Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1920-01-15
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 janvier 1920 15 janvier 1920
Description : 1920/01/15 (Numéro 15). 1920/01/15 (Numéro 15).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Jeudi 15 Janvier 1920
H. DE VILLEMESSANT
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Ce Numéro quotidien DIX CENTIMES en France Etranger: VINGT CENTIMES
66me Année 3™ Série N° 15
Gaston CALMETTE
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Les Annonces et Réclames sont également reçues
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« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
jSa Majesté le Louvre
La* résurrection du Louvre, qui com-
mence réellement aujourd'hui, est- une
image saisissante de la résurrection de
la France.
Ce trésor de nos trésors a passé, aux
mêmes heures, par les, angoisses et les
épreuves tragiques. Il a connu les mo-
bilisations précipitées il a subi la me-
nace des désastres. Il fait sa première
grande et vraiment définitive réouver-
ture presque au moment même où l'Al-
lemagne vient d'engager sa signature
au bas de l'acte qui affirme la supério-
rité matérielle et morale de notre patrie.
Les 'événements d'art, chez nous, ont
toujours été-symboliques, et ce symbo-
lisme a presque toujours eu, en quelque
sorte, 'un caractère providentiel. L'ou-
verture d'une nouvelle ère politique
découvre, en ces jours que nous traver-
sons, un immense horizon de tâches
sociales à accomplir. Le Louvre, dont on
va pouvoir enfin, après .cinq anç, de
ténèbres, remesurer la grandeur et la
splendeur, et qui aura toutes' ses salles
•'terminées'. avant la un dû, printemps,
est dès à présent, pour la •partie capi-
tale, de nouveau livré aux 'méditations,
,au respect, aux ardeurs de tout un peu-
ple, do tout un monde, qu'il convie a
une œuvre de régénération de la pensée,
telle qu'il ne s'en était jamais imposé
dans notre histoire.
Le Louvre détruit (on frémit de l'ima-
-giner seulement !), il, manquait à l'uni-
vers un, de ses. plus clairs flambeaux. Le
Louvre .fermé,. il n'y. avait plus, sur le
champ de bataille des idées, que confu-
sion, tâtonnements, incertitudes et men-
songes. Le Louvre seulement entr'ou-
vert, comme il. le demeurait en ces
temps derniers, c'était plus de trouble
encore dans les esprits que de plaisir.
Les maîtres de l'absolu s'accommodaient
mal du' provisoire, et l'on comprend que
de bien naturelles impatiences aient t
trouvé ici même un chaleureux inter-
prète tout récemment.
Mais aujourd'hui les rangs sont re-
pris, les hiérarchies d''s génies et des ta-
lents s'ordonnent derechef, majestueu-
sèment. La Grande Galerie presque tout
entière, le Salon, Carré, la Galerie d'A-
pollon, les Salles des Primitifs italiens,
des Primitifs français, des maîtres du
'seizième siècle et lie quelques-uns du
dix-septième, .voilà ce yui,tout d'un
coup, e si vendu au public, à la jeunesse,
aux femmes, a ceux qui savent et à ceux.
qui apprennent, à ceux qui se souvien-
nent et à ceux qui s'éveillent! C'est la
fin d'un mauvais rêve, c'est la voie
éblouissante et libre! Oui, c'est, je le ré-
jpète, une résurrection, ,et toutes les âmes
bien nées en ressentiront la solennité et
la, bienfaisante ivresse, longuement.
̃̃ **#
Maintenant que j'ai dit, sans exagéra-
tion, sans illusion complaisante, l'im-
portance de l'événement, il me faut en-
trer dans quelques détails, forcément
trop brefs, sur ce qui va se revoir, se
réapprendre, et sur la façon vraiment
intelligente et noble dont ceux qui
avaient cette redoutable mission s'en
sont acquittés.
Cette tâche, le public et ses mouches
du coche n'en ont pas l'idée. Représen-
tez-vous ceci tout le vaste édifice était
vide et'désolé; les murs ne montraient
plus que les tons et les traces de la
vieillesse; la poussière, les plâtras de
cinq années, les éraQures et les sa As-
sures des travaux de défense avilissaient
tout. Puis, un musée où tout est décro-
ché est (in musée entièrement à re-
,f~ïrë: On s'aperçoit que presque plus
rien ne peut reprendre son ancienne
place. Tel voisinage rie se supportait,
depuis longtemps, que par la difficulté
de tout déranger. Telle préséance était
̃usurpée; telle beauté reléguée. Les
murs sont à repeindre, les vitrages à
raviver. Mille œuvres merveilleuses
sont à reclasser rationnellement. Une
pensée d'ensemble, avertie et impar-
tiale, doit présider à cette ordonnance
nouvelle. Ah' certainement non, un
aussi vaste musée ne se remplit point
comme il s'était vidé. Il faut des mois
pour refaire ce qui avait été défait en
huit jours. L'Angleterre n'y a pas en-
core réussfavec la National Gallery.
̃' Et, surtout, -il faut assez de courage
pour renoncer aux routines et assez de
discernement pour rétablir la force et
la logique des traditions faussées.
Par exemple, rien n'était plus absurde
que la conception du Salon Carré, d'une
Tribuna où les œuvres les plus pré-
cieuses et les plus célèbres s'entassaient,
se coudoyaient, s'annihilaient, Est-il
rien de plus choquant qu'une cohue de
chefs-d'œuvre? Peu à peu le temps avait
ïnouté'cette incohérence à son faite.
Les petits tableaux étaient écrasés par
les grands; mais, en revanche, ceux-ci
étaient hors de portée du regard. Les
rayonnements de chaque génie, chose
plus grave, se neutralisaient l'un par
l'autre. Le recueillement, dans un musée
comme dans un temple, veut de l'unité
•et de l'espace. L'extase artistique a ses
légitimes jalousies.
Or, le Salon Carré, maintenant, a pris
cette unité nécessaire et magnifique. Il
est devenu un des lieux les plus gran-
dioses du monde croyez-en un pèlerin
qui a visité bien des sanctuaires en Eu-
rope et au delà des mers. C'est la gloire
de Venise qu'il consacre. Nos Titiens,
nos Véronèses apparaissent enfin ce
qu'ils sont, c'est-à-dire les plus beaux
que leftemps ait conservés, en quelque
pays que ce soit. UAntiope de Titien,
que l'on voit enfin est proche de celle du
Cprrège éblouissant rapprochement
Le grave et puissant Repas chez Simon,
ils ;Véronèse, fait vraiment, descendu
sur la cimaise, équilibre à la féerie des
•Noces de Cana. Le.Christ rayonnant d'ins-
piratiati du même maître, dans les Pèle-
rins WEmmaiis., répond au Chrisi profond
et doux de coux.de Titien. Et celui-ci avec
le Co~'owMH!~ e~:Mex et la ~Vfisé a~cc
tombeaaiormeàvecles pages souveraines
de Véronèse une harmonie prodigieuse.
Que dire colin? A présent, 'l'on peut
comprendre comment ces grands hom-
mes ne sont pas seulement des donneurs
de fêtes, mais aussi des maîtres profon-
dément pathétiques.
Il me faut sacrifier bien des réflexions
et des remarques relativement ace Salon
Carré, par exemple, à y noter la place
que .Raphaël y conserve. Mais d'autres
indications doivent être données pour les-
quelles j'aurai à peine la place. Ce qu'il
faut retenir, c'est que, d'une part,' ici,
tout est mis en valeur et en honneur,
et que vous allez retrouver" plus loin,
également présentées de façon à faire
valoir tout leur prix et toute leur signi-
fication, toutes les œuvres chères à votre
cœur. Seuls des esprits chagrins ou
systématiquement attachés à des habi-
tudes, d'ailleurs beaucoup moins an-
ciennes qu'on ne pense, pourraient
regretter de ne plus les rencontrer il la
vieille place. où ils ne les regardaient
pas. '•
La Grande Galerie, que l'on a heureu- 1
sement ponctuée de place en pl,ace par
des colonnes surmontées de sculptures
ou de chapiteaux, nous offre un dé-
ploiement rationnel des écoles. Bien des
surprises y sont ménagées. Les tableaux,
mieux espacés, ne s'escaladent plus en
se nuisant. Quelques injustices sont ré-
parées, notamment à l'égard de certai-
nes écoles du nord de l'Italie.
