Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1930-09-01
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1930 01 septembre 1930
Description : 1930/09/01 (Numéro 244). 1930/09/01 (Numéro 244).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Identifiant : ark:/12148/bpt6k2963428
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
1 FIGARO 1
Fonde le 14 Janvier 1826 l
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105e Année. N° 244 de 1930
Edité en f'Hôtef de
FIGARO
14, Rond-Point des Champs-Elysées
PARIS (Vm>)
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F I G ARO
LoUÉ PAR CEUX-CI, BLÂMÉ PAR CEUX-IÀ, HE MOeWANT DES SOTS, BRAVANT- LES MÉCHANTS, JE MB
PRESSE DE RIRE DE TOUT. DE PEUR D'ÊTRE OBLIGÉ D'EN PLEURER. •
•– POUVEZ. VOUS, FIGARO, TRAITER SI LÉGÈREMENT UN DESSEIN QUI NOUS COÛTE X TOUS ~LB" BONHEUR?
̃̃- ̃̃• BEAUMARCHAIS.
3o Cme
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Le Gaulois
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LUNDI 1" SEPTEMBRE 1950
LUNDI 1" SEPTEMBRE 1 950
DIEBCTETJB I SB'I&.AJSrÇOXS COOTZ"
SOMMAIRE DE FIGARO
PAGE 2. Les Cours, les Ambassades, le Monde
et la Ville. Les Echos. La Saison.
PAGE 3. Les réunions du dimanche M. Poin-
caré à Muzeray. Les grandes manœuvres.
f _;•_ j-^s grèves du Nord. Nouvelles diverses.
Dernière Heure
PAGE 4. Raymond de Passillé La Bourse de
commerce et la meunerie française. Le suf-
frage universel en Turquie. Revue de la
Presse. L'amitié gréco-turque.
i-'AGE 5. Henry Bordeaux, de l'Académie
française Taine, conseiller municipal.
Ange Galdemar Dumas fils poursuivi.
.Le monument de Calendal à Cassis. Marc
̃ Logé Le théâtre aux Etats-Unis. Les
Alguazils Courrier des Lettres.
PAGE 6. Le programme des spectacles.
Courrier des théâtres. La Vie sportive.
Rose Macaulay L'Ile des Orphelins.
j-*AGE 7. Déplacements et villégiatures des
x "abonnés de Figaro.
.yp- r–
LA POLITIQUE
Les buts finaux
de l'Allemagne
Le chancelier Bruning, dans son dis-
cours de Trèves, a, dès l'abord, re-
connu que l'évacuation de la Rhéna-
nie ouvrait de grandes et nouvelles tâ-
ches à l'Allemagne en politique extérieure, 11 s en est
référé, pour ces tâches, à ses discours antérieurs, à s
réponse au mémoire de M. Briand, réponse où, pour
la première fois dans un document officiel, le Reich
posait le principe de la revision des traités. A Trê-
ves, hier, il a exprimé le souhait que les questions
vitales pour l'Allemagne se dénouent pacifique-
ment. Mais il compte bien que « les buts finaux »
de la politique extérieure du Reich seront atteints
;sans chicane ». Et s'il y a chicane ?. Le chance-
lier Bïtirting proteste que « Veut responsable de' ta*
"politique extérieure » avec son ministre des affaires
étrangères, il se refuse à risquer l'aventure extérieure
(M. Curtius déjà nous l'avait dit). Et M. Trevi-
ranus est informé par le chancelier qu'on ne fait pas
de la diplomatie « en recherchant la popularité ».
Mais M. Bruning se rencontre avec lui pour vou-
loir que la politique extérieure allemande « ait un
caractère désormais plus ferme ».
L'abandon de notre gage rhénan le lui permet.
Quant à ces buts finaux qu'il indique avec ,1a cor-
rection et le vague convenables à un chef de gou-
vernement, l'ancien commandant en chef de la
Reichswehr, le général von Seeckt les définissait à
Dortmundt, presque à l'heure même où parlait le
chancelier lutte contre le traité de Versailles, ré-
tablissement complet de la souveraineté allemande,
;« récupération du corridor », etc. Et, prévoyant les
chicanes, admettant les aventures «' La Russie,
disait le général,- représente en tout temps un atout
pour la politique allemande »; quant à la France,
ses dépenses militaires sont une menace pour
l'Allemagne. •
« Discours électoraux », vont encore souligner
les pacifistes. II ne faut pas prendre ces manifes-
tations oratoires au pied de la lettre.
N'est-il pas nécessaire, au contraire, en dépit de
Quelques formules diplomatiques atténuantes, de re-
tenir les symptômes du mal et d'en être plus frappé
que des signes favorables. Allons-nous, devant ce
flot revisionniste que l'occupation de la Rhénanie
endiguait, ne vouloir rien entendre ? Le vérita-
ble moyen d'être renseigné sur l'état d'esprit de
Ja masse allemande, c'est d'enregistrer ce qu'elle
demande qu'on lui dise, de noter ce que les candi-
dats lui annoncent pour la séduire et ce que le
gouvernement lui promet aussi en d'autres formules.
On n'écoute pas les discours allemands pour eux-
mêmes, mais pour ce qu'ils indiquent de l'âme des
auditeurs.
Cependant, hier, M. Treviranus écrivait. Il en-
voyait à la Boersen Zeitung une réponse d'allure
assez déplaisante à M. Poincaré, à propos de la
frontière de l'Est. Au sujet des droits historiques de
la Pologne, auxquels a fait allusion l'ancien Prési-
dent de la République française « M. Poincaré,
écrit le ministre allemand, s'expose au péril de ré-
veiller le souvenir de droits semblables sur des pro-
vinces françaises. » La valeur de ces droits, on
n'aurait pas de peine à la discuter, mais n'est-il pas
frappant que dans son crescendo de revendications
un ministre allemand qui n'est pas responsable
de la politique étrangère, mais qui demeure minis-
tre soixante jours après l'évacuation, en arrive
à affirmer l'existence de droits sur les provinces
françaises, auxquelles l'Allemagne a renoncé vo-
lontairement dans le pacte de Locarno. Dix euphé-
mismes et vingt formules diplomatiques ne change-
ront rien à ce que laisse deviner cette espèce de me-
nace à base mensongère, contre laquelle protestent
à la fois l'histoire, les traités et les pactes. Elle flatte
Je chauvinisme des électeurs en Allemagne.
Comment donc se rassurer, quand on entend les
candidats du 14 septembre, en général et en par-
ticulier ce candidat à la succession de M. Curtius
à la Wilhelmstrasse, M. Treviranus ?
Anéantissement de notre victoire, voilà le pro-
gramme allemand des élections de 1930, chacun
proposant son échéance et son mode d'action, sui-
vant son tempérament ou sa responsabilité gouver- .l
pementale. INTÉRIM.
BULLETIN DU JOUR
Notre plus grand ennemi
Il est facile de faire de l'ironie aux dépens
« de ces nationalistes, de ces foudres-de-guerre,
qui tremblent devant quelques bataillons de la
Reichswehr ou de l'Armée Rouge ». mais l'iro-
nie porte à faux. Ce qui nous inquiète ce ne sont
pas les baïonnettes allemandes, ce n'est pas
l'esprit de revanche -du peuple allemand, non
plus que l'impérialisme des Soviets. Tout cela
est dans l'ordre des choses. Il est naturel qu'un
peuple n'accepte pas la défaite. Il est naturel
qu'un peuple qui a possédé pendant de longues
années l'hégémonie militaire ne se console pas
de l'avoir perdue et cherche à la reconquérir.
