Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1911-03-04
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 mars 1911 04 mars 1911
Description : 1911/03/04 (Numéro 63). 1911/03/04 (Numéro 63).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k289143m
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Samedi 4 Ntars M^
Le Numéro aVéc-/e Supplément 10 CENTIMES dans fottfe la France– Etranger 20 CENTIMES
57° Année 3° Série N» 63
H. DE VILI^^EësAliïi^
[.̃ Fondateur ;• •>
Qaston CALMETTE
Directeur-Gérant
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1 f~ Il
Dans les colonies françaises, mêmes prir"
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Le petit. p'pince Axnr.i': Reauxieh..
ta Vie de Paris Le Sidaner L. Rooeu-
̃MltÉS.- ̃:̃̃
Les incidents de la Comédie-Française M.
fiernstein retire, sa pirce.
.A l'Etranger la Constitution iVAhacc-Lor-
;raine P.OKxteFOX. Je drame de Rome.
Pau-Paris parles airs Frant^-Reicitel.
La Semaine étrangère du « Figaro ».
Autour de la politique L'installation- des mi-
.nistres. Ai.gtîste Avrtl.
A l'Institut: LeqrawlprivBordin: Cu. Dauzats.
Journaux et Revues Anbré Beax;x:er.
L'incident Sairret-de Taradel Thomas.
Les Théâtres Qdèon: « Maud», « Mère »,
IcirCoitr il'aMouv de Ramania » Fran-
otsGkev assit. ̃̃̃•
Feuilleton rliçs f crames; Anton TcnEKiiOF.
Le« Petit Prince
~C>
Dans= une salle à demi obscure, où
quelque 'huit: cents personnes: étaient
réunies, hier, un vieillard presque aveu-
gle entra. Il avançait avec difficulté, avec
une sorte de peur; conduit pas à pas. Un
vieillard charmant, mince, discret, .de
manières douces, à la figure fine et- pâle.
Des lunettes noire lui cachaient les
yeux et'une visière d'étoffé noire lui voi-
lait le front jusqu'aux sourcils. Il parla;
et sa toute petite voix, nette, élégante,
maîtresse des mots et des phrases,
domptale silence on l'entendit comme
une confidence chuchotëe à l'oreille, et
poignante.. •
Depuis quarante ans, cette voix si fran-
çaise de ton,- de grâce et de mesure s'est
retirée de chez nous, réfugiée ailleurs,
en Angleterre où l'appela d'abord la fidé-
lité, où la retint ensuite la douleur, qui
estime fidélité sans plus d'esppir.
M. Augustin Filon, qui a été le pré-
cepteur du prince impérial et qui de-
me-ura son: aînJ, avait accepté de faire
une conférence, touchant son élève,
Louis-Napoléon, qui ne régna pas et. qui
eut l'âme d'un souverain.
Je ne sais si jamais parole de confé-
rencier fut écoutée avec un tel recueille-
ment, suivie avec plus de respect et,
bientôt, avec plus d'émoi. 11 arriva ceci
un auditoire, de convictions très diverses,
de sentiments inégaux et qui, sans doute,
ne s'attendait pas à être ainsi dérangé de
sa frivolité. habituelle, éprouva soudain
le frisson de l'histoire et, inquiet du len-
demain/songea aux veilles" et aux avant-
,-eilles avec une piété frémissante, i ̃̃'
̃ L'aveugie-évoqipLit le passé; sa petite
voix, qui semblait lointaine aussi, nous
invitait à ses souvenirs.
11 n'avait pas! l'air de réciter un texte
qu'il, eût fixé, qu'il eût appris pour nous.
Mais il se souvenait,! devant nous et il
se souvenait avec ordre, avec justesse,
avec aisance, comme fait une claire in-
telligence qui, pour mieux garder sa
mémoire, l'a bien rangée, et pieuse-
ment.-
Les imagés se dessinaient peu a peu,
telles d'abord que des fantômes qui se
dégagent- de la brume; et puis elles se
réalisaient, avec leur couleur et avecteur
évidente. vérité. Elles se succédèrent, du-
rant une heure, selon la série des années
et Jusqu'à nous mener au pays des Zou-
lons.dans un décor de nature, étrange où
un jeune prince meurt comme un lion.
Quelles images Gaies ou funèbres,
mêlées de belle adolescence et de farou-
che" intrépidité,' toutes marquées d'un
caraptère auguste et hantées d'une per-
sonne invisible, la Franco.
M. Filen les a tracées, les unes après
les autres, avec une simplicité d'art ad-
mirable. Aux traits essentiels, il -n'ajou-
tait rien: les traits étaient si exacts que
leur petit nombre suffisait et, -si par-
fois la main tremblait, alors on voyait,
en même, temps que l'image, l'émotion
de qui la dessinait. '̃̃• i
Ou bien encore, au bord des phrases,
il courait du feu, pareil à" ces franges
rouges qui rampent vite sur le bois' qui i
se consume..
Le petit prince Pari s l'aimait. Le
petit prince qu'on voyait à cheval sur un n'
poney, cavalier gentil, bien en selle; et
puis ce même petit prince, jeune mili-
taire, grenadier de onze ans qu'un im-
mense bonnet à poil accable ce furent
ses deux portraits populaires. M. Filon
devint, à cette époque, son précepteur.
Kt- il arriva au palais de Saint-Cloud.
Voici l'élève un enfant joli, au doux vi-
sage, qui. approche, la. main tendue, le
cœur offert. Le doux visage, si féminin
que la séduisante beauté maternelle y
apparaît en ressemblance singulière!
L'élève est docile, un peu nonchalant,
vif par instants et, de coutume, prompt
air reve.
A Paris, il est installé dans les appar-
tements du pavillon de Flore; et il tra-
vaille auprès do "la fenêtre, de sorte que
souvent il ne travaille pas et regarde la
Seine et les Invalides. Il a des profes-
seurs il les écoute, il n'est pas inatten-
tif mais il est meilleur aux exercices
militaires qu'à la littérature. Et, surtout,
il songe.- ̃
L'un de ses professeurs, qui enseigne
lans un lycée, le fait composer avec des
élèves de son âge. En arithmétique, un
jour, il est le premier; De cette manière,
il sort de la solitude où il est naturel
que languisse' un petit prince. Au
concours général, il va -couronner le
jeune Cavaignac seulement le petit
prince de la république s'écarte du petit
prince impérial et celui-ci, dont on re-
fuse l'amitié, sent l'impertinence, re-
tient ses larmes et retourne à lasolitude
d'où il a cru s'évader.
Deux ans plus tard, le, 9 "mai 1870, le
petit prince .est dans sa chambre d'é-
tude, avec 'son précepteur. C'est un jour
de printemps analogue à ces autres
jours de printemps où les menaces du
prochain avenir se perdent dans l'air
ensoleillé. Soudain, l'Empereur el • l'Iiri-
.pératrice -L^ônfaiit s'approche d'enx.
Kt l'Empereur apporte à son fils les. der-
niers chiffres du plébiscite. 11 ne les lui
annonce pas seulement il les lui
donne, il les lui remet; le plébiscite est
pour l'enfant, qui doitrégner avec l'as-
sentiment de la nation. Le petit prince
de quatorze ans reçoit ces chiffres et l~
comprend, en somme, que la France
l'aime; il le comprend au sourire. de. Na-
poléon.
Puis il ne passe guère de mois avant
SarrebriicU. Quand on parlait de guerre,
le petit prince était, heureux, le prince
qui avait dans la tète, pour ses récits de
famille,. la gloire du grand Empereur.
Sous-lieutenant de quatorze ans, il ac-
-compagne son père; et il -reçoit le bap-
tême du feu une prodigieuse joie
l'exalte. On ramasse auprès de lui une
balle qui ne l'a:point frappé. Désormais,
il est consacré
Cette balle qu'on a ramassée auprès
de lui, d'autres ensuite l'ont reprise, les
pamphlétaires, comme une insulte, pour
la lui lancer. Et, après quelques années;
quand il ira combattre au Z'ouloulaiïd,
il aura ce projet, de répondre en héros
à des sarcasmes de jadis: la balle de
Sarrebriick, en fin de compte, l'a tue.
Avant cela, il y a pour lui les pires
épreuves la déception formidable, la
fuite mal concertée T hésitation du
vcy.age. lugubre, tout le détail d'un dé-
sespoir précoce. Il y a, principalement,
.de suivre, jour à jour, les chemins de la'
défaite.
Et puis, l'exil' anglais, la famille qui
s'est reconstituée un peu comme- se joi-
gnent des épaves sur une grève, Camb-
den Palace, l'Académie royale de Wool-
wich et l'amertume déconcertante d'ap-
prendre-le métier de soldat quand on n'a
plus de patrie, quand on est un-Napo-
léon chassé dès avant les victoires.
Le prince impérial connut toute cette
infinie mélancolie et, s'il y résista, c'est
grand'merveine. .̃•'
Mais, en dépit, des épreuves, il se,m-
blait encore un enfant, 'iy cause de son
doux visage et a cause de son ardeur
désabusée. •
̃̃̃̃'• • :v.
Un jour, à Wooiwich, on vint le cher-
cher. L'Enipereur était mort. L'enfant
s'agenouilla près du lit où gisait le grand"
martyr des destinées. A haute voix,.
il récita « Notre père qui êtes aux
cieux. Quand il se releva,: il était un
homme et il était un souverain.
