Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1917-08-05
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 août 1917 05 août 1917
Description : 1917/08/05 (Numéro 217). 1917/08/05 (Numéro 217).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
te Numéro quotidien DIX CENTIMES eç France et en Belgique Etranger VINGT CENT/MES
Dimanche 5 Août 1S17
63"» Année 3»« Série N« 217
H. DE VILLEMESSANT
̃ Fondateur
Gaston CALMETTE
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« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse
de rire de tout. de peur d'étreiobligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.),
Les Annonces et Réclamessont également reçues
à la Société G10 des Annonces, 8, place de la Bourse
LA CALOMNIE
Nous ayons, grand tort de nous plain-
dre que la procédure est,lente c'est la
meilleure garantie des justiciables, ou
la seule vu l'infirmité des jugements
humains. Il ne faut, ni rendre la justice,
ni, dans le privé, se faire justice, trop
vite. La hâte est mauvaise conseillère et
cause des accidents irréparables.
Hier encore, la chronique des tribu-
.naux nous en suggérait, grâce à une
coïncidence, deux preuves.
La Cour suprême réhabilitait la mé-
moire d'un pauvre canonnier condamné
à mort pour abandon de poste devant
l'ennemi, et reconnu fou, mais exécuté
dans l'intervalle.
Le même jour, le Conseil de guerre
condamnait à cinq années de réclusion
un autre artilleur, qui, sur la foi de let-
tres anonymes, avait tué d'abord sa
femme, sans prendre le temps de véri-
fier le bien-fondé de l'accusation ni
de peser le .pour et le contre. Or, la vic-
time était sans reproche.
On observera que, sur le terrain judi-
ciaire, l'offensive féministe ne fait au-
cun .progrès. Les jurys, et au besoin les
conseils de guerre, continuent de traiter
sans ménagement les hommes qui, à
tort où' à raison, tuent leurs femmes;
les jurys continuent d'excuser et d'ac-
quitter les femmes qui tuent sur le plus
futile prétexte leur mari, ou même leur
« compagnon », selon l'euphémisme ad-
ministratif. Privilège humiliant ̃
Quand daignerons-nous reconnaître à
nos femmes; et même à nos « compa-
gnes », des responsabilités rigoureuse-
ment égales aux nôtres? Elles ont bien
droit à cet honneur, celles du moins qui
pratiquent, si l'on peut dire, l'émancipa-
tion par le fait.
Dans l'espèce du canonnier, jugé et
condamné jeudi, il ne semble pas que la
distribution des peines ait été fort équi-
table non point,.certes, par la faute du
tribunal, qui ne pouvait rien contre la
force des choses. La femme, innocente,
est morte; le mari, trompé, sinon par
elle, par le rédacteur des lettres, fera
cinq ans de prison et ce dernier, véri-
tablement l'auteur principal du crime,
se tire d'affaire sans dommage.
Sans dommage? Mais, dira-t-on, qui
ne signe pas sa correspondance est, par
hypothèse, inconnu et ne peut être
poursuivi qu'à titre de X. II est in-
çonpu par hypothèse ou, si vous voulez,
par définition. En' fait, on le nomme,
tout bas au lieu- de lé nommer tout haut.
On le montre au doigt. Son secret est
comme tous les secrets, qui sont tous
comme celui de Polichinelle. Le Chance-
lier Michaelis ne semble avoir fait, en
son dernier discours, aucune allusion à
l'homme qui a faussement écrit à l'ar-
tilleur que sa femme le trompait; mais
plusieurs journaux français ont publié
son état civil, sa raison sociale et son
adresse.' Peut-être était-il présent à l'au-
dience.
Il y a essuyé quelques propos désobli-
geants. On aime à croire qu'il y a été
traîné dans -la boue. Enfin, il a senti pe-
ser sur lui la réprobation publique. Une
peine afflictive et infamante l'eût da-
vantage incommodé. L'une des sœurs
Brohan écrivit un jour sur un album
« II n'est aucune personne de bon sens
qui ne préfère inliniment le déshonneur
à la mort. » Cette maxime est d'une vé-
rité générale, mais encore plus vraie
des gens que n'embarrasse pas un excès
de délicatesse.
Peut-être aussi que l'homme en ques-
tion éprouve des remords ? On est libre
d'en douter. Certains prétendent que les
honnêtes gens seuls sont capables de
remords et justement ils n'en ontque
faire C'est beaucoup d'avoir sa con-
science pour soi, quand on est honnête
homme; et quand on est moins hon-
nête, c'est bien peu (le chose de l'avoir
contre soi..
Il est fâcheux que l'épistolier, meur-
trier par tir indirect, paie si peu cher sa
,-vilaine action. Echappera-t-il aux lois
existantes ? Elles ne permettentpas tout
ce qu'elles ne, défendent point, mais
elles sont: impuissantes à l'empêcher,
cela revient au même. S'il ne fallait se
défier avant tout des lois de circons-
tance, on serait tenté d'en réclamer de
nouvelles, même transitoires, contre la
calomnie, qui. est une des plaies de
l'heure.
La Fontaine, peu tendre, écrivait ce-
pendant r. •
Je ne suis pas de ceux qui disent: Ce n'est rien,
C'est une femme qui se noie.
Ne disons pas « Ce n'est rien, c'est
encore un mari, qui, abusé par de faux
rapports, vient de tuer sa femme.»
Mais celui des deux crimes qui menace
plus l'ordre public, ce n'est pas le
meurtre, c'est la dénonciation calom-
nieuse.
Au moment que la guerre a éclaté,
nous avons cru naïvement que les pro-
fessionnels ni les amateurs ne commet-
traient plus aucun délit tant qu'elle du-
rerait. 11 y a bien eu un petit ralentisse-
ment,, qui se conçoit l'absence, dit en-
core La Fontaine, est le plus grand dek
,maux elle est, dans les occasions, le
plus héroïque des remèdes. Si la cam-
pagne avait duré trois mois, il se peut
que l'armée du crime eût fait trêve jus-
qu'à la paix. Les hostilités ont déjà
duré trois ans comme tant d'autres,
les malfaiteurs se sont « installés dans
la guerre ».
l\ous nous étions flattés non moins,
naïvement que cette grande épreuve
exaltât les grandes passions, et engour-.
dit les autres elle a tout remué indis-
tinctement dans le cœur humain, et ce
qui remonte à la surface de ce bouillon
n'est pas toujours le plus beau. Le su-
blïraë de l'épopée a de répugnantes
contre-parties dans le civil.
Plus tard, les contemporains ne se
rappelleront pas sans dégoût qu'en ce
temps où les illettrés eux-mêmes ont
'écrit tant de lettres resplendissantes
d'une beauté ingénue, des gens qui met-
taient presque l'orthographe en ont tant t
écrit de sales qu'ils n'osaient pas même
signer d'une croix.
Les sujets ne sont pas fort variés bé-
néfices illicites, accaparements on excès
de prévoyance, mais surtout les infor-
tunes conjugales. Comme dans l'Arma-
ture de. Paul Hervieu, on commence par
écrire sur n'importe quel bout de pa-
pier « Votre femme vous trompe », et
on se demandeensuite àqui de ses amis
et connaissances envoyer cela. On n'à
que l'embarras du choix.
Quelques-uns croient, sincèrement
peut-être, qu'ils rendent service à l'.Etat,
en démasquant, sans avoir la noble im-
prudence de se démasquer eux-mêmes,
quelques abus. Ils ne prennent pas garde
qu'ils excitent les citoyens a la haine ou
à la plus basse envie. Leur inconscience
ne les absout pas.
D'autres, par sottise ou par malice,
provoquent de pauvres drames intimes,
disproportionnés au drame unique de la
guerre; et à tout ce beau sang qui coule
de, nos veines ouvertes, ils ajoutent stu-
pidement un peu de sang inutile, qui
éclabousse et qui tache.
Abel Hermant.
AU JOUR LE JOUR ̃
7POR,~L'.
3R O JEL 353 !_̃
̃ ̃ 'tt ̃
Avec sa haute taille que la politesse cour-
bait et non pas les années, son visage rose et
que les cheveux blancs et la moustache blan-
che faisaient paraître plus rose encore, à la
fois .majestueux et simple pour porter son
passé et s'accommoder du présent, Porel sou-
riait l'autre semaine à Paris et aux Parisiens,
en reprenant possession de son théâtre du
Vaudeville. Cette reprise était un succès.
Pourquoi faut-il que la mort ait surpris avant
la plus grande victoire, avant la paix; l'ancien
combattant de 1870 ?
Car PoreJ. est mort. Brusquement, dans la
nuit de. mardi à mercredi, il se sentit malade.
Les médecins accoururent qui avouèrent leur
impuissance. Un chirurgien intervint hier
matin, mais vainement. A quatre heures de
l'aprés-midi, ce beau vieillard, qui souriait à
soixante-quatorze ans, succombait à une pé-
ritonite brutale.