Tout ce qui se passe en Allemagne est conforme
aux lois de l'histoire et de la biologie. Nous de-
vions le prévoir et nos contradicteurs nous
rendrons la justice de reconnaître que pour
notre part, nous l'avons prévu
Ce qui est tragique, ce qui est fou, ce qui jus-
tiïïë toutes nos alarmes c'est que, devant ces
réactions de l'Allemagne, la France, une partie
de la France du moins, s'obstine dans ses illu-
sions et que nous poursuivons le désarmement
matériel et moral du pays Ce n'est pas la force
de l'Allemagne qui nous fait peur, c'est l'état de
faiblesse où le pacifisme réduit peu à peu la
France Nous ne tremblons pas devant nos en-
nemis, mais devant nous-mêmes
On nous assure que M. Briand compte opérer
à Genève un redressement impressionnant de
notre politique et rappeler à son tour le respect
dû aux traités Il est bien temps Voilà plus
de dix ans qu'on empoisonne l'àme des Fran-
çais avec des promesses illusoires de vie facile,
avec cette doctrine du moindre effort qui va
flatter dans les cœurs, la paresse inhérente à la
condition humaine Voilà des années que des
maîtres corrompus enseignent à la jeunesse le
mépris de l'armée, et la vanité du sentiment de
l'honneur Une loi militaire, inspirée de l'es-
prit de Jaurès et des plus fameux internationa-
listes nous laisse sans avant-gardes sur nos
frontières. Notre diplomatie hypnotisée par
l'Allemagne a détourné de nous nos anciens et
nos plus naturels alliés elle nous isole au mi-
lieu, de l'Europe. C'est cet esprit prodigieux
d'erreur et de mensonge, c'est cet aveugle fana-
tisme de la paix qui est notre grand sujet d'a-
larme. Nos pires ennemis ce ne sont point les
Treviranus menaçants, mais nos politiciens ins-
tigateurs d'une trompeuse confiance. Le philoso-
phe Leibnitz traçait il y a près de trois siècles
dans ses Nouveaux Essais sur l'entendement
humain ces lignes prophétiques « Ceux qui
se croient déchargés de l'importune crainte
d'un avenir menaçant, lachent la bride à leurs
passions et tournent leur esprit à séduire et à
corrompre les autres, ils sont capables pour leur
plaisir, pour leur avancement, par négligence
même de mettre le feu aux quatre coins du
monde j'en ai connu de cette trempe et qui
disposent ainsi toutes choses à la révolution
générale dont l'Europe est menacée. »
L'histoire est un perpétuel recommencement
et la folie des hommes est de n'en point tirer
d'enseignement, croyant dans l'orgueil que d'eux
date une ère nouvelle. Lucien Corpechot.
Le discours du chancelier Brüning
Parlant hier soir, à Trèves, dans une assemblée
électorale du parti du centre, le chancelier Brii-
:?ing a déclaré qu'après l'évacuation de la Rhéna-
nie, l'Allemagne se trouve devant de grandes et
nouvelles tâches en politique extérieure.
Faisant allusion au discours qu'il a prononcé il
y a qulques temps à Cologne, M. Bruning a rappelé
que la situation internationale est dominée par la
catastrophe économique qui frappe le monde en-
tier. La discussion officielle, au sein du gouverne-
ment, des problèmes en rapport avec cette situa-
tion, a été mise eu mouvement par le mémorandum
connu du gouvernement français. Dans sa réponse,
l'Allemagne a exprimé sa ferme volonté de colla-
borer, avec toutes les nations participantes, à la
stabilisation effective et durable de la situation,
collaboration ayant pour but de combattre les cau-
ses des difficultés actuelles, que ces causes soient
du domaine économique ou politique.
L'orateur souhaite que la volonté de réaliser une
coopération internationale marque le point de dé-
part d'une nouvelle et forte impulsion et que, par
là, les questions vitales pour l'Allemagne puissent
se résoudre dans la voie pacifique et juste de la
compensation des intérêts. Les buts finaux de la
politique extérieure allemande résultent de la situa-
tion de l'Allemagne dans son ensemble et ne de-
vraient pas donner lieu à des chicanes.
La condition élémentaire pour une. poiitique
extérieure saine et digne de succès est la stabilité,
avec ses conséquences intérieures, sans lesquelles
un pays comme l'Allemagne ne peut pas compter
fortifier sa situation ni assurer la confiance et la
stabilité, ainsi que le développement des relations
internationales. Aucun homme d'Etat responsable
ne pourrait avoir l'idée de conduire le peuple dans
des aventures quelconques.
Le chancelier estime que le ministre des affaires
étrangères et lui-même, seuls responsables de la
politique extérieure, se portent personnellement
garants qu'il ne peut pas être question d'aventure.
Le chancelier professe l'opinion que la politique
extérieure de l'Allemagne doit, en principe, conti-
nuer à suivre la voie suivie jusqu'ici, mais que,
cependant, il faut lui donner un caractère plus
ferme et faire en sorte que la confiance du pays
et de l'étranger soit raffermie.
La question essentielle pour l'Allemagne est d'as-
surer la consolidation de la situation intérieure.
Une Allemagne déchirée, incapable de résoudre
les tâches intérieures les plus urgentes, n'est pas
en état de compter comme un facteur effectif dans
les grands développements politiques à venir. L'Al-
lemagne ne pourra reprendre la place qui lui
revient dans la vie internationale que si le gou-
vernement du Reich est à même d'incarner vis-
à-vis de l'étranger la volonté d'un Etat raffermi.
BILLET DE MINUIT
Seul le silence
r '"est grand
Du temps- que les Parisiens ne se déplaçaient
guère, ils avaient, sur la campagne qu'ils croyaient
aimer, au moins la campagne première, et sur la
province qu'ils. redoutaient, des préjugés que nous
ne saurions plus comprendre. Les bourgeois qui
avaient eu; quinze ans sous Louis-Philippe croyaient,
par exemple, qu'à la différence de l'argent la cam-
pagne a une odeur et que cette odeur est déli-
cieuse. Ils se persuadaient que les champs sentent
le foin coupé. Sans doute étaient-ils trop positifs et
trop sincères pour nier contre l'évidence que ce par-
fum était quelquefois combattu par d'assez fâcheux
relents de basse-cour mais leur sens olfactif avait
la délicatesse d'un de ces appareils de téléphonie
sans fil dont la « sélection » ne laisse rien à désirer,
et il éliminait le fumier pour ne dégager que le foin.
La campagne, hélas aujourd'hui, ne sent plus
ni l'un ni l'autre. Que sent-elle donc ? Tout à
l'heure, sur la route, un vers de François Coppée me
revenait et m'obsédait, un vers qui nous faisait bien
rire, mes camarades et moi quand nous étions en
rhétorique, mais nous n'avions alors aucun goût
Quelque chose comme une odeur qui serait blonde.
Eh bien, l'odeur de la campagne en ce moment
est quelque chose, comme une odeur qui serait brune.
Cela tient au goudron..
Lorsqu'une jeune fille indiscrète priait Alexan-
dre Dumas d'enrichir son album d'une pensée,
l'auteur de la Dame aux camélias écrivait toujours
1 celle-ci « C'est à la fin de l'automne qu'on ra-
mone les cheminées. » En effet, et rien ne prouve de
.façon plus probante la sagesse des ramoneurs car
ils ramonent les cheminées à une époque où on n'y
allume pas encore le feu. L'administration est moins
sage ou plus taquine car elle choisit précisément
l'époque où les routes sont le plus fréquentées pour
y répandre du goudron frais.
