Titre : Le Libertaire / fondé par Sébastien Faure
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-09-07
Contributeur : Faure, Sébastien (1858-1942). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34447276x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 septembre 1929 07 septembre 1929
Description : 1929/09/07 (A35,N220). 1929/09/07 (A35,N220).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Droits : conditions spécifiques d'utilisation - BnF-partenariats, Presse Ancienne RetroNews
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2928490c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5757
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/04/2020
TRENTE-CINQUIEME ANNEE. — N* 220
Le Numéro : 50 Centimes
SAMEDI ? SEPTEMBRE 1929.
le libertaire
ABONNEMENTS AU ’* LIBERTAIRE"
e'RAKM
; coma i ËIBARGEH a
i Un au Xi tr. I Un an dlr. ;
: Six mois.. 11 a ISix mois.. 15fr. ;
; r rois mois. > .501 Trois mois. 7.60 S
; Chèque oos toi : N. K a acier 1169-55 5
Les anarchistes oealeni kuiomer an
milieu social qui assure à chaque indi-
vidu le maximum é* bien-être et de
liberté adéquat à chaque époque.
Rédaction .
Administration : N. FAUCIER
72, rue des Prairies, Paris (2(P)
couque postal : N. Faucier 1165-55
ORGANE HEBDOMADAIRE DE L’UNION ANARCHISTE-COMMUNISTE
Téiéptu ; Roquette 57-73
MlSill
L’AMÉRIQUE A LA HAYE
C'est au titre modeste d'observateur que
l'Amérique avait tenu à assister aux débuts
jde la Conférence de La Haye. Cependant
qu’entre débiteur et créanciers, et surtout
entre créanciers, on faisait jouer toutes
les cordes de la rouerie diplomatique, corne*
gestations, sommations, etc., et qu'on se
livrait même à des altercations assez peu
(protocolaires, l'Amérique, impassible, re-
gardait... en apparence du moins. Car en
réalité, et cela ne fait pas de doute pour
personne, c’est elle qui a servi de chef
d’orchestre dans tous les débats.
! C'est elle qui, derrière les puissances
réduites .wu-rôle de comparses, a poursuivi
^prennent sa lutte irréductible contre sa
(vieille rivale britannique. On peut même
dire que la Conférence de La Haye a été
une phase marquante du conflit anglo-amé-
ricain, et qu’en fait de réparations il s’agis-
saut plutôt de compétitions d’hégémonie
.entre les deux puissances. L’enjeu était la
la conquête du marché européen
En effet, tandis que l'Angleterre avait de
sérieuses raisons pour se trouver lésée par
le plan Young, l’Amérique avait besoin, nu
contraire, de voir adopter par les puis-
sances européennes ce règlement établi par
elle et selon ses intérêts particuliers.
Les raisons d’opposition de VAngleterre
ont été suffisamment mises eu lumière,
quand ce ne serait que par les explications
officielles du gouvernement britannique,
pour qu’il soit inutile d’v revenir.
Il n’y a pas moins d'évidence dans les
nobles qui ont fait agir l'Amérique, pour
peu qu'on les examine de près.
L’Amérique, pays riche en capitaux jus-
qu'à pléthore, pays de grosse production
en outre, se trouve dans obligation de
chercher à l'extérieur, c'est-à-dire en Eu-
rope, les débouchés que ne lui assure plus
•un marché intérieur sursaturé. De là sa
double tactique qui consiste d'une part à
épancher son trop-plein de capitaux en
finançant les entreprises ises européennes, et
id autre part à subordonner certaines de ces
/entreprises, moins dans 1 espoir d un pro-
fit très rémunérateur que dans la mesure
où leur indépendance pourrait gêner ses
débouchés sur un point quelconque du
monde. Mais pour mettre en application
ces méthodes, il faut que la situation euro-
péenne se soit sinon stabilisée, du moins
entourée de quelques apparences de sécu-
rité. Il faut aussi isoler l’Angleterre, seule
puissance capable en Europe de se main-
tenir à l’heure actuelle au moyen de ses
/propres capitaux. Ainsi, la mise en vigueur
du plan Young est une condition nécessaire
à la réussite du plan de pénétration que
poursuit l’Amérique, en Europe en général
et en Allemagne en particulier.
.Un coup d’œil sur la situation allemande
peut en donner une idée.
On sait que c'est en Allemagne que le
capital américain a trouvé jusqu’à présent
gon plus vaste champ d’action. Depuis !a
stabilisation du mark-or, les capitaux yan-
kees sont devenus la base essentielle du
développement de l’industrie allemande et
'la grande clef des opérations boursières, A
'tel point qu’on a pu dire que les cours de
l
la Bourse de Berlin en sont tenus à dépen-
dre uniquement de l’homme du quaran-
tième étage ».
; Au reste, V.Amérique ne s'est pas bornée
là un rôle uniquement de prêteuse. La mé-
thode d'infiltration de ses capitaux sous
forme de prêts obligataires à intérêts éle-
vés a été même à peu près abandonnée
depuis un an, en raison de la hausse du
loyer de l’argent. Par contre, de plus en
plus, l’Amérique s'attache à créer une véri-
table communauté d’intérêts entre elle
et l’Allemagne industrielle. Elle y réussit,
soit par voie de participation, en faisant
acheter des blocs importants d’actions par
ses groupes financiers, soit par l'ingérence
directe de ses groupements industriels qui
acquièrent des allions d’entreprises alle-
mandes de même nature afin d en obtenir
le contrôle industriel et financier.
C’est ainsi que de grandes firmes alle-
mandes ont fondé des holdings américaines,
destinées à les ravitailler en dollars et â
défendre leurs intérêts sur le marché mon-
dial, et se sont attachées des administra-
teurs américains. Le dollar a même fini par
conquérir le marché intérieur dès que la
situation parut en voie de stabilisation. Par
exemple, dès la réunion du Comité des
Experts, la General Motors s’empara de la
grande fabrique d’automobiles Opel. Plus
récemment on a vu la General Electric (qui
possède déjà une participation considérable
dans les firmes électriques françaises tt
anglaises et se lance vers 1 exploitation du
marché russe dans le but de créer un
monopole électrique mondial) incorporer en
Allemagne la Société Osram, puis acheter
par paquets —jusqu’à concurrence de 30 %
du capital — les actions de l’A.E.G. Détail
également symptomatique, la General Elec-
tri a fait entrer cinq de ses propres admi-
nistrateurs, parmi lesquels M. Owen
Young, au conseil de la société allemande.