Les panneaux, où brillent les génies si
altiers et si divers de Léonard, de Mante-
gna, de Raphaël, de Véronèse, dé Titien,
de Tintoret, de Ribera, de Murillo, de
Zurbaran, je les suis à peu près dans
l'ordre, mais sans pouvoir même songer à
passer en revue les plus purs joyaux de
tous ces écrins, ces panneaux, dis-je,
sont d'une netteté, d'une lisibilité déci-
sives. La course du (lambeau vraiment
s'exécute sans désordre. Ou peut embras-
ser d'un coup d œil le panorama des sic-
clés, ou, à son choix, s'absorber dans une
époque, dans un maître, dans une œuvre
préférée de ce maître.
Pour le moment, avant que 1 extré-
mité de la Grande Galerie soit achevée,
ce qui en constituera le centre, et le
point triomphal, en fait la terminaison.
Ce petit espace entre quatre faisceaux
de aolapnes.seva. ia. vérM^hlg,T.iibun.aûix,.
Louvre, mais une Tribuna sobre, ra-
tionnelle, où six tableaux, sans plus,
mais quels tabeaux! se prouvent les
vrais « diamants de la couronne » de la
France intellectuelle. Le Mariage de
Sainte-Catherine du Corrège, le Concert
de Giorgione Y Allégorie de Titien,
Jeanne d'Aragon de Raphaël, la Sainte
Anne de Léonard, et enfin, la Jocondel 1
Ici, point de riva.ilés. La paix pro-
fonde. Ici, l'on comprend que Victor
Hugo ait défini le génie « la région des
des égaux ».< ̃
*̃ # «
Tout à l'heure, nous disions que les
anciennes places des maîtres, dans le
Salon Carré, n'étaient rien moins que
regrettables. En veut-on une preuve
entre cent? Les très vieux fervents du
Louvre, ceux qui y ont fait l'éducation de
leurs yeux et de leur âme dès l'enfance,
se rappellent la Conception immaculée
de Murillo, perchée très haut dans ce
Salon soi disant d'honneur. La compa-
raison avec la pleine lumière qui main-
tenant en exalte le mystique arome est
plus concluante que. tout.
En poursuivant, votre promenade dans
ce monde ressurgi, vous arriverez aux
salles, fort bien comprises, où nos Pri-
mitifs français, dorénavant objets, trop
longtemps méconnus, de notre fierté,
précèdent les charmants Clouet, les élé-
gants maîtres de Fontainebleau, suivis
eux-mêmes de quelques maîtres, nobles
et Français par excellence Philippe de
Ghampâigne, Le Nain et Le Sueur.
Ici, il faudrait faire une station grave
et respectueusement émue. Nous avons
parcouru des âges d'idéal, de savoir et
d'elï'orts tendant vers cet idéal qui par-
fois est caché par des passions ou des
malheurs, mais que rien ne peut abolir
dans le cœur même de l'humanité. Nous
nous nous sommes arrêtés devant ces
splendides Véronèse, Titien et le Cor-
rège. Nous avons élevé nos regards
vers ces sommets.: Raphaël, Léonard.
Cent maîtres puissants, doux ou su-
perbes, nous ont proposé leurs fé-
conds enseignements et nous nous arrê-
tons pour un moment devant deux pro-
fonds et simples penseurs de notre
France Quelle figure font-ils dans une
réunion si auguste? Admirable et cer-
taine
La Réunion de Paysans, de Le Nain,
récemment acquise et aussi forte que
celle de la collection La Gaze Le Por-
trait de la Mère Angélique Arnauld, de
Philippe de Ghampâigne! Les deux
pôles de la pensée française au temps
où eUe fut maîtresse d'elle-même, quoi-
que toujours ouverte aux discussions
et aux progrès: le pôle terrestre, le pôle
céleste. La vie patiente du laboureur, la
vie d'abnégation de l'ascète. Saluons bas
ces deux images plus que jamais salu-
taires, et qui, malgré les agitations; les
appéûts et les frénésies de l'heure,
demeurent la véritable force et la res-
source toujours prête..
Ainsi le Louvre nous réapprendra à ne
plus douter ni do la vérité ni de nous-
mêmes. C'est une Majesté qui survit à
toutes celles qui ont assisté àsa création
et à sa consécration. Nous pouvons avoir
de l'amour pour elle, car le meilleur de
nous lui répond ou luiestdû. Nous pou-
vons avoir confiance en elle, car elle
réunit ou résume toutes les aspirations,
toutes les joies comme toutes les dou-
leurs, qui valent seuies la peine de vivre.
Arsène Alexandre.
~lem~eau ~sé~
Ou entend dire « Avec la candi,
dature Deschanel, Clemenceau sera
élu, mais il ne sera pas plébiscité. »
Qu'est-ce que cela signitie Que si M.
Deschanel persistait à se présenter, M.
Clemenceau n'aurait pas l'unanimité
des voix au Congrès de Versailles'? Nous
répondrons d'abord que M. Deschanel
n'est pas plus candidat que M. Cle-
menceau, puisque ce n'est qu'après un
vote de l'Assemblée préparatoire qu'ils
se décideront l'un .et l'autre; nous ré-
pondrons ensuite qu'il n'y a aucune
raison de plébisciter sous une forme
même indirecte le Président ,dê la
République. Ah!, c'est bien méconnaî-
tre le caractère de Clemenceau et les
sources profondes de sa volonté que
d'imaginer qu'il aspire, à ce tournant
pathétique de la vie, à une dictature dé-
guisée Jeune, avec tout l'horizon de-
vant les yeux, et dans son âme tumul-
tueuse toutes les ambitions, il de-
meura l'homme le-plus respectueux des
lois, qu'il reprochait facilement d'ailleurs
à ses adversaires "de violer. Qui est reste
plus enfermé quelui. dans, les vieux_-ca-
dres républicains constitués par la Révo-
lution? Qu'on le critiquât d'en avoir
été trop le prisonnier, je le comprein-
drais plutôt. Mais qu'on craigne qij'il
les fasse craquer et qu'il installe à leur
pacc la dictature, quelle pauvreté psy-
chologique Une des faces du génie (de
Clemenceau a été, au contraire, de pou-
voir se déployer dans la. légalité, 'de
donner sa pleine mesure dans un régime
qui ne semblait pas comporter de pa-
reilles dimensions. Je trouve doue par-
faitement naturel que M. Charles Maor-
i-as, comme il l'a écrit dans un éloquent
article, ne «vote» pas pour lui,. car Cle-
menceau apporte une force incompara-
ble à la République ce qui est étrange,
c'est que des républicains aient des scru-
pules de même nature.
Clemenceau à l'Elysée!- Des trem-
bleurs voient tout de suite la domina-
tion d'un maître, une autorité sans
frein, les ministres obligés de venir
aux ordres, toute la Constitution désé-
quilibrée. Qu'est-ce qui justifie cette
terreur obscure? Ce maître redoute,
Cleménceair,vleiit 'de" l'être' pendant
deux. ans. Qu'a-t-il fait? Il a arrêté la
trahison devant l'ennemi et vous ne
citeriez pas une loi qu'il n'ait pas res-
pectée Il a contribué puissamment à
donner à la République une victoire qui
la re:nd inébranlable; il ne tient même
pas à la révision de la Constitution et il
voudrait incliner les mœurs à la vraie
liberté. Et vous; républicains, vous au-
riez peur de sa présence à l'Elysée? '?
« Admirable matière à mettre en vers
latins»! ·>
Alfred Capus,
de l'Académie française.
ÉCHOS
A l'occasion de la ratification du traité
de paix avec l'Allemagne, M. William
Martin, directeur du protocole, s'est
renduhicraprès-midi auprès deM-Lloyd;
George, premier ministre de Grande-
Bretagne, et de M. Nitti, président du-
Conseil des ministres d'Italie, ausqp§îs
il a remis de la part dn Président de la
République et du gouvernement fran-
çais la grand'croix:de la Légion d'hon-
neur, en témoignage de reconnaissance
aux chefs des gouvernements des deux
pays qui ont mené la guerre aux côtés
de la France jusqu'à la victoire.
Triple even t.
Le Sénat a élu, hier, M. Léon Bour-
geois président de la Haute Assemblée.-
C'est la première fois qu'un homme'
politique français aura successivement
occupé les fonctions de président de la
Chambre des députés, de président du
Conseil des ministres et de président du
Sénat.
Ajoutons que M. Léon Bourgeois était
en 1887 préfet de police. Ses concurrents
à la présidence du Sénat, hier, étaient
également deux anciens préfets M- de
Selves, qui fut préfet de la Seine, et M.
Antonin Dubost, qui, avant d'être préfet
de l'Orne, fut secrétaire de la préfecture
de police.
La propagande nécessaire.
Elle nous est imposée par l'attitude de-
nos adversaires d'hier qui s'efforcent de
reconquérir aux Etats-Unis leur n>;
fluence et leur prestige d'hier.