Si la province effrayait tant jadis les Parisiens,
c'est qu'ils. imaginaient qu'on n'y entend que le
silence, comme dans lés 'espaces infinis. Il en fut
peut-être ainsi en des temps très lointains et j'aurais
des raisons de souhaiter que la province ne se fût
pas départie de son calme séculaire mais je suis
bien obligé de m'apercevoir, n'étant pas sourd,
qu'une certaine grande ville du centre, où je suis
arrivé hier sur la fin de la journée, est beaucoup
plus bruyante que Paris. Ne soyons pas ingrats
envers M. Chiappe. Les censeurs lui reprochent de
n'avoir pris que des demi-mesures j'engage ces
gens de mauvaise humeur à venir ici tâter d'une
ville où l'on n'a pas pris de mesures du tout. C'est
un charivari de trompes d'autos, de cloches de tram-
ways, sans compter les champs et les cris sauva-
ges d'une jeunesse que la chaleur excite et qui ne
veut pas avoir l'air province.
Je dois dire qu'environ deux heures du matin
tout bruit a cessé brusquement. Je me suis alors ré-
veillé en sursaut, car j'avais trouvé moyen de m'en-
dormir, et je crois que je serais mort de peur, si
je n'avais entendu presque aussitôt un son étrange,
qu'il me semblait vaguement reconnaître, mais dont
ma mémoire même a perdu l'habitude depuis des
années et des années.
Puis je me suis rappelé ces vers de Victor Hugo
Voyageur qui la nuit, sûr le pavé sonore,
De ion chien inquiet passes accompagné,
Après le jour brûlant pourquoi marcher encore ? il
Où mènes-tu si tard ion cheval résigné ? il
Je les trouve exquis, ces vers très anciens, bien
que je ne partage pas l'opinion de M. de Salvandy,
qui disait au jeune maître, en le recevant à l'Aca-
démie française « Votre premier recueil n'a été
surpassé par personne, même par vous. »
;.̃̃ Abel Hermant,
de l'Académie française.
Une imposante manifestation polonaise
contre les prétentions allemandes
Varsovie, 31 août. Aujourd'hui, en présence
de dix miile hommes, a eu lieu à Varsovie une ma-
nifestation contre les déclarations du ministre alle-
mand Treviranus. La résolution votée constate que
toute la nation polonaise condamne avec indigna-
tion toutes les réclamations visant une diminution
quelconque du territoire polonais et ne renoncera
jamais à un seul pouce du territoire libéré. La réso-
lution constate que la restitution à la Pologne des
territoires arrachés jadis ra été un acte de justice
internationale.
La résolution a été remise par une délégation à
M. Zaleski, ministre des affaires étrangères, qui a
assuré les délégués que le gouvernement polonais,
d'accord avec toute la nation,: s'appliquera toujours
à maintenir l'intégrité territoriale de la République
et ne permettra jamais la.violation des droits de la
Pologne d'une façon quelconque.
La santé de M. de Porto-Riche
L'état de M. de Porto-Riche, qui s'était légère-
ment amélioré ces derniers jours, inspirait de nou-
veau, hier, les plus vives inquiétudes. Dans la
soirée, les personnes de son entourage redoutaient
une issue fatale;
ha traversée de l'atlantique
Les aviateurs Costes et Bèllonte
s'envoleront ce matin pour New-York
Les aviateurs Costes et Bellonte qui, depuis plu-
sieurs semaines, attendaient des circonstances at-
mosphériques favorables à la traversée de l'Atlan-
tique, ont décidé, hier, de prendre leur vol ce
matin, aux premières heures du jour, du Bourget.
C'est hier après-midi, après sa visite à l'O. N. M.,
que Costes décida de partir, les bulletins météoro-
logiques indiquant une amélioration très sensible
sur l'Atlantique.
Voici deux ans que Costes et Bellonte travaillent
à cette traversée pour laquelle, l'an dernier,
M. François Coty, notre directeur, fit étudier et
construire spécialement un avion, le Point d'Inter-
rogation, celui-là même avec lequel Costes tentera
aujourd'hui la fameuse traversée d'Est en Ouest,
jamais réussie jusqu'à ce jour.
Le 13 juillet 1929, Costes, à bord du Point d'In-
terrogation, prit le départ pour une tentative sem-
blable. Obligé de faire demi-tour sur les, Açores,
il rentra à Villacoùblay après'à.voir' téilU l'air pen.-
il rentra à Villacoublay après avoir tenu l'air pen-
dant près de 28 heures et effectué 5.500 kilomètres
sans escale.
C'était une belle performance, qui laissait sup-
poser que cet avion pouvait faire beaucoup mieux
encore.
Quelques semaines plus tard, en effet, Costes re-
prenait son vol avec l'intention de voler le plus loin
possible vers l'Orient, à l'assaut du record de dis-
tance en ligne droite.
Toujours accompagné du précieux navigateur
qu'est Bellonte, Costes réussit cette fois. Il attei-
gnit, d'un seul coup d'aile, Tsitsikar, en Mand-
chourie, couvrant 7.905 kilomètres 140, et rame-
nant en France l'un des plus beaux records du
monde.
Le retour de-Costes, d'Asie en Europe s'effectua
en novembre dernier, à l'allure de record, le
Point d'Interrogation ayant couvert les quelque
10.000 kilomètres qui séparaient la Chine de la
France, par les Indes, l'Asie-Mineure, la Grèce et
l'Italie, en moins de cinq jours.
Après cela, Costes s'attaqua au record de dis-
tance en circuit fermé, record qu'il s'octroya à
nouveau, toujours à bord du Point d'Interrogation,
mais en compagnie, cette fois, de Codos, un valeu-
reux et habile pilote.
C'est, encore une fois, avec le Point d'Interroga-
tion, dans lequel il peut avoir justement confiance,
que Costes s'apprête à prendre son envoL Son but
est New-York, et, partant de Paris, il veut, par
le Nord, couvrir sans escale 6.500 kilomètres en-
viron, dont la plupart au-dessus des fiots.
Cet exploit magnifique pour lequel de nombreux
pilotes ont sacrifié leur existence, Costes semble
aujourd'hui sur le point de le réussir.
Le maximum de chances parait être, en effet,
de son côté.
D'une part, un avion de tout premier ordre,
capable, avec son moteur de 650 CV qui, à plein ré-
gime, peut donner 780 CV, de couvrir sans défail-
lance la distance prévue.
De l'autre, un équipage de valeur, dans lequel
Costes est bien connu pour son habileté, sa maî-
trise et son sang-froid, et Bellonte, son compagnon,
comme un navigateur de première force.
Par-dessus tout cela, des circonstances atmosphé-
riqises qu'on dit favorables et qui ne sont plus un
obstacle à la traversée.
Aussi, dans quelques heures, il pourrait nous être
donné d'applaudir à l'un des plus grands succès
de l'aviation française. Espérons.
André Reichel.
Les fêtes fratieo-belges de ha Panne
La Panne, 31 août. La charmante station bal-
néaire de La Panne a vu se dérouler aujourd'hui
de chaleureuses manifestations d'amitié franco-
belge, organisées à l'occasion du centenaire de
l'Indépendance de la Belgique.
Dans la matinée, a eu lieu une émouvante céré-
monie religieuse, au cimetière, où reposent 3.085
soldats belges, morts pour la défense de leur hé-
roïque patrie.
Cette nécropole militaire est située à proximité
de la tombe du poète Verhaeren, qui dresse ses
pierres grises parmi les dunes qui dominent la
ville. De place en place, un drapeau français indi-
que qu'un de, nos soldats repose à côté de ses frè-
res d'armes de Belgique.
A 11 h. 15, venant d'Ostende. est arrivé le duc
de Brabant, dans la tenue kaki de son nouveau
grade de major du régiment des grenadiers, et
portant la plaque de grand-officier de la Légion
d'honneur. Son arrivée a été saluée par la Braban-
çonne.
