Mlle Szymanska de Sio-
povron représentait la duchesse de Ven-
dôme.
Après l'exposé des travaux de l'année
par le président, la séance a été consacrée
aux classes spéciales pour l'éducation des
enfants à vue très défectueuse des experts
venus d'Angleterre, d'Amérique, d'Allema-
gne, de Suisse se sont joints aux experts
français dans la discussion de cet impor-
tant problème.
Et puis, laborieusement, elle se met à pa-
tauger, à bafouiller.
Adrien. si vous croyez vraiment.
si vous êtes sûr que. en vérité, je m'ima-
ginais. ah la tête me tourne.
Elle chancelle. Les yeux du voyageur
vont de la silhouette gracile au vieillard
qui sourit. Le jeune homme s'approche de
la jeune fille, et d'une voix basse, sup-
pliante, il articule: t
-,Claire, ma petite Claire? Est-ce vrai-
ment que je ne me trompe pas ?
Elle lui tend sa main. II y pose les lè-
vres.
Assis dans son fauteuil, le vieil érudit:
contempla avec satisfaction- le couple im-'
mobile. Il accorde une caresse à Sésostris,
tapote sur le revers de son habit un grain
de poussière, et grommelle pour lui-même:
Tout de même, sans moi, ils en au-
raient fait de belles, ces deux nigauds.
La main dans la main, les jeunes gens
demeurent silencieux. Enfin se dégageant,
une rougeur aux joues, Patoche murmure
Mon parrain, nous vous demandons
pardon.
Il n'est pas impossible que je vous
pardonne. Mais tout de même pendant que
nous y sommes, autant vous expliquer à
fond.
Et se tournant vers son visiteur
Ah tu en as tout de même de la
chance, mon garçon, d'être probablement
tuberculeux, impaludé et plus ou moins
opiomane;
L'autre le toise avec stupeur
Que voulez-vous dire ? Je me porté'
comme le Pont-Neuf.
Malheureux Alors rien de fait, n'est-
ce pas Patoche ? 9
Elle a sur le vieil homme un- regard con-
fus, suppliant. L'archéologue semble com-
plètement dérouté, autant dire imbécile. Im-
pitoyable, Augustin Pannelier reprend
Eh bien, je vais t'expliquer. Figure-
toi qu'au moment. où tu es arrivé, cette
jeune personne me demandait de lui évi-
ter l'ennui de te mettre à la porte. Oui, tu
comprends, elle ne se faisait pas d'illusion
sur ton équilibre. Elle prévoyait la dé-
UN ENTRETIEN
AVEC M. MATSUOKA
DELEGUE DU JAPON
La session du Conseil de la S. D. N. qui
s'ouvre après-demain offre un intérêt
spécial pour le Japon. Le rapport Lytton y
sera discuté. C'est en raison de l'importance
qu'il attache à ce débat que le gouvernement
japonais a jugé utile d'adjoindre à son émi-
nent représentant permanent au Conseil
S. Exe. M. Nagaoka, ambassadeur à Paris
un nouveau délégué, M. Matsuoka, arrivant
eft droite ligne de Tokio, muni des instruc-
tions les plus précises. Comme M. Matsuoka
a passé une partie de sa jeunesse dans les
universités américaines, qu'il revint ensuite
aux Etats-Unis en qualité de secrétaire
d'ambassade et qu'il est personnellement lié
avec M. Franklin Roosevelt, on peut prévoir
que, tout au moins, un sérieux effort sera
déployé pour trouver enfin une formule de
compromis compatible avec la politique de
Tokio et celle de Washington.
Avant de quitter Paris pour Genève, M.
Matsuoka a bien voulu nous recevoir et nous
donner quelques renseignements sur l'état
actuel du problème mandchourien.
Le Japon acceptera-t-il la procédure de
l'assemblée, bien qu'elle soit engagée selon
l'article 15 ?
Nous continuerons à ignorer l'assem-
blée extraordinaire. Nous verrons comment
la situation évoluera au Conseil. Jusqu'à
présent, nous n'avons nullement changé
d'attitude vis-à-vis de l'article 15. Nous n'ac-
ceptons pas qu'il nous soit appliqué.
