Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1932-11-20
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 novembre 1932 20 novembre 1932
Description : 1932/11/20 (Numéro 325). 1932/11/20 (Numéro 325).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
FIGARO
Fonitë le i+ janvier 1826
Ane/eus Directeurs H. DE VillemissanT
F JKAOHARP. G.CALMETTE. A.CAPUS. R.OE FLER8
F.MAANARD,G.CALMETTE. A.CAPUS. R.DE FLERA
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FIGARO
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POUVEZ-VOUS, FIGARO, TRAITER SI LÉGÈREMENT UN DESSEIN QUI NOUS COÛTE À TOUS LE BONHEUR ? i
BEAUMARCHAIS.
Le Gaulois
/Tl.^l.TlT.l^T.lTT.ra
~50o~
DIMANCHE 20 NOVEMBRE 1932
SUR LA MANIÈRE
DE PARLER
AUX FEMMES
Dans la dernière pièce jouée à la
Comédie-Française, l'amoureux dit à sa
bien-aimée « Ta beauté est toute la
beauté du monde » au dénouement,
quand cette beauté a disparu de sa vie,
que ne s'écrie-t-il avec Lamartine
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
Après avoir entendu un comédien
chantant et gesticulant déclamer ce
texte lyrique, une spectatrice m'a
avoué « Je rêve que c'est à moi qu'un
homme parle ainsi et vous pensez si je
suis ravie. » Toutes les femmes, dans la
salle, semblaient du même avis et les
hommes se demandaient avec inquié-
tude s'il n'y avait pas quelque chose de
changé dans nos habitudes sentimen-
tales allait-on être obligé, en amour,
de se remettre au métier de courtisan
et de recommencer à tenir aux dames
le langage de la galanterie et du roma-
nesque ? `?
Car il y a des modes jusque dans le
sentiment et principalement dans le vo-
cabulaire amoureux. On comprend, en
effet, que dans les périodes agitées par
des événements extraordinaires comme
une guerre, une révolution, une crise
des affaires et à plus forte raison dans
les époques qui cumulent ces troubles,
le loisir manque pour marivauder. C'est
déjà bien assez d'aimer s'il faut en-
core perdre du temps aux fioritures ?
« Tu me plais, je te plais liaison
conclue. » Conformément à ce principe,
nous avons donc, depuis une quinzaine
d'années, abrégé ou même supprimé les
formalités romanesques. Les hommes
n'avaient plus l'oisiveté nécessaire pour
exercer la séduction et les femmes
n'avaient pas un instant pour écouter
des madrigaux. On av*# remplacé la
carte du tendre par les cartes Michelin.
Tout un continent, l'Amérique prohibi-
tionniste et vertueuse, n'a longtemps
pratiqué l'amour que dans les automo-
biles, instruments dangereux en Europe
quand ils roulent, mais plus dangereux
aux Etats-Unis quand ils sont arrêtés.
Rien n'était plus curieux, à cet égard,
que les rapports des jeunes gens et des
jeunes filles dans les bals, sur les ter-
rains de sport, au bain de mer, la « ca-
maraderie » qui fut en vogue alors im-
posait la familiarité il était presque
dérisoire de faire à,une femme un com-
pliment qui ne fût pas une imperti-
nence et des façons réservées eussent
été une grossièreté. Quand je songe
aux « bals blancs » de ma jeunesse, avec
les « débutantes » gantées jusqu'au
coude, assises sur leur chaise, faisant
tapisserie, comme on disait alors, à côté
de leur mère, et tendant un petit carnet
aux danseurs qui leur étaient présen-
tés en grande cérémonie, et que je com-
pare ces usages surannés aux manières
d'il y a deux ou trois ans, alors qu'on
voyait les garçons empoigner les filles
avec une silenciense désinvolture, je
mesure aisément le chemin parcouru
dans la simplification tout à la fois des
usages mondains et des habitudes sen-
timentales.
Une réaction était donc fatale toute
la question est de savoir si elle n'est
pas déjà commencée.
J'ose à peine rappeler ici le thème
de la Fleur des Pois le snobisme
change avec les âges comme la mer avec
le ciel. Au temps de Molière, il avait
pris la forme du bel esprit et d'une pré-
ciosité ridicule. Il a semblé à Edouard
Bourdet qu'il se présentait aujourd'hui
sous l'aspect particulier auquel nous
faisons allusion observation très juste,
mais déjà d'hier. Beaucoup de jeunes
ambitieux, en effet, ont recommencé
d'afficher des chagrins d'amour très
corrects et l'on a vu des désespoirs dra-
matiques.
Il ne serait pas difficile de multiplier
ces signes, plus aisément perceptibles
que les symptômes économiques, d'une
reprise des affaires sentimentales. Les,
littérateurs reviennent à l'amour et
l'amour à la littérature. Bientôt il fau-
dra tirer de nouvelles éditions de la
carte du tendre il sera de bon ton de
faire des déclarations et de porter son
cœur en écharpe.
Perspective heureuse ou malheu-
reuse ?
La manière de parler aux femmes a
toujours été un problème délicat, puis-
qu'il dépend des personnes, des temps
et des milieux. Chaque époque a son ri-
tuel chevaleresque, précieux, libertin,
pathétique, romantique, etc. Nous
avions eu,, après la guerre, l'ingéniosité
(de résoudre ce problème en ne le posant
pas va-t-il donc falloir que les hom-
mes se remettent à la tâche et décou-
vrent un code d'amour 1933 ? Le cœur
est revenu à la mode avec la poitrine,
et à partir du moment où les femmes
reprennent leurs propres formes, elles
exigent naturellement toutes les au-
tres fini de rire, Messieurs
Il ne faut pas croire, d'ailleurs, que
la vie sentimentale, dans une société,
soit indépendante du reste rien de
plus social, au contraire, que l'amour.
Non seulement les conditions générales,
la prospérité ou la gêne, la culture, le
confort ont leur influence sur le tour
de l'esprit et le mouvement des pas-
sions, mais la couture, les moyens de
transports, les divertissements et les
sports, tout l'outillage d'une civilisa-
tion, modifient la sensibilité et le voca-
bulaire imagine-t-on des amoureux ne
disposant pas du téléphone ? Pourtant
l'effet de ces nouveautés est souvent
d'autant moins durable qu'il a été plus
soudain et plus visible il agite la sur-
face des sentiments, mais il n'atteint
jamais le fond passionnel de l'espèce.
Ainsi, sous l'emphase du lyrisme ou la
sécheresse du libertinage, avec de
grands gestes ou des petits mots, reste
constante la somme des souffrances,
des désespoirs et des crimes. Une vogue
succède à une vogue au nudisme des
propos la draperie des phrases, et, en
définitive, puisque la passion est si re-
doutable dans les milieux civilisés, l'hu-
manité n'a-t-elle pas raison d'en revenir
toujours aux moyens éprouvés de la
rendre plus sociable en lui imposant
d'abord la discipline du langage et des
manières ?. Parlons donc de l'Amour,
à seule fin, peut-être, de l'oublier
Gaston Rageot.