Le prince royal a été accueilli par Mgr Dujardin,
aumônier général de l'armée belge. L'héritier de
la Couronne de Belgique, entouré de MM. Lippens,
ministre des transports, représentant le gouver-
nement belge M. Brugères, chargé d'affaires de
l'ambassade de France à Bruxelles, représentant
l'ambassadeur le général Darbot, gouverneur mi-
litaire de Dunkerque Max, bourgmestre de
Bruxelles Viane, président du Souvenir beige
d'Arripes, bourgmestre de La Panne, a écouté, de-
bout, la messe, célébrée par Mgr Dujardin, et chan-
tée par la chorale royale de Bruxelles, accompa-
gnée de la musique du 1" régiment des Guides.
,A l'issue du service religieux, la médaille d'or
du Souvenir 'belge a été remise au duc de Brabant.
Avant de se retirer, le Prince a fleuri les tom-
bes françaises, cependant que le représentant de
l'ambassadeur de France et le général Darbot fleu-
rissaient le monument commémoratif belge.
Dam l'après-midi, une plaque commémorant
l'arrivée à La Panne, en 1831, du roi Léopold 1er,
venant de Calais en carrosse, a été solennellement
apposée sur la façade de la gendarmerie. Cette pla-
que porte l'inscription « Hommage à nos souve-
rains. » Elle a été inaugurée en présence de la
princesse Napoléon, fille du roi Léopold II, et de
son fils, le prince Louis-Napoléon, à qui la foule
a fait une ovation vibrante.
Après avoir défilé devant le nronument aux morts,
le cortège s'est rendu au Grand-Hôtel 'qui fut, pen-
dant la guerre, le principal hôpital belge. Une pla-
que de bronze, rappelant le rôle de la reine-infir-
mière Elisabeth de Belgique, a été scellée elle évo-
que le dévouement inlassable de la Reine pendant
l'invasion. •̃
Ite monument de Napoléon
à Itaîîrey r
Par MAURICE LEV AILLANT
Grenoble, 31 août. Depuis hier, Grenoble vit
dans les fêtes. Fêtes économiques, car, pendant
une semaine, sa première foire-exposition va per-
mettre d'admirer les résultats de son beau déve-
loppement industriel. Fêtes du tourisme, car, pen-
dant quatre jours, son jeune et actif syndicat
d'initiative va promener a travers les sites du Dau-
phiné, encore trop mal connus, malgré tant de
beaux attraits, toute une caravane de journalistes
et d'amis des paysages. Fêtes historiques et litté-
raires aussi, car Grenoble a eu l'idée heureuse
d'associer les richesses du .passé à celles du pré-
sent et d'appeler l'histoire à témoigner pour l'ave-
nir. Un grand paysage n'est-il pas celui où
l'homme s'ajoute à la nature pour lui prêter son
âme ? .?
Grenoble a la chance d'avoir à ses portes- deux
lieux consacrés par deux grands événements où
se rejoignent l'histoire de la Révolution et celle
de Napoléon. Au château de Vizille, le 21 juillet
1788, l'assemblée des notables dauphinois préluda
par la franchise de ses vœux aux réclamations des
Etats généraux, qui devaient ouvrir une ère nou-
velle dans la prairie de Laffrey. Le 7 mars 1815,
Napoléon, échappé de l'île d'Elbe, rallia d'un mot
ces aigles, les soldats envoyés pour lui barrer la
route, et tenta de recommencer une épopée qui
continuait la Révolution.
A commémorer ces deux scènes capitales, dont
sa banlieue fut le décor et où l'âme du Dauphiné
joua le premier rôle, Grenoble a consacré la jour-
née historique qu'elle a placée au cœur même de
cette semaine de fêtes. Elle y a joint enfin un
hommage délicat à l'écrivain dont les Grenoblois
ont été un peu lents à reconnaître la gloire à
Stendhal, le libéral, qui admirait Napoléon.
De ces trois commémorations, inspirées par une
égale piété et auxquelles s'associèrent avec MM.
Albert Gonnet et Perrin, représentants des syndi-
cats d'initiative, M. le préfet de l'Isère, Susini
M.M. les sénateurs Léon Perrier et Vallier M. Mis-
tral, député-maire de Grenoble, de ces trois évoca-
tions du passé, présentées dans le décor même où
ce passé vécut, s'étonnera-t-on que la plus émou-
vante, la plus intense, la plus originale, ait été
celle qui ressuscita la dernière tentative heureuse
de Napoléon ?
Comme notre collaborateur et ami, M. Gabriel
Faure, l'expliquait hier à nos lecteurs, le syndicat
d'initiative a dressé dans la prairie même de Laf-
frey la statue de l'Empereur, œuvre de Frémiet,
qui, élevée en 1868, sur une place de Grenoble, fut
arrachée en 1870.
Elle dormait depuis lors, mutilée, au dépôt des
marbres. La restaurer, 'la faire venir de Paris, l'éri-
ger à Laffrey, dans la prairie dont l'aspect n'a pas
changé depuis cent quinze ans, acheter cette prai-
rie, en obtenir le classement par l'Etat, ce fut une
entreprise pieuse qui demanda des années. Un ad-
mirateur grenoblois de l'Empereur, M. Marcel De-
leon, a réuni les concours nécessaires. Grâce à sa
ferveur active, la prairie de la Rencontre est deve-
nue la propriété du département de l'Isère.
Dans ce décor, qu'encadre un des plus beaux
sites alpestres, au-devant des trois lacs successifs
de Laffrey que longeait, le 7 mars 1815, la petite
troupe de l'Empereur, s'est déroulée ce matin, avec
une simplicité sobre et pleine de grandeur, la céré-
monie de l'inauguraiion.
A l'entrée de la prairie, une barrière semi-cir-
culaire s'appuie à deux stèles où l'on vient d'encas-
trer, au-dessous des deux 'aigles qui formaient jadis
les bas-reliefs du monument de Grenoble, deux ins-
criptions. L'une relate les incertitudes de la statue,
jusqu'à ce jour même; l'autre porte ce texte
DANS CETTE PRAIRIE,
LE 7. MARS 181."»,
VERS 3 HEURES DE L'APRES-MIDI,
NAPOLEON DEBARQUA DE L'ILE D'ELBE
ET GAGNANT PARIS A MARCHE FORCEE,
SE HEURTA A UN BATAILLON-
DU 5e REGIMENT DE LIGNE
QU'IL ENTRAINA A SA SUITE.
M. Gabriel Faure, au pied de la statue, rappela
les faits avec une éloquence précise et animée; un
soleil magnifique faisait resplendir l'impérial cava-
lier et, tandis que M. Gabriel Faure parlait,. on ne
pouvait se défendre de fixer le regard sur la place
de la prairie qu'il désignait. Là, l'Empereur, pour
la dernière fois, força les destins; là, deux cents
fusils le visèrent, en vain, poitrine découverte; là,
ies cocardes blanches couvrirent soudain le sol
comme une floraison de lys fauchés par sa voix.
Une stèle marquera bientôt l'emplacement exact
où l'empereur se tenait debout et la route qu'il
suivit du golfe Juan à Grenoble s'appellera désor-
mais « la Route Napoléon ».
Une foule émue, où les habitants du pays étaient
en majorité, se rendit ensuite- au château de Vizille.
Du haut du perron du château, M. Jean-Jacques
Chevalier, professeur de droit à l'Université de
Grenoble, prononça, avec une aisance charmante,
une conférence élégante où il ranima les grandes
ombres de Vizille, depuis le connétable de Lesdi-
guières jusqu'à La Fayette, en passant par les re-
présentants dauphinois de 1788. Cette belle leçon
d'histoire venait juste à son heure, car l'on peut
dire que Vizille a rendu possible la scène critique
et triomphale'jde" Laffrey,
Après un banquet présidé par M. le préfet de
l'Isère, l'après-midi fut voué à Stendhal, à qui la
municipalité de Grenoble vient d'élever dans le
jardin de la ville le monument qui lui manquait
encore. C'est une belle réplique du -médaillon de
Rodin que l'on peut voir au jardin du Luxembourg.