Ainsi la grande industrie d'Allemagne
sort du marasme de l’après-guerre et est
appelée, grâce à l’appui de l’Amérique,
à tenir en échec la Grande-Bretagne sur le
marché européen. On comprend dès lors
toute l'importance que revêt pour l’Amé-
rique, le règlement de la situation euro-
péenne et l’événement de l’Angleterre du
bloc européen, afin de donner moins de
précarité au champ de scs opérations.
Aussi 1’ « observateur » américain, de-
vant î^s véhémences de M. Snowden, n’a
pas protesté verbalement... il a agi. Au
moment où l'intransigeance du Chancelier
de l’Echiquier pouvait faire craindre une
rupture, le taux de l’escompte a, comme
par hasard, monté sensiblement à New-
York, faisant subir à la livre la marche
contraire. Premier avertissement, infini-
ment plus efficace que tous les arguments
oratoires. Puis, c’est Lamon-t, l’homme de
Morgan, qui a rendu visite à Mac Donald.
L’Angleterre avait compris. Elle a changé
de ton ; sa presse s’est faite plus mesurée
et le bouillant Snowden a mis les pouces.
Par la suite, il est vrai, l'Amérique ne
semble pas avoir abusé de sa force. Bien
plus, elle a fait elle-même des concessions,
puisqu'elle n’a pas eu recours à ses moyens
de pression habituels contre les revendica-
tions in entremis de Snowden. Sans doute
non par un sentiment de mansuétude subit
envers son adversaire mais, parce qu’étant
donné les pourparlers tn cours entre Mac-
zonale et Hoover au sujet des armements
navals, elle jugeait politique de concéder
sur un terrain afin d’avoir plus de chance
de se rattraper sur l’autre. Ce marchan-
dage anglo-américain prouve que dans ce
nouveau duel, les forces des adversaires
se sont à peu près équilibrées.
Pour une fois encore, les capitalisme
rivaux ont jugé de leur intérêt de transi-
ger. Mais jusqu’à quand ?
On ne saurait trop répéter que loin d’être,
comme le prétendent les officiels, une étape
dans la voie de la liquidation de la der-
nière guerre, la Conférence de La Haye
marque au contraire une crise de ces
conflagrations capitalistes dont l’enchaîne-
ment conduit automatiquement à la guerre.
Aujourd’hui on en est encore aux arrange-
ments pacifistes, mais il faut songer à
demain, lorsque ces moyens auront donné
leur dernier mot et que le conflit sera iné-
vitable.
La question qui se pose est de savoir si les
travailleurs seront alors internationale-
ment assez forts pour refuser de s’entre-
massacrer selon les intérêts du capitalisme
et pour retourner leurs armes contre leur
ennemi commun.
Lucile PELLETIER.
La vie du grand format
est entre vos mains
Notre administrateur Faucier a reçu
cette semaine 40 abonnements. C'est la
meilleure semaine. Mais ce n'est pas as-
sez si l'on se rappelle que nous paraî-
trons sur grand format dans un mois et
que nous comptons , pour nous y main-
tenir. sur la rentrée de nos cinq cents
carnets d'abonnements.
Camarades , accentuez votre effort et
envoyez-nous les abonnements à une
cadence plus forte. La vie du Grand for-
•mat est entre vos mains.
promo/
Ils étaient six hier encore pleins d'ardeur,
qui remplissaient de leur prose les colonnes
du journal des masses. Ils étaient six qui
viennent d'être renvoyés comme de simples
larcins, parce qu'ils n'ont pas suivi les ins-
tructions du Bureau politique du parti bol-
chevisse.
Ce bureau politique me semble composé
de gens qui ne doivent pas rire tous les
jours. C'est lui qui détient le pouvoir, pos-
sède la directive, la ligne, lance les mots
d'ordre, qui, seul, est qualifié pour indi-
quer à tous, gens de la base, comme du
faite, les meilleurs moyens de soutenir la
politique du gouvernement russe.
Celui qui entre au parti « communiste »
sait ou devrait, savoir qu'il a , du mime
coup , fait abandon de ce qui constitue tpropre de l'homme, c'est-à-dire l'indcpen-
dancc, l'esprit critique, l'initiative person-
nelle. Il faut penser « au pas cadencé »
sous l'œil inquisiteur du Bureau politique.
Et « silence dans le rang », car vous en
êtes aussitôt exclu comme « sceptique »,
a hostile », en attendant de vous voir traiter
de petit bourgeois et de contre-révolution-
naire.
Pour les petites gens de la base, c'est en-
tore ce qui peut leur arriver de mieux. Ils
peuvent redevenir des êtres pensants à peu
près normaux. Mais pour les employés — je
ne parle pas de M.P.V.C. qui a de l'oseille
— c'est quelquefois embêtant et peut occa-
sionner un chômage plus ou moins long.
Déjà f’Huma du 27 août annonçait une
élimination des poids morts, des friteurs,
des arrivistes , des dilettantes. Faut-il affec-
ter l'une ou l'autre de ces classifications
aux six derniers débarqués ?
Ou bien étaient-ils atteints d'une de ces
maladies qui, parait-il , ont sévi dans le
P. C. à l'occasion du 1" août et qui se
nomment : « plancomame » « filingite »
et • mouchardé » f
Quoi qu'il en soit, « Vépuration » est
commencée et se poursuivra sans doute jus-
qu'à ce que le dernier crabe rouge n'ayant
plus de ses pareils à manger se dévorera
lui-même. 1
Nous n'avons pas fini de rigoler. Et nous
rigolerions davantage, si nous n'avions à
contempler Vassombrissant spectacle de la
masse des cotisants, troupeau bêlant et
tondu qui croit dur comme fer aux sornettes
des faux apôtres , des trafiquants de Révo-
lution.