En ce qui concerne la question mand-
chourienne, ne pourrait-on envisager une
formule de compromis qui subordonnerait
l'établissement d'un nouveau gouvernement
mandchou à cette création ou modernisation
de l'Etat chinois « par action internationale
temporaire dont il est fait mention à la
fin des recommandations de la Commis-
sion ?
Nous verrons cela à Genève. Toutefois.
je puis vous dire déjà qu'aucune solution ne
paraîtra acceptable à la nation japonaise si,
au préalable, n'a pas été pose ce double
principe 1° le Mandchou-Kouo existe
2" il a été reconnu par le gouvernement ja-
ponais.
Le Japon demande-t-il la reconnais-
sance officielle du Manchou-Kouo par les
diverses puissances ou entre ces puissances
et le Mandchou-Kouo tient-il pour suffisan-
tés les relations de fait ? Si, pour une rai-
son ou une autre, les consuls actuellement
accrédités devaient être remplacés, qu'ar-
riverait-il ?
Le Japon n'a pas voix au chapitre,
car il n'est pas le Mandchou-Kouo. Cer-
tes, nous serions satisfaits si les diverses
puissances reconnaissaient officiellement
le Mandchou-Kouo, mais il ne nous in-
combe pas d'en faire la demande.
Quelle réponse peut être faite aux deux
accusations portées par le rapport Lytton
1" que les troupes japonaises, le 18 septem-
bre 1931, ont pris l'initiative d'occuper
Moukden un régiment nommément dési-
gné ayant quitté ses quartiers deux heures
avant le prétendu attentat sur le chemin de
fer 2° que des fonctionnaires japonais ont
pris l'initiative de constituer le Mandchou-
Kouo ?
Ces points seront discutés à Genève.
Là-dessus, nous dénions le bien-fondé du
rapport Lytton. Nous développerons nos ar-
guments devant le Conseil.
Dans certains milieux de la S. D. N., on
prétend que le Japon, privé de capitaux, ne
trouvant pas à emprunter au dehors, sera
incapable de mettre en valeur et de tenir la
Mandchourie, peuplée de trente millions
d'habitants. Comment réfuter cette thèse ?
L'avenir montrera ce qu'il en est. En
tout cas, pour tenir de pareils propos, il faut
vraiment que les Européens connaissent
bien mal la Mandchourie et la façon dont
vont les choses en Extrême-Orient.
Quel est l'état actuel de la sécurité en
Mandchourie ? Y a-t-il diminution des atta-
ques de brigands ?
Oui, les attaques deviennent moins
nombreuses. Déjà le long des voies ferrées
(Sud-Mandchourien et Est-Chinois) et au-
tour des grandes villes, la paix est assurée.
Avant six mois, l'ordre régnera partout. En
Mandchourie comme dans toute la Chine,
le brigandage était une profession. On n'a
pas pu le supprimer du jour au lendemain.
Cependant, dès maintenant, on peut affir-
mer que la sécurité est dans le Mandchou-
Kouo plus grande qu'en Chine.
D. Le Lasseur.
LE HOME RULE POUR L'ECOSSE
Depuis quelque temps, un mouvement se
produit en Ecosse en faveur du Home Rule.