Fonde le 14 Janvier 1826 l
Anciens Directeurs r H. DE VILLEMessanT c c
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105e Année. N° 244 de 1930
Edité en f'Hôtef de
FIGARO
14, Rond-Point des Champs-Elysées
PARIS (Vm>)
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LoUÉ PAR CEUX-CI, BLÂMÉ PAR CEUX-IÀ, HE MOeWANT DES SOTS, BRAVANT- LES MÉCHANTS, JE MB
PRESSE DE RIRE DE TOUT. DE PEUR D'ÊTRE OBLIGÉ D'EN PLEURER. •
•– POUVEZ. VOUS, FIGARO, TRAITER SI LÉGÈREMENT UN DESSEIN QUI NOUS COÛTE X TOUS ~LB" BONHEUR?
̃̃- ̃̃• BEAUMARCHAIS.
3o Cme
LWTPFFP"Ml""
Le Gaulois
g..gj.f..Mjgj
LUNDI 1" SEPTEMBRE 1950
LUNDI 1" SEPTEMBRE 1 950
DIEBCTETJB I SB'I&.AJSrÇOXS COOTZ"
SOMMAIRE DE FIGARO
PAGE 2. Les Cours, les Ambassades, le Monde
et la Ville. Les Echos. La Saison.
PAGE 3. Les réunions du dimanche M. Poin-
caré à Muzeray. Les grandes manœuvres.
f _;•_ j-^s grèves du Nord. Nouvelles diverses.
Dernière Heure
PAGE 4. Raymond de Passillé La Bourse de
commerce et la meunerie française. Le suf-
frage universel en Turquie. Revue de la
Presse. L'amitié gréco-turque.
i-'AGE 5. Henry Bordeaux, de l'Académie
française Taine, conseiller municipal.
Ange Galdemar Dumas fils poursuivi.
.Le monument de Calendal à Cassis. Marc
̃ Logé Le théâtre aux Etats-Unis. Les
Alguazils Courrier des Lettres.
PAGE 6. Le programme des spectacles.
Courrier des théâtres. La Vie sportive.
Rose Macaulay L'Ile des Orphelins.
j-*AGE 7. Déplacements et villégiatures des
x "abonnés de Figaro.
.yp- r–
LA POLITIQUE
Les buts finaux
de l'Allemagne
Le chancelier Bruning, dans son dis-
cours de Trèves, a, dès l'abord, re-
connu que l'évacuation de la Rhéna-
nie ouvrait de grandes et nouvelles tâ-
ches à l'Allemagne en politique extérieure, 11 s en est
référé, pour ces tâches, à ses discours antérieurs, à s
réponse au mémoire de M. Briand, réponse où, pour
la première fois dans un document officiel, le Reich
posait le principe de la revision des traités. A Trê-
ves, hier, il a exprimé le souhait que les questions
vitales pour l'Allemagne se dénouent pacifique-
ment. Mais il compte bien que « les buts finaux »
de la politique extérieure du Reich seront atteints
;sans chicane ». Et s'il y a chicane ?. Le chance-
lier Bïtirting proteste que « Veut responsable de' ta*
"politique extérieure » avec son ministre des affaires
étrangères, il se refuse à risquer l'aventure extérieure
(M. Curtius déjà nous l'avait dit). Et M. Trevi-
ranus est informé par le chancelier qu'on ne fait pas
de la diplomatie « en recherchant la popularité ».
Mais M. Bruning se rencontre avec lui pour vou-
loir que la politique extérieure allemande « ait un
caractère désormais plus ferme ».
L'abandon de notre gage rhénan le lui permet.
Quant à ces buts finaux qu'il indique avec ,1a cor-
rection et le vague convenables à un chef de gou-
vernement, l'ancien commandant en chef de la
Reichswehr, le général von Seeckt les définissait à
Dortmundt, presque à l'heure même où parlait le
chancelier lutte contre le traité de Versailles, ré-
tablissement complet de la souveraineté allemande,
;« récupération du corridor », etc. Et, prévoyant les
chicanes, admettant les aventures «' La Russie,
disait le général,- représente en tout temps un atout
pour la politique allemande »; quant à la France,
ses dépenses militaires sont une menace pour
l'Allemagne. •
« Discours électoraux », vont encore souligner
les pacifistes. II ne faut pas prendre ces manifes-
tations oratoires au pied de la lettre.
N'est-il pas nécessaire, au contraire, en dépit de
Quelques formules diplomatiques atténuantes, de re-
tenir les symptômes du mal et d'en être plus frappé
que des signes favorables. Allons-nous, devant ce
flot revisionniste que l'occupation de la Rhénanie
endiguait, ne vouloir rien entendre ? Le vérita-
ble moyen d'être renseigné sur l'état d'esprit de
Ja masse allemande, c'est d'enregistrer ce qu'elle
demande qu'on lui dise, de noter ce que les candi-
dats lui annoncent pour la séduire et ce que le
gouvernement lui promet aussi en d'autres formules.
On n'écoute pas les discours allemands pour eux-
mêmes, mais pour ce qu'ils indiquent de l'âme des
auditeurs.
Cependant, hier, M. Treviranus écrivait. Il en-
voyait à la Boersen Zeitung une réponse d'allure
assez déplaisante à M. Poincaré, à propos de la
frontière de l'Est. Au sujet des droits historiques de
la Pologne, auxquels a fait allusion l'ancien Prési-
dent de la République française « M. Poincaré,
écrit le ministre allemand, s'expose au péril de ré-
veiller le souvenir de droits semblables sur des pro-
vinces françaises. » La valeur de ces droits, on
n'aurait pas de peine à la discuter, mais n'est-il pas
frappant que dans son crescendo de revendications
un ministre allemand qui n'est pas responsable
de la politique étrangère, mais qui demeure minis-
tre soixante jours après l'évacuation, en arrive
à affirmer l'existence de droits sur les provinces
françaises, auxquelles l'Allemagne a renoncé vo-
lontairement dans le pacte de Locarno. Dix euphé-
mismes et vingt formules diplomatiques ne change-
ront rien à ce que laisse deviner cette espèce de me-
nace à base mensongère, contre laquelle protestent
à la fois l'histoire, les traités et les pactes. Elle flatte
Je chauvinisme des électeurs en Allemagne.
Comment donc se rassurer, quand on entend les
candidats du 14 septembre, en général et en par-
ticulier ce candidat à la succession de M. Curtius
à la Wilhelmstrasse, M. Treviranus ?
Anéantissement de notre victoire, voilà le pro-
gramme allemand des élections de 1930, chacun
proposant son échéance et son mode d'action, sui-
vant son tempérament ou sa responsabilité gouver- .l
pementale. INTÉRIM.
BULLETIN DU JOUR
Notre plus grand ennemi
Il est facile de faire de l'ironie aux dépens
« de ces nationalistes, de ces foudres-de-guerre,
qui tremblent devant quelques bataillons de la
Reichswehr ou de l'Armée Rouge ». mais l'iro-
nie porte à faux. Ce qui nous inquiète ce ne sont
pas les baïonnettes allemandes, ce n'est pas
l'esprit de revanche -du peuple allemand, non
plus que l'impérialisme des Soviets. Tout cela
est dans l'ordre des choses. Il est naturel qu'un
peuple n'accepte pas la défaite. Il est naturel
qu'un peuple qui a possédé pendant de longues
années l'hégémonie militaire ne se console pas
de l'avoir perdue et cherche à la reconquérir.