D'une longue lettre que lui adresse un
de ses amis d'Amérique, M. Théodore
Reinach a détaché les lignes qu'on va-
'lire, et que nous le remercions de nous:
avoir communiquées ;̃ '̃
Si vous saviez la propagande insidieuse et
continue de l'Ailemagne dans ce pays-ci, et
l'occasion merveilleuse qu'a la France en ce
-moment de la contrecarrer, vous diriez ;à
tous nos gouvernants de ne pas perdre cette
occasion qui décidera des relations futures, v
amicales, coinmerciates, d'art et d'éducation,
.entre la France et les Etats-Unis
Par sentiment, le public américain est
prêt en ce moment à donner la préférence à
ia France en toutes choses, mais, par habi-
tude, il croit encore, au fond, à la supério-
rité de l'Allemagne, et l'élément allemand,
si fort aux Etats-Unis, ne perdra pas un ins-,
tant pour la faire retomber dans cette vieille `
habitude.
Le correspondant de M. Théodore
Reinach reproche également aux librai-
res français établis. aux Etats-Unis de
..n'y .point attirer suffisamment la « bonne,
littérature française ». Nos éditeurs non
̃'Liuti.hu i'ont pas i à-bas, s'&inblc-t-ii, tout
ce qu'ils- pourraient faire- Exemple:
«Tous les grands médecins.ici, reçoivent
gratis les principales revues médicales
allemandes, etc ».
Les grandes revues 'médicales fran-
çaises leur parviennent-elles de la même
façon ? Il serait intéressant de le savoir.
.rt-
La bonne hausse.
Comment donner aux'Parisiens, à dé-
faut de combustible, l'illusion qu'ils ont
du charbon
La préfecture de la Seine en a trouvé
le moyen. Elle vient de faire savoir que
le prix de l'anthracite va augmenter.
Naturellement, il n'y aura pas plus de
charbon que par le passé. Mais en
ivoyant l'annonce de l'augmentation nou-
velle, les Parisiens s'imagineront qu'à
ices prix majorés ils trouveront de l'an-
thracite, et l'illusion chauffante habi-
tera dans leur sein.
Comme ils constateront ensuite l'im-
possibilité de se procurer le moindre
grain ni le plus petit boulet, ils pourront
se réjouir de l'économie plus grande
que cette disette leur imposera.
Que d'avantages 1
Voilà le Parlement reconstitué. Les
membres de l'Institut qui en font partie
se sont cherchés et comptés. Ils sont
dix..
L'Académie française est représentée
par un sénateur. de demain, M. Poin-
caré par un sénateur d'hier, M. Cle-
menceau par un sénateur et deux dé-
putés en exercice, MM. Ribot, Maurice
Barrès et Paul Deschanel.
L'Académie des sciences morales et
politiques par quatre sénateurs et un
député MM. Léon Bourgeois, Jonnart,
Raphaël-Georges Lévy, Ribot et Paul
Deschanel..
Un sénateur, M. deSelves, représente
l'Académie des beaux-arts; M. Painlevé.
député, l'Académie des sciences.
Soit dix académiciens pour douze fau-
teuils. MM. Ribot et Deschanel appar-
tiennent, en effet, il deux académies:
celle des sciences morales, et Vautre,
celle qui s'appelle l'Académie tout court,
avec un grand A. >
Cannes, dont la saison a commence
si brillamment, attirera plus que jamais
cet hiver nos élégantes Parisiennes à
la succursale de la Grande Maison de
Blanc, rue d'Antibes, où l'on peut choi-
sir vêtements 'de tricot; robes de lin--
gerio, de parfaite élégance et de bon
goût, bonneterie, ombrelles, et tout ce
qu'on trouve, boulevard des Capucines, à
Paris. C'est un coin de Paris transporte
sur la Côte d'Azur. L'Exposition de Blanc
continue à Paris avec un réel succès.
A l'époque du terme il y a un intérêt
particulier à visiter les rayons d'ameu-
blement et de literie des Etablissements
Allez Frères (Au Châtelet), la maison de
confiance absolue pour tous les aména-
gements confortables de l'intérieur.
Détail important la literie est fabri-
quée dans les propres ateliers des Eta-
blissements Allez Frères, par d'excel-
;lents spécialistes, avec des matériaux
îconsciencieusement sélectionnés.
f Le Masque de Fèr.
EN ALLEMAGNE
~o~.
LENDEMAIN D'ÉMEUTE
^1*
Les nouvelles d'Allemagne assurent
que le calme est revenu à Berlin. Ce-
pendant elles indiquent aussi que les
événements du 13 ont été plus graves
que les premiers renseignements ne le
laissaient prévoir. Il y a eu trente et un
morts et de nombreux blessés.
Les circonstances dans lesquelles ces
événements se sont produits ont décidé
le gouvernement à prendre des mesures
préventives. Il y a eu, en effet, tentative
de la part des éléments avancés de do-
miner les décisions de l'Assemblée na-
tionale, et cela au moment même où, au
sein de l'Assemblée, les députés de l'op-
position demandaient que l'on renvoyàt
les postes de garde. Si tranquilles
qu'aient été jusqu'à présent, en Al-
lemagne, les lendemains d'émeutes, le
Conseil s'est pourtant ému, et il a
décidé, hier, de maintenir l'ordre 'par
tous les moyens possibles. L'état de
siège a été déclaré pour toute l'Allema-
gne, à l'exception de la Bavière, de la
Saxe et du Wurtemberg; la Freiheit et
le Drapeau rouge ont été interdits
Noskc, dit une dépêche, a pris le pou-
voir exécutif dans le Brandebourg et à
Berlin les gardes civiques dans la ré-
gion de Berlin ont été mobilisées par
moitié; un écriteau fixé aux abords du
Reichstag, à laliohestrasse, dit « Quicon-
que avance sera fusillé. »
L'affaire a eu aussi son écho à la séance
d'hier de l'Assemblée nationale. Le
chancelier /Bauer a présenté l'apologie
du gouvernement, à qui l'on reproche
d'avoir provoqué les manifestants. Il,
accuse, lui, les indépendants d'avoir es-
sayé d'établir la « dictature de la rue »
il ne reproche aux soldats que d'avoir
trop tardé à se servir de leurs armes sa
conclusion est plus modérée.
L'assemblée approuve le chancelier.
Elle reprend ensuite la discussion en
seconde lecture de la loi sur les conseils
d'exploitation, mais sans ardeur. La
séance s'achève dans le vide.
La presse allemande craint que de
nouveaux désordres ne se produisent;
et elle signale. une rencontre, àMunster,
entre la population et la troupe un civil
a été tué, sept ont été blessés, deux cent
vingt-six ont été arrêtés.
Dans la Prusse rhénane, dessceheSi.de
pillage se sont produites à Hamborn,
,Marx et Bruckhausen.
La Présidencs de la République
La candidature de M. Clemenceau
U Agence Fournier communique d'informa-
tion suivante
Un certain nombre de députés, MM.
Chassaigne-Goyon Herlich, Simyan,
Camuzet, Henri Galli, Emmanuel Evaih,
se sont rendus, hier soir, à la présidence
du Conseil. Introduits auprès de M. Cle-
menceau, ils l'ont invité a poser sa can-
didature à la présidence de la Répu-
blique.
M. Clemenceau a répondu qu'il n'était
pas candidat, qu'il ne désirait pas l'être,
mais qu'il ne se reconnaissait pas le droit
de se dérober si ses amis posaient sa can-
didature et s'il était désigné.
Il semble bien que l'organisation d'une
réunion plénière pour l'élection du Pré-
sident de la République rencontre quel-
ques difficultés.
Diverses personnalités, appartenant à
des groupes de la Chambre et du Sénat,
ont, hier, pris contact et, d'après les
notes qui nous ont été communiquées,
ne paraissent pas s''étre'mises complè-
tement d'accord.
Cela s'explique aisément parle fait
que les cadres politiques du Sénat ne
sont pas encore constitués et que ceux'
de la Chambre ne le sont que partielle-
ment.
'r'O. T" -1-
11 y a encore au raiais-Boumon puis
de deux cents députés qui n'ont affirmé
leur préférence pour aucun groupe.
Dans ces conditions, il est vraiment
impossible de convoquer en réunion
plénière, ce que l'on appelait, il y a sept
ans, les groupes de gauche.
Cependant, on a essayé de faire quel-
que chose. •
Les délègues aes groupes repuuucains
de la Chambre, MM. Siegfried» Arago,
Renard et Lauraine, se sont rendus au
Luxembourg pour se mettre d'accord
avec les présidents des différents grou-
pes du Sénat, eu vue de l'organisation
de la réunion pléniëre qui devra dési-
gner un candidat à la présidence de la
République.