Injuste mort, et qui, cependant, rétablit la
justice, puisqu'elle permet seule de mesurer
dans la vie de Paris tout le mérite de cet
artiste dont les successeurs appliqués à des
oeuvres mercenaires oubliaient le bel exemple
tranquille et le long effort. Il y a, depuis le
b'oulevard, toute une histoire et" toute une lé-
gende du directeur de théâtre. Et l'ou a vu, en
ces dernières années, le hasard favoriser des
commis venus, nus, de leur province, et des
managers aux procédés exotiques qui réus-
sissaient à prendre la place acquise par qua-
rante années de recherches et d'enjeux per-
sonnels dans ce jeu qu'est le théâtre. Ils au-
raient pu faire oublier l'honnête homme 'que
fut Porel, l'homme à sa place. La mort qui
le surprend et nous surprend apporte du
moins cette consolation de permettre un hom-
mage, de dire nos regrets.
Lorsqu'il recevait un auteur dans son appar-
tement soit de l'avenue des Champs-Elysées,
soit de la rue Washington, Porel savait re-
connaître les égards dus à l'écrivain. Il n'ou-
bliait pas le respect dévoué qu'il avait offert,
dès ses premières années, aux maîtres du
théâtre, et même, s'il ne partageait pas toute
la confiance de l'auteur, il prenait son œuvre
en mains et n'avait plus d'autre souci que de
la présenter dignement au public. Il put
trouver des mécomptes. Il sut trouver aussi
des revanches. Il demeura un initiateur et ja-
mais ne perdit la foi.
C'est qu'il s'était donné au théâtre entière-
ment, comme un novice entre dans les ordres,
pour toujours. Second prix de comédie en 1862,
il avait débuté à l'Odéon en jouant « la troi-
sième sorcière x de Macbeth, et il avait dû at-
tendre patiemment les rôles qui lui permirent
d'affirmer sa personnalité. Il a raconté ici
même, dans le Figaro, sous le titre Ce dont
je me souviens, ses débuts de comédien et de
directeur. On trouvera dans ces souvenirs le
manuel de l'homme de théâtre.
Le succès vint lorsqu'il fut racheté à l'Odéon
par Montiguy et Dumas fils qui payèrent son
dédit pour qu'il put jouer au Gymnase les
Idées de Mme Aubray. C'était en 1867, Pen-
dant deux années, il connut la renommée que
donne le boulevard. Mais il n'en fut pas grisé.
En i87o, il ne se soucia que d'être soldat et
puis il revint à soit Odéon que dirigeait Duques-
nel.îs'ul comédien n'y fut plus consciencieux. Il
v joua Jean-Marie de A. Theui-iet,7es Créan-
ciers du bonheur d'Ed. Cadol, le Marquis de
Villemerde G. Sand, la Jeunesse de Louis XI V
d'A. Dumas, Ruy Blas de Victor Hugo, la
Maîtresse légitime de L. Davyl, Samuel
Brohl d'Henry Meilhac et Chfcrbuliez, Joseph
Balsamo des deux Dumas, et la Belle Saï-
nara et le Diner de Pierrot et le Trésor de
F. Coppée il parut dans presque tous les
rôles du répertoire, le Mariage de Figaro,
les Femmes savantes, les Plaideurs, le Léga-
taire universel, le Jeu de l'amour et du lta-
sard, etc.
Il était le grand comédien de la rive gauche,
et sa récompense fut que La Rounat rem-
plaçât Duquesncl et puis tombât malade.
Alors, il devint directeur et Alexandre Du-
mas fils écrivit
1 3e voudrais avoir plus d'espace dansées notes
pour parler plus longuement de ce comédien, à,
la fois si délicat et si précis, qui, n'ayant pas
encore quarante ans, a créé plus de cent pièces,
lien que depuis cette guerre de 1870 ou il s'est
vaillamment battu, où il a été blessé d'un éclat
d'obus, transporté à l'ambulance de l'Odéon et
soigné par Sarah Bernliardt, laquelle s'était -faite
infirmière.
Au contraire de cette grande tourmentée, Po-
rel; infatigable comme elle, mais sédentaire,
casanier même, tenant de la Thovillière, le co-
médien-gentilhomme, et de Mabillon, le béné-
dictin de Saint-Maur, Porel s'est pris de la plus
touchante tendresse pour ce vénérable Odéon,
qui, semblable au Philémon de la fable, renaît
toujours plus jeune, au moment où l'on croit
qu'il va mourir de vieillesse.
En 1885, Porel était nommé directeur de
l'Odéon, de cet Odéoh dont il devait écrire,
avec Monval, l'histoire administrative, anec-
dbtique et littéraire. Il reprenait Henriette
.~laréclaal, des Goncourt; il imposait l'Arlé-
sienne, de Daudet et Bizet, et il créait ce genre
de comédie à commentaire musical qui devait
connaître un si grand succès. A la bienfai-
sante constitution de la Société Shakespeare,
on a rappelé insuffisamment tout ce qu'il fit
pour le grand Will, les représentations de
Beaucoup de bruit pour rien avec musique
de Godard; Shylock, avec musique de Ga-
briel Fauré le Songe d'une nuit d'été, musi-
que de Mendelssohn Roméo et Juliette, avec
musique de G. ThOmc.
En même temps, il faisait débuter Jules Le-
maitreavec Révoltée, Ginisty et Hugues Le
Roux avec leur adaptation de Crime et Châ-
timent, reprise par M, Paul.Gavault, depuis.
Après avoir su utiliser les orchestres Colonne
et Lamoureux, il découvrit des artistes. Mme
Réjane s'imposa' aux représentations d'Amou-
reuse et devint sa femme. Enfin, ce furent
les matinées populaires, avec conférences de
Larroumet, Banés, Lemaitre, Sarcey, Brune-
tière, etc.
Ayant passé la Seine après un tel labeur,
Porel joua Lysisirala, de- Maurice Donnay,
avec Réjane et Guitry, au Grand-Théâtre. lin
1893, il prit le Vaudeville et partagea en
même temps la direction du Gymnase avec
M. Albert Carré. Ce furent les soiféés légen-
daires de Madame Sans-Gcnc, de Viveurs,
de la Douloureuse, de la Carrière, des
Transatlantiques, de Za\ci, de laRobe rouge,
de Brignol et sa. fille, de Rosine; de Mariage
bourgeois. Sa direction, c'est une partie de
l'histoire du théâtre eu.ce.i dernières a,nnées.
Il n'est pas besoin de la rappeler.
Avec la même douceur, presque la même
onction, Porel confiait l'autre semaine aux
lecteurs du' Figaro qu'il reprenait son théâtre
après trois années terribles >. La mort
l'aura surpris comme il préparait sa saison
1917-1918. Ce grand travailleur est mort à sa
place, dans son cabinet.de ? travail de" biblio-
phile et d'historien, comme il serait mort dans
son avant-scène de directeur d'où il regardait,
à. chaque répétition, sa pièce nouvelle s'en-
voler dans la salle. Le théâtre et Paris per-
dent en lui le plus aimable et le plus dévoué
des artistes.
Régis Gignoux.
Démission de von Batocki
On télégraphie à l'Agence Radio que le
contrôleur aux vivres de l'Empire, M.
von Bato<:ki, a donné sa démission, qui
aété acceptée par l'Empereur.
-M. von Waldow, président supérieur
de Poméranic,. sera nqinmé contrôleur
aux vivres en remplacement de M. von
Batocki.
Cette dépêche antérieure, de Berne,
explique un peu les causes de ce « mou-
vement » dans le contrôle alimentaire
Le général ..commandant les Marches du
Brandebourg vient, do rendre une ordonnance
qui interdit aux habitants des villes d'aller
chercher des aliments dans les villages des
environs. Désormais, les gendarmes et tes
agents de police visiteront les tramways,
arrêteront et même fouilleront les voyageurs.
Le Lokal Anzeiger critiquait dès hier
ces mesures
Si la répartition des aliments étaiLbien
faite, on n'aurait, pas besoin de .s'ingénier
pour en trouver dans les campagnes. il ne
faut pas croire que c'est pour leur, plaisir
que les habitants dos villes font des expédi-
tions de ce genre dans les villages. Puis-
qu'ils trouvent dans les villages ce qu'ils
cherchent, c'ësftquo les denrées existent, et
si les habitants dos villes manquent d'ali-
ments, en particulier de fruits et de lé-
gumes, c'est que l'organisation ;est défec-
tueuse.
Le Lokal Anzeicjer déclarait que le
sentiment public n'avait pas confiance
dans M. de Batocki. Celui-ci avait fait
sans doute tout ce qu'il avait pu, mais
il n'avait guère' réussi. « On souhaite-
rait, disait le journal, un autre homme
armé de pouvoirs plus étendus et peut-
être aussi doué d'une plus grande éner-
gie. » •. -̃.•̃•̃ ̃̃•̃.
Le 3me Anniversaire
Le roi d'Angleterre a fait parvenir au
président de la République le télé-
gramme-suivant
Buckingham Palace, le 3 août 1017.