Tout ce qui se passe en Allemagne est conforme
aux lois de l'histoire et de la biologie. Nous de-
vions le prévoir et nos contradicteurs nous
rendrons la justice de reconnaître que pour
notre part, nous l'avons prévu
Ce qui est tragique, ce qui est fou, ce qui jus-
tiïïë toutes nos alarmes c'est que, devant ces
réactions de l'Allemagne, la France, une partie
de la France du moins, s'obstine dans ses illu-
sions et que nous poursuivons le désarmement
matériel et moral du pays Ce n'est pas la force
de l'Allemagne qui nous fait peur, c'est l'état de
faiblesse où le pacifisme réduit peu à peu la
France Nous ne tremblons pas devant nos en-
nemis, mais devant nous-mêmes
On nous assure que M. Briand compte opérer
à Genève un redressement impressionnant de
notre politique et rappeler à son tour le respect
dû aux traités Il est bien temps Voilà plus
de dix ans qu'on empoisonne l'àme des Fran-
çais avec des promesses illusoires de vie facile,
avec cette doctrine du moindre effort qui va
flatter dans les cœurs, la paresse inhérente à la
condition humaine Voilà des années que des
maîtres corrompus enseignent à la jeunesse le
mépris de l'armée, et la vanité du sentiment de
l'honneur Une loi militaire, inspirée de l'es-
prit de Jaurès et des plus fameux internationa-
listes nous laisse sans avant-gardes sur nos
frontières. Notre diplomatie hypnotisée par
l'Allemagne a détourné de nous nos anciens et
nos plus naturels alliés elle nous isole au mi-
lieu, de l'Europe. C'est cet esprit prodigieux
d'erreur et de mensonge, c'est cet aveugle fana-
tisme de la paix qui est notre grand sujet d'a-
larme. Nos pires ennemis ce ne sont point les
Treviranus menaçants, mais nos politiciens ins-
tigateurs d'une trompeuse confiance. Le philoso-
phe Leibnitz traçait il y a près de trois siècles
dans ses Nouveaux Essais sur l'entendement
humain ces lignes prophétiques « Ceux qui
se croient déchargés de l'importune crainte
d'un avenir menaçant, lachent la bride à leurs
passions et tournent leur esprit à séduire et à
corrompre les autres, ils sont capables pour leur
plaisir, pour leur avancement, par négligence
même de mettre le feu aux quatre coins du
monde j'en ai connu de cette trempe et qui
disposent ainsi toutes choses à la révolution
générale dont l'Europe est menacée. »
L'histoire est un perpétuel recommencement
et la folie des hommes est de n'en point tirer
d'enseignement, croyant dans l'orgueil que d'eux
date une ère nouvelle. Lucien Corpechot.
Le discours du chancelier Brüning
Parlant hier soir, à Trèves, dans une assemblée
électorale du parti du centre, le chancelier Brii-
:?ing a déclaré qu'après l'évacuation de la Rhéna-
nie, l'Allemagne se trouve devant de grandes et
nouvelles tâches en politique extérieure.
Faisant allusion au discours qu'il a prononcé il
y a qulques temps à Cologne, M. Bruning a rappelé
que la situation internationale est dominée par la
catastrophe économique qui frappe le monde en-
tier. La discussion officielle, au sein du gouverne-
ment, des problèmes en rapport avec cette situa-
tion, a été mise eu mouvement par le mémorandum
connu du gouvernement français. Dans sa réponse,
l'Allemagne a exprimé sa ferme volonté de colla-
borer, avec toutes les nations participantes, à la
stabilisation effective et durable de la situation,
collaboration ayant pour but de combattre les cau-
ses des difficultés actuelles, que ces causes soient
du domaine économique ou politique.
L'orateur souhaite que la volonté de réaliser une
coopération internationale marque le point de dé-
part d'une nouvelle et forte impulsion et que, par
là, les questions vitales pour l'Allemagne puissent
se résoudre dans la voie pacifique et juste de la
compensation des intérêts. Les buts finaux de la
politique extérieure allemande résultent de la situa-
tion de l'Allemagne dans son ensemble et ne de-
vraient pas donner lieu à des chicanes.
La condition élémentaire pour une. poiitique
extérieure saine et digne de succès est la stabilité,
avec ses conséquences intérieures, sans lesquelles
un pays comme l'Allemagne ne peut pas compter
fortifier sa situation ni assurer la confiance et la
stabilité, ainsi que le développement des relations
internationales. Aucun homme d'Etat responsable
ne pourrait avoir l'idée de conduire le peuple dans
des aventures quelconques.
Le chancelier estime que le ministre des affaires
étrangères et lui-même, seuls responsables de la
politique extérieure, se portent personnellement
garants qu'il ne peut pas être question d'aventure.
Le chancelier professe l'opinion que la politique
extérieure de l'Allemagne doit, en principe, conti-
nuer à suivre la voie suivie jusqu'ici, mais que,
cependant, il faut lui donner un caractère plus
ferme et faire en sorte que la confiance du pays
et de l'étranger soit raffermie.
La question essentielle pour l'Allemagne est d'as-
surer la consolidation de la situation intérieure.
Une Allemagne déchirée, incapable de résoudre
les tâches intérieures les plus urgentes, n'est pas
en état de compter comme un facteur effectif dans
les grands développements politiques à venir. L'Al-
lemagne ne pourra reprendre la place qui lui
revient dans la vie internationale que si le gou-
vernement du Reich est à même d'incarner vis-
à-vis de l'étranger la volonté d'un Etat raffermi.
BILLET DE MINUIT
Seul le silence
r '"est grand
Du temps- que les Parisiens ne se déplaçaient
guère, ils avaient, sur la campagne qu'ils croyaient
aimer, au moins la campagne première, et sur la
province qu'ils. redoutaient, des préjugés que nous
ne saurions plus comprendre. Les bourgeois qui
avaient eu; quinze ans sous Louis-Philippe croyaient,
par exemple, qu'à la différence de l'argent la cam-
pagne a une odeur et que cette odeur est déli-
cieuse. Ils se persuadaient que les champs sentent
le foin coupé. Sans doute étaient-ils trop positifs et
trop sincères pour nier contre l'évidence que ce par-
fum était quelquefois combattu par d'assez fâcheux
relents de basse-cour mais leur sens olfactif avait
la délicatesse d'un de ces appareils de téléphonie
sans fil dont la « sélection » ne laisse rien à désirer,
et il éliminait le fumier pour ne dégager que le foin.
La campagne, hélas aujourd'hui, ne sent plus
ni l'un ni l'autre. Que sent-elle donc ? Tout à
l'heure, sur la route, un vers de François Coppée me
revenait et m'obsédait, un vers qui nous faisait bien
rire, mes camarades et moi quand nous étions en
rhétorique, mais nous n'avions alors aucun goût
Quelque chose comme une odeur qui serait blonde.
Eh bien, l'odeur de la campagne en ce moment
est quelque chose, comme une odeur qui serait brune.
Cela tient au goudron..
Lorsqu'une jeune fille indiscrète priait Alexan-
dre Dumas d'enrichir son album d'une pensée,
l'auteur de la Dame aux camélias écrivait toujours
1 celle-ci « C'est à la fin de l'automne qu'on ra-
mone les cheminées. » En effet, et rien ne prouve de
.façon plus probante la sagesse des ramoneurs car
ils ramonent les cheminées à une époque où on n'y
allume pas encore le feu. L'administration est moins
sage ou plus taquine car elle choisit précisément
l'époque où les routes sont le plus fréquentées pour
y répandre du goudron frais.