Espérons tout de même qu'à force de voir
les turpitudes, les tours de passe-passe des
charlatans du faîte, les ouvriers se désinté-
resseront de plus en plus d'un parti pour
lequel la libération du prolétariat n'est
qu'un prétexte pour sa sale besogne politi-
cienne. — Pierre Mualdès.
Nous apprenons , au moment de mettre
sous presse, l'arrestation à Lille de notre
vieux camarade Jean lnglaere.
Il est accusé , parait-il , de menaces de
mort envers le gouvernement de Massas-
sachets ( Etats-Unis).
Manquant de détails, nous ne pouvons
que protester contre cette arrestation.
Mais nous tiendrons nos lecteurs au cou-
rant de cette affaire, œuvre, sans doute,
de quelque policier en mal d'avancement.
DIMANCHE 8 SE PTEMBRE
Bdlade Champêtre
DANS LES BOIS DE GARCHES
AU LIEUDIT
LE « TERRAIN DE MANŒUVRES »
Heure des trains (Paris-Saint-Lazare).
Départ : 7 h. 29, 8 h. 29, 9 h. 29. 9 h. 59,
10 h. 29, 10 h. 59, 11 h. 29, 11 h. 59, etc.
Retour : 18 h., 18 h. 30, 19 h., 19 b. 30,
19 h. 55. etc.
Prix du billet (allai et retour) : 6 francs.
BOLCHEVISME ET FASCISME
Les communistes partisans de la dictature
protestent quand leurs adversaires — qui
comprennent pas mal d’anarchistes — sont
frappes de 1 analogie de la situation politi-
que en Italie et en Russie, et surtout de
l’analogie de certains épisodes de la répres-
sion de la pensée qui sévit contre les mino-
rités oppositionneiles et des moyens violents
et autoritaires avec lesquels les oppositions
viennent d’être chassées dans l’un et l’autre
pays. Mettons dans le même sac, ayons la
même aversion pour le bolchevisme et le tas-
Je suis d’opinion que vouloir trouver trop
de caractères communs au fascisme et au
bolchevisme est à la fois une grosse erreur
historique et psychologique. On 11e peut his-
toriquement confondre le produit — le résul-
tat — d’une réelle et grande révolution qui a
détruit tous les vieux pouvoirs avec un coup
d’Etat qui a usurpé le nom de Révolution (1)
mais qui a triomphé avec la complicité des
vieux pouvoirs politiques et économiques,
desquels elle a consolidé les privilèges, se
bornant seulement à changer la forme de do-
mination, et les instruments et les personnes,
ramenant du passé ce que les précédentes ré-
volutions avaient éliminé. Psychologique-
ment ce serait une erreur de négliger l’in-
fluence qu’a produit sur les masses un suc-
cès comme celui du bolchevisme, greffé com-
me un parasite sur le tronc d’une révolution
grandiose, comme s’il avait quelque chose de
semblable avec l’impression odieuse, de ré-
pugnance et de dégoût, laissée par le fascis-
me malgré son succès maternel et politique.
Mais il faut dire que le bolchevisme au
pouvoir en Russie (et parallèlement à lui la
politique des divers partis bolchevistes dans
tous les pays) fait tout, en pratique, pour
justifier V « erreur » de ses adversaires, pour
la rendre toujours plus ressemblante à la vé-
rité. Cela, non seulement par la loi natu-
relle qui veut que toutes les dictatures soient
obligées de sc .servir des mêmes moyens hor-
ribles, infâmes et liberticides, mais aussi
avec une espèce de volonté et une ostenta-
tion préméditée que le bolchevisme blesse les
sentiments les plus vifs d’amour de la liberté
et d’esprit de justice de la masse — et aussi
de celle qui souffre sous le joug de la tyran-
nie fasciste en Italie — sans qu’aucune né-
cessité vraie et réelle la pousse.
L’opinion publique est émue en ce moment
par la menace d’une guerre entre la Russie
et la Chine. Et bien, il est bon en ce mo-
ment d’examiner deux faits inexplicables, en
apparence tout au moins, qui sont venus irri-
ter tous ceux qui voudraient, vis-à-vis du bol-
chevisse, faire taire leurs scrupules et ne
pas être contraints de constater des rappro-
chements antipathiques.
Deux victimes du fascisme italien, condam-
nées aux peines les plus graves et réfugiées
depuis quelque temps en Russie : l’anchons-
tain Alphonse Petrini et le milanais Fran-
çois Ghezzi — sont de nouvelles victimes de
la tyrannie, qui sévit précisément en Russie.
Eux sont en prison (le premier depuis
déjà longtemps, et on se demande même s’il
n’a pas été tué), simplement parce qu’ils sont
restés anarchistes — c’est-à-dire pour un pur
délit de pensée.
L’autre fait qui sonne comme une raillerie,
comme une insulte à tout le martyre du peu-
ple italien — et plus encore au martyre des
communistes italiens, persécutés et condam-
nés en Italie, avec les méthodes féroces que
l’on sait — est celui dont les journaux fas-
cistes en Italie et les journaux bourgeois
dans tout le monde ont rendu compte avec
une si haute complaisance: la réception ré-
cente (dans le milieu de juin) par les autori-
tés bolchevistes, en Russie, à Odessa, de l’es-
cabriole d’aéroplanes italiens qui ont été là-
bas sous le commandement de la fameuse
canaille fasciste, le chef de bande Italo
Balbo, sur qui pèse la responsabilité de l’as-
sassinat de Don Minzoni à Ferrare en 1923.
Italo Balbo avec sa suite a été reçu par
le chef de la force aérienne russe: le géné-
ral Baranoff et les autres autorités de l’ar-
mée rouge, par le commissaire pour les affai-
res étrangères, par le président du Soviet
d’Odessa Alex Tenko, par le président du
Comité exécutif de la province, pendant ces
congratulions la bande de l’aéronautique
russe chantait l’hymne russe (l’Internatio-
nale ?) et l’hymne national italien (Giovi-
nezza ?). Balbo a passé en revue les troupes
soviétiques présentes et a rendu une visite
aussi au Soviet d'Odessa.