A l'occasion du troisième anniversaire, du
jour où mon pays prit part à la grande lutte
qui se poursuit encore, je désire vous expri-
mer, ^lousieur le Président, la détermination
résolue de l'Empire britannique de continuer
le combat jusqu'à ce que nos efforts réunis
soient couronnés de succès ctiios buts com-
muns atteints.
Je suis heureux d'avoir foi, ainsi que vous,
j'en suis certain, Monsieur le Président, en
la volonté, infatigable, de mon pays et l'hé-
roïsme de nos troupes, qui obtiendront une
victoire définitive assurant la possibilité du
progrès pacifique de l'humanité.
Le Président a répondu `
Je puis donner à Votre Majesté l'assurance
que les sentiments qu'Elle veut bien m'ex-
primer au nom de l'Empire britannique cor-
respondent a ceux du gouvernement de la
République et du peuple français.
• Les cruels sacrifices imposés aux nations
alliées par une guerre dont elles ne portent
pas la responsabilité doivent trouver dansja
victoire définitive les réparations que réclame
le droit. ̃ •
La France est résolue â poursuivre et à
terminer- cette œuvre de délivrance et de
justice en étroite collaboration avec la
Grande-Bretagne et avec les colonies et les
dominions qui ont donné, depuis trois ans,
comme la métropole, un si admirable exem-
ple d'union patriotique.
Hier encore, la magnifique armée que l'Em-
pire britannique a levée, instruite et outillée
depuis le début des hostilités, offrait à ses
frères d'armes un nouveau témoignage de sa
valeur et de son héroïsme. Je saisis bien vo-
lontiers l'occasion de ce troisième anniver-
saire pour prier Votre Majesté de transmet-
tre à ses vaillantes troupes mes félicitations
et mes vœux.
•Raymond Poincahé.
Le roi d'Angleterre a adressé au roi
d'Italie, à l'empereur du Japon, aux rois
de Serbie, de Roumanie, au Président
de la République portugaise et. a M.Wil-
son des télégrammes semblables.
La Guerre
1,098° jour de guerre
Communiqués officieh
4 AOUT, .2 HEURES APRÈS-MIDI
En Belgique, malgré la persistance
du mauvais temps, nos troupes ont pro-
gressé au delàd cabaret de Kortekeert;
nos reconnaissances ont exploré les fer-
mes plus en avant du front atteint, en
repoussant les patrouilles ennemies.
Nuit calme sur le front de l'Aisne.
Activité réciproque de l'artillerie sur
les deux rives de la Meuse. Deux ten-
tatives de l'infanterie ennemie pour
aborder nos tranchées dans la région du
bois d'Avocourt ont échoué. `
Au cours d'un coup de main exécuté
en Argonne par l#s Allemands, nous
avons fait des prisonniers, dont un offi-
cier et un aspirant blessés.
Rien à signaler sur le reste du front.
4 AOUT 11 HEURES SOIR
En Belgique, la lutte d'artillerie a
repris une certaine violence au cours de
la journée, notamment dans la région
de Bixschoote. Nos patrouilles opérant t
à l'ouest de la route de Steenstraete à
Woumen ont occupé deux fermes en
avant de nos lignes. Le temps continue
à être très mauvais.
Dans la région de Saint-Quentin,
notre artillerie a effectué des tirs de
destruction efficaces sur les tranchées
ennemies, à l'est de Gauchy.
A l'est de Cerny, deux attaques alle-
mandes, déclenchées vers deux heures,
ont été brisées par nos feux avant
d'avoir pu aborder nos lignes.
Sur les deux rives de la Meuse,
activité marquée de l'artillerie dans les
secteurs d'Avocourt et de Douaumont.
Rien à signaler sur le reste du front.
COMMUNIQUÉ belge. En raison du
mauvais temps, l'activité de l'artillerie
a été restreinte aujourd'hui sur tout le
front. Devant le secteur de Ramscap-
pelle, nous avons pris à partie deux
batteries allemandes.
Communiqués britanniques
4 AOUT APRÈS-MIDI
Nos troupes ont repris, cette nuit, à
l'est de Monchy-le-Preux, le reste de
la tranchée où l'ennemi avait réussi- à
pénétrer dans la nuit du 2 au 3 août.
Nos positions, qui avaient été attaquées
cette nuit-là dans ce secteur par des
forces évaluées à un bataillon, se trou-
vent ù l'heure actuelle entièrement réta-
blies par celles de nos troupes qui étaient
sur place.
Sur le front de bataille d'Ypres, nos
alliés ont poursuivi leur avance à l'est
du cabaret de Kortekeert. 11 a de nou-
veau plu fortement cette nuit.
4 AOUT SOIR
Le temps est demeuré pluvieux et
orageux.
Nous avons effectué aujourd'hui une
nouvelle avance au nord ouest de
Saint-Julien.
L'artillerie allemande a montré une
grande activité il l'est de Messines et
dans le secteur de Nieuport.
La Chine contre l'Allemagne
Il a a quatre mois, la Chine avait dé-
clare rompre avec l'Allemagne les rela-
tions diplomatiques. On pouvait s'at-
tendre à ce qu'une déclaration de guerre
s'ensuivît à peu près immédiatement. Et
c'est ce qui serait arrivé en effet si des
troubles intérieurs assez graves et une
tentative de restauration monarchique
misérablement avortée ne fussent sur-
venus, assez opportunément pour qu'on
puisse être certain que les intrigues alle-
mandes avaient préparé ces désordres.
Quoi qu'il en soit, l'ordre s'est rétabli et
la déclaration de guerre a suivi. L'em-
pire allemand compte maintenant un
adversaire de plus.
Sans doute est-il d'une importance
militaire négligeable. La Chine, quelque
vaste et quelque peuplée qu'elle soit,
n'a pas une armée proportionnée à sa
grandeur. L'eût-elle, d'ailleurs, l'éloi-
gnement t la laisserait impuissante quand
bien même l'absence de grande flotte
marchande n'en rendrait pas le trans-
port impossible. Que la position nou-
velle de la Chine, maintenant rangée
aux côtés des Alliés, rende plus facile le
recrutement dans ses provinces d'ou-
vriers, dont le concours puisse être fort
utile, c'est possible. Mais c'est le seul
avantage direct qu'on doive attendre de
son concours.
La décision du gouvernement chinois
n'est pourtant pas une mesure qui
puisse laisser l'Allemagne indifférente.
Outre que le territoire chinois ne pourra
plus servir d'asile aux fauteurs de trou-
bles qui, de là, s'efforçaient de susciter à
la France ou à l'Angleterre des embar-
ras en Indo-Chine ou aux Indes, les éta-
]-i[js,gpp-1f.T7i,fi a^mflnds assp.y, nombreux
qui s'étaient fondés là-bas vont être sé-
questrés. L'organisation commerciale et
financière de nos ennemis s'en trouvera
bouleversée, et sans doute les concur-
rents ne manqueront-ils point qui vont
s'appliquer à prendre, sur les marchés
chinois, la place dès maintenant va-
cante. C'est après la guerre surtout que
l'effet sera sensible de l'expulsion des
Allemands de l'Extrême-Orient. C'est
encore un marché qui se ferme à l'Alle-
magne industrielle ou dont au moins
l'accès lui sera difficile.
Tout un savant travail de préparation,
moitié par violence, moitié par intrigue
se trouve dès maintenant annihilé. Pour
les Allemands qui réfléchissent et s'oc-
cupenV de la situation où se trouvera
leur pays, une fois la guerre terminée,
il y a lu un grave sujet de préoccupa-
tion.
Su caractère
et de la conscience
Nous ne laisserons pas M. l'amiral
Lacaze s'éloigner du ministère de la ma-
rine sans en dire notre très profond re-
gret.
''̃"̃• "#
L'accord d'une belle intelligence et
d'un beau caractère est chose si rare à
notre époque il le fut toujours -qu'il
devrait y avoir, parmi tous ceux qui ont
le souci du bien public, comme une
conspiration pour aplanir les difficultés
devant celui qui réalise cet accord, quand
le hasard des circonstances plus qu'une
volonté du Souverain le porte à un grand
emploi.
Or, cette conspiration ne se fait point,
et cela pour toute une série de raisons
de l'avant-dernier ordre, parce que les
intelligences supérieures excitent les ja-
lousies, surtout dans les milieux poli-
tiques, et parce que le caractère y pa-
raît un insupportable reproche, de tous
les instants, à trop de gens. Quand même
les mauvaises mœurs politiques, qui
tiennent pour une large part.à un mode
électoral que le temps est loin d'amélio-
rer, ont réussi à abaisser l'étiage des
assemblées, l'intelligence n'y fait point
encore défaut, à la vérité une intelli-
gence assez limitée et mal orientée
mais ce n'est point le caractère qui y
domine et, à vrai dire, le caractère y est
l'ennemi.