Si la province effrayait tant jadis les Parisiens,
c'est qu'ils. imaginaient qu'on n'y entend que le
silence, comme dans lés 'espaces infinis. Il en fut
peut-être ainsi en des temps très lointains et j'aurais
des raisons de souhaiter que la province ne se fût
pas départie de son calme séculaire mais je suis
bien obligé de m'apercevoir, n'étant pas sourd,
qu'une certaine grande ville du centre, où je suis
arrivé hier sur la fin de la journée, est beaucoup
plus bruyante que Paris. Ne soyons pas ingrats
envers M. Chiappe. Les censeurs lui reprochent de
n'avoir pris que des demi-mesures j'engage ces
gens de mauvaise humeur à venir ici tâter d'une
ville où l'on n'a pas pris de mesures du tout. C'est
un charivari de trompes d'autos, de cloches de tram-
ways, sans compter les champs et les cris sauva-
ges d'une jeunesse que la chaleur excite et qui ne
veut pas avoir l'air province.
Je dois dire qu'environ deux heures du matin
tout bruit a cessé brusquement. Je me suis alors ré-
veillé en sursaut, car j'avais trouvé moyen de m'en-
dormir, et je crois que je serais mort de peur, si
je n'avais entendu presque aussitôt un son étrange,
qu'il me semblait vaguement reconnaître, mais dont
ma mémoire même a perdu l'habitude depuis des
années et des années.
Puis je me suis rappelé ces vers de Victor Hugo
Voyageur qui la nuit, sûr le pavé sonore,
De ion chien inquiet passes accompagné,
Après le jour brûlant pourquoi marcher encore ? il
Où mènes-tu si tard ion cheval résigné ? il
Je les trouve exquis, ces vers très anciens, bien
que je ne partage pas l'opinion de M. de Salvandy,
qui disait au jeune maître, en le recevant à l'Aca-
démie française « Votre premier recueil n'a été
surpassé par personne, même par vous. »
;.̃̃ Abel Hermant,
de l'Académie française.
Une imposante manifestation polonaise
contre les prétentions allemandes
Varsovie, 31 août. Aujourd'hui, en présence
de dix miile hommes, a eu lieu à Varsovie une ma-
nifestation contre les déclarations du ministre alle-
mand Treviranus. La résolution votée constate que
toute la nation polonaise condamne avec indigna-
tion toutes les réclamations visant une diminution
quelconque du territoire polonais et ne renoncera
jamais à un seul pouce du territoire libéré. La réso-
lution constate que la restitution à la Pologne des
territoires arrachés jadis ra été un acte de justice
internationale.
La résolution a été remise par une délégation à
M. Zaleski, ministre des affaires étrangères, qui a
assuré les délégués que le gouvernement polonais,
d'accord avec toute la nation,: s'appliquera toujours
à maintenir l'intégrité territoriale de la République
et ne permettra jamais la.violation des droits de la
Pologne d'une façon quelconque.
La santé de M. de Porto-Riche
L'état de M. de Porto-Riche, qui s'était légère-
ment amélioré ces derniers jours, inspirait de nou-
veau, hier, les plus vives inquiétudes. Dans la
soirée, les personnes de son entourage redoutaient
une issue fatale;
ha traversée de l'atlantique
Les aviateurs Costes et Bèllonte
s'envoleront ce matin pour New-York
Les aviateurs Costes et Bellonte qui, depuis plu-
sieurs semaines, attendaient des circonstances at-
mosphériques favorables à la traversée de l'Atlan-
tique, ont décidé, hier, de prendre leur vol ce
matin, aux premières heures du jour, du Bourget.
C'est hier après-midi, après sa visite à l'O. N. M.,
que Costes décida de partir, les bulletins météoro-
logiques indiquant une amélioration très sensible
sur l'Atlantique.
Voici deux ans que Costes et Bellonte travaillent
à cette traversée pour laquelle, l'an dernier,
M. François Coty, notre directeur, fit étudier et
construire spécialement un avion, le Point d'Inter-
rogation, celui-là même avec lequel Costes tentera
aujourd'hui la fameuse traversée d'Est en Ouest,
jamais réussie jusqu'à ce jour.
Le 13 juillet 1929, Costes, à bord du Point d'In-
terrogation, prit le départ pour une tentative sem-
blable. Obligé de faire demi-tour sur les, Açores,
il rentra à Villacoùblay après'à.voir' téilU l'air pen.-
il rentra à Villacoublay après avoir tenu l'air pen-
dant près de 28 heures et effectué 5.500 kilomètres
sans escale.
C'était une belle performance, qui laissait sup-
poser que cet avion pouvait faire beaucoup mieux
encore.
Quelques semaines plus tard, en effet, Costes re-
prenait son vol avec l'intention de voler le plus loin
possible vers l'Orient, à l'assaut du record de dis-
tance en ligne droite.
Toujours accompagné du précieux navigateur
qu'est Bellonte, Costes réussit cette fois. Il attei-
gnit, d'un seul coup d'aile, Tsitsikar, en Mand-
chourie, couvrant 7.905 kilomètres 140, et rame-
nant en France l'un des plus beaux records du
monde.
Le retour de-Costes, d'Asie en Europe s'effectua
en novembre dernier, à l'allure de record, le
Point d'Interrogation ayant couvert les quelque
10.000 kilomètres qui séparaient la Chine de la
France, par les Indes, l'Asie-Mineure, la Grèce et
l'Italie, en moins de cinq jours.
Après cela, Costes s'attaqua au record de dis-
tance en circuit fermé, record qu'il s'octroya à
nouveau, toujours à bord du Point d'Interrogation,
mais en compagnie, cette fois, de Codos, un valeu-
reux et habile pilote.
C'est, encore une fois, avec le Point d'Interroga-
tion, dans lequel il peut avoir justement confiance,
que Costes s'apprête à prendre son envoL Son but
est New-York, et, partant de Paris, il veut, par
le Nord, couvrir sans escale 6.500 kilomètres en-
viron, dont la plupart au-dessus des fiots.
Cet exploit magnifique pour lequel de nombreux
pilotes ont sacrifié leur existence, Costes semble
aujourd'hui sur le point de le réussir.
Le maximum de chances parait être, en effet,
de son côté.
D'une part, un avion de tout premier ordre,
capable, avec son moteur de 650 CV qui, à plein ré-
gime, peut donner 780 CV, de couvrir sans défail-
lance la distance prévue.
De l'autre, un équipage de valeur, dans lequel
Costes est bien connu pour son habileté, sa maî-
trise et son sang-froid, et Bellonte, son compagnon,
comme un navigateur de première force.
Par-dessus tout cela, des circonstances atmosphé-
riqises qu'on dit favorables et qui ne sont plus un
obstacle à la traversée.
Aussi, dans quelques heures, il pourrait nous être
donné d'applaudir à l'un des plus grands succès
de l'aviation française. Espérons.
André Reichel.
Les fêtes fratieo-belges de ha Panne
La Panne, 31 août. La charmante station bal-
néaire de La Panne a vu se dérouler aujourd'hui
de chaleureuses manifestations d'amitié franco-
belge, organisées à l'occasion du centenaire de
l'Indépendance de la Belgique.
Dans la matinée, a eu lieu une émouvante céré-
monie religieuse, au cimetière, où reposent 3.085
soldats belges, morts pour la défense de leur hé-
roïque patrie.
Cette nécropole militaire est située à proximité
de la tombe du poète Verhaeren, qui dresse ses
pierres grises parmi les dunes qui dominent la
ville. De place en place, un drapeau français indi-
que qu'un de, nos soldats repose à côté de ses frè-
res d'armes de Belgique.
A 11 h. 15, venant d'Ostende. est arrivé le duc
de Brabant, dans la tenue kaki de son nouveau
grade de major du régiment des grenadiers, et
portant la plaque de grand-officier de la Légion
d'honneur. Son arrivée a été saluée par la Braban-
çonne.
Le prince royal a été accueilli par Mgr Dujardin,
aumônier général de l'armée belge. L'héritier de
la Couronne de Belgique, entouré de MM. Lippens,
ministre des transports, représentant le gouver-
nement belge M. Brugères, chargé d'affaires de
l'ambassade de France à Bruxelles, représentant
l'ambassadeur le général Darbot, gouverneur mi-
litaire de Dunkerque Max, bourgmestre de
Bruxelles Viane, président du Souvenir beige
d'Arripes, bourgmestre de La Panne, a écouté, de-
bout, la messe, célébrée par Mgr Dujardin, et chan-
tée par la chorale royale de Bruxelles, accompa-
gnée de la musique du 1" régiment des Guides.
,A l'issue du service religieux, la médaille d'or
du Souvenir 'belge a été remise au duc de Brabant.
Avant de se retirer, le Prince a fleuri les tom-
bes françaises, cependant que le représentant de
l'ambassadeur de France et le général Darbot fleu-
rissaient le monument commémoratif belge.
Dam l'après-midi, une plaque commémorant
l'arrivée à La Panne, en 1831, du roi Léopold 1er,
venant de Calais en carrosse, a été solennellement
apposée sur la façade de la gendarmerie. Cette pla-
que porte l'inscription « Hommage à nos souve-
rains. » Elle a été inaugurée en présence de la
princesse Napoléon, fille du roi Léopold II, et de
son fils, le prince Louis-Napoléon, à qui la foule
a fait une ovation vibrante.
Après avoir défilé devant le nronument aux morts,
le cortège s'est rendu au Grand-Hôtel 'qui fut, pen-
dant la guerre, le principal hôpital belge. Une pla-
que de bronze, rappelant le rôle de la reine-infir-
mière Elisabeth de Belgique, a été scellée elle évo-
que le dévouement inlassable de la Reine pendant
l'invasion. •̃
Ite monument de Napoléon
à Itaîîrey r
Par MAURICE LEV AILLANT
Grenoble, 31 août. Depuis hier, Grenoble vit
dans les fêtes. Fêtes économiques, car, pendant
une semaine, sa première foire-exposition va per-
mettre d'admirer les résultats de son beau déve-
loppement industriel. Fêtes du tourisme, car, pen-
dant quatre jours, son jeune et actif syndicat
d'initiative va promener a travers les sites du Dau-
phiné, encore trop mal connus, malgré tant de
beaux attraits, toute une caravane de journalistes
et d'amis des paysages. Fêtes historiques et litté-
raires aussi, car Grenoble a eu l'idée heureuse
d'associer les richesses du .passé à celles du pré-
sent et d'appeler l'histoire à témoigner pour l'ave-
nir. Un grand paysage n'est-il pas celui où
l'homme s'ajoute à la nature pour lui prêter son
âme ? .?
Grenoble a la chance d'avoir à ses portes- deux
lieux consacrés par deux grands événements où
se rejoignent l'histoire de la Révolution et celle
de Napoléon. Au château de Vizille, le 21 juillet
1788, l'assemblée des notables dauphinois préluda
par la franchise de ses vœux aux réclamations des
Etats généraux, qui devaient ouvrir une ère nou-
velle dans la prairie de Laffrey. Le 7 mars 1815,
Napoléon, échappé de l'île d'Elbe, rallia d'un mot
ces aigles, les soldats envoyés pour lui barrer la
route, et tenta de recommencer une épopée qui
continuait la Révolution.
A commémorer ces deux scènes capitales, dont
sa banlieue fut le décor et où l'âme du Dauphiné
joua le premier rôle, Grenoble a consacré la jour-
née historique qu'elle a placée au cœur même de
cette semaine de fêtes. Elle y a joint enfin un
hommage délicat à l'écrivain dont les Grenoblois
ont été un peu lents à reconnaître la gloire à
Stendhal, le libéral, qui admirait Napoléon.
De ces trois commémorations, inspirées par une
égale piété et auxquelles s'associèrent avec MM.
Albert Gonnet et Perrin, représentants des syndi-
cats d'initiative, M. le préfet de l'Isère, Susini
M.M. les sénateurs Léon Perrier et Vallier M. Mis-
tral, député-maire de Grenoble, de ces trois évoca-
tions du passé, présentées dans le décor même où
ce passé vécut, s'étonnera-t-on que la plus émou-
vante, la plus intense, la plus originale, ait été
celle qui ressuscita la dernière tentative heureuse
de Napoléon ?
Comme notre collaborateur et ami, M. Gabriel
Faure, l'expliquait hier à nos lecteurs, le syndicat
d'initiative a dressé dans la prairie même de Laf-
frey la statue de l'Empereur, œuvre de Frémiet,
qui, élevée en 1868, sur une place de Grenoble, fut
arrachée en 1870.
Elle dormait depuis lors, mutilée, au dépôt des
marbres. La restaurer, 'la faire venir de Paris, l'éri-
ger à Laffrey, dans la prairie dont l'aspect n'a pas
changé depuis cent quinze ans, acheter cette prai-
rie, en obtenir le classement par l'Etat, ce fut une
entreprise pieuse qui demanda des années. Un ad-
mirateur grenoblois de l'Empereur, M. Marcel De-
leon, a réuni les concours nécessaires. Grâce à sa
ferveur active, la prairie de la Rencontre est deve-
nue la propriété du département de l'Isère.
Dans ce décor, qu'encadre un des plus beaux
sites alpestres, au-devant des trois lacs successifs
de Laffrey que longeait, le 7 mars 1815, la petite
troupe de l'Empereur, s'est déroulée ce matin, avec
une simplicité sobre et pleine de grandeur, la céré-
monie de l'inauguraiion.
A l'entrée de la prairie, une barrière semi-cir-
culaire s'appuie à deux stèles où l'on vient d'encas-
trer, au-dessous des deux 'aigles qui formaient jadis
les bas-reliefs du monument de Grenoble, deux ins-
criptions. L'une relate les incertitudes de la statue,
jusqu'à ce jour même; l'autre porte ce texte
DANS CETTE PRAIRIE,
LE 7. MARS 181."»,
VERS 3 HEURES DE L'APRES-MIDI,
NAPOLEON DEBARQUA DE L'ILE D'ELBE
ET GAGNANT PARIS A MARCHE FORCEE,
SE HEURTA A UN BATAILLON-
DU 5e REGIMENT DE LIGNE
QU'IL ENTRAINA A SA SUITE.
M. Gabriel Faure, au pied de la statue, rappela
les faits avec une éloquence précise et animée; un
soleil magnifique faisait resplendir l'impérial cava-
lier et, tandis que M. Gabriel Faure parlait,. on ne
pouvait se défendre de fixer le regard sur la place
de la prairie qu'il désignait. Là, l'Empereur, pour
la dernière fois, força les destins; là, deux cents
fusils le visèrent, en vain, poitrine découverte; là,
ies cocardes blanches couvrirent soudain le sol
comme une floraison de lys fauchés par sa voix.
Une stèle marquera bientôt l'emplacement exact
où l'empereur se tenait debout et la route qu'il
suivit du golfe Juan à Grenoble s'appellera désor-
mais « la Route Napoléon ».
Une foule émue, où les habitants du pays étaient
en majorité, se rendit ensuite- au château de Vizille.
Du haut du perron du château, M. Jean-Jacques
Chevalier, professeur de droit à l'Université de
Grenoble, prononça, avec une aisance charmante,
une conférence élégante où il ranima les grandes
ombres de Vizille, depuis le connétable de Lesdi-
guières jusqu'à La Fayette, en passant par les re-
présentants dauphinois de 1788. Cette belle leçon
d'histoire venait juste à son heure, car l'on peut
dire que Vizille a rendu possible la scène critique
et triomphale'jde" Laffrey,
Après un banquet présidé par M. le préfet de
l'Isère, l'après-midi fut voué à Stendhal, à qui la
municipalité de Grenoble vient d'élever dans le
jardin de la ville le monument qui lui manquait
encore. C'est une belle réplique du -médaillon de
Rodin que l'on peut voir au jardin du Luxembourg.
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