LA POLITIQUE
REPLI SOCIALISTE
Par prudence ou par habileté,
les socialistes ont, hier soir,
ajourné le contre-projet de
folle surenchère au'ils avaient
soutenu la veille, à la Commission des
finances. Ce programme d'outillage, qui
comporte 30 milliards de travaux, n'appa-
raissait pas, vendredi, sans quelque chance
de succès tant les contrôleurs de nos
finances, quand il s'agit de dépenser, ont
pris le goût du colossal. Mais MM. Ger- j
main-Martin et Palmade ont fait hier leur
métier. Ils ne se sont pas ralliés à la pro-
position socialiste. Ils ont défendu leur pro-
jet ils ont excipé de son but d'allégement
budgétaire critiqué en même temps
que de stimulant économique. Et pour dé-
sarmer leurs adversaires, qui sont aussi leur
majorité, ils ont promis pour plus tard un
nouveau plan d'outillage plus imposant.
II viendra « après le vote du budget »
c'est une date assez vague qui a éveillé
cette apaisante idée la saison des arbres
en fleurs. Le contre-projet a été réservé.
Résultat encourageant. L'opposition du
gouvernement à ce projet fantastique en a
fait reculer les auteurs. En temps normal,
cette attitude ne mériterait pas d'être sou-
lignée, tant elle s'imposait. Mais à notre
époque, ce qui est régulier devient l'excep-
tion. Ils ne sont pas si loin de nous ces
jours d'été où nous avons vu la même com-
mission des finances bouleverser totale-
ment le projet de rétablissement d'équi-
libre, en refaire un à sa guise, réduire de
moitié les économies demandées, et les mi-
nistres le souffrir.
Accident politique ? Non pas. Système
nouveau. Hier même, un journal essentiel-
lement ministériel déclarait que « le gou-
vernement ayant posé ses principes finan-
ciers, c'était au Parlement et aux commis-
sions d'effectuer le tri du bon et du
mauvais ». Au législatif de modifier, trans-
former, supprimer, filtrer les mesures qu'on
lui suggère. Telle est bien la pratique
financière cartelliste. Le droit d'amende-
ment s'hypertrophie jusqu'à l'étouffement
du pouvoir exécutif. Celui-ci n'est plus
qu'un pouvoir de « suggestion ». Le sys-
tème a fonctionné en 1925-1926. Tout le
monde n'en a pas oublié les résultats. Et
sont encore présentes à l'esprit ces impro-
visations de projets de budgets par des dé-
putés touche-à-tout qui les déposaient entre
deux votes de douzièmes provisoires.
La tendance des gauches, si le gou-
vernement ne réagissait pas, entraînerait
un retour à des mœurs anarchiques. Déjà
nous voyons le principe essentiel de la
séparation des pouvoirs méprisé, ridiculisé
à la tribune déjà, nous entendons parler
de la caisse d'amortissement comme d'une
caisse de paiements, et de la caisse des
Dépôts comme d'une inépuisable caisse de
prêts enfin, l' « impossible » de la veille
devient, le lendemain, sans que les condi-
tions pourtant aient changé, mesure prati-
que et réalisable.
II n'y a pas lieu d'exagérer la portée
du petit succès gouvernemental d'hier.
Mais il est bon, dans le désordre actuel
des esprits, de signaler, en hâte, un retour
au bon sens.
unaBCTsrcr^ its,jlsst çoxs oott
Il, ,A_ IF1 O TZ G IE
Un des pères de la République, et
des plus purs entre les républicains,
Jules Ferry, disait qu'un peuple a
besoin d'être riche et fort pour gar-
der des amitiés dans le monde.
L'amour des petits, des humbles,
des faibles, n'est pas commun entre
individus entre nations, il n'existe
pas.
Nous voudrions que la France eût
beaucoup d'amis dans le monde nous
voudrions créer autour d'elle une at-
mosphère de confiance et de sécurité
nous voudrions la voir prête à rem-
plir son destin sans inquiétude, sans
trouble, dans toute la sérénité de la
FORCE.
Donc, nous voulons lui rendre le
goût de la FORCE.
La vaine idéologie de Briand ne
doit pas lui survivre.
,LE MARÉCHAL VON HINDENBURG
A REÇU ADOLF HITLER
Pour la seconde fois en un peu plus de
trois mois, M. von Hindenburg et Adolf
Hitler se sont, hier, retrouvés face à face.
La première fois, c'était au lendemain des
élections du 31 juillet, qui avaient, de 107
mandats, porté les effectifs nationaux-so-
cialistes à 230 mandats. Leur deuxième ren-
contre a lieu au lendemain des élections
du 6 novembre, qui ont ramené les hitlé-
riens à 195 sièges.
Ce simple rapprochement de chiffres
caractérise la situation. Le parti national-
socialiste demeure, et de loin, le groupe
politique le plus puissant mais il n'a plus
l'auréole de l'invincibilité, et le commen-!
cément de déclin qu'il vient de subir do*t'
logiquement l'incliner à moins d'intransi-
geance.
Sans doute, Hitler a de nouveau demandé
à M. von Hindenburg de lui confier la suc-
cession de M. von Papen mais il semble
j qu'il y ait là un geste effectué pour la
forme bien plutôt qu'une condition sine
qua non, comme l'était en août dernier la
revendication du chef « nazi », et que, si
M. von Hindenburg choisit un autre chan-
1 celier, les ponts ne seront pas rompus pour
autant.
On ne voit pas bien, en effet, comment
une combinaison Hitler en supposant
que M. von Hindenburg y donnât les mains
-pourrait réussir. Elle ne peut se réaliser,
puisque telle est la volonté du maréchal-
président, que sur la base d'une concen-
tration nationale. Le départ de M. von Pa-
pen, mis à l'index par à peu près tout le
monde, facilite, il est vrai, cette concen-
tration. Les obstacles restent cependant
nombreux et grands, et la personnalité
d'Adolf Hitler ne paraît pas de nature à les
faire disparaître.
Tout d'abord, l'entente entre les natio-
naux-socialistes et le parti national-alle-
mand de M. Hugenberg ne sera vraisembla-
blement pas très facile. Les jours du « front
de Harzburg », durant l'été de 1931, sont
passés. Depuis, les deux partis et leurs
deux chefs se sont considérablement écar-
tés l'un de l'autre. Ensuite, et surtout, on
ne saurait trop insister sur l'apparente im-
possibilité de concilier les théories, les
méthodes et les idées de groupes aussi
UNE NÉGOCIATION
FRANCO-ALLEMANDE
Une délégation française a quitté Paris,
dans la soirée d'hier, à destination de
Berlin, où elle va négocier la revision du
traité de commerce franco-allemand de
1927.
Ce n'est que sur l'envoi d'une note
annonçant, il y a quinze jours, la résolu-
tion de la France de dénoncer ce traité
désastreux devenu une duperie, si le gou-
vernement allemand tardait encore à né-
gocier, qu'on s'est décidé, à Berlin, à ou-
vrir des pourparlers.
La délégation française aurait, dit-on,
les prétentions les plus modestes. Elle se
contenterait de demander sa liberté tari-
faire, pour substituer, aux droits consoli-
dés en vigueur, des droits intermédiaires
entre le tarif général et le tarif minimum,
sur la base d'une équitable réciprocité.
Elle demanderait, en outre, la levée des
restrictions au commerce des devises, en
Allemagne, pour assurer, aux exportateurs
français, un plus honnête règlement de
leurs factures.
S: modéréss que soient les demandes
de la France, il faut s'attendre à dès ré-
crimination allemandes: Sans doute en-
tendrons-nous dire encore que le gouver-
nement français, non content de tenir le
Reich sous le joug du diktat de Versailles,
cherche encore à affamer l'Allemagne.