Ça été ensuite l’immanquable banquet of-
fert à Balbo et aux compagnons de l’aviation
soviétique et qui vit le général bolcheviste
Baranoff prononcer un discours qui com-
mence ainsi: « Je porte le salut de la force
aérienne soviétique à la force aérienne ita-
lienne représentée par le magnifique chef
qu’est le général Balbo auquel j’exprime
mille sentiments de salut ». Ensuite il loua
l’aviation italienne, De Pinedo, le gouverne-
ment italien, le chef des Chemises Noires,
l’honorable Tcruzzi (2) et il finit, en affir-
mant que « entre les deux pays (Italie - fas-
ciste et Russie bolcheviste il ne pouvait v
avoir de dissentiments de caractère politi-
que, ni de concurrence économique, mais
seulement communauté d’intérêts ;>.
On dira que c’est une question de seul»
compliments diplomatiques, sans importance
réelle. Peut-être ? Quoiqu’il soit possible
aussi que dans le secret des rapports diplo-
matiques il y ait quelque chose de* plus grave
et qei nous est caché. Mais quel besoin y
avait-il de faire ces choses-là ? Admettons
aussi le caractère purement formalisme de la
cérémonie, de cette cérémonie odieuse, de
cette formalité odieuse et de ces paroles plus
odieuses envoie. Cela ne nous autorise taxi
pas à penser que, malgré les affirmations
contraires des bolchevistes des autres pays,
le gouvernement dictatorial russe — précisé-
ment parce qu’il est un gouvernement, une
dictature pér surcroît — est plus voisin par
la force des choses de son « collègue » le
gouvernement dictatorial italien que du pro-
létariat de Russie et d’Italie, que des com-
munistes eux-mêmes qui en Italie affrontent
pour le mythe moscovite, la persécution, la
prison et parfois la mort ?
_ C’est comme ça. Sans assimiler le bouche-
visse au fascisme, et pour tenir compte de
la différence essentielle, historique, idéologi-
que et morale qu’il v a entre l’un et l’autre
— et déduire que l’un doit être combattu
avec un esprit beaucoup différent de celui
avec lequel nous combattons le second — il
reste le fait concret que l’un et l’autre, com-
me ennemis de la liberté, sont portes par la
force des choses à solidariser. Ils pourront
aussi se combattre un jour, mais davantage
comme rivaux que comme ennemis. Comme
gouvernements, comme expression d’une
classe dominante, ils sont destinés à avoir
contre eux un seul et véritable ennemi : le
peuple, le prolétariat.
Cela en Italie est évident et, cela devien-
dra bientôt évident en Russie.
Luigi FABBRI.
LES CROISES
DE LA PAIX ?
(1) N’oublions nas que les fascistes italiens,
quand ils parlent de la marche sur Rome,
disent toujours : Depuis la Révolution fasciste.
(2) Terruzzi est en Italie, ig— secrétaire
d’Etat.
Une organisât bourgeoise, prétendue paci-
fiste, donnait samedi dernier une soirée au
Troeadéro, pour couronner le défilé à travers
la France d’une car-vü.ie de figurants, mo-
bilisés pour jets. de la poudre aux yeux des
naïfs, qui se laisse : b,ruer par les boniments
de ces comédiens intéressés a faire croire
aux peuple- la volonté, prétendue pacifiste des
gouvernants. Cei'endi’et que ceux-ci 01 gai.i-
sent. dans 1<. coulisse lu cour aux ai:ue-
ments ultramodernes q suffiront à anéantir
toute vie er moins de temps qu’il n’en faut,
à MaroSangnier, pour prononcer un discours
pacifiquement chrétien.
Un certain zombie de camarades de ia Ligue
des Réfractaires, des jeunesses anarchiste et
syndicaliste s'étaient retrouvés dans la salle, en
croyant que. (h ns ce U réunion pacifiste, où
plutôt intitulée telle, ils pouvaient espérer faire
connaître bleu- point de vile c’était mal con-
naître nos nationalo-pacifistes. et à peine avions-
nous demande la parai ■ qu’une bagarre éclata,
et nombre du camarade • furent sortis avec force
horions et remis a- : mains des enfants de
Chiappe. qui, com pa. hasard, pullulaient
dans ia salle et aux alentours.
Malgré ceu le bu fut atteint, et des cen-
taines de tracts voltigèrent dans la salle. C’est
alors que nos modernes croisés nous firent assis-
ter à une démonstration de pacifiste intégrai.en
mettant un contradicteur dans l’obligation do
faire un saut du premier étage, pour éviter
de succomber, sou Us coups d'un groupe de
fana tiqué< habillés en boy-scouts et dirigés
par des foré à Lr- , en civil, qui sentaient te
Quaft des Orfèvres plein nez.
Pour calmer ces quelques minutes d’émotion,
qui avaient jeté un certain trouble dans la
douzaine de bourgeois repus qui figuraient au
bureau, entouré? d’une haie de porte-drapeaux
à faire pâli les sociétés de préparation mili-
taire, on joua quelques morceaux d'une mu-
sique militaire et, comme apothéose, une
vasé embrassade générale eut lieu, comique
au possible, surtout de la part de gens qui
n’en croie' pas u. mut.
De toua- ces fait:-., il résulte que ces incidents
ont le mérite d’ouvrit - les yeux aux prolétaires,
qui seraient tenté? de vendre tous ces comé-
diens ay sérieux, nous ne pouvons avoir con-
fiance en des prétendus pacifistes bourgeois,
qui comme tels sont partisans de i autorité «t
de l’Etat, et par conséquent de tout ce qui
on découle : la police, ,a magistrature, l'armée
et naturellement la guerre avec tout son cor-
tège d’horreur- et do crimes.
Pour lutter efficacement contre tous ces
fléaux, ouvrier-. anarchistes, syndicalistes, ne
comptons que su nous-mêmes en mettant en
pratique notre der- o : pas un sou, pas un
homme pour la guerre, sous n’importe quel
prétexte.
La Jeunesse Syndicaliste.
