Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1920-01-04
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 janvier 1920 04 janvier 1920
Description : 1920/01/04 (Numéro 4). 1920/01/04 (Numéro 4).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k292350r
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Dimanche 4 Janvier 1320
Le Numéro quotidien DIX CENTIMES en France Etranger VINGT CENTIMES
66me Année 3me Série N°4
Gaston CALMETTE
Di/ectcur (1002-1914)
BÉDACTION ADMINISTRATION
2 G, Bue Drouot, Paris (9= Arr')
«. • n .( M. ALFRED CAPUS
Rédaction en Chef | M ROBERT DE FLERS
POUR LA PUBLICITÉ
LES ANNONCES ET LES RÉCLAMES
S'adresser 20, rue Drouot, à l'Hôtel du FIGARO
Les Annonces et Réclames sont également reçues
à la Société Gle des Annonces,'8, place de la Bourse
L'état bolchevique
•Quand on examiné la situation créée
en Europe par les victoires des
armées bolchevistes, il faut d'abord faire
-une remarque essentielle c'est que le
.'bolchevisme, par sa définition même,
jne peut accepter aucune concession.
Lénine, Trotsky, les théoriciens comme
les exécutants, sont d'accord sur ce point
capital. Le bolchevisme est intégral. Il
est insoluble dans les sociétés contempo-
raines. Cen'estpointuneliévolution des-
tinée à se « ranger », pour ainsi dire, peu
à peu et à prendre la température du mi-
lieu, en évoluant, par exemple, suivant le
-rythme de la Révolution française eten
finissant par rentrer dans la normale:
c'est, au contraire, une doctrine intan-
gible, d'ailleurs extrêmement simple et
sommaire, et qui cherche à se réaliser
totalement, par la force. Dès qu'elle ne
s'applique plus rigoureusement, elleperd
sa raison d'être et devient un système
de gouvernement quelconque. Elle tend,
en outre, à plier le monde entier au ré-
gime des soviets, sans aucune considé-
ratio ts de ractd, d~ traditions et de coutu-
mes. Lénine vient de se montrer, une
fois déplus, formel à cet égard.
Pour une nation, engager des conver-
sations avec le bolchevisme russe, trai-
ter avec lui, cela ne signiiie donc abso-
lument rien, puisqu'il n'y a pas de traité
humain sans adaptation des intérêts les
uns. aux autres, et que le bolchevisme est
intransigeant dans toutes ses préten-
tions. Uri pays qui traiterait dans ces
conditions s'engagerait par là même
•à se laisser- bolcheviser et n'aurait,
de son côté, aucune chance de régulari-
ser le bolchevisme. Supposons, à la
suite d'une convention franco-bolche-
viste, Lénine à Paris. Ou bien il y mène
la vie d'un chef d'Etat en déplacement,
dînant à l'Elysée, et allant au théâtre, et
alors sa doctrine apparaît simplement
comme une bouffonnerie sanglante; ou
bien, restant logique avec la doctrine,
il, se met à la tête d'un soviet et il faut
immédiatement l'expulser.
Les unifiés 'et les syndicalistes révo-
lutionnaires nous répondront « C'est
la solution logique qui est la bonne.
Léiûive ou ses agents organiseront d,cs
soviets dans toute la France, c'est notre
but. Voilà ce que nous entendons par
î traiter avec les bolchevistes. » Et, en
effet, traiter avec les bolchevistes, c'est
exactement cela. Les diplomates de
J'Entente auront beau déployer tout leur
jgénie, avoir recours à toutes les subtili-
sés, ils ne trouveront pas de solution
Intermédiaire entre les fameux «fils
'barbelés » et la capitulation complète.
..C'est la grande nouveauté de l'état bol-
,'chevique, et ce qui en fait le carac-
Vtère monstrueux, de ne pas comporter
de solution moyenne.
Alfred Capus,
m de l'Académie française.
UflE aË^ÉWlE A JÉRUSflltEjff
Jérusalem, 2 janvier.
Une splendide cérémonie, présidée par
le cardinal Dubois, vient de se dérouler
|à Jérusalem. Le cardinal était entouré
de cinq évêques, du consul général fran-
feuilleton du FIGARO du 4 janvier
La Semaine Dramatique
PAR
ROBERT DE FLERS
Comédie-Française LE PRINCE DAUREC,
comédie en trois actes, do M. Henri La-
vedan.
Théâtre Femina TRIPLEPATTE, comédie
en cinq actes, de MM. Tristan Bernard et
Godl'eraaux.
A PUOPOS DES PROJKTS DE TAXES NOUVELLES
SUR LES THÈVrKE.S.
'̃ '•' ̃
11 est fort évident que le Prince d'Au-
rec a été joué pour la première l'ois en
1891, et que depuis lors les mœurs ont
évolué. Mais les rapports des personna-
ges étaient si justes et si audacieux que
l'œuvre a conservé §a vigueur cinglante
et sa signification sociale. L'intérêt que
nous y prenons a sàus doute quelque
chose de rétrospectif, mais il n'est point
pour cela diminué. Nous nous en som-
mes bien aperçusl'autre soir à la pre-
mière représentation dé la Comédie-
Française,, où le public, sans se préoc-
cuper de l'abîme creuse entre les dix der-
nières années du dix-neuvième siècle et
notre temps, a pris comme il convenait
tantôt au plaisant, tantôt au tragique, le
conflit qui met aux prises Dominique,
prince d'Aurec, et le baron de Horn. Il
paraît qu'il n'en fut point de même à la
•répétition générale. Je ne pense point
qu'il faille s'en étonner. Le Prince d'Au-
rec et c'est. la preuve môme de sa vita-
lité– éveille encore des ainimosités, des
rancunes, presque des haines, et, comme
pourson plusgrand honneur,il leséveille
àla£ois!dans dés camps et des partis op-
posés, la somme de ces hostilités peut à
'certains instants créer une atmosphère
de résistance assezlourde. Mais ces ins-
̃tants sont fugitifs. Au théâtre, le théâtre
prime tout; et il y a dans les trois actes
de M. Henri Lavedan des qualités scé-
niques si fortes et si éclatantes, des dé-
bats de si haute allure, des chocs de ré-
pliques d'un tel frémissement, nue le
çàis, ides consuls d'Espagne, de Grèce,
des Etats-Unis et d'Italie. ̃'̃'̃̃
Un nombreux clergé régulier et sécu-
lier assistait à la cérémonie qui se dérou-
lait en présence d'une foule recueillie.
Le cardinal Dubois a prononcé un ma-
gnifique discours.
La messe a été dite par l'évêque de
Gap..
Le Retour de M. Clemenceau
M. Clemenceau a quitté Toulon hier
soir à sept heures, par train spécial.
Dans la journée, le président du Conseil
avait visité Forcalquier, Garéoult, Bel-
g-entier, Solliès-Toucas, Cuers, Solliès-
Pont, Lacrau et Hyères, Le même acc-
ueil enthousiaste lui a été fait dans cha-
cune de ces localités.
A Hyères, M. Clemenceau, répondant
aux souhaits de bienvenue de la munici-
palité, a renouvelé ses précédentes dé-
clarations. Il a montré tout l'effort qui
reste à faire dans ce pays pour qu'il
puisse bénéficier de tous les avantages
qu'il est en droit d'attendre de la vic-
toire.
Parti d'Hyères à trois heures et demie,
le président.du Conseil est arrivé à Tou-
lon à cinq heures, après un. court arrêt
à Carqueiranne et au Pradel.
A l'heure du départ pour Paris, une
foule nombreuse l'a accompagne à la
gare, pour lui faire une dernière ovation.
M. Clemenceau, qui a été, à son pas-
sage à Marseille, à huit heures, salué
par le préfet des Bouches-du-Rhône, ar-
rivera ce matin à Paris, en gare de Lyon.
Dansla journée, l'automobile clans laquelle
avaient pris place, à Hyères, MM. Reymo-
nenq, Gavoty et Aiguier, députés, et M. Ba-
zin, préfet du Var, heurta un arbre. MM.
Reymonenq, Gavoty et Bazin furent contu-
sionnés, mais ils ont continué leur voyage.
ÉCHOS
Une bonne petite surprise, à l'Officiel
ce matin
Sur le rapport du ministre du com-
merce, de l'industrie et des postes et des
télégraphes, le Président de la Répu-
blique a signé un décret aux termes du-
quel 1920 1@ le -prix des
A partir du 1er janvier 1920, le prix des
cartes-lettres, enveloppes et bandes timbrées
vendues par l'Etat est fixé ainsi qu'il suit, en
sus de la valeur des figurines d'a/ïrançliisser
meut ̃. ̃"̃
1° (Jartes-Jeltres doux centimes ot demi
par carte (soit 17 cent. 1/2)
2° Enveloppes timbrées trois centimes
par enveloppe, format lettre; deux centimes
par enveloppe, format carte de visite
3° Bandes timbrées un centime par deux
bandes.