Le Omnia serviiiler pro dominatione
se peut excuser quand, le pouvoir une
fois conquis, celui qui s'est courbé pour
y monter se redresse et n'en use que
pour le succès des idées qu'il croit utiles
et justes, et qu'il attache seulement au
succès de ses idées une ambition en
conséquence honorable et qu'on pour-
rait dire désintéressée. Mais il n'en va
pas de la sorte, sauf exception, ni dans
le régime des Chambres ni dans celui,
pire encore, des antichambres; et qui
tient le pouvoir est d'abord préoc-
cupé d'y demeurer, serait-ce aux dé-
pens, sinon de l'intérêt général, bien
qu'il soit amené souvent à le considérer
au travers des lunettes de son intérêt par-
ticulier, du moins des principes aux-
quels il passait pour attaché et dont la
revendication fit sa fortune. Le voici
dès lors empressé à descendre au niveau
de ceux de qui dépend son ministère,
princes de la famille et courtisans, ou
bien parlementaires. Cherchant avant
tout à leur complaire, à eux et à leurs
clientèles, il ne tarde pas longtemps à
diminuer l'autorité qu'il a reçue comme
un dépôt, à favoriser la brigue et l'in-
trigue aux dépens du mérite, et, s'ac-
commodant de concessions qui lui au-
raient naguère encore fait horreur, à
compromettre les affaires de l'Etat.
M. le cardinal de Retz, ayant beau-
coup brouillonné dans le Parlement de
Paris comme à la Cour, et, même, parmi
le populaire ameuté pour les affaires
obscures de la Fronde, avait coutume de
dire qu'il est moins imprudent d'agir en
maître que de ne pas parler en sujet.
Celé est vrai des démocraties comme
des monarchies, et, sans doute, plus
vrai encore des démocraties, lorsque le
régime en est faussé, parce qu'un minis-
tre, sous la monarchie, n'est que le sujet
du prince et que, dans les démocraties,
j'entends dans celles qui se sont corrom-
pues, il ne l'est pas, comme il le devrait,
de l'Etre collectif qui est la Nation,
dont le jugement général est droit et le
cœur bien placé, mais bien de cinq ou
six cents politiciens, dont la grande af-
faire, c'est la réélection.
Je me suis laissé dire que, dans un
pays qu'il ne convient point de nommer,
et en pleine guerre pour l'existence
même du pays, un ministre de la dé-
fense nationale n'avait pas reçu, en deux
ans, moins de vingt mille lettres de
parlementaires qui n'avaient pas d'au-
tre objet que l'octroi de faveurs de
toutes sortes à des gens de leur clientèle
politique. Comme ce ministre ^vait pris
pour règle de ne pas donner d'entorses
aux lois de sa République, de respecter
les règlements et d'accorder les avance-
ments de préférence, tout au moins, à
ceux qui en étaient dignes à ses yeux, il
ne tarda pas à devenir la bête noire du
Parlement, alors qu'il en aurait été
l'idole s'il avait pu se résigner à sacrifier
le bien public, les intérêts permanents
et supérieurs du corps'dont il se trouvait
le chef, et la plus vulgaire équité aux
quémandeurs.
Il était de petite taille, mais qu'il lui
déplaisait d'incliner, pareil en cela à M.
Thiers qui serait demeuré à la prési-
dence de la République s'il avait con-
senti, à la veille de sa chute, comme son
ami le prince Orlofl' lui en donnait le
conseil, « à faire marcher les bureaux de
tabac ».
Durant le temps qu'il resta à la tête
de la marine, où il fut appelé par M.
Briand, qui ne le connaissait que de ré-
putation, et maintenu par M.' Ribot qui
avait appris à le connaître, l'amiral £â-
caze s'estr montré un ministre de cette
école-là, qui n'est pas très nombreuse,
mais qui s'accroîtra, on le doit espérer,
après la guerre, sous la quatrième- Ré-
publique.
Je crois bien qu'il a dû lui arriver,
comme à tout autre, de se tromper sur
des hommes et sur des choses, des
hommes sur qui je porte, d'après ma
propre expérience, un jugement très
different du sien, et des choses dont je
n'ai aucune notion, ne m'étant pas en-
core persuadé qu'on apprend la straté-
gie des escadres et la tactique des sous-
marins en entendant des timoniers ra-
conter des histoires de bord. Mais ce
dont je suis très certain, c'est qu'ayant
derrière lui une carrière très claire et
déjà longue, il n'accepta le pouvoir qu'en
marin qui ne recule pas devant le de-
voir, et que, l'ayant quitté de son plein
gré, dans l'opinion que les circonstances
lui en faisaient également un devoir, il
sera entouré encore de plus d'affection
et de plus d'estime quand, reprenant un
commandement' à la mer, sans une
étoile de plus à sa manche, il retrouvera
la brise du large et les vastes horizons.
D'autres apprécieront son œuvre qui a
été considérable, si j'en crois des juges
compétents de chez nous et de chez nos
alliés, et qui a été difficile entre toutes,
en raison des nouveautés extraordinai-
res de la guerre et, aussi, à cause de
quelques-uns de ceux qui l'avaient pré-
cédé dans la maison de la rue Royale.
Cependant, son intelligence profession-
nelle, pour lumineuse qu'elle paraisse'
même aux profanes, n'est pas le trait
principal de son caractère. Il est né
chef et, comme la nature lui a fait, dans
un corps frêle, le cœur aussi grand que
l'esprit, il a été de ces chefs, trop rares
dans les temps troublés comme dans les
temps épais, qui couvrent leurs officiers,
quand ils se sont une fois assurés de
leurs mérites et enquis de leurs actes.
La pratique, introduite par l'imagina-
tion de leurs intérêts particuliers mal
entendus, était, chez les ministres d'au-
trefois, de soutenir toujours le supérieur
contre l'inférieur. (Retz attribue cette
maxime à Machiavel.) La pratique op-
posée, qui s'est introduite de nos jours
et pour les mêmes raisons, n'est pas
moins fâcheuse et tout aussi injuste. On
croit flatter le soldat en ne célébrant
que ses vertus et en se taisant de ses
chefs ou çn les laissant accuser. L'ami-
ral Lacaze s'est constamment refusé,
pour l'honneur et dans l'intérêt de la
marine, et par respect de lui-même, à se
charger de cette fausse et fort laide ha-
bileté. Ainsi, ce silencieux s'est-il trouvé
certain jour orateur, et très grand ora-
teur, pour défendre contre d'insidieux
reproches son corps d'officiers et pour
évoquer, droit contre la houle, les titres
nouveaux que. ces braves gens, très in-
suffisamment récompensés par la re-
nommée, d'autant plus chers à nos
cœurs, se sont acquis dans l'accomplis-
sement ardu de leurs tâches.
11 a su frapper, quand il fallait, ou
quand il a cru le devoirfaire; mais, sou-
cieux avant tout de cette discipline qui
ne ferait pas la force des armées, si elle
n'était, en même temps que l'obéissance
à l'ordre, la confiance dans le chef et le
respect du chef, il ne consentit pas à
couvrir, fût-ce par une muette accepta-
tion, aucune atteinte qui lui serait
portée. Car la discipline n'admet ni que
les subordonnés puissent porter publi-
quement des accusations contre leurs
chefs, ni qu'ils les puissent suggérer
dans l'ombre, sur des opérations qui ne
sauraient être jugées que dans les condi-
tions prévues par les lois.
V:. ̃̃;
Un grand marin n'est point sans doute
plus grand qu'un.grand soldat. Mais il
a vécu davantage avec sa conscience et
avec l'immensité, ce que les terriens
appellent « vivre seul ».
Polybe.
La Crise en Russie
Les difficultés s'aggravent
La tâche de M. Kerensky.devient de
plus en plus difficile.
La démission de M. Tchernof n'a pas
facilité la reconstitution du cabinet. Les
partis maintiennent leur intransigeance.
On espérait la conciliation et on arrive à
la rupture. Les négociations ont pris fui
le 2 août par le refus des.cadets d'accep-
ter le programme socialiste proclamé le
21 juin par le gouvernement et que
celui-ci maintient encore comme base
de son travail futur.
L'échec de la combinaison sur laquelle
reposait le remaniement du gouverne-
ment crée à nouveau une situation po-
litique difficile qui s'aggrave encore du
fait de plusieurs démissions dont les
journaux se sont faits l'écho dansla.ma-
tinée d'hier.
En dehors de M. Tchernof, qui re-
prend sa liberté pour des raisons parti-
culières, MM. Efremof (justice), Lvof
(procureur du Saint-Synode), Godnef
(contrôleur d'Etat), quitteraient aussi
le pouvoir.
La plupart des journaux accuseni sé-
vèrement les bourgeois et les socialistes
de n'avoir su sacrifier leurs idées politi-
ques ni leurs intérêts de parti dans un
moment critique où le salut du pays so
trouve en jeu.