Nous publierons demain un arti-
cie de notre collaborateur
M. HENRY DE MONTHERLANT
Un Compagnon est un Maître
(Proverbe provençal)
Nous sommes pacifiques même
nous sommes au besoin pacifistes
mais nous savons que ce qu'il y a de
plus dur à protéger, c'est le pacifisme.
Le pacifisme est le luxe des forts.
Tous les sportifs le savent, dans
cet âge du sport. Un homme sûr de
sa force est le moins agressif, le plus
conciliant, le plus enclin aux métho-
des loyales, aux solutions équitables:
c'est-à-dire pacifiste.
En France, les qualités propres de
la race et les sentiments cultivés au
cours des siècles par la plus noble ci-
vilisation justifient mieux qu'en au-
cun pays du MONDE cette formule
LA FORCE, expression de la vitalité,
instrument du labeur fécond, seule
garantie de la Paix.
FRANÇOIS COTY.
divers que le Centre catholique et les na-
tionaux-socialistes. Comment trouver une
base commune permettant à ces trois partis
dont l'accord est nécessaire pour for-
mer une majorité de se rapprocher
L'Allemagne, il est vrai, est le pays des com-
promis. Jusqu'à présent, néanmoins, per-
sonne n'a trouvé de compromis entre l'eau
et le feu.
Les perspectives d'un cabinet Hitler ne
paraissent donc pas, au premier abord, ex-
cellentes. Au début de la semaine pro-
chaine, le chef « nazi fera une nouvelle
visite au maréchal-président et viendra
prendre sa réponse. Jusque-là tout est mys-
tère., A défaut de Hitler, est-ce son lieute-
nanti Gregor Strasser, qui prendra le pou-
voir ? Ou bien le général von Schleicher,
qui, dans la coulisse, tient les fils de l'intri-
gue ? En tout état de cause, c'est lui qui
garde entre les mains une des clés de la
situation M. von Hindenburg détenant
l'autre.
L'heure est venue, semble-t-il, où les des-
tins du parti national-socialiste vont se
sceller. Il faut désormais qu'il opte et qu'il
dise s'il est disposé à prendre sa part des
responsabilités ou s'il entend se confiner
éternellement dans une opposition stérile.
Pour lui, d'ailleurs, le danger est égale-
ment grand dans les deux cas. S'il reste
isolé sous sa tente, il verra infailliblement
son déclin s'accentuer, car il sera quitté
par tous ceux qui souhaitent des réalisa-
tions et qui estiment les attendre depuis
trop longtemps déjà. S'il participe au pou-
voir, il risque de subir le sort qui menace
tous les partis démagogiques, à savoir
d'être incapable de tenir ses promesses et
d'accorder ses principes aux réalités. Que
fera-t-il, dans ce cas, pour se rattraper ?
Il frappera sur la table, en politique exté-
rieure, encore plus violemment que le ca-
binet Papen, et il exagérera encore les re-
vendications du Reich.
Telle est, limitée à nous, la douce pers-
pective qu'ouvre la venue éventuelle au
pouvoir de Hitler, d'un de ses lieutenants
ou de toute autre personnalité gouvernant
avec l'aide officielle des nationaux-socia-
listes.
Raymond Henry.
.ET CE FUT
UN BEAU VOYAGE. 0
Nous autres, Français, nous n'aimons
guère les suffragettes. C'est un fait. Les
dames, d'ordinaire mûres, épaisses et
moustachues, ou bien sèches comme des
sarments, qui nous prêchent le féminisme
dans des congrès à bannières, à fanfares
et à verre d'eau, nous laissent froids.
Mais nous comprenons fort bien et nous
écoutons avec une sorte de stupeur admi-
rative la femme jeune, aimable et jolie qui
raconte, en souriant, comment elle a, d'un
coup d'aile, traversé l'Afrique de bout en
bout, seule sur un petit avion, en face de
la nuit, du vent, de la brume et d'un som-
meil. qui signifiait la mort.
Qu'elle vienne nous dire qu'elle a, en
quatre jours, volé pendant quatre-vingt-
dix-huit heures, dormi pendant cinq, passé
des moments interminables en se dirigeant
à l'aveuglette dans des nuages impénétra-
bles au regard, qu'elle ajoute ne pas se
souvenir d'avoir, pendant son raid, mangé
autre chose que des grains de raisin sec.
et que, « pour se distraire », elle se soit
astreinte à fixer, comme une hallucinée,
un point de la carlingue, puis un autre,
puis un autre encore qu'elle ait atterri
sur des terrains changés en lac, qu'elle ait
frisé la panne fatale, qu'elle ait connu tous
•les périls, toutes les angoisses et que, pour-
Nous commencerons demain la
publication d'un nouveau roman
de Zane Grey
Le « burro » de Tappan
(traduit de l'anglais par Charles Grolleau)
tant, en survolant la montagne de la Table,
qui annonçait enfin le Cap, elle ait
trouvé dans sa féminité le désir, malgré
tout, d'un doigt de poudre et d'une touche
de rouge. et nous voici prêts n'est-ce
pas à lui tendre tous les bulletins de
vote qu'elle pourrait avoir l'enfantillage
d'ambitionner.
Miss Amy Johnson a fait tout cela. Et
tant d'autres choses que notre fière imagi-
nation masculine n'admet qu'avec peine.
A Bungualla, après une atroce traversée
du Sahara, en se faufilant entre les orages,
sans repères, sans rien qui puisse la gui-
der dans l'obscurité absolue, elle dut,
sous l'averse torrentielle, réparer avec des
instruments de fortune et se montra aussi
adroite que brave. Bien plus, à l'arrivée,
lorsque les acclamations succédèrent ù
l'obsédante chanson du moteur, lorsque
des dizaines de mains l'arrachèrent de son
siège, elle ne s'évanouit même pas. comme
avait fait, quelques mois plus tôt, son mari,
Mollison, à l'issue du même voyage.
Miss Johnson est une femme exception-
nelle. Bien sûr Mais il y a eu Miss
Earhardt et même cette Miss Ruth Elder,
qui inspira des refrains faciles aux chan-
sonniers montmartrois, mais dont le bain
dans l'Atlantique ne fut pourtant pas sans
danger.
Les maris de ces misses car chez elles
les misses sont mariées, comme elles sont,
d'ailleurs, électrices reconnaissent fran-
chement, sportivement, qu'ils ont été bat-
tus, qui de dix heures, qui d'une audace.
Ils n'en sont pas moins contents.
Mollison a déclaré qu'il ne pouvait con-
tenir sa joie et qu'il était plus heureux du
succès de la « girl Lindbergh que du
sien propre. Il a ajouté que ses conseils
avaient sans doute grandement aidé à la
réussite du raid, mais que le record battu
par miss Johnson ne serait pas, de très
longtemps, battu ni même approché. Mo-
deste, il a conclu en ces termes « Ce qui
est assuré, c'est que je n'irai pas la rejoin-
dre là-bas par la même route. »
Ah ça, serions-nous un peu en
retard ?
Georges Ravon.