Elle est depuis longtemps jugée, condam-
née, cette vieille société. Que justice se
lasse :Qu’i! soit brisé ce vieux monde .. où
I i’muocence a péri, où l’égoïsme a prospère,
où l’homme a é*é exploité par l'homme !
Qu'ils soient détruits de fend en comble, ces
sépulcres blanchis où résident le mensonge
et l'iniquité f
HENRI HEINE.
F
Le Numéro : 50 Centimes
SAMEDI ? SEPTEMBRE 1929.
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e'RAKM
; coma i ËIBARGEH a
i Un au Xi tr. I Un an dlr. ;
: Six mois.. 11 a ISix mois.. 15fr. ;
; r rois mois. > .501 Trois mois. 7.60 S
; Chèque oos toi : N. K a acier 1169-55 5
Les anarchistes oealeni kuiomer an
milieu social qui assure à chaque indi-
vidu le maximum é* bien-être et de
liberté adéquat à chaque époque.
Rédaction .
Administration : N. FAUCIER
72, rue des Prairies, Paris (2(P)
couque postal : N. Faucier 1165-55
ORGANE HEBDOMADAIRE DE L’UNION ANARCHISTE-COMMUNISTE
Téiéptu ; Roquette 57-73
MlSill
L’AMÉRIQUE A LA HAYE
C'est au titre modeste d'observateur que
l'Amérique avait tenu à assister aux débuts
jde la Conférence de La Haye. Cependant
qu’entre débiteur et créanciers, et surtout
entre créanciers, on faisait jouer toutes
les cordes de la rouerie diplomatique, corne*
gestations, sommations, etc., et qu'on se
livrait même à des altercations assez peu
(protocolaires, l'Amérique, impassible, re-
gardait... en apparence du moins. Car en
réalité, et cela ne fait pas de doute pour
personne, c’est elle qui a servi de chef
d’orchestre dans tous les débats.
! C'est elle qui, derrière les puissances
réduites .wu-rôle de comparses, a poursuivi
^prennent sa lutte irréductible contre sa
(vieille rivale britannique. On peut même
dire que la Conférence de La Haye a été
une phase marquante du conflit anglo-amé-
ricain, et qu’en fait de réparations il s’agis-
saut plutôt de compétitions d’hégémonie
.entre les deux puissances. L’enjeu était la
la conquête du marché européen
En effet, tandis que l'Angleterre avait de
sérieuses raisons pour se trouver lésée par
le plan Young, l’Amérique avait besoin, nu
contraire, de voir adopter par les puis-
sances européennes ce règlement établi par
elle et selon ses intérêts particuliers.
Les raisons d’opposition de VAngleterre
ont été suffisamment mises eu lumière,
quand ce ne serait que par les explications
officielles du gouvernement britannique,
pour qu’il soit inutile d’v revenir.
Il n’y a pas moins d'évidence dans les
nobles qui ont fait agir l'Amérique, pour
peu qu'on les examine de près.
L’Amérique, pays riche en capitaux jus-
qu'à pléthore, pays de grosse production
en outre, se trouve dans obligation de
chercher à l'extérieur, c'est-à-dire en Eu-
rope, les débouchés que ne lui assure plus
•un marché intérieur sursaturé. De là sa
double tactique qui consiste d'une part à
épancher son trop-plein de capitaux en
finançant les entreprises ises européennes, et
id autre part à subordonner certaines de ces
/entreprises, moins dans 1 espoir d un pro-
fit très rémunérateur que dans la mesure
où leur indépendance pourrait gêner ses
débouchés sur un point quelconque du
monde. Mais pour mettre en application
ces méthodes, il faut que la situation euro-
péenne se soit sinon stabilisée, du moins
entourée de quelques apparences de sécu-
rité. Il faut aussi isoler l’Angleterre, seule
puissance capable en Europe de se main-
tenir à l’heure actuelle au moyen de ses
/propres capitaux. Ainsi, la mise en vigueur
du plan Young est une condition nécessaire
à la réussite du plan de pénétration que
poursuit l’Amérique, en Europe en général
et en Allemagne en particulier.
.Un coup d’œil sur la situation allemande
peut en donner une idée.
On sait que c'est en Allemagne que le
capital américain a trouvé jusqu’à présent
gon plus vaste champ d’action. Depuis !a
stabilisation du mark-or, les capitaux yan-
kees sont devenus la base essentielle du
développement de l’industrie allemande et
'la grande clef des opérations boursières, A
'tel point qu’on a pu dire que les cours de
l
la Bourse de Berlin en sont tenus à dépen-
dre uniquement de l’homme du quaran-
tième étage ».
; Au reste, V.Amérique ne s'est pas bornée
là un rôle uniquement de prêteuse. La mé-
thode d'infiltration de ses capitaux sous
forme de prêts obligataires à intérêts éle-
vés a été même à peu près abandonnée
depuis un an, en raison de la hausse du
loyer de l’argent. Par contre, de plus en
plus, l’Amérique s'attache à créer une véri-
table communauté d’intérêts entre elle
et l’Allemagne industrielle. Elle y réussit,
soit par voie de participation, en faisant
acheter des blocs importants d’actions par
ses groupes financiers, soit par l'ingérence
directe de ses groupements industriels qui
acquièrent des allions d’entreprises alle-
mandes de même nature afin d en obtenir
le contrôle industriel et financier.
C’est ainsi que de grandes firmes alle-
mandes ont fondé des holdings américaines,
destinées à les ravitailler en dollars et â
défendre leurs intérêts sur le marché mon-
dial, et se sont attachées des administra-
teurs américains. Le dollar a même fini par
conquérir le marché intérieur dès que la
situation parut en voie de stabilisation. Par
exemple, dès la réunion du Comité des
Experts, la General Motors s’empara de la
grande fabrique d’automobiles Opel. Plus
récemment on a vu la General Electric (qui
possède déjà une participation considérable
dans les firmes électriques françaises tt
anglaises et se lance vers 1 exploitation du
marché russe dans le but de créer un
monopole électrique mondial) incorporer en
Allemagne la Société Osram, puis acheter
par paquets —jusqu’à concurrence de 30 %
du capital — les actions de l’A.E.G. Détail
également symptomatique, la General Elec-
tri a fait entrer cinq de ses propres admi-
nistrateurs, parmi lesquels M. Owen
Young, au conseil de la société allemande.