« Que pensera le peuple de ses hom-
mes politiques, écrit la Gazette de la
Bourse, que penseront les Alliés en
voyant l'impuissance des chefs du peu-
ple russe à créer un cabinet de coali-
tion ? Ce peuple se sentira isolé, aban*
dsnné au moment du daager et perdra
Dimanche 5 Août 1S17
63"» Année 3»« Série N« 217
H. DE VILLEMESSANT
̃ Fondateur
Gaston CALMETTE
Directeur (1902-1914)
RÉDACTION ADMINISTRATION
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« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse
de rire de tout. de peur d'étreiobligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.),
Les Annonces et Réclamessont également reçues
à la Société G10 des Annonces, 8, place de la Bourse
LA CALOMNIE
Nous ayons, grand tort de nous plain-
dre que la procédure est,lente c'est la
meilleure garantie des justiciables, ou
la seule vu l'infirmité des jugements
humains. Il ne faut, ni rendre la justice,
ni, dans le privé, se faire justice, trop
vite. La hâte est mauvaise conseillère et
cause des accidents irréparables.
Hier encore, la chronique des tribu-
.naux nous en suggérait, grâce à une
coïncidence, deux preuves.
La Cour suprême réhabilitait la mé-
moire d'un pauvre canonnier condamné
à mort pour abandon de poste devant
l'ennemi, et reconnu fou, mais exécuté
dans l'intervalle.
Le même jour, le Conseil de guerre
condamnait à cinq années de réclusion
un autre artilleur, qui, sur la foi de let-
tres anonymes, avait tué d'abord sa
femme, sans prendre le temps de véri-
fier le bien-fondé de l'accusation ni
de peser le .pour et le contre. Or, la vic-
time était sans reproche.
On observera que, sur le terrain judi-
ciaire, l'offensive féministe ne fait au-
cun .progrès. Les jurys, et au besoin les
conseils de guerre, continuent de traiter
sans ménagement les hommes qui, à
tort où' à raison, tuent leurs femmes;
les jurys continuent d'excuser et d'ac-
quitter les femmes qui tuent sur le plus
futile prétexte leur mari, ou même leur
« compagnon », selon l'euphémisme ad-
ministratif. Privilège humiliant ̃
Quand daignerons-nous reconnaître à
nos femmes; et même à nos « compa-
gnes », des responsabilités rigoureuse-
ment égales aux nôtres? Elles ont bien
droit à cet honneur, celles du moins qui
pratiquent, si l'on peut dire, l'émancipa-
tion par le fait.
Dans l'espèce du canonnier, jugé et
condamné jeudi, il ne semble pas que la
distribution des peines ait été fort équi-
table non point,.certes, par la faute du
tribunal, qui ne pouvait rien contre la
force des choses. La femme, innocente,
est morte; le mari, trompé, sinon par
elle, par le rédacteur des lettres, fera
cinq ans de prison et ce dernier, véri-
tablement l'auteur principal du crime,
se tire d'affaire sans dommage.
Sans dommage? Mais, dira-t-on, qui
ne signe pas sa correspondance est, par
hypothèse, inconnu et ne peut être
poursuivi qu'à titre de X. II est in-
çonpu par hypothèse ou, si vous voulez,
par définition. En' fait, on le nomme,
tout bas au lieu- de lé nommer tout haut.
On le montre au doigt. Son secret est
comme tous les secrets, qui sont tous
comme celui de Polichinelle. Le Chance-
lier Michaelis ne semble avoir fait, en
son dernier discours, aucune allusion à
l'homme qui a faussement écrit à l'ar-
tilleur que sa femme le trompait; mais
plusieurs journaux français ont publié
son état civil, sa raison sociale et son
adresse.' Peut-être était-il présent à l'au-
dience.
Il y a essuyé quelques propos désobli-
geants. On aime à croire qu'il y a été
traîné dans -la boue. Enfin, il a senti pe-
ser sur lui la réprobation publique. Une
peine afflictive et infamante l'eût da-
vantage incommodé. L'une des sœurs
Brohan écrivit un jour sur un album
« II n'est aucune personne de bon sens
qui ne préfère inliniment le déshonneur
à la mort. » Cette maxime est d'une vé-
rité générale, mais encore plus vraie
des gens que n'embarrasse pas un excès
de délicatesse.
Peut-être aussi que l'homme en ques-
tion éprouve des remords ? On est libre
d'en douter. Certains prétendent que les
honnêtes gens seuls sont capables de
remords et justement ils n'en ontque
faire C'est beaucoup d'avoir sa con-
science pour soi, quand on est honnête
homme; et quand on est moins hon-
nête, c'est bien peu (le chose de l'avoir
contre soi..
Il est fâcheux que l'épistolier, meur-
trier par tir indirect, paie si peu cher sa
,-vilaine action. Echappera-t-il aux lois
existantes ? Elles ne permettentpas tout
ce qu'elles ne, défendent point, mais
elles sont: impuissantes à l'empêcher,
cela revient au même. S'il ne fallait se
défier avant tout des lois de circons-
tance, on serait tenté d'en réclamer de
nouvelles, même transitoires, contre la
calomnie, qui. est une des plaies de
l'heure.
La Fontaine, peu tendre, écrivait ce-
pendant r. •
Je ne suis pas de ceux qui disent: Ce n'est rien,
C'est une femme qui se noie.
Ne disons pas « Ce n'est rien, c'est
encore un mari, qui, abusé par de faux
rapports, vient de tuer sa femme.»
Mais celui des deux crimes qui menace
plus l'ordre public, ce n'est pas le
meurtre, c'est la dénonciation calom-
nieuse.
Au moment que la guerre a éclaté,
nous avons cru naïvement que les pro-
fessionnels ni les amateurs ne commet-
traient plus aucun délit tant qu'elle du-
rerait. 11 y a bien eu un petit ralentisse-
ment,, qui se conçoit l'absence, dit en-
core La Fontaine, est le plus grand dek
,maux elle est, dans les occasions, le
plus héroïque des remèdes. Si la cam-
pagne avait duré trois mois, il se peut
que l'armée du crime eût fait trêve jus-
qu'à la paix. Les hostilités ont déjà
duré trois ans comme tant d'autres,
les malfaiteurs se sont « installés dans
la guerre ».
l\ous nous étions flattés non moins,
naïvement que cette grande épreuve
exaltât les grandes passions, et engour-.
dit les autres elle a tout remué indis-
tinctement dans le cœur humain, et ce
qui remonte à la surface de ce bouillon
n'est pas toujours le plus beau. Le su-
blïraë de l'épopée a de répugnantes
contre-parties dans le civil.
Plus tard, les contemporains ne se
rappelleront pas sans dégoût qu'en ce
temps où les illettrés eux-mêmes ont
'écrit tant de lettres resplendissantes
d'une beauté ingénue, des gens qui met-
taient presque l'orthographe en ont tant t
écrit de sales qu'ils n'osaient pas même
signer d'une croix.
Les sujets ne sont pas fort variés bé-
néfices illicites, accaparements on excès
de prévoyance, mais surtout les infor-
tunes conjugales. Comme dans l'Arma-
ture de. Paul Hervieu, on commence par
écrire sur n'importe quel bout de pa-
pier « Votre femme vous trompe », et
on se demandeensuite àqui de ses amis
et connaissances envoyer cela. On n'à
que l'embarras du choix.
Quelques-uns croient, sincèrement
peut-être, qu'ils rendent service à l'.Etat,
en démasquant, sans avoir la noble im-
prudence de se démasquer eux-mêmes,
quelques abus. Ils ne prennent pas garde
qu'ils excitent les citoyens a la haine ou
à la plus basse envie. Leur inconscience
ne les absout pas.
D'autres, par sottise ou par malice,
provoquent de pauvres drames intimes,
disproportionnés au drame unique de la
guerre; et à tout ce beau sang qui coule
de, nos veines ouvertes, ils ajoutent stu-
pidement un peu de sang inutile, qui
éclabousse et qui tache.
Abel Hermant.
AU JOUR LE JOUR ̃
7POR,~L'.
3R O JEL 353 !_̃
̃ ̃ 'tt ̃
Avec sa haute taille que la politesse cour-
bait et non pas les années, son visage rose et
que les cheveux blancs et la moustache blan-
che faisaient paraître plus rose encore, à la
fois .majestueux et simple pour porter son
passé et s'accommoder du présent, Porel sou-
riait l'autre semaine à Paris et aux Parisiens,
en reprenant possession de son théâtre du
Vaudeville. Cette reprise était un succès.
Pourquoi faut-il que la mort ait surpris avant
la plus grande victoire, avant la paix; l'ancien
combattant de 1870 ?
Car PoreJ. est mort. Brusquement, dans la
nuit de. mardi à mercredi, il se sentit malade.
Les médecins accoururent qui avouèrent leur
impuissance. Un chirurgien intervint hier
matin, mais vainement. A quatre heures de
l'aprés-midi, ce beau vieillard, qui souriait à
soixante-quatorze ans, succombait à une pé-
ritonite brutale.