M. Filon a signalé cette, transforma-
tion brusque et totale et je ne sais rien
de plus pathétique. 11 n'y eut pas 'de
^ranSitlfttv ce fwt un changement' si ra-
pide qu'on n'a pas plus vite fait d'an-
noncer « L'Empereur est mort, vive
l'Empereur! » L'âme de la dynastie
avait opéré ce miracle de la réincarna-
tion subite. Napoléon IV fut. prêt à ré-
gner et, 's'il n'eut pas d'empire, il eut
un esprit d'Empereur. • ̃
On le vit bientôt, et en toutes choses
on le vit'dans les menus incidents de la
vie et dans l'usage quotidien des jour-
nées. On le vit, à sa majorité, lorsqu'à
Ghislehurst il reçut les délégués des co-
mités plébiscitaires et, devant ses fidè-
les, prononça un discours, son aiuvre à
lui, sa' pensée forte, fière et. circons-
pecte. Il sut définir son rôle, en maître
des idées et en maître de l'action. Parmi
1'assistance' était son précepteur, trem-
blant d'une angoisse qu'il éprouvait hier
encore, de souvenir.
Au Seize-Mai, le petit prince fut un
sage et un bon Français, qui guetta son
heure, observa sa doctrine, et attendri.
Et puis, c'est le départ pour l'Afrique
lointaine et. qui.le tente: c'est le 'chagrin
de sa mère et' c'est l'attrait irrésistible
de la guerre qui'appelle, à' crier, le petit
Napoléon; c'est l'impatience de se bat-
tre qui,' durant les jours de lents prépa-
ratifs, lui. fait écrire qu'il est un cheval
de troupe attelé aune charrue; c'est en-
lin la 'soirée sournoise entre tontes, la
sécurité fausse,, l'attaque imprévue, la
fuite éperdue de ceux 'qui partirent trop
vite,.le chenal qui se cabre, la selle qui se
déchire, l'épée perdue et,- le revolver au.
poing, la dernière défense, désespérée
etlielle. •,̃•
Ses médailles au cou, et, du re.slc, nji
après que les sauvages l'eurent dé-
:pauill'é, le petit prince fut toute la nuit
,couché sur le sol mortuaire, sous lès
étoiles du ciel austral.
L'anhée suivante, à pareille date, la
nuit du l01' ait 2 j u in ,'à' cette même place,
urifc femme était. là, pour prier et se sou-
venir, sous les étoiles du éiel austral,
tandis que la: brisé nocturne faisait, fris-
sonner l'atmosphère, Sa Majesté l'impé-
ratrice-Eugénie. Et, dans le -voisinage,- il
y avait plusieurs de ces-Zoulous qui
avaient vu mourir le bel -enfant et qui
ont dit « II est mort comme un lion! »
Pour aller jusqu'au bout de ce récit,
l'aveugle qui se souvient lutta contre des
sanglots,' Et, dans l'assistance, il y eut
des sanglots qu'on entendit. Des larmes
ont coulé, hier, sur la mémoire du -petit
prince qui est mort il y a trente-deux
ans.
En guise d'adieu, l'aveugle, hier, lui a
dit qu'il ne le plaignait pas d'être mort si.
jeune, étant mort en héros, nnais il
le plaignait de n'avoir pas pu mourir
pour la France.
Et les cœurs furent déchirés.1
L'année dernière, dans l'église Saint-
Georges, à Windsor, j'ai vu le tombeau
du petit-prince.1 Il est couché,en pierre,
sous un dais de pierre il a son doux
̃visage ;'et; ses yeux de lion sont fermés.
Sur la pierre, on a gravé le texte d'une
prière qu'on a retrouvée dans son carnet
et'qu'il avait formulée pour l'un- de ses
jours de pire douleur. Je me rappelle
ces mots: «Mon Dieu, donnez-môi dé
croire en vous » Supplication sublime
et'dont la contradiction même enferme le
principe rle_ la mystique foi. CeHe âme
i inventait l'idée des plus extraordinaires
1 fl\ventrut c~,tn~nliqtte5 ~a'l'n ne mc rhér:
j paroles évangéliques « Tu ne me cher-
cherais pas; si tu no m'avais trouvé.»
Le petit prince aux yeux de. lion n'avait-il
pas une tète, de génie
̃•̃̃ "• .•̃
Dans la conférence de M. Filon, il n'y
eut pas un mot qui pût, à aucun mo-
ment ni d'aucune manière, être pris
pour une allusion politique. J)ans les
applaudissements et dans.les larmes que
sans le vouloir, il suscita, il n'y eut pas,
un seul instant, autre chose que le sen-
timent le plus sincère, et comme le plus
pur et le plus chaste, de la déférence, de
lapitié, de l'admiration.
Tout de même., il est bien permis de
penser que ce 'sentiment s'exerça d'une
façon plus intense, plus alarmante et,
disons-le, plus terrible, à cause des tri-"
bulations auxquelles ce pays sait qu'il
est offert.' Plus l'heure est inquiétante, et
plus est tourmentante l'hypothèse d'un
autre cours qu'auraient pris les événe-
ments. L'histoire 'est .allée ainsi; or,
si elle avait choisi une autre route
Le petit prince est mort à vingt-trois
ans.
André Beaunier.
LA VIE DE PARIS
LE SIDANER
in
Dix-huit tableaux, dont l'exposition aux
galeries Georges Petit est en train d'attirer
et de conquérir la foule, voilà une occasion,
longtemps attendue, de'parler un peu de Le
Sidaner, ce peintre à la vision délicate, à
l'inspiration recueillie, qui depuis vingt ans
mène dans le silence et dans le travail continu
une des plus belles carrières d'artiste qui
soien.t
Se tenant à l'écart des coteries, ayant pour
son art une passion qui lui prend tous ses
instants, sans souci de ce qui se dit ou se fait
autour de lui, Le Sidaner suit le sillon qu'il
s'est tracé, avec une volonté qui ne laisse e
rien au hasard. Il est de la famille' de ces ti-
mides que le bruit effarouche, mais qui ont,
pour lutter contre l'obstacle, une invincible
ténacité. Avec cela, il est doué de raison et
de iogique il s'est rendu compte que l'artiste
ne pouvait pas, ne devait pas d'emblée
atteindre à une formule définitive que l'évo-
lution, pour être vraiment féconde, devait se
produire lentement que c'était cette len-
teur, mais une lenteur qui n'est point une
paresse à concevoir, mais une successive
expérience, vers la maturité créatrice
que c'était cette lenteur, dis-je, qui défendait
le travail contre les erreurs et les defail-
lances:; èç," ainsi armé- des vertus qui -né'fee
rencontrent point chez les arrivistes trop pres-
sés d'aujourd'hui, il a vécu sa vie, telle qu'il
la voulait il en a marqué' les étapes par des
œuvres qu'il' n'aura jamais, à regretter, si
significatives que soient les différences du
point de départ au point d'arrivée.
Quand je revois, dans mon souvenir, tous
ses envois aux Salons de.la Société nationale,
ses envois également aux différents groupes
qui lui ont demandé son concours, j'assiste à
un "défilé d'une délicieuse unité ::certes, il y a
des changements dans la composition, dans
la couleur, dans la ^palpitation esthétique de
l'artiste, dans la recherche de son équation
euchromatique, depuis les Promis et le Départ
de.Tobie, de 1894, jusqu'aux Clairs de lune et
au soleil couchant (les Iles) de 1909,' en passant
par- les. Vieilles, et la Seine, de 1895; la Ronde
ait clair de lune, de 1896; le Dimanche, Lys
obscurs, Vitrail, de'i898;- le Quai, à Bruges,
la Maison sur le canal, Soir léger, de 1899;
les' Lumières, la -Statue, la Petite plage, de
1901 la -Terrasse, leBimte. le Jardin, de 1902;
VEvéchè, le Bouquet, le Portrait, de 1903; la
Fontaine, le Dessert, le Pavillon, de 1904
Trianon, Y Eglise, de-ig'05 les Venise, de
1G.06 le Jardin du vivier, la Cour de la Fon-
taine, la Balustrade, admirables visions de
Hampton Court, de 1908.
si variés que soient les sites dont il
s'inspire j et les objets qu'il traduit, ce que Le
Sidaner nous permet de ̃ comprendre,, c'est
toujours la sensation que la vue de ces sites
et de ces objets a provoquée sur son enten-
dement.
Kt dans les œuvres nouvelles qu'il expose
chez Georges Petit, cette sensation «e mani-
feste avec une magnifique expression. Plus il
va; plus Le Sidaner nous apparaît comme un
intimiste, mais un intimiste d'une qualité spé-
ciale. Ce qu'il lui faut, c'est un coin de jardin
tout enveloppé de'soleirm'ourant ou de mé-
lancolie lunaire, avec des feuillages rouillés
grimpant le long'd'un mur une tablequi, sous
la guimpe blanche d'une nappe, porte quel-
ques pièces de porcelaine ou de verrerie et
cekv suffit, en l'absence de toute figure vi-
vante, pour -exprimer que 'là on vit, que là,
derrière cette fenêtre, dont la vitre se dore
d'une lumière de lampe, il y a des existences
occupées à des besognes concrètes, tandis
que, des choses demeurées dehors, dans le
plein air du jour qui s'achève, il se dégage
une poésie vraiment sublime dont la musique
imprécise, mais réelle cependant, chante,
douce immensément, au clavier de l'âme
Ce sentiment, d'une confidence écoutée
des choses, on le perçoit bien dans les vues
que le. peintre établit d'après le petit port de
Saint-Jean, à Villefranche, d'après le pont, à
Gisors, d'après .d'autres coins de nature, dont
il a ausculté, non pas.la mélancolie latente,
mais la joie tentatrice d'y vivre hors du bruit,
dans le calme des paradis inconnus quand
on les voit de loin, des paradis ignorés,
;̃ quand on les- traverse sans la pa-
tience de les. découvrir. Mais là où il se li-
vre plus complètement, c'est dans ̃• ces: jar-;
diris dont je parle- plus haut, sous ces ton-
nelles, où, avec l'air, on doit respirer delà
tendresse, 'au! seuil" de ce foyer, dont on croit
que la porte va s'ouvrir, de .'même que l'on
croit que les cailloux de aux plates-
bandes taillées au cordeau, vont craquer
sious le pas d'un: hôte, accueilli par le décor
qui .l'entoure avec .sympathie.
Le Sidaner est bien un intimiste, et il' a
trouvé pour exprimer son émotion dé peintre
une couleur et une fa<'on''dé poser. le ton qui
sont bien à lui il n'a pas le concept géomé-
trique ce qu'il peint, ce sont des frissons
colorés, et il laisse à notre mil l'initiative
d'une 'compréhension, initiative qui est-une
joie car, ?'il en était autrement, l'art de Le
iSWjiiïii.r ne, se .parerait .pas ,dc^ mystère, ce
mysti'Tr1, nui devient un .enchantement pour
ceux à qui il se révèle.'
L'exposition qui vient de s'ouvrir nous donne
le régal de la plus récente inspiration du maître
l'o'ccasion,. semblc-t-il, était bonne d'en mar-
quer la date, en rappelant quelle place im-
portante il convient d'assigner parmi les
peintres de l'heure actuelle, à cet artiste de
haute pensée, dont le labeur, est glorieux
pour l'école française.
L, Roger-Miles.
̃– '-••SX- *f .̃'̃ ̃̃̃̃ ̃*
Échos
"• La Tempe i attire ̃̃' "̃'̃
Sur Paris, le, ciel est toujours couvert; nua-
geux, et le vent d'ouest-nord-ouest, qui depuis
plusieurs jours souffle avec une certaine vio-
lence, 'continue à balayer les rues de, son
haleine de temps en temps humectée
d'une courte chute de pluie. Cependant la
température est en hausse notable sur la ré-
gion. Hier, le thermomètre marquait; vers
huit heures du matin, io° au-dessus de zéro,
et 130 à cinq heures du soir.- La pression ba-
rométrique, un peu élevée, accusait à midi
--2nim- elle est aussi en hausse dans le sud-
ouest de l'Europe elle atteignait hier matin
jSq?1! sur le golfe de Gascogne.
Départements, là ma tin, au-dessus de ^cro
5° à Toulouse, 6° à Limoges et à Belfort, 8° à
Dunkerque, à Biarritz, à Boulogne, à l'île
d'Aix, à Clermont, à Lyon et à Cette, 9° à
Cherbourg, au Mans et à Marseille, io° à
Ouessant, 12° à Alger.
En France, dé faibles pluies sont probables
dans le Nord et l'Est, avec temps assez doux.
(La température du 3 mars igio était, à
Paris 2° au-dessous de zéro le matin et 12°
au-dessus l'après-midi. Baromètre 770mm.
Monte-Carlo. Température prise sur les
terrasses du Casino A dix heures du ma-
tin, 22° à midi, 250. Temps radieux.
Du New York Herald 1.
A New-York Temps couvert. Tempéra-"
turc max., 4°.| min., 1°. VentN.-O. Â
Londres Couvert. Température max., 130
min., 90. Baromètre, Tjimm.Vent O. A
Berlin Beau. Température (à midi) 6°.
Les Courses
Aujourd'hui, deux heures, Courses à
Enghien. Gagnants du Figaro
Prix de l'Aube Eléctor; Titingotha.
Prix des Ardennes Talmont Désopilant.
Prix de la. Bric Ed. Wray Montagnard.
Prix de 'la, Vesle Coq H;'Flotan..
Prix Shfiridau-.Pétropolis III'; Savon..
Prix de là Champagne Stokes Primat.
-î.a_' ̃
DANGEREUX PRÉCÉDENT
^>y Léon Daudet, qui, sur un simple
VN signal, a' réuni pendant deux se-
maines des milliers de manifestants de-
vant le Théâtre-Français, 'a peut-être. le,
même défaut que cet autre grand capi-
taine auquel un ami disait après la
bataille de Cannes « Tu sais vaincre,
Annibal, mais tu ne sais pas profiter de
la victoire » .̃•
Le "véhémen t directeur de V Action fran-
çaise a vaincu, en effet:, au lendemain
d'un gros succès, ii a amené l'auteur ap-
plaudi de tant d'œuvres fortes, Henry
Bernstein, il, nous faire la contrition
d'une faute ignorée de sa vingtième an-
née, l'aveu d'une lettre absurde contre la
caserne et d'un acte insensé qni consis-
tait à abandonner, pour une fugue pas-
sionnelle, lerégiment.dans lequel il allait
term iner ses doux années de service. C'est
un de ces cas, malheureusement trop
fréquents, d'insoumission que rien n'ex-
cuse, pas même la folie de cet heu-
reux'printemps de la vie où l'on aime si
vite et où l'on est si vile aimé.' M. Bern-
stein a reconnu sa double faute, et il
s'en est accusé publiquement en des ter-
mes d'un repentir profondément émou-
vant.
Léon Daudet aurait dû se contenter
de cette victoire et ne pas prolonger
trop loin sa lotte.
Je :crois que c'est François de Sales
qui fa dit: «C'est une chose humaine
de se courroucer, mais c'est une chose
exécrable de ne pouvoir s'apaiser, ». ̃
En continuant les manifestations dans
le] théâtre et dans la, rue,, Léon Dau-
dct en dénaturait le sens et il atteignait
du même coup la liberté-de représenta-
tion 'd'une', œuvre dramatique qui -ne
s'attaquait ni aux convictions ni aux per-
sonnes. C'est ce qu'a très bien souligné é
la déclaration dont un lettré indépen-
dant, M. Paul Heboux, a pris l'initiative
et que les écrivains signent en masse.
Désormais. la question est tout autre,
plusdéplorableetplus dangereuse encore
parce qu'elle nous faiteraindredes consé-
quences dont la portée a dû échapper aux
bouillants camelots du roi.'S'ils ne res-
pectent pas là liberté de l'art, une des seu-
les libertés dont nous ayons encore la
jouissance et l'orgueil, ils ameutent
avec eux la foule, qui s'emporte si vite
et-se possède si peu, s'ils amènent l'au-
teur à retirer sa pièce; ce qui est le cas
actuel, ou le directeur découragé, ou le
gouvernement lassé, à interdire l'œuvre
théâtrale sur la scène où le tumulte la
paralyse, ils travaillent contre leur in-
térêt propre et contre l'intérêt de tous.
Ils ne; convertissent personne et attei-
gnent tout le monde.
̃La' protestation des' uns appelle, en
effet, la protestation desJ a'utres, l'injure
appelle l'injure, car elle révolte les plus
timides et, le1 jour oit la pièce d'un autre
auteur apparaîtra- sur une affiche quel-'
eQnquc,. les .vaincus de la veille, pren-
dront'àleur. tour; avec la même ardeur
ct-hv- même injustice, les, mêmes armes
contre lès vainqueurs d'une soirée afin
de s'opposer à leur succès.
Ceux qui. n'ont consulté que leur pas-
sion dans la continuation d'une lutte qui
avait eu pendant quelques heures' son
excuse, ont déelanctuV peut-être sur nos
théâtres une. série de troubles qui com-
promettraient rapidement la dignité de
l'art dramatique.- ̃•̃ ̃'̃
Mjeux vaudrait' conserver nos belles
indignations et nos généreuses colores
pour lultor contre les' injustices autre-
ment graves que la politique de demain
nous promet. Gaston Calmette.
A Travers Paris
MM. Ribot et Raymond Poincaré ne
furent jamais plus assidus à. l'Académie
que pendant la dernière crise ministé-
rielle,
̃ Pendant que M. Monis s'empressait à
leur recherche pour leur olïrir un porte-
feuille, M. Ribot travaillait au diction-
naire, et M. Raymond Poincare siégeait
à la commission des prix Montyon.
Les feuilles de présence dcTAcadémie
témoignent par les signatures de ces
deux éminenfs hommes d'tëtat qile déci-
dément M. Monis n'avait aucune chance
de s'assurer leur collaboration.
On n'avait pas encore imaginé que le
ministre de la justice dût être assisté
d'un sous-secrétaire d'Etat. Même au
temps où les cultes étaient attaches à la
justice, un seul homme suffisait à di-
riger la magistrature et le clergé.
Or, maintenant, nous avons:
Un ministre de la justice,
En sous-secrétaire d'Etat à la justice,
Un sous-secrétaire d'Etat aux cultes.
C'est-à-dire trois hommes pour un
emploi.
M. Monis, ayant imaginé cette subdi-
vision craignit sans doute que les
contribuables fussent un peu étonnés.
Alors il a denné au sous-secrétaire d'Etat
à la justice des attributions spéciales
M. Malvy sera chargé des services pé-
nitentiaires:
Il faut s'occuper des prisonniers. Na-
guère, un fonctionnaire du ministère de
l'intérieur veillait sur eux. Ils n'étaient
pas satisfaits. Ils trouvaient qu'on n'a-
vait pas assez d'égards.. Ils auront un
sous-secrétaire d'Etat attaché à leurs
personnes. On va illuminer, ce soir, dans
les maisons centrales!
Oh n'illuminera pas dans les presbytè-
res. Les bons curés de France, qui
croyaient avoir acheté, de leur indi-
gence, l'indépendance, apprendront avec
inquiétude qu'on leur donne un maître.
Us- tremblent, beaucoup plus que ne
tremblaient hier encore, les manilleurs
du café Vachette, voyant entrer leur
partenaire habituel.
La barbe.
Comme les- jeunes filles d'Alexandrie
sacrifiaient à la déesse leurs belles che-
velures, -nos contemporains' sacrifient
leur barbe à là mode américaine, et
chaque jour le parti des hommes gla-
bres compte des recrues nouvelles. Au-
jourd'hui, pour la première fois en
France, il remporte une victoire politi-
que un de nos nouveaux ministres est
complètement rasé: M. Paul-Boncour.
Depuis sa jeunesse qui est si récente
qu'elle, se prolonge encore, M. Paul-
Boncôûr dé'dajgnâ la barbé et la mous-
tache.: son cas n'est donc pas très inté-
ressant à étudier pour lès artistes capil-
laires qui ont inscrits naguère M. Viger'
sur leur livre d'or. Mais ce qui est très
plaisant c'est qu a la vue des photogra-
phiés publiées par les journaux, beau-
coup de Parisiens ont cru que M. Jean
Cruppi était également rase. Erreur, M.
Jean Cruppi'est un homme d'action.
C'est la seconde fois qu'un « représen-
tant du gouvernement » prendra pos-
session de son portefeuille avec des joues
aussi nettes et des lèvres aussi stériles
que celles des huissiers qui gardent ses
antichambres. Il faudrait, remonter au
moins aux- ministères de M. Guizot pour
trouver des précédents, et encore, les
ministres de cette époque, qu'on n'ac-
cusait cependant pas de népotisme, gar-
daient leurs favoris.
.-• GRANDEUR ET DÉCADENCE
Las canons de bronze .réformés vont
être envoyés à la Monnaie pour la
*•• frappe du billon de 1911.
'̃̃̃̃̃̃•• .•. (Les journaux.}
̃ -'Can'ons' de bronze, vieux hëros
1 Dont on va, -sans respect posthume^
Faire des sous, petits et gros, i
Vôtre âme en sent quelque amertume
Votre àme, grognarde à souhait..
Vibrante encor d'odeurs de poudre,
Où l'ancien. boulet se ruait,
lji'ulal, dans un éclair de foudre 2
Eh!- oui, .vous que l'on a, connus
Orgueilleux do mainte victoire,
Humbles décimes devenus,
On vous expulse de l'Histoire
Consolez-vous Billon, canon,
Crevant la poche ou la muraille,
Vous'ne changerez -pas de nom
Vous serez toujours « 'la mitraille » 1
Louis Marsolleau.
o-go~
L'échéance éloignée.
M. Messimy'cultive l'amitié.
Avant qu'il ne devînt (tout arrive !)
ministre des colonies, M- Messimy était
l'ami de M. Malan, qui est lieutenant-
godvernéur du Dahomey. Or,* M. Mes-
simy- n'est point de ces gens qui, dans
les faveurs de la fortune, oublient leurs
amis exilés; Vite, il vient de rappeler
le lointain. M.- Malan, pour en faire son
chef de cabinet. L'amitié d'un grand
homme.
Mais; voici M; Messimy a beau être
devenu brusquement un grand homme,
il 'n'est, pas en son pouvoir d'ordonner
que le D,aliomey soit dansla banlieue de
Paris, ce' qui serait pourtant bien plus
commode r– et plus rassurant dans
la. circonstance et il va falloir bien plus
de temps à M. Malan pour gagner son
poste de chef de; cabinet qu'il n'en a
fallu, à M. Messimy pour devenir un
grand liomme l'ami du ministre n'ar-
rivera ici que.le:2o mars, et même en
se dépêchant beaucoup.
JjeKî mars 'dans trois semaines On
frémit pour M. Malan, en songeant à
iputee qui pourrait se pass.er..d'ici-Ià. et,
par exemple, si, le 2'! mars, M. Mes-'
simy n'allait déjà plus être un. grand
homme.
Mais rassurons-nous quoi qu'il ad-
vienne, on aurait, toujours. le temps do
donner à M. Malan le gouvernement de
l'Algérie.
INSTANTANÉ
M. Emile DEUTSCH (de la Meurthe)
Officier de la Légion d'honneur depuis hier,
par décret du ministre du commerce et d<
l'industrie. C'est un geste heureux et qui sera
unanimement approuvé. "->.
Les gens les moins bien informas savent
que -M. Emile Deutsch (de la Meurthe) o-t
un grand raffineur de pétrole, qu'il possède
en France et à l'étranger de magnifiques élu- •'̃̃
blissements. Mais ce n'est pas tout. M. Kmiio
Deutsch n'est pas moins connu dans le monde
sportif que dans le monde industriel, et son-
écurie dé. courses. compense merveilleusement
le tort que l'essence de ses usines .peut faire v
à la race chevaline. • '••.•'?'
Cet homme considérable est aussi un-homme
charmant. Son renom est universel, sa' phy-
sionomie parisienne. II. est avenant, sympa- ̃*
thique, aimable. Il a « le sourire»; sa barbe 'v
blanche est une coquetterie, non un aveu. Ce
qu'il y a de certain., c'est qu'il est,: qu'il .sera
toujours jeune. >'
Cet homme charmant est -un homme terri- .'•
ble chasseur infatigable, tireur infaillible. Il
est de ceuxqui, comnle A dit un poète,'« sem-
blent tuer avec leur regard ».
Les pcrdreaux.dabeaudomainé'deBûulains
en savent quelque chose. Voir le maître, pour
eux, c'est voir leur dernier jour.,
Ils en parlent entre eux, souvent, et fris-
sontieront en songeant cette rosette si mé-
ritée, cette rosette neuve couleur de sang.
-.o-oo-o-
Quelles que soient les fantaisies dé la •
mode si fugace et si .changeant qu soi t
son caprice, il n'est pas une femme élé-
gante et experte dans l'art délicat dé se
parer qui ne demeure fidèle à ce véri-
table talisman de beauté la Poudre de
Perles. Elles savent toutes, en effet, qu'à
elle seule cette poudre magique dont les `
a dotées la Parfumerie Bardin, boule-
vard des Capucines, peut fairepardonner
aux hardiesses les plus imprévues du cos-
tume en donnant au visage l'éclat mer-
veilleux de la beauté.
_o.a~
A toutes les attractions somptueuses
ou joyeuses que nous. vaut « la Revue des
Polies-Bergère », sont venues s'ajouter,
on le sait, deuxvedettes éblouissantes qui
en rehaussent encore l'éclat: Willy, le =
petit Willy Ferreros, ce. bambin presti-
gieux qui, dirige avec maestria Torches-
tre'et Billy, le prbtagoriiste.de la troupe.
dps merveilleuxGraggSjti« artiste. extra-» <̃
ordinaire qui réunit, en lui, la'force d'un
athlète incomparable et la finesse comi-
que d'un Polin.
~oc:
Nouvelles é la Main
Quai dlOrsay,:
M. Cruppi a réuni ses chefs de ser-
vice.̃
Que leur, a-t-il dit?
Ceci « Messieurs, maintenant que
nous nous, connaissons,, expliquçz.-moi
exactement ce que c'est quelles affaires
étrangères.)) •('•̃̃•'
.̃.•; ;?* ̃ /.J i
Que dit-on de M. Delcassé dans la
marine? • v j '̃ •̃
On le craint, et hier on. a apposé
dans.'sbn bureau cette inscription
SOYEZ BON POUR tES AMIRAUX
Le Masque de Fer.
LES~ INCIDENTS DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE
M, Bernstein retire sa pièce
M. Bernstein retire sa pièce de la
Comédie-Française. La nouvelle en a
été donnée,- hieirsoir,'partinc note Haras
ainsi conçue
«Aquatrcheuresjiier après-midi, l'a»-'
leur dî-lp-rà moi s'est rendu à' fa com-
mission des Auteurs où il faisait part à
M. Paul Hervieu de son intention spon-
tanée de retirer sa pièce.
» A six heures, il allait àlà préfecture
de police ou il a fait à M. Lépin-e la
même communication. M. Lépine télé-
phona aussitôt au président du Conseil
qui, à huit heures, reçut M. Henry Bern-
stéin, prit acte de sa communication et
l'en félicita. »
M. Henry Bernstein, peu après, an-
nonçait à la presse sa décision en ces
termes
Je retire ma pièce. Jo ne veux parler ni du
sacrifice ni de sa cruauté. Les artistes com-
prendront..
Contre tout ce qui m'assaille, contre toute
cette lâcheté, j'aurais passionnément défendu
mon œuvro jusqu'au bout. Mfis amis lo
savent, j'ai le goût de la lutte. Et je viens
de vivre trois semaines dures, mais magni-
fiques.
Seulement, il n'y avait pas que la pièce,
il n'y avait pas que moi,.il n'y avait pas que
mes interprètes admirables et tout prêts' à
subir, chaque soir, l'ignominie des interr'up-
tions. Il v avait la rue.. ̃
Des contre-manifestations s'annonçaient
pour domain, partant des bagarres plus gra-
ves. Hier, j'avais assisté à une .charge de
cavalerie. Un des braillards de quinze ans,
qui encombraient la place, eût. pu rouler
sons. les sabots- et ne pas se relever. Cette
mort, on la souhaitait peut-être. Moi, je no
veux pas cle ce sang-là.
Laissons. Je crois que tous les comptes .se'
règlent.. Je le crois fermement. Une .grandes
iniquité vient ''d'êti-e commise à mon ég.ird.
Il n'est pas un honuête homme qui ne' le
sente. Mais on n'a pas frappé que moi cette
violence atteint tous les artistes. J'ai depuis
ce, matin le droit de le 'dire. Une protestation,
lancée "hier soir a, dans la nuit, recueilli
trois cents signatures. On rclèvfra dans cotte
première liste la pl.upart de« noms plorioux
de la littérature et de la musique, françaises.
Demain, les trois contsvont être trois rhifJe,
la. -noblesse du :pays. Jo suis du bon cote.
'̃ r ̃̃:̃'̃ lleûrr. l'ERN'SfËtX.'
.Voici, la première liste; des signataires
dé ïa «'protestation "cdnfre les atteintes
Le Numéro aVéc-/e Supplément 10 CENTIMES dans fottfe la France– Etranger 20 CENTIMES
57° Année 3° Série N» 63
H. DE VILI^^EësAliïi^
[.̃ Fondateur ;• •>
Qaston CALMETTE
Directeur-Gérant
RÉDACTION ADMINISTRATION
` 26, xue Drouot, Paris (9e An')
POUR LA PUBLICITÉ
S'ADRESSER, 26, RUE DROUOT
A L'HOTEL BU « FIGABO •
ET POXIK- T.TÎS .AXXOKCES lit BÉCLAMES
Chez MM. LAGRANGE, CERF & C'«
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On s'ahciiiiz dans tmis tes- Bnivaux de Poste1
de. France et d'Algérie,. ̃
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26, rue Drouot, Paris (9e Arr')
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ABONNEMENT
Troismois Siï mois Un atl
Paris et Départements 9 » 18 » 34 »
Étranger Union postale 18 50 36 »• ̃ 70 ̃̃»..
« Loué par ceux-ci, blamë par ceux-là, me mo,quant des sots, bravant les méchants, je me hâte
'̃de- rire de tdut.'f..deipeur d'être oblige d'en pleurer. » (Beaumarchais.).
1 f~ Il
Dans les colonies françaises, mêmes prir"
d'abonnement que pour Paris.
•̃̃•••'̃ ̃̃©O-IvSilMC-A.-IS.^Î- ;̃ ̃.
Le petit. p'pince Axnr.i': Reauxieh..
ta Vie de Paris Le Sidaner L. Rooeu-
̃MltÉS.- ̃:̃̃
Les incidents de la Comédie-Française M.
fiernstein retire, sa pirce.
.A l'Etranger la Constitution iVAhacc-Lor-
;raine P.OKxteFOX. Je drame de Rome.
Pau-Paris parles airs Frant^-Reicitel.
La Semaine étrangère du « Figaro ».
Autour de la politique L'installation- des mi-
.nistres. Ai.gtîste Avrtl.
A l'Institut: LeqrawlprivBordin: Cu. Dauzats.
Journaux et Revues Anbré Beax;x:er.
L'incident Sairret-de Taradel Thomas.
Les Théâtres Qdèon: « Maud», « Mère »,
IcirCoitr il'aMouv de Ramania » Fran-
otsGkev assit. ̃̃̃•
Feuilleton rliçs f crames; Anton TcnEKiiOF.
Le« Petit Prince
~C>
Dans= une salle à demi obscure, où
quelque 'huit: cents personnes: étaient
réunies, hier, un vieillard presque aveu-
gle entra. Il avançait avec difficulté, avec
une sorte de peur; conduit pas à pas. Un
vieillard charmant, mince, discret, .de
manières douces, à la figure fine et- pâle.
Des lunettes noire lui cachaient les
yeux et'une visière d'étoffé noire lui voi-
lait le front jusqu'aux sourcils. Il parla;
et sa toute petite voix, nette, élégante,
maîtresse des mots et des phrases,
domptale silence on l'entendit comme
une confidence chuchotëe à l'oreille, et
poignante.. •
Depuis quarante ans, cette voix si fran-
çaise de ton,- de grâce et de mesure s'est
retirée de chez nous, réfugiée ailleurs,
en Angleterre où l'appela d'abord la fidé-
lité, où la retint ensuite la douleur, qui
estime fidélité sans plus d'esppir.
M. Augustin Filon, qui a été le pré-
cepteur du prince impérial et qui de-
me-ura son: aînJ, avait accepté de faire
une conférence, touchant son élève,
Louis-Napoléon, qui ne régna pas et. qui
eut l'âme d'un souverain.
Je ne sais si jamais parole de confé-
rencier fut écoutée avec un tel recueille-
ment, suivie avec plus de respect et,
bientôt, avec plus d'émoi. 11 arriva ceci
un auditoire, de convictions très diverses,
de sentiments inégaux et qui, sans doute,
ne s'attendait pas à être ainsi dérangé de
sa frivolité. habituelle, éprouva soudain
le frisson de l'histoire et, inquiet du len-
demain/songea aux veilles" et aux avant-
,-eilles avec une piété frémissante, i ̃̃'
̃ L'aveugie-évoqipLit le passé; sa petite
voix, qui semblait lointaine aussi, nous
invitait à ses souvenirs.
11 n'avait pas! l'air de réciter un texte
qu'il, eût fixé, qu'il eût appris pour nous.
Mais il se souvenait,! devant nous et il
se souvenait avec ordre, avec justesse,
avec aisance, comme fait une claire in-
telligence qui, pour mieux garder sa
mémoire, l'a bien rangée, et pieuse-
ment.-
Les imagés se dessinaient peu a peu,
telles d'abord que des fantômes qui se
dégagent- de la brume; et puis elles se
réalisaient, avec leur couleur et avecteur
évidente. vérité. Elles se succédèrent, du-
rant une heure, selon la série des années
et Jusqu'à nous mener au pays des Zou-
lons.dans un décor de nature, étrange où
un jeune prince meurt comme un lion.
Quelles images Gaies ou funèbres,
mêlées de belle adolescence et de farou-
che" intrépidité,' toutes marquées d'un
caraptère auguste et hantées d'une per-
sonne invisible, la Franco.
M. Filen les a tracées, les unes après
les autres, avec une simplicité d'art ad-
mirable. Aux traits essentiels, il -n'ajou-
tait rien: les traits étaient si exacts que
leur petit nombre suffisait et, -si par-
fois la main tremblait, alors on voyait,
en même, temps que l'image, l'émotion
de qui la dessinait. '̃̃• i
Ou bien encore, au bord des phrases,
il courait du feu, pareil à" ces franges
rouges qui rampent vite sur le bois' qui i
se consume..
Le petit prince Pari s l'aimait. Le
petit prince qu'on voyait à cheval sur un n'
poney, cavalier gentil, bien en selle; et
puis ce même petit prince, jeune mili-
taire, grenadier de onze ans qu'un im-
mense bonnet à poil accable ce furent
ses deux portraits populaires. M. Filon
devint, à cette époque, son précepteur.
Kt- il arriva au palais de Saint-Cloud.
Voici l'élève un enfant joli, au doux vi-
sage, qui. approche, la. main tendue, le
cœur offert. Le doux visage, si féminin
que la séduisante beauté maternelle y
apparaît en ressemblance singulière!
L'élève est docile, un peu nonchalant,
vif par instants et, de coutume, prompt
air reve.
A Paris, il est installé dans les appar-
tements du pavillon de Flore; et il tra-
vaille auprès do "la fenêtre, de sorte que
souvent il ne travaille pas et regarde la
Seine et les Invalides. Il a des profes-
seurs il les écoute, il n'est pas inatten-
tif mais il est meilleur aux exercices
militaires qu'à la littérature. Et, surtout,
il songe.- ̃
L'un de ses professeurs, qui enseigne
lans un lycée, le fait composer avec des
élèves de son âge. En arithmétique, un
jour, il est le premier; De cette manière,
il sort de la solitude où il est naturel
que languisse' un petit prince. Au
concours général, il va -couronner le
jeune Cavaignac seulement le petit
prince de la république s'écarte du petit
prince impérial et celui-ci, dont on re-
fuse l'amitié, sent l'impertinence, re-
tient ses larmes et retourne à lasolitude
d'où il a cru s'évader.
Deux ans plus tard, le, 9 "mai 1870, le
petit prince .est dans sa chambre d'é-
tude, avec 'son précepteur. C'est un jour
de printemps analogue à ces autres
jours de printemps où les menaces du
prochain avenir se perdent dans l'air
ensoleillé. Soudain, l'Empereur el • l'Iiri-
.pératrice -L^ônfaiit s'approche d'enx.
Kt l'Empereur apporte à son fils les. der-
niers chiffres du plébiscite. 11 ne les lui
annonce pas seulement il les lui
donne, il les lui remet; le plébiscite est
pour l'enfant, qui doitrégner avec l'as-
sentiment de la nation. Le petit prince
de quatorze ans reçoit ces chiffres et l~
comprend, en somme, que la France
l'aime; il le comprend au sourire. de. Na-
poléon.
Puis il ne passe guère de mois avant
SarrebriicU. Quand on parlait de guerre,
le petit prince était, heureux, le prince
qui avait dans la tète, pour ses récits de
famille,. la gloire du grand Empereur.
Sous-lieutenant de quatorze ans, il ac-
-compagne son père; et il -reçoit le bap-
tême du feu une prodigieuse joie
l'exalte. On ramasse auprès de lui une
balle qui ne l'a:point frappé. Désormais,
il est consacré
Cette balle qu'on a ramassée auprès
de lui, d'autres ensuite l'ont reprise, les
pamphlétaires, comme une insulte, pour
la lui lancer. Et, après quelques années;
quand il ira combattre au Z'ouloulaiïd,
il aura ce projet, de répondre en héros
à des sarcasmes de jadis: la balle de
Sarrebriick, en fin de compte, l'a tue.
Avant cela, il y a pour lui les pires
épreuves la déception formidable, la
fuite mal concertée T hésitation du
vcy.age. lugubre, tout le détail d'un dé-
sespoir précoce. Il y a, principalement,
.de suivre, jour à jour, les chemins de la'
défaite.
Et puis, l'exil' anglais, la famille qui
s'est reconstituée un peu comme- se joi-
gnent des épaves sur une grève, Camb-
den Palace, l'Académie royale de Wool-
wich et l'amertume déconcertante d'ap-
prendre-le métier de soldat quand on n'a
plus de patrie, quand on est un-Napo-
léon chassé dès avant les victoires.
Le prince impérial connut toute cette
infinie mélancolie et, s'il y résista, c'est
grand'merveine. .̃•'
Mais, en dépit, des épreuves, il se,m-
blait encore un enfant, 'iy cause de son
doux visage et a cause de son ardeur
désabusée. •
̃̃̃̃'• • :v.
Un jour, à Wooiwich, on vint le cher-
cher. L'Enipereur était mort. L'enfant
s'agenouilla près du lit où gisait le grand"
martyr des destinées. A haute voix,.
il récita « Notre père qui êtes aux
cieux. Quand il se releva,: il était un
homme et il était un souverain.
M. Filon a signalé cette, transforma-
tion brusque et totale et je ne sais rien
de plus pathétique. 11 n'y eut pas 'de
^ranSitlfttv ce fwt un changement' si ra-
pide qu'on n'a pas plus vite fait d'an-
noncer « L'Empereur est mort, vive
l'Empereur! » L'âme de la dynastie
avait opéré ce miracle de la réincarna-
tion subite. Napoléon IV fut. prêt à ré-
gner et, 's'il n'eut pas d'empire, il eut
un esprit d'Empereur. • ̃
On le vit bientôt, et en toutes choses
on le vit'dans les menus incidents de la
vie et dans l'usage quotidien des jour-
nées. On le vit, à sa majorité, lorsqu'à
Ghislehurst il reçut les délégués des co-
mités plébiscitaires et, devant ses fidè-
les, prononça un discours, son aiuvre à
lui, sa' pensée forte, fière et. circons-
pecte. Il sut définir son rôle, en maître
des idées et en maître de l'action. Parmi
1'assistance' était son précepteur, trem-
blant d'une angoisse qu'il éprouvait hier
encore, de souvenir.
Au Seize-Mai, le petit prince fut un
sage et un bon Français, qui guetta son
heure, observa sa doctrine, et attendri.
Et puis, c'est le départ pour l'Afrique
lointaine et. qui.le tente: c'est le 'chagrin
de sa mère et' c'est l'attrait irrésistible
de la guerre qui'appelle, à' crier, le petit
Napoléon; c'est l'impatience de se bat-
tre qui,' durant les jours de lents prépa-
ratifs, lui. fait écrire qu'il est un cheval
de troupe attelé aune charrue; c'est en-
lin la 'soirée sournoise entre tontes, la
sécurité fausse,, l'attaque imprévue, la
fuite éperdue de ceux 'qui partirent trop
vite,.le chenal qui se cabre, la selle qui se
déchire, l'épée perdue et,- le revolver au.
poing, la dernière défense, désespérée
etlielle. •,̃•
Ses médailles au cou, et, du re.slc, nji
après que les sauvages l'eurent dé-
:pauill'é, le petit prince fut toute la nuit
,couché sur le sol mortuaire, sous lès
étoiles du ciel austral.
L'anhée suivante, à pareille date, la
nuit du l01' ait 2 j u in ,'à' cette même place,
urifc femme était. là, pour prier et se sou-
venir, sous les étoiles du éiel austral,
tandis que la: brisé nocturne faisait, fris-
sonner l'atmosphère, Sa Majesté l'impé-
ratrice-Eugénie. Et, dans le -voisinage,- il
y avait plusieurs de ces-Zoulous qui
avaient vu mourir le bel -enfant et qui
ont dit « II est mort comme un lion! »
Pour aller jusqu'au bout de ce récit,
l'aveugle qui se souvient lutta contre des
sanglots,' Et, dans l'assistance, il y eut
des sanglots qu'on entendit. Des larmes
ont coulé, hier, sur la mémoire du -petit
prince qui est mort il y a trente-deux
ans.
En guise d'adieu, l'aveugle, hier, lui a
dit qu'il ne le plaignait pas d'être mort si.
jeune, étant mort en héros, nnais il
le plaignait de n'avoir pas pu mourir
pour la France.
Et les cœurs furent déchirés.1
L'année dernière, dans l'église Saint-
Georges, à Windsor, j'ai vu le tombeau
du petit-prince.1 Il est couché,en pierre,
sous un dais de pierre il a son doux
̃visage ;'et; ses yeux de lion sont fermés.
Sur la pierre, on a gravé le texte d'une
prière qu'on a retrouvée dans son carnet
et'qu'il avait formulée pour l'un- de ses
jours de pire douleur. Je me rappelle
ces mots: «Mon Dieu, donnez-môi dé
croire en vous » Supplication sublime
et'dont la contradiction même enferme le
principe rle_ la mystique foi. CeHe âme
i inventait l'idée des plus extraordinaires
1 fl\ventrut c~,tn~nliqtte5 ~a'l'n ne mc rhér:
j paroles évangéliques « Tu ne me cher-
cherais pas; si tu no m'avais trouvé.»
Le petit prince aux yeux de. lion n'avait-il
pas une tète, de génie
̃•̃̃ "• .•̃
Dans la conférence de M. Filon, il n'y
eut pas un mot qui pût, à aucun mo-
ment ni d'aucune manière, être pris
pour une allusion politique. J)ans les
applaudissements et dans.les larmes que
sans le vouloir, il suscita, il n'y eut pas,
un seul instant, autre chose que le sen-
timent le plus sincère, et comme le plus
pur et le plus chaste, de la déférence, de
lapitié, de l'admiration.
Tout de même., il est bien permis de
penser que ce 'sentiment s'exerça d'une
façon plus intense, plus alarmante et,
disons-le, plus terrible, à cause des tri-"
bulations auxquelles ce pays sait qu'il
est offert.' Plus l'heure est inquiétante, et
plus est tourmentante l'hypothèse d'un
autre cours qu'auraient pris les événe-
ments. L'histoire 'est .allée ainsi; or,
si elle avait choisi une autre route
Le petit prince est mort à vingt-trois
ans.
André Beaunier.
LA VIE DE PARIS
LE SIDANER
in
Dix-huit tableaux, dont l'exposition aux
galeries Georges Petit est en train d'attirer
et de conquérir la foule, voilà une occasion,
longtemps attendue, de'parler un peu de Le
Sidaner, ce peintre à la vision délicate, à
l'inspiration recueillie, qui depuis vingt ans
mène dans le silence et dans le travail continu
une des plus belles carrières d'artiste qui
soien.t
Se tenant à l'écart des coteries, ayant pour
son art une passion qui lui prend tous ses
instants, sans souci de ce qui se dit ou se fait
autour de lui, Le Sidaner suit le sillon qu'il
s'est tracé, avec une volonté qui ne laisse e
rien au hasard. Il est de la famille' de ces ti-
mides que le bruit effarouche, mais qui ont,
pour lutter contre l'obstacle, une invincible
ténacité. Avec cela, il est doué de raison et
de iogique il s'est rendu compte que l'artiste
ne pouvait pas, ne devait pas d'emblée
atteindre à une formule définitive que l'évo-
lution, pour être vraiment féconde, devait se
produire lentement que c'était cette len-
teur, mais une lenteur qui n'est point une
paresse à concevoir, mais une successive
expérience, vers la maturité créatrice
que c'était cette lenteur, dis-je, qui défendait
le travail contre les erreurs et les defail-
lances:; èç," ainsi armé- des vertus qui -né'fee
rencontrent point chez les arrivistes trop pres-
sés d'aujourd'hui, il a vécu sa vie, telle qu'il
la voulait il en a marqué' les étapes par des
œuvres qu'il' n'aura jamais, à regretter, si
significatives que soient les différences du
point de départ au point d'arrivée.
Quand je revois, dans mon souvenir, tous
ses envois aux Salons de.la Société nationale,
ses envois également aux différents groupes
qui lui ont demandé son concours, j'assiste à
un "défilé d'une délicieuse unité ::certes, il y a
des changements dans la composition, dans
la couleur, dans la ^palpitation esthétique de
l'artiste, dans la recherche de son équation
euchromatique, depuis les Promis et le Départ
de.Tobie, de 1894, jusqu'aux Clairs de lune et
au soleil couchant (les Iles) de 1909,' en passant
par- les. Vieilles, et la Seine, de 1895; la Ronde
ait clair de lune, de 1896; le Dimanche, Lys
obscurs, Vitrail, de'i898;- le Quai, à Bruges,
la Maison sur le canal, Soir léger, de 1899;
les' Lumières, la -Statue, la Petite plage, de
1901 la -Terrasse, leBimte. le Jardin, de 1902;
VEvéchè, le Bouquet, le Portrait, de 1903; la
Fontaine, le Dessert, le Pavillon, de 1904
Trianon, Y Eglise, de-ig'05 les Venise, de
1G.06 le Jardin du vivier, la Cour de la Fon-
taine, la Balustrade, admirables visions de
Hampton Court, de 1908.
si variés que soient les sites dont il
s'inspire j et les objets qu'il traduit, ce que Le
Sidaner nous permet de ̃ comprendre,, c'est
toujours la sensation que la vue de ces sites
et de ces objets a provoquée sur son enten-
dement.
Kt dans les œuvres nouvelles qu'il expose
chez Georges Petit, cette sensation «e mani-
feste avec une magnifique expression. Plus il
va; plus Le Sidaner nous apparaît comme un
intimiste, mais un intimiste d'une qualité spé-
ciale. Ce qu'il lui faut, c'est un coin de jardin
tout enveloppé de'soleirm'ourant ou de mé-
lancolie lunaire, avec des feuillages rouillés
grimpant le long'd'un mur une tablequi, sous
la guimpe blanche d'une nappe, porte quel-
ques pièces de porcelaine ou de verrerie et
cekv suffit, en l'absence de toute figure vi-
vante, pour -exprimer que 'là on vit, que là,
derrière cette fenêtre, dont la vitre se dore
d'une lumière de lampe, il y a des existences
occupées à des besognes concrètes, tandis
que, des choses demeurées dehors, dans le
plein air du jour qui s'achève, il se dégage
une poésie vraiment sublime dont la musique
imprécise, mais réelle cependant, chante,
douce immensément, au clavier de l'âme
Ce sentiment, d'une confidence écoutée
des choses, on le perçoit bien dans les vues
que le. peintre établit d'après le petit port de
Saint-Jean, à Villefranche, d'après le pont, à
Gisors, d'après .d'autres coins de nature, dont
il a ausculté, non pas.la mélancolie latente,
mais la joie tentatrice d'y vivre hors du bruit,
dans le calme des paradis inconnus quand
on les voit de loin, des paradis ignorés,
;̃ quand on les- traverse sans la pa-
tience de les. découvrir. Mais là où il se li-
vre plus complètement, c'est dans ̃• ces: jar-;
diris dont je parle- plus haut, sous ces ton-
nelles, où, avec l'air, on doit respirer delà
tendresse, 'au! seuil" de ce foyer, dont on croit
que la porte va s'ouvrir, de .'même que l'on
croit que les cailloux de aux plates-
bandes taillées au cordeau, vont craquer
sious le pas d'un: hôte, accueilli par le décor
qui .l'entoure avec .sympathie.
Le Sidaner est bien un intimiste, et il' a
trouvé pour exprimer son émotion dé peintre
une couleur et une fa<'on''dé poser. le ton qui
sont bien à lui il n'a pas le concept géomé-
trique ce qu'il peint, ce sont des frissons
colorés, et il laisse à notre mil l'initiative
d'une 'compréhension, initiative qui est-une
joie car, ?'il en était autrement, l'art de Le
iSWjiiïii.r ne, se .parerait .pas ,dc^ mystère, ce
mysti'Tr1, nui devient un .enchantement pour
ceux à qui il se révèle.'
L'exposition qui vient de s'ouvrir nous donne
le régal de la plus récente inspiration du maître
l'o'ccasion,. semblc-t-il, était bonne d'en mar-
quer la date, en rappelant quelle place im-
portante il convient d'assigner parmi les
peintres de l'heure actuelle, à cet artiste de
haute pensée, dont le labeur, est glorieux
pour l'école française.
L, Roger-Miles.
̃– '-••SX- *f .̃'̃ ̃̃̃̃ ̃*
Échos
"• La Tempe i attire ̃̃' "̃'̃
Sur Paris, le, ciel est toujours couvert; nua-
geux, et le vent d'ouest-nord-ouest, qui depuis
plusieurs jours souffle avec une certaine vio-
lence, 'continue à balayer les rues de, son
haleine de temps en temps humectée
d'une courte chute de pluie. Cependant la
température est en hausse notable sur la ré-
gion. Hier, le thermomètre marquait; vers
huit heures du matin, io° au-dessus de zéro,
et 130 à cinq heures du soir.- La pression ba-
rométrique, un peu élevée, accusait à midi
--2nim- elle est aussi en hausse dans le sud-
ouest de l'Europe elle atteignait hier matin
jSq?1! sur le golfe de Gascogne.
Départements, là ma tin, au-dessus de ^cro
5° à Toulouse, 6° à Limoges et à Belfort, 8° à
Dunkerque, à Biarritz, à Boulogne, à l'île
d'Aix, à Clermont, à Lyon et à Cette, 9° à
Cherbourg, au Mans et à Marseille, io° à
Ouessant, 12° à Alger.
En France, dé faibles pluies sont probables
dans le Nord et l'Est, avec temps assez doux.
(La température du 3 mars igio était, à
Paris 2° au-dessous de zéro le matin et 12°
au-dessus l'après-midi. Baromètre 770mm.
Monte-Carlo. Température prise sur les
terrasses du Casino A dix heures du ma-
tin, 22° à midi, 250. Temps radieux.
Du New York Herald 1.
A New-York Temps couvert. Tempéra-"
turc max., 4°.| min., 1°. VentN.-O. Â
Londres Couvert. Température max., 130
min., 90. Baromètre, Tjimm.Vent O. A
Berlin Beau. Température (à midi) 6°.
Les Courses
Aujourd'hui, deux heures, Courses à
Enghien. Gagnants du Figaro
Prix de l'Aube Eléctor; Titingotha.
Prix des Ardennes Talmont Désopilant.
Prix de la. Bric Ed. Wray Montagnard.
Prix de 'la, Vesle Coq H;'Flotan..
Prix Shfiridau-.Pétropolis III'; Savon..
Prix de là Champagne Stokes Primat.
-î.a_' ̃
DANGEREUX PRÉCÉDENT
^>y Léon Daudet, qui, sur un simple
VN signal, a' réuni pendant deux se-
maines des milliers de manifestants de-
vant le Théâtre-Français, 'a peut-être. le,
même défaut que cet autre grand capi-
taine auquel un ami disait après la
bataille de Cannes « Tu sais vaincre,
Annibal, mais tu ne sais pas profiter de
la victoire » .̃•
Le "véhémen t directeur de V Action fran-
çaise a vaincu, en effet:, au lendemain
d'un gros succès, ii a amené l'auteur ap-
plaudi de tant d'œuvres fortes, Henry
Bernstein, il, nous faire la contrition
d'une faute ignorée de sa vingtième an-
née, l'aveu d'une lettre absurde contre la
caserne et d'un acte insensé qni consis-
tait à abandonner, pour une fugue pas-
sionnelle, lerégiment.dans lequel il allait
term iner ses doux années de service. C'est
un de ces cas, malheureusement trop
fréquents, d'insoumission que rien n'ex-
cuse, pas même la folie de cet heu-
reux'printemps de la vie où l'on aime si
vite et où l'on est si vile aimé.' M. Bern-
stein a reconnu sa double faute, et il
s'en est accusé publiquement en des ter-
mes d'un repentir profondément émou-
vant.
Léon Daudet aurait dû se contenter
de cette victoire et ne pas prolonger
trop loin sa lotte.
Je :crois que c'est François de Sales
qui fa dit: «C'est une chose humaine
de se courroucer, mais c'est une chose
exécrable de ne pouvoir s'apaiser, ». ̃
En continuant les manifestations dans
le] théâtre et dans la, rue,, Léon Dau-
dct en dénaturait le sens et il atteignait
du même coup la liberté-de représenta-
tion 'd'une', œuvre dramatique qui -ne
s'attaquait ni aux convictions ni aux per-
sonnes. C'est ce qu'a très bien souligné é
la déclaration dont un lettré indépen-
dant, M. Paul Heboux, a pris l'initiative
et que les écrivains signent en masse.
Désormais. la question est tout autre,
plusdéplorableetplus dangereuse encore
parce qu'elle nous faiteraindredes consé-
quences dont la portée a dû échapper aux
bouillants camelots du roi.'S'ils ne res-
pectent pas là liberté de l'art, une des seu-
les libertés dont nous ayons encore la
jouissance et l'orgueil, ils ameutent
avec eux la foule, qui s'emporte si vite
et-se possède si peu, s'ils amènent l'au-
teur à retirer sa pièce; ce qui est le cas
actuel, ou le directeur découragé, ou le
gouvernement lassé, à interdire l'œuvre
théâtrale sur la scène où le tumulte la
paralyse, ils travaillent contre leur in-
térêt propre et contre l'intérêt de tous.
Ils ne; convertissent personne et attei-
gnent tout le monde.
̃La' protestation des' uns appelle, en
effet, la protestation desJ a'utres, l'injure
appelle l'injure, car elle révolte les plus
timides et, le1 jour oit la pièce d'un autre
auteur apparaîtra- sur une affiche quel-'
eQnquc,. les .vaincus de la veille, pren-
dront'àleur. tour; avec la même ardeur
ct-hv- même injustice, les, mêmes armes
contre lès vainqueurs d'une soirée afin
de s'opposer à leur succès.
Ceux qui. n'ont consulté que leur pas-
sion dans la continuation d'une lutte qui
avait eu pendant quelques heures' son
excuse, ont déelanctuV peut-être sur nos
théâtres une. série de troubles qui com-
promettraient rapidement la dignité de
l'art dramatique.- ̃•̃ ̃'̃
Mjeux vaudrait' conserver nos belles
indignations et nos généreuses colores
pour lultor contre les' injustices autre-
ment graves que la politique de demain
nous promet. Gaston Calmette.
A Travers Paris
MM. Ribot et Raymond Poincaré ne
furent jamais plus assidus à. l'Académie
que pendant la dernière crise ministé-
rielle,
̃ Pendant que M. Monis s'empressait à
leur recherche pour leur olïrir un porte-
feuille, M. Ribot travaillait au diction-
naire, et M. Raymond Poincare siégeait
à la commission des prix Montyon.
Les feuilles de présence dcTAcadémie
témoignent par les signatures de ces
deux éminenfs hommes d'tëtat qile déci-
dément M. Monis n'avait aucune chance
de s'assurer leur collaboration.
On n'avait pas encore imaginé que le
ministre de la justice dût être assisté
d'un sous-secrétaire d'Etat. Même au
temps où les cultes étaient attaches à la
justice, un seul homme suffisait à di-
riger la magistrature et le clergé.
Or, maintenant, nous avons:
Un ministre de la justice,
En sous-secrétaire d'Etat à la justice,
Un sous-secrétaire d'Etat aux cultes.
C'est-à-dire trois hommes pour un
emploi.
M. Monis, ayant imaginé cette subdi-
vision craignit sans doute que les
contribuables fussent un peu étonnés.
Alors il a denné au sous-secrétaire d'Etat
à la justice des attributions spéciales
M. Malvy sera chargé des services pé-
nitentiaires:
Il faut s'occuper des prisonniers. Na-
guère, un fonctionnaire du ministère de
l'intérieur veillait sur eux. Ils n'étaient
pas satisfaits. Ils trouvaient qu'on n'a-
vait pas assez d'égards.. Ils auront un
sous-secrétaire d'Etat attaché à leurs
personnes. On va illuminer, ce soir, dans
les maisons centrales!
Oh n'illuminera pas dans les presbytè-
res. Les bons curés de France, qui
croyaient avoir acheté, de leur indi-
gence, l'indépendance, apprendront avec
inquiétude qu'on leur donne un maître.
Us- tremblent, beaucoup plus que ne
tremblaient hier encore, les manilleurs
du café Vachette, voyant entrer leur
partenaire habituel.
La barbe.
Comme les- jeunes filles d'Alexandrie
sacrifiaient à la déesse leurs belles che-
velures, -nos contemporains' sacrifient
leur barbe à là mode américaine, et
chaque jour le parti des hommes gla-
bres compte des recrues nouvelles. Au-
jourd'hui, pour la première fois en
France, il remporte une victoire politi-
que un de nos nouveaux ministres est
complètement rasé: M. Paul-Boncour.
Depuis sa jeunesse qui est si récente
qu'elle, se prolonge encore, M. Paul-
Boncôûr dé'dajgnâ la barbé et la mous-
tache.: son cas n'est donc pas très inté-
ressant à étudier pour lès artistes capil-
laires qui ont inscrits naguère M. Viger'
sur leur livre d'or. Mais ce qui est très
plaisant c'est qu a la vue des photogra-
phiés publiées par les journaux, beau-
coup de Parisiens ont cru que M. Jean
Cruppi était également rase. Erreur, M.
Jean Cruppi'est un homme d'action.
C'est la seconde fois qu'un « représen-
tant du gouvernement » prendra pos-
session de son portefeuille avec des joues
aussi nettes et des lèvres aussi stériles
que celles des huissiers qui gardent ses
antichambres. Il faudrait, remonter au
moins aux- ministères de M. Guizot pour
trouver des précédents, et encore, les
ministres de cette époque, qu'on n'ac-
cusait cependant pas de népotisme, gar-
daient leurs favoris.
.-• GRANDEUR ET DÉCADENCE
Las canons de bronze .réformés vont
être envoyés à la Monnaie pour la
*•• frappe du billon de 1911.
'̃̃̃̃̃̃•• .•. (Les journaux.}
̃ -'Can'ons' de bronze, vieux hëros
1 Dont on va, -sans respect posthume^
Faire des sous, petits et gros, i
Vôtre âme en sent quelque amertume
Votre àme, grognarde à souhait..
Vibrante encor d'odeurs de poudre,
Où l'ancien. boulet se ruait,
lji'ulal, dans un éclair de foudre 2
Eh!- oui, .vous que l'on a, connus
Orgueilleux do mainte victoire,
Humbles décimes devenus,
On vous expulse de l'Histoire
Consolez-vous Billon, canon,
Crevant la poche ou la muraille,
Vous'ne changerez -pas de nom
Vous serez toujours « 'la mitraille » 1
Louis Marsolleau.
o-go~
L'échéance éloignée.
M. Messimy'cultive l'amitié.
Avant qu'il ne devînt (tout arrive !)
ministre des colonies, M- Messimy était
l'ami de M. Malan, qui est lieutenant-
godvernéur du Dahomey. Or,* M. Mes-
simy- n'est point de ces gens qui, dans
les faveurs de la fortune, oublient leurs
amis exilés; Vite, il vient de rappeler
le lointain. M.- Malan, pour en faire son
chef de cabinet. L'amitié d'un grand
homme.
Mais; voici M; Messimy a beau être
devenu brusquement un grand homme,
il 'n'est, pas en son pouvoir d'ordonner
que le D,aliomey soit dansla banlieue de
Paris, ce' qui serait pourtant bien plus
commode r– et plus rassurant dans
la. circonstance et il va falloir bien plus
de temps à M. Malan pour gagner son
poste de chef de; cabinet qu'il n'en a
fallu, à M. Messimy pour devenir un
grand liomme l'ami du ministre n'ar-
rivera ici que.le:2o mars, et même en
se dépêchant beaucoup.
JjeKî mars 'dans trois semaines On
frémit pour M. Malan, en songeant à
iputee qui pourrait se pass.er..d'ici-Ià. et,
par exemple, si, le 2'! mars, M. Mes-'
simy n'allait déjà plus être un. grand
homme.
Mais rassurons-nous quoi qu'il ad-
vienne, on aurait, toujours. le temps do
donner à M. Malan le gouvernement de
l'Algérie.
INSTANTANÉ
M. Emile DEUTSCH (de la Meurthe)
Officier de la Légion d'honneur depuis hier,
par décret du ministre du commerce et d<
l'industrie. C'est un geste heureux et qui sera
unanimement approuvé. "->.
Les gens les moins bien informas savent
que -M. Emile Deutsch (de la Meurthe) o-t
un grand raffineur de pétrole, qu'il possède
en France et à l'étranger de magnifiques élu- •'̃̃
blissements. Mais ce n'est pas tout. M. Kmiio
Deutsch n'est pas moins connu dans le monde
sportif que dans le monde industriel, et son-
écurie dé. courses. compense merveilleusement
le tort que l'essence de ses usines .peut faire v
à la race chevaline. • '••.•'?'
Cet homme considérable est aussi un-homme
charmant. Son renom est universel, sa' phy-
sionomie parisienne. II. est avenant, sympa- ̃*
thique, aimable. Il a « le sourire»; sa barbe 'v
blanche est une coquetterie, non un aveu. Ce
qu'il y a de certain., c'est qu'il est,: qu'il .sera
toujours jeune. >'
Cet homme charmant est -un homme terri- .'•
ble chasseur infatigable, tireur infaillible. Il
est de ceuxqui, comnle A dit un poète,'« sem-
blent tuer avec leur regard ».
Les pcrdreaux.dabeaudomainé'deBûulains
en savent quelque chose. Voir le maître, pour
eux, c'est voir leur dernier jour.,
Ils en parlent entre eux, souvent, et fris-
sontieront en songeant cette rosette si mé-
ritée, cette rosette neuve couleur de sang.
-.o-oo-o-
Quelles que soient les fantaisies dé la •
mode si fugace et si .changeant qu soi t
son caprice, il n'est pas une femme élé-
gante et experte dans l'art délicat dé se
parer qui ne demeure fidèle à ce véri-
table talisman de beauté la Poudre de
Perles. Elles savent toutes, en effet, qu'à
elle seule cette poudre magique dont les `
a dotées la Parfumerie Bardin, boule-
vard des Capucines, peut fairepardonner
aux hardiesses les plus imprévues du cos-
tume en donnant au visage l'éclat mer-
veilleux de la beauté.
_o.a~
A toutes les attractions somptueuses
ou joyeuses que nous. vaut « la Revue des
Polies-Bergère », sont venues s'ajouter,
on le sait, deuxvedettes éblouissantes qui
en rehaussent encore l'éclat: Willy, le =
petit Willy Ferreros, ce. bambin presti-
gieux qui, dirige avec maestria Torches-
tre'et Billy, le prbtagoriiste.de la troupe.
dps merveilleuxGraggSjti« artiste. extra-» <̃
ordinaire qui réunit, en lui, la'force d'un
athlète incomparable et la finesse comi-
que d'un Polin.
~oc:
Nouvelles é la Main
Quai dlOrsay,:
M. Cruppi a réuni ses chefs de ser-
vice.̃
Que leur, a-t-il dit?
Ceci « Messieurs, maintenant que
nous nous, connaissons,, expliquçz.-moi
exactement ce que c'est quelles affaires
étrangères.)) •('•̃̃•'
.̃.•; ;?* ̃ /.J i
Que dit-on de M. Delcassé dans la
marine? • v j '̃ •̃
On le craint, et hier on. a apposé
dans.'sbn bureau cette inscription
SOYEZ BON POUR tES AMIRAUX
Le Masque de Fer.
LES~ INCIDENTS DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE
M, Bernstein retire sa pièce
M. Bernstein retire sa pièce de la
Comédie-Française. La nouvelle en a
été donnée,- hieirsoir,'partinc note Haras
ainsi conçue
«Aquatrcheuresjiier après-midi, l'a»-'
leur dî-lp-rà moi s'est rendu à' fa com-
mission des Auteurs où il faisait part à
M. Paul Hervieu de son intention spon-
tanée de retirer sa pièce.
» A six heures, il allait àlà préfecture
de police ou il a fait à M. Lépin-e la
même communication. M. Lépine télé-
phona aussitôt au président du Conseil
qui, à huit heures, reçut M. Henry Bern-
stéin, prit acte de sa communication et
l'en félicita. »
M. Henry Bernstein, peu après, an-
nonçait à la presse sa décision en ces
termes
Je retire ma pièce. Jo ne veux parler ni du
sacrifice ni de sa cruauté. Les artistes com-
prendront..
Contre tout ce qui m'assaille, contre toute
cette lâcheté, j'aurais passionnément défendu
mon œuvro jusqu'au bout. Mfis amis lo
savent, j'ai le goût de la lutte. Et je viens
de vivre trois semaines dures, mais magni-
fiques.
Seulement, il n'y avait pas que la pièce,
il n'y avait pas que moi,.il n'y avait pas que
mes interprètes admirables et tout prêts' à
subir, chaque soir, l'ignominie des interr'up-
tions. Il v avait la rue.. ̃
Des contre-manifestations s'annonçaient
pour domain, partant des bagarres plus gra-
ves. Hier, j'avais assisté à une .charge de
cavalerie. Un des braillards de quinze ans,
qui encombraient la place, eût. pu rouler
sons. les sabots- et ne pas se relever. Cette
mort, on la souhaitait peut-être. Moi, je no
veux pas cle ce sang-là.
Laissons. Je crois que tous les comptes .se'
règlent.. Je le crois fermement. Une .grandes
iniquité vient ''d'êti-e commise à mon ég.ird.
Il n'est pas un honuête homme qui ne' le
sente. Mais on n'a pas frappé que moi cette
violence atteint tous les artistes. J'ai depuis
ce, matin le droit de le 'dire. Une protestation,
lancée "hier soir a, dans la nuit, recueilli
trois cents signatures. On rclèvfra dans cotte
première liste la pl.upart de« noms plorioux
de la littérature et de la musique, françaises.
Demain, les trois contsvont être trois rhifJe,
la. -noblesse du :pays. Jo suis du bon cote.
'̃ r ̃̃:̃'̃ lleûrr. l'ERN'SfËtX.'
.Voici, la première liste; des signataires
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