Lord Dalziel, membre de la Chambre des
pairs à Westminster, est une des personna-
lités qui s'occupent le plus activement de
la question. Il se propose même de sai-
sir incessamment la Chambre haute d'un
projet de loi à cet effet. Au cours
d'un article qu'il publie dans le Daih]
Mail, il énumère les raisons qui, selon
lui, militent en faveur d'une pareille
mesure. En dehors du prestige de la
,race, qui demande plus que jamais à
s'affirmer à la face de tous, il y a des
raisons éminemment pratiques, « car,
dit-il, les lois de l'Ecosse n'ont jamais été
assimilées à celles de l'Angleterre. Le sys-
tème ecclésiastique, celui de l'éducation,
celui de la justice, celui des concessions et
marche incongrue où il risquait de t'entraî-
ner, désirait vous épargner à tous deux une
erreur regrettable. Je dois t'avouer que je
n'ai pu que l'encourager dans cette sage
résolution. Je lui ai certifié que l'influence
déprimante du climat avait atteint ta san-
té, que tu marchais vers le détraquement
général et constituais ainsi un parti fort
médiocre. L'exaltation dont tu viens de té-
moigner n'a pu que confirmer mon pro-
nostic. Donc, si elle a fait volte-face, ne
t'abuse pas sur les raisons de ce change-
ment. Tout simplement, au lieu d'aller con-
vertir les nègres, soigner les lépreux ou
enseigner l'alphabet à des cannibales, c'est
à toi qu'elle consacrera ses soins. Il est
bien convenu, n'est-ce pas, que c'est com-
me garde-malade que tu l'engages autre-
ment rien de fait.
Le jeune homme, décontenancé, sourit
avec quelque embarras. Pauvre Patoche
comme elle a l'air malheureux En vé-
rité, la plaisanterie est médiocre.
Et Augustin de continuer
Rends-toi compte toi-même que si tu
étais bien portant et dans ton bon sens, elle
ne saurait en aucune manière accepter
d'être ta femme.
Et pourquoi ?
'Parce qu'évidemment tu ne pour-
rais, dans ce cas, l'épouser que pour faire
une fin, ou encore par pitié, par aberra-
tion. Comment encombrer ta vie de cette
petite provinciale non seulement bien né-
gligeable, mais qui, de plus, serait terri-
blement fatigante, car mon brave garçon,
cette union de raison que tu lui offres,
cette tiédeur de sentiment raisonnable que
dénote ta tardive démarche ne correspon-
dent pas, mais pas du tout, à ce qui s'agite
en elle.
Le jeune homme tressaille, darde sur la
jeune fille des prunelles agrandies
Oh Patoche, puis-je vraiment croire?
Elle lève sur lui des yeux resplendis-
sants.
Ah cette fois, quel élan noue leurs
mains, accole leurs lèvres
Eh bien, mes enfants, vous ne vous
gênez pas. Heureusement que j'ai à trier
des rèdevances ayant trait aux terres sont
très différents. Aucun Anglais ne s'est
rendu vraiment maître de la loi et de la
procédure écossaises, et cette infériorité
fait que les députés de race anglaise sont
inaptes à légiférer sur les affaires d'Ecosse,
ce qui les amène, d'ailleurs, à les négliger
de façon scandaleuse au sein du Parlement
impérial ».
Cependant, nombre d'Ecossais, parmi
les plus éminents, ne partagent pas cet
avis. Une déclaration vient d'être signée
à cet effet par les ducs de Bucclench,
d'Argyll, de Richmond et Gordon, d'A-
tholl et une vingtaine d'autres lords,
affirmant qu'aux points de vue géogra-
phique, industriel et naturel, l'Angleterre
et l'Ecosse dépendent l'une de l'autre et
ne constituent qu'un seul et même pays,
les Ecossais jouissant d'une participation
égale dans toutes les questions qui relèvent
de la Grande-Bretagne. On attend avec
curiosité les débats réservés à ce projet
de loi.
Le XIIIe Salon
de l'Héronautique
Il obtient un beau succès
Les deux premières journées du Salon
de l'Aéronautique font bien augurer de
son succès. L'affluence des visiteurs a été
grande et hier notamment, dans l'après-
midi, la foule se pressait autour des
stands, considérant avec curiosité les
avions de toutes dimensions qui y sont
exposés. Le nombre des entrées d'ailleurs
pour ces deux premières journées dépasse
largement celui de 1930. La preuve est
ainsi faite que la masse s'intéresse aux
choses de l'aviation. On sent dans les vi-
siteurs une certaine curiosité mais aussi
une certaine confiance dans ces « oi-
seaux » de toutes tailles que présentent
nos constructeurs.