La gauche démocratique radicale-
socialiste du Sénat ne s'est pas montrée
favorable ce projet, estimant qu'une
réunion plénière serait sans objet dans
le cas pu l'on conviendrait de ne pas
discuter les candidatures.
Par contre, l'union républicaine et la
gauche républicaine du Sénat ont paru
̃d'un -son timent-tout différent.
Les bureaux des trois groupes répu-
blicains du Sénat ont décidé alors de se
réunir aujourd'hui de nouveau avec les
délégués des groupes républicains de la
Chambre.
Si l'organisation d'une reunion plé-
nière était décidée en lin de compte, cette
réunion aurait lieu demain.
Cette réunion plénière sera-t-clle dé-
cidée'? C'est possible.
Mais il apparaît dès maintenantqu'elle
n'aurait plus le caractère traditionnel
des réunions antérieures. Les membres
du Parlement ne seraient plus convo-
qués par groupes, mais individuelle-
ment.
Il se trouverait alors que cette réu-
nion, si elle était décidée, serait vrai-
ment plénière puisque tous les membres
de la Chambre et du Sénat pourraient y
participer, alors que les réunions d'a-
vant guerre étaient partielles tout en
ayant la prétention de réaliser des grou-
pements souverains. i
En somme, l'accord n'est pas fait.
Peut être aujourd'hui parviendra-
t-on à mettre quelque chose debout.
Mais ce sera bien difticile.
Ce qui est certain, c'est que samedi
prochain 17 janvier, il y aura un Prési-
dent de la République avec ou sans les
groupes. A. A.'
AU SENAT
pi. Léon Bupis, présiDt
Il a fallu trois tours de scrutin et deux
séances pour élire le, président.
Au premier tour, sur 251 votants, avec
'6 bulletins nuls, ont obtenu
MM. Léon Bourgeois. 122 voix
Antonin Dubost. 108
De Selves. 17
Paul Doumer. 4 li
Au deuxième tour, sur 237 votants,
obtiennent
MM. Léon Bourgeois. 103 voix'
Antonin Dubost. 73
De Selves. 60
Il y a encore ballottage. ` v
Au troisième tour, M. de Selves n'est
plus candidat.
M.Léon Bourgeois est élu par 147 voix
contre 125 à M. Anlonin Dubost, sur
275 votants..
Sont proclamés secrétaires
MM. le chanoine Collin, Maurice Ordinaire,
Reynald, Lemarié, Larère, Lucien Hubert,
Loubet, Simoriet.
Sont nommés questeurs
MM. Poirson, Ranson et Vieu.
Sont élus membres de la commission
d'instruction de la Haute Cour
MM. Ratier, Guillier, Lemarié, Las Cases,
Guillaume, Poulie, Savary, Pérès, Vallé,
Alexandre Bérard.
Membres suppléants:
MM. Peyronnet, Fenoux, Reynald, Larère,
Simonet. ·
Vice-président de la Haute Cour
"M. Régismanset.
M. Léon Bourgeois, invité par Mr. De-
nis, président d'âge, à prendre place au
fauteuil dès que le bureau définitif est
proclamé, prend la parole pour remer-
cier le Sénat.
M. Léon Bourgeois, après avoir rap-
pelé qu'il n'avait pas posé sa candidà-
ture contre M. Dubost, interprète ainsi
son élection ̃̃̃̃'̃
.Je. ctois _ayoir. compris que, c'est au repré--
sentant de la Franco au Conseil de la Société
des nations (Vifs applaudissements) que
vous avez voulu par votre suffrage donner
un surcroit de force et, d'autorité ^Très bien!)
dans les délibérations prochaines dont peu-
vent dépendre kv sécurité et la grandeur do
la France. (Marques d'approbation.)
M. Bourgeois adresse ensuite aux sé-
nateurs d'Alsace et de Lorraine un nou-
veau salut et dit « la joie sans égale de
voir enfin comblés les vides, qu'avait
laissés, le lur mars 1871,1e départ des dé-
putés protestataires. »
L'Heure n'est pas aux longs discours, mais
aux actes. Un seul mot résume nos devoirs
au travail pour refaire la France? (Trie bien
très bien !)
Et M. Léon Bourgeois détaille l'œuvre
à faire reconstitution nationale, réta-
blissement des finances, organisation du
travail; exécution du traité • r
C'est ainsi, dit le président du Sénat, que
nous fonderons cette puissante unité morale
qui est dans le vœu unanime du pays; que
nous rendrons le, seul hommage digne d'elle
à cette grande armée dont les chefs et les
soldats ont sauvé la liberté et porté au plus'
haut sommet la gloire de la Franco et de la
République, et que nous prouverons notre
lidélité à ceux qui sont morts pour elle,
Les applaudissements se prolongent
sur tous les bancs et l'affichage du dis-
cours est ordonné.
La Société des Nations
M. Clemenceau a reçu les félicitations
de plusieurs gouvernements européens
en même temps que leur adhésion il la
Société des nations.
Le président espagnol, dans sa ré-
ponse a la notification du président de
ta. Conférence, rappelle que l'Espagne a
accédé sans réserve aucune au pacte do
la Société nouvelle. M. Zahle, président t
du Conseil danois, exprime la confiance
de sa nation en « l'avenir de paix qui
s'ouvre pour les peuples par la création
d'une Société des nations ». 'M. Eden,
président du Conseil suédois, accuse ré-
ception de la « notification importante »
qui lui est faite et exprime ses félici-
tations.
A La Haye, le gouvernement a déposé
un projet de loi signé par tous les mi*
nistres se réservant d'adhérer à la
convention relative à la Société des na-
tions et de conclure tous compromis qui
pourraient résulter de l'obligation visée
dans l'article i! alinéas 1 et 2 de -oetto
convention. Le gouvernement regrette
que l'Allemagne soit provisoirement
tenue à l'écart, mais considère comme-
une « raison décisive » d'adhésion les
conséquences regrettables qu'un refus
pourrait cnlrainor pour la Hollande.
L'avance bolchevique
->w.-
Aux portes de Roumanie
Bucarest, 13 janvier.
La retraite -des derniers débris des
armées de Donikinc a fait disparaître
tout obstacle entre les frontières rou-
maines de la Bessarabie et les hordes
bolchèvistcs. Le territoire roumain est
déjà envahi par des milliers de familles
russes, fuyant devant les rouges, dont 1;
les atrocités se multiplient.
Les autorilés militaires roumainesbnt-
pris toutes les précautions nécessaires.
pour interdire l'accès du territoire na-
tional aux soldats bolchevistes et se dé-
clarent, d'ores et déjà, assurées de pou-
voir leur barrer la route si, d'aventure,
ils se risquaient à une agression.
L'opinion générale est, cependant, que
les rouges éviteront de se mettre sur les
bras une guerre avec la Roumanie dont
les armées, bien commandées et nom-
breuses, presque .entièrement compo-
sées de vétérans, seraient pour eux un
dangereux adversaire.
La question des équipements et du
ravitaillement en munitions serait la
seule qui pourrait, éventuellement, par
suite du mauvais état du change rou-
main, nécessiter une aide amicale des
Alliés.
Le procès Caillaux
Les débats du procès Caillaux com-
rhenceront « effectivement » selon
l'expression de M. le procureur général
Lescouvé le 17 février.
Ainsi en a décidé hier la Cour' de
justice, dans une courte audience, tenue
à la fin de l'après-midi.
A cette audience, qu'on savait devoir
être de pure forme et qui dura, en fait,
trente-cinq minutes, tous les sénateurs,
anciens et nouveaux, avaient été convo-
qués, conformément à la loi votée par
les Chambres dans les derniers jours du
mois de décembre et qui habilite les
élus du scrutin du 11 janvier à siéger;
dans le procès de l'ancien président du.
Conseil.
M. Léon Bourgeois, éiu quelques ins-
tants auparavant président du Sénat,
présidait l'audience delà Cour de jus-
tice.
Quand il put fait connaître les résul-
tats du scrutin pour l'élection d'un vice-
président appelé à remplacer le prési-
dent en cas d'empêchement (M. Régis-
maudet était élu par 155 votants, sur 200
contre M. Boivin-Champeaux qui obte,
nait 45 suffrages), -il donna l'ordre d'in-
troduire les représentants du minis-
tère public le procureur général Les-
couvé, les avocats généraux Morne fc
et Regnault. Lorsque ceux-ci eurent
occupé la place qui leur est assignée", au
banc des secrétaires, M. Léon Bourgeois
dit aux huissiers de faire entrer l'uc-
̃ cusé.