LA BAISSE
DE LA CONFIANCE
Dans un pays dont la monnaie est rat-
tachée à l'or, ce n'est pas sur le marché
des changes qu'il faut chercher la mesure
de la confiance, puisque ce marché est
à peu près bloqué, par définition, entre
les limites des points d'or. Les mouve-
ments internationaux du métal jaune ne
fournissent pas non plus, dans les cir-
constances actuelles, de renseignements
satisfaisants. Dans le monde, aujourd'hui,
il ne reste que six monnaies-or. Elles seules
peuvent servir de refuge. Le choix n'est
pas grand. La plus forte d'entre elles, le
franc, continue de bénéficier des inquié-
tudes, passagères ou durables, qu'inspirent
les autres. Tout ce que l'on peut en dé-
duire, c'est que le crédit de la Banque
de France, pour le moment, n'est pas at-
teint par le désordre des finances publi-
ques.
Celui -de l'Etat, au contraire, est déjà
ébranlé. L'on en trouve une preuve pé-
remptoire dans le fléchissement du cours
des Rentes. Le plus simple rapproche-
ment suffit pour le montrer
Cours à Paris 19 sept. 12 nov. 19 nov.
3 0/0 84 25 80 50 78 77
4 0/0 1918 99 25 92 50 91 25
4 1/2 1932 é™tt 97 50 95 52
ualr
1 C'est le cas ou jamais de laisser, comme
on dit, parler les chiffres leur langage
se passe de toute exégèse. Les cours du
nouveau et malheureux 4 1/2 sont par-
ticulièrement instructifs. L'énormité du
capital représenté ne permet pas de les
manœuvrer commodément. Ils permettent
d'apprécier les résultats de la réduction
solennellement promise du loyer de l'ar-
gent ces résultats sont négatifs. L'on ne
manquera pas, surtout, de remarquer com-
bien malfaisante a été la semaine qui vient
de s'achever. Le crédit public s'est rétréci
en raison inverse de l'emprise socialiste
sur les affaires de l'Etat.
Toute la question est là. Depuis des mois
M. François Coty réclame ici une politique
de solidarité nationale. Chaque jour, quel-
que glissement dans le sens opposé ne fait
qu'en démontrer la nécessité plus pres-
sante. Demain, après-demain, les faits
pourtant l'imposeront invinciblement.
Faut-il, pour le faire comprendre, que le
pays ait été jeté dans les souffrances d'une
nouvelle catastrophe financière ? 7
F.-F. Legueu.
Les cours à Paris es
des monnaies étrangères
DEVISES Cours Cours
DEV)SES 18 nov. 19 nov.
1 livre sterling. 84 09 KI 08
100 dollars. :~2.. '553 Í;
100 belgas. 3~75 354..
100 pesetas. 209 Gs 2o3 62
100 lires. i-,o 6o t3o 6j
100 francs suisses. 491-- 491"
100 florins. tosq îj ioaj yo
100 couron. norvégiennes. 4'!7"
100 couronnes suédoises.. 440 448 50
Encaisse-or (monnaies et lingots) de la Banque Il
de France
Au 10 novembre 83.233.443.734 fr.
Proportion de l'encaisse-or aux engagements à vue
Au 10 novembre 77 76 0/0
DIMANCHE 20 NOVEMBRE 1932
LES CONGRÈS
DE LA
IIIe INTERNATIONALE
Par le GENERAL NIESSEL
II
Dans un précédent article (Figaro du
3 novembre), après avoir rappelé
le but essentiel de la IIP Internatio-
nale, c'est-à-dire « le renversement
violent de tout l'ordre social tradition-
nel », nous avons exposé comment elle
s'était constituée autour et sous la di-
rection du parti communiste russe, et
nous avons indiqué quels organes pré-
sidaient à sa direction tous siégant
à Moscou.
Théoriquement, c'est le Congrès gé-
néral de la IIP Internationale qui cons-
titue l'instance suprême du parti com-
muniste mondial. Au début, ces con-
grès ont été annuels puis par raison
d'économie, ils ont été assez fréquem-
ment remplacés par des conférences
internationales d'organisation ou des
sessions du Comité exécutif élargi aux-
quelles viennent prendre part les prin-
cipaux dirigeants communistes des au-
tres pays. Ces réunions se tiennent en
principe toujours en Russie, et géné-
ralement à Moscou.
f
Le 1" congrès, mars 1919, groupait
33 délégués de 19 partis communistes,
et 19 de 16 organisations sympathi-
santes.
Le 2° congrès, juillet 1920, réunissait
déjà 214 délégués. Il fut consacré spé-
cialement aux méthodes à employer
chez les peuples orientaux, et dès le
mois de septembre suivant un 1er con-
grès spécial de ces peuples amenait à
Bakou 1.891 délégués, dont 55 femmes,
appartenant à 37 nationalités.
Le 3° congrès, juillet 1921, se compo-
sa de 603 délégués représentant -98 par-
tis communistes et 2 millions d'adhé-
rents. On y étudia le développement de
la crise économique mondiale et la ma-
nière de l'aggraver.
Le 4' congrès, novembre 1922, à Lé-
ningrad, ne réunit que 401 délégués de
62 partis communistes, mais représen-
tant comme l'année précédente 2 mil-
lions d'adhérents. On y étudia l'orga-
nisation de la jeunesse communiste, la
lutte contre le fascisme, les questions
agraires et syndicales.
Le 5e congrès, juin 1924, s'occupa
tout spécialement des questions orien-
tales et de la bolchévisation des partis
communistes, c'est-à-dire de préciser
pour eux la ligne générale à suivre et
de les rendre plus combattifs.
En mars-avril 1925, il y eut seule-
ment une réunion du Conseil exécutif
élargi qui s'intéressa spécialement aux
questions d'organisation et prescrivit
de porter un sérieux effort sur l'Amé-
rique du Sud.
En février-mars 1926, le Conseil
exécutif élargi siégeant en même temps
que la Conférence internationale d'or-
ganisation régla l'action à exercer dans
les syndicats et parmi les femmes. Une
autre réunion du Comité exécutif élar-
gi, en novembre-décembre de la mê-
me année, a décidé la suppression du
président de la IIP Internationale et
son remplacement par le Présidium et
le secrétariat politique dont nous avons
déjà parlé. Il y fut rappelé que les dif-
férents partis communistes ne devaient
pas se borner à consolider les résul-
tats acquis, mais encore exploiter cha-
que prétexte d'action révolutionnaire.
Toute tentative de collaboration des
classes doit être combattue ainsi que
tout effort des partis bourgeois pour
améliorer le sort des travailleurs (syn-
dicats mixtes, participation aux béné-
fices, etc.), et les socialistes de la
11° Internationale doivent être combat-
tus au même titre que les partis bour-
geois. Il est prescrit à tous les partis
communistes de lutter contre le mou-
vement pseudo-pacifiste déclenché par
l'accord de Locarno et de faire ressor-
tir le caractère impérialiste de la So-
ciété des Nations (1).
En mai 1927, le Comité exécutif s'oc-
cupe de la révolution chinoise et de la
préparation de la guerre civile mon-
diale. Il décide de l'attitude à tenir en-
vers l'opposition dirigée par Trotzky et
Zinoviev.
En février 1928, une session du Co-
(1) II est vraiment admirable que, sachant
cela, on ait cru à Genève devoir inviter des
représentants du gouvernement bolchevique
de Russie à la Conférence de Lausanne et à
celle du désarmement.
Rappelons aux lecteurs de Figaro (voir n°
du 20 septembre) que la III" Internationale
de Moscou a tenté d'organiser à Genève même
un congrès international communiste contre
la guerre et que, sur le refus du gouverne-
ment suisse d'autoriser la tenue de ce con-
grès sur son territoire, il a eu lieu à Amster-
dam.