L'admiration de la foule est grande
pour les avions et hydravions militaires
mais c'est aux appareils de tourisme, puis
aux avions de transport que va la faveur
du public. Il n'est pour s'en convaincre
que de voir les longues files de visiteurs
qui font le siège des grands appareils
commerciaux. On veut voir l'intérieur de
ces « grands express de l'air » qui vous
transportent à Londres en 2 heures, à
Berlin en 6 heures, à Cannes en 4 h. 30,
à Bucarest en 15 heures et ce sont dans
chaque carlingue des cris d'admiration
pour le confort, l'aisance, que comportent
les installations comme quoi une sembla-
ble exposition fait beaucoup en faveur de
l'aviation qui connaît chaque jour un dé-
veloppement plus grand.
Demain ces visiteurs, mis en goût par
ce qu'ils auront vu au Grand Palais, rece-
vront, dès que l'occasion s'en présentera,
le baptême de l'air. Définitivement con-
quis alors à la navigation aérienne,
comme tant d'autres dont les craintes et
le scepticisme furent vaincus, ils devien-
dront des habitués de ce mode de trans-
port qui progresse à pas de géant, puis
d'ardents propagandistes.
Ainsi apparaît l'utilité de ce Salon de
l'Aéronautique que nous regretterons, une
fois encore, de ne pas voir consacré plus
complètement aux avions civils.
Le public trouve pourtant au Grand Pa-
lais des appareils, des statistiques, des
moteurs qui retiennent son attention. C'est
pourquoi il accourt nombreux. Aujour-
d'hui, premier dimanche, on peut prévoir
une tres grosse afiluence.
Demain lundi, une mission yougoslave
visitera officiellement le Salon à 15 heu-
res. A. R. ̃̃" •' • '.̃'̃̃
LES SCANDALES DE L'AVIATION
M. Brack, juge d'instruction, a passé sa
journée à confronter Luco, qu'assistaient
M" Raymond Hubert et Jean Laval avec
MM. Bouilloux Lafont, Portais, Vivant,
Goldsky et le commandant Dagneaux.
M. Vivant a formellement nié avoir mis
M. Portais en garde contre Luco dont il
ignorait le passé.
M. Goldskv a dénoncé Luco en deux ar-
ticles dans un journal que l'on pouvait se
procurer.
Enfin, une longue discussion s'est enga-
gée sur le contrat tripartite entre la Sidna,
la Lufthansa et une compagnie aéronauti-
que espagnole. Luco continue à accuser
M. Bouilloux-Lafont de lui avoir dicté les
termes du contrat, et le commandant Da-
gneaux estime que M. Bouilloux-Lafont ne
pouvait soupçonner la Sidna d'avoir versé
ce qu'elle ne possédait pas; c'est-à-dire des
actions nominatives de la Transafricaine.
M. Bouilloux-Lafont répond que Gnôme
et Rhône pouvaient disposer d'un apport
et que le contrat devait lui paraître nor-
mal.
fA
M. Lapeyre, doyen des juges d'instruc-
tion, a rendu une ordonnance de non-in-
formé sur la plainte en escroquerie de M.
André Bouilloux-Lafont contre Serge Luco.
Le plaignant a fait opposition à l'ordon-
nance, devant la chambre des mises en
accusation.
dans mes cartons. Après réflexion, je crois
bien avoir quelque part un tirage à part
assez curieux sur les tombes kmers. Pen-
dant que je farfouille, achevez donc .de
vous mettre d'accord. Parce que vous sa-
vez, pour parler le langage à la mode, j'en
ai marre de faire l'interprète.
Les deux jeunes gens se sont assis côte
à côte sur le divan. Ils s'entretiennent à
demi-voix. Leurs yeux sont humides. Ah
la magique douceur des aveux définitifs
enfin formulés I
Mais, Patoche, je n'ai jamais aimé
que vous.
Adrien, c'est vous seul que toujours
j'ai aimé.