M. Caillaux se trouvait, à.ce moment,'
à l'entrée de la salle, dans. le couloir où,
H. DE VILLEMESSANT
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66me Année 3™ Série N° 15
Gaston CALMETTE
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r POUR LA PUBLfClTÉ
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« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
jSa Majesté le Louvre
La* résurrection du Louvre, qui com-
mence réellement aujourd'hui, est- une
image saisissante de la résurrection de
la France.
Ce trésor de nos trésors a passé, aux
mêmes heures, par les, angoisses et les
épreuves tragiques. Il a connu les mo-
bilisations précipitées il a subi la me-
nace des désastres. Il fait sa première
grande et vraiment définitive réouver-
ture presque au moment même où l'Al-
lemagne vient d'engager sa signature
au bas de l'acte qui affirme la supério-
rité matérielle et morale de notre patrie.
Les 'événements d'art, chez nous, ont
toujours été-symboliques, et ce symbo-
lisme a presque toujours eu, en quelque
sorte, 'un caractère providentiel. L'ou-
verture d'une nouvelle ère politique
découvre, en ces jours que nous traver-
sons, un immense horizon de tâches
sociales à accomplir. Le Louvre, dont on
va pouvoir enfin, après .cinq anç, de
ténèbres, remesurer la grandeur et la
splendeur, et qui aura toutes' ses salles
•'terminées'. avant la un dû, printemps,
est dès à présent, pour la •partie capi-
tale, de nouveau livré aux 'méditations,
,au respect, aux ardeurs de tout un peu-
ple, do tout un monde, qu'il convie a
une œuvre de régénération de la pensée,
telle qu'il ne s'en était jamais imposé
dans notre histoire.
Le Louvre détruit (on frémit de l'ima-
-giner seulement !), il, manquait à l'uni-
vers un, de ses. plus clairs flambeaux. Le
Louvre .fermé,. il n'y. avait plus, sur le
champ de bataille des idées, que confu-
sion, tâtonnements, incertitudes et men-
songes. Le Louvre seulement entr'ou-
vert, comme il. le demeurait en ces
temps derniers, c'était plus de trouble
encore dans les esprits que de plaisir.
Les maîtres de l'absolu s'accommodaient
mal du' provisoire, et l'on comprend que
de bien naturelles impatiences aient t
trouvé ici même un chaleureux inter-
prète tout récemment.
Mais aujourd'hui les rangs sont re-
pris, les hiérarchies d''s génies et des ta-
lents s'ordonnent derechef, majestueu-
sèment. La Grande Galerie presque tout
entière, le Salon, Carré, la Galerie d'A-
pollon, les Salles des Primitifs italiens,
des Primitifs français, des maîtres du
'seizième siècle et lie quelques-uns du
dix-septième, .voilà ce yui,tout d'un
coup, e si vendu au public, à la jeunesse,
aux femmes, a ceux qui savent et à ceux.
qui apprennent, à ceux qui se souvien-
nent et à ceux qui s'éveillent! C'est la
fin d'un mauvais rêve, c'est la voie
éblouissante et libre! Oui, c'est, je le ré-
jpète, une résurrection, ,et toutes les âmes
bien nées en ressentiront la solennité et
la, bienfaisante ivresse, longuement.
̃̃ **#
Maintenant que j'ai dit, sans exagéra-
tion, sans illusion complaisante, l'im-
portance de l'événement, il me faut en-
trer dans quelques détails, forcément
trop brefs, sur ce qui va se revoir, se
réapprendre, et sur la façon vraiment
intelligente et noble dont ceux qui
avaient cette redoutable mission s'en
sont acquittés.
Cette tâche, le public et ses mouches
du coche n'en ont pas l'idée. Représen-
tez-vous ceci tout le vaste édifice était
vide et'désolé; les murs ne montraient
plus que les tons et les traces de la
vieillesse; la poussière, les plâtras de
cinq années, les éraQures et les sa As-
sures des travaux de défense avilissaient
tout. Puis, un musée où tout est décro-
ché est (in musée entièrement à re-
,f~ïrë: On s'aperçoit que presque plus
rien ne peut reprendre son ancienne
place. Tel voisinage rie se supportait,
depuis longtemps, que par la difficulté
de tout déranger. Telle préséance était
̃usurpée; telle beauté reléguée. Les
murs sont à repeindre, les vitrages à
raviver. Mille œuvres merveilleuses
sont à reclasser rationnellement. Une
pensée d'ensemble, avertie et impar-
tiale, doit présider à cette ordonnance
nouvelle. Ah' certainement non, un
aussi vaste musée ne se remplit point
comme il s'était vidé. Il faut des mois
pour refaire ce qui avait été défait en
huit jours. L'Angleterre n'y a pas en-
core réussfavec la National Gallery.
̃' Et, surtout, -il faut assez de courage
pour renoncer aux routines et assez de
discernement pour rétablir la force et
la logique des traditions faussées.
Par exemple, rien n'était plus absurde
que la conception du Salon Carré, d'une
Tribuna où les œuvres les plus pré-
cieuses et les plus célèbres s'entassaient,
se coudoyaient, s'annihilaient, Est-il
rien de plus choquant qu'une cohue de
chefs-d'œuvre? Peu à peu le temps avait
ïnouté'cette incohérence à son faite.
Les petits tableaux étaient écrasés par
les grands; mais, en revanche, ceux-ci
étaient hors de portée du regard. Les
rayonnements de chaque génie, chose
plus grave, se neutralisaient l'un par
l'autre. Le recueillement, dans un musée
comme dans un temple, veut de l'unité
•et de l'espace. L'extase artistique a ses
légitimes jalousies.
Or, le Salon Carré, maintenant, a pris
cette unité nécessaire et magnifique. Il
est devenu un des lieux les plus gran-
dioses du monde croyez-en un pèlerin
qui a visité bien des sanctuaires en Eu-
rope et au delà des mers. C'est la gloire
de Venise qu'il consacre. Nos Titiens,
nos Véronèses apparaissent enfin ce
qu'ils sont, c'est-à-dire les plus beaux
que leftemps ait conservés, en quelque
pays que ce soit. UAntiope de Titien,
que l'on voit enfin est proche de celle du
Cprrège éblouissant rapprochement
Le grave et puissant Repas chez Simon,
ils ;Véronèse, fait vraiment, descendu
sur la cimaise, équilibre à la féerie des
•Noces de Cana. Le.Christ rayonnant d'ins-
piratiati du même maître, dans les Pèle-
rins WEmmaiis., répond au Chrisi profond
et doux de coux.de Titien. Et celui-ci avec
le Co~'owMH!~ e~:Mex et la ~Vfisé a~cc
tombeaaiormeàvecles pages souveraines
de Véronèse une harmonie prodigieuse.
Que dire colin? A présent, 'l'on peut
comprendre comment ces grands hom-
mes ne sont pas seulement des donneurs
de fêtes, mais aussi des maîtres profon-
dément pathétiques.
Il me faut sacrifier bien des réflexions
et des remarques relativement ace Salon
Carré, par exemple, à y noter la place
que .Raphaël y conserve. Mais d'autres
indications doivent être données pour les-
quelles j'aurai à peine la place. Ce qu'il
faut retenir, c'est que, d'une part,' ici,
tout est mis en valeur et en honneur,
et que vous allez retrouver" plus loin,
également présentées de façon à faire
valoir tout leur prix et toute leur signi-
fication, toutes les œuvres chères à votre
cœur. Seuls des esprits chagrins ou
systématiquement attachés à des habi-
tudes, d'ailleurs beaucoup moins an-
ciennes qu'on ne pense, pourraient
regretter de ne plus les rencontrer il la
vieille place. où ils ne les regardaient
pas. '•
La Grande Galerie, que l'on a heureu- 1
sement ponctuée de place en pl,ace par
des colonnes surmontées de sculptures
ou de chapiteaux, nous offre un dé-
ploiement rationnel des écoles. Bien des
surprises y sont ménagées. Les tableaux,
mieux espacés, ne s'escaladent plus en
se nuisant. Quelques injustices sont ré-
parées, notamment à l'égard de certai-
nes écoles du nord de l'Italie.
Les panneaux, où brillent les génies si
altiers et si divers de Léonard, de Mante-
gna, de Raphaël, de Véronèse, dé Titien,
de Tintoret, de Ribera, de Murillo, de
Zurbaran, je les suis à peu près dans
l'ordre, mais sans pouvoir même songer à
passer en revue les plus purs joyaux de
tous ces écrins, ces panneaux, dis-je,
sont d'une netteté, d'une lisibilité déci-
sives. La course du (lambeau vraiment
s'exécute sans désordre. Ou peut embras-
ser d'un coup d œil le panorama des sic-
clés, ou, à son choix, s'absorber dans une
époque, dans un maître, dans une œuvre
préférée de ce maître.
Pour le moment, avant que 1 extré-
mité de la Grande Galerie soit achevée,
ce qui en constituera le centre, et le
point triomphal, en fait la terminaison.
Ce petit espace entre quatre faisceaux
de aolapnes.seva. ia. vérM^hlg,T.iibun.aûix,.
Louvre, mais une Tribuna sobre, ra-
tionnelle, où six tableaux, sans plus,
mais quels tabeaux! se prouvent les
vrais « diamants de la couronne » de la
France intellectuelle. Le Mariage de
Sainte-Catherine du Corrège, le Concert
de Giorgione Y Allégorie de Titien,
Jeanne d'Aragon de Raphaël, la Sainte
Anne de Léonard, et enfin, la Jocondel 1
Ici, point de riva.ilés. La paix pro-
fonde. Ici, l'on comprend que Victor
Hugo ait défini le génie « la région des
des égaux ».< ̃
*̃ # «
Tout à l'heure, nous disions que les
anciennes places des maîtres, dans le
Salon Carré, n'étaient rien moins que
regrettables. En veut-on une preuve
entre cent? Les très vieux fervents du
Louvre, ceux qui y ont fait l'éducation de
leurs yeux et de leur âme dès l'enfance,
se rappellent la Conception immaculée
de Murillo, perchée très haut dans ce
Salon soi disant d'honneur. La compa-
raison avec la pleine lumière qui main-
tenant en exalte le mystique arome est
plus concluante que. tout.
En poursuivant, votre promenade dans
ce monde ressurgi, vous arriverez aux
salles, fort bien comprises, où nos Pri-
mitifs français, dorénavant objets, trop
longtemps méconnus, de notre fierté,
précèdent les charmants Clouet, les élé-
gants maîtres de Fontainebleau, suivis
eux-mêmes de quelques maîtres, nobles
et Français par excellence Philippe de
Ghampâigne, Le Nain et Le Sueur.
Ici, il faudrait faire une station grave
et respectueusement émue. Nous avons
parcouru des âges d'idéal, de savoir et
d'elï'orts tendant vers cet idéal qui par-
fois est caché par des passions ou des
malheurs, mais que rien ne peut abolir
dans le cœur même de l'humanité. Nous
nous nous sommes arrêtés devant ces
splendides Véronèse, Titien et le Cor-
rège. Nous avons élevé nos regards
vers ces sommets.: Raphaël, Léonard.
Cent maîtres puissants, doux ou su-
perbes, nous ont proposé leurs fé-
conds enseignements et nous nous arrê-
tons pour un moment devant deux pro-
fonds et simples penseurs de notre
France Quelle figure font-ils dans une
réunion si auguste? Admirable et cer-
taine
La Réunion de Paysans, de Le Nain,
récemment acquise et aussi forte que
celle de la collection La Gaze Le Por-
trait de la Mère Angélique Arnauld, de
Philippe de Ghampâigne! Les deux
pôles de la pensée française au temps
où eUe fut maîtresse d'elle-même, quoi-
que toujours ouverte aux discussions
et aux progrès: le pôle terrestre, le pôle
céleste. La vie patiente du laboureur, la
vie d'abnégation de l'ascète. Saluons bas
ces deux images plus que jamais salu-
taires, et qui, malgré les agitations; les
appéûts et les frénésies de l'heure,
demeurent la véritable force et la res-
source toujours prête..
Ainsi le Louvre nous réapprendra à ne
plus douter ni do la vérité ni de nous-
mêmes. C'est une Majesté qui survit à
toutes celles qui ont assisté àsa création
et à sa consécration. Nous pouvons avoir
de l'amour pour elle, car le meilleur de
nous lui répond ou luiestdû. Nous pou-
vons avoir confiance en elle, car elle
réunit ou résume toutes les aspirations,
toutes les joies comme toutes les dou-
leurs, qui valent seuies la peine de vivre.
Arsène Alexandre.
~lem~eau ~sé~
Ou entend dire « Avec la candi,
dature Deschanel, Clemenceau sera
élu, mais il ne sera pas plébiscité. »
Qu'est-ce que cela signitie Que si M.
Deschanel persistait à se présenter, M.
Clemenceau n'aurait pas l'unanimité
des voix au Congrès de Versailles'? Nous
répondrons d'abord que M. Deschanel
n'est pas plus candidat que M. Cle-
menceau, puisque ce n'est qu'après un
vote de l'Assemblée préparatoire qu'ils
se décideront l'un .et l'autre; nous ré-
pondrons ensuite qu'il n'y a aucune
raison de plébisciter sous une forme
même indirecte le Président ,dê la
République. Ah!, c'est bien méconnaî-
tre le caractère de Clemenceau et les
sources profondes de sa volonté que
d'imaginer qu'il aspire, à ce tournant
pathétique de la vie, à une dictature dé-
guisée Jeune, avec tout l'horizon de-
vant les yeux, et dans son âme tumul-
tueuse toutes les ambitions, il de-
meura l'homme le-plus respectueux des
lois, qu'il reprochait facilement d'ailleurs
à ses adversaires "de violer. Qui est reste
plus enfermé quelui. dans, les vieux_-ca-
dres républicains constitués par la Révo-
lution? Qu'on le critiquât d'en avoir
été trop le prisonnier, je le comprein-
drais plutôt. Mais qu'on craigne qij'il
les fasse craquer et qu'il installe à leur
pacc la dictature, quelle pauvreté psy-
chologique Une des faces du génie (de
Clemenceau a été, au contraire, de pou-
voir se déployer dans la. légalité, 'de
donner sa pleine mesure dans un régime
qui ne semblait pas comporter de pa-
reilles dimensions. Je trouve doue par-
faitement naturel que M. Charles Maor-
i-as, comme il l'a écrit dans un éloquent
article, ne «vote» pas pour lui,. car Cle-
menceau apporte une force incompara-
ble à la République ce qui est étrange,
c'est que des républicains aient des scru-
pules de même nature.
Clemenceau à l'Elysée!- Des trem-
bleurs voient tout de suite la domina-
tion d'un maître, une autorité sans
frein, les ministres obligés de venir
aux ordres, toute la Constitution désé-
quilibrée. Qu'est-ce qui justifie cette
terreur obscure? Ce maître redoute,
Cleménceair,vleiit 'de" l'être' pendant
deux. ans. Qu'a-t-il fait? Il a arrêté la
trahison devant l'ennemi et vous ne
citeriez pas une loi qu'il n'ait pas res-
pectée Il a contribué puissamment à
donner à la République une victoire qui
la re:nd inébranlable; il ne tient même
pas à la révision de la Constitution et il
voudrait incliner les mœurs à la vraie
liberté. Et vous; républicains, vous au-
riez peur de sa présence à l'Elysée? '?
« Admirable matière à mettre en vers
latins»! ·>
Alfred Capus,
de l'Académie française.
ÉCHOS
A l'occasion de la ratification du traité
de paix avec l'Allemagne, M. William
Martin, directeur du protocole, s'est
renduhicraprès-midi auprès deM-Lloyd;
George, premier ministre de Grande-
Bretagne, et de M. Nitti, président du-
Conseil des ministres d'Italie, ausqp§îs
il a remis de la part dn Président de la
République et du gouvernement fran-
çais la grand'croix:de la Légion d'hon-
neur, en témoignage de reconnaissance
aux chefs des gouvernements des deux
pays qui ont mené la guerre aux côtés
de la France jusqu'à la victoire.
Triple even t.
Le Sénat a élu, hier, M. Léon Bour-
geois président de la Haute Assemblée.-
C'est la première fois qu'un homme'
politique français aura successivement
occupé les fonctions de président de la
Chambre des députés, de président du
Conseil des ministres et de président du
Sénat.
Ajoutons que M. Léon Bourgeois était
en 1887 préfet de police. Ses concurrents
à la présidence du Sénat, hier, étaient
également deux anciens préfets M- de
Selves, qui fut préfet de la Seine, et M.
Antonin Dubost, qui, avant d'être préfet
de l'Orne, fut secrétaire de la préfecture
de police.
La propagande nécessaire.
Elle nous est imposée par l'attitude de-
nos adversaires d'hier qui s'efforcent de
reconquérir aux Etats-Unis leur n>;
fluence et leur prestige d'hier.
D'une longue lettre que lui adresse un
de ses amis d'Amérique, M. Théodore
Reinach a détaché les lignes qu'on va-
'lire, et que nous le remercions de nous:
avoir communiquées ;̃ '̃
Si vous saviez la propagande insidieuse et
continue de l'Ailemagne dans ce pays-ci, et
l'occasion merveilleuse qu'a la France en ce
-moment de la contrecarrer, vous diriez ;à
tous nos gouvernants de ne pas perdre cette
occasion qui décidera des relations futures, v
amicales, coinmerciates, d'art et d'éducation,
.entre la France et les Etats-Unis
Par sentiment, le public américain est
prêt en ce moment à donner la préférence à
ia France en toutes choses, mais, par habi-
tude, il croit encore, au fond, à la supério-
rité de l'Allemagne, et l'élément allemand,
si fort aux Etats-Unis, ne perdra pas un ins-,
tant pour la faire retomber dans cette vieille `
habitude.
Le correspondant de M. Théodore
Reinach reproche également aux librai-
res français établis. aux Etats-Unis de
..n'y .point attirer suffisamment la « bonne,
littérature française ». Nos éditeurs non
̃'Liuti.hu i'ont pas i à-bas, s'&inblc-t-ii, tout
ce qu'ils- pourraient faire- Exemple:
«Tous les grands médecins.ici, reçoivent
gratis les principales revues médicales
allemandes, etc ».
Les grandes revues 'médicales fran-
çaises leur parviennent-elles de la même
façon ? Il serait intéressant de le savoir.
.rt-
La bonne hausse.
Comment donner aux'Parisiens, à dé-
faut de combustible, l'illusion qu'ils ont
du charbon
La préfecture de la Seine en a trouvé
le moyen. Elle vient de faire savoir que
le prix de l'anthracite va augmenter.
Naturellement, il n'y aura pas plus de
charbon que par le passé. Mais en
ivoyant l'annonce de l'augmentation nou-
velle, les Parisiens s'imagineront qu'à
ices prix majorés ils trouveront de l'an-
thracite, et l'illusion chauffante habi-
tera dans leur sein.
Comme ils constateront ensuite l'im-
possibilité de se procurer le moindre
grain ni le plus petit boulet, ils pourront
se réjouir de l'économie plus grande
que cette disette leur imposera.
Que d'avantages 1
Voilà le Parlement reconstitué. Les
membres de l'Institut qui en font partie
se sont cherchés et comptés. Ils sont
dix..
L'Académie française est représentée
par un sénateur. de demain, M. Poin-
caré par un sénateur d'hier, M. Cle-
menceau par un sénateur et deux dé-
putés en exercice, MM. Ribot, Maurice
Barrès et Paul Deschanel.
L'Académie des sciences morales et
politiques par quatre sénateurs et un
député MM. Léon Bourgeois, Jonnart,
Raphaël-Georges Lévy, Ribot et Paul
Deschanel..
Un sénateur, M. deSelves, représente
l'Académie des beaux-arts; M. Painlevé.
député, l'Académie des sciences.
Soit dix académiciens pour douze fau-
teuils. MM. Ribot et Deschanel appar-
tiennent, en effet, il deux académies:
celle des sciences morales, et Vautre,
celle qui s'appelle l'Académie tout court,
avec un grand A. >
Cannes, dont la saison a commence
si brillamment, attirera plus que jamais
cet hiver nos élégantes Parisiennes à
la succursale de la Grande Maison de
Blanc, rue d'Antibes, où l'on peut choi-
sir vêtements 'de tricot; robes de lin--
gerio, de parfaite élégance et de bon
goût, bonneterie, ombrelles, et tout ce
qu'on trouve, boulevard des Capucines, à
Paris. C'est un coin de Paris transporte
sur la Côte d'Azur. L'Exposition de Blanc
continue à Paris avec un réel succès.
A l'époque du terme il y a un intérêt
particulier à visiter les rayons d'ameu-
blement et de literie des Etablissements
Allez Frères (Au Châtelet), la maison de
confiance absolue pour tous les aména-
gements confortables de l'intérieur.
Détail important la literie est fabri-
quée dans les propres ateliers des Eta-
blissements Allez Frères, par d'excel-
;lents spécialistes, avec des matériaux
îconsciencieusement sélectionnés.
f Le Masque de Fèr.
EN ALLEMAGNE
~o~.
LENDEMAIN D'ÉMEUTE
^1*
Les nouvelles d'Allemagne assurent
que le calme est revenu à Berlin. Ce-
pendant elles indiquent aussi que les
événements du 13 ont été plus graves
que les premiers renseignements ne le
laissaient prévoir. Il y a eu trente et un
morts et de nombreux blessés.
Les circonstances dans lesquelles ces
événements se sont produits ont décidé
le gouvernement à prendre des mesures
préventives. Il y a eu, en effet, tentative
de la part des éléments avancés de do-
miner les décisions de l'Assemblée na-
tionale, et cela au moment même où, au
sein de l'Assemblée, les députés de l'op-
position demandaient que l'on renvoyàt
les postes de garde. Si tranquilles
qu'aient été jusqu'à présent, en Al-
lemagne, les lendemains d'émeutes, le
Conseil s'est pourtant ému, et il a
décidé, hier, de maintenir l'ordre 'par
tous les moyens possibles. L'état de
siège a été déclaré pour toute l'Allema-
gne, à l'exception de la Bavière, de la
Saxe et du Wurtemberg; la Freiheit et
le Drapeau rouge ont été interdits
Noskc, dit une dépêche, a pris le pou-
voir exécutif dans le Brandebourg et à
Berlin les gardes civiques dans la ré-
gion de Berlin ont été mobilisées par
moitié; un écriteau fixé aux abords du
Reichstag, à laliohestrasse, dit « Quicon-
que avance sera fusillé. »
L'affaire a eu aussi son écho à la séance
d'hier de l'Assemblée nationale. Le
chancelier /Bauer a présenté l'apologie
du gouvernement, à qui l'on reproche
d'avoir provoqué les manifestants. Il,
accuse, lui, les indépendants d'avoir es-
sayé d'établir la « dictature de la rue »
il ne reproche aux soldats que d'avoir
trop tardé à se servir de leurs armes sa
conclusion est plus modérée.
L'assemblée approuve le chancelier.
Elle reprend ensuite la discussion en
seconde lecture de la loi sur les conseils
d'exploitation, mais sans ardeur. La
séance s'achève dans le vide.
La presse allemande craint que de
nouveaux désordres ne se produisent;
et elle signale. une rencontre, àMunster,
entre la population et la troupe un civil
a été tué, sept ont été blessés, deux cent
vingt-six ont été arrêtés.
Dans la Prusse rhénane, dessceheSi.de
pillage se sont produites à Hamborn,
,Marx et Bruckhausen.
La Présidencs de la République
La candidature de M. Clemenceau
U Agence Fournier communique d'informa-
tion suivante
Un certain nombre de députés, MM.
Chassaigne-Goyon Herlich, Simyan,
Camuzet, Henri Galli, Emmanuel Evaih,
se sont rendus, hier soir, à la présidence
du Conseil. Introduits auprès de M. Cle-
menceau, ils l'ont invité a poser sa can-
didature à la présidence de la Répu-
blique.
M. Clemenceau a répondu qu'il n'était
pas candidat, qu'il ne désirait pas l'être,
mais qu'il ne se reconnaissait pas le droit
de se dérober si ses amis posaient sa can-
didature et s'il était désigné.
Il semble bien que l'organisation d'une
réunion plénière pour l'élection du Pré-
sident de la République rencontre quel-
ques difficultés.
Diverses personnalités, appartenant à
des groupes de la Chambre et du Sénat,
ont, hier, pris contact et, d'après les
notes qui nous ont été communiquées,
ne paraissent pas s''étre'mises complè-
tement d'accord.
Cela s'explique aisément parle fait
que les cadres politiques du Sénat ne
sont pas encore constitués et que ceux'
de la Chambre ne le sont que partielle-
ment.
'r'O. T" -1-
11 y a encore au raiais-Boumon puis
de deux cents députés qui n'ont affirmé
leur préférence pour aucun groupe.
Dans ces conditions, il est vraiment
impossible de convoquer en réunion
plénière, ce que l'on appelait, il y a sept
ans, les groupes de gauche.
Cependant, on a essayé de faire quel-
que chose. •
Les délègues aes groupes repuuucains
de la Chambre, MM. Siegfried» Arago,
Renard et Lauraine, se sont rendus au
Luxembourg pour se mettre d'accord
avec les présidents des différents grou-
pes du Sénat, eu vue de l'organisation
de la réunion pléniëre qui devra dési-
gner un candidat à la présidence de la
République.