Fonitë le i+ janvier 1826
Ane/eus Directeurs H. DE VillemissanT
F JKAOHARP. G.CALMETTE. A.CAPUS. R.OE FLER8
F.MAANARD,G.CALMETTE. A.CAPUS. R.DE FLERA
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POUVEZ-VOUS, FIGARO, TRAITER SI LÉGÈREMENT UN DESSEIN QUI NOUS COÛTE À TOUS LE BONHEUR ? i
BEAUMARCHAIS.
Le Gaulois
/Tl.^l.TlT.l^T.lTT.ra
~50o~
DIMANCHE 20 NOVEMBRE 1932
SUR LA MANIÈRE
DE PARLER
AUX FEMMES
Dans la dernière pièce jouée à la
Comédie-Française, l'amoureux dit à sa
bien-aimée « Ta beauté est toute la
beauté du monde » au dénouement,
quand cette beauté a disparu de sa vie,
que ne s'écrie-t-il avec Lamartine
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
Après avoir entendu un comédien
chantant et gesticulant déclamer ce
texte lyrique, une spectatrice m'a
avoué « Je rêve que c'est à moi qu'un
homme parle ainsi et vous pensez si je
suis ravie. » Toutes les femmes, dans la
salle, semblaient du même avis et les
hommes se demandaient avec inquié-
tude s'il n'y avait pas quelque chose de
changé dans nos habitudes sentimen-
tales allait-on être obligé, en amour,
de se remettre au métier de courtisan
et de recommencer à tenir aux dames
le langage de la galanterie et du roma-
nesque ? `?
Car il y a des modes jusque dans le
sentiment et principalement dans le vo-
cabulaire amoureux. On comprend, en
effet, que dans les périodes agitées par
des événements extraordinaires comme
une guerre, une révolution, une crise
des affaires et à plus forte raison dans
les époques qui cumulent ces troubles,
le loisir manque pour marivauder. C'est
déjà bien assez d'aimer s'il faut en-
core perdre du temps aux fioritures ?
« Tu me plais, je te plais liaison
conclue. » Conformément à ce principe,
nous avons donc, depuis une quinzaine
d'années, abrégé ou même supprimé les
formalités romanesques. Les hommes
n'avaient plus l'oisiveté nécessaire pour
exercer la séduction et les femmes
n'avaient pas un instant pour écouter
des madrigaux. On av*# remplacé la
carte du tendre par les cartes Michelin.
Tout un continent, l'Amérique prohibi-
tionniste et vertueuse, n'a longtemps
pratiqué l'amour que dans les automo-
biles, instruments dangereux en Europe
quand ils roulent, mais plus dangereux
aux Etats-Unis quand ils sont arrêtés.
Rien n'était plus curieux, à cet égard,
que les rapports des jeunes gens et des
jeunes filles dans les bals, sur les ter-
rains de sport, au bain de mer, la « ca-
maraderie » qui fut en vogue alors im-
posait la familiarité il était presque
dérisoire de faire à,une femme un com-
pliment qui ne fût pas une imperti-
nence et des façons réservées eussent
été une grossièreté. Quand je songe
aux « bals blancs » de ma jeunesse, avec
les « débutantes » gantées jusqu'au
coude, assises sur leur chaise, faisant
tapisserie, comme on disait alors, à côté
de leur mère, et tendant un petit carnet
aux danseurs qui leur étaient présen-
tés en grande cérémonie, et que je com-
pare ces usages surannés aux manières
d'il y a deux ou trois ans, alors qu'on
voyait les garçons empoigner les filles
avec une silenciense désinvolture, je
mesure aisément le chemin parcouru
dans la simplification tout à la fois des
usages mondains et des habitudes sen-
timentales.
Une réaction était donc fatale toute
la question est de savoir si elle n'est
pas déjà commencée.
J'ose à peine rappeler ici le thème
de la Fleur des Pois le snobisme
change avec les âges comme la mer avec
le ciel. Au temps de Molière, il avait
pris la forme du bel esprit et d'une pré-
ciosité ridicule. Il a semblé à Edouard
Bourdet qu'il se présentait aujourd'hui
sous l'aspect particulier auquel nous
faisons allusion observation très juste,
mais déjà d'hier. Beaucoup de jeunes
ambitieux, en effet, ont recommencé
d'afficher des chagrins d'amour très
corrects et l'on a vu des désespoirs dra-
matiques.
Il ne serait pas difficile de multiplier
ces signes, plus aisément perceptibles
que les symptômes économiques, d'une
reprise des affaires sentimentales. Les,
littérateurs reviennent à l'amour et
l'amour à la littérature. Bientôt il fau-
dra tirer de nouvelles éditions de la
carte du tendre il sera de bon ton de
faire des déclarations et de porter son
cœur en écharpe.
Perspective heureuse ou malheu-
reuse ?
La manière de parler aux femmes a
toujours été un problème délicat, puis-
qu'il dépend des personnes, des temps
et des milieux. Chaque époque a son ri-
tuel chevaleresque, précieux, libertin,
pathétique, romantique, etc. Nous
avions eu,, après la guerre, l'ingéniosité
(de résoudre ce problème en ne le posant
pas va-t-il donc falloir que les hom-
mes se remettent à la tâche et décou-
vrent un code d'amour 1933 ? Le cœur
est revenu à la mode avec la poitrine,
et à partir du moment où les femmes
reprennent leurs propres formes, elles
exigent naturellement toutes les au-
tres fini de rire, Messieurs
Il ne faut pas croire, d'ailleurs, que
la vie sentimentale, dans une société,
soit indépendante du reste rien de
plus social, au contraire, que l'amour.
Non seulement les conditions générales,
la prospérité ou la gêne, la culture, le
confort ont leur influence sur le tour
de l'esprit et le mouvement des pas-
sions, mais la couture, les moyens de
transports, les divertissements et les
sports, tout l'outillage d'une civilisa-
tion, modifient la sensibilité et le voca-
bulaire imagine-t-on des amoureux ne
disposant pas du téléphone ? Pourtant
l'effet de ces nouveautés est souvent
d'autant moins durable qu'il a été plus
soudain et plus visible il agite la sur-
face des sentiments, mais il n'atteint
jamais le fond passionnel de l'espèce.
Ainsi, sous l'emphase du lyrisme ou la
sécheresse du libertinage, avec de
grands gestes ou des petits mots, reste
constante la somme des souffrances,
des désespoirs et des crimes. Une vogue
succède à une vogue au nudisme des
propos la draperie des phrases, et, en
définitive, puisque la passion est si re-
doutable dans les milieux civilisés, l'hu-
manité n'a-t-elle pas raison d'en revenir
toujours aux moyens éprouvés de la
rendre plus sociable en lui imposant
d'abord la discipline du langage et des
manières ?. Parlons donc de l'Amour,
à seule fin, peut-être, de l'oublier
Gaston Rageot.
LA POLITIQUE
REPLI SOCIALISTE
Par prudence ou par habileté,
les socialistes ont, hier soir,
ajourné le contre-projet de
folle surenchère au'ils avaient
soutenu la veille, à la Commission des
finances. Ce programme d'outillage, qui
comporte 30 milliards de travaux, n'appa-
raissait pas, vendredi, sans quelque chance
de succès tant les contrôleurs de nos
finances, quand il s'agit de dépenser, ont
pris le goût du colossal. Mais MM. Ger- j
main-Martin et Palmade ont fait hier leur
métier. Ils ne se sont pas ralliés à la pro-
position socialiste. Ils ont défendu leur pro-
jet ils ont excipé de son but d'allégement
budgétaire critiqué en même temps
que de stimulant économique. Et pour dé-
sarmer leurs adversaires, qui sont aussi leur
majorité, ils ont promis pour plus tard un
nouveau plan d'outillage plus imposant.
II viendra « après le vote du budget »
c'est une date assez vague qui a éveillé
cette apaisante idée la saison des arbres
en fleurs. Le contre-projet a été réservé.
Résultat encourageant. L'opposition du
gouvernement à ce projet fantastique en a
fait reculer les auteurs. En temps normal,
cette attitude ne mériterait pas d'être sou-
lignée, tant elle s'imposait. Mais à notre
époque, ce qui est régulier devient l'excep-
tion. Ils ne sont pas si loin de nous ces
jours d'été où nous avons vu la même com-
mission des finances bouleverser totale-
ment le projet de rétablissement d'équi-
libre, en refaire un à sa guise, réduire de
moitié les économies demandées, et les mi-
nistres le souffrir.
Accident politique ? Non pas. Système
nouveau. Hier même, un journal essentiel-
lement ministériel déclarait que « le gou-
vernement ayant posé ses principes finan-
ciers, c'était au Parlement et aux commis-
sions d'effectuer le tri du bon et du
mauvais ». Au législatif de modifier, trans-
former, supprimer, filtrer les mesures qu'on
lui suggère. Telle est bien la pratique
financière cartelliste. Le droit d'amende-
ment s'hypertrophie jusqu'à l'étouffement
du pouvoir exécutif. Celui-ci n'est plus
qu'un pouvoir de « suggestion ». Le sys-
tème a fonctionné en 1925-1926. Tout le
monde n'en a pas oublié les résultats. Et
sont encore présentes à l'esprit ces impro-
visations de projets de budgets par des dé-
putés touche-à-tout qui les déposaient entre
deux votes de douzièmes provisoires.
La tendance des gauches, si le gou-
vernement ne réagissait pas, entraînerait
un retour à des mœurs anarchiques. Déjà
nous voyons le principe essentiel de la
séparation des pouvoirs méprisé, ridiculisé
à la tribune déjà, nous entendons parler
de la caisse d'amortissement comme d'une
caisse de paiements, et de la caisse des
Dépôts comme d'une inépuisable caisse de
prêts enfin, l' « impossible » de la veille
devient, le lendemain, sans que les condi-
tions pourtant aient changé, mesure prati-
que et réalisable.
II n'y a pas lieu d'exagérer la portée
du petit succès gouvernemental d'hier.
Mais il est bon, dans le désordre actuel
des esprits, de signaler, en hâte, un retour
au bon sens.
unaBCTsrcr^ its,jlsst çoxs oott
Il, ,A_ IF1 O TZ G IE
Un des pères de la République, et
des plus purs entre les républicains,
Jules Ferry, disait qu'un peuple a
besoin d'être riche et fort pour gar-
der des amitiés dans le monde.
L'amour des petits, des humbles,
des faibles, n'est pas commun entre
individus entre nations, il n'existe
pas.
Nous voudrions que la France eût
beaucoup d'amis dans le monde nous
voudrions créer autour d'elle une at-
mosphère de confiance et de sécurité
nous voudrions la voir prête à rem-
plir son destin sans inquiétude, sans
trouble, dans toute la sérénité de la
FORCE.
Donc, nous voulons lui rendre le
goût de la FORCE.
La vaine idéologie de Briand ne
doit pas lui survivre.
,LE MARÉCHAL VON HINDENBURG
A REÇU ADOLF HITLER
Pour la seconde fois en un peu plus de
trois mois, M. von Hindenburg et Adolf
Hitler se sont, hier, retrouvés face à face.
La première fois, c'était au lendemain des
élections du 31 juillet, qui avaient, de 107
mandats, porté les effectifs nationaux-so-
cialistes à 230 mandats. Leur deuxième ren-
contre a lieu au lendemain des élections
du 6 novembre, qui ont ramené les hitlé-
riens à 195 sièges.
Ce simple rapprochement de chiffres
caractérise la situation. Le parti national-
socialiste demeure, et de loin, le groupe
politique le plus puissant mais il n'a plus
l'auréole de l'invincibilité, et le commen-!
cément de déclin qu'il vient de subir do*t'
logiquement l'incliner à moins d'intransi-
geance.
Sans doute, Hitler a de nouveau demandé
à M. von Hindenburg de lui confier la suc-
cession de M. von Papen mais il semble
j qu'il y ait là un geste effectué pour la
forme bien plutôt qu'une condition sine
qua non, comme l'était en août dernier la
revendication du chef « nazi », et que, si
M. von Hindenburg choisit un autre chan-
1 celier, les ponts ne seront pas rompus pour
autant.
On ne voit pas bien, en effet, comment
une combinaison Hitler en supposant
que M. von Hindenburg y donnât les mains
-pourrait réussir. Elle ne peut se réaliser,
puisque telle est la volonté du maréchal-
président, que sur la base d'une concen-
tration nationale. Le départ de M. von Pa-
pen, mis à l'index par à peu près tout le
monde, facilite, il est vrai, cette concen-
tration. Les obstacles restent cependant
nombreux et grands, et la personnalité
d'Adolf Hitler ne paraît pas de nature à les
faire disparaître.
Tout d'abord, l'entente entre les natio-
naux-socialistes et le parti national-alle-
mand de M. Hugenberg ne sera vraisembla-
blement pas très facile. Les jours du « front
de Harzburg », durant l'été de 1931, sont
passés. Depuis, les deux partis et leurs
deux chefs se sont considérablement écar-
tés l'un de l'autre. Ensuite, et surtout, on
ne saurait trop insister sur l'apparente im-
possibilité de concilier les théories, les
méthodes et les idées de groupes aussi
UNE NÉGOCIATION
FRANCO-ALLEMANDE
Une délégation française a quitté Paris,
dans la soirée d'hier, à destination de
Berlin, où elle va négocier la revision du
traité de commerce franco-allemand de
1927.
Ce n'est que sur l'envoi d'une note
annonçant, il y a quinze jours, la résolu-
tion de la France de dénoncer ce traité
désastreux devenu une duperie, si le gou-
vernement allemand tardait encore à né-
gocier, qu'on s'est décidé, à Berlin, à ou-
vrir des pourparlers.
La délégation française aurait, dit-on,
les prétentions les plus modestes. Elle se
contenterait de demander sa liberté tari-
faire, pour substituer, aux droits consoli-
dés en vigueur, des droits intermédiaires
entre le tarif général et le tarif minimum,
sur la base d'une équitable réciprocité.
Elle demanderait, en outre, la levée des
restrictions au commerce des devises, en
Allemagne, pour assurer, aux exportateurs
français, un plus honnête règlement de
leurs factures.
S: modéréss que soient les demandes
de la France, il faut s'attendre à dès ré-
crimination allemandes: Sans doute en-
tendrons-nous dire encore que le gouver-
nement français, non content de tenir le
Reich sous le joug du diktat de Versailles,
cherche encore à affamer l'Allemagne.
Nous publierons demain un arti-
cie de notre collaborateur
M. HENRY DE MONTHERLANT
Un Compagnon est un Maître
(Proverbe provençal)
Nous sommes pacifiques même
nous sommes au besoin pacifistes
mais nous savons que ce qu'il y a de
plus dur à protéger, c'est le pacifisme.
Le pacifisme est le luxe des forts.
Tous les sportifs le savent, dans
cet âge du sport. Un homme sûr de
sa force est le moins agressif, le plus
conciliant, le plus enclin aux métho-
des loyales, aux solutions équitables:
c'est-à-dire pacifiste.
En France, les qualités propres de
la race et les sentiments cultivés au
cours des siècles par la plus noble ci-
vilisation justifient mieux qu'en au-
cun pays du MONDE cette formule
LA FORCE, expression de la vitalité,
instrument du labeur fécond, seule
garantie de la Paix.
FRANÇOIS COTY.
divers que le Centre catholique et les na-
tionaux-socialistes. Comment trouver une
base commune permettant à ces trois partis
dont l'accord est nécessaire pour for-
mer une majorité de se rapprocher
L'Allemagne, il est vrai, est le pays des com-
promis. Jusqu'à présent, néanmoins, per-
sonne n'a trouvé de compromis entre l'eau
et le feu.
Les perspectives d'un cabinet Hitler ne
paraissent donc pas, au premier abord, ex-
cellentes. Au début de la semaine pro-
chaine, le chef « nazi fera une nouvelle
visite au maréchal-président et viendra
prendre sa réponse. Jusque-là tout est mys-
tère., A défaut de Hitler, est-ce son lieute-
nanti Gregor Strasser, qui prendra le pou-
voir ? Ou bien le général von Schleicher,
qui, dans la coulisse, tient les fils de l'intri-
gue ? En tout état de cause, c'est lui qui
garde entre les mains une des clés de la
situation M. von Hindenburg détenant
l'autre.
L'heure est venue, semble-t-il, où les des-
tins du parti national-socialiste vont se
sceller. Il faut désormais qu'il opte et qu'il
dise s'il est disposé à prendre sa part des
responsabilités ou s'il entend se confiner
éternellement dans une opposition stérile.
Pour lui, d'ailleurs, le danger est égale-
ment grand dans les deux cas. S'il reste
isolé sous sa tente, il verra infailliblement
son déclin s'accentuer, car il sera quitté
par tous ceux qui souhaitent des réalisa-
tions et qui estiment les attendre depuis
trop longtemps déjà. S'il participe au pou-
voir, il risque de subir le sort qui menace
tous les partis démagogiques, à savoir
d'être incapable de tenir ses promesses et
d'accorder ses principes aux réalités. Que
fera-t-il, dans ce cas, pour se rattraper ?
Il frappera sur la table, en politique exté-
rieure, encore plus violemment que le ca-
binet Papen, et il exagérera encore les re-
vendications du Reich.
Telle est, limitée à nous, la douce pers-
pective qu'ouvre la venue éventuelle au
pouvoir de Hitler, d'un de ses lieutenants
ou de toute autre personnalité gouvernant
avec l'aide officielle des nationaux-socia-
listes.
Raymond Henry.
.ET CE FUT
UN BEAU VOYAGE. 0
Nous autres, Français, nous n'aimons
guère les suffragettes. C'est un fait. Les
dames, d'ordinaire mûres, épaisses et
moustachues, ou bien sèches comme des
sarments, qui nous prêchent le féminisme
dans des congrès à bannières, à fanfares
et à verre d'eau, nous laissent froids.
Mais nous comprenons fort bien et nous
écoutons avec une sorte de stupeur admi-
rative la femme jeune, aimable et jolie qui
raconte, en souriant, comment elle a, d'un
coup d'aile, traversé l'Afrique de bout en
bout, seule sur un petit avion, en face de
la nuit, du vent, de la brume et d'un som-
meil. qui signifiait la mort.
Qu'elle vienne nous dire qu'elle a, en
quatre jours, volé pendant quatre-vingt-
dix-huit heures, dormi pendant cinq, passé
des moments interminables en se dirigeant
à l'aveuglette dans des nuages impénétra-
bles au regard, qu'elle ajoute ne pas se
souvenir d'avoir, pendant son raid, mangé
autre chose que des grains de raisin sec.
et que, « pour se distraire », elle se soit
astreinte à fixer, comme une hallucinée,
un point de la carlingue, puis un autre,
puis un autre encore qu'elle ait atterri
sur des terrains changés en lac, qu'elle ait
frisé la panne fatale, qu'elle ait connu tous
•les périls, toutes les angoisses et que, pour-
Nous commencerons demain la
publication d'un nouveau roman
de Zane Grey
Le « burro » de Tappan
(traduit de l'anglais par Charles Grolleau)
tant, en survolant la montagne de la Table,
qui annonçait enfin le Cap, elle ait
trouvé dans sa féminité le désir, malgré
tout, d'un doigt de poudre et d'une touche
de rouge. et nous voici prêts n'est-ce
pas à lui tendre tous les bulletins de
vote qu'elle pourrait avoir l'enfantillage
d'ambitionner.
Miss Amy Johnson a fait tout cela. Et
tant d'autres choses que notre fière imagi-
nation masculine n'admet qu'avec peine.
A Bungualla, après une atroce traversée
du Sahara, en se faufilant entre les orages,
sans repères, sans rien qui puisse la gui-
der dans l'obscurité absolue, elle dut,
sous l'averse torrentielle, réparer avec des
instruments de fortune et se montra aussi
adroite que brave. Bien plus, à l'arrivée,
lorsque les acclamations succédèrent ù
l'obsédante chanson du moteur, lorsque
des dizaines de mains l'arrachèrent de son
siège, elle ne s'évanouit même pas. comme
avait fait, quelques mois plus tôt, son mari,
Mollison, à l'issue du même voyage.
Miss Johnson est une femme exception-
nelle. Bien sûr Mais il y a eu Miss
Earhardt et même cette Miss Ruth Elder,
qui inspira des refrains faciles aux chan-
sonniers montmartrois, mais dont le bain
dans l'Atlantique ne fut pourtant pas sans
danger.
Les maris de ces misses car chez elles
les misses sont mariées, comme elles sont,
d'ailleurs, électrices reconnaissent fran-
chement, sportivement, qu'ils ont été bat-
tus, qui de dix heures, qui d'une audace.
Ils n'en sont pas moins contents.
Mollison a déclaré qu'il ne pouvait con-
tenir sa joie et qu'il était plus heureux du
succès de la « girl Lindbergh que du
sien propre. Il a ajouté que ses conseils
avaient sans doute grandement aidé à la
réussite du raid, mais que le record battu
par miss Johnson ne serait pas, de très
longtemps, battu ni même approché. Mo-
deste, il a conclu en ces termes « Ce qui
est assuré, c'est que je n'irai pas la rejoin-
dre là-bas par la même route. »
Ah ça, serions-nous un peu en
retard ?
Georges Ravon.