Ainsi la grande industrie d'Allemagne
sort du marasme de l’après-guerre et est
appelée, grâce à l’appui de l’Amérique,
à tenir en échec la Grande-Bretagne sur le
marché européen. On comprend dès lors
toute l'importance que revêt pour l’Amé-
rique, le règlement de la situation euro-
péenne et l’événement de l’Angleterre du
bloc européen, afin de donner moins de
précarité au champ de scs opérations.
Aussi 1’ « observateur » américain, de-
vant î^s véhémences de M. Snowden, n’a
pas protesté verbalement... il a agi. Au
moment où l'intransigeance du Chancelier
de l’Echiquier pouvait faire craindre une
rupture, le taux de l’escompte a, comme
par hasard, monté sensiblement à New-
York, faisant subir à la livre la marche
contraire. Premier avertissement, infini-
ment plus efficace que tous les arguments
oratoires. Puis, c’est Lamon-t, l’homme de
Morgan, qui a rendu visite à Mac Donald.
L’Angleterre avait compris. Elle a changé
de ton ; sa presse s’est faite plus mesurée
et le bouillant Snowden a mis les pouces.
Par la suite, il est vrai, l'Amérique ne
semble pas avoir abusé de sa force. Bien
plus, elle a fait elle-même des concessions,
puisqu'elle n’a pas eu recours à ses moyens
de pression habituels contre les revendica-
tions in entremis de Snowden. Sans doute
non par un sentiment de mansuétude subit
envers son adversaire mais, parce qu’étant
donné les pourparlers tn cours entre Mac-
zonale et Hoover au sujet des armements
navals, elle jugeait politique de concéder
sur un terrain afin d’avoir plus de chance
de se rattraper sur l’autre. Ce marchan-
dage anglo-américain prouve que dans ce
nouveau duel, les forces des adversaires
se sont à peu près équilibrées.
Pour une fois encore, les capitalisme
rivaux ont jugé de leur intérêt de transi-
ger. Mais jusqu’à quand ?
On ne saurait trop répéter que loin d’être,
comme le prétendent les officiels, une étape
dans la voie de la liquidation de la der-
nière guerre, la Conférence de La Haye
marque au contraire une crise de ces
conflagrations capitalistes dont l’enchaîne-
ment conduit automatiquement à la guerre.
Aujourd’hui on en est encore aux arrange-
ments pacifistes, mais il faut songer à
demain, lorsque ces moyens auront donné
leur dernier mot et que le conflit sera iné-
vitable.
La question qui se pose est de savoir si les
travailleurs seront alors internationale-
ment assez forts pour refuser de s’entre-
massacrer selon les intérêts du capitalisme
et pour retourner leurs armes contre leur
ennemi commun.
Lucile PELLETIER.
La vie du grand format
est entre vos mains
Notre administrateur Faucier a reçu
cette semaine 40 abonnements. C'est la
meilleure semaine. Mais ce n'est pas as-
sez si l'on se rappelle que nous paraî-
trons sur grand format dans un mois et
que nous comptons , pour nous y main-
tenir. sur la rentrée de nos cinq cents
carnets d'abonnements.
Camarades , accentuez votre effort et
envoyez-nous les abonnements à une
cadence plus forte. La vie du Grand for-
•mat est entre vos mains.
promo/
Ils étaient six hier encore pleins d'ardeur,
qui remplissaient de leur prose les colonnes
du journal des masses. Ils étaient six qui
viennent d'être renvoyés comme de simples
larcins, parce qu'ils n'ont pas suivi les ins-
tructions du Bureau politique du parti bol-
chevisse.
Ce bureau politique me semble composé
de gens qui ne doivent pas rire tous les
jours. C'est lui qui détient le pouvoir, pos-
sède la directive, la ligne, lance les mots
d'ordre, qui, seul, est qualifié pour indi-
quer à tous, gens de la base, comme du
faite, les meilleurs moyens de soutenir la
politique du gouvernement russe.
Celui qui entre au parti « communiste »
sait ou devrait, savoir qu'il a , du mime
coup , fait abandon de ce qui constitue t
dancc, l'esprit critique, l'initiative person-
nelle. Il faut penser « au pas cadencé »
sous l'œil inquisiteur du Bureau politique.
Et « silence dans le rang », car vous en
êtes aussitôt exclu comme « sceptique »,
a hostile », en attendant de vous voir traiter
de petit bourgeois et de contre-révolution-
naire.
Pour les petites gens de la base, c'est en-
tore ce qui peut leur arriver de mieux. Ils
peuvent redevenir des êtres pensants à peu
près normaux. Mais pour les employés — je
ne parle pas de M.P.V.C. qui a de l'oseille
— c'est quelquefois embêtant et peut occa-
sionner un chômage plus ou moins long.
Déjà f’Huma du 27 août annonçait une
élimination des poids morts, des friteurs,
des arrivistes , des dilettantes. Faut-il affec-
ter l'une ou l'autre de ces classifications
aux six derniers débarqués ?
Ou bien étaient-ils atteints d'une de ces
maladies qui, parait-il , ont sévi dans le
P. C. à l'occasion du 1" août et qui se
nomment : « plancomame » « filingite »
et • mouchardé » f
Quoi qu'il en soit, « Vépuration » est
commencée et se poursuivra sans doute jus-
qu'à ce que le dernier crabe rouge n'ayant
plus de ses pareils à manger se dévorera
lui-même. 1
Nous n'avons pas fini de rigoler. Et nous
rigolerions davantage, si nous n'avions à
contempler Vassombrissant spectacle de la
masse des cotisants, troupeau bêlant et
tondu qui croit dur comme fer aux sornettes
des faux apôtres , des trafiquants de Révo-
lution.
Espérons tout de même qu'à force de voir
les turpitudes, les tours de passe-passe des
charlatans du faîte, les ouvriers se désinté-
resseront de plus en plus d'un parti pour
lequel la libération du prolétariat n'est
qu'un prétexte pour sa sale besogne politi-
cienne. — Pierre Mualdès.
Nous apprenons , au moment de mettre
sous presse, l'arrestation à Lille de notre
vieux camarade Jean lnglaere.
Il est accusé , parait-il , de menaces de
mort envers le gouvernement de Massas-
sachets ( Etats-Unis).
Manquant de détails, nous ne pouvons
que protester contre cette arrestation.
Mais nous tiendrons nos lecteurs au cou-
rant de cette affaire, œuvre, sans doute,
de quelque policier en mal d'avancement.
DIMANCHE 8 SE PTEMBRE
Bdlade Champêtre
DANS LES BOIS DE GARCHES
AU LIEUDIT
LE « TERRAIN DE MANŒUVRES »
Heure des trains (Paris-Saint-Lazare).
Départ : 7 h. 29, 8 h. 29, 9 h. 29. 9 h. 59,
10 h. 29, 10 h. 59, 11 h. 29, 11 h. 59, etc.
Retour : 18 h., 18 h. 30, 19 h., 19 b. 30,
19 h. 55. etc.
Prix du billet (allai et retour) : 6 francs.
BOLCHEVISME ET FASCISME
Les communistes partisans de la dictature
protestent quand leurs adversaires — qui
comprennent pas mal d’anarchistes — sont
frappes de 1 analogie de la situation politi-
que en Italie et en Russie, et surtout de
l’analogie de certains épisodes de la répres-
sion de la pensée qui sévit contre les mino-
rités oppositionneiles et des moyens violents
et autoritaires avec lesquels les oppositions
viennent d’être chassées dans l’un et l’autre
pays. Mettons dans le même sac, ayons la
même aversion pour le bolchevisme et le tas-
Je suis d’opinion que vouloir trouver trop
de caractères communs au fascisme et au
bolchevisme est à la fois une grosse erreur
historique et psychologique. On 11e peut his-
toriquement confondre le produit — le résul-
tat — d’une réelle et grande révolution qui a
détruit tous les vieux pouvoirs avec un coup
d’Etat qui a usurpé le nom de Révolution (1)
mais qui a triomphé avec la complicité des
vieux pouvoirs politiques et économiques,
desquels elle a consolidé les privilèges, se
bornant seulement à changer la forme de do-
mination, et les instruments et les personnes,
ramenant du passé ce que les précédentes ré-
volutions avaient éliminé. Psychologique-
ment ce serait une erreur de négliger l’in-
fluence qu’a produit sur les masses un suc-
cès comme celui du bolchevisme, greffé com-
me un parasite sur le tronc d’une révolution
grandiose, comme s’il avait quelque chose de
semblable avec l’impression odieuse, de ré-
pugnance et de dégoût, laissée par le fascis-
me malgré son succès maternel et politique.
Mais il faut dire que le bolchevisme au
pouvoir en Russie (et parallèlement à lui la
politique des divers partis bolchevistes dans
tous les pays) fait tout, en pratique, pour
justifier V « erreur » de ses adversaires, pour
la rendre toujours plus ressemblante à la vé-
rité. Cela, non seulement par la loi natu-
relle qui veut que toutes les dictatures soient
obligées de sc .servir des mêmes moyens hor-
ribles, infâmes et liberticides, mais aussi
avec une espèce de volonté et une ostenta-
tion préméditée que le bolchevisme blesse les
sentiments les plus vifs d’amour de la liberté
et d’esprit de justice de la masse — et aussi
de celle qui souffre sous le joug de la tyran-
nie fasciste en Italie — sans qu’aucune né-
cessité vraie et réelle la pousse.
L’opinion publique est émue en ce moment
par la menace d’une guerre entre la Russie
et la Chine. Et bien, il est bon en ce mo-
ment d’examiner deux faits inexplicables, en
apparence tout au moins, qui sont venus irri-
ter tous ceux qui voudraient, vis-à-vis du bol-
chevisse, faire taire leurs scrupules et ne
pas être contraints de constater des rappro-
chements antipathiques.
Deux victimes du fascisme italien, condam-
nées aux peines les plus graves et réfugiées
depuis quelque temps en Russie : l’anchons-
tain Alphonse Petrini et le milanais Fran-
çois Ghezzi — sont de nouvelles victimes de
la tyrannie, qui sévit précisément en Russie.
Eux sont en prison (le premier depuis
déjà longtemps, et on se demande même s’il
n’a pas été tué), simplement parce qu’ils sont
restés anarchistes — c’est-à-dire pour un pur
délit de pensée.
L’autre fait qui sonne comme une raillerie,
comme une insulte à tout le martyre du peu-
ple italien — et plus encore au martyre des
communistes italiens, persécutés et condam-
nés en Italie, avec les méthodes féroces que
l’on sait — est celui dont les journaux fas-
cistes en Italie et les journaux bourgeois
dans tout le monde ont rendu compte avec
une si haute complaisance: la réception ré-
cente (dans le milieu de juin) par les autori-
tés bolchevistes, en Russie, à Odessa, de l’es-
cabriole d’aéroplanes italiens qui ont été là-
bas sous le commandement de la fameuse
canaille fasciste, le chef de bande Italo
Balbo, sur qui pèse la responsabilité de l’as-
sassinat de Don Minzoni à Ferrare en 1923.
Italo Balbo avec sa suite a été reçu par
le chef de la force aérienne russe: le géné-
ral Baranoff et les autres autorités de l’ar-
mée rouge, par le commissaire pour les affai-
res étrangères, par le président du Soviet
d’Odessa Alex Tenko, par le président du
Comité exécutif de la province, pendant ces
congratulions la bande de l’aéronautique
russe chantait l’hymne russe (l’Internatio-
nale ?) et l’hymne national italien (Giovi-
nezza ?). Balbo a passé en revue les troupes
soviétiques présentes et a rendu une visite
aussi au Soviet d'Odessa.