Ils tressaillent. A la pendule, sur la che-
minée, onze heures et demie ont sonné. Au-
gustin Pannelier revient, brandissant une
plaquette poudreuse.,
A la bonne heure, mon garçon, tu
n'auras pas tout à fait perdu ta visite. Je
suis sûr que tu trouveras là quelques in-
dications.
Et puis, changeant de ton
Allons, il me semble que pendant mes
perquisitions vous avez rattrapé le temps
perdu. Sans reproche, voilà dix ans assez
bêtement gaspillés. Heureusement, vous
être repartis en vitesse. Il n'était que temps.
Le baromètre baisse, quelques heures de
plus, le vent tournait et sans doute vous
restiez en panne. « Le destin de Patoche,
ou un mariage en vingt-quatre heures »,
quel joli titre de roman pour jeunes filles
sentimentales 1
Les jeunes gens s'entre-regardent en sou-
riant, et Claire répond
Non, parrain, pas le roman de vingt-
quatre heures, le roman de toujours. Huit
ans d'absence m'ont seulement prouvé que
rien ne pouvait abolir le vœu suprême de
mon adolescence. Il a suffi du retour de
ce voyageur, et, si vous voulez, de quel-
ques bouffées de vent du Sud pour tout
effacer devant lui.
Et le jeune homme ajoute à son tour
Et moi, huit ans de travail et d'er-
rance m'ont surtout appris ceci rien ne
NOUVELLES
DIVERSES
On arrête un escroc qui opérait
en complicité avec sa soeur
Deux inspecteurs de là police judiciaire
viennent de mettre fin aux agissements
d'un habile « chevalier d'industries, Dé-
siré David, ancien lieutenant pendant la
guerre. Il opérait dans les trains de luxe,
liait conversation avec certaines voyageu-
ses, se renseignait sur leur situation et
nouait des relations suivies avec des veu-
ves ou des femmes divorcées très riches.
Celles-ci étaient mises en confiance par
l'escroc, qui se donnait pour chef de cabi-
net de ministre ou pour gros industriel.
La sœur de David, Elise, âgée de cin-
quante ans, très belle et fort éloquente, en-
trait en scène au besoin lorsque les victi-
mes paraissaient récalcitrantes. Elle allait
jusqu'à parler d'un suicide possible de son
frère si elles ne répondaient pas à ses dé-
sirs. On estime à un million les sommes
que le couple a escroquées.
En 1921, on entend parler de David à la
suite d'un vol de 400,000 francs de bijoux
commis au préjudice d'une dame de la
haute société dont il avait fait la connais-
sance dans un train venant de Lyon.
En 1925 et 1926, on le retrouve à Dus-
seldorf. Les autorités acceptent de le faire
extrader, mais à condition qu'on ne re-
'enne pas le délit d'espionnage contre lui,
ce qui semble indiquer que David était at-
taché à un service secret.
Enfin, à la suite de nouvelles plaintes,
M. Guillaume, commissaire divisionnaire,
chargea les brigadiers Piguet et Bonardi
de faire une enquête. David et sa sœur ont
été arrêtés et mis à la disposition de la
justice.
Le secrétaire général
de la préfecture d'Auxerre
meurt asphyxié
M. Bouvier, secrétaire général de la pré-
fecture d'Auxerre, est mort asphyxié par
des émanations d'un poêle à combustion
lente. Etonné de ne l'avoir pas vu paraî-
tre hier à la préfecture, M. Angeli, préfet,
envoya vers trois heures M. Cousin, chef
de son cabinet, chez M. Bouvier. Celui-ci
gisait inanimé sur son lit.
Le docteur Duche a constaté que la mort
remontait à dix ou douze heures.
Né à Rumilly (Haute-Savoie), M. Bouvier
n'était âgé que de trente-cinq ans.
Grave accident de la circulation
à Toulon
Une collision s'est produite à l'angle de
la place du Champ-de-Mars et du boule-
vard Georges-Clemenceau, à Toulon, entre
une automobile conduite par M. William
Barrier, percepteur à Collobrières, demeu-
rant à Toulon, et un tramway se dirigeant
vers Brunet. Le choc fut des plus violents
et la motrice sortit des rails. M. Lucien
Anderi, receveur du tramway, a été blessé.