Injuste mort, et qui, cependant, rétablit la
justice, puisqu'elle permet seule de mesurer
dans la vie de Paris tout le mérite de cet
artiste dont les successeurs appliqués à des
oeuvres mercenaires oubliaient le bel exemple
tranquille et le long effort. Il y a, depuis le
b'oulevard, toute une histoire et" toute une lé-
gende du directeur de théâtre. Et l'ou a vu, en
ces dernières années, le hasard favoriser des
commis venus, nus, de leur province, et des
managers aux procédés exotiques qui réus-
sissaient à prendre la place acquise par qua-
rante années de recherches et d'enjeux per-
sonnels dans ce jeu qu'est le théâtre. Ils au-
raient pu faire oublier l'honnête homme 'que
fut Porel, l'homme à sa place. La mort qui
le surprend et nous surprend apporte du
moins cette consolation de permettre un hom-
mage, de dire nos regrets.
Lorsqu'il recevait un auteur dans son appar-
tement soit de l'avenue des Champs-Elysées,
soit de la rue Washington, Porel savait re-
connaître les égards dus à l'écrivain. Il n'ou-
bliait pas le respect dévoué qu'il avait offert,
dès ses premières années, aux maîtres du
théâtre, et même, s'il ne partageait pas toute
la confiance de l'auteur, il prenait son œuvre
en mains et n'avait plus d'autre souci que de
la présenter dignement au public. Il put
trouver des mécomptes. Il sut trouver aussi
des revanches. Il demeura un initiateur et ja-
mais ne perdit la foi.
C'est qu'il s'était donné au théâtre entière-
ment, comme un novice entre dans les ordres,
pour toujours. Second prix de comédie en 1862,
il avait débuté à l'Odéon en jouant « la troi-
sième sorcière x de Macbeth, et il avait dû at-
tendre patiemment les rôles qui lui permirent
d'affirmer sa personnalité. Il a raconté ici
même, dans le Figaro, sous le titre Ce dont
je me souviens, ses débuts de comédien et de
directeur. On trouvera dans ces souvenirs le
manuel de l'homme de théâtre.
Le succès vint lorsqu'il fut racheté à l'Odéon
par Montiguy et Dumas fils qui payèrent son
dédit pour qu'il put jouer au Gymnase les
Idées de Mme Aubray. C'était en 1867, Pen-
dant deux années, il connut la renommée que
donne le boulevard. Mais il n'en fut pas grisé.
En i87o, il ne se soucia que d'être soldat et
puis il revint à soit Odéon que dirigeait Duques-
nel.îs'ul comédien n'y fut plus consciencieux. Il
v joua Jean-Marie de A. Theui-iet,7es Créan-
ciers du bonheur d'Ed. Cadol, le Marquis de
Villemerde G. Sand, la Jeunesse de Louis XI V
d'A. Dumas, Ruy Blas de Victor Hugo, la
Maîtresse légitime de L. Davyl, Samuel
Brohl d'Henry Meilhac et Chfcrbuliez, Joseph
Balsamo des deux Dumas, et la Belle Saï-
nara et le Diner de Pierrot et le Trésor de
F. Coppée il parut dans presque tous les
rôles du répertoire, le Mariage de Figaro,
les Femmes savantes, les Plaideurs, le Léga-
taire universel, le Jeu de l'amour et du lta-
sard, etc.
Il était le grand comédien de la rive gauche,
et sa récompense fut que La Rounat rem-
plaçât Duquesncl et puis tombât malade.
Alors, il devint directeur et Alexandre Du-
mas fils écrivit
1 3e voudrais avoir plus d'espace dansées notes
pour parler plus longuement de ce comédien, à,
la fois si délicat et si précis, qui, n'ayant pas
encore quarante ans, a créé plus de cent pièces,
lien que depuis cette guerre de 1870 ou il s'est
vaillamment battu, où il a été blessé d'un éclat
d'obus, transporté à l'ambulance de l'Odéon et
soigné par Sarah Bernliardt, laquelle s'était -faite
infirmière.
Au contraire de cette grande tourmentée, Po-
rel; infatigable comme elle, mais sédentaire,
casanier même, tenant de la Thovillière, le co-
médien-gentilhomme, et de Mabillon, le béné-
dictin de Saint-Maur, Porel s'est pris de la plus
touchante tendresse pour ce vénérable Odéon,
qui, semblable au Philémon de la fable, renaît
toujours plus jeune, au moment où l'on croit
qu'il va mourir de vieillesse.
En 1885, Porel était nommé directeur de
l'Odéon, de cet Odéoh dont il devait écrire,
avec Monval, l'histoire administrative, anec-
dbtique et littéraire. Il reprenait Henriette
.~laréclaal, des Goncourt; il imposait l'Arlé-
sienne, de Daudet et Bizet, et il créait ce genre
de comédie à commentaire musical qui devait
connaître un si grand succès. A la bienfai-
sante constitution de la Société Shakespeare,
on a rappelé insuffisamment tout ce qu'il fit
pour le grand Will, les représentations de
Beaucoup de bruit pour rien avec musique
de Godard; Shylock, avec musique de Ga-
briel Fauré le Songe d'une nuit d'été, musi-
que de Mendelssohn Roméo et Juliette, avec
musique de G. ThOmc.
En même temps, il faisait débuter Jules Le-
maitreavec Révoltée, Ginisty et Hugues Le
Roux avec leur adaptation de Crime et Châ-
timent, reprise par M, Paul.Gavault, depuis.
Après avoir su utiliser les orchestres Colonne
et Lamoureux, il découvrit des artistes. Mme
Réjane s'imposa' aux représentations d'Amou-
reuse et devint sa femme. Enfin, ce furent
les matinées populaires, avec conférences de
Larroumet, Banés, Lemaitre, Sarcey, Brune-
tière, etc.
Ayant passé la Seine après un tel labeur,
Porel joua Lysisirala, de- Maurice Donnay,
avec Réjane et Guitry, au Grand-Théâtre. lin
1893, il prit le Vaudeville et partagea en
même temps la direction du Gymnase avec
M. Albert Carré. Ce furent les soiféés légen-
daires de Madame Sans-Gcnc, de Viveurs,
de la Douloureuse, de la Carrière, des
Transatlantiques, de Za\ci, de laRobe rouge,
de Brignol et sa. fille, de Rosine; de Mariage
bourgeois. Sa direction, c'est une partie de
l'histoire du théâtre eu.ce.i dernières a,nnées.
Il n'est pas besoin de la rappeler.
Avec la même douceur, presque la même
onction, Porel confiait l'autre semaine aux
lecteurs du' Figaro qu'il reprenait son théâtre
après trois années terribles >. La mort
l'aura surpris comme il préparait sa saison
1917-1918. Ce grand travailleur est mort à sa
place, dans son cabinet.de ? travail de" biblio-
phile et d'historien, comme il serait mort dans
son avant-scène de directeur d'où il regardait,
à. chaque répétition, sa pièce nouvelle s'en-
voler dans la salle. Le théâtre et Paris per-
dent en lui le plus aimable et le plus dévoué
des artistes.
Régis Gignoux.
Démission de von Batocki
On télégraphie à l'Agence Radio que le
contrôleur aux vivres de l'Empire, M.
von Bato<:ki, a donné sa démission, qui
aété acceptée par l'Empereur.
-M. von Waldow, président supérieur
de Poméranic,. sera nqinmé contrôleur
aux vivres en remplacement de M. von
Batocki.
Cette dépêche antérieure, de Berne,
explique un peu les causes de ce « mou-
vement » dans le contrôle alimentaire
Le général ..commandant les Marches du
Brandebourg vient, do rendre une ordonnance
qui interdit aux habitants des villes d'aller
chercher des aliments dans les villages des
environs. Désormais, les gendarmes et tes
agents de police visiteront les tramways,
arrêteront et même fouilleront les voyageurs.
Le Lokal Anzeiger critiquait dès hier
ces mesures
Si la répartition des aliments étaiLbien
faite, on n'aurait, pas besoin de .s'ingénier
pour en trouver dans les campagnes. il ne
faut pas croire que c'est pour leur, plaisir
que les habitants dos villes font des expédi-
tions de ce genre dans les villages. Puis-
qu'ils trouvent dans les villages ce qu'ils
cherchent, c'ësftquo les denrées existent, et
si les habitants dos villes manquent d'ali-
ments, en particulier de fruits et de lé-
gumes, c'est que l'organisation ;est défec-
tueuse.
Le Lokal Anzeicjer déclarait que le
sentiment public n'avait pas confiance
dans M. de Batocki. Celui-ci avait fait
sans doute tout ce qu'il avait pu, mais
il n'avait guère' réussi. « On souhaite-
rait, disait le journal, un autre homme
armé de pouvoirs plus étendus et peut-
être aussi doué d'une plus grande éner-
gie. » •. -̃.•̃•̃ ̃̃•̃.
Le 3me Anniversaire
Le roi d'Angleterre a fait parvenir au
président de la République le télé-
gramme-suivant
Buckingham Palace, le 3 août 1017.