LA BAISSE
DE LA CONFIANCE
Dans un pays dont la monnaie est rat-
tachée à l'or, ce n'est pas sur le marché
des changes qu'il faut chercher la mesure
de la confiance, puisque ce marché est
à peu près bloqué, par définition, entre
les limites des points d'or. Les mouve-
ments internationaux du métal jaune ne
fournissent pas non plus, dans les cir-
constances actuelles, de renseignements
satisfaisants. Dans le monde, aujourd'hui,
il ne reste que six monnaies-or. Elles seules
peuvent servir de refuge. Le choix n'est
pas grand. La plus forte d'entre elles, le
franc, continue de bénéficier des inquié-
tudes, passagères ou durables, qu'inspirent
les autres. Tout ce que l'on peut en dé-
duire, c'est que le crédit de la Banque
de France, pour le moment, n'est pas at-
teint par le désordre des finances publi-
ques.
Celui -de l'Etat, au contraire, est déjà
ébranlé. L'on en trouve une preuve pé-
remptoire dans le fléchissement du cours
des Rentes. Le plus simple rapproche-
ment suffit pour le montrer
Cours à Paris 19 sept. 12 nov. 19 nov.
3 0/0 84 25 80 50 78 77
4 0/0 1918 99 25 92 50 91 25
4 1/2 1932 é™tt 97 50 95 52
ualr
1 C'est le cas ou jamais de laisser, comme
on dit, parler les chiffres leur langage
se passe de toute exégèse. Les cours du
nouveau et malheureux 4 1/2 sont par-
ticulièrement instructifs. L'énormité du
capital représenté ne permet pas de les
manœuvrer commodément. Ils permettent
d'apprécier les résultats de la réduction
solennellement promise du loyer de l'ar-
gent ces résultats sont négatifs. L'on ne
manquera pas, surtout, de remarquer com-
bien malfaisante a été la semaine qui vient
de s'achever. Le crédit public s'est rétréci
en raison inverse de l'emprise socialiste
sur les affaires de l'Etat.
Toute la question est là. Depuis des mois
M. François Coty réclame ici une politique
de solidarité nationale. Chaque jour, quel-
que glissement dans le sens opposé ne fait
qu'en démontrer la nécessité plus pres-
sante. Demain, après-demain, les faits
pourtant l'imposeront invinciblement.
Faut-il, pour le faire comprendre, que le
pays ait été jeté dans les souffrances d'une
nouvelle catastrophe financière ? 7
F.-F. Legueu.
Les cours à Paris es
des monnaies étrangères
DEVISES Cours Cours
DEV)SES 18 nov. 19 nov.
1 livre sterling. 84 09 KI 08
100 dollars. :~2.. '553 Í;
100 belgas. 3~75 354..
100 pesetas. 209 Gs 2o3 62
100 lires. i-,o 6o t3o 6j
100 francs suisses. 491-- 491"
100 florins. tosq îj ioaj yo
100 couron. norvégiennes. 4'!7"
100 couronnes suédoises.. 440 448 50
Encaisse-or (monnaies et lingots) de la Banque Il
de France
Au 10 novembre 83.233.443.734 fr.
Proportion de l'encaisse-or aux engagements à vue
Au 10 novembre 77 76 0/0
DIMANCHE 20 NOVEMBRE 1932
LES CONGRÈS
DE LA
IIIe INTERNATIONALE
Par le GENERAL NIESSEL
II
Dans un précédent article (Figaro du
3 novembre), après avoir rappelé
le but essentiel de la IIP Internatio-
nale, c'est-à-dire « le renversement
violent de tout l'ordre social tradition-
nel », nous avons exposé comment elle
s'était constituée autour et sous la di-
rection du parti communiste russe, et
nous avons indiqué quels organes pré-
sidaient à sa direction tous siégant
à Moscou.
Théoriquement, c'est le Congrès gé-
néral de la IIP Internationale qui cons-
titue l'instance suprême du parti com-
muniste mondial. Au début, ces con-
grès ont été annuels puis par raison
d'économie, ils ont été assez fréquem-
ment remplacés par des conférences
internationales d'organisation ou des
sessions du Comité exécutif élargi aux-
quelles viennent prendre part les prin-
cipaux dirigeants communistes des au-
tres pays. Ces réunions se tiennent en
principe toujours en Russie, et géné-
ralement à Moscou.
f
Le 1" congrès, mars 1919, groupait
33 délégués de 19 partis communistes,
et 19 de 16 organisations sympathi-
santes.
Le 2° congrès, juillet 1920, réunissait
déjà 214 délégués. Il fut consacré spé-
cialement aux méthodes à employer
chez les peuples orientaux, et dès le
mois de septembre suivant un 1er con-
grès spécial de ces peuples amenait à
Bakou 1.891 délégués, dont 55 femmes,
appartenant à 37 nationalités.
Le 3° congrès, juillet 1921, se compo-
sa de 603 délégués représentant -98 par-
tis communistes et 2 millions d'adhé-
rents. On y étudia le développement de
la crise économique mondiale et la ma-
nière de l'aggraver.
Le 4' congrès, novembre 1922, à Lé-
ningrad, ne réunit que 401 délégués de
62 partis communistes, mais représen-
tant comme l'année précédente 2 mil-
lions d'adhérents. On y étudia l'orga-
nisation de la jeunesse communiste, la
lutte contre le fascisme, les questions
agraires et syndicales.
Le 5e congrès, juin 1924, s'occupa
tout spécialement des questions orien-
tales et de la bolchévisation des partis
communistes, c'est-à-dire de préciser
pour eux la ligne générale à suivre et
de les rendre plus combattifs.
En mars-avril 1925, il y eut seule-
ment une réunion du Conseil exécutif
élargi qui s'intéressa spécialement aux
questions d'organisation et prescrivit
de porter un sérieux effort sur l'Amé-
rique du Sud.
En février-mars 1926, le Conseil
exécutif élargi siégeant en même temps
que la Conférence internationale d'or-
ganisation régla l'action à exercer dans
les syndicats et parmi les femmes. Une
autre réunion du Comité exécutif élar-
gi, en novembre-décembre de la mê-
me année, a décidé la suppression du
président de la IIP Internationale et
son remplacement par le Présidium et
le secrétariat politique dont nous avons
déjà parlé. Il y fut rappelé que les dif-
férents partis communistes ne devaient
pas se borner à consolider les résul-
tats acquis, mais encore exploiter cha-
que prétexte d'action révolutionnaire.
Toute tentative de collaboration des
classes doit être combattue ainsi que
tout effort des partis bourgeois pour
améliorer le sort des travailleurs (syn-
dicats mixtes, participation aux béné-
fices, etc.), et les socialistes de la
11° Internationale doivent être combat-
tus au même titre que les partis bour-
geois. Il est prescrit à tous les partis
communistes de lutter contre le mou-
vement pseudo-pacifiste déclenché par
l'accord de Locarno et de faire ressor-
tir le caractère impérialiste de la So-
ciété des Nations (1).
En mai 1927, le Comité exécutif s'oc-
cupe de la révolution chinoise et de la
préparation de la guerre civile mon-
diale. Il décide de l'attitude à tenir en-
vers l'opposition dirigée par Trotzky et
Zinoviev.
En février 1928, une session du Co-
(1) II est vraiment admirable que, sachant
cela, on ait cru à Genève devoir inviter des
représentants du gouvernement bolchevique
de Russie à la Conférence de Lausanne et à
celle du désarmement.
Rappelons aux lecteurs de Figaro (voir n°
du 20 septembre) que la III" Internationale
de Moscou a tenté d'organiser à Genève même
un congrès international communiste contre
la guerre et que, sur le refus du gouverne-
ment suisse d'autoriser la tenue de ce con-
grès sur son territoire, il a eu lieu à Amster-
dam.
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