Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1920-04-08
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 avril 1920 08 avril 1920
Description : 1920/04/08 (Numéro 99). 1920/04/08 (Numéro 99).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
S6me Année 3me Série N° 99
Le Numéro quotidien DIX CENTIMES en France Branger ;'• VINGT CfiUtlMES
Jeudi8AvpSM920
Gaston CALMETTE
Directeur (1902-1914)
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Les libertés germaniques
Il faut être affligé de cette maladie.du
'verbalisme quiestle fléau de notre épo-
que pour croire que ta signature d'un
papier solennel suffit pour établir la
paix. Les négociations des traités de
Westphalie ont duré huit ans, et il a
fallu, au milieu, reprendre les armes
pour confirmer les articles délibérés vai-
nement par les plénipotentiaires. Or, la
guerre de 1914-1918 a été un événement
autrement grave,, une tempête autre-
ment violente, et produisant un trouble
autrement profond dans les relations
internationales. Donc, selon toute vrai-
semblance, plus de temps est nécessaire
encore pour que le calme soit rétabli.
La paix ne dépend pas des paroles
des diplomates; elle, n'arrive que par la
lassitude des courages et par l'adhésion
profonde des cœurs. Tant qu'il y aura
dans le monde des volontés hostiles, la
.:guerre couve comme un feu sous la
cendre. Le moindre souffle peut rallu-
mer l'incendie.
Le traité de Versailles a laissé l'Alle-
magne à l'état de bloc unitaire et les
puissances alliées n'ont pris, à l'égard
d'un ennemi à demi vaincu, que le mi-
nimum de sécurités. C'était tenter le
diable. Or, le. diable succombe à la ten-
tation, et c'est la France, la plus exposée
et par conséquent la plus inquiète, que
l'on accuse de « militarisme »
Suite logique des choses Le président
Wilson, pas lier, au fond, du succès de
son œuvre devant l'opinion de son pro-
pre pays, en veut à tout le monde quand
il ne devrait en vouloir qu'à lui-même.
Son humeur étrange encourage ses en-
nemis de la veille; il se lance, les yeux
̃fermés et les dents serrées, dans.une
politique imprévue, une sorte de paci-
fisme irrité que, de toutes façons, son
autorité présidentielle ne pourra con-
duire jusqu'à ses ultimes conséquences,
car il y a bien des chances pour qu'au-
paravant il soit rendu, comme tant d'au-
tres, à ses chères études. En attendant,
il complique, par son obstination, une
situation que sa farouche intransigeance
a créée. Ce ne sera pas un des specta-
cles les moins extraordinaires de l'his-
toire que le contraste entre la puissance
verbale et l'impuissance réelle d'un
homme auquel fut confié, un instant, le
sort du monde.
Les résultats de cet aveuglement, or-
gueilleusement exigeant et, candidement
obéi, se découvrent maintenant.
Il n'y avait que deux solutions pour
obtenir de l'Allemagne, toute chaude
.encore du plus ardent militarisme, une
paix durable soit une défaite complète,
soit une occupation continue; en un
.mot, il fallait détruire l'Allemagne de
Bismarck on s'est appliqué à la conser-
ver. -Telle est la faute dont les signa-
taires de 1918 ne s'excuseront jamais
assez devant l'histoire.
Cette Allemagne, si soigneusement
•ménagée, la voilà déjà debout devant
"nous et qui nous mesure du-regard.
Que faut-il faire, maintenant ? Y
L'Allemagne est debout, menaçante
mais elle est tout de même divisée. Tel
est le fait nouveau dont il faut s'appli-
quer à mesurer maintenant les prochai-
nes conséquences.
Tout de même, le militarisme a donné
sa mesure après avoir soulevé le monde
entier contre lui, il s'est fait battre il a
ruiné non seulement ie monde, mais son
propre pays; il a menti à toutes ses pro-
messes. De croire qu'il a retrouvé et re-
trouvera en Allemagne sa pleine et en-
tière autorité, ce serait bien mal connaî-
tre les peuples. Ils ne pardonnent pas à
leurs chefs leurs propres erreurs. Il leur
'faut des boucs émissaires; l'histoire est
une perpétuelle recherche et punition
des responsabilités. En France, 1830 a
payé 1815 et 1870 a payé 1852. La dy-
nastie des Hohenzollern n'a pas obtenu
son quitus, tant s'en faut, et le milita-
risme pas davantage.
Contre lui, quoiqu'il fasse belle mine
à mauvais jeu, un autre parti s'est levé.
La république radicale socialiste a fait
son 4-Septembre elle tient le pouvoir,
elle tâche de s'enraciner dans les cou-
ches profondes du pays encore faible
il est vrai, fragile, précaire, sans appui
dans le passé, sans garantie pour l'ave-
nir, elle tient la place, cependant. Elle
ne se laissera pas déraciner sans vio-
lence et sans lutte. En cas d'alerte, elle
se connaît désormais un asile « Stutt-
gart ». En un mot, l'Allemagne est di-
visée.
Elle est divisée politiquement et elle
est divisée géographiqùement. Je n'in-
sisterai pas sur les- dissensions profon-
'des existant séculairement entre Est et
l'Ouest, entre le Nord et le Sud. Je m'en
tiendrai au mot du prince de Biïlow.:
« Dans l'histoire de l'Allemagne, l'union
est l'exception; la règle est le particu-
larisme. Cola est vrai du présent corn me
du passé. »
Mais cette division profonde de l'Al-
lemagne, soit dans les sentiments soit
dans les intérêts, soit dans les souve-
nirs, soitdans les aspirations, a toujours
eu, aux grandes époques de trouble,
une conséquence qui est, elle aussi,
dans la logique des choses la guerre
civile. Quand l'ordre du moyen âge fut
arrivé à son terme et que les temps de
la Renaissance éurent amené des dispo-
sitions nouvelles, quand la politique des
villes hanséatiques eut produit les
grandes crises économiques et sociales,
les famines et les immenses souffrances
qui en résultèrent, ies peuples alle-
mands se soulevèrent; des insurrec-
tions d'une violence inouïe éclatèrent.
Ce peuple brutal s'abandonna aux excès
de sa cruauté naturelle et se mit à bas
de sang de ses propres mains.
La riche Germanie du moyen âge finit
-danscette catastrophe; tous les souvenirs
de son magnifique passé ont, pour ainsi
dire, disparu parce que sa rage les avait
anéantis. Un siècle plus tard, la guerre
.civilerecornmença. C'est la « guerre de
Trente ans ». Catholiques contre pro-
testants. Sud contre Nord, se ruèrent en
un corps à corps si atroce que le souve-
nir en surprend encore l'histoire. Le
sac de Magdebourg n'est qu'un fait cé-
lèbre parmi cent autres. Quand les Al-
lemagnes s'en mêlent, elles se rasent il
Tond. Les invasions germaniques ne
sont jamais pires ,que quand elles se
renferment et se recuisent dans. les li-
mites mêmes de l'Allemagne.
Or, que fait l'Europe en ces cas-là?
Craignant la contagion, elle se tient
d'abord, autantqu'ellë le peut, à l'écart.
Mais peu à peu, le feu s'approche, les
cris de douleur s'élèvent, le spectacle
devient terrible; les misères implorent;
la terreur et la 'pitié agissent en même
temps. L'Europe a besoin d'ordre. Or, il
n'y a pas d'ordre possible en son sein;
avec une Allemagne troublée. Aussi,
qu'elle le veuille ou non, un jour ou
l'autre, elle est obligée d'intervenir.
Contre les violences des plus enragés,
contre les lansquenets et les bandes dé-
chaînées, contre les partis militaires
qui deviennent si facilement des partis
de domination et de. conquête, elle est t,
bien obligée de se dresser, et elle prend
finalement, selon' les termes mêmes'
dont se servait le dix-septième siècle,
la défense des libertés germaniques.
Toute la politique européenne à l'é-
gard de l'Allemagne s'est résumée, dans
tous les temps, en cette célèbre for-
mule.
Mais, rien que par ce mot de liberté,
on sent que cette formule suppose un
point d'appui au sein de l'Allemagne
elle-même. Il n'est pas possible que ces
populations, parentes et voisines de tous
les peuples européens, échappent aux
influences extérieures; il n'est pas pos-
sible que quelque parti, dans sa rage et
sa volonté de vaincre, n'ouvre pas les
portes aux pacificateurs et aux modéra-
teurs, qui ont tant d'intérêt à ne pas
laisser l'incendie se propager. M. Mil-
lerand disait l'autre jour « La France
n'est pas un gendarme. >•̃ Le mot lui est
venu sur les lèvres. Pourtant, il arrive
un jour où, devant l'abîme ouvert au
centre de l'Europe (in centro Europœ,
comme disait le vieux latin diplomati-
que), la loi de l'ordre finit par venir et
s'imposer du dehors. Un Richelieu, un
Gustave-Adolphe, un Louis XIV, un Na-
poléon sont appelés par les vœux du
pays lui-même. Une sage coordination
des efforts, tant intérieure qu'extérieure,
travaille .à cette œuvre si éminemment
eucQpéenaGv;»-le rétabUs.s&ment de la
paix germanique.
Notre politique historique s'est tou-
jours trouvée prête parfois à son dam
pour cette circonstance critique. Elle
ne la désire pas; elle ne la provoque pas.