Ça été ensuite l’immanquable banquet of-
fert à Balbo et aux compagnons de l’aviation
soviétique et qui vit le général bolcheviste
Baranoff prononcer un discours qui com-
mence ainsi: « Je porte le salut de la force
aérienne soviétique à la force aérienne ita-
lienne représentée par le magnifique chef
qu’est le général Balbo auquel j’exprime
mille sentiments de salut ». Ensuite il loua
l’aviation italienne, De Pinedo, le gouverne-
ment italien, le chef des Chemises Noires,
l’honorable Tcruzzi (2) et il finit, en affir-
mant que « entre les deux pays (Italie - fas-
ciste et Russie bolcheviste il ne pouvait v
avoir de dissentiments de caractère politi-
que, ni de concurrence économique, mais
seulement communauté d’intérêts ;>.
On dira que c’est une question de seul»
compliments diplomatiques, sans importance
réelle. Peut-être ? Quoiqu’il soit possible
aussi que dans le secret des rapports diplo-
matiques il y ait quelque chose de* plus grave
et qei nous est caché. Mais quel besoin y
avait-il de faire ces choses-là ? Admettons
aussi le caractère purement formalisme de la
cérémonie, de cette cérémonie odieuse, de
cette formalité odieuse et de ces paroles plus
odieuses envoie. Cela ne nous autorise taxi
pas à penser que, malgré les affirmations
contraires des bolchevistes des autres pays,
le gouvernement dictatorial russe — précisé-
ment parce qu’il est un gouvernement, une
dictature pér surcroît — est plus voisin par
la force des choses de son « collègue » le
gouvernement dictatorial italien que du pro-
létariat de Russie et d’Italie, que des com-
munistes eux-mêmes qui en Italie affrontent
pour le mythe moscovite, la persécution, la
prison et parfois la mort ?
_ C’est comme ça. Sans assimiler le bouche-
visse au fascisme, et pour tenir compte de
la différence essentielle, historique, idéologi-
que et morale qu’il v a entre l’un et l’autre
— et déduire que l’un doit être combattu
avec un esprit beaucoup différent de celui
avec lequel nous combattons le second — il
reste le fait concret que l’un et l’autre, com-
me ennemis de la liberté, sont portes par la
force des choses à solidariser. Ils pourront
aussi se combattre un jour, mais davantage
comme rivaux que comme ennemis. Comme
gouvernements, comme expression d’une
classe dominante, ils sont destinés à avoir
contre eux un seul et véritable ennemi : le
peuple, le prolétariat.
Cela en Italie est évident et, cela devien-
dra bientôt évident en Russie.
Luigi FABBRI.
LES CROISES
DE LA PAIX ?
(1) N’oublions nas que les fascistes italiens,
quand ils parlent de la marche sur Rome,
disent toujours : Depuis la Révolution fasciste.
(2) Terruzzi est en Italie, ig— secrétaire
d’Etat.
Une organisât bourgeoise, prétendue paci-
fiste, donnait samedi dernier une soirée au
Troeadéro, pour couronner le défilé à travers
la France d’une car-vü.ie de figurants, mo-
bilisés pour jets. de la poudre aux yeux des
naïfs, qui se laisse : b,ruer par les boniments
de ces comédiens intéressés a faire croire
aux peuple- la volonté, prétendue pacifiste des
gouvernants. Cei'endi’et que ceux-ci 01 gai.i-
sent. dans 1<. coulisse lu cour aux ai:ue-
ments ultramodernes q suffiront à anéantir
toute vie er moins de temps qu’il n’en faut,
à MaroSangnier, pour prononcer un discours
pacifiquement chrétien.
Un certain zombie de camarades de ia Ligue
des Réfractaires, des jeunesses anarchiste et
syndicaliste s'étaient retrouvés dans la salle, en
croyant que. (h ns ce U réunion pacifiste, où
plutôt intitulée telle, ils pouvaient espérer faire
connaître bleu- point de vile c’était mal con-
naître nos nationalo-pacifistes. et à peine avions-
nous demande la parai ■ qu’une bagarre éclata,
et nombre du camarade • furent sortis avec force
horions et remis a- : mains des enfants de
Chiappe. qui, com pa. hasard, pullulaient
dans ia salle et aux alentours.
Malgré ceu le bu fut atteint, et des cen-
taines de tracts voltigèrent dans la salle. C’est
alors que nos modernes croisés nous firent assis-
ter à une démonstration de pacifiste intégrai.en
mettant un contradicteur dans l’obligation do
faire un saut du premier étage, pour éviter
de succomber, sou Us coups d'un groupe de
fana tiqué< habillés en boy-scouts et dirigés
par des foré à Lr- , en civil, qui sentaient te
Quaft des Orfèvres plein nez.
Pour calmer ces quelques minutes d’émotion,
qui avaient jeté un certain trouble dans la
douzaine de bourgeois repus qui figuraient au
bureau, entouré? d’une haie de porte-drapeaux
à faire pâli les sociétés de préparation mili-
taire, on joua quelques morceaux d'une mu-
sique militaire et, comme apothéose, une
vasé embrassade générale eut lieu, comique
au possible, surtout de la part de gens qui
n’en croie' pas u. mut.
De toua- ces fait:-., il résulte que ces incidents
ont le mérite d’ouvrit - les yeux aux prolétaires,
qui seraient tenté? de vendre tous ces comé-
diens ay sérieux, nous ne pouvons avoir con-
fiance en des prétendus pacifistes bourgeois,
qui comme tels sont partisans de i autorité «t
de l’Etat, et par conséquent de tout ce qui
on découle : la police, ,a magistrature, l'armée
et naturellement la guerre avec tout son cor-
tège d’horreur- et do crimes.
Pour lutter efficacement contre tous ces
fléaux, ouvrier-. anarchistes, syndicalistes, ne
comptons que su nous-mêmes en mettant en
pratique notre der- o : pas un sou, pas un
homme pour la guerre, sous n’importe quel
prétexte.
La Jeunesse Syndicaliste.
Elle est depuis longtemps jugée, condam-
née, cette vieille société. Que justice se
lasse :Qu’i! soit brisé ce vieux monde .. où
I i’muocence a péri, où l’égoïsme a prospère,
où l’homme a é*é exploité par l'homme !
Qu'ils soient détruits de fend en comble, ces
sépulcres blanchis où résident le mensonge
et l'iniquité f
HENRI HEINE.
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