La gauche démocratique radicale-
socialiste du Sénat ne s'est pas montrée
favorable ce projet, estimant qu'une
réunion plénière serait sans objet dans
le cas pu l'on conviendrait de ne pas
discuter les candidatures.
Par contre, l'union républicaine et la
gauche républicaine du Sénat ont paru
̃d'un -son timent-tout différent.
Les bureaux des trois groupes répu-
blicains du Sénat ont décidé alors de se
réunir aujourd'hui de nouveau avec les
délégués des groupes républicains de la
Chambre.
Si l'organisation d'une reunion plé-
nière était décidée en lin de compte, cette
réunion aurait lieu demain.
Cette réunion plénière sera-t-clle dé-
cidée'? C'est possible.
Mais il apparaît dès maintenantqu'elle
n'aurait plus le caractère traditionnel
des réunions antérieures. Les membres
du Parlement ne seraient plus convo-
qués par groupes, mais individuelle-
ment.
Il se trouverait alors que cette réu-
nion, si elle était décidée, serait vrai-
ment plénière puisque tous les membres
de la Chambre et du Sénat pourraient y
participer, alors que les réunions d'a-
vant guerre étaient partielles tout en
ayant la prétention de réaliser des grou-
pements souverains. i
En somme, l'accord n'est pas fait.
Peut être aujourd'hui parviendra-
t-on à mettre quelque chose debout.
Mais ce sera bien difticile.
Ce qui est certain, c'est que samedi
prochain 17 janvier, il y aura un Prési-
dent de la République avec ou sans les
groupes. A. A.'
AU SENAT
pi. Léon Bupis, présiDt
Il a fallu trois tours de scrutin et deux
séances pour élire le, président.
Au premier tour, sur 251 votants, avec
'6 bulletins nuls, ont obtenu
MM. Léon Bourgeois. 122 voix
Antonin Dubost. 108
De Selves. 17
Paul Doumer. 4 li
Au deuxième tour, sur 237 votants,
obtiennent
MM. Léon Bourgeois. 103 voix'
Antonin Dubost. 73
De Selves. 60
Il y a encore ballottage. ` v
Au troisième tour, M. de Selves n'est
plus candidat.
M.Léon Bourgeois est élu par 147 voix
contre 125 à M. Anlonin Dubost, sur
275 votants..
Sont proclamés secrétaires
MM. le chanoine Collin, Maurice Ordinaire,
Reynald, Lemarié, Larère, Lucien Hubert,
Loubet, Simoriet.
Sont nommés questeurs
MM. Poirson, Ranson et Vieu.
Sont élus membres de la commission
d'instruction de la Haute Cour
MM. Ratier, Guillier, Lemarié, Las Cases,
Guillaume, Poulie, Savary, Pérès, Vallé,
Alexandre Bérard.
Membres suppléants:
MM. Peyronnet, Fenoux, Reynald, Larère,
Simonet. ·
Vice-président de la Haute Cour
"M. Régismanset.
M. Léon Bourgeois, invité par Mr. De-
nis, président d'âge, à prendre place au
fauteuil dès que le bureau définitif est
proclamé, prend la parole pour remer-
cier le Sénat.
M. Léon Bourgeois, après avoir rap-
pelé qu'il n'avait pas posé sa candidà-
ture contre M. Dubost, interprète ainsi
son élection ̃̃̃̃'̃
.Je. ctois _ayoir. compris que, c'est au repré--
sentant de la Franco au Conseil de la Société
des nations (Vifs applaudissements) que
vous avez voulu par votre suffrage donner
un surcroit de force et, d'autorité ^Très bien!)
dans les délibérations prochaines dont peu-
vent dépendre kv sécurité et la grandeur do
la France. (Marques d'approbation.)
M. Bourgeois adresse ensuite aux sé-
nateurs d'Alsace et de Lorraine un nou-
veau salut et dit « la joie sans égale de
voir enfin comblés les vides, qu'avait
laissés, le lur mars 1871,1e départ des dé-
putés protestataires. »
L'Heure n'est pas aux longs discours, mais
aux actes. Un seul mot résume nos devoirs
au travail pour refaire la France? (Trie bien
très bien !)
Et M. Léon Bourgeois détaille l'œuvre
à faire reconstitution nationale, réta-
blissement des finances, organisation du
travail; exécution du traité • r
C'est ainsi, dit le président du Sénat, que
nous fonderons cette puissante unité morale
qui est dans le vœu unanime du pays; que
nous rendrons le, seul hommage digne d'elle
à cette grande armée dont les chefs et les
soldats ont sauvé la liberté et porté au plus'
haut sommet la gloire de la Franco et de la
République, et que nous prouverons notre
lidélité à ceux qui sont morts pour elle,
Les applaudissements se prolongent
sur tous les bancs et l'affichage du dis-
cours est ordonné.
La Société des Nations
M. Clemenceau a reçu les félicitations
de plusieurs gouvernements européens
en même temps que leur adhésion il la
Société des nations.
Le président espagnol, dans sa ré-
ponse a la notification du président de
ta. Conférence, rappelle que l'Espagne a
accédé sans réserve aucune au pacte do
la Société nouvelle. M. Zahle, président t
du Conseil danois, exprime la confiance
de sa nation en « l'avenir de paix qui
s'ouvre pour les peuples par la création
d'une Société des nations ». 'M. Eden,
président du Conseil suédois, accuse ré-
ception de la « notification importante »
qui lui est faite et exprime ses félici-
tations.
A La Haye, le gouvernement a déposé
un projet de loi signé par tous les mi*
nistres se réservant d'adhérer à la
convention relative à la Société des na-
tions et de conclure tous compromis qui
pourraient résulter de l'obligation visée
dans l'article i! alinéas 1 et 2 de -oetto
convention. Le gouvernement regrette
que l'Allemagne soit provisoirement
tenue à l'écart, mais considère comme-
une « raison décisive » d'adhésion les
conséquences regrettables qu'un refus
pourrait cnlrainor pour la Hollande.
L'avance bolchevique
->w.-
Aux portes de Roumanie
Bucarest, 13 janvier.
La retraite -des derniers débris des
armées de Donikinc a fait disparaître
tout obstacle entre les frontières rou-
maines de la Bessarabie et les hordes
bolchèvistcs. Le territoire roumain est
déjà envahi par des milliers de familles
russes, fuyant devant les rouges, dont 1;
les atrocités se multiplient.
Les autorilés militaires roumainesbnt-
pris toutes les précautions nécessaires.
pour interdire l'accès du territoire na-
tional aux soldats bolchevistes et se dé-
clarent, d'ores et déjà, assurées de pou-
voir leur barrer la route si, d'aventure,
ils se risquaient à une agression.
L'opinion générale est, cependant, que
les rouges éviteront de se mettre sur les
bras une guerre avec la Roumanie dont
les armées, bien commandées et nom-
breuses, presque .entièrement compo-
sées de vétérans, seraient pour eux un
dangereux adversaire.
La question des équipements et du
ravitaillement en munitions serait la
seule qui pourrait, éventuellement, par
suite du mauvais état du change rou-
main, nécessiter une aide amicale des
Alliés.
Le procès Caillaux
Les débats du procès Caillaux com-
rhenceront « effectivement » selon
l'expression de M. le procureur général
Lescouvé le 17 février.
Ainsi en a décidé hier la Cour' de
justice, dans une courte audience, tenue
à la fin de l'après-midi.
A cette audience, qu'on savait devoir
être de pure forme et qui dura, en fait,
trente-cinq minutes, tous les sénateurs,
anciens et nouveaux, avaient été convo-
qués, conformément à la loi votée par
les Chambres dans les derniers jours du
mois de décembre et qui habilite les
élus du scrutin du 11 janvier à siéger;
dans le procès de l'ancien président du.
Conseil.
M. Léon Bourgeois, éiu quelques ins-
tants auparavant président du Sénat,
présidait l'audience delà Cour de jus-
tice.
Quand il put fait connaître les résul-
tats du scrutin pour l'élection d'un vice-
président appelé à remplacer le prési-
dent en cas d'empêchement (M. Régis-
maudet était élu par 155 votants, sur 200
contre M. Boivin-Champeaux qui obte,
nait 45 suffrages), -il donna l'ordre d'in-
troduire les représentants du minis-
tère public le procureur général Les-
couvé, les avocats généraux Morne fc
et Regnault. Lorsque ceux-ci eurent
occupé la place qui leur est assignée", au
banc des secrétaires, M. Léon Bourgeois
dit aux huissiers de faire entrer l'uc-
̃ cusé.
M. Caillaux se trouvait, à.ce moment,'
à l'entrée de la salle, dans. le couloir où,
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