Mais si elle se présente d'elle-môme, elle
la saisit. L'intérêt universel prime les
plus sages résolutions. Les liberté ger-
maniques, ce n'est pas un 'mot invente
par les faiseurs de protocole c'est
quelque chose de vivant et de réel, q#ï 'i
survit même aux événements en app,%?
renée les plus contraires et qui ne veuf
pas mourir.
Si les auteurs du traité de Versailles
eussent eu une connaissance plus ap-
profondie de l'histoire de notre vieux
continent, ils se seraient dit, avant de
commencer, que la paix de l'Europe dé-
pend de la pacification de l'Allemagne
et qu'il fallait, avant tout, rendre à ces
populations la jouissance pleine et en-
tière de leurs droits, c'est-à-dire de leurs
libertés.
En consultant ces peuples, en les ap-
pelant au Congrès de la paix, on eût
posé, d'accord avec eux, les bases du
régime nouveau, et csances alliées l'eussent établi et conso-
lidé rien que par leur- présence, leurs
exemples et leurs conseils. Elles ont
laissé l'Allemagne à elle-même ou, pour
parler plus exactement, à la conquête
prussienne.
Nous voyons déjà et nous verrons
bientôt les suites d'une si funeste er-
reur. Mais, de toutes façons, les choses
se dérouteront de telle sorte que cette
intervention refusée par l'Allemagne
d'aujourd'hui sera sans doute réclamée
par l" Allemagne de demain. Pourvu
qu'il ne soit pas trop tard et que la con-
tagion de l'Est n'ait pas déjà gagné les
rives du Rhin que nous avons tant de
peine à protéger!
Tout fait prévoir que cette heure son:-
nera comme elle a déjà sonné si souveat
au cours de l'Histoire/ Il appartient a.uxj `
hommes d'Etat avertis de la prévoir, et-
de préparer, au sein d'une Allemagne1
nouvelle, les jours ou la définitive paci-
fication du monde sera rendue possible
par la restauration des libertés germa-
niques. Gabriel Hanotaux,
do l'Académie française..
La fin del*« Office national »
On communique cette note:
'L'Office National de la Prosso s est réuni
hier en assemblée, pléniôre 260 r journaux
étaient représentés.
•Au cours d'une première séance, une délé-
gation a été désignée pour aller, avec le Co-
mité de l'Office, présenter à M. le président
du Conseil toute une série dedécisions prises
par l'assemblée et pour l'entretenir notam-
ment sur l'augmentation du prix de vente
des journaux.
M. le président du Conseil a reçu le Co-
mité de l'Office et la délégation de l'assem-
blée plénière au cours de laquelle le Comité,
considérant qu'il se trouvait dans l'imposbi-
bitté absolue d'assurer la publication régu-
tière de la presse, lui a annoncé qu'il allait
adresser sa démission .à M. le président du
t.onseil. -L'assemblée plôuiêrt: a- accepté cette
démission et, reaxsant de nommer un nou-
veau comité, a décidé que la liquidation de
l'Office serait poursuivie dans le Comité dé-
missionnaire dans les conditions prévues
par l'assemblée plénièro du 10 mars der-
nier, le Corn té démissionnaire, continuant â
assurer cette liquidation,
L'assemblée, avant dé se séparer, a voté
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse
de rire de tout. de peur d'.être obligé d'en pleurer. ?> (-Beaumarchais.)- ̃
par acclamation ses remerciements, à tout Ln,
Comité de IWfice pour le» services rendus 4'
la Presse peudafit le l'onctjomkenïôjrt ..dë/ect
organisme.
Il résulte de ce qui précède que les
journaux rie sont, plus tenus désormais
de s'adresser à l'Office national de la
presse pour leurs achats de papier.
La Politique du Traité
^K Nous étions arrivés à là limite ex-
.Irême où le traité de paix allait
tomber en loques, un peu par notre
faute, plus peut-être par celle de nos
alliés. Nous nous. -serions trouvés alors
avec un sentiment national désorienté
et-déçu,- séparé de sa base, incapable de
réagir. C'était le calcul des révolution-
naires de toutes sortes qui comptaient
ainsi lie plus rencontrer devant eux la
résistance profonde du patriotisme. On
le voit bien aux fureurs des socialistes
exaspérés par l'occupation de Francfort
et qui essayent de dresse^ l'Amérique
contre nous sur la crainte d'un milita-
risme français.
Le, gouverne m ont de M. Millerand a
saisi l'heure exacte et discerne l'occa-
sion favorable pour inaugurer cûu'iï unç
politique du traité c'est-à-dire une po-'
litique qui ne cessât de tenir rassem-
blées toutes les forces matérielles et
morales de la France, capables d'assu-
rer l'exécution du traité de paix. Car,
tel qu'il est, malgré ses lacunes, il est t
le seul statut de la victoire que nous
ayons en mains. Notre esprit doit donc
le débarrasser de ses imperfections pour
n'y plus voir que les valeurs. réelles. et,
au-dessus, le sens symbolique.
Le traité de Versailles est, en effet, le
terrain sur lequel vont s'engager les
grandes luttes de la paix, les luttes so-
ciales intérieures, aussi bien que les
luttes économiques entre nations. Tout
le' jeu révolutionnaire à tendances so-
viétiques conclut donc à déchirer d'abord
le traité, puisque la nécessité d'en sur-
veiller l'exécution exige le maintien
d'une armée et dé l'ordre et l'Alle-
magne, de son côté, ne peut reprendre?
de supériorité sur nous qu'en n'étant}
pas contrainte d'en observer les clauses.
On aperçoit là, une fois de plus, les liens-
qui unissent l'intérêt allemand et l'in-
ternatkmaliemev --̃̃ ( -̃ K/i:
II paraît' impossible que nos alliés ^ct ,j~,
Il paraît fin p ~o's*f~fe*qu' s 1 e nos a Ilies c, l'
surtout l'Angleterre ne unissent par dé-
couvrir ces rapports et en prévoir les
conséquences. Le rôle de ^intelligence
et de l'opinion françaises est de les meU
tre sans cesse en lumière, et le rôle do
nos gouvernants d'en tirer la leçon po-,
litique.
̃ Alfred Capus,
7' dû l'Académie française.
ÉCHOS
Non, nies amis, non, jo no veux rien ûtre
Ainsi chantait Béranger..
Le compositeur M. Maurice Ravel
veut bien être quelque chose, mais pas
chevalier de la Légion d'honneur.
M. Léon Béra'rd, ministre des beaux-
arts, qui goûtait vivement son réel ta-
lent, lui avait donné la croix en janvier
dernier. M. Ravel fut désagréablement
surpris par cette distinction. Il voulut
refuser la décoration offerte. Des amis
intervinrent: «A quoi bon répondre à
une attention par 1111 procédé désobli-
geant!11 est s i. si m pie da. ne 'point
porter la croix qu'on n'a ni demandée,
ni désirée et qui déplaît. Et puis, cela
a si peu d'importance !»
M. Maurice Ravel persista dans son
intransigeance, et le Président de la
République, M. Deschancl, avant-hier,
a signé, le ministre de l'instruction pu-
blique et des beaux-arts, M. André llon-
norat, a contresigné un décret rappor-
tant celui de MM. Poincaré et Bérard
qui portait nomination de M. Maurice
Ravel dans l'ordre do la Légion d'hon-
neur.
Si des gens pdu parisiens demandent
un jour comment il se fait qu'un musi-
cien tel que celui-là ne soit pas décoré.
on saura pourquoi.
La devinette.
Une autre réponse la question
posée par M. Théodore Reinach nous
est arrivée hier, dans la journée, en re-
tard d'un jour sur celle du. gagnant.
II est vrai qu elle aurait pu arriver un
peu plus tôt. Le signataire de cette
lettre, abonné du Figaro, M. René Ha-
chette, avait, par distraction, mis sa
lettre (envoyée par pneuuiatique) sous
une enveloppe insuffisamment affran-
chie Elle a été « postalisée », comme on
dit. <
Deux tilleuls.
Le voyageur curieux de visiter le bas-
sin de la Ruhr, dont il est tant parlé de-
puis quelques jours, rencontrera àDort-
mund, la cité la plus populeuse du
district, véritable capitale industrielle
de la Westphalie, mentionnée dans les
chroniques dès le dixième siècle, un,
bien curieux monument de la vieille
Germanie.
C'est, en pleine gare, respectueuse-
ment sauvegardés par les architectes
qui l'ont bâtie, les tilleuls de la Sainte-
Velime. Ils sunt deux; sous leurs om-
brages séculaires siégeaient, paraît-il,
les redoutables justiciers dont lesarrêts
faisaient trembier l'Allemagne entière.
C'est sous ces tilleuls de Dorirnund,
que t empereur Sigismond fut initié, en
1429, aux mystères vehmiques, propagés
le fer à la "main par. cent mihe adhé-
rents.
Le Masque- de Fer.
les troupes
en Allemagne
LES OPÉRATIONS
COMMUNIQUÉ OFFICIEL
Les opérations militaires de la jour-
née du 6 avril surFrancfort, Darmstadt,
Diebourg et Hanau ont été complétées
dans la journée du 7. par l'occupation
de la ville de Hombourg, à 15 kilomè-
tres au nord de Francfort.
L'occupation de Hombourg s'est ef-
fectuée sans le moindre incident. Tout
est calme dans la région nouvellement
occupée.
UNE ÉCHAUFFOURÉE
A FRANCFORT
AGRESSION CONTRE NOS SOLDATS
Le calme signalé par ce communique
a Olélroublé par un grave incident: une
échautîourée s'est produite à Francfort,
sur laquelle on n'a pas encore de rensei-
gnements précis, le rapport du général
de Metz n'étant pas encore arrivé au
quartier général.
.̃ D'après une.dépêche de Mayence,
la population dé' Francfort avait ob-
servé, pendant toute la journée du 0,
une attitude calme. Hier matin, les ma-
gasins se sont ouverts iL l'heure habi-
tuelle et la population s'est rendue à
ses occupations' ordinaires. Dans les
rues et sur les places publiques, aucun
signe d'agitation.
En une heure,tout se trouvait subite-
ment modifié dans un sens défavorable.
Journalistes et officiers' français n'ont
pas vu sans surprise les magasins, ou-
verts le matin, se fermer avec ensemble
et des groupes, composés en. majorité
dé jeunes gens et d'étudiants, tenir des
palabres en public. Il semblait qu'une
partie de la population' venait d'obéir à
un mot d'ordre concerté d'excitation
contre nos troupes.
On ne possède pas- encore de détails
sur les incidents qui se sont alors pro-
duits presque simultanément sur tous
les points de la ville.
Une intervention énergique des trou-
pes françaises a rétabli l'ordre.
Suivant des renseignements de source
allemande, il y aurait six tués et trente-'
cinq blessés du côté allemand.
On a des raisons de croire que les
\iBàhifë§tâtJbn§ qui ont provoqué ces' in-
cidents sont dues à un- ordre venu de
Berlin.
L'AVIS DU GÉNÉRAL DEGOUTTE
Mayonce, 1 avril.
Au retour d'une tournée dans le nou-
veau secteur occupé le général De-
goutte, commandant' en chef des armées
alliées du Rhin, a fait, à un rédacteur de
l'Agence [lavas, d'intéressantes déclara-
tions
La première journée de l'occupation à
Francfort, nous déclare le général Degoutte,
s'est passée sans le moindre incident et l'ac-
cueil de la population avait été presque cor-
dial. Puis, tout à coup, sur un ordre venu do
Berlin, une certaine effervescence s'est em-
parée de la population. Cette effervescence a
dégénéré en agression, et nos soldats, en état
do légitime défense, ont dû faire usage de
leurs armes.
Avons-nous perdu des nôtres, mon gé-
néral `!
Pas à ma connaissance, répondit le gé-
néral Dégoutte. L'incident démontre à quel
point nous devons surveiller les agissements
de Berlin et c'est pourquoi les événements
de la Ruhr retiennent toute mon attention.
Il n'est pas possible de considérer séparé-
ment la Ruhr et ce qui se passe ici. Tout
s'enchaîne dans les événements dont nous
sommes les témoins.
Ou peut porter au compte do la même l'éaG-
tiop. militaire l'agression d'aujourd'hui, a
Francfort, et les événements du bassin de la
Ruhr. Nos renseignements à ce sujet sont
accablants.
Le gouvernement de Berlin a permis a la
Reiehswohr d'envahir sans nécessité le bas-
sin ouvrier parce que tel était le désir de
Kapp, des Luttwitz et de leurs semblables.
Le coup .d'Etat du 13 mars n'ayant échoué
que par le déclenchement de la grève géné-
rale, le parti militaire a voulu prendre sa
revanche sur la classe ouvrière, et il a in-
venté le péril bolcheviste de la Ruhr. Or, il
.faut qu'on le sache, en France et ailleurs, il
n'y a jamais eu de péril bolchevistedaus
la Ruhr. Il y a simplement une population
ouvrière qui hait le mi.itàrisme prussien et
qui ne demande qu'à travailler en paix, et
cette population travaillait hier encore à
Fssen. Ce qui se passe maintenant vient de
ce que la Reichswehr occupe le pays.
Mais, mon général, ne croyez-vous pas
que le gouvernement, de Berlin, après notre
opération d'hier, va rappeler la Reichswehr? "?
Jameu's de la vie répond vivement le
général qui, parlant des répercussions écono-
miques, déclare
Voici un chiffre, un seul, mais il est
éloquent Hier, la Ruhr nous a livré encore
13,000 tonnes de charbon aujourd'hui, pas
une tonne n'a passé la frontière. Je vous
caisse le soin de conclure.
LE DÉSARMEMENT
Une décision de la commission interalliée
Berlin, 7 avril.
Le général Nollet, en qualité de pré-
sident de la commission militaire inter-
alliée, a transmis au gouvernement
allemand une note dans laquelle il
prend acte qu'à la date du 10 avril, selon
lapromessedu gouvernement allemand,
celui-ci renverrait les engagés volon-
taires de la Reichswehr.
En ce qui concerne les gardes civi-
ques, la commission apris les décisions
suivantes
« Les gardes civiques ne peuvent plus
'être utilisées bien qu'elles cherchent dès
maintenant « se dissimuler sous le ca-
ractère dune organisation purement ci-
vile.
» Quel que puisse être leur rôle pour
le maintien de l'ordre à l'intérieur, il
n'en est pas moins clair que leur arme-
ment, leur encadrement, leurs effectifs
sont maintenus constamment à la
même hauteur et favorisent incontcsla-
lileincnt une mobilisation .défendue par
le traité de Versailles et par le traité de
paix.
» De plus, certains indices indiquent
que les gardes civiques effectuent fré-
j quemment des exercices militaires.:Les
gardes civiques sont donc en contradic-
tion avec les articles 166, 175, 177 et 178
du traité de Versailles.
» La Commission de contrôle interal-
liée vous informe, en conséquence, au
nom des puissances alliées et associées,
que le '10 avril 1920 est le jour fixé
pour la réduction de l'armée allemande
à 200.000 hommes et comme limite ex-
trême pour l'exécution de la décision du
̃Ier décembre 1918. »
La situation diplomatique
M. Millerand, ministre des affaires
étrangères, a lu hier, à cinq heures,
devant la Conférence des ambassadeurs,
uu exposé complet de la situation, dont
copie a été remise à M. Mayer avec une
lettre d'introduction.
On lira plus loin cet exposé, où les
faits sont condensés avec une précision
saisissante. Il ne laisse aucun doute sur
la légitimité de nos droits non plus que
sur la correction et la claire loyauté
qui ont inspiré notre politique exté-
rieure dans cette affaire de la. zone neu-
tralisée, qui intéresse nos alliés au
.moins autant que nous.
M. Millerand s'est refusé très juste-
ment suivre le gouvernement alle-
mand sur le terrain où celui-ci s'est
placé et à ouvrir une polémique avec
lui.
Toute la question qui se pose est celle-
ci. L'article 4-i du traité a-t-il été violé?
Incontestablement. Avions-nous le droit
de prendre nos garanties au cas- oit
l'Allemagne méconnaîtrait cet article
comme il en a déjà méconnu d'autres?
Sans aucun doute. Alors, que signifie
la protestation du gouvernement de
Berlin?
Pourquoi ergoterions-nous avec elle
à propos de textes qui sont limpides et
nets?
Nous ne pousserons pas les choses au
tragique. Nous nous garderons d'invo-
quer le casus belli que crée en fait l'entrée
des troupes allemandes dans la zone
neutre, alors que ces troupes sont infi-
niment plus nombreuses que ne le com-
porterait l'opération de police intérieure
au nom de laquelle Berlin a sollicité une
autorisation spéciale qui, d'ailleurs, lui
a été formellement refusée.
Nous nous sommes bornés, après
avQ.i.r.pris..acte de la duplicité allemande,
à saisir les garanties que nousavons ju-
gées les plus propres a sauvegarder l'a-
venir.
Car enfin, laisser les troupes gouver-
nementales allemandes pénétrer au
delà des limites fixées par le traité,
n'était-ce pas s'exposer à ce qu'elles y
restent? Voilà ce que nous avons voulu
éviter, et voilà pourquoi nous avons
saisi certains gages en disant à l'Alle-
magne « Ces gages, nous lesconserve-
rons tant que vous agirez au mépris du
traité. Mais nous sommes prêts à vous
les restituer aussitôt que vous aurez, en
retirant vos armées, démontré que vous
respectez et le traité de Versailles et la
parole que vous avez donnée à laFrance».
Nous nous sommes placés sur le ter-
rain du droit des gens. La' Société des
Nations, que l'Allemagne invoque à
tort, ne saurait se méprendre ni sur
nos intentions, ni sur la rectitude de
notre politique. Son jugement, nous
l'acceptons d'avance. Mais les Alle-
mands ne trouveront pas mauvais ni
nos alliés qu'en attendant cette sen-
lence,que l'organisation actuelle de laSo-
ciôté des nations ne permet pas deprévoir
très prochaine, nous ayons adopté la
seule attitude qui nous garantisse contre
de nouvelles incartades et que, sans nous
déclarer le moins du monde en guerre
contre nos ennemis d'hier, nous pre-
nions les seules mesures propres à 'leur
faire enfin comprendre que déchirer un
contrat lie va pas toujours sans quel-
ques inconvénients. H. G.
La Note française
Voici le texte de la note à laquelle il
est fait allusion plus haut et qu'a lue
M. Millera-nd à la Conférence des am-
bassadeurs
Avant d'occuper les villes de Francfort,
Darmstadt, Hombourg, Hanau et Dieburg,
le gouvernement français avait pris grand
soin, comme il s'y était engagé, d'avertir et
de consultcr ses alliés. A maintes reprises
depuis la mise en vigueur du traité, il a
prouvé sa volonté de maintenir une entente
étroite avec ses .alliés en inclinant son point
de vue devant le leur. Il a été forcé d'agir le
jour où il s'est trouvé on présence, non seu-
lement de la violation d'une stipulation gé-
nérale du traité qui atteint tous les alliés, et
que sa situation lui rend parti-
culièrement sensible, mais encore d'un man-
quement à la parole qui lui avait été persou-
nellement donnée par le gouvernement allc-
ma d dans les conversations engagées par
celui-ci.
Le 38 mars dernier, le président du Conseil
français déclarait à la tribune de la Cliainbre
des députés que la France, qui en était en-
core à espérer le comme ucenieut des répara-
tions les plus urgentes, no saurait attendre
indéfiniment des décisions qui s'imposent.
Le 29 mars, M. Gœppert déclarait au gou-
vernement français que sou gouvernement
n'envisageait- en aucune façon la possibilité
d'envoyer dans le bassin "de la Ruhr des
troupes supplémentaires sans l'autorisation
préalable du gouvernement français.
Le 2 avril, M. Millerand confirmait au
chargé d'affaires d'Allemagne à Paris la dé-
claration qu'il lui avait faite dés le 28 mars,
que le gouvernement français ne pouvait, en
ce qui le concerne, donner cette autorisation
que si les troupes françaises étaient autori-
sées à occuper simultanément les villes de
Eraucl'ort, Darmstadt, Hombourg, Hanau et
Dieburg.
Le 3 avril au soir, M. Gœppert reconnais-
sait que des troupes do la Reichswehr, dé-
passant l'effectif autorisé par la décision du
9 août 1919, avaient pénétré dans le bassin
de la Ruhr et demandait, au nom du gouver-
nement allemand, que. l'autorisation for-
nielle nécessaire à cet effet fût donnée après
coup au gouvernement allemand.
Le môme jour, à Berlin, le sous-secrétaire
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
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de France et d'Algérie 1e
d Etat aux .affaires ctràn^ores, M. de Han-icl, 1,
déclarait au général Barthélémy (remplaçant
le général Nollet) que le gouvernement alle-
mand avait donné entière liberté d'action au
commissaire d'Empire Severing, pour l'em-
ploi des troupes concentrées eu vue des opé-
rations de la Ruhr et assumait' la responsa-
bilieé de leur action en zone neutre.
Le gouvernement français saisissait aussi-
tôt ses alliés- de cette communication. confir-
mée par ses propres renseignements. En leur r
signalant que le gouvernement alliuuauil
venait d'enfreindre l'article- 44 du traité de
Versailles, dont la violation constitue un
casus belli, le gouvernement français expri-
mait .l'espoir que les gouvernements alliés
reconnaîtraient comme lui la nécessite d'une
sanction immédiate et lui prêteraient leur
concours effectif pour l'exécution do mesures
militaires qui, désormais, ne pouvaient plus
être évitées ni différées.
Ce n'était d'ailleurs pas la première fois
que le gouvernement français exposait à ses
alliés cette nécessité. Dès le 2o mars, le gou-
vernement français avait porté la proposi-
tion d'occuper Francfort et Darmstadt devant
le Conseil de Londres, qui exprima l'opinion,
le 25 mars, que le moment était inopportun.
Le gouvernement allemand s'est adressé di-
rectement au gouvernement français pour
obtenir l'autorisation de faire entrer des
troupes dans le bassin de la Ruhr. Le gou-
vernement français n'avait aucune raison de
se prêter à cette infraction au traite, puisque
tous ses renseignements concordaient', avec
ceux de tous ses alliés pour amener à consi-
dérer unanimement l'occupation militaire
du bassin de la Ruhr comme inutile et dan-
gereuse.
D'autre part, tous les faits tendent a dé-
montrer que l'initiative de cette opération
doit être attribuée au parti militaire allemand.
C'est le gouvernement militaire de M. Kapp
qui l'a prise. C'est le parti militaire qui, mal-,
gré. les fortes objections qui ont été présen-
tées dans le sein même du gouvernement
allemand contre l'intervention projetée,' a. a
affirmé l'impossibilité de rétablir l'ordre sans s
une agmentation de.forces dans le bassin de
la Ruhr.
La France s'est donc trouvée en présence
d'une mesure qui, dans l'opinion unanime
des Alliés, ne pouvait être exécutée sans une
autorisation préalable qui n'était justifiée en
rien par les circonstances et que le gouver-
nement allemand avait pris l'engagement
formel envers la France de ne jamais réali-
ser sans son autorisation.
Cette mesure acquérait une gravité singu-
lière du fait que les Alliés n'ont pu encore
obtenir, malgré leur insistance, l'exécution
des clauses du traité relatives au désarme-
ment de l'Allemagne.
Le gouvernement français a donc agi dans
l'intérêt général en même temps que dans
l'intérêt de la France il était nécessaire
qu'il prît, conformément au Traité de Ver-
sailles, une mesure indispensable à sa propre
sécurité.
Il n'a pas besoin d'ailleurs de rappeler
qu'il est résolu, à évacuer les villes occupées,
aussitôt que les iroiip'es allemandes auront
évacué complètement la zone neutre.
L'attitude du gouvernement français, jus-
tifiée par l'action du gouvernement alle-
mand, ne modifie d'ailleurs pas ses disposi-
tions à l'égard de l'Allemagne avec laquelle
il souhaite entrer en relations commer-
ciales sur le pied d'une coopération écono-
mique dont la situation de l'Europe. 110
pourra que bénéficier.
Le 26 mars, lo président du Conseil fran-
çais s'exprimait dans ce sens à la tribune du
Parlement
Je n'exclus pas pour ma part, disait-il, l'idéiî
d'une collaboration économique j'en aperçois
déjà certaines modalités, mais à. une condition
première qui domine tout c'est que vous, gou-
vernement allemand, avec lequel, je le répète,
je suis prêt demain :i collaborer économique-
ment,' vous donniez d'abord la preuve de votre
bonne foi en exécutant vos engagements.
Le 29 mars, M. Millerand confirmait ù
M. Mayer ses intentions d'ouvrir une ère de
relations nouvelles avec l'Allemagne ait
moyen d'une coopération économique.
Le 4 avril, le gouvernement de la Répu-
blique, en annonçant à ses représentants à
l'étranger la décision qu'il avait prise, les
priait de faire savoir qu'en prenant cette at-
titude, il n'obéissait à aucune pensée hostile
à l'égard de l'Allemagne il réitirait l'assu-
rance que la France souhaitait do pouvoir
renouer bientôt avec l'Allemagne des relations
normales sur la base d'accords économiques.
Il ajoutait que toute ouverture sérieuse qui
serait faite dans ce sens serait assurée de
trouver auprès de lui un accueil favorable,
et qu'il considérait môme que, dans certai-
nes circonstances, l'initiative pourrait venir
de la France.
Une protestation allemande
Voici le texte de la protestation du
gouvernement allemand remise hier à
M. Millerand
Le gouvernement français a fait savoir au
gouvernement allemand que le général com-
mandant en chef l'armée du Rhin avait reçu
l'ordre d'occuper Francfort, Hailau, Danii-
stadt, Hombouvgofc Dieburg parce que la de-
mande faite d'arrêter la marche en avant
des troupes allemandes n'avait pap, été exé-
cutée. Le gouvernement français a ajouté
que l'occupation prendrait fin lorsque les
troupes allemandes auraient quitté la région
industrielle.
L'occupation des villes ci-dessùs mention-
nées a eu lieu avant munie que la note an-
nonçant cette occupation ait été transmisse.'
Si, malgré cela, le sang n'a pas coulé, c'est
au gouvernement allemand qu'on le doit,
lequel,, pour éviter un malheur plus grand,
a donné l'ordre de n'offrir aucune résistance.
Cependant, le gouvernement allemand pro-
teste de la façon la plus formelle, au nom
du droit, de la raison et de l'humanité, con-
tre l'occupation par l'armée française de
villes allemandes.
Le gouvernement allemand ne veut pas
discuter, avec le gouvernement français sur
le point de savoir s'il y a ou violation des
articles 42 et 44. Il est impossible que le
traité de Versailles veuille empêcher l'Alle-
magne de .rétablir l'ordre dans une de ses
provinces dans un délai si bref, ordre qui a
été troublé profondément par des bandes do
pillards et d'assassins.
Le gouvernement allemand ne pouvait
conserver l'espoir de voir le soulèvement de
la région industrielle prendre fin sans inter-
vention militaire. D'ailleurs, les événements
lui ont donné raison. Partout où les troupes
ont pénétré, le mouvement s'est éteint rapi-
dement mais là où les troupes allemandes
n'ontpas encore pénétré, la révolte jette en-
core ses flammes et il n'a été livré d'armes
en quantité appréciable que dans les locali-
tés occupées.
Aussi peut-on soutenir pleine convic-
tion qu'il n'y a pas eu de violation voulue
du traité de paix, violation qui pùt entraî-
ner pour le gouvernement allemand une
responsabilité aux ternies mêmes du traité.
Et alors même qu'une pareille violation ko
serait j>ro.duite, l'acte de violence accompli
Le Numéro quotidien DIX CENTIMES en France Branger ;'• VINGT CfiUtlMES
Jeudi8AvpSM920
Gaston CALMETTE
Directeur (1902-1914)
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Les Annonces et Réclames sont également reçues
à la Société Gle des Annonces, 8, place de la Bourse
Les libertés germaniques
Il faut être affligé de cette maladie.du
'verbalisme quiestle fléau de notre épo-
que pour croire que ta signature d'un
papier solennel suffit pour établir la
paix. Les négociations des traités de
Westphalie ont duré huit ans, et il a
fallu, au milieu, reprendre les armes
pour confirmer les articles délibérés vai-
nement par les plénipotentiaires. Or, la
guerre de 1914-1918 a été un événement
autrement grave,, une tempête autre-
ment violente, et produisant un trouble
autrement profond dans les relations
internationales. Donc, selon toute vrai-
semblance, plus de temps est nécessaire
encore pour que le calme soit rétabli.
La paix ne dépend pas des paroles
des diplomates; elle, n'arrive que par la
lassitude des courages et par l'adhésion
profonde des cœurs. Tant qu'il y aura
dans le monde des volontés hostiles, la
.:guerre couve comme un feu sous la
cendre. Le moindre souffle peut rallu-
mer l'incendie.
Le traité de Versailles a laissé l'Alle-
magne à l'état de bloc unitaire et les
puissances alliées n'ont pris, à l'égard
d'un ennemi à demi vaincu, que le mi-
nimum de sécurités. C'était tenter le
diable. Or, le. diable succombe à la ten-
tation, et c'est la France, la plus exposée
et par conséquent la plus inquiète, que
l'on accuse de « militarisme »
Suite logique des choses Le président
Wilson, pas lier, au fond, du succès de
son œuvre devant l'opinion de son pro-
pre pays, en veut à tout le monde quand
il ne devrait en vouloir qu'à lui-même.
Son humeur étrange encourage ses en-
nemis de la veille; il se lance, les yeux
̃fermés et les dents serrées, dans.une
politique imprévue, une sorte de paci-
fisme irrité que, de toutes façons, son
autorité présidentielle ne pourra con-
duire jusqu'à ses ultimes conséquences,
car il y a bien des chances pour qu'au-
paravant il soit rendu, comme tant d'au-
tres, à ses chères études. En attendant,
il complique, par son obstination, une
situation que sa farouche intransigeance
a créée. Ce ne sera pas un des specta-
cles les moins extraordinaires de l'his-
toire que le contraste entre la puissance
verbale et l'impuissance réelle d'un
homme auquel fut confié, un instant, le
sort du monde.
Les résultats de cet aveuglement, or-
gueilleusement exigeant et, candidement
obéi, se découvrent maintenant.
Il n'y avait que deux solutions pour
obtenir de l'Allemagne, toute chaude
.encore du plus ardent militarisme, une
paix durable soit une défaite complète,
soit une occupation continue; en un
.mot, il fallait détruire l'Allemagne de
Bismarck on s'est appliqué à la conser-
ver. -Telle est la faute dont les signa-
taires de 1918 ne s'excuseront jamais
assez devant l'histoire.
Cette Allemagne, si soigneusement
•ménagée, la voilà déjà debout devant
"nous et qui nous mesure du-regard.
Que faut-il faire, maintenant ? Y
L'Allemagne est debout, menaçante
mais elle est tout de même divisée. Tel
est le fait nouveau dont il faut s'appli-
quer à mesurer maintenant les prochai-
nes conséquences.
Tout de même, le militarisme a donné
sa mesure après avoir soulevé le monde
entier contre lui, il s'est fait battre il a
ruiné non seulement ie monde, mais son
propre pays; il a menti à toutes ses pro-
messes. De croire qu'il a retrouvé et re-
trouvera en Allemagne sa pleine et en-
tière autorité, ce serait bien mal connaî-
tre les peuples. Ils ne pardonnent pas à
leurs chefs leurs propres erreurs. Il leur
'faut des boucs émissaires; l'histoire est
une perpétuelle recherche et punition
des responsabilités. En France, 1830 a
payé 1815 et 1870 a payé 1852. La dy-
nastie des Hohenzollern n'a pas obtenu
son quitus, tant s'en faut, et le milita-
risme pas davantage.
Contre lui, quoiqu'il fasse belle mine
à mauvais jeu, un autre parti s'est levé.
La république radicale socialiste a fait
son 4-Septembre elle tient le pouvoir,
elle tâche de s'enraciner dans les cou-
ches profondes du pays encore faible
il est vrai, fragile, précaire, sans appui
dans le passé, sans garantie pour l'ave-
nir, elle tient la place, cependant. Elle
ne se laissera pas déraciner sans vio-
lence et sans lutte. En cas d'alerte, elle
se connaît désormais un asile « Stutt-
gart ». En un mot, l'Allemagne est di-
visée.
Elle est divisée politiquement et elle
est divisée géographiqùement. Je n'in-
sisterai pas sur les- dissensions profon-
'des existant séculairement entre Est et
l'Ouest, entre le Nord et le Sud. Je m'en
tiendrai au mot du prince de Biïlow.:
« Dans l'histoire de l'Allemagne, l'union
est l'exception; la règle est le particu-
larisme. Cola est vrai du présent corn me
du passé. »
Mais cette division profonde de l'Al-
lemagne, soit dans les sentiments soit
dans les intérêts, soit dans les souve-
nirs, soitdans les aspirations, a toujours
eu, aux grandes époques de trouble,
une conséquence qui est, elle aussi,
dans la logique des choses la guerre
civile. Quand l'ordre du moyen âge fut
arrivé à son terme et que les temps de
la Renaissance éurent amené des dispo-
sitions nouvelles, quand la politique des
villes hanséatiques eut produit les
grandes crises économiques et sociales,
les famines et les immenses souffrances
qui en résultèrent, ies peuples alle-
mands se soulevèrent; des insurrec-
tions d'une violence inouïe éclatèrent.
Ce peuple brutal s'abandonna aux excès
de sa cruauté naturelle et se mit à bas
de sang de ses propres mains.
La riche Germanie du moyen âge finit
-danscette catastrophe; tous les souvenirs
de son magnifique passé ont, pour ainsi
dire, disparu parce que sa rage les avait
anéantis. Un siècle plus tard, la guerre
.civilerecornmença. C'est la « guerre de
Trente ans ». Catholiques contre pro-
testants. Sud contre Nord, se ruèrent en
un corps à corps si atroce que le souve-
nir en surprend encore l'histoire. Le
sac de Magdebourg n'est qu'un fait cé-
lèbre parmi cent autres. Quand les Al-
lemagnes s'en mêlent, elles se rasent il
Tond. Les invasions germaniques ne
sont jamais pires ,que quand elles se
renferment et se recuisent dans. les li-
mites mêmes de l'Allemagne.
Or, que fait l'Europe en ces cas-là?
Craignant la contagion, elle se tient
d'abord, autantqu'ellë le peut, à l'écart.
Mais peu à peu, le feu s'approche, les
cris de douleur s'élèvent, le spectacle
devient terrible; les misères implorent;
la terreur et la 'pitié agissent en même
temps. L'Europe a besoin d'ordre. Or, il
n'y a pas d'ordre possible en son sein;
avec une Allemagne troublée. Aussi,
qu'elle le veuille ou non, un jour ou
l'autre, elle est obligée d'intervenir.
Contre les violences des plus enragés,
contre les lansquenets et les bandes dé-
chaînées, contre les partis militaires
qui deviennent si facilement des partis
de domination et de. conquête, elle est t,
bien obligée de se dresser, et elle prend
finalement, selon' les termes mêmes'
dont se servait le dix-septième siècle,
la défense des libertés germaniques.
Toute la politique européenne à l'é-
gard de l'Allemagne s'est résumée, dans
tous les temps, en cette célèbre for-
mule.
Mais, rien que par ce mot de liberté,
on sent que cette formule suppose un
point d'appui au sein de l'Allemagne
elle-même. Il n'est pas possible que ces
populations, parentes et voisines de tous
les peuples européens, échappent aux
influences extérieures; il n'est pas pos-
sible que quelque parti, dans sa rage et
sa volonté de vaincre, n'ouvre pas les
portes aux pacificateurs et aux modéra-
teurs, qui ont tant d'intérêt à ne pas
laisser l'incendie se propager. M. Mil-
lerand disait l'autre jour « La France
n'est pas un gendarme. >•̃ Le mot lui est
venu sur les lèvres. Pourtant, il arrive
un jour où, devant l'abîme ouvert au
centre de l'Europe (in centro Europœ,
comme disait le vieux latin diplomati-
que), la loi de l'ordre finit par venir et
s'imposer du dehors. Un Richelieu, un
Gustave-Adolphe, un Louis XIV, un Na-
poléon sont appelés par les vœux du
pays lui-même. Une sage coordination
des efforts, tant intérieure qu'extérieure,
travaille .à cette œuvre si éminemment
eucQpéenaGv;»-le rétabUs.s&ment de la
paix germanique.
Notre politique historique s'est tou-
jours trouvée prête parfois à son dam
pour cette circonstance critique. Elle
ne la désire pas; elle ne la provoque pas.