A l'occasion du troisième anniversaire, du
jour où mon pays prit part à la grande lutte
qui se poursuit encore, je désire vous expri-
mer, ^lousieur le Président, la détermination
résolue de l'Empire britannique de continuer
le combat jusqu'à ce que nos efforts réunis
soient couronnés de succès ctiios buts com-
muns atteints.
Je suis heureux d'avoir foi, ainsi que vous,
j'en suis certain, Monsieur le Président, en
la volonté, infatigable, de mon pays et l'hé-
roïsme de nos troupes, qui obtiendront une
victoire définitive assurant la possibilité du
progrès pacifique de l'humanité.
Le Président a répondu `
Je puis donner à Votre Majesté l'assurance
que les sentiments qu'Elle veut bien m'ex-
primer au nom de l'Empire britannique cor-
respondent a ceux du gouvernement de la
République et du peuple français.
• Les cruels sacrifices imposés aux nations
alliées par une guerre dont elles ne portent
pas la responsabilité doivent trouver dansja
victoire définitive les réparations que réclame
le droit. ̃ •
La France est résolue â poursuivre et à
terminer- cette œuvre de délivrance et de
justice en étroite collaboration avec la
Grande-Bretagne et avec les colonies et les
dominions qui ont donné, depuis trois ans,
comme la métropole, un si admirable exem-
ple d'union patriotique.
Hier encore, la magnifique armée que l'Em-
pire britannique a levée, instruite et outillée
depuis le début des hostilités, offrait à ses
frères d'armes un nouveau témoignage de sa
valeur et de son héroïsme. Je saisis bien vo-
lontiers l'occasion de ce troisième anniver-
saire pour prier Votre Majesté de transmet-
tre à ses vaillantes troupes mes félicitations
et mes vœux.
•Raymond Poincahé.
Le roi d'Angleterre a adressé au roi
d'Italie, à l'empereur du Japon, aux rois
de Serbie, de Roumanie, au Président
de la République portugaise et. a M.Wil-
son des télégrammes semblables.
La Guerre
1,098° jour de guerre
Communiqués officieh
4 AOUT, .2 HEURES APRÈS-MIDI
En Belgique, malgré la persistance
du mauvais temps, nos troupes ont pro-
gressé au delàd cabaret de Kortekeert;
nos reconnaissances ont exploré les fer-
mes plus en avant du front atteint, en
repoussant les patrouilles ennemies.
Nuit calme sur le front de l'Aisne.
Activité réciproque de l'artillerie sur
les deux rives de la Meuse. Deux ten-
tatives de l'infanterie ennemie pour
aborder nos tranchées dans la région du
bois d'Avocourt ont échoué. `
Au cours d'un coup de main exécuté
en Argonne par l#s Allemands, nous
avons fait des prisonniers, dont un offi-
cier et un aspirant blessés.
Rien à signaler sur le reste du front.
4 AOUT 11 HEURES SOIR
En Belgique, la lutte d'artillerie a
repris une certaine violence au cours de
la journée, notamment dans la région
de Bixschoote. Nos patrouilles opérant t
à l'ouest de la route de Steenstraete à
Woumen ont occupé deux fermes en
avant de nos lignes. Le temps continue
à être très mauvais.
Dans la région de Saint-Quentin,
notre artillerie a effectué des tirs de
destruction efficaces sur les tranchées
ennemies, à l'est de Gauchy.
A l'est de Cerny, deux attaques alle-
mandes, déclenchées vers deux heures,
ont été brisées par nos feux avant
d'avoir pu aborder nos lignes.
Sur les deux rives de la Meuse,
activité marquée de l'artillerie dans les
secteurs d'Avocourt et de Douaumont.
Rien à signaler sur le reste du front.
COMMUNIQUÉ belge. En raison du
mauvais temps, l'activité de l'artillerie
a été restreinte aujourd'hui sur tout le
front. Devant le secteur de Ramscap-
pelle, nous avons pris à partie deux
batteries allemandes.
Communiqués britanniques
4 AOUT APRÈS-MIDI
Nos troupes ont repris, cette nuit, à
l'est de Monchy-le-Preux, le reste de
la tranchée où l'ennemi avait réussi- à
pénétrer dans la nuit du 2 au 3 août.
Nos positions, qui avaient été attaquées
cette nuit-là dans ce secteur par des
forces évaluées à un bataillon, se trou-
vent ù l'heure actuelle entièrement réta-
blies par celles de nos troupes qui étaient
sur place.
Sur le front de bataille d'Ypres, nos
alliés ont poursuivi leur avance à l'est
du cabaret de Kortekeert. 11 a de nou-
veau plu fortement cette nuit.
4 AOUT SOIR
Le temps est demeuré pluvieux et
orageux.
Nous avons effectué aujourd'hui une
nouvelle avance au nord ouest de
Saint-Julien.
L'artillerie allemande a montré une
grande activité il l'est de Messines et
dans le secteur de Nieuport.
La Chine contre l'Allemagne
Il a a quatre mois, la Chine avait dé-
clare rompre avec l'Allemagne les rela-
tions diplomatiques. On pouvait s'at-
tendre à ce qu'une déclaration de guerre
s'ensuivît à peu près immédiatement. Et
c'est ce qui serait arrivé en effet si des
troubles intérieurs assez graves et une
tentative de restauration monarchique
misérablement avortée ne fussent sur-
venus, assez opportunément pour qu'on
puisse être certain que les intrigues alle-
mandes avaient préparé ces désordres.
Quoi qu'il en soit, l'ordre s'est rétabli et
la déclaration de guerre a suivi. L'em-
pire allemand compte maintenant un
adversaire de plus.
Sans doute est-il d'une importance
militaire négligeable. La Chine, quelque
vaste et quelque peuplée qu'elle soit,
n'a pas une armée proportionnée à sa
grandeur. L'eût-elle, d'ailleurs, l'éloi-
gnement t la laisserait impuissante quand
bien même l'absence de grande flotte
marchande n'en rendrait pas le trans-
port impossible. Que la position nou-
velle de la Chine, maintenant rangée
aux côtés des Alliés, rende plus facile le
recrutement dans ses provinces d'ou-
vriers, dont le concours puisse être fort
utile, c'est possible. Mais c'est le seul
avantage direct qu'on doive attendre de
son concours.
La décision du gouvernement chinois
n'est pourtant pas une mesure qui
puisse laisser l'Allemagne indifférente.
Outre que le territoire chinois ne pourra
plus servir d'asile aux fauteurs de trou-
bles qui, de là, s'efforçaient de susciter à
la France ou à l'Angleterre des embar-
ras en Indo-Chine ou aux Indes, les éta-
]-i[js,gpp-1f.T7i,fi a^mflnds assp.y, nombreux
qui s'étaient fondés là-bas vont être sé-
questrés. L'organisation commerciale et
financière de nos ennemis s'en trouvera
bouleversée, et sans doute les concur-
rents ne manqueront-ils point qui vont
s'appliquer à prendre, sur les marchés
chinois, la place dès maintenant va-
cante. C'est après la guerre surtout que
l'effet sera sensible de l'expulsion des
Allemands de l'Extrême-Orient. C'est
encore un marché qui se ferme à l'Alle-
magne industrielle ou dont au moins
l'accès lui sera difficile.
Tout un savant travail de préparation,
moitié par violence, moitié par intrigue
se trouve dès maintenant annihilé. Pour
les Allemands qui réfléchissent et s'oc-
cupenV de la situation où se trouvera
leur pays, une fois la guerre terminée,
il y a lu un grave sujet de préoccupa-
tion.
Su caractère
et de la conscience
Nous ne laisserons pas M. l'amiral
Lacaze s'éloigner du ministère de la ma-
rine sans en dire notre très profond re-
gret.
''̃"̃• "#
L'accord d'une belle intelligence et
d'un beau caractère est chose si rare à
notre époque il le fut toujours -qu'il
devrait y avoir, parmi tous ceux qui ont
le souci du bien public, comme une
conspiration pour aplanir les difficultés
devant celui qui réalise cet accord, quand
le hasard des circonstances plus qu'une
volonté du Souverain le porte à un grand
emploi.
Or, cette conspiration ne se fait point,
et cela pour toute une série de raisons
de l'avant-dernier ordre, parce que les
intelligences supérieures excitent les ja-
lousies, surtout dans les milieux poli-
tiques, et parce que le caractère y pa-
raît un insupportable reproche, de tous
les instants, à trop de gens. Quand même
les mauvaises mœurs politiques, qui
tiennent pour une large part.à un mode
électoral que le temps est loin d'amélio-
rer, ont réussi à abaisser l'étiage des
assemblées, l'intelligence n'y fait point
encore défaut, à la vérité une intelli-
gence assez limitée et mal orientée
mais ce n'est point le caractère qui y
domine et, à vrai dire, le caractère y est
l'ennemi.