Les cartes-lettres seront vendues au public
par quantités égales à deux ou à un multiple
entier de deux.
Les enveloppes timbrées seront vendues
par paquets indivisibles de cinq, les bandes
par paquets indivisibles de dix.
Compliments à ceux qui ont fait, hier,
leur provisions.
Justes doléances
Mon cher Figaro,
Au moment où vous vous occupez du grave
problème do la circulation dans Paris, per-
mettez-moi de vous demander, avant l'appli-
cation des passages à niveau, etc., si nous
ne pourrions pas revenir aux mesures appli-
quées avant la guerre? C'est-à-dire le sens
unique pour certaines voies étroites et paral-
lèles, comme les rues Duphot et Cambon,
par exemple.
A quelque heure du jour, je vous défie
d'aller de bout en bout do ces petites rues
spectateur, bon gré mal gré, ne peut
manquer de s'y laisser prendre.
Et pourtant, le Prince d'Aurec repa-
raissait à la rampe dans la période de
sa destinée où il était le plus délicat de
le faire. Pour les pièces qui peignent les
mœurs, il y a des « moments ». D'abord,
elles représentent l'actualité; plus tard,
elles représentent une époque. Or, le
Prince â'Auvec se trouve à une heure
en quelque sorte intermédiaire. Il n'ap-
partient plus tout à fait au présent et il
n'appartient pas encore au passé. Il lui
fallait pour résister à ce péril, si j'ose
dire, une rude santé. Il nous a prouvé
qu'il l'avait. Bonne pièce ne peut mentir.
M. Abel Hermant qui sait à merveille
le sens exact de tous les mots, a parfaite-
ment résumé, cette opinion en disant
qu'une comédie qui date, n'est pas du
tout une comédie qui a vieilli.
Celle-ci, en dépit des années écoulées,
nous a paru au contraire singulièrement
jeune, batailleuse, querelleuse, et son
audace estrestée toute neuve. Il en fal-
lait pour décocher cette série de traits à
toute une classe qui sans doute n'était
pas vulnérable qu'au talon au talon
rouge mais qui tout de même, sur-
tout dans une salle de spectacle, repré-
sentait un coefficient de force, d'élé-
gance et d'éclat, qu'il était assez témé-
raire d'attaquer de front.
La noblesse a été un ordre, puis une
classe, puis une catégorie sans cesse
moins nombreuse d'individus. D'ailleurs
dans les pays où elle est restée un ordre,
elle n'a point, me semble-t-il. gagne
grand'chose. En passant à Stockholm
devant le palais de la Noblesse, un vieux
Suédois de grande famille m'a dit un
jour
C'est là que nous défendons nos
derniers privilèges.
Vous en avez donc encore? lui de-
mandai-je, et il me répondit avec une
satisfaction évidente..
Mais je crois bien Nous avons.
le droit de battre nos enfants pour les
élever, etlorsque nous sommes condam-
nés à mort, nous pouvons exiger d'être
exécutés par le glaive..
Nous vivons à une époque où il faut
se contenter des moindres choses.
« Loué par ceux-ci, bîârpé par ceux-là, me moqua|itdes/sots, bravant les méchants, je me presse
de rire de tout. de peur d'être Obligé d'en pleurer. »:(Bbâumarciîais.)i
avec votre voiture' on moins d'un ̃' -quart
d'heure. ̃ ̃' ̃••̃̃̃
̃II y. a: là un. embouteillage constant dû à
ce que les voitures, stationnent devant les
maisons indifféremment dans les deux sens.
Si le sens unique était à nouveau, appliqué,
il serait très simple d'imposer aux véhicules
le stationnement le long d'un seul trottoir
dans le sens de la circulation, et ceci à la
satisfaction de tous.
Tout le monde admire la discipline dos
chauffeurs londoniens; mais ce qu'on ou-
blie d'ajouter et de relater, c'est la crainte
qu'ils ont des sanctions, toujours très sé-
vères en Angleterre.
Les sanctions Voilà ce qui, chez nous,
fait peur, hélas à tout le monde. Puisse
la commission de la préfecture, qui étu-
die ce problème de la circulation, tenir
compte de ces desiderata.
Le Masque de Fer.
Les Elections sénatoriales
Dans la plupart des départements, les
délégués sénatoriaux se réuniront au-
jourd'hui en congrès pour désigner les
candidats qui seront présentés dimanche
prochain au corps électoral.
11 n'apparaît pas que. pàHou t, comrne
au 16 novembre dernier, l'union natio-
•nâle -soit réalisée sur • un largo pro-
gramme oit les diverses fractions", du,
parti, républicain pourraient s'entendre
̃ sans cependant se confondre.
Après le magnifique élan des élections
législatives, il y a comme une sorte de
stagnation de la conscience publique.
Ce phénomène s'explique. Pour l'élec-
teur français, le pouvoir parlementaire
réside essentiellement dans l'assemblée
issue. du suffrage universel. Très vigou-
reusement il a opposé au socialisme
boichevique son instinct de conversation
sociale en se disant:
Si j'ai une bonne Chambre, je suis
tranquille et à l'abri des bêtises.
11 a nommé une bonne Chambre, puis
il s'est un peu désintéressé du reste. 11
s'en est désintéressé au point de vue
général, car élevé dans le scrutin d'ar-
rondissement, il n'a pas perdu de vue
ses petits intérêts particuliers et a re-
commencé à voter pour le conseiller
municipal, pour le conseiller général,
pour le conseiller d'arrondissement qui
lui assurent des petites prébendes habi-
tuelles auxquelles il tient.
En cela encoresil s'est montré conser-
vateur.. .̃
Mais il a oublié que c'est justement ce
corps électoral, composé de ses conseil-
lers municipaux, généraux, d'arrondis-
sement, qui va?nôrnmer ses sénateurs,
et que le Sénat est un grand corps poli-
tique qui a au moins autant d'impor-
tance que la Chambre, sinon plus.
Le Sénat peut dissoudre la Chambre
et la Chambre ne peut pas dissoudre le
Sénat. ̃
Il résulte de cette indifférence que,
dans un certain nombre de départe-
ments, les tractations immorales rom-
pues par le grand courant du 16 novem-
bre dernier se renouent, et qu'embus-
qués derrière le suffrage restreint, les
vaincus du suffrage universel vont tenter
une nouvelle offensive.
Il est encore temps d'aviser.
Dans les congrès on discute les titres,
les mérites politiques des candidats.
Il est donc facile d'exiger d'eux des
engagements précis, de ne pas, favoriser
l'équivoque, et de ne pas permettre à
l'ancien bloc .de gauche, radical et so-
cialiste, de se substituer au bloc national.
On a vu le péril sur beaucoup de
points, du territoire et on le conjure.
Il faut partout se mettre en défense.
Le Sénat qui s'est souvent et heureu-
sement opposé aux fantaisies démago-
En France, le respect de la noblesse a
été remplacé par le préjugé de la no-
blesse. Mais ce préjugé fut peut-être
plus fort que ce respect. A partir du mo-
ment précis où la bourgeoisie pensa pou-
voir se mêler à la noblesse, elle la;consi-
dère avec une déférence plus grande et
une sorte de piété. Sous Louis XIV, M.
Poirier îr'cût pas parlé au marquis de
Presles avec autant de crainte, que sous
Emile Augier. Il est vrai qu'il ne, lui, au-
rait peut-être pas, parlé du tout.
Mais en nous restreignant au seul témoi-
gnage de la littérature, voulez-vous me
dire qui, depuis la Révolution française,
a osé parler des nobles avec la redouta-
ble sincérité et la sereine violence d'un
La Bruyère ? Relisez le chapitre des
Grands ou celui de la Cour. Vous y trou-
verez quelques réflexions de la puis-
sance de celles-ci :« Si. la noblesse est
vertu elle se perd par tout ce qui n'est
pas vertueux si elle n'est pas vertu,
c'est peu de chose ». Et encore «Lapré-
vention du peuple en faveur des grands
est si aveugle et l'entêtement pour leur
geste, leur visage, leur ton de voix et
leurs manières, si général que s'ils s'a-
visaient d'être bons cela irait à l'idolâ-
trie ».
Et si vous passez du livre au théâtre,
la vivacité de la satire n'est pas moindre.
C'est George Dandin qui dit « Je suis
dqyenu là-dessus savant à-rnes dépens
et,je connais le style des nobles lors-
qu'ils nous font, nous autres, entrer dans
leur famille. L'alliance qu'ils font est
petite avec nos personnes; c'est notre
bien seul qu'ils épousent. »,Y a-t-il rien
de plus direct et de plus acéré dans le
Gendre de M. Poirier '?
Pourquoi donc? C'est que depuis le
dix-septième siècle nous avons connu
l'avènement des démocraties et que cel-
les-ci, tout en cherchant à abaisser la va-
leur de la noblesse, ont relevé son prix.
Elles ont trouvé bien trop piquantes,
bien trop empoisonnées les flèches d'un
Ghamfort. Chamfortn'a jamais fait sou-
rire que les nobles, .disait Barbey d'Aure-
villy, la canaille n'y. comprend rien.
L'auteur des Diaboliques ne se trompait
pas. 11 est évident quo lorsque Cham-
fort déclarait « La noblesse est un in-
termédiaire entre le roi et le peuple.
Oui, comme le chien de chasse est un
de l'ancienne Chambre., ne doit
pas les favoriser aujourd'hui.
Auguste Avril.
Autour des traités
le voyage de M. Nitti
M. Nitti est parti de Rome, à dix
heures, pour Paris et Londres.
Le minisire du travail, M. Dante
Ferraris, qui est actuellement à Rome,
partira pour Paris dans deux ou trois
jours. Au Conseil suprême
Le Conseil s'est réuni hier et a en-
tendu le général Le Rond, qui lui a
exposé l'état des pourparlers engagés
avec les représentants de l'Allemagne,
en ce qui concerne la transmission des
pouvoirs et l'autorité des commissions
de gouvernement dans les zones du plé-
biscite.
Des différences assez notables existent
entre le programme développé par les
Alliés et les instructions données aux
commissaires allemands. Il en résulte
que ces derniers ont jugé nécessaire
d'en référer à Berlin.
Dans ces conditions, l'échange des ra-
tifications ne peut plus être espéré
pour le 0.
Le Conseil a pris connaissance ensuite
de télégrammes relatifs à la situation
en Russie méridionale. Il a décidé que
des mesures seraient prises en vue de
faciliter l'évacuation des habitants qui
veulent échapper à la domination bol-
cheviste.
La réponse allemande
II se confirme que le gouvernement
allemand, tenant pour suffisantes les ré-
ponses verbales faites à Paris par M. von
Lersner, n'enverra pas de réponse écrite
à la dernière note du Conseil suprême.
L'état du Kaiser
Le Berliher Tageblatt écrit que l'ex-
Kaiser, affaissé, très vieilli,. est morale-
ment et physiquement plus touché que
l'on, ne le croit. Le tremblement de sa
jambe et de son bras droit augmente. Il
ne parle vite et ne s'anime que quand il
est question du passé. Il estimeque l'Al-
lemagne est dans une situation déses-
pérée et qu'il a été trahi par ses conseil-
lers ainsi que par la nation entière.
Tout observateur impartial, ajoute le jour-
,nal, devra reconnaître que l'Empereur est
incapable de réaliser les desseins politiques
X[u'onlu'i pi'êtp.•
Le Kaiser demandera- t-il; à la Société
des nations un examen médical ?
Les créances allemandes
Le ministère de la justice communique
la note suivante:
Il est rappelé aux Français débiteurs de
sujets allemands, autrichiens ou hongrois, à
raison d'obligations antérieures à la guerre,
qu'il leur est toujours interdit de répondre
aux réclamations dont ils peuvent être l'ob-
jet de la part de leurs créanciers allemands,
autrichiens ou hongrois.
Tout acte contraire dérogeant sous une
forme quelconque à ladite interdiction se-
rait radicalement nul et comme moindre
sanction exposerait Je 'débiteur français à
payer une seconde fois entre les mains du
liquidateur français.
En conséquence
Les Français débiteurs d'Allemands par
actes ou contrats antérieurs, à la guerre ne
peuvent et ne pourront jamais s'acquitter de
leurs dettes entre les mains des Allemands;
Les Français détenteurs à quelque titre
que ce soit de biens ayant appartenu à des
Allemands ne pourront s'en dessaisir que
sur des instructions spéciales dos, autorités
judiciaires françaises.
intermédiaire entra le chasseur et le
lièvre », il est évident que ce ne sont
pas les lièvres que cette réflexion diver-
tissait.
La satire de la noblesse est bien, sans
doute, une sorte de tradition de l'esprit
français mais cette tradition va en s'at-
ténuant, en se rapetissant, à mesure que
les privilèges de la noblesse diminuent
et que ceux de la bourgeoisie augmen-
tent. Beaumarchais est moins terrible
que Molière, et Augier moins incisif
que Beaumarchais. A la veille du jour
où le tiers état va pouvoir s'écrier
« C'est nous les aristos », il est clair
qu'il a moins envie de traîner ceux-ci
dans le sang et même dans la boue.
Mais je crois que le meilleur défenseur
de la noblesse celui qui s'est appliqué
avec le plus de zèle à mettre en valeur
la gloire de son passé,: sa fierté et ses
élégances, c'est le théâtre. Rien n'est
plus curieux que les réflexions des vieil-
les gens de coulisses, qui n'ont jamais
aperçu le monde et la vie que cachés
derrière le manteau d'Arlequin. L'un de
ces «mentons gris» avait coutume de
dire « Les deux meilleures répliques
qui existent ce sont « Je vous aime » et
«Une lettre pour monsieur le comte. »
Les œuvres les plus libres, les plus
indépendantes et celles-là même qui
entendent dire son l'ait à la société– ne
sont pas exemptes de ce snobisme. Il
apparaît jusque dans l'oeuvre d'Alexan-
dre Dumas fils. Remarquez la complai-
sance avec laquelle ses personnages se
donnent leur titre et qu'on ne trouve
plus guère qu'à l'office à condi-
tion toutefois que les domestiques fas-
sent partie d'un syndicat de gens de mai-
son bien pensants. Et pourtant Dumas.
fils passa pour un contempteur acharné
des mœurs de la haute société. La pre-
mière version de l'Etrangère fut inter-
dite en octobre 1864 par la censure in-
dignée. On a retrouvé les termes de cette
interdiction dans les Papiers secrets du
Second Empire ils sont fort curieux
« Nous croyons mauvais, dit le bon
censeur, de mettre sous les yeux du pu-
blic le dévergondage des femmes du
plus haut monde. La princesse russe
Ismaïloff, appartenant à la plus haute
aristocratie étrangère, la marquise de
Cambry, représentant le monde pari-
Eh outre, sont et demeurent interdits toute
opération relative aux biens des sujets en-
nemis placés sous séquestre et, tout paiement
de coupons de valeurs appartenant ou ayant
appartenu à des sujets ennemis depuis le
i" août 1914.
Pourparlers germano-polonais
Les représentants de l'Allemagne et
de la Pologne se sont réunis hier sous
la présidence du général Le Rond, afin
de continuer la discussion des mesures
qui sont Liées à. l'application du traité.
M. Simson a pris la parole pour l'Alle-
magne, M. Patek pour la Pologne.
EN RUSSIE
L'armistice russo-esthonien
Londres, 3 janvier.
L'Agence Reuler apprend de Reval,
3 janvier, que les hostilités entre les
bolchevistes et les Esthoniens ont cessé
ce matin, à dix heures. Les armées des
deux camps ne changeront pas leurs
positions, mais seront séparées l'une de
l'autre par une bande de territoire
neutre.
L'armistice, dont la durée a été fixée
à 7 jours, pourra être renouvelé à la fin
de cette période. • -̃̃
Le gouvernement letton a fait connaî-
tre à M. Joffe ses conditions de paix.
Aujourd'hui se réunit à Helsingfors
une conférence où la Finlande, la Let-
tonie, la Lithuanie et l'Esthonie discu-
teront la question de l'armistice et celle
d'une alliance défensive contre les so-
viets. Les officiers de l'escadre bri-
tannique de la Baltique assisteront aux
séances.
AUX ETATS-UNtS
CONTRE LA RÉVOLUTION
New-York, 3 janvier.
Des opérations de police ont eu lieu
lanuit dernière, dans 33 villes des Etats-
Unis.
On a arrêté les rédacteurs de tous les
journaux communistes et confisqué des
tonnes de publications révolutionnai-
res. Les autorités déclai'ent avoir dé-
couvert dans un dépôt clandéstin vingt-
cinq fusils, plusieurs engins explosifs
semblables à ceux que divers notables
américains reçurent par là poste pen-
dant Tété passé. Elle assurent avoir la
preuve que les communistes chez les-
quels on vient d'opérer des- descentes
préconisaient le renversement du gou-
vernement par un coup de force.
Les agents fédéraux et les directeurs
des diverses polices municipales ont été
nantis de plus de 5,000 mandats d'arrêt.
En quelques heures 500 extrémistes ont
été-arrêtés à New-York, où 80 pour cent
des agitateurs sont étrangers, principa-
lement russes.
On déclare que le gouvernement a
l'intention de prendre des mesures spé-
ciales pour la déportation des indési-
rables.
La Crise du logement
Londres, 3-janvier.
Au mois de juin prochain se tiendra à
Londres une importante conférence in-
teralliée relative à la construction et à
l'aménagement des viiles en conformité
du programme national afin d'assurer à
tous les citoyens une habitation conve-
nable. La France, l'Italie, la Suisse, la
sien, nous semblent, dans leur ardeur
joyeuse à jouer à la drôlesse, d'un ensei-
gnement dangereux. En résumé, la com-
mission pense que l'Etrangère aurait le
double tort d'attaquer la morale publi-
que et de froisser les susceptibilités de,
la haute société parisienne et étran-
gère. »
Ainsi donc, si la baronne de Cambry
avait été une bonne bourgeoise « bova-
rysante» de la rue -du Sentier et si la
princesse Ismaïlofï n'avait été que la
grand'mère de Lénine, l'immoralité de
la, pièce eût été moins grande et moins
contagieuse Admirable prestige de la
noblesse
Il ne fallut pas à M. Henri Lavedan"
un médiocre courage pour attaquer sur
la scène et aussi vivement toute une
catégorie de gens qui y avaient conservé
nombre de privilèges qu'ils avaient, à
vrai dire, perdu dans la réalité.
Depuis de longues années, le conflit
entre le noble et le roturier avait presque
toujours pour terrain la question d'ar-
gent. Si le marquis de la, Seiglière, si le
marquis de Presles ont eu l'avantage de
jouer des rôles intéressants, c'est qu'ils
étaient fort désargentés et qu'heureu-
sement de' braves fils de leurs œuvres
se trouvaient sur leur chemin, prêts aies
obliger, pourvu qu'ils obtinssent une
satisfaction d'amour ou d'amour-propre.
C'est bien encore la question d'argent
qui a servi à M. Lavedan de thème es-
sentiel. Mais il a cherche a en renouve-
ler l'aspect, et il v a réussi, en op-
posant au prince d'Aurec, réduit aux
expédients, le baron de Horn, cent fois
millionnaire et tâchant à se pousser
dans le monde par une liaison aristo-
cratique. Posé de cette manière, le choc
des deux personnages prenait une al-
lure et une vigueur nouvelles.
Il est évident qu'aujourd'hui le point
de vue du public a un peu changé et qu'il
n'apprécie plus tout à fait de la même
manière ta conduite de de Horn et celle
du ménage d'Aurec. Ce n'est point tant,
à vrai dire, il cause de la confusion de
plus en plus grande des différentes
classes sociales; c'est surtout parce que,
dans les conditions actuelles de la vie,
l'argent est à peu près seul à régler les
rapports entre les individus. Il y a le
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
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de France et. d'Algérie
Hollande, In Danemark, la Suc le, la
Norvège y enverront des dél.éguùs.
La négociation flujnie Ixîe
Les historiens de la guerre mondiale
n'auront pas à fouiller bien profondé-
ment les archives. Il leur suffira de
compulser les journaux. La paix n'est
pas encore définitive que déjà tous les
papiers diplomatiques sortent au jour
au jour le jour.
Aux documents que nous avons re-
produits d'après l'Opinion concernant
cette négociation, il faut ajouter deux
lettres publiées par le Temps, avec cette
explication
Dans les documents que publie aujour-
d'hui l'Opinion, il est question du voyage
que le prince Sixte de Bourbon fit à Londres
au mois de mai 1917 et des lettres qu'échan-
gèrent à ce propos M. Ribot et M. Lloyd
George.
Le texte de ces deux lettres ne se trouve
point dans V Opinion, mais il fut commu-
niqué en son temps à la commission parle-'
mentaire qui s'occupa au Palais-Bourbon de la.
négociation de 1917. Il n'a donc pas un carac-,
tère secret et nous sommes en mesure de le re-
produire. Comme on va le voir, la lettre de
M. Ribot suffit à démentir l'affirmation selon
laquelle le' chef du gouvernement français'
aurait essayé de dissuader le prince Sixte'do)
se rendre à Londres. D'ailleurs, M. Ribot,
loin de déconseiller ce voyage, l'avait sug-'
géré. ̃.
Voici d'abord la lettre adressée par M. Ribot
à M. Lloyd George, le 20 mai 1917
« Cher monsieur Lloyd George,
»Le prince S. doit se rendre demain à
Londres. Il vous communiquera une lettre
autographe que vous lirez avec intérêt nous
avons ropéto au prince qu'il nous était im-
possible de rien faire en dehors de l'Italie. Je
persiste à penser que la démarche dont il est'
question dans la lettre n'a pas pu être auto-
risée par le roi. Le plus simple serait d'en
parler au Roi lui-même, et pour cela de l'in-
viter à venir en France rendre visite à notre'
armée et à l'armée britannique, ce qui per-
mettrait d'arranger, sans éveiller les soup-
çons, une entrevue entre lui, S. M. le
roi de la Grande-Bretagne et le Président t
de la République.Vous pourriez accompagner
S. M. britannique, de même que j'accompa-
gnerais M. Poincaré. On verrait s'il est pos-
sible d'engager une conversation avec quel-
ques chances d'aboutir. Vous ne vous dissi-
mulez pas qu'un accord sera très difficile nous
no pourrions, on effet, sacrifier ni la Serbie,
ni surtout la Roumanie qui n'est entrée en
guerre qu'à notre demande. Nous devons en
tout cas agir avec la plus grande prudence,
et je crois que, jusqu'à nouvel ordre, les
confidences qui nous ont été- faites et que
noua, avions le devoir d'écouter doivent rester
entre les seules personnes qui on ont eu, jus-
qu'à présent, communication.» »
La démarche à laquelle M. Ribot fait allu-
sion et à laquelle il refuse de croire, est celle
par laquelle l'Italie aurait fait clandestine-
ment une offre de paix séparée à l'Autriche-
Hongrie. On sait que cette protendue dé-
marche fut démentie avec indignation par le
gouvernement italien.
Voici maintenant la traduction de la ré-
ponse adressée à M. Ribot par M. Lloyd
George, le 23 mai 1917
« Cher monsieur Ribot,
» J'ai vu aujourd'hui votre informateur et
je l'ai mené chez le Roi. Ce dernier approuve
votre suggestion, d'après laquelle une ren-
contre devrait être arrangée en France entre
les deux rois et le président Poincaré, avec
leurs ministres respectifs. Voulez-vous avoir
la complaisance de faire les démarchés né-,
cessaires pour inviter les rois d'Angleterre et'
d'Italie à visiter le front français à une date!
rapprochée?
» En invitant le roi d'Italie, on pourrait
indiquer que le président Poincaré serait'dé-
sireux d'avoir un échange de vues immédiat
sur la situation russe, au sujet de laquelle'
il aurait reçu des informations spéciales. Je
crains que, si l'on ne fait pas connaître au!
bon argent, et le mauvais argent, mais
enfin c'est toujours l'argent. Le du,
baron de Horn tendant à la princesse
d'Aurec son carnet do 'chèciucs en la
priant d'y inscrire çlle-mèmë le chif-'
fre, nous apparaît maintenant comme
^presque romantique. « Quel sale juif,
'mais quel chic type! » s'écriait l'au-
tre soir, dans un couloir, une jeune
femme entliousiasmée. On sent fort
bien que le public ne trouverait pas
si « énaurme », comme disait Flau-
b'ert, l'idée que la princesse puisse
de quelque manière récompenser les
libéralités magnifiques de son amou-
reux sémite. En s'y refusant, éll.e
,semble peut-être moins honnête qu'elle
ri'e.ré serait en y consentant. Le. temps,
la morale et les femmes ont marché. La
pièce, d'ailleurs, n'y perd rien, au
contraire. En 1891, nous étions certains
que la princesse enverrait promener,
quoi qu'il arrive, le banquier. En 1920,
on ne sait pas trop comment cela va,
finir et si, au dénouement, la princesse ne
filera pas sûr un yacht en compagnie dit
baron, tandis que le prince après
s'être fait annuler en Cour de Rome
se préoccupera de trouver une Améri-
caine de bonne volonté pour redorer lo
blason des d'Aurec, que les Piédoux
n'ontpas réussi à tirer d'afîairo?
Ces oppositions de personnages sont
éternelles. A travers les siècles elles ne
cesseront d'évoluer. Vous verrez ua
jour la comédie de, l'ancien riche aux
prises avec le nouveau. Le premier tien-
dra l'emploi du noble, le second celui de.
bourgeois; l'un sera le de Prestes de la
combinaison, l'autre, en sera îe Poirier.
1/aneien riclie s'écriera « Savez-vous
pourquoi mon arrière -grand-père Du-
pont-Durand a travaillé vingt ans dans
les bureaux de M. Lalfitte; pourquoi mon
grand-père Dupont-Durancl a vendu du
riz aux armées du Second Empire; pour-
quoi mon père Dupont-Durand s'est fait
une situation importante sous la prési-
dence de M. Grévy, dans les entreprises
de démolitions "C'est pour qu'aujour-
d'hui, ruinée par.le krach des fonds rus-
ses, matille vienne apporter le lu&tre de
mon trait d'union à M. Usinet. profi-
teur de la guerre ». ̃
A quoi M. Usinet répliquera
Savez-vous pourquoi j'ai monté six
Le Numéro quotidien DIX CENTIMES en France Etranger VINGT CENTIMES
66me Année 3me Série N°4
Gaston CALMETTE
Di/ectcur (1002-1914)
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«. • n .( M. ALFRED CAPUS
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Les Annonces et Réclames sont également reçues
à la Société Gle des Annonces,'8, place de la Bourse
L'état bolchevique
•Quand on examiné la situation créée
en Europe par les victoires des
armées bolchevistes, il faut d'abord faire
-une remarque essentielle c'est que le
.'bolchevisme, par sa définition même,
jne peut accepter aucune concession.
Lénine, Trotsky, les théoriciens comme
les exécutants, sont d'accord sur ce point
capital. Le bolchevisme est intégral. Il
est insoluble dans les sociétés contempo-
raines. Cen'estpointuneliévolution des-
tinée à se « ranger », pour ainsi dire, peu
à peu et à prendre la température du mi-
lieu, en évoluant, par exemple, suivant le
-rythme de la Révolution française eten
finissant par rentrer dans la normale:
c'est, au contraire, une doctrine intan-
gible, d'ailleurs extrêmement simple et
sommaire, et qui cherche à se réaliser
totalement, par la force. Dès qu'elle ne
s'applique plus rigoureusement, elleperd
sa raison d'être et devient un système
de gouvernement quelconque. Elle tend,
en outre, à plier le monde entier au ré-
gime des soviets, sans aucune considé-
ratio ts de ractd, d~ traditions et de coutu-
mes. Lénine vient de se montrer, une
fois déplus, formel à cet égard.
Pour une nation, engager des conver-
sations avec le bolchevisme russe, trai-
ter avec lui, cela ne signiiie donc abso-
lument rien, puisqu'il n'y a pas de traité
humain sans adaptation des intérêts les
uns. aux autres, et que le bolchevisme est
intransigeant dans toutes ses préten-
tions. Uri pays qui traiterait dans ces
conditions s'engagerait par là même
•à se laisser- bolcheviser et n'aurait,
de son côté, aucune chance de régulari-
ser le bolchevisme. Supposons, à la
suite d'une convention franco-bolche-
viste, Lénine à Paris. Ou bien il y mène
la vie d'un chef d'Etat en déplacement,
dînant à l'Elysée, et allant au théâtre, et
alors sa doctrine apparaît simplement
comme une bouffonnerie sanglante; ou
bien, restant logique avec la doctrine,
il, se met à la tête d'un soviet et il faut
immédiatement l'expulser.
Les unifiés 'et les syndicalistes révo-
lutionnaires nous répondront « C'est
la solution logique qui est la bonne.
Léiûive ou ses agents organiseront d,cs
soviets dans toute la France, c'est notre
but. Voilà ce que nous entendons par
î traiter avec les bolchevistes. » Et, en
effet, traiter avec les bolchevistes, c'est
exactement cela. Les diplomates de
J'Entente auront beau déployer tout leur
jgénie, avoir recours à toutes les subtili-
sés, ils ne trouveront pas de solution
Intermédiaire entre les fameux «fils
'barbelés » et la capitulation complète.
..C'est la grande nouveauté de l'état bol-
,'chevique, et ce qui en fait le carac-
Vtère monstrueux, de ne pas comporter
de solution moyenne.
Alfred Capus,
m de l'Académie française.
UflE aË^ÉWlE A JÉRUSflltEjff
Jérusalem, 2 janvier.
Une splendide cérémonie, présidée par
le cardinal Dubois, vient de se dérouler
|à Jérusalem. Le cardinal était entouré
de cinq évêques, du consul général fran-
feuilleton du FIGARO du 4 janvier
La Semaine Dramatique
PAR
ROBERT DE FLERS
Comédie-Française LE PRINCE DAUREC,
comédie en trois actes, do M. Henri La-
vedan.
Théâtre Femina TRIPLEPATTE, comédie
en cinq actes, de MM. Tristan Bernard et
Godl'eraaux.
A PUOPOS DES PROJKTS DE TAXES NOUVELLES
SUR LES THÈVrKE.S.
'̃ '•' ̃
11 est fort évident que le Prince d'Au-
rec a été joué pour la première l'ois en
1891, et que depuis lors les mœurs ont
évolué. Mais les rapports des personna-
ges étaient si justes et si audacieux que
l'œuvre a conservé §a vigueur cinglante
et sa signification sociale. L'intérêt que
nous y prenons a sàus doute quelque
chose de rétrospectif, mais il n'est point
pour cela diminué. Nous nous en som-
mes bien aperçusl'autre soir à la pre-
mière représentation dé la Comédie-
Française,, où le public, sans se préoc-
cuper de l'abîme creuse entre les dix der-
nières années du dix-neuvième siècle et
notre temps, a pris comme il convenait
tantôt au plaisant, tantôt au tragique, le
conflit qui met aux prises Dominique,
prince d'Aurec, et le baron de Horn. Il
paraît qu'il n'en fut point de même à la
•répétition générale. Je ne pense point
qu'il faille s'en étonner. Le Prince d'Au-
rec et c'est. la preuve môme de sa vita-
lité– éveille encore des ainimosités, des
rancunes, presque des haines, et, comme
pourson plusgrand honneur,il leséveille
àla£ois!dans dés camps et des partis op-
posés, la somme de ces hostilités peut à
'certains instants créer une atmosphère
de résistance assezlourde. Mais ces ins-
̃tants sont fugitifs. Au théâtre, le théâtre
prime tout; et il y a dans les trois actes
de M. Henri Lavedan des qualités scé-
niques si fortes et si éclatantes, des dé-
bats de si haute allure, des chocs de ré-
pliques d'un tel frémissement, nue le
çàis, ides consuls d'Espagne, de Grèce,
des Etats-Unis et d'Italie. ̃'̃'̃̃
Un nombreux clergé régulier et sécu-
lier assistait à la cérémonie qui se dérou-
lait en présence d'une foule recueillie.
Le cardinal Dubois a prononcé un ma-
gnifique discours.
La messe a été dite par l'évêque de
Gap..
Le Retour de M. Clemenceau
M. Clemenceau a quitté Toulon hier
soir à sept heures, par train spécial.
Dans la journée, le président du Conseil
avait visité Forcalquier, Garéoult, Bel-
g-entier, Solliès-Toucas, Cuers, Solliès-
Pont, Lacrau et Hyères, Le même acc-
ueil enthousiaste lui a été fait dans cha-
cune de ces localités.
A Hyères, M. Clemenceau, répondant
aux souhaits de bienvenue de la munici-
palité, a renouvelé ses précédentes dé-
clarations. Il a montré tout l'effort qui
reste à faire dans ce pays pour qu'il
puisse bénéficier de tous les avantages
qu'il est en droit d'attendre de la vic-
toire.
Parti d'Hyères à trois heures et demie,
le président.du Conseil est arrivé à Tou-
lon à cinq heures, après un. court arrêt
à Carqueiranne et au Pradel.
A l'heure du départ pour Paris, une
foule nombreuse l'a accompagne à la
gare, pour lui faire une dernière ovation.
M. Clemenceau, qui a été, à son pas-
sage à Marseille, à huit heures, salué
par le préfet des Bouches-du-Rhône, ar-
rivera ce matin à Paris, en gare de Lyon.
Dansla journée, l'automobile clans laquelle
avaient pris place, à Hyères, MM. Reymo-
nenq, Gavoty et Aiguier, députés, et M. Ba-
zin, préfet du Var, heurta un arbre. MM.
Reymonenq, Gavoty et Bazin furent contu-
sionnés, mais ils ont continué leur voyage.
ÉCHOS
Une bonne petite surprise, à l'Officiel
ce matin
Sur le rapport du ministre du com-
merce, de l'industrie et des postes et des
télégraphes, le Président de la Répu-
blique a signé un décret aux termes du-
quel 1920 1@ le -prix des
A partir du 1er janvier 1920, le prix des
cartes-lettres, enveloppes et bandes timbrées
vendues par l'Etat est fixé ainsi qu'il suit, en
sus de la valeur des figurines d'a/ïrançliisser
meut ̃. ̃"̃
1° (Jartes-Jeltres doux centimes ot demi
par carte (soit 17 cent. 1/2)
2° Enveloppes timbrées trois centimes
par enveloppe, format lettre; deux centimes
par enveloppe, format carte de visite
3° Bandes timbrées un centime par deux
bandes.
Les cartes-lettres seront vendues au public
par quantités égales à deux ou à un multiple
entier de deux.
Les enveloppes timbrées seront vendues
par paquets indivisibles de cinq, les bandes
par paquets indivisibles de dix.
Compliments à ceux qui ont fait, hier,
leur provisions.
Justes doléances
Mon cher Figaro,
Au moment où vous vous occupez du grave
problème do la circulation dans Paris, per-
mettez-moi de vous demander, avant l'appli-
cation des passages à niveau, etc., si nous
ne pourrions pas revenir aux mesures appli-
quées avant la guerre? C'est-à-dire le sens
unique pour certaines voies étroites et paral-
lèles, comme les rues Duphot et Cambon,
par exemple.
A quelque heure du jour, je vous défie
d'aller de bout en bout do ces petites rues
spectateur, bon gré mal gré, ne peut
manquer de s'y laisser prendre.
Et pourtant, le Prince d'Aurec repa-
raissait à la rampe dans la période de
sa destinée où il était le plus délicat de
le faire. Pour les pièces qui peignent les
mœurs, il y a des « moments ». D'abord,
elles représentent l'actualité; plus tard,
elles représentent une époque. Or, le
Prince â'Auvec se trouve à une heure
en quelque sorte intermédiaire. Il n'ap-
partient plus tout à fait au présent et il
n'appartient pas encore au passé. Il lui
fallait pour résister à ce péril, si j'ose
dire, une rude santé. Il nous a prouvé
qu'il l'avait. Bonne pièce ne peut mentir.
M. Abel Hermant qui sait à merveille
le sens exact de tous les mots, a parfaite-
ment résumé, cette opinion en disant
qu'une comédie qui date, n'est pas du
tout une comédie qui a vieilli.
Celle-ci, en dépit des années écoulées,
nous a paru au contraire singulièrement
jeune, batailleuse, querelleuse, et son
audace estrestée toute neuve. Il en fal-
lait pour décocher cette série de traits à
toute une classe qui sans doute n'était
pas vulnérable qu'au talon au talon
rouge mais qui tout de même, sur-
tout dans une salle de spectacle, repré-
sentait un coefficient de force, d'élé-
gance et d'éclat, qu'il était assez témé-
raire d'attaquer de front.
La noblesse a été un ordre, puis une
classe, puis une catégorie sans cesse
moins nombreuse d'individus. D'ailleurs
dans les pays où elle est restée un ordre,
elle n'a point, me semble-t-il. gagne
grand'chose. En passant à Stockholm
devant le palais de la Noblesse, un vieux
Suédois de grande famille m'a dit un
jour
C'est là que nous défendons nos
derniers privilèges.
Vous en avez donc encore? lui de-
mandai-je, et il me répondit avec une
satisfaction évidente..
Mais je crois bien Nous avons.
le droit de battre nos enfants pour les
élever, etlorsque nous sommes condam-
nés à mort, nous pouvons exiger d'être
exécutés par le glaive..
Nous vivons à une époque où il faut
se contenter des moindres choses.
« Loué par ceux-ci, bîârpé par ceux-là, me moqua|itdes/sots, bravant les méchants, je me presse
de rire de tout. de peur d'être Obligé d'en pleurer. »:(Bbâumarciîais.)i
avec votre voiture' on moins d'un ̃' -quart
d'heure. ̃ ̃' ̃••̃̃̃
̃II y. a: là un. embouteillage constant dû à
ce que les voitures, stationnent devant les
maisons indifféremment dans les deux sens.
Si le sens unique était à nouveau, appliqué,
il serait très simple d'imposer aux véhicules
le stationnement le long d'un seul trottoir
dans le sens de la circulation, et ceci à la
satisfaction de tous.
Tout le monde admire la discipline dos
chauffeurs londoniens; mais ce qu'on ou-
blie d'ajouter et de relater, c'est la crainte
qu'ils ont des sanctions, toujours très sé-
vères en Angleterre.
Les sanctions Voilà ce qui, chez nous,
fait peur, hélas à tout le monde. Puisse
la commission de la préfecture, qui étu-
die ce problème de la circulation, tenir
compte de ces desiderata.
Le Masque de Fer.
Les Elections sénatoriales
Dans la plupart des départements, les
délégués sénatoriaux se réuniront au-
jourd'hui en congrès pour désigner les
candidats qui seront présentés dimanche
prochain au corps électoral.
11 n'apparaît pas que. pàHou t, comrne
au 16 novembre dernier, l'union natio-
•nâle -soit réalisée sur • un largo pro-
gramme oit les diverses fractions", du,
parti, républicain pourraient s'entendre
̃ sans cependant se confondre.
Après le magnifique élan des élections
législatives, il y a comme une sorte de
stagnation de la conscience publique.
Ce phénomène s'explique. Pour l'élec-
teur français, le pouvoir parlementaire
réside essentiellement dans l'assemblée
issue. du suffrage universel. Très vigou-
reusement il a opposé au socialisme
boichevique son instinct de conversation
sociale en se disant:
Si j'ai une bonne Chambre, je suis
tranquille et à l'abri des bêtises.
11 a nommé une bonne Chambre, puis
il s'est un peu désintéressé du reste. 11
s'en est désintéressé au point de vue
général, car élevé dans le scrutin d'ar-
rondissement, il n'a pas perdu de vue
ses petits intérêts particuliers et a re-
commencé à voter pour le conseiller
municipal, pour le conseiller général,
pour le conseiller d'arrondissement qui
lui assurent des petites prébendes habi-
tuelles auxquelles il tient.
En cela encoresil s'est montré conser-
vateur.. .̃
Mais il a oublié que c'est justement ce
corps électoral, composé de ses conseil-
lers municipaux, généraux, d'arrondis-
sement, qui va?nôrnmer ses sénateurs,
et que le Sénat est un grand corps poli-
tique qui a au moins autant d'impor-
tance que la Chambre, sinon plus.
Le Sénat peut dissoudre la Chambre
et la Chambre ne peut pas dissoudre le
Sénat. ̃
Il résulte de cette indifférence que,
dans un certain nombre de départe-
ments, les tractations immorales rom-
pues par le grand courant du 16 novem-
bre dernier se renouent, et qu'embus-
qués derrière le suffrage restreint, les
vaincus du suffrage universel vont tenter
une nouvelle offensive.
Il est encore temps d'aviser.
Dans les congrès on discute les titres,
les mérites politiques des candidats.
Il est donc facile d'exiger d'eux des
engagements précis, de ne pas, favoriser
l'équivoque, et de ne pas permettre à
l'ancien bloc .de gauche, radical et so-
cialiste, de se substituer au bloc national.
On a vu le péril sur beaucoup de
points, du territoire et on le conjure.
Il faut partout se mettre en défense.
Le Sénat qui s'est souvent et heureu-
sement opposé aux fantaisies démago-
En France, le respect de la noblesse a
été remplacé par le préjugé de la no-
blesse. Mais ce préjugé fut peut-être
plus fort que ce respect. A partir du mo-
ment précis où la bourgeoisie pensa pou-
voir se mêler à la noblesse, elle la;consi-
dère avec une déférence plus grande et
une sorte de piété. Sous Louis XIV, M.
Poirier îr'cût pas parlé au marquis de
Presles avec autant de crainte, que sous
Emile Augier. Il est vrai qu'il ne, lui, au-
rait peut-être pas, parlé du tout.
Mais en nous restreignant au seul témoi-
gnage de la littérature, voulez-vous me
dire qui, depuis la Révolution française,
a osé parler des nobles avec la redouta-
ble sincérité et la sereine violence d'un
La Bruyère ? Relisez le chapitre des
Grands ou celui de la Cour. Vous y trou-
verez quelques réflexions de la puis-
sance de celles-ci :« Si. la noblesse est
vertu elle se perd par tout ce qui n'est
pas vertueux si elle n'est pas vertu,
c'est peu de chose ». Et encore «Lapré-
vention du peuple en faveur des grands
est si aveugle et l'entêtement pour leur
geste, leur visage, leur ton de voix et
leurs manières, si général que s'ils s'a-
visaient d'être bons cela irait à l'idolâ-
trie ».
Et si vous passez du livre au théâtre,
la vivacité de la satire n'est pas moindre.
C'est George Dandin qui dit « Je suis
dqyenu là-dessus savant à-rnes dépens
et,je connais le style des nobles lors-
qu'ils nous font, nous autres, entrer dans
leur famille. L'alliance qu'ils font est
petite avec nos personnes; c'est notre
bien seul qu'ils épousent. »,Y a-t-il rien
de plus direct et de plus acéré dans le
Gendre de M. Poirier '?
Pourquoi donc? C'est que depuis le
dix-septième siècle nous avons connu
l'avènement des démocraties et que cel-
les-ci, tout en cherchant à abaisser la va-
leur de la noblesse, ont relevé son prix.
Elles ont trouvé bien trop piquantes,
bien trop empoisonnées les flèches d'un
Ghamfort. Chamfortn'a jamais fait sou-
rire que les nobles, .disait Barbey d'Aure-
villy, la canaille n'y. comprend rien.
L'auteur des Diaboliques ne se trompait
pas. 11 est évident quo lorsque Cham-
fort déclarait « La noblesse est un in-
termédiaire entre le roi et le peuple.
Oui, comme le chien de chasse est un
de l'ancienne Chambre., ne doit
pas les favoriser aujourd'hui.
Auguste Avril.
Autour des traités
le voyage de M. Nitti
M. Nitti est parti de Rome, à dix
heures, pour Paris et Londres.
Le minisire du travail, M. Dante
Ferraris, qui est actuellement à Rome,
partira pour Paris dans deux ou trois
jours. Au Conseil suprême
Le Conseil s'est réuni hier et a en-
tendu le général Le Rond, qui lui a
exposé l'état des pourparlers engagés
avec les représentants de l'Allemagne,
en ce qui concerne la transmission des
pouvoirs et l'autorité des commissions
de gouvernement dans les zones du plé-
biscite.
Des différences assez notables existent
entre le programme développé par les
Alliés et les instructions données aux
commissaires allemands. Il en résulte
que ces derniers ont jugé nécessaire
d'en référer à Berlin.
Dans ces conditions, l'échange des ra-
tifications ne peut plus être espéré
pour le 0.
Le Conseil a pris connaissance ensuite
de télégrammes relatifs à la situation
en Russie méridionale. Il a décidé que
des mesures seraient prises en vue de
faciliter l'évacuation des habitants qui
veulent échapper à la domination bol-
cheviste.
La réponse allemande
II se confirme que le gouvernement
allemand, tenant pour suffisantes les ré-
ponses verbales faites à Paris par M. von
Lersner, n'enverra pas de réponse écrite
à la dernière note du Conseil suprême.
L'état du Kaiser
Le Berliher Tageblatt écrit que l'ex-
Kaiser, affaissé, très vieilli,. est morale-
ment et physiquement plus touché que
l'on, ne le croit. Le tremblement de sa
jambe et de son bras droit augmente. Il
ne parle vite et ne s'anime que quand il
est question du passé. Il estimeque l'Al-
lemagne est dans une situation déses-
pérée et qu'il a été trahi par ses conseil-
lers ainsi que par la nation entière.
Tout observateur impartial, ajoute le jour-
,nal, devra reconnaître que l'Empereur est
incapable de réaliser les desseins politiques
X[u'onlu'i pi'êtp.•
Le Kaiser demandera- t-il; à la Société
des nations un examen médical ?
Les créances allemandes
Le ministère de la justice communique
la note suivante:
Il est rappelé aux Français débiteurs de
sujets allemands, autrichiens ou hongrois, à
raison d'obligations antérieures à la guerre,
qu'il leur est toujours interdit de répondre
aux réclamations dont ils peuvent être l'ob-
jet de la part de leurs créanciers allemands,
autrichiens ou hongrois.
Tout acte contraire dérogeant sous une
forme quelconque à ladite interdiction se-
rait radicalement nul et comme moindre
sanction exposerait Je 'débiteur français à
payer une seconde fois entre les mains du
liquidateur français.
En conséquence
Les Français débiteurs d'Allemands par
actes ou contrats antérieurs, à la guerre ne
peuvent et ne pourront jamais s'acquitter de
leurs dettes entre les mains des Allemands;
Les Français détenteurs à quelque titre
que ce soit de biens ayant appartenu à des
Allemands ne pourront s'en dessaisir que
sur des instructions spéciales dos, autorités
judiciaires françaises.
intermédiaire entra le chasseur et le
lièvre », il est évident que ce ne sont
pas les lièvres que cette réflexion diver-
tissait.
La satire de la noblesse est bien, sans
doute, une sorte de tradition de l'esprit
français mais cette tradition va en s'at-
ténuant, en se rapetissant, à mesure que
les privilèges de la noblesse diminuent
et que ceux de la bourgeoisie augmen-
tent. Beaumarchais est moins terrible
que Molière, et Augier moins incisif
que Beaumarchais. A la veille du jour
où le tiers état va pouvoir s'écrier
« C'est nous les aristos », il est clair
qu'il a moins envie de traîner ceux-ci
dans le sang et même dans la boue.
Mais je crois que le meilleur défenseur
de la noblesse celui qui s'est appliqué
avec le plus de zèle à mettre en valeur
la gloire de son passé,: sa fierté et ses
élégances, c'est le théâtre. Rien n'est
plus curieux que les réflexions des vieil-
les gens de coulisses, qui n'ont jamais
aperçu le monde et la vie que cachés
derrière le manteau d'Arlequin. L'un de
ces «mentons gris» avait coutume de
dire « Les deux meilleures répliques
qui existent ce sont « Je vous aime » et
«Une lettre pour monsieur le comte. »
Les œuvres les plus libres, les plus
indépendantes et celles-là même qui
entendent dire son l'ait à la société– ne
sont pas exemptes de ce snobisme. Il
apparaît jusque dans l'oeuvre d'Alexan-
dre Dumas fils. Remarquez la complai-
sance avec laquelle ses personnages se
donnent leur titre et qu'on ne trouve
plus guère qu'à l'office à condi-
tion toutefois que les domestiques fas-
sent partie d'un syndicat de gens de mai-
son bien pensants. Et pourtant Dumas.
fils passa pour un contempteur acharné
des mœurs de la haute société. La pre-
mière version de l'Etrangère fut inter-
dite en octobre 1864 par la censure in-
dignée. On a retrouvé les termes de cette
interdiction dans les Papiers secrets du
Second Empire ils sont fort curieux
« Nous croyons mauvais, dit le bon
censeur, de mettre sous les yeux du pu-
blic le dévergondage des femmes du
plus haut monde. La princesse russe
Ismaïloff, appartenant à la plus haute
aristocratie étrangère, la marquise de
Cambry, représentant le monde pari-
Eh outre, sont et demeurent interdits toute
opération relative aux biens des sujets en-
nemis placés sous séquestre et, tout paiement
de coupons de valeurs appartenant ou ayant
appartenu à des sujets ennemis depuis le
i" août 1914.
Pourparlers germano-polonais
Les représentants de l'Allemagne et
de la Pologne se sont réunis hier sous
la présidence du général Le Rond, afin
de continuer la discussion des mesures
qui sont Liées à. l'application du traité.
M. Simson a pris la parole pour l'Alle-
magne, M. Patek pour la Pologne.
EN RUSSIE
L'armistice russo-esthonien
Londres, 3 janvier.
L'Agence Reuler apprend de Reval,
3 janvier, que les hostilités entre les
bolchevistes et les Esthoniens ont cessé
ce matin, à dix heures. Les armées des
deux camps ne changeront pas leurs
positions, mais seront séparées l'une de
l'autre par une bande de territoire
neutre.
L'armistice, dont la durée a été fixée
à 7 jours, pourra être renouvelé à la fin
de cette période. • -̃̃
Le gouvernement letton a fait connaî-
tre à M. Joffe ses conditions de paix.
Aujourd'hui se réunit à Helsingfors
une conférence où la Finlande, la Let-
tonie, la Lithuanie et l'Esthonie discu-
teront la question de l'armistice et celle
d'une alliance défensive contre les so-
viets. Les officiers de l'escadre bri-
tannique de la Baltique assisteront aux
séances.
AUX ETATS-UNtS
CONTRE LA RÉVOLUTION
New-York, 3 janvier.
Des opérations de police ont eu lieu
lanuit dernière, dans 33 villes des Etats-
Unis.
On a arrêté les rédacteurs de tous les
journaux communistes et confisqué des
tonnes de publications révolutionnai-
res. Les autorités déclai'ent avoir dé-
couvert dans un dépôt clandéstin vingt-
cinq fusils, plusieurs engins explosifs
semblables à ceux que divers notables
américains reçurent par là poste pen-
dant Tété passé. Elle assurent avoir la
preuve que les communistes chez les-
quels on vient d'opérer des- descentes
préconisaient le renversement du gou-
vernement par un coup de force.
Les agents fédéraux et les directeurs
des diverses polices municipales ont été
nantis de plus de 5,000 mandats d'arrêt.
En quelques heures 500 extrémistes ont
été-arrêtés à New-York, où 80 pour cent
des agitateurs sont étrangers, principa-
lement russes.
On déclare que le gouvernement a
l'intention de prendre des mesures spé-
ciales pour la déportation des indési-
rables.
La Crise du logement
Londres, 3-janvier.
Au mois de juin prochain se tiendra à
Londres une importante conférence in-
teralliée relative à la construction et à
l'aménagement des viiles en conformité
du programme national afin d'assurer à
tous les citoyens une habitation conve-
nable. La France, l'Italie, la Suisse, la
sien, nous semblent, dans leur ardeur
joyeuse à jouer à la drôlesse, d'un ensei-
gnement dangereux. En résumé, la com-
mission pense que l'Etrangère aurait le
double tort d'attaquer la morale publi-
que et de froisser les susceptibilités de,
la haute société parisienne et étran-
gère. »
Ainsi donc, si la baronne de Cambry
avait été une bonne bourgeoise « bova-
rysante» de la rue -du Sentier et si la
princesse Ismaïlofï n'avait été que la
grand'mère de Lénine, l'immoralité de
la, pièce eût été moins grande et moins
contagieuse Admirable prestige de la
noblesse
Il ne fallut pas à M. Henri Lavedan"
un médiocre courage pour attaquer sur
la scène et aussi vivement toute une
catégorie de gens qui y avaient conservé
nombre de privilèges qu'ils avaient, à
vrai dire, perdu dans la réalité.
Depuis de longues années, le conflit
entre le noble et le roturier avait presque
toujours pour terrain la question d'ar-
gent. Si le marquis de la, Seiglière, si le
marquis de Presles ont eu l'avantage de
jouer des rôles intéressants, c'est qu'ils
étaient fort désargentés et qu'heureu-
sement de' braves fils de leurs œuvres
se trouvaient sur leur chemin, prêts aies
obliger, pourvu qu'ils obtinssent une
satisfaction d'amour ou d'amour-propre.
C'est bien encore la question d'argent
qui a servi à M. Lavedan de thème es-
sentiel. Mais il a cherche a en renouve-
ler l'aspect, et il v a réussi, en op-
posant au prince d'Aurec, réduit aux
expédients, le baron de Horn, cent fois
millionnaire et tâchant à se pousser
dans le monde par une liaison aristo-
cratique. Posé de cette manière, le choc
des deux personnages prenait une al-
lure et une vigueur nouvelles.
Il est évident qu'aujourd'hui le point
de vue du public a un peu changé et qu'il
n'apprécie plus tout à fait de la même
manière ta conduite de de Horn et celle
du ménage d'Aurec. Ce n'est point tant,
à vrai dire, il cause de la confusion de
plus en plus grande des différentes
classes sociales; c'est surtout parce que,
dans les conditions actuelles de la vie,
l'argent est à peu près seul à régler les
rapports entre les individus. Il y a le
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Hollande, In Danemark, la Suc le, la
Norvège y enverront des dél.éguùs.
La négociation flujnie Ixîe
Les historiens de la guerre mondiale
n'auront pas à fouiller bien profondé-
ment les archives. Il leur suffira de
compulser les journaux. La paix n'est
pas encore définitive que déjà tous les
papiers diplomatiques sortent au jour
au jour le jour.
Aux documents que nous avons re-
produits d'après l'Opinion concernant
cette négociation, il faut ajouter deux
lettres publiées par le Temps, avec cette
explication
Dans les documents que publie aujour-
d'hui l'Opinion, il est question du voyage
que le prince Sixte de Bourbon fit à Londres
au mois de mai 1917 et des lettres qu'échan-
gèrent à ce propos M. Ribot et M. Lloyd
George.
Le texte de ces deux lettres ne se trouve
point dans V Opinion, mais il fut commu-
niqué en son temps à la commission parle-'
mentaire qui s'occupa au Palais-Bourbon de la.
négociation de 1917. Il n'a donc pas un carac-,
tère secret et nous sommes en mesure de le re-
produire. Comme on va le voir, la lettre de
M. Ribot suffit à démentir l'affirmation selon
laquelle le' chef du gouvernement français'
aurait essayé de dissuader le prince Sixte'do)
se rendre à Londres. D'ailleurs, M. Ribot,
loin de déconseiller ce voyage, l'avait sug-'
géré. ̃.
Voici d'abord la lettre adressée par M. Ribot
à M. Lloyd George, le 20 mai 1917
« Cher monsieur Lloyd George,
»Le prince S. doit se rendre demain à
Londres. Il vous communiquera une lettre
autographe que vous lirez avec intérêt nous
avons ropéto au prince qu'il nous était im-
possible de rien faire en dehors de l'Italie. Je
persiste à penser que la démarche dont il est'
question dans la lettre n'a pas pu être auto-
risée par le roi. Le plus simple serait d'en
parler au Roi lui-même, et pour cela de l'in-
viter à venir en France rendre visite à notre'
armée et à l'armée britannique, ce qui per-
mettrait d'arranger, sans éveiller les soup-
çons, une entrevue entre lui, S. M. le
roi de la Grande-Bretagne et le Président t
de la République.Vous pourriez accompagner
S. M. britannique, de même que j'accompa-
gnerais M. Poincaré. On verrait s'il est pos-
sible d'engager une conversation avec quel-
ques chances d'aboutir. Vous ne vous dissi-
mulez pas qu'un accord sera très difficile nous
no pourrions, on effet, sacrifier ni la Serbie,
ni surtout la Roumanie qui n'est entrée en
guerre qu'à notre demande. Nous devons en
tout cas agir avec la plus grande prudence,
et je crois que, jusqu'à nouvel ordre, les
confidences qui nous ont été- faites et que
noua, avions le devoir d'écouter doivent rester
entre les seules personnes qui on ont eu, jus-
qu'à présent, communication.» »
La démarche à laquelle M. Ribot fait allu-
sion et à laquelle il refuse de croire, est celle
par laquelle l'Italie aurait fait clandestine-
ment une offre de paix séparée à l'Autriche-
Hongrie. On sait que cette protendue dé-
marche fut démentie avec indignation par le
gouvernement italien.
Voici maintenant la traduction de la ré-
ponse adressée à M. Ribot par M. Lloyd
George, le 23 mai 1917
« Cher monsieur Ribot,
» J'ai vu aujourd'hui votre informateur et
je l'ai mené chez le Roi. Ce dernier approuve
votre suggestion, d'après laquelle une ren-
contre devrait être arrangée en France entre
les deux rois et le président Poincaré, avec
leurs ministres respectifs. Voulez-vous avoir
la complaisance de faire les démarchés né-,
cessaires pour inviter les rois d'Angleterre et'
d'Italie à visiter le front français à une date!
rapprochée?
» En invitant le roi d'Italie, on pourrait
indiquer que le président Poincaré serait'dé-
sireux d'avoir un échange de vues immédiat
sur la situation russe, au sujet de laquelle'
il aurait reçu des informations spéciales. Je
crains que, si l'on ne fait pas connaître au!
bon argent, et le mauvais argent, mais
enfin c'est toujours l'argent. Le du,
baron de Horn tendant à la princesse
d'Aurec son carnet do 'chèciucs en la
priant d'y inscrire çlle-mèmë le chif-'
fre, nous apparaît maintenant comme
^presque romantique. « Quel sale juif,
'mais quel chic type! » s'écriait l'au-
tre soir, dans un couloir, une jeune
femme entliousiasmée. On sent fort
bien que le public ne trouverait pas
si « énaurme », comme disait Flau-
b'ert, l'idée que la princesse puisse
de quelque manière récompenser les
libéralités magnifiques de son amou-
reux sémite. En s'y refusant, éll.e
,semble peut-être moins honnête qu'elle
ri'e.ré serait en y consentant. Le. temps,
la morale et les femmes ont marché. La
pièce, d'ailleurs, n'y perd rien, au
contraire. En 1891, nous étions certains
que la princesse enverrait promener,
quoi qu'il arrive, le banquier. En 1920,
on ne sait pas trop comment cela va,
finir et si, au dénouement, la princesse ne
filera pas sûr un yacht en compagnie dit
baron, tandis que le prince après
s'être fait annuler en Cour de Rome
se préoccupera de trouver une Améri-
caine de bonne volonté pour redorer lo
blason des d'Aurec, que les Piédoux
n'ontpas réussi à tirer d'afîairo?
Ces oppositions de personnages sont
éternelles. A travers les siècles elles ne
cesseront d'évoluer. Vous verrez ua
jour la comédie de, l'ancien riche aux
prises avec le nouveau. Le premier tien-
dra l'emploi du noble, le second celui de.
bourgeois; l'un sera le de Prestes de la
combinaison, l'autre, en sera îe Poirier.
1/aneien riclie s'écriera « Savez-vous
pourquoi mon arrière -grand-père Du-
pont-Durand a travaillé vingt ans dans
les bureaux de M. Lalfitte; pourquoi mon
grand-père Dupont-Durancl a vendu du
riz aux armées du Second Empire; pour-
quoi mon père Dupont-Durand s'est fait
une situation importante sous la prési-
dence de M. Grévy, dans les entreprises
de démolitions "C'est pour qu'aujour-
d'hui, ruinée par.le krach des fonds rus-
ses, matille vienne apporter le lu&tre de
mon trait d'union à M. Usinet. profi-
teur de la guerre ». ̃
A quoi M. Usinet répliquera
Savez-vous pourquoi j'ai monté six
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