Mais si elle se présente d'elle-môme, elle
la saisit. L'intérêt universel prime les
plus sages résolutions. Les liberté ger-
maniques, ce n'est pas un 'mot invente
par les faiseurs de protocole c'est
quelque chose de vivant et de réel, q#ï 'i
survit même aux événements en app,%?
renée les plus contraires et qui ne veuf
pas mourir.
Si les auteurs du traité de Versailles
eussent eu une connaissance plus ap-
profondie de l'histoire de notre vieux
continent, ils se seraient dit, avant de
commencer, que la paix de l'Europe dé-
pend de la pacification de l'Allemagne
et qu'il fallait, avant tout, rendre à ces
populations la jouissance pleine et en-
tière de leurs droits, c'est-à-dire de leurs
libertés.
En consultant ces peuples, en les ap-
pelant au Congrès de la paix, on eût
posé, d'accord avec eux, les bases du
régime nouveau, et csances alliées l'eussent établi et conso-
lidé rien que par leur- présence, leurs
exemples et leurs conseils. Elles ont
laissé l'Allemagne à elle-même ou, pour
parler plus exactement, à la conquête
prussienne.
Nous voyons déjà et nous verrons
bientôt les suites d'une si funeste er-
reur. Mais, de toutes façons, les choses
se dérouteront de telle sorte que cette
intervention refusée par l'Allemagne
d'aujourd'hui sera sans doute réclamée
par l" Allemagne de demain. Pourvu
qu'il ne soit pas trop tard et que la con-
tagion de l'Est n'ait pas déjà gagné les
rives du Rhin que nous avons tant de
peine à protéger!
Tout fait prévoir que cette heure son:-
nera comme elle a déjà sonné si souveat
au cours de l'Histoire/ Il appartient a.uxj `
hommes d'Etat avertis de la prévoir, et-
de préparer, au sein d'une Allemagne1
nouvelle, les jours ou la définitive paci-
fication du monde sera rendue possible
par la restauration des libertés germa-
niques. Gabriel Hanotaux,
do l'Académie française..
La fin del*« Office national »
On communique cette note:
'L'Office National de la Prosso s est réuni
hier en assemblée, pléniôre 260 r journaux
étaient représentés.
•Au cours d'une première séance, une délé-
gation a été désignée pour aller, avec le Co-
mité de l'Office, présenter à M. le président
du Conseil toute une série dedécisions prises
par l'assemblée et pour l'entretenir notam-
ment sur l'augmentation du prix de vente
des journaux.
M. le président du Conseil a reçu le Co-
mité de l'Office et la délégation de l'assem-
blée plénière au cours de laquelle le Comité,
considérant qu'il se trouvait dans l'imposbi-
bitté absolue d'assurer la publication régu-
tière de la presse, lui a annoncé qu'il allait
adresser sa démission .à M. le président du
t.onseil. -L'assemblée plôuiêrt: a- accepté cette
démission et, reaxsant de nommer un nou-
veau comité, a décidé que la liquidation de
l'Office serait poursuivie dans le Comité dé-
missionnaire dans les conditions prévues
par l'assemblée plénièro du 10 mars der-
nier, le Corn té démissionnaire, continuant â
assurer cette liquidation,
L'assemblée, avant dé se séparer, a voté
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse
de rire de tout. de peur d'.être obligé d'en pleurer. ?> (-Beaumarchais.)- ̃
par acclamation ses remerciements, à tout Ln,
Comité de IWfice pour le» services rendus 4'
la Presse peudafit le l'onctjomkenïôjrt ..dë/ect
organisme.
Il résulte de ce qui précède que les
journaux rie sont, plus tenus désormais
de s'adresser à l'Office national de la
presse pour leurs achats de papier.
La Politique du Traité
^K Nous étions arrivés à là limite ex-
.Irême où le traité de paix allait
tomber en loques, un peu par notre
faute, plus peut-être par celle de nos
alliés. Nous nous. -serions trouvés alors
avec un sentiment national désorienté
et-déçu,- séparé de sa base, incapable de
réagir. C'était le calcul des révolution-
naires de toutes sortes qui comptaient
ainsi lie plus rencontrer devant eux la
résistance profonde du patriotisme. On
le voit bien aux fureurs des socialistes
exaspérés par l'occupation de Francfort
et qui essayent de dresse^ l'Amérique
contre nous sur la crainte d'un milita-
risme français.
Le, gouverne m ont de M. Millerand a
saisi l'heure exacte et discerne l'occa-
sion favorable pour inaugurer cûu'iï unç
politique du traité c'est-à-dire une po-'
litique qui ne cessât de tenir rassem-
blées toutes les forces matérielles et
morales de la France, capables d'assu-
rer l'exécution du traité de paix. Car,
tel qu'il est, malgré ses lacunes, il est t
le seul statut de la victoire que nous
ayons en mains. Notre esprit doit donc
le débarrasser de ses imperfections pour
n'y plus voir que les valeurs. réelles. et,
au-dessus, le sens symbolique.
Le traité de Versailles est, en effet, le
terrain sur lequel vont s'engager les
grandes luttes de la paix, les luttes so-
ciales intérieures, aussi bien que les
luttes économiques entre nations. Tout
le' jeu révolutionnaire à tendances so-
viétiques conclut donc à déchirer d'abord
le traité, puisque la nécessité d'en sur-
veiller l'exécution exige le maintien
d'une armée et dé l'ordre et l'Alle-
magne, de son côté, ne peut reprendre?
de supériorité sur nous qu'en n'étant}
pas contrainte d'en observer les clauses.
On aperçoit là, une fois de plus, les liens-
qui unissent l'intérêt allemand et l'in-
ternatkmaliemev --̃̃ ( -̃ K/i:
II paraît' impossible que nos alliés ^ct ,j~,
Il paraît fin p ~o's*f~fe*qu' s 1 e nos a Ilies c, l'
surtout l'Angleterre ne unissent par dé-
couvrir ces rapports et en prévoir les
conséquences. Le rôle de ^intelligence
et de l'opinion françaises est de les meU
tre sans cesse en lumière, et le rôle do
nos gouvernants d'en tirer la leçon po-,
litique.
̃ Alfred Capus,
7' dû l'Académie française.
ÉCHOS
Non, nies amis, non, jo no veux rien ûtre
Ainsi chantait Béranger..
Le compositeur M. Maurice Ravel
veut bien être quelque chose, mais pas
chevalier de la Légion d'honneur.
M. Léon Béra'rd, ministre des beaux-
arts, qui goûtait vivement son réel ta-
lent, lui avait donné la croix en janvier
dernier. M. Ravel fut désagréablement
surpris par cette distinction. Il voulut
refuser la décoration offerte. Des amis
intervinrent: «A quoi bon répondre à
une attention par 1111 procédé désobli-
geant!11 est s i. si m pie da. ne 'point
porter la croix qu'on n'a ni demandée,
ni désirée et qui déplaît. Et puis, cela
a si peu d'importance !»
M. Maurice Ravel persista dans son
intransigeance, et le Président de la
République, M. Deschancl, avant-hier,
a signé, le ministre de l'instruction pu-
blique et des beaux-arts, M. André llon-
norat, a contresigné un décret rappor-
tant celui de MM. Poincaré et Bérard
qui portait nomination de M. Maurice
Ravel dans l'ordre do la Légion d'hon-
neur.
Si des gens pdu parisiens demandent
un jour comment il se fait qu'un musi-
cien tel que celui-là ne soit pas décoré.
on saura pourquoi.
La devinette.
Une autre réponse la question
posée par M. Théodore Reinach nous
est arrivée hier, dans la journée, en re-
tard d'un jour sur celle du. gagnant.
II est vrai qu elle aurait pu arriver un
peu plus tôt. Le signataire de cette
lettre, abonné du Figaro, M. René Ha-
chette, avait, par distraction, mis sa
lettre (envoyée par pneuuiatique) sous
une enveloppe insuffisamment affran-
chie Elle a été « postalisée », comme on
dit. <
Deux tilleuls.
Le voyageur curieux de visiter le bas-
sin de la Ruhr, dont il est tant parlé de-
puis quelques jours, rencontrera àDort-
mund, la cité la plus populeuse du
district, véritable capitale industrielle
de la Westphalie, mentionnée dans les
chroniques dès le dixième siècle, un,
bien curieux monument de la vieille
Germanie.
C'est, en pleine gare, respectueuse-
ment sauvegardés par les architectes
qui l'ont bâtie, les tilleuls de la Sainte-
Velime. Ils sunt deux; sous leurs om-
brages séculaires siégeaient, paraît-il,
les redoutables justiciers dont lesarrêts
faisaient trembier l'Allemagne entière.
C'est sous ces tilleuls de Dorirnund,
que t empereur Sigismond fut initié, en
1429, aux mystères vehmiques, propagés
le fer à la "main par. cent mihe adhé-
rents.
Le Masque- de Fer.
les troupes
en Allemagne
LES OPÉRATIONS
COMMUNIQUÉ OFFICIEL
Les opérations militaires de la jour-
née du 6 avril surFrancfort, Darmstadt,
Diebourg et Hanau ont été complétées
dans la journée du 7. par l'occupation
de la ville de Hombourg, à 15 kilomè-
tres au nord de Francfort.
L'occupation de Hombourg s'est ef-
fectuée sans le moindre incident. Tout
est calme dans la région nouvellement
occupée.
UNE ÉCHAUFFOURÉE
A FRANCFORT
AGRESSION CONTRE NOS SOLDATS
Le calme signalé par ce communique
a Olélroublé par un grave incident: une
échautîourée s'est produite à Francfort,
sur laquelle on n'a pas encore de rensei-
gnements précis, le rapport du général
de Metz n'étant pas encore arrivé au
quartier général.
.̃ D'après une.dépêche de Mayence,
la population dé' Francfort avait ob-
servé, pendant toute la journée du 0,
une attitude calme. Hier matin, les ma-
gasins se sont ouverts iL l'heure habi-
tuelle et la population s'est rendue à
ses occupations' ordinaires. Dans les
rues et sur les places publiques, aucun
signe d'agitation.
En une heure,tout se trouvait subite-
ment modifié dans un sens défavorable.
Journalistes et officiers' français n'ont
pas vu sans surprise les magasins, ou-
verts le matin, se fermer avec ensemble
et des groupes, composés en. majorité
dé jeunes gens et d'étudiants, tenir des
palabres en public. Il semblait qu'une
partie de la population' venait d'obéir à
un mot d'ordre concerté d'excitation
contre nos troupes.
On ne possède pas- encore de détails
sur les incidents qui se sont alors pro-
duits presque simultanément sur tous
les points de la ville.
Une intervention énergique des trou-
pes françaises a rétabli l'ordre.
Suivant des renseignements de source
allemande, il y aurait six tués et trente-'
cinq blessés du côté allemand.
On a des raisons de croire que les
\iBàhifë§tâtJbn§ qui ont provoqué ces' in-
cidents sont dues à un- ordre venu de
Berlin.
L'AVIS DU GÉNÉRAL DEGOUTTE
Mayonce, 1 avril.
Au retour d'une tournée dans le nou-
veau secteur occupé le général De-
goutte, commandant' en chef des armées
alliées du Rhin, a fait, à un rédacteur de
l'Agence [lavas, d'intéressantes déclara-
tions
La première journée de l'occupation à
Francfort, nous déclare le général Degoutte,
s'est passée sans le moindre incident et l'ac-
cueil de la population avait été presque cor-
dial. Puis, tout à coup, sur un ordre venu do
Berlin, une certaine effervescence s'est em-
parée de la population. Cette effervescence a
dégénéré en agression, et nos soldats, en état
do légitime défense, ont dû faire usage de
leurs armes.
Avons-nous perdu des nôtres, mon gé-
néral `!
Pas à ma connaissance, répondit le gé-
néral Dégoutte. L'incident démontre à quel
point nous devons surveiller les agissements
de Berlin et c'est pourquoi les événements
de la Ruhr retiennent toute mon attention.
Il n'est pas possible de considérer séparé-
ment la Ruhr et ce qui se passe ici. Tout
s'enchaîne dans les événements dont nous
sommes les témoins.
Ou peut porter au compte do la même l'éaG-
tiop. militaire l'agression d'aujourd'hui, a
Francfort, et les événements du bassin de la
Ruhr. Nos renseignements à ce sujet sont
accablants.
Le gouvernement de Berlin a permis a la
Reiehswohr d'envahir sans nécessité le bas-
sin ouvrier parce que tel était le désir de
Kapp, des Luttwitz et de leurs semblables.
Le coup .d'Etat du 13 mars n'ayant échoué
que par le déclenchement de la grève géné-
rale, le parti militaire a voulu prendre sa
revanche sur la classe ouvrière, et il a in-
venté le péril bolcheviste de la Ruhr. Or, il
.faut qu'on le sache, en France et ailleurs, il
n'y a jamais eu de péril bolchevistedaus
la Ruhr. Il y a simplement une population
ouvrière qui hait le mi.itàrisme prussien et
qui ne demande qu'à travailler en paix, et
cette population travaillait hier encore à
Fssen. Ce qui se passe maintenant vient de
ce que la Reichswehr occupe le pays.
Mais, mon général, ne croyez-vous pas
que le gouvernement, de Berlin, après notre
opération d'hier, va rappeler la Reichswehr? "?
Jameu's de la vie répond vivement le
général qui, parlant des répercussions écono-
miques, déclare
Voici un chiffre, un seul, mais il est
éloquent Hier, la Ruhr nous a livré encore
13,000 tonnes de charbon aujourd'hui, pas
une tonne n'a passé la frontière. Je vous
caisse le soin de conclure.
LE DÉSARMEMENT
Une décision de la commission interalliée
Berlin, 7 avril.
Le général Nollet, en qualité de pré-
sident de la commission militaire inter-
alliée, a transmis au gouvernement
allemand une note dans laquelle il
prend acte qu'à la date du 10 avril, selon
lapromessedu gouvernement allemand,
celui-ci renverrait les engagés volon-
taires de la Reichswehr.
En ce qui concerne les gardes civi-
ques, la commission apris les décisions
suivantes
« Les gardes civiques ne peuvent plus
'être utilisées bien qu'elles cherchent dès
maintenant « se dissimuler sous le ca-
ractère dune organisation purement ci-
vile.
» Quel que puisse être leur rôle pour
le maintien de l'ordre à l'intérieur, il
n'en est pas moins clair que leur arme-
ment, leur encadrement, leurs effectifs
sont maintenus constamment à la
même hauteur et favorisent incontcsla-
lileincnt une mobilisation .défendue par
le traité de Versailles et par le traité de
paix.
» De plus, certains indices indiquent
que les gardes civiques effectuent fré-
j quemment des exercices militaires.:Les
gardes civiques sont donc en contradic-
tion avec les articles 166, 175, 177 et 178
du traité de Versailles.
» La Commission de contrôle interal-
liée vous informe, en conséquence, au
nom des puissances alliées et associées,
que le '10 avril 1920 est le jour fixé
pour la réduction de l'armée allemande
à 200.000 hommes et comme limite ex-
trême pour l'exécution de la décision du
̃Ier décembre 1918. »
La situation diplomatique
M. Millerand, ministre des affaires
étrangères, a lu hier, à cinq heures,
devant la Conférence des ambassadeurs,
uu exposé complet de la situation, dont
copie a été remise à M. Mayer avec une
lettre d'introduction.
On lira plus loin cet exposé, où les
faits sont condensés avec une précision
saisissante. Il ne laisse aucun doute sur
la légitimité de nos droits non plus que
sur la correction et la claire loyauté
qui ont inspiré notre politique exté-
rieure dans cette affaire de la. zone neu-
tralisée, qui intéresse nos alliés au
.moins autant que nous.
M. Millerand s'est refusé très juste-
ment suivre le gouvernement alle-
mand sur le terrain où celui-ci s'est
placé et à ouvrir une polémique avec
lui.
Toute la question qui se pose est celle-
ci. L'article 4-i du traité a-t-il été violé?
Incontestablement. Avions-nous le droit
de prendre nos garanties au cas- oit
l'Allemagne méconnaîtrait cet article
comme il en a déjà méconnu d'autres?
Sans aucun doute. Alors, que signifie
la protestation du gouvernement de
Berlin?
Pourquoi ergoterions-nous avec elle
à propos de textes qui sont limpides et
nets?
Nous ne pousserons pas les choses au
tragique. Nous nous garderons d'invo-
quer le casus belli que crée en fait l'entrée
des troupes allemandes dans la zone
neutre, alors que ces troupes sont infi-
niment plus nombreuses que ne le com-
porterait l'opération de police intérieure
au nom de laquelle Berlin a sollicité une
autorisation spéciale qui, d'ailleurs, lui
a été formellement refusée.
Nous nous sommes bornés, après
avQ.i.r.pris..acte de la duplicité allemande,
à saisir les garanties que nousavons ju-
gées les plus propres a sauvegarder l'a-
venir.
Car enfin, laisser les troupes gouver-
nementales allemandes pénétrer au
delà des limites fixées par le traité,
n'était-ce pas s'exposer à ce qu'elles y
restent? Voilà ce que nous avons voulu
éviter, et voilà pourquoi nous avons
saisi certains gages en disant à l'Alle-
magne « Ces gages, nous lesconserve-
rons tant que vous agirez au mépris du
traité. Mais nous sommes prêts à vous
les restituer aussitôt que vous aurez, en
retirant vos armées, démontré que vous
respectez et le traité de Versailles et la
parole que vous avez donnée à laFrance».
Nous nous sommes placés sur le ter-
rain du droit des gens. La' Société des
Nations, que l'Allemagne invoque à
tort, ne saurait se méprendre ni sur
nos intentions, ni sur la rectitude de
notre politique. Son jugement, nous
l'acceptons d'avance. Mais les Alle-
mands ne trouveront pas mauvais ni
nos alliés qu'en attendant cette sen-
lence,que l'organisation actuelle de laSo-
ciôté des nations ne permet pas deprévoir
très prochaine, nous ayons adopté la
seule attitude qui nous garantisse contre
de nouvelles incartades et que, sans nous
déclarer le moins du monde en guerre
contre nos ennemis d'hier, nous pre-
nions les seules mesures propres à 'leur
faire enfin comprendre que déchirer un
contrat lie va pas toujours sans quel-
ques inconvénients. H. G.
La Note française
Voici le texte de la note à laquelle il
est fait allusion plus haut et qu'a lue
M. Millera-nd à la Conférence des am-
bassadeurs
Avant d'occuper les villes de Francfort,
Darmstadt, Hombourg, Hanau et Dieburg,
le gouvernement français avait pris grand
soin, comme il s'y était engagé, d'avertir et
de consultcr ses alliés. A maintes reprises
depuis la mise en vigueur du traité, il a
prouvé sa volonté de maintenir une entente
étroite avec ses .alliés en inclinant son point
de vue devant le leur. Il a été forcé d'agir le
jour où il s'est trouvé on présence, non seu-
lement de la violation d'une stipulation gé-
nérale du traité qui atteint tous les alliés, et
que sa situation lui rend parti-
culièrement sensible, mais encore d'un man-
quement à la parole qui lui avait été persou-
nellement donnée par le gouvernement allc-
ma d dans les conversations engagées par
celui-ci.
Le 38 mars dernier, le président du Conseil
français déclarait à la tribune de la Cliainbre
des députés que la France, qui en était en-
core à espérer le comme ucenieut des répara-
tions les plus urgentes, no saurait attendre
indéfiniment des décisions qui s'imposent.
Le 29 mars, M. Gœppert déclarait au gou-
vernement français que sou gouvernement
n'envisageait- en aucune façon la possibilité
d'envoyer dans le bassin "de la Ruhr des
troupes supplémentaires sans l'autorisation
préalable du gouvernement français.
Le 2 avril, M. Millerand confirmait au
chargé d'affaires d'Allemagne à Paris la dé-
claration qu'il lui avait faite dés le 28 mars,
que le gouvernement français ne pouvait, en
ce qui le concerne, donner cette autorisation
que si les troupes françaises étaient autori-
sées à occuper simultanément les villes de
Eraucl'ort, Darmstadt, Hombourg, Hanau et
Dieburg.
Le 3 avril au soir, M. Gœppert reconnais-
sait que des troupes do la Reichswehr, dé-
passant l'effectif autorisé par la décision du
9 août 1919, avaient pénétré dans le bassin
de la Ruhr et demandait, au nom du gouver-
nement allemand, que. l'autorisation for-
nielle nécessaire à cet effet fût donnée après
coup au gouvernement allemand.
Le môme jour, à Berlin, le sous-secrétaire
H. DE VILLEMESSANT
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'On s'abonne dans tous les bureaux de poste
de France et d'Algérie 1e
d Etat aux .affaires ctràn^ores, M. de Han-icl, 1,
déclarait au général Barthélémy (remplaçant
le général Nollet) que le gouvernement alle-
mand avait donné entière liberté d'action au
commissaire d'Empire Severing, pour l'em-
ploi des troupes concentrées eu vue des opé-
rations de la Ruhr et assumait' la responsa-
bilieé de leur action en zone neutre.
Le gouvernement français saisissait aussi-
tôt ses alliés- de cette communication. confir-
mée par ses propres renseignements. En leur r
signalant que le gouvernement alliuuauil
venait d'enfreindre l'article- 44 du traité de
Versailles, dont la violation constitue un
casus belli, le gouvernement français expri-
mait .l'espoir que les gouvernements alliés
reconnaîtraient comme lui la nécessite d'une
sanction immédiate et lui prêteraient leur
concours effectif pour l'exécution do mesures
militaires qui, désormais, ne pouvaient plus
être évitées ni différées.
Ce n'était d'ailleurs pas la première fois
que le gouvernement français exposait à ses
alliés cette nécessité. Dès le 2o mars, le gou-
vernement français avait porté la proposi-
tion d'occuper Francfort et Darmstadt devant
le Conseil de Londres, qui exprima l'opinion,
le 25 mars, que le moment était inopportun.
Le gouvernement allemand s'est adressé di-
rectement au gouvernement français pour
obtenir l'autorisation de faire entrer des
troupes dans le bassin de la Ruhr. Le gou-
vernement français n'avait aucune raison de
se prêter à cette infraction au traite, puisque
tous ses renseignements concordaient', avec
ceux de tous ses alliés pour amener à consi-
dérer unanimement l'occupation militaire
du bassin de la Ruhr comme inutile et dan-
gereuse.
D'autre part, tous les faits tendent a dé-
montrer que l'initiative de cette opération
doit être attribuée au parti militaire allemand.
C'est le gouvernement militaire de M. Kapp
qui l'a prise. C'est le parti militaire qui, mal-,
gré. les fortes objections qui ont été présen-
tées dans le sein même du gouvernement
allemand contre l'intervention projetée,' a. a
affirmé l'impossibilité de rétablir l'ordre sans s
une agmentation de.forces dans le bassin de
la Ruhr.
La France s'est donc trouvée en présence
d'une mesure qui, dans l'opinion unanime
des Alliés, ne pouvait être exécutée sans une
autorisation préalable qui n'était justifiée en
rien par les circonstances et que le gouver-
nement allemand avait pris l'engagement
formel envers la France de ne jamais réali-
ser sans son autorisation.
Cette mesure acquérait une gravité singu-
lière du fait que les Alliés n'ont pu encore
obtenir, malgré leur insistance, l'exécution
des clauses du traité relatives au désarme-
ment de l'Allemagne.
Le gouvernement français a donc agi dans
l'intérêt général en même temps que dans
l'intérêt de la France il était nécessaire
qu'il prît, conformément au Traité de Ver-
sailles, une mesure indispensable à sa propre
sécurité.
Il n'a pas besoin d'ailleurs de rappeler
qu'il est résolu, à évacuer les villes occupées,
aussitôt que les iroiip'es allemandes auront
évacué complètement la zone neutre.
L'attitude du gouvernement français, jus-
tifiée par l'action du gouvernement alle-
mand, ne modifie d'ailleurs pas ses disposi-
tions à l'égard de l'Allemagne avec laquelle
il souhaite entrer en relations commer-
ciales sur le pied d'une coopération écono-
mique dont la situation de l'Europe. 110
pourra que bénéficier.
Le 26 mars, lo président du Conseil fran-
çais s'exprimait dans ce sens à la tribune du
Parlement
Je n'exclus pas pour ma part, disait-il, l'idéiî
d'une collaboration économique j'en aperçois
déjà certaines modalités, mais à. une condition
première qui domine tout c'est que vous, gou-
vernement allemand, avec lequel, je le répète,
je suis prêt demain :i collaborer économique-
ment,' vous donniez d'abord la preuve de votre
bonne foi en exécutant vos engagements.
Le 29 mars, M. Millerand confirmait ù
M. Mayer ses intentions d'ouvrir une ère de
relations nouvelles avec l'Allemagne ait
moyen d'une coopération économique.
Le 4 avril, le gouvernement de la Répu-
blique, en annonçant à ses représentants à
l'étranger la décision qu'il avait prise, les
priait de faire savoir qu'en prenant cette at-
titude, il n'obéissait à aucune pensée hostile
à l'égard de l'Allemagne il réitirait l'assu-
rance que la France souhaitait do pouvoir
renouer bientôt avec l'Allemagne des relations
normales sur la base d'accords économiques.
Il ajoutait que toute ouverture sérieuse qui
serait faite dans ce sens serait assurée de
trouver auprès de lui un accueil favorable,
et qu'il considérait môme que, dans certai-
nes circonstances, l'initiative pourrait venir
de la France.
Une protestation allemande
Voici le texte de la protestation du
gouvernement allemand remise hier à
M. Millerand
Le gouvernement français a fait savoir au
gouvernement allemand que le général com-
mandant en chef l'armée du Rhin avait reçu
l'ordre d'occuper Francfort, Hailau, Danii-
stadt, Hombouvgofc Dieburg parce que la de-
mande faite d'arrêter la marche en avant
des troupes allemandes n'avait pap, été exé-
cutée. Le gouvernement français a ajouté
que l'occupation prendrait fin lorsque les
troupes allemandes auraient quitté la région
industrielle.
L'occupation des villes ci-dessùs mention-
nées a eu lieu avant munie que la note an-
nonçant cette occupation ait été transmisse.'
Si, malgré cela, le sang n'a pas coulé, c'est
au gouvernement allemand qu'on le doit,
lequel,, pour éviter un malheur plus grand,
a donné l'ordre de n'offrir aucune résistance.
Cependant, le gouvernement allemand pro-
teste de la façon la plus formelle, au nom
du droit, de la raison et de l'humanité, con-
tre l'occupation par l'armée française de
villes allemandes.
Le gouvernement allemand ne veut pas
discuter, avec le gouvernement français sur
le point de savoir s'il y a ou violation des
articles 42 et 44. Il est impossible que le
traité de Versailles veuille empêcher l'Alle-
magne de .rétablir l'ordre dans une de ses
provinces dans un délai si bref, ordre qui a
été troublé profondément par des bandes do
pillards et d'assassins.
Le gouvernement allemand ne pouvait
conserver l'espoir de voir le soulèvement de
la région industrielle prendre fin sans inter-
vention militaire. D'ailleurs, les événements
lui ont donné raison. Partout où les troupes
ont pénétré, le mouvement s'est éteint rapi-
dement mais là où les troupes allemandes
n'ontpas encore pénétré, la révolte jette en-
core ses flammes et il n'a été livré d'armes
en quantité appréciable que dans les locali-
tés occupées.
Aussi peut-on soutenir pleine convic-
tion qu'il n'y a pas eu de violation voulue
du traité de paix, violation qui pùt entraî-
ner pour le gouvernement allemand une
responsabilité aux ternies mêmes du traité.
Et alors même qu'une pareille violation ko
serait j>ro.duite, l'acte de violence accompli
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