Le Omnia serviiiler pro dominatione
se peut excuser quand, le pouvoir une
fois conquis, celui qui s'est courbé pour
y monter se redresse et n'en use que
pour le succès des idées qu'il croit utiles
et justes, et qu'il attache seulement au
succès de ses idées une ambition en
conséquence honorable et qu'on pour-
rait dire désintéressée. Mais il n'en va
pas de la sorte, sauf exception, ni dans
le régime des Chambres ni dans celui,
pire encore, des antichambres; et qui
tient le pouvoir est d'abord préoc-
cupé d'y demeurer, serait-ce aux dé-
pens, sinon de l'intérêt général, bien
qu'il soit amené souvent à le considérer
au travers des lunettes de son intérêt par-
ticulier, du moins des principes aux-
quels il passait pour attaché et dont la
revendication fit sa fortune. Le voici
dès lors empressé à descendre au niveau
de ceux de qui dépend son ministère,
princes de la famille et courtisans, ou
bien parlementaires. Cherchant avant
tout à leur complaire, à eux et à leurs
clientèles, il ne tarde pas longtemps à
diminuer l'autorité qu'il a reçue comme
un dépôt, à favoriser la brigue et l'in-
trigue aux dépens du mérite, et, s'ac-
commodant de concessions qui lui au-
raient naguère encore fait horreur, à
compromettre les affaires de l'Etat.
M. le cardinal de Retz, ayant beau-
coup brouillonné dans le Parlement de
Paris comme à la Cour, et, même, parmi
le populaire ameuté pour les affaires
obscures de la Fronde, avait coutume de
dire qu'il est moins imprudent d'agir en
maître que de ne pas parler en sujet.
Celé est vrai des démocraties comme
des monarchies, et, sans doute, plus
vrai encore des démocraties, lorsque le
régime en est faussé, parce qu'un minis-
tre, sous la monarchie, n'est que le sujet
du prince et que, dans les démocraties,
j'entends dans celles qui se sont corrom-
pues, il ne l'est pas, comme il le devrait,
de l'Etre collectif qui est la Nation,
dont le jugement général est droit et le
cœur bien placé, mais bien de cinq ou
six cents politiciens, dont la grande af-
faire, c'est la réélection.
Je me suis laissé dire que, dans un
pays qu'il ne convient point de nommer,
et en pleine guerre pour l'existence
même du pays, un ministre de la dé-
fense nationale n'avait pas reçu, en deux
ans, moins de vingt mille lettres de
parlementaires qui n'avaient pas d'au-
tre objet que l'octroi de faveurs de
toutes sortes à des gens de leur clientèle
politique. Comme ce ministre ^vait pris
pour règle de ne pas donner d'entorses
aux lois de sa République, de respecter
les règlements et d'accorder les avance-
ments de préférence, tout au moins, à
ceux qui en étaient dignes à ses yeux, il
ne tarda pas à devenir la bête noire du
Parlement, alors qu'il en aurait été
l'idole s'il avait pu se résigner à sacrifier
le bien public, les intérêts permanents
et supérieurs du corps'dont il se trouvait
le chef, et la plus vulgaire équité aux
quémandeurs.
Il était de petite taille, mais qu'il lui
déplaisait d'incliner, pareil en cela à M.
Thiers qui serait demeuré à la prési-
dence de la République s'il avait con-
senti, à la veille de sa chute, comme son
ami le prince Orlofl' lui en donnait le
conseil, « à faire marcher les bureaux de
tabac ».
Durant le temps qu'il resta à la tête
de la marine, où il fut appelé par M.
Briand, qui ne le connaissait que de ré-
putation, et maintenu par M.' Ribot qui
avait appris à le connaître, l'amiral £â-
caze s'estr montré un ministre de cette
école-là, qui n'est pas très nombreuse,
mais qui s'accroîtra, on le doit espérer,
après la guerre, sous la quatrième- Ré-
publique.
Je crois bien qu'il a dû lui arriver,
comme à tout autre, de se tromper sur
des hommes et sur des choses, des
hommes sur qui je porte, d'après ma
propre expérience, un jugement très
different du sien, et des choses dont je
n'ai aucune notion, ne m'étant pas en-
core persuadé qu'on apprend la straté-
gie des escadres et la tactique des sous-
marins en entendant des timoniers ra-
conter des histoires de bord. Mais ce
dont je suis très certain, c'est qu'ayant
derrière lui une carrière très claire et
déjà longue, il n'accepta le pouvoir qu'en
marin qui ne recule pas devant le de-
voir, et que, l'ayant quitté de son plein
gré, dans l'opinion que les circonstances
lui en faisaient également un devoir, il
sera entouré encore de plus d'affection
et de plus d'estime quand, reprenant un
commandement' à la mer, sans une
étoile de plus à sa manche, il retrouvera
la brise du large et les vastes horizons.
D'autres apprécieront son œuvre qui a
été considérable, si j'en crois des juges
compétents de chez nous et de chez nos
alliés, et qui a été difficile entre toutes,
en raison des nouveautés extraordinai-
res de la guerre et, aussi, à cause de
quelques-uns de ceux qui l'avaient pré-
cédé dans la maison de la rue Royale.
Cependant, son intelligence profession-
nelle, pour lumineuse qu'elle paraisse'
même aux profanes, n'est pas le trait
principal de son caractère. Il est né
chef et, comme la nature lui a fait, dans
un corps frêle, le cœur aussi grand que
l'esprit, il a été de ces chefs, trop rares
dans les temps troublés comme dans les
temps épais, qui couvrent leurs officiers,
quand ils se sont une fois assurés de
leurs mérites et enquis de leurs actes.
La pratique, introduite par l'imagina-
tion de leurs intérêts particuliers mal
entendus, était, chez les ministres d'au-
trefois, de soutenir toujours le supérieur
contre l'inférieur. (Retz attribue cette
maxime à Machiavel.) La pratique op-
posée, qui s'est introduite de nos jours
et pour les mêmes raisons, n'est pas
moins fâcheuse et tout aussi injuste. On
croit flatter le soldat en ne célébrant
que ses vertus et en se taisant de ses
chefs ou çn les laissant accuser. L'ami-
ral Lacaze s'est constamment refusé,
pour l'honneur et dans l'intérêt de la
marine, et par respect de lui-même, à se
charger de cette fausse et fort laide ha-
bileté. Ainsi, ce silencieux s'est-il trouvé
certain jour orateur, et très grand ora-
teur, pour défendre contre d'insidieux
reproches son corps d'officiers et pour
évoquer, droit contre la houle, les titres
nouveaux que. ces braves gens, très in-
suffisamment récompensés par la re-
nommée, d'autant plus chers à nos
cœurs, se sont acquis dans l'accomplis-
sement ardu de leurs tâches.
11 a su frapper, quand il fallait, ou
quand il a cru le devoirfaire; mais, sou-
cieux avant tout de cette discipline qui
ne ferait pas la force des armées, si elle
n'était, en même temps que l'obéissance
à l'ordre, la confiance dans le chef et le
respect du chef, il ne consentit pas à
couvrir, fût-ce par une muette accepta-
tion, aucune atteinte qui lui serait
portée. Car la discipline n'admet ni que
les subordonnés puissent porter publi-
quement des accusations contre leurs
chefs, ni qu'ils les puissent suggérer
dans l'ombre, sur des opérations qui ne
sauraient être jugées que dans les condi-
tions prévues par les lois.
V:. ̃̃;
Un grand marin n'est point sans doute
plus grand qu'un.grand soldat. Mais il
a vécu davantage avec sa conscience et
avec l'immensité, ce que les terriens
appellent « vivre seul ».
Polybe.
La Crise en Russie
Les difficultés s'aggravent
La tâche de M. Kerensky.devient de
plus en plus difficile.
La démission de M. Tchernof n'a pas
facilité la reconstitution du cabinet. Les
partis maintiennent leur intransigeance.
On espérait la conciliation et on arrive à
la rupture. Les négociations ont pris fui
le 2 août par le refus des.cadets d'accep-
ter le programme socialiste proclamé le
21 juin par le gouvernement et que
celui-ci maintient encore comme base
de son travail futur.
L'échec de la combinaison sur laquelle
reposait le remaniement du gouverne-
ment crée à nouveau une situation po-
litique difficile qui s'aggrave encore du
fait de plusieurs démissions dont les
journaux se sont faits l'écho dansla.ma-
tinée d'hier.
En dehors de M. Tchernof, qui re-
prend sa liberté pour des raisons parti-
culières, MM. Efremof (justice), Lvof
(procureur du Saint-Synode), Godnef
(contrôleur d'Etat), quitteraient aussi
le pouvoir.
La plupart des journaux accuseni sé-
vèrement les bourgeois et les socialistes
de n'avoir su sacrifier leurs idées politi-
ques ni leurs intérêts de parti dans un
moment critique où le salut du pays so
trouve en jeu.
« Que pensera le peuple de ses hom-
mes politiques, écrit la Gazette de la
Bourse, que penseront les Alliés en
voyant l'impuissance des chefs du peu-
ple russe à créer un cabinet de coali-
tion ? Ce peuple se sentira isolé, aban*
dsnné au moment du daager et perdra
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