M. Barrier a été atteint au visage, ainsi que
Mlle Catherine Becco, sa femme de cham-
bre. M. William Barrier, grand mutilé de
guerre, est le mari de Mme Suzanne Sa-,
bran, de l'Opéra-Comique.
Monument historique endommagé
Moulins, 19 novembre. -Un camion au-
tomobile appartenant à M. Marcel Dreux,
de Saint-Christophe-en-Brionnais, s'est jeté,
à Montaiguet-en-Forez, sur une porte for-
tifiée classée monument historique. Cette
porte, qui constitue un des plus purs spé-
cimens d'architecture militaire du quinziè-
me siècle,' a été hrisèé. L'administration
dés beaux-arts ;a/ét|tHprèyeîftiè; ̃•̃•:• ̃•
La Mode actuelle
exige une Ligne
parfaite.
Portez "Ma Gaine"
"C.95"ou"Kigante"
trois Créations
C LAVE RIE'.
offertes au prix spécial de
»5 1rs
à l'occasion du Cinquante-
naire des Établis. €L,AVEKIE
234, Faubourg Saint-RS:irtin
et 12, Rue Tronchet, PARIS
Notice C sur demande 1-
Toute demande de changement d'adresse
doit être accompagnée de la somme de un
frane cinquante en timbres-poste pour cou-
vrir une partie des frais de renouvellement
de la bande.
compte, rien ne vaut auprès du jeune
amour dans le vieux terroir.
A la bonne heure. Eh bien, si vous
voulez m'en croire, maintenant vous allez
filer et déjeuner en tête à tête au restau-
rant des Rocailles. Vous devez avoir en-
core pas mal de choses à vous dire. Ne
t'inquiète pas, ma fille, je fais prévenir
ta belle-mère de se mettre à table sans
t'attendre.
Les jeunes gens se lèvent. Patoche in-
terroge
Mon parrain, dites, vous ne me trou-
vez vraiment pas trop ridicule ? Une
vieille fille.
Adrien proteste
Un vieux garçon. v:
Qui vont faire ensemble un jeune ̃
couple et s'envoler à la conquête de la
Toison d'Or ou du Saint-Graal au delà de
Singapour. Et moi qui vais rester seul,
qu'est-ce que je toucherai pour ma com-
mission ?. Chut, taisez-vous. C'est le sort
des vieux, mes enfants. Vous êtes dans la
vérité, dans le devoir. Parfois, quand vous
n'aurez rien de mieux à faire, écrivez-
moi quelques lignes. Quand vous cesserez
de recevoir réponse, vous saurez que j'ai
à mon tour déménagé, rejoint ton :papa,
ma petite Claire, dans l'enclos jonché de
cyprès et de croix sur le flanc de la fa-
laise. Lorsque vous reviendrez au pays,
tous deux vous viendrez y faire un tour
et déposerez sur les pierres grises quel-
ques œillets maritimes que vous serez
aller cueillir ensemble.
Les fiancés embrassent le vieillard, des-
cendent l'escalier. Pendant qu'ils en dé-
gringolent les dernières marches, ils en-
tendent une voix guoguenarde et enrouée
qui hèle Adrien.
Et surtout, mon garçon, n'oublie pas
de télégraphier à Bordeaux pour deman-
der l'ajournement de ta conférence. Motif:
archéologue en panne à Cythère.
André Lichtenberger.
FIN
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 79.78%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 79.78%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"France-Japon France-Japon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "FranceJp0" Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
- Auteurs similaires Nefftzer Auguste Nefftzer Auguste /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Nefftzer Auguste" or dc.contributor adj "Nefftzer Auguste")Hébrard Adrien Hébrard Adrien /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Hébrard Adrien" or dc.contributor adj "Hébrard Adrien")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 4/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k297153n/f4.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k297153n/f4.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k297153n/f4.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k297153n/f4.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k297153n
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k297153n
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k297153n/f4.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest