Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1910-01-02
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 janvier 1910 02 janvier 1910
Description : 1910/01/02 (Numéro 2). 1910/01/02 (Numéro 2).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGAEO -^DIMANCHE 2 JANVIER 1910
our l'escl§vaRe., Le prince Jtp..savait,
);J,C?qr:. l'êÇ,V~f(., o,,ris, âte'u'r* 1, ("À,Ore- -6'
"Bien", 1ùî," le" temporisateur j que la Corée
était pourrie, inguérissable; qu'elle vien-
drait d'elle-même au-devant du carcan
qu'il suffirait de se baisser pour en ra-
masser les morceaux. Aôoilà pourquoi il
était contre les mesures excessives qui
aliènent les sympathies du dehors' et
provoquent inutilement- les révoltes au-
dedâns. Sa mort ayant été l'occasion
d'un accès général de lâcheté et de pol-
tronnerie sans:nom, a montré qu'il avait
raison là Corée achève de se disloquer
v d'elle-même, Elle justifie, par consé-
quent, l'acte d'annexion qui ne peut plus
tarder.
Je n'en tirerai point la preuve des mil-
liers d'articles écrits sur cette question,
par des journalistes plus ou moins avi-
,sés et par des politiciens/ plus ou moins
impérialistes. Je ne citerai que l'opinion
d'un .homme qui joua uïi..gTand rôle lors
de l'acte de protectorat, et qui repré-
sente évidemment la note officieuse voi-
sine de la pensée gouvernementale.
Dans le jiji Shimpti du 10 décembre,
vjoici.àpeu près comment s'exprime le
comte Hayashi, prédécesseur du comte
Komura, aux affaires étrangères.
'« Le parti ll-chin-hoi nous a offert la
Corée et a supplié son Empereur de
consentir à l'annexion, Quel que soit le
mobile auquel on doive une pareille pro-
position, que les Coréens en soient, oui
ou non, les promoteurs, la question elle-
même' de l'annexion de la Corée au
Japon vaut la peine d'être étudiée. de
près.
» Dans l'histoire ^contemporaine, les
exemples d'annexion nè.manquent pas.
La Prusse s'est'- adjugé le Hanovre,
Nassau, la ville libite de Franclort-sur-
iè-Mein; l'Angleterre a pris la Birmanie,
la République d'Oiange, les Etats du
Sud-Afrique; la France a annexé Mada-
gascar, après, en avoir triomphé, il est
vrai, par les armes.; D'autre part, l'Au-
triche, sans consulter ses ço-signalaires
du traité de Berlin, i mis la main défini-
tive sur la Bosnié et l'Herzégovine. Mais
l'exemple le plus à\d hoc est celui des
Etats-Unis d'Amérique annexant les îles
Hawaï en 1897.
» Dès la troisième année de Bunsei, les
Américains avaientenvoyé un représen-
tant aux îles Hawaï et avaient reconnu
l'absolue indépendance de l'archipel.
Depuis lors, cependant, ils ne perdirent
jamais une occasion de déclarer qu'à
cause du voisinage de la côte califor-
nienne, aucune autre nation ne devait
être autorisée à se mêler des affaires
d'Hawaii, qu'à la moindre intervention
d'une 'tierce puissance, les Etats-Unis
devaient mettre en avant leur drbit de
suzeraineté.
» Plus tard, la première année de l'ère
d'Ausei, 1854, ils entamèrent avec le Roi
alors régnant des pourparlers en vue de
l'annexion. etc. »
Le comte Hayashi raconte ensuite,
par le menu, la série des faits qui abou-
tit à l'annexion pure et simple. Puis il
s'écrie
« Que sont les relations des Elats-
Unis avec Hawaï, comparées aux rap-
ports étroits du Japon avec la Cor5e ?
Sans parler de l'histoire ancienne,'de-
puis la restauration impériale on ne
compte plus les tçjrts importants que
nous a causés la conduite intérieure de
kî-'Cûvée- Et-ûnalèmejit, c'est, eucoiî;à
son sujet qiie'tious avons été poussera
faire deux guerres; terribles, où ncus
avons prodigué, notre or et le sangde
nos enfants. Malgré tout, la Corée ne
s'amende pas; intérieurement elle ist
toujours en ébulliiion elle ne cesse
d'attenter à la viejde nos compatriotes;
pour garantir la sécurité du eommerie
et de la vie des {nôtres, nous sonamw
obligés de dépenser des sommes colos-
salés. Si bien que le jour où nous serots
amenés à l'annexpr pour faire cesser ci t
état de choses, !je ne vois pas quelb
opposition pourraient y faire les tierce
puissances. ̃
» Il arrive pourtant que, sans en avop
aucun droit, pour des raisons de pré
tendu' équilibre ou d'intérêt, des puisi
sanees protestent parfois contre une an
nexion.
r » En Corée, où nous avons déjà entre
nos mains la direction des affaires inté-
rieures et extérieures, l'administration
de la justice, etc, le fait de l'annexions
ne peut porter' iiucuii préjudice à per-
sonne. 11 nousî permettrait simplement
de compléter ncs réformes et d amélio-
rer le sort de cepays.
» Donc, en driit, nous n'avons pas à
craindre l'inteii'ention de qui que ce;
soit. D'après le; principes du droit in-
ternational, l'opposition d'un tiers serait
ici sans valeur, jt le bien ou le'mal fondé
de cet acte déiliitif n'a rien à voir au
consentement di au refus des tierces
puissances. »
Pour le coimV Hayashi, c'est une ques-
tion de finances qu'il faut considérer
avant de procéler à l'annexion. Oui ou
non, y aurait-il un profit quelconque à
l'opérer? Bien Ui tendu, il faudrait faire
un sort royal. àia famille royale; il fau-
drait assurer dtsérieux avantages à tous
ces Yang-bars qui détiennent tour à
le pouvoir, il {finirait enfin étendre les
rouages de l'ackanistration, de 1/ïnstruc-
tion, de,la just.be et de la police, jusqu'à
ce que les Gorens fussent habitués au
nouveau régiirç. Et cela -coûterait cher.
Cependant, le vieux diplomate estime
que les finances coréennes, une fois ré-
formées et mits sur un bon pied, peu-
vent largement faire face à toutes ces
exigences.
Un de ces (uatre matins, lorsque la
« Banque d'Eat de Corée », devenue
une filiale de la Banque du Japon de-
puis quelques semaines, nous apportera
un bilan merveilleux dans lequel les re-
cettes dépassiront les dépenses (ce qui
n'est pas arrivi depuis le déluge, je sup*-
pose),' nous pourrons nous attendre à -i
un dernier pett coup d'Etat, la déposî-
tion du Roi eii'annexion de la Corée au
Japon. I
De quel drdt accuserait-on le Japon? `t
En cela, eompe en bien d'autres cho-
ses, il se m,o|tre un élève docile et un
merveilleux imitateur des exemples
qu'on lui a damés un de ses diploma-
tes vient de nous le dire l'Amérique
surtout aurai mauvaise grâce à se fâ-
cher.
J.-C. Balet.
̃•̃̃̃•AVIS DIVEBS
Splendeur LifjaxK du visage, du cou, dos
épaufos et cite bras par le Véritable Lait de
f Kinon. Par/ 'Xirwm, 31, rue du 4-Septembre.
Maux do' goTao~ Kxtinotion de voix Aphte; r
GARGARISME SEC DU Dc WILLIAMS
PHARMACIlf XORMALE, i
> Le&DeCQrêifM fe Jiïnirîéï
MINISTÈRE ̃̃̃
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
OFFICIER
Henri de REGKIER. Un grand garçon, mer-
veilleusement distingué, au-point d'ayoirl'air
un peu froid mais, en même temps, une sen-
sibilité très fine et qui a trouvé, pour se révé-
ler, l'art le plus délicat, le plus subtil.
Poète, romancier maintenant critique dra-
matique, en outre, au Journal des Débats, où
il continue la belle lignée des J.-J. Weiss,
des Jules Lemaître et des Emile Faguet. De
toutes manières et dans toutes les manifesta-
tions de son talent si original et si varié, un
admirable écrivain, très attentif à observer
les excellentes traditions de la langue et de
la littérature françaises.
Il est audacieux et classique. Poète, il a été
l'un des maîtres du symbolisme et les plus
sévères approuvent ses hardiesses qu'un goût
parfait contrôle. Ses romans, nombreux et
divers, évoquent les uns l'ancienne France et
les autres la vie contemporaine, avec une
exquise justesse. Et le critique a les sévérités
et les indulgences d'un grand lettré.
Entre tant de qualités éminentes qui ren-
dent son œuvre précieuse, exemplaire même,
il faut citer le vif amour qu'a cet artiste pour
son art. Il n'écrit pas pour établir des doc-
trines et, .comme on dit, pour agir sur son
temps, mais p.our le plaisir, pour le simple
et délicieux amusement de la littérature
quel courage, à cette époque-ci, et quelle
bonne idée
CHEVALIERS
Silvain LEVI. « Professeur au Collège de
France, vingt-quatre ans de services », dit
l'Officiel. L'Officiel ne mentionne que la du-
rée des services du nouveau légionnaire. Il
n'en signale point la qualité. C'eût été pour-
tant une biographie intéressante à rédiger
en dix lignes que celle de ce professeur qui
se trouve être, à quarante-cinq ans, l'un des
«. anciens » du Collège de France.
Ancien élève et élève favori de Berg-aigne,
M. Silvain Lévi venait occuper au Collège de
France la chaire de sanscrit, à un âge où
d'autres sont encore étudiants, et tout de
suite s'y affirmait le digne successeur de son
maître.
Bagage scientifique considérable. Chargé,
il y a quelques années, d'une mission d'études
par le ministére de l'instruction publique, a
rapporté d'une exploration courageusement
entreprise à travers certaines régions fermées
de l'Asie, un véritable trésor de documents
auxquels nous devons aujourd'hui une con-
naissance beaucoup plus profonde et plus
sûre de l'Inde antique,, de sa littérature, de
sa civilisation. Son Théâtre 'indien est un
chef-d'œuvre.
Esprit original, de culture charmante, ou-
vert à toutes les idées neuves (quoique la
science qu'il pratique le tienne singulière-
ment éloigné de nous !). Le type de l'érudit
modeste et souriant, qui fait aimer l'érudi-
tion. Tant d'autres là font craindre 1
M. SURAND. S'est conquis, depuis longtemps,
aux Salons annuels, une place très distinguée
comme peintre d'histoire et comme peintre
d'animaux. Comme tous les peintres d'histoire
il a été tenté par le fameux « défilé de la
Hache » de Salammtô et son tableau, où il
a convenablement rendu l'horreur de l'épi-
sode et le pelage des fauves, a été un des
meilleurs de ceux auxquels de nombreux ar-
tistes se sont essayés. A certainement fait
aussi dévorer quelques martyrs chrétiens par
des lions, ou par des tigres, car c'est le
tigre et le lion qui exercent sur ce vigoureux
et consciencieux peintre une attraction parti-
culière.
M. Joseph BERNARD. Un jeune sculpteur de
grand et original talent, qui n'a jamais, ou pour
ainsi dire jamais exposé dans les grandes
réunions officielles. Le succès lui est venu
d'un petit nombre, en deux eu trois expositions
à la galerie de M. A. A. Hébrard, qui l'a
réellement découvert. On a pu apprécier, en
ce lieu choisi, la grandeur de style de M. Jo-
seph Bernard, son imagination plastique très
remarquable, excellant â suggérer tantôt
l'idée de sérénité majestueuse, tantôt celle
d'inquiétude et d'effroi, le tout par des lignes
robustes et sereines et par des volumes ro-
bustement équilibrés. L'artiste est aussi ha-
bile aquarelliste, et ses essais en ce genre
sont de belles et puissantes réminiscences de
l'antique.
M. Louis ANQUETIN. Voilà déjà longtemps
que ce vaillant et personnel peintre est, on
peut le dire, sur la brèche, car ses œuvres,
sans que ce fût chez lui un parti pris, ont pris
rang. d'oeuvres de combat. Débuta, il y a une
vingtaine d'années, au sortir de l'atelier Cor-
mon, où il demeura peu. Tout de suite Louis
Anquetin s'affirma comme peintre de la femme
moderne, et il n'eût tenu qu'à lui de se spé-
cialiser dans ce genre et d'y acquérir beau-
coup de réputation et d'argent. Mais il s'avisa
soudain qu'il fallait savoir. Et alors com-
mença, une période de labeur acharné où M.
Anquetin étudia à fond l'anatomie, la pers-
pective, la technique des maîtres anciens,
toutes choses qui ne sont pas de mode dans
tous les ateliers. Cette évolution le conduisit
à modifier sa manière et à changer ses visées.
Il devint un des décorateurs les plus brillants
et les plus entraînants. Une de ses meilleu-
res œuvres de peinture pure fut cette tumul-
tueuse Bataille, qui fit sensation à un Salon
du « Champs de Mars ». Signe particulier
Louis Anquetin est un fanatique du sport
hibpieuieet monte à cheval comme Rubens.
ïràit amusant de la promotion une des
Iplus belles peintures d' Anquetin est précisé-
ment un portrait de Gémier, décoré en même
temps que. lui.
M. HUSSON. C'est une distinction accordée
k l'art décoratif, mais en la personne d'un
les bons et raffinés artisans de ce temps-ci.
SI. Husson est un des plus habiles artistes
lu métal. Il excelle à incruster le bronze de
lélicatcs arabesques d'argent et d'or, et ses
i.rrmes sont élégantes sans mièvrerie. A
rouvô également de très remarquables appli-
«ations des arts du métal à la décoration 'du
aeuble.
M. Edouard SARRADIN. Critique artistique et
ourriéristc théâtral du journal des Débats,
jpprëcié pour la forme courtoise et l'esprit
julicieux de ses comptes rendus, ne compte
dins la presse que des amis. Est le gendre
di maître suédois Osterlind, et Mme Sarradin
est elle-même une artiste peintre des plus
distinguées, au, talent plein de délicatesse et
d( fraîcheur.
MNISTÈRE DES TRAVAUX PUBLICS
CHEVALIERS
1. WILHELM. Ingénieur ordinaire des ponts
et ïhaussecs, est attaché depuis le mois de
juilet 1892 au service ordinaire du dèparte-
mejts des Hautes-Alpes, 'où il remplit depuis
févier 1904 les fonctions dlingénieur en chef.
A fut de nombreuses études de. barrages-ré-
ser-oirs dans le bassin de hj. Durance et du
Hatt-Drac et â inventé un système d'écluse à
grai de chute en ciment armé à faible consom-
maton d'eau qui a obtenu une mention hono- 1
rabfc au concours international de -Vienne.
M. "Vilhelm, qui est un des fonctionnaires les
plus distinguée du corps des ponts et chaus- £
sées compte vingt-deux ans de services.
M.VIRARD. Ingénieur ordinaire des ponts et
chassées à Limoges. Successivement em- ]
ployi secondaire, conducteur, puis ingénieur ]
auxilaire, il s'est spécialisé dans les cons- <
tructons de chemin de fer. C'est lui qui a,
notamment dirigé les travaux du grand via- ]
duc tes Fades, sur la ligne de Saint-Eloy i
à Pawiat. Cet ouvrage, tout à fait exception- <
nel, -st d'une hardiesse étonnante. Il com- 1
porte trois travées métalliques reposant sur
deuspiles creuses en maçonnerie de 92. mè- £
tres de hauteur. La travée centrale a 144
raètrsi i'euYcrture.. Ce travail d'art fait le ï
p!\jstgç4pcl. honneur à. l.'ingém'eur..éinineiit,gni,.
l'a conçu et qui en a assumé îa directioti.
M. DE NOELL. Sous-ingénieur des ponts et
,'qhaussées à La Tour de Carolles (Pyrènées-
Orientales). A été chargé l'année dernière de
l'intérini des fonctions d'ingénieur ordinaire à
Prades. Comme chef de section, il a eu à exé-
cuter de très importants travaux de chemins
de fer. A ç té blessé grièvement, lors de l'ac-
cident survenu, à l'automne dernier, sur la li-
gne de Cerdagne, après les essais du pont
Quelard. M. de Noell compte trente et un ans
de services.
M. THEVENET. Membre du comité de conten-
tieux au ministère des travaux publics. Licencié
és-lettres, docteur en droit, avocat à la Cour
d'appel: il a été chef de cabinet du sous-
secrétaire d'Etat au ministère de l'agriculture
et du commerce. Ancien secrétaire de la Confé-
rence des avocats, il collabora avec distinc-
tion'aux travaux du Comité de contentieux et
d'études juridiques au ministère des travaux
publics.
M. FARALICQ. Inspecteur commercial attaché
au service central de la Compagnie P.-L.-M.,
président de l'Association fraternelle des em-
ployés et ouvriers des chemins de fer fran-
çais. A été délégué de la Compagnie P.-L.-M.
aux conférences internationales de Christiana
en 1905 et de Berlin en 1906, pour le trans-
port des voyageurs. Mutualiste éminent il a
rendu de signalés services à l'association
qu'il préside avec un dévouement absolu et
une remarquable compétence.
POSTES ET TÉLÉGRAPHES
.'•r, i:, ̃ officier-
M. SERRES, receveur principal des postes et
des télégraphes de la Seine. Esprit très ouvert'
plein d'initiative et d"eritrain, M. Serres a bril-
lamment occupé tous les postes que l'Admi-
nistration lui a confiés. If s'est distingué par-
ticulièrement dans les fonctions importantes
qu'il occupe depuis 1905, à la tête de la re-
cette principale de la Seine, service qui com-
porte un personnel de plus de 4,000 agents et
sous-agents et dont le mouvement de fonds
annuel dépasse un milliard.
M. Serres se consacre, avec une grande
activité, depuis de nombreuses années, comme
président ou comme membre, à beaucoup
d'œuvres mutualistes professionnelles. Il est
titulaire de la médaille d'or dé la Mutualité.
CHEVALIERS
M. MILON. Ingénieur ordinaire de 20 classe
des postes et télégraphes. Assuma la direc-
tion des travaux pour la pose du câble de
Brest à Dakar, en 1904, et fut chargé de
contrôler celle du câble de Saïgon-Pontianalo
Tamatave-Réunion-Maurice, en 1906. Enfin,
M. Milon présida, l'année dernière, au réta-
blissement des. communications téléphoniques
à la suite de l'incendie du bureau central de
Gutenberg. Ce travail considérable, qui in-
téressait dix-huit mille abonnés, fut accompli
en doux mois et demi. M. Milon compte
neuf ans de services militaires et'civils.
JH..SUSS. Médecin de l'administration des
postes et télégraphes à Paris. Ancien interne
des hôpitaux, lauréat de l'Académie de mé-
decine il obtint en 1886 le prix Saint-Paul
qui couronnait le meilleur ouvrage sur la
diphtérie. Professeur à l'Union des Femmes
de France, ancien président du Conseil géné-
ral des Sociétés médicales de Paris, M. Suss
compte vingt-six ans de services distingués.
~I^J J^J .nr
LES OFFICIERS SAVANTS
La crise que traverse en ce moment
l'aérostation militaire soulève une autre
question, également grave au point de
vue du bon renom et de la force de notre
armée nationafe. Cette question est celle
des « officiers savants ». '̃ ?
Carnous avons des « officiers savants ».
Nous avons dans nos corps spéciaux du
génie militaire, de l'artillerie, dans le
corps des officiers de vaisseau, des
hommes qui s'adonnent aux recherches
scientifiques, et aux recherches les plus
désintéressées. Ils ne retirent aucun
profit matériel de leurs travaux; ils n'en
attendent nul bénéfice ce qu'ils décou-
vrent va à l'Etat, et c'est lui .qui leur doit
la récompense de leurs nobles efforts.
Or cette récompense n'est jamais ac-
cordée les officiers qui se consacrent
au travail n'ont à espérer ni l'argent, ni
l'honneur. On les laisse dans des situa-
tions médiocres et ils avancent moins
vite que les autres, alors que c'est le
contraire qui devrait avoir lieu.
On n'est pas loin, en effet, dans nos
milieux militaires, de considérer l'offi-
cier travailleur comme un « embus-
qué » on estime qu'en se consacrant à
des recherches scientifiques- dont le but
final est, en somme, le perfectionnement
de notre armement ou de l'outillage
technique de nos corps 'combattants, il
s'est « démilitarisé ». Aussi les commis-
sions de classement le traitent-ils en
conséquence. Pour lui, pas d'avance-
ment de grade, aucune perspective, d'a-
venir et cependant il lui est interdit de
tirer profit de ses découvertes. L'Etat
s'en sert et ne lui dit même pas merci.
Ont-ils donc démérité, ces chercheurs?
Sont-ils réellement des embusqués qui
cherchent à « tirer au flanc » ? Non,
certes. Ils mènent une vie de travail
dont nous n'avons pas souvent l'idée.
Ils prennent sur les loisirs que leur laisse
le service le temps nécessaire à leurs
travaux, et c'est au prix de veilles fati- j
gantes qu'ils mènent à bien les concep-
tions de leur cerveau. Ils savent, cepen-
dantfon l'a dit tout haut à l'occasion des
funérailles des héros de l'aéronat Repu-
blique) qu'il leur faut renoncer à tout
.avancement {!). Mais si grand est chez
eux le double culte de la science et de la
patrie qu'ils n'hésitent pas: Ils savent
que la satisfaction intime d'avoir créé
quelque chose, d'avoir augmenté la puis-
sance offensive et défensive de nos ar-
mées sera leur seule récompense elle
suffit à ces nobles cœurs et à ces grands
esprits.
Ce ne sont pas -.là des imaginations,
mais des faits. Je me garderai de citer
des noms d'officiers vivants leur avenir
n'en pourrait assurément pas souffrir
plus qu'il ne souffre de leur science
même, mais leur patriotique modestie
en serait froissée. Non. Je citerai les
noms de morts, et de morts illustres;
et, en rappelant, d'une part, ce qu'ils
firent, d'autre part, ce qu'ils obtinrent j ]
comme récompense, j'aurai mieux dé-
montré ce que je désire prouver.
L'un des plus glorieux fut, sans con-
tredit, Laussedat. Capitaine de génie en
i852, il voit naître la découverte de Da- ]
guerre il pense aussitôt à l'utiliser au ¡
mieux de la défense du pays, et il dote ¡
l'armée française et la science géogra-
phique de cette admirable méthode de la (
photo-topographie qui permet le levé 1
exact et rapide des places. Vous croyez <
peut-être que le génie militaire se jeta sur ]
la nouvelle découverte pour l'utiliser au <
mieux des intérêts de l'armée ? Point. On i
fit tout, au contraire, pour la mettre sous ]
l'étcignoir. En vain des officiers distin- 1
gués comme Javary (retraité comme i
simple commandant) s'efforcèrent d'en, j ]
faire ressortir la valeur pë fut peine
vuer-due*. Ev,penda.nt. ce 4,em:p*, l'étranger,
adoptait la métlïode; les états-majors
européens se l'assimilaient, et en 187-0,
c'est par les procédés de la photo-topo-
graphie méconnue chez nous que les
Allemands faisaientles levés nécessaires
aux sièges de Strasbourg et de Paris
Laussedat, qui dans tout autre pays
militaire fût arrivé aux plus grands
honneurs et aux grades les plus hauts,
fut retraité comme colonel. Encore fut-
ce avec peine qu'on lui accorda, avant
de lui « fendre l'oreille son cinquième
galon d'or. Et pourtant sa valeur fut
consacrée, mais plus tard il devint, en
effet, membre de l'Académie des scien-
ces et directeur du Conservatoire des
arts et métiers, trouvant. dans la vie
civile les honneurs que lui avait refusés
injustement l'administration militaire.
Et Goulier le créateur de la topogra-
phie, l'inventeur de tant d'admirables
instruments, et de si ingénieuses et pré-
cises méthodes l'homme à l'école de
qui se sont formés nos topographes du
génie et de l'artillerie, l'homme qui a
créé les traditions qui sont l'honneur de
l'enseignement de nos écoles de Metz et
de Fontainebleau, et qui, d'une chose
qui était un « art » a su faire une vérita-
ble science Retraité. lui aussi, comme
colonel, et bien juste. Comme colonel
aussi, dut se retirer Mangin, ce savant
officier du génie qui inventa les appa-
reils de télégraphie optique et les pro-
jecteurs lumineux qui permettent à nos
forteresses et à nos cuirassés de déceler
dans les ténèbres les attaques sournoises
de l'ennemi. Cependant il avait reçu des
« blessures'de guerre», l'illustre" Man-
gin ses travaux sur les projecteurs lui
coûtèrent un oeil ses travaux sur les
ballons lui valurent deux fractures gra-
ves
Et enfin Charles Renard, le grand,
l'illustre Renard, le créateur incontesta-
ble et.incontesté de l'aéronautique mili-
taire, le conquérant de l'air qui, en 1885,
vint se promener en dirigeable au-dessus
de Paris, alors que pas un état-major
d'Europe ne pensait, même de loin, à la
navigation aérienne Il fut, tout comme
les autres, retraité péniblement comme
colonel, après avoir eu à subir les mille
tracasseries d'une administration qui
semblait vouloir lui faire payer chère-
ment son génie et ses découvertes, et sa
patriotique persévérance 1
Dans la marine, nous trouvons l'équi-
valent de ce qui se passe a terre. Le
commandant Guyou retraité tout juste
avec son cinquième galon, et cependant
membre de 1 Institut et du Bureau des
longitudes; le commandant de Bernar-
dières, membre du Bureau des longitn-
des le lieutenant de vaisseau Guissez,
dont les beaux travaux hydrographiques
n'avaient fait que retarder l'avance-
ment! J'en passe, et des meilleurs!
Il faut qu'un pareil état de choses
cesse, et cesse rapidement il y va de
l'honneur de notre armée. Il faut que
l'officier qui se consacre à l'étude dans
le but de perfectionner notre armement
sache qu'il sera récompensé pour cela et
non malgré cela. Il faut qu'un avance-
ment régulier, et susceptible de le me-
ner aussi loin que ses camarades «de
troupe», lui soit réservé, montrant ainsi
que la patrie, si elle est reconnaissante
à ceux qui manient son épée, n'est pas
ingrate à ceux qui en ont coulé l'acier et
trempé la lame. Il faut que cet avance-
ment reconnu et assuré donne à nos Bé-
nédictins militaires cette sécurité dans
le travail sans laquelle le travail même
devient impossible.
Car, cette sécurité nécessaire à la li-
berté de l'esprit, ils ne l'ont pas aujour-
d'hui. lis sont à la merci d'une décision
prise par un supérieur, insuffisamment
averti de la valeur de leurs recherches,
qui peut, du jour au lendemain, dépla-
cer un capitaine savant, sous prétexte
« qu'il en a plein le dos de ces embus-
qués », l'arracher à ses travaux et l'en-
voyer « commander une compagnie ».
De cette façon, il interrompt des recher-
ches utiles, et il met à la tête d'une
« unité » un officier qui la commandera
moins bien qu'un camarade ayant l'ha-
bitude acquise du commandement.
En particulier, il faut que le corps des
aérostiers militaires soit autonome, que
ses officiers avancent dans le corps lui-
même et puissent arriver aux étoiles s
sans être obligés d'en sortir, car s'ils en
sortent pour avancer, le corps perd le
bénéfice de la compétence technique que
leur carrière spécialisée leur y a fait
acquérir.
Un peu de reconnaissance, un peu
d'équité pour nos savants militaires,
voila ce que nous demandons; et que
l'on se persuade bien qu'à monter un
dirigeable ou un aéroplane, qu'à con-
duire des opérations topographiques ou
des missions géodésiques, on risque au-
tant sa peau qu'à être officier combat-
tant.
Les héros qui ont trouvé la mort dans
la catastrophe du dirigeable République,
ceux dont les corps sont restés là-bas,
dans les hauteurs de la Cordillère des
Andes, au cours de l'expédition géodési-
que de l'Equateur, et cent autres encore
en sont la glorieuse et funèbre démons-
tration.
Et si l'on met les mêmes lauriers sur
les tombes des morts, qu'on mette aussi
les mêmes insignes sur les uniformes
des vivants tous ne meurent pas, heu-
reusement, mais ce n'est pas toujours de
leur faute:
Alphonse Berget.
_vv^-
Un Pare national en Suisse
Depuis que l'on a accumulé en Suisse les
constructions cyolopéemiea, percé des tun-
nels, accroché, les funiculaires aux pentes
des montagnes, lancé dos ponts de fer au-
dessus des torrents et des ravins, la Suisse
âlait menacée d'un grave danger. Eilo ris-
quait de ne plus posséder sur toute la sur-
face de son territoire le moindre coin où fut
respectée la splendeur primitive et grandiose
:1e ses beautés naturelles.
Le Suisse s'est émue une commission
spéciale, placée sous la direction d'un savant
professeur de Bâle, le docteur Paul Sarasin,
1 été chargée de limiter les ravages causés
lûx paysages de l'Helvétie.
Parmi les mesures indiquées par cette
commission, il s'en trouve une d'un intérêt
;out particulier. Elle a pour but d'assurer,
lans une zone convenable, le développement
ibre de la flore et de la faune des Alpes, de
;réer.un parc national intangible, semblable
i celui dont s'enorgueillissent à juste titre
es Etats-Unis. Les admirateurs de la nature
f trouveront ainsi les régions alpestres avec
,oules les plantes et tous les animaux qu'elle
losyédait' auparavant.
Ce projet est d'ailleurs' sur lé point de r'e-
cevoir. ,son rexé.euti^n..d.aps Je- canton -do s Gri-
sons, c'est-à-dire l'un des plus pittoresques
cantons de la Suisse,, et l'un des rares où
l'on rencontre encore des ours.
Le futur « sanctuaire des plantes et des
animaux de l'Helvétie », comme on l'appelle
déjà, se trouvera. près de Zernetz, en Enga-
dine, dans les Alpes Rhétiques. On a choisi
le territoire de Pitz-Quaterval, auquel sort
d'entrée la sauvage vallée de la Clusza, do-
minée de toutes parts par des cïmes escar-
pées et couvertes de neige; et le Parc natio-
nal n'y aura pas moins de 22 kilomètres car-
ras de superficie, soit trois fois celle du bois
de Boulogne, Certes, ces dimensions sont de
beaucoup inférieures à celles do territoires
semblables dans les pays étrangers; mais,
par contre, peu d'entre eux présenteront un
spectacle d'une magnificence égale à celle de
ses forêts, de ses torrents pleins d'écume, de
ses petits lacs si calmes qu'encadre une flore
incomparable et que peuple une faune non
moins belle.
D'ailleurs, le docteur Paul Sarasin compte
faire davantage encore; il veut augmenter au
fur et à mesure des ressources qu'il aura à
sa disposition l'étendue de son domaine. Mais
ce ne sera qu'à force de temps et d'énergie
qu'il pourra compléter son œuvre.. Elle exige
pour sa réalisation, un effort financier assez
considérable, nécessité par l'établissement
des voies d'accès et des abris à l'usage des
touristes, et surtout par l'entretien et la
surveillance de tout ce qui fera sa beauté.
Mais la nation suisse n'est pas nation à
s'arrêter en chemin. Elle constituera son
Parc national, et il est probable même que
bien d'autres cantons suivront l'exemple do
celui des Grisons.
--wse.or
JOURNAU'X ~T R~VU~S
La bonne année
La bonne année, ce sera, paraît-il, celle
que voici.
Et, cette prophétie, douze mois suffi-
ront pour qu'elle soit exactement renou-
velée par de vaillants optimistes que
rien ne décourage. Ainsi dure ce monde,
voire ce régime.
M. Bérenger, dans l'Action, célèbre
déjà les élections prochaines il les de-
vine telles que les souhaite son cœur
anticlérical et radical il aperçoit une
majorité « compacte et puissante », qui
fera des réformes, qui résoudra les pro-
blèmes posés par la défunte année 1909.
M. Bérenger commence cette année-ci
avec une jeune confiance.
La Petite République est animée d'es-
poirs pareils. Jamais, dit-elle, période
électorale « ne s'annonça sous de meil-
leurs auspices ». Elle demande « pour-
quoi elle n'aurait pas confiance dans
1 avenir » ? et pourquoi elle « verrait tout
en noir » ?. Evidemment, si ce n'est
point dans son caractère Et félici-
tons-la d'être de bonne humeur.
Dans Y Aurore M. Gabriel Ghaigne
avoue que la dernière législature n'a pas
été bien magnifique il y eut « de l'indé-
cision»; et l'on n'a pas fait « grand'
chose». Qu'importe à M. Ghaigne? Il
sait que la nouvelle année arrangera
tout cela délicieusement. « Les élections
de mai, remarque-t-il avec entrain, se-
ront nettement républicaines ». Il n'en
faut pas davantage pour égayer l'Aurore
aux doigts de rose.
Et la Lanterne* M. Steeg compare le
1er janvier 1909 et le 1er janvier 1910.
L'année dernière, « de la boue, de la
brume, la bise et la pluie, la neige et la
rafale ». Les meilleurs républicains
« pataugeaient »; en outre, ils avaient
froid. Cette année, ah voici
Dans l'air calme et déblayé, réchauffé par
la tiédeur d'une sorte d'automne attardé ou
de printemps prématuré, ce décembre a fini
sa carrière. Phœbus même a daigné nous
sourire s'il s'est caché depuis, du moins
nous a-t-il donné de ses nouvelles. La terre
est nette, le sol ferme sous nos pas. Point de
spleen pesant sur l'âme comme un casque
de plomb. L'impatience d'agir nous anime,
aiguillonnée par le pressentiment d'une œu-
vre vaillante et féconde.
C'est un symbole; ce n'est rien qu'un
symbole, mais c'en est un.
Voilà, en ce premier janvier 1910, l'op-
timisme de nos maîtres. Et, bref, ils
n'avouent pas leur inquiétude.
André Beaunier.
1 ^i
La Presse de ce matin
-++-
LA POLITIQUE
lî Autorité, de M. Guy de Cassagnac:
Réflexions de nouvel an.
Tant que les hommes qui parlent, écrivent et
agissent n'auront pas affirmé par l'exemple qu'ils
sont capables de donner leur vie pour leurs
idées, ils ne seront ni écoutés, ni suivis.
Voilà ce dont il convient de nous persuader,
en cette aube de 1910, nous qui voulons être des
chefs
Le Gaulois:
Sauvons les enfants 1
En démoralisant l'enfant, on prépare un ave-
nir qui est, pour les bons Français, un sujet de
graves appréhensions.
C'est la France de demain qui s'élabore dans
les écoles officielles, et tous ceux qui aiment la
patrie doivent se montrer soucieux d'épargner
a nos successeurs les hontes que nous avons
subies, les maux que nous avons soufferts. Mais
il ne suffit pas de condamner les mauvais livres
et, comme l'écrit fort justement Mgr de Cabriè-
res, « le danger le plus redoutable réside dans
les intentions de ceux qui emploient ces livres».
La résistance à l'enseignement d'Etat ne sau-
rait donc suflire; il faut aussi comb.attre ceux
qui le donnent et ceux qui l'imposent.
Le Soleil, de M. Ernest Renauld
Les sectaires
Leur but est clair ils veulent obliger les fu-
turs médecins à déserter les facultés catholiques
pour les facultés do l'Etat, et cette obligation,
ils l'imposent à la maladie elle-même.
Si vous tenez compte que .os g-ens-là ont tou-
jours à la bouche les mots de liberté et d'éga-
lité devant ta loi, vous arriverez rapidement à
conclure que nous sommes gouvernés par une
jolie collection de mufles.
ÉCHOS & NOUVELLES
Le Nouvelliste de Lyon
On annonce que M, Magnicr, vicaire général
du diocèse d'Auxerre serait nommé évoque do
Verdun. <
Le Journal
De Berlin.
Depuis quelques jours, l'ingénieur Grade avait
décidé de tenter, pour sa satisfaction person-
nelle, une sortie de longue durée, et cela avant
la fln de l'année. L'aviateur aurait pu ainsi se
rendre compte de ce qu'aurait été son classe-
ment éventuel pour le prix Michelin.
C'est hier que l'essai eut lieu. Après vingt-
sept tours accomplis au-dessus du terrain de
Borck, avec une "grande régularité, Grade, se
rapprocha, voulant, comme il le dit ensuite, «
volor la Farman ».
Mal lui en prit, car son monoplan toucha
terre, bascula, et l'extrémité de l'aile droito la-
bourant pi'Ql'oudénieut le sol, il capota coui]/l
E. Dupuy,
D'Autun.
ment. Grad« s'en tire avec, à. la jambe, une
blessure insignifiante; mais l'appareil est assez
sérieusement endommagé. Il sera réparé cepen-
dant pour être expédiera à Héliopolie, où l'avia-
teur allemand s'est engagé à concourir dans les
premiers jours de février.
De Bordeaux.
•t M. Merleaux-Ponty, gouverneur général de
l'Afrique occidentale, est arrivé ici. Il retourno
à son poste et a ce soir, le Sud-Express
pour rejoindre, à Lisbonne, le paquebot Chili,
Au sujet' de la Mauritanie, Il déclare que les
opérations militaires sont virtuellement termi-
nées le prochain paquebot ramènera en Franco
le colonel Gouraud, auquel succède, comme1
commissaire-général en Mauritanie, le lieute-
nant-colonel Patey.
Au sujet de la Côte-d'Ivoire, il estime que les
nouvelles publiées sont trop pessimistes.
Il convient d'occuper le pays de façon à arri-
ver à la tranquillité parfaite. Les postes ;ï éta-
blir étendront lentement leur action autour d'eux
et ainsi nous "nous trouverons bientôt en mesure
d'empêcher tout mouvement hostile. La colonie
est riche, de grand avenir et il faut .que rien
n'entrave son essor économique.
Paris-Journal
Un certain nombre d'amis et d'admirateurs
do Camille Flammarion avaient fait des dé-
marches pour qu'il fùt promu officier de la
Légion d'honneur.
Le célèbre astronome n'a pas dû, dit notre
confrère,' encourager bien fort ses amis, car,
il n'y a pas bien longtemps, il répondait à un
collaborateur de Paris-Journal qui l'interro-
geait au sujet d'une proposition de suppres-
sion de la Légion d'honneur, par une lettre
où il écrivait entre autres choses
Les décorations me ,paraissent des hochets
d'une^vanité puérile, indignes d'hommes d'àgo
mûr, h peine excusables pour les enfants et les
adolescents. Je suis donc partisan do la sup-
pression de tous les rubans, rouge?, violets, verts
ou autres.
Le Petit Journal
De Lyon.
Ce soir à dix heures un drame s'est produit
au café chantant du XIX" siècle.
Tandis qu'une artiste commençait uno ro-
mance, on entendait le bruit de deux détona-
tion*.
C'était M. Dcscots, marié depuis sept mois
avec une demoiselle Nicolas ot marchand do
chiffons en gros, qui venait de tirer sur sa belle-
sœur, âgée de vingt-six ans, institutrice.
Le meurtrier s-'e fit ensuite justice. Il est dans
le coma; il ne passera pas la nuit. Sa victime a
été dangereusement atteinte par un projectile.
Quel est le mobile, du crime? L'alcoolisme, di-
sent les uns l'amour, affirment les autres.
L'edelweiss protégé.
De Munich.
L'edelweiss, cette étrange et belle fleur des
Alpes, finirait par disparaître certains alpi-
listes la recherchent avec trop d'ardeur, et au lieu
de cueillir délicatement la fleur, arrachent la
plante.
Le gouvernement bavarois s'est donc vu dans
la nécessilo de prendre des mesures' spéciales
pour empêcher la destruction de l'edelyeiss.
Une ordonnance entrée en vigueur aujourd'hui
lev janvier prescrit qu'il faut avoir une permis-
sion spéciale pour cueillir cette fleur. Mémo un
propriétaire qui voudrait en prendre sur son
propre terrain devra se faire délivrer une au-
torisation spéciale.
Le Petit Parisien
De Rome
M. Rava, ancien ministre des beaux-arts dans
le cabinet Giolitti, confirme qu'il avait proposé,
an conseil des ministres, d'acheter le palais
Far n ose.
Je fis cette proposition, dit-il, lorsque la
Sénat français eut écarté une première fois lo
projet d'achat par la France. Je voulais empê-
cher le palais de devenir une propriété particu-
lière, même aux mains d'un Italien, qui eût pu
lui enlever son caractère historique.
Le Conseil approuva ma proposition puis
vint le rapport de la commission juridique, sur
les conclusions duquel signification fut faite
aux propriétaires du palais que toute vente ;'i
un tiers serait nulle. Depuis que cette significa-
tion fut approuvée en Conseil des ministres, le
cabinet cessa de s'occuper de la question.
La Petite République:
Le crime de Brunoy.
Hier, une arrestation a été opérée à Versailles.
Nous avons pu savoir qu'il s'agit d'un individu
de nationalité italienne, que M. Vidal, commis-
saire spécial de Versailles, a cueilli à la descento
j d'un train du matin.
Il aurait commis certaines imprudences de
langage qui permettraient de le croire singulié-
rainent informé au sujet de la mort do "Mme
Goiiin. Aussi M Vidal aurait-il pris une foule de
précautions pour que sa capture ne s'ébruitât
pas et tout ce qu'il fut possible d'en apprendre
après qu'il eût rédigé et expédié à Paris son
rapport, c'est que l'individu en question diva.yuo
et qu'aucune importance ne saurait être atta-
chée aux propos qu'il a pu tenir.
Il ne semble pas que là soit encore la solu-
tion du mystère.
,iw.
NOTRE PRIME
Le "Figaro de la Jeunesse
qui a obtenu un si grand succès dans le
public, avec lo numéro spécial que nous
a wons I17i8 C11 VCIliC /~n2o~s6~e~j/a/'a/-
tra régulièrement deux fois par mois, Itï
second <>t lo Quatrième jeudi, à partir de
janvier
Nous aurons lo plaisir de l'offrir gratui-
tement, en prime, à tous nos abonnés d'un
an, quelle que soit la dato d'échéance do
leur abonnement ou de leur renouvelle-
ment d'abonnement.
Tous nos abonnés anciens ou nouveaux
recevront donc gratui-
tement,
le « FIGARO DE LA. JEUNESSE »
LA JOURNÉE
jjjn. JUU~M&&
Anniversaires S. A. I. l'archiduchesse Ro
née d'Autriche. S. A. S. la princesse Kli-
sabeth Reuss-Kôstritz. S. A. le prince
Constantin-Constantinovitch de Russie.
Infopgiations
« A nos gloires coloniales. »
M. Briand, président du Conseil des
ministres, vient d'accepter la présidence
du Comité d'honneur du monument « A
nos gloires coloniales ».
Cet le oeuvre éminemment patriotique
est placée sous le haut patronage de
Emile Loubet, de tous les, membres
du gouvernement et de plus de cinq
cents personnalités du monde colonial,
militaire, politique et scientifique.
De plus, près de deux cents associa-,
tions ont adhéré à cette œuvre de répa-
ration qui rappellera aux générations
futures l'héroïsme de tous les valeureux
Français, qui, « au prix de leur vie », ont
fait la France plus grande et plus forte,
et qui journellement encore, sous tous
les climats, succombent en portant loin,
le grand renom de la France.
La chapelle Napoléon `
Le général Niox, directeur du musée
de l'Armée, vient d'ouvrir au public la
a chapelle Napoléon», où seront expo-
sés tous les souvenirs funéraires de
l'Empereur qu'en dehors de son tom-
beau possède l'hôtel des Invalides.
La salle des uniformes étrangers,'
quoique incomplète, va être également
ouverte aux visiteurs, ainsi que les salles
(l'iiruiui'ei, cnlièromont remaniées.
Jean de Paris. `
w
our l'escl§vaRe., Le prince Jtp..savait,
);J,C?qr:. l'êÇ,V~f(., o,,ris, âte'u'r* 1, ("À,Ore- -6'
"Bien", 1ùî," le" temporisateur j que la Corée
était pourrie, inguérissable; qu'elle vien-
drait d'elle-même au-devant du carcan
qu'il suffirait de se baisser pour en ra-
masser les morceaux. Aôoilà pourquoi il
était contre les mesures excessives qui
aliènent les sympathies du dehors' et
provoquent inutilement- les révoltes au-
dedâns. Sa mort ayant été l'occasion
d'un accès général de lâcheté et de pol-
tronnerie sans:nom, a montré qu'il avait
raison là Corée achève de se disloquer
v d'elle-même, Elle justifie, par consé-
quent, l'acte d'annexion qui ne peut plus
tarder.
Je n'en tirerai point la preuve des mil-
liers d'articles écrits sur cette question,
par des journalistes plus ou moins avi-
,sés et par des politiciens/ plus ou moins
impérialistes. Je ne citerai que l'opinion
d'un .homme qui joua uïi..gTand rôle lors
de l'acte de protectorat, et qui repré-
sente évidemment la note officieuse voi-
sine de la pensée gouvernementale.
Dans le jiji Shimpti du 10 décembre,
vjoici.àpeu près comment s'exprime le
comte Hayashi, prédécesseur du comte
Komura, aux affaires étrangères.
'« Le parti ll-chin-hoi nous a offert la
Corée et a supplié son Empereur de
consentir à l'annexion, Quel que soit le
mobile auquel on doive une pareille pro-
position, que les Coréens en soient, oui
ou non, les promoteurs, la question elle-
même' de l'annexion de la Corée au
Japon vaut la peine d'être étudiée. de
près.
» Dans l'histoire ^contemporaine, les
exemples d'annexion nè.manquent pas.
La Prusse s'est'- adjugé le Hanovre,
Nassau, la ville libite de Franclort-sur-
iè-Mein; l'Angleterre a pris la Birmanie,
la République d'Oiange, les Etats du
Sud-Afrique; la France a annexé Mada-
gascar, après, en avoir triomphé, il est
vrai, par les armes.; D'autre part, l'Au-
triche, sans consulter ses ço-signalaires
du traité de Berlin, i mis la main défini-
tive sur la Bosnié et l'Herzégovine. Mais
l'exemple le plus à\d hoc est celui des
Etats-Unis d'Amérique annexant les îles
Hawaï en 1897.
» Dès la troisième année de Bunsei, les
Américains avaientenvoyé un représen-
tant aux îles Hawaï et avaient reconnu
l'absolue indépendance de l'archipel.
Depuis lors, cependant, ils ne perdirent
jamais une occasion de déclarer qu'à
cause du voisinage de la côte califor-
nienne, aucune autre nation ne devait
être autorisée à se mêler des affaires
d'Hawaii, qu'à la moindre intervention
d'une 'tierce puissance, les Etats-Unis
devaient mettre en avant leur drbit de
suzeraineté.
» Plus tard, la première année de l'ère
d'Ausei, 1854, ils entamèrent avec le Roi
alors régnant des pourparlers en vue de
l'annexion. etc. »
Le comte Hayashi raconte ensuite,
par le menu, la série des faits qui abou-
tit à l'annexion pure et simple. Puis il
s'écrie
« Que sont les relations des Elats-
Unis avec Hawaï, comparées aux rap-
ports étroits du Japon avec la Cor5e ?
Sans parler de l'histoire ancienne,'de-
puis la restauration impériale on ne
compte plus les tçjrts importants que
nous a causés la conduite intérieure de
kî-'Cûvée- Et-ûnalèmejit, c'est, eucoiî;à
son sujet qiie'tious avons été poussera
faire deux guerres; terribles, où ncus
avons prodigué, notre or et le sangde
nos enfants. Malgré tout, la Corée ne
s'amende pas; intérieurement elle ist
toujours en ébulliiion elle ne cesse
d'attenter à la viejde nos compatriotes;
pour garantir la sécurité du eommerie
et de la vie des {nôtres, nous sonamw
obligés de dépenser des sommes colos-
salés. Si bien que le jour où nous serots
amenés à l'annexpr pour faire cesser ci t
état de choses, !je ne vois pas quelb
opposition pourraient y faire les tierce
puissances. ̃
» Il arrive pourtant que, sans en avop
aucun droit, pour des raisons de pré
tendu' équilibre ou d'intérêt, des puisi
sanees protestent parfois contre une an
nexion.
r » En Corée, où nous avons déjà entre
nos mains la direction des affaires inté-
rieures et extérieures, l'administration
de la justice, etc, le fait de l'annexions
ne peut porter' iiucuii préjudice à per-
sonne. 11 nousî permettrait simplement
de compléter ncs réformes et d amélio-
rer le sort de cepays.
» Donc, en driit, nous n'avons pas à
craindre l'inteii'ention de qui que ce;
soit. D'après le; principes du droit in-
ternational, l'opposition d'un tiers serait
ici sans valeur, jt le bien ou le'mal fondé
de cet acte déiliitif n'a rien à voir au
consentement di au refus des tierces
puissances. »
Pour le coimV Hayashi, c'est une ques-
tion de finances qu'il faut considérer
avant de procéler à l'annexion. Oui ou
non, y aurait-il un profit quelconque à
l'opérer? Bien Ui tendu, il faudrait faire
un sort royal. àia famille royale; il fau-
drait assurer dtsérieux avantages à tous
ces Yang-bars qui détiennent tour à
le pouvoir, il {finirait enfin étendre les
rouages de l'ackanistration, de 1/ïnstruc-
tion, de,la just.be et de la police, jusqu'à
ce que les Gorens fussent habitués au
nouveau régiirç. Et cela -coûterait cher.
Cependant, le vieux diplomate estime
que les finances coréennes, une fois ré-
formées et mits sur un bon pied, peu-
vent largement faire face à toutes ces
exigences.
Un de ces (uatre matins, lorsque la
« Banque d'Eat de Corée », devenue
une filiale de la Banque du Japon de-
puis quelques semaines, nous apportera
un bilan merveilleux dans lequel les re-
cettes dépassiront les dépenses (ce qui
n'est pas arrivi depuis le déluge, je sup*-
pose),' nous pourrons nous attendre à -i
un dernier pett coup d'Etat, la déposî-
tion du Roi eii'annexion de la Corée au
Japon. I
De quel drdt accuserait-on le Japon? `t
En cela, eompe en bien d'autres cho-
ses, il se m,o|tre un élève docile et un
merveilleux imitateur des exemples
qu'on lui a damés un de ses diploma-
tes vient de nous le dire l'Amérique
surtout aurai mauvaise grâce à se fâ-
cher.
J.-C. Balet.
̃•̃̃̃•AVIS DIVEBS
Splendeur LifjaxK du visage, du cou, dos
épaufos et cite bras par le Véritable Lait de
f Kinon. Par/ 'Xirwm, 31, rue du 4-Septembre.
Maux do' goTao~ Kxtinotion de voix Aphte; r
GARGARISME SEC DU Dc WILLIAMS
PHARMACIlf XORMALE, i
> Le&DeCQrêifM fe Jiïnirîéï
MINISTÈRE ̃̃̃
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
OFFICIER
Henri de REGKIER. Un grand garçon, mer-
veilleusement distingué, au-point d'ayoirl'air
un peu froid mais, en même temps, une sen-
sibilité très fine et qui a trouvé, pour se révé-
ler, l'art le plus délicat, le plus subtil.
Poète, romancier maintenant critique dra-
matique, en outre, au Journal des Débats, où
il continue la belle lignée des J.-J. Weiss,
des Jules Lemaître et des Emile Faguet. De
toutes manières et dans toutes les manifesta-
tions de son talent si original et si varié, un
admirable écrivain, très attentif à observer
les excellentes traditions de la langue et de
la littérature françaises.
Il est audacieux et classique. Poète, il a été
l'un des maîtres du symbolisme et les plus
sévères approuvent ses hardiesses qu'un goût
parfait contrôle. Ses romans, nombreux et
divers, évoquent les uns l'ancienne France et
les autres la vie contemporaine, avec une
exquise justesse. Et le critique a les sévérités
et les indulgences d'un grand lettré.
Entre tant de qualités éminentes qui ren-
dent son œuvre précieuse, exemplaire même,
il faut citer le vif amour qu'a cet artiste pour
son art. Il n'écrit pas pour établir des doc-
trines et, .comme on dit, pour agir sur son
temps, mais p.our le plaisir, pour le simple
et délicieux amusement de la littérature
quel courage, à cette époque-ci, et quelle
bonne idée
CHEVALIERS
Silvain LEVI. « Professeur au Collège de
France, vingt-quatre ans de services », dit
l'Officiel. L'Officiel ne mentionne que la du-
rée des services du nouveau légionnaire. Il
n'en signale point la qualité. C'eût été pour-
tant une biographie intéressante à rédiger
en dix lignes que celle de ce professeur qui
se trouve être, à quarante-cinq ans, l'un des
«. anciens » du Collège de France.
Ancien élève et élève favori de Berg-aigne,
M. Silvain Lévi venait occuper au Collège de
France la chaire de sanscrit, à un âge où
d'autres sont encore étudiants, et tout de
suite s'y affirmait le digne successeur de son
maître.
Bagage scientifique considérable. Chargé,
il y a quelques années, d'une mission d'études
par le ministére de l'instruction publique, a
rapporté d'une exploration courageusement
entreprise à travers certaines régions fermées
de l'Asie, un véritable trésor de documents
auxquels nous devons aujourd'hui une con-
naissance beaucoup plus profonde et plus
sûre de l'Inde antique,, de sa littérature, de
sa civilisation. Son Théâtre 'indien est un
chef-d'œuvre.
Esprit original, de culture charmante, ou-
vert à toutes les idées neuves (quoique la
science qu'il pratique le tienne singulière-
ment éloigné de nous !). Le type de l'érudit
modeste et souriant, qui fait aimer l'érudi-
tion. Tant d'autres là font craindre 1
M. SURAND. S'est conquis, depuis longtemps,
aux Salons annuels, une place très distinguée
comme peintre d'histoire et comme peintre
d'animaux. Comme tous les peintres d'histoire
il a été tenté par le fameux « défilé de la
Hache » de Salammtô et son tableau, où il
a convenablement rendu l'horreur de l'épi-
sode et le pelage des fauves, a été un des
meilleurs de ceux auxquels de nombreux ar-
tistes se sont essayés. A certainement fait
aussi dévorer quelques martyrs chrétiens par
des lions, ou par des tigres, car c'est le
tigre et le lion qui exercent sur ce vigoureux
et consciencieux peintre une attraction parti-
culière.
M. Joseph BERNARD. Un jeune sculpteur de
grand et original talent, qui n'a jamais, ou pour
ainsi dire jamais exposé dans les grandes
réunions officielles. Le succès lui est venu
d'un petit nombre, en deux eu trois expositions
à la galerie de M. A. A. Hébrard, qui l'a
réellement découvert. On a pu apprécier, en
ce lieu choisi, la grandeur de style de M. Jo-
seph Bernard, son imagination plastique très
remarquable, excellant â suggérer tantôt
l'idée de sérénité majestueuse, tantôt celle
d'inquiétude et d'effroi, le tout par des lignes
robustes et sereines et par des volumes ro-
bustement équilibrés. L'artiste est aussi ha-
bile aquarelliste, et ses essais en ce genre
sont de belles et puissantes réminiscences de
l'antique.
M. Louis ANQUETIN. Voilà déjà longtemps
que ce vaillant et personnel peintre est, on
peut le dire, sur la brèche, car ses œuvres,
sans que ce fût chez lui un parti pris, ont pris
rang. d'oeuvres de combat. Débuta, il y a une
vingtaine d'années, au sortir de l'atelier Cor-
mon, où il demeura peu. Tout de suite Louis
Anquetin s'affirma comme peintre de la femme
moderne, et il n'eût tenu qu'à lui de se spé-
cialiser dans ce genre et d'y acquérir beau-
coup de réputation et d'argent. Mais il s'avisa
soudain qu'il fallait savoir. Et alors com-
mença, une période de labeur acharné où M.
Anquetin étudia à fond l'anatomie, la pers-
pective, la technique des maîtres anciens,
toutes choses qui ne sont pas de mode dans
tous les ateliers. Cette évolution le conduisit
à modifier sa manière et à changer ses visées.
Il devint un des décorateurs les plus brillants
et les plus entraînants. Une de ses meilleu-
res œuvres de peinture pure fut cette tumul-
tueuse Bataille, qui fit sensation à un Salon
du « Champs de Mars ». Signe particulier
Louis Anquetin est un fanatique du sport
hibpieuieet monte à cheval comme Rubens.
ïràit amusant de la promotion une des
Iplus belles peintures d' Anquetin est précisé-
ment un portrait de Gémier, décoré en même
temps que. lui.
M. HUSSON. C'est une distinction accordée
k l'art décoratif, mais en la personne d'un
les bons et raffinés artisans de ce temps-ci.
SI. Husson est un des plus habiles artistes
lu métal. Il excelle à incruster le bronze de
lélicatcs arabesques d'argent et d'or, et ses
i.rrmes sont élégantes sans mièvrerie. A
rouvô également de très remarquables appli-
«ations des arts du métal à la décoration 'du
aeuble.
M. Edouard SARRADIN. Critique artistique et
ourriéristc théâtral du journal des Débats,
jpprëcié pour la forme courtoise et l'esprit
julicieux de ses comptes rendus, ne compte
dins la presse que des amis. Est le gendre
di maître suédois Osterlind, et Mme Sarradin
est elle-même une artiste peintre des plus
distinguées, au, talent plein de délicatesse et
d( fraîcheur.
MNISTÈRE DES TRAVAUX PUBLICS
CHEVALIERS
1. WILHELM. Ingénieur ordinaire des ponts
et ïhaussecs, est attaché depuis le mois de
juilet 1892 au service ordinaire du dèparte-
mejts des Hautes-Alpes, 'où il remplit depuis
févier 1904 les fonctions dlingénieur en chef.
A fut de nombreuses études de. barrages-ré-
ser-oirs dans le bassin de hj. Durance et du
Hatt-Drac et â inventé un système d'écluse à
grai de chute en ciment armé à faible consom-
maton d'eau qui a obtenu une mention hono- 1
rabfc au concours international de -Vienne.
M. "Vilhelm, qui est un des fonctionnaires les
plus distinguée du corps des ponts et chaus- £
sées compte vingt-deux ans de services.
M.VIRARD. Ingénieur ordinaire des ponts et
chassées à Limoges. Successivement em- ]
ployi secondaire, conducteur, puis ingénieur ]
auxilaire, il s'est spécialisé dans les cons- <
tructons de chemin de fer. C'est lui qui a,
notamment dirigé les travaux du grand via- ]
duc tes Fades, sur la ligne de Saint-Eloy i
à Pawiat. Cet ouvrage, tout à fait exception- <
nel, -st d'une hardiesse étonnante. Il com- 1
porte trois travées métalliques reposant sur
deuspiles creuses en maçonnerie de 92. mè- £
tres de hauteur. La travée centrale a 144
raètrsi i'euYcrture.. Ce travail d'art fait le ï
p!\jstgç4pcl. honneur à. l.'ingém'eur..éinineiit,gni,.
l'a conçu et qui en a assumé îa directioti.
M. DE NOELL. Sous-ingénieur des ponts et
,'qhaussées à La Tour de Carolles (Pyrènées-
Orientales). A été chargé l'année dernière de
l'intérini des fonctions d'ingénieur ordinaire à
Prades. Comme chef de section, il a eu à exé-
cuter de très importants travaux de chemins
de fer. A ç té blessé grièvement, lors de l'ac-
cident survenu, à l'automne dernier, sur la li-
gne de Cerdagne, après les essais du pont
Quelard. M. de Noell compte trente et un ans
de services.
M. THEVENET. Membre du comité de conten-
tieux au ministère des travaux publics. Licencié
és-lettres, docteur en droit, avocat à la Cour
d'appel: il a été chef de cabinet du sous-
secrétaire d'Etat au ministère de l'agriculture
et du commerce. Ancien secrétaire de la Confé-
rence des avocats, il collabora avec distinc-
tion'aux travaux du Comité de contentieux et
d'études juridiques au ministère des travaux
publics.
M. FARALICQ. Inspecteur commercial attaché
au service central de la Compagnie P.-L.-M.,
président de l'Association fraternelle des em-
ployés et ouvriers des chemins de fer fran-
çais. A été délégué de la Compagnie P.-L.-M.
aux conférences internationales de Christiana
en 1905 et de Berlin en 1906, pour le trans-
port des voyageurs. Mutualiste éminent il a
rendu de signalés services à l'association
qu'il préside avec un dévouement absolu et
une remarquable compétence.
POSTES ET TÉLÉGRAPHES
.'•r, i:, ̃ officier-
M. SERRES, receveur principal des postes et
des télégraphes de la Seine. Esprit très ouvert'
plein d'initiative et d"eritrain, M. Serres a bril-
lamment occupé tous les postes que l'Admi-
nistration lui a confiés. If s'est distingué par-
ticulièrement dans les fonctions importantes
qu'il occupe depuis 1905, à la tête de la re-
cette principale de la Seine, service qui com-
porte un personnel de plus de 4,000 agents et
sous-agents et dont le mouvement de fonds
annuel dépasse un milliard.
M. Serres se consacre, avec une grande
activité, depuis de nombreuses années, comme
président ou comme membre, à beaucoup
d'œuvres mutualistes professionnelles. Il est
titulaire de la médaille d'or dé la Mutualité.
CHEVALIERS
M. MILON. Ingénieur ordinaire de 20 classe
des postes et télégraphes. Assuma la direc-
tion des travaux pour la pose du câble de
Brest à Dakar, en 1904, et fut chargé de
contrôler celle du câble de Saïgon-Pontianalo
Tamatave-Réunion-Maurice, en 1906. Enfin,
M. Milon présida, l'année dernière, au réta-
blissement des. communications téléphoniques
à la suite de l'incendie du bureau central de
Gutenberg. Ce travail considérable, qui in-
téressait dix-huit mille abonnés, fut accompli
en doux mois et demi. M. Milon compte
neuf ans de services militaires et'civils.
JH..SUSS. Médecin de l'administration des
postes et télégraphes à Paris. Ancien interne
des hôpitaux, lauréat de l'Académie de mé-
decine il obtint en 1886 le prix Saint-Paul
qui couronnait le meilleur ouvrage sur la
diphtérie. Professeur à l'Union des Femmes
de France, ancien président du Conseil géné-
ral des Sociétés médicales de Paris, M. Suss
compte vingt-six ans de services distingués.
~I^J J^J .nr
LES OFFICIERS SAVANTS
La crise que traverse en ce moment
l'aérostation militaire soulève une autre
question, également grave au point de
vue du bon renom et de la force de notre
armée nationafe. Cette question est celle
des « officiers savants ». '̃ ?
Carnous avons des « officiers savants ».
Nous avons dans nos corps spéciaux du
génie militaire, de l'artillerie, dans le
corps des officiers de vaisseau, des
hommes qui s'adonnent aux recherches
scientifiques, et aux recherches les plus
désintéressées. Ils ne retirent aucun
profit matériel de leurs travaux; ils n'en
attendent nul bénéfice ce qu'ils décou-
vrent va à l'Etat, et c'est lui .qui leur doit
la récompense de leurs nobles efforts.
Or cette récompense n'est jamais ac-
cordée les officiers qui se consacrent
au travail n'ont à espérer ni l'argent, ni
l'honneur. On les laisse dans des situa-
tions médiocres et ils avancent moins
vite que les autres, alors que c'est le
contraire qui devrait avoir lieu.
On n'est pas loin, en effet, dans nos
milieux militaires, de considérer l'offi-
cier travailleur comme un « embus-
qué » on estime qu'en se consacrant à
des recherches scientifiques- dont le but
final est, en somme, le perfectionnement
de notre armement ou de l'outillage
technique de nos corps 'combattants, il
s'est « démilitarisé ». Aussi les commis-
sions de classement le traitent-ils en
conséquence. Pour lui, pas d'avance-
ment de grade, aucune perspective, d'a-
venir et cependant il lui est interdit de
tirer profit de ses découvertes. L'Etat
s'en sert et ne lui dit même pas merci.
Ont-ils donc démérité, ces chercheurs?
Sont-ils réellement des embusqués qui
cherchent à « tirer au flanc » ? Non,
certes. Ils mènent une vie de travail
dont nous n'avons pas souvent l'idée.
Ils prennent sur les loisirs que leur laisse
le service le temps nécessaire à leurs
travaux, et c'est au prix de veilles fati- j
gantes qu'ils mènent à bien les concep-
tions de leur cerveau. Ils savent, cepen-
dantfon l'a dit tout haut à l'occasion des
funérailles des héros de l'aéronat Repu-
blique) qu'il leur faut renoncer à tout
.avancement {!). Mais si grand est chez
eux le double culte de la science et de la
patrie qu'ils n'hésitent pas: Ils savent
que la satisfaction intime d'avoir créé
quelque chose, d'avoir augmenté la puis-
sance offensive et défensive de nos ar-
mées sera leur seule récompense elle
suffit à ces nobles cœurs et à ces grands
esprits.
Ce ne sont pas -.là des imaginations,
mais des faits. Je me garderai de citer
des noms d'officiers vivants leur avenir
n'en pourrait assurément pas souffrir
plus qu'il ne souffre de leur science
même, mais leur patriotique modestie
en serait froissée. Non. Je citerai les
noms de morts, et de morts illustres;
et, en rappelant, d'une part, ce qu'ils
firent, d'autre part, ce qu'ils obtinrent j ]
comme récompense, j'aurai mieux dé-
montré ce que je désire prouver.
L'un des plus glorieux fut, sans con-
tredit, Laussedat. Capitaine de génie en
i852, il voit naître la découverte de Da- ]
guerre il pense aussitôt à l'utiliser au ¡
mieux de la défense du pays, et il dote ¡
l'armée française et la science géogra-
phique de cette admirable méthode de la (
photo-topographie qui permet le levé 1
exact et rapide des places. Vous croyez <
peut-être que le génie militaire se jeta sur ]
la nouvelle découverte pour l'utiliser au <
mieux des intérêts de l'armée ? Point. On i
fit tout, au contraire, pour la mettre sous ]
l'étcignoir. En vain des officiers distin- 1
gués comme Javary (retraité comme i
simple commandant) s'efforcèrent d'en, j ]
faire ressortir la valeur pë fut peine
vuer-due*. Ev,penda.nt. ce 4,em:p*, l'étranger,
adoptait la métlïode; les états-majors
européens se l'assimilaient, et en 187-0,
c'est par les procédés de la photo-topo-
graphie méconnue chez nous que les
Allemands faisaientles levés nécessaires
aux sièges de Strasbourg et de Paris
Laussedat, qui dans tout autre pays
militaire fût arrivé aux plus grands
honneurs et aux grades les plus hauts,
fut retraité comme colonel. Encore fut-
ce avec peine qu'on lui accorda, avant
de lui « fendre l'oreille son cinquième
galon d'or. Et pourtant sa valeur fut
consacrée, mais plus tard il devint, en
effet, membre de l'Académie des scien-
ces et directeur du Conservatoire des
arts et métiers, trouvant. dans la vie
civile les honneurs que lui avait refusés
injustement l'administration militaire.
Et Goulier le créateur de la topogra-
phie, l'inventeur de tant d'admirables
instruments, et de si ingénieuses et pré-
cises méthodes l'homme à l'école de
qui se sont formés nos topographes du
génie et de l'artillerie, l'homme qui a
créé les traditions qui sont l'honneur de
l'enseignement de nos écoles de Metz et
de Fontainebleau, et qui, d'une chose
qui était un « art » a su faire une vérita-
ble science Retraité. lui aussi, comme
colonel, et bien juste. Comme colonel
aussi, dut se retirer Mangin, ce savant
officier du génie qui inventa les appa-
reils de télégraphie optique et les pro-
jecteurs lumineux qui permettent à nos
forteresses et à nos cuirassés de déceler
dans les ténèbres les attaques sournoises
de l'ennemi. Cependant il avait reçu des
« blessures'de guerre», l'illustre" Man-
gin ses travaux sur les projecteurs lui
coûtèrent un oeil ses travaux sur les
ballons lui valurent deux fractures gra-
ves
Et enfin Charles Renard, le grand,
l'illustre Renard, le créateur incontesta-
ble et.incontesté de l'aéronautique mili-
taire, le conquérant de l'air qui, en 1885,
vint se promener en dirigeable au-dessus
de Paris, alors que pas un état-major
d'Europe ne pensait, même de loin, à la
navigation aérienne Il fut, tout comme
les autres, retraité péniblement comme
colonel, après avoir eu à subir les mille
tracasseries d'une administration qui
semblait vouloir lui faire payer chère-
ment son génie et ses découvertes, et sa
patriotique persévérance 1
Dans la marine, nous trouvons l'équi-
valent de ce qui se passe a terre. Le
commandant Guyou retraité tout juste
avec son cinquième galon, et cependant
membre de 1 Institut et du Bureau des
longitudes; le commandant de Bernar-
dières, membre du Bureau des longitn-
des le lieutenant de vaisseau Guissez,
dont les beaux travaux hydrographiques
n'avaient fait que retarder l'avance-
ment! J'en passe, et des meilleurs!
Il faut qu'un pareil état de choses
cesse, et cesse rapidement il y va de
l'honneur de notre armée. Il faut que
l'officier qui se consacre à l'étude dans
le but de perfectionner notre armement
sache qu'il sera récompensé pour cela et
non malgré cela. Il faut qu'un avance-
ment régulier, et susceptible de le me-
ner aussi loin que ses camarades «de
troupe», lui soit réservé, montrant ainsi
que la patrie, si elle est reconnaissante
à ceux qui manient son épée, n'est pas
ingrate à ceux qui en ont coulé l'acier et
trempé la lame. Il faut que cet avance-
ment reconnu et assuré donne à nos Bé-
nédictins militaires cette sécurité dans
le travail sans laquelle le travail même
devient impossible.
Car, cette sécurité nécessaire à la li-
berté de l'esprit, ils ne l'ont pas aujour-
d'hui. lis sont à la merci d'une décision
prise par un supérieur, insuffisamment
averti de la valeur de leurs recherches,
qui peut, du jour au lendemain, dépla-
cer un capitaine savant, sous prétexte
« qu'il en a plein le dos de ces embus-
qués », l'arracher à ses travaux et l'en-
voyer « commander une compagnie ».
De cette façon, il interrompt des recher-
ches utiles, et il met à la tête d'une
« unité » un officier qui la commandera
moins bien qu'un camarade ayant l'ha-
bitude acquise du commandement.
En particulier, il faut que le corps des
aérostiers militaires soit autonome, que
ses officiers avancent dans le corps lui-
même et puissent arriver aux étoiles s
sans être obligés d'en sortir, car s'ils en
sortent pour avancer, le corps perd le
bénéfice de la compétence technique que
leur carrière spécialisée leur y a fait
acquérir.
Un peu de reconnaissance, un peu
d'équité pour nos savants militaires,
voila ce que nous demandons; et que
l'on se persuade bien qu'à monter un
dirigeable ou un aéroplane, qu'à con-
duire des opérations topographiques ou
des missions géodésiques, on risque au-
tant sa peau qu'à être officier combat-
tant.
Les héros qui ont trouvé la mort dans
la catastrophe du dirigeable République,
ceux dont les corps sont restés là-bas,
dans les hauteurs de la Cordillère des
Andes, au cours de l'expédition géodési-
que de l'Equateur, et cent autres encore
en sont la glorieuse et funèbre démons-
tration.
Et si l'on met les mêmes lauriers sur
les tombes des morts, qu'on mette aussi
les mêmes insignes sur les uniformes
des vivants tous ne meurent pas, heu-
reusement, mais ce n'est pas toujours de
leur faute:
Alphonse Berget.
_vv^-
Un Pare national en Suisse
Depuis que l'on a accumulé en Suisse les
constructions cyolopéemiea, percé des tun-
nels, accroché, les funiculaires aux pentes
des montagnes, lancé dos ponts de fer au-
dessus des torrents et des ravins, la Suisse
âlait menacée d'un grave danger. Eilo ris-
quait de ne plus posséder sur toute la sur-
face de son territoire le moindre coin où fut
respectée la splendeur primitive et grandiose
:1e ses beautés naturelles.
Le Suisse s'est émue une commission
spéciale, placée sous la direction d'un savant
professeur de Bâle, le docteur Paul Sarasin,
1 été chargée de limiter les ravages causés
lûx paysages de l'Helvétie.
Parmi les mesures indiquées par cette
commission, il s'en trouve une d'un intérêt
;out particulier. Elle a pour but d'assurer,
lans une zone convenable, le développement
ibre de la flore et de la faune des Alpes, de
;réer.un parc national intangible, semblable
i celui dont s'enorgueillissent à juste titre
es Etats-Unis. Les admirateurs de la nature
f trouveront ainsi les régions alpestres avec
,oules les plantes et tous les animaux qu'elle
losyédait' auparavant.
Ce projet est d'ailleurs' sur lé point de r'e-
cevoir. ,son rexé.euti^n..d.aps Je- canton -do s Gri-
sons, c'est-à-dire l'un des plus pittoresques
cantons de la Suisse,, et l'un des rares où
l'on rencontre encore des ours.
Le futur « sanctuaire des plantes et des
animaux de l'Helvétie », comme on l'appelle
déjà, se trouvera. près de Zernetz, en Enga-
dine, dans les Alpes Rhétiques. On a choisi
le territoire de Pitz-Quaterval, auquel sort
d'entrée la sauvage vallée de la Clusza, do-
minée de toutes parts par des cïmes escar-
pées et couvertes de neige; et le Parc natio-
nal n'y aura pas moins de 22 kilomètres car-
ras de superficie, soit trois fois celle du bois
de Boulogne, Certes, ces dimensions sont de
beaucoup inférieures à celles do territoires
semblables dans les pays étrangers; mais,
par contre, peu d'entre eux présenteront un
spectacle d'une magnificence égale à celle de
ses forêts, de ses torrents pleins d'écume, de
ses petits lacs si calmes qu'encadre une flore
incomparable et que peuple une faune non
moins belle.
D'ailleurs, le docteur Paul Sarasin compte
faire davantage encore; il veut augmenter au
fur et à mesure des ressources qu'il aura à
sa disposition l'étendue de son domaine. Mais
ce ne sera qu'à force de temps et d'énergie
qu'il pourra compléter son œuvre.. Elle exige
pour sa réalisation, un effort financier assez
considérable, nécessité par l'établissement
des voies d'accès et des abris à l'usage des
touristes, et surtout par l'entretien et la
surveillance de tout ce qui fera sa beauté.
Mais la nation suisse n'est pas nation à
s'arrêter en chemin. Elle constituera son
Parc national, et il est probable même que
bien d'autres cantons suivront l'exemple do
celui des Grisons.
--wse.or
JOURNAU'X ~T R~VU~S
La bonne année
La bonne année, ce sera, paraît-il, celle
que voici.
Et, cette prophétie, douze mois suffi-
ront pour qu'elle soit exactement renou-
velée par de vaillants optimistes que
rien ne décourage. Ainsi dure ce monde,
voire ce régime.
M. Bérenger, dans l'Action, célèbre
déjà les élections prochaines il les de-
vine telles que les souhaite son cœur
anticlérical et radical il aperçoit une
majorité « compacte et puissante », qui
fera des réformes, qui résoudra les pro-
blèmes posés par la défunte année 1909.
M. Bérenger commence cette année-ci
avec une jeune confiance.
La Petite République est animée d'es-
poirs pareils. Jamais, dit-elle, période
électorale « ne s'annonça sous de meil-
leurs auspices ». Elle demande « pour-
quoi elle n'aurait pas confiance dans
1 avenir » ? et pourquoi elle « verrait tout
en noir » ?. Evidemment, si ce n'est
point dans son caractère Et félici-
tons-la d'être de bonne humeur.
Dans Y Aurore M. Gabriel Ghaigne
avoue que la dernière législature n'a pas
été bien magnifique il y eut « de l'indé-
cision»; et l'on n'a pas fait « grand'
chose». Qu'importe à M. Ghaigne? Il
sait que la nouvelle année arrangera
tout cela délicieusement. « Les élections
de mai, remarque-t-il avec entrain, se-
ront nettement républicaines ». Il n'en
faut pas davantage pour égayer l'Aurore
aux doigts de rose.
Et la Lanterne* M. Steeg compare le
1er janvier 1909 et le 1er janvier 1910.
L'année dernière, « de la boue, de la
brume, la bise et la pluie, la neige et la
rafale ». Les meilleurs républicains
« pataugeaient »; en outre, ils avaient
froid. Cette année, ah voici
Dans l'air calme et déblayé, réchauffé par
la tiédeur d'une sorte d'automne attardé ou
de printemps prématuré, ce décembre a fini
sa carrière. Phœbus même a daigné nous
sourire s'il s'est caché depuis, du moins
nous a-t-il donné de ses nouvelles. La terre
est nette, le sol ferme sous nos pas. Point de
spleen pesant sur l'âme comme un casque
de plomb. L'impatience d'agir nous anime,
aiguillonnée par le pressentiment d'une œu-
vre vaillante et féconde.
C'est un symbole; ce n'est rien qu'un
symbole, mais c'en est un.
Voilà, en ce premier janvier 1910, l'op-
timisme de nos maîtres. Et, bref, ils
n'avouent pas leur inquiétude.
André Beaunier.
1 ^i
La Presse de ce matin
-++-
LA POLITIQUE
lî Autorité, de M. Guy de Cassagnac:
Réflexions de nouvel an.
Tant que les hommes qui parlent, écrivent et
agissent n'auront pas affirmé par l'exemple qu'ils
sont capables de donner leur vie pour leurs
idées, ils ne seront ni écoutés, ni suivis.
Voilà ce dont il convient de nous persuader,
en cette aube de 1910, nous qui voulons être des
chefs
Le Gaulois:
Sauvons les enfants 1
En démoralisant l'enfant, on prépare un ave-
nir qui est, pour les bons Français, un sujet de
graves appréhensions.
C'est la France de demain qui s'élabore dans
les écoles officielles, et tous ceux qui aiment la
patrie doivent se montrer soucieux d'épargner
a nos successeurs les hontes que nous avons
subies, les maux que nous avons soufferts. Mais
il ne suffit pas de condamner les mauvais livres
et, comme l'écrit fort justement Mgr de Cabriè-
res, « le danger le plus redoutable réside dans
les intentions de ceux qui emploient ces livres».
La résistance à l'enseignement d'Etat ne sau-
rait donc suflire; il faut aussi comb.attre ceux
qui le donnent et ceux qui l'imposent.
Le Soleil, de M. Ernest Renauld
Les sectaires
Leur but est clair ils veulent obliger les fu-
turs médecins à déserter les facultés catholiques
pour les facultés do l'Etat, et cette obligation,
ils l'imposent à la maladie elle-même.
Si vous tenez compte que .os g-ens-là ont tou-
jours à la bouche les mots de liberté et d'éga-
lité devant ta loi, vous arriverez rapidement à
conclure que nous sommes gouvernés par une
jolie collection de mufles.
ÉCHOS & NOUVELLES
Le Nouvelliste de Lyon
On annonce que M, Magnicr, vicaire général
du diocèse d'Auxerre serait nommé évoque do
Verdun. <
Le Journal
De Berlin.
Depuis quelques jours, l'ingénieur Grade avait
décidé de tenter, pour sa satisfaction person-
nelle, une sortie de longue durée, et cela avant
la fln de l'année. L'aviateur aurait pu ainsi se
rendre compte de ce qu'aurait été son classe-
ment éventuel pour le prix Michelin.
C'est hier que l'essai eut lieu. Après vingt-
sept tours accomplis au-dessus du terrain de
Borck, avec une "grande régularité, Grade, se
rapprocha, voulant, comme il le dit ensuite, «
volor la Farman ».
Mal lui en prit, car son monoplan toucha
terre, bascula, et l'extrémité de l'aile droito la-
bourant pi'Ql'oudénieut le sol, il capota coui]/l
E. Dupuy,
D'Autun.
ment. Grad« s'en tire avec, à. la jambe, une
blessure insignifiante; mais l'appareil est assez
sérieusement endommagé. Il sera réparé cepen-
dant pour être expédiera à Héliopolie, où l'avia-
teur allemand s'est engagé à concourir dans les
premiers jours de février.
De Bordeaux.
•t M. Merleaux-Ponty, gouverneur général de
l'Afrique occidentale, est arrivé ici. Il retourno
à son poste et a ce soir, le Sud-Express
pour rejoindre, à Lisbonne, le paquebot Chili,
Au sujet' de la Mauritanie, Il déclare que les
opérations militaires sont virtuellement termi-
nées le prochain paquebot ramènera en Franco
le colonel Gouraud, auquel succède, comme1
commissaire-général en Mauritanie, le lieute-
nant-colonel Patey.
Au sujet de la Côte-d'Ivoire, il estime que les
nouvelles publiées sont trop pessimistes.
Il convient d'occuper le pays de façon à arri-
ver à la tranquillité parfaite. Les postes ;ï éta-
blir étendront lentement leur action autour d'eux
et ainsi nous "nous trouverons bientôt en mesure
d'empêcher tout mouvement hostile. La colonie
est riche, de grand avenir et il faut .que rien
n'entrave son essor économique.
Paris-Journal
Un certain nombre d'amis et d'admirateurs
do Camille Flammarion avaient fait des dé-
marches pour qu'il fùt promu officier de la
Légion d'honneur.
Le célèbre astronome n'a pas dû, dit notre
confrère,' encourager bien fort ses amis, car,
il n'y a pas bien longtemps, il répondait à un
collaborateur de Paris-Journal qui l'interro-
geait au sujet d'une proposition de suppres-
sion de la Légion d'honneur, par une lettre
où il écrivait entre autres choses
Les décorations me ,paraissent des hochets
d'une^vanité puérile, indignes d'hommes d'àgo
mûr, h peine excusables pour les enfants et les
adolescents. Je suis donc partisan do la sup-
pression de tous les rubans, rouge?, violets, verts
ou autres.
Le Petit Journal
De Lyon.
Ce soir à dix heures un drame s'est produit
au café chantant du XIX" siècle.
Tandis qu'une artiste commençait uno ro-
mance, on entendait le bruit de deux détona-
tion*.
C'était M. Dcscots, marié depuis sept mois
avec une demoiselle Nicolas ot marchand do
chiffons en gros, qui venait de tirer sur sa belle-
sœur, âgée de vingt-six ans, institutrice.
Le meurtrier s-'e fit ensuite justice. Il est dans
le coma; il ne passera pas la nuit. Sa victime a
été dangereusement atteinte par un projectile.
Quel est le mobile, du crime? L'alcoolisme, di-
sent les uns l'amour, affirment les autres.
L'edelweiss protégé.
De Munich.
L'edelweiss, cette étrange et belle fleur des
Alpes, finirait par disparaître certains alpi-
listes la recherchent avec trop d'ardeur, et au lieu
de cueillir délicatement la fleur, arrachent la
plante.
Le gouvernement bavarois s'est donc vu dans
la nécessilo de prendre des mesures' spéciales
pour empêcher la destruction de l'edelyeiss.
Une ordonnance entrée en vigueur aujourd'hui
lev janvier prescrit qu'il faut avoir une permis-
sion spéciale pour cueillir cette fleur. Mémo un
propriétaire qui voudrait en prendre sur son
propre terrain devra se faire délivrer une au-
torisation spéciale.
Le Petit Parisien
De Rome
M. Rava, ancien ministre des beaux-arts dans
le cabinet Giolitti, confirme qu'il avait proposé,
an conseil des ministres, d'acheter le palais
Far n ose.
Je fis cette proposition, dit-il, lorsque la
Sénat français eut écarté une première fois lo
projet d'achat par la France. Je voulais empê-
cher le palais de devenir une propriété particu-
lière, même aux mains d'un Italien, qui eût pu
lui enlever son caractère historique.
Le Conseil approuva ma proposition puis
vint le rapport de la commission juridique, sur
les conclusions duquel signification fut faite
aux propriétaires du palais que toute vente ;'i
un tiers serait nulle. Depuis que cette significa-
tion fut approuvée en Conseil des ministres, le
cabinet cessa de s'occuper de la question.
La Petite République:
Le crime de Brunoy.
Hier, une arrestation a été opérée à Versailles.
Nous avons pu savoir qu'il s'agit d'un individu
de nationalité italienne, que M. Vidal, commis-
saire spécial de Versailles, a cueilli à la descento
j d'un train du matin.
Il aurait commis certaines imprudences de
langage qui permettraient de le croire singulié-
rainent informé au sujet de la mort do "Mme
Goiiin. Aussi M Vidal aurait-il pris une foule de
précautions pour que sa capture ne s'ébruitât
pas et tout ce qu'il fut possible d'en apprendre
après qu'il eût rédigé et expédié à Paris son
rapport, c'est que l'individu en question diva.yuo
et qu'aucune importance ne saurait être atta-
chée aux propos qu'il a pu tenir.
Il ne semble pas que là soit encore la solu-
tion du mystère.
,iw.
NOTRE PRIME
Le "Figaro de la Jeunesse
qui a obtenu un si grand succès dans le
public, avec lo numéro spécial que nous
a wons I17i8 C11 VCIliC /~n2o~s6~e~j/a/'a/-
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LA JOURNÉE
jjjn. JUU~M&&
Anniversaires S. A. I. l'archiduchesse Ro
née d'Autriche. S. A. S. la princesse Kli-
sabeth Reuss-Kôstritz. S. A. le prince
Constantin-Constantinovitch de Russie.
Infopgiations
« A nos gloires coloniales. »
M. Briand, président du Conseil des
ministres, vient d'accepter la présidence
du Comité d'honneur du monument « A
nos gloires coloniales ».
Cet le oeuvre éminemment patriotique
est placée sous le haut patronage de
Emile Loubet, de tous les, membres
du gouvernement et de plus de cinq
cents personnalités du monde colonial,
militaire, politique et scientifique.
De plus, près de deux cents associa-,
tions ont adhéré à cette œuvre de répa-
ration qui rappellera aux générations
futures l'héroïsme de tous les valeureux
Français, qui, « au prix de leur vie », ont
fait la France plus grande et plus forte,
et qui journellement encore, sous tous
les climats, succombent en portant loin,
le grand renom de la France.
La chapelle Napoléon `
Le général Niox, directeur du musée
de l'Armée, vient d'ouvrir au public la
a chapelle Napoléon», où seront expo-
sés tous les souvenirs funéraires de
l'Empereur qu'en dehors de son tom-
beau possède l'hôtel des Invalides.
La salle des uniformes étrangers,'
quoique incomplète, va être également
ouverte aux visiteurs, ainsi que les salles
(l'iiruiui'ei, cnlièromont remaniées.
Jean de Paris. `
w
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