Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1909-10-15
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 15 octobre 1909 15 octobre 1909
Description : 1909/10/15 (Numéro 288). 1909/10/15 (Numéro 288).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k288612g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE 'FIOAJt&gdf -jgilWgDI ̃Wi^CTOWWB: AWï SJ
r" FIL C 1 AL! .}'i"¡'
j. VPAR FILJ SPÉCIAL» = ^at^F.
L'ATTRACTION ARCTIQUE
Au pôle Nord en dirigeable
Les échecs des expéditions aéronautiques
au pôle Nord n'ont pas découragé d'auda-
çieux explorateurs qui ont projeté d'employer
les dirigeables comme moyen de transport et
d'investigation.
Le dernier de ces projets est celui du pro-
fesseur Hergesell, de Berlin, qui a décidé de
se rendre au pôle Nord avec un Zeppelin.
"Vpici déjà plusieurs mois qu'il en parle, et,
comme son idée a paru dès le début chimé-
rique à beaucoup de personnes, il a entre-
pris de faire à son sujet un certain nombre
de conférences explicatives et démonstra-
tives.
Il vient de faire une de ces conférences,
hier soir, à la Société norvégienne d'aviation
à Christiania, en présence du roi Haakon,
qu'entourait un très nombreux public. Nan-
sen et Amunden se trouvaient parmi les au-
diteurs. .< <.
Le professeur Hergesell a tout d'abord ex-
pliqué que, contrairement à ce qui avait été
annoncé, l'expédition projetée n'était pas une
expédition prochaine. Elle ne pourra guère
avoir lieu avant deux ou trois ans, lorsque
le cortite Zeppelin sera parvenu ̃>– ce qu'il
croit fermement -"in -donner .£ sos dirigea-
bles uh"Tayon; d'action- de' 2,500 kiïwnètres,
leur'permettant de rester dans les airs trois
ou quatre jours sans atterrir.
A côté de cette condition d'exécution indis-
dispensable, mais réalisable, selon le confé-
rencier, s'en trouvent d'autres, accessoires,
qui rentrent plus spécialement dans la pré-
paration de l'expédition. Celles-ci vont être
étudiées de suite, et le prince Henri de
Prusse, qu'accompagnera le comte Zeppelin,
se rendra prochainement dans les régions
polaires dans ce but. Il établira une station
centrale dans la baie de Cross, au Spitzberg.
« Puis, dès 1911, a déclaré M. Hergesell, le
prince Henri 4o Prusse fera de longues tra-
versées- par delà les mers, en prenant pour
point, de départ notre station de la mer du
Nord. En 1912, nous comptons arriver au
Spitzberg avec deux dirigeables. Car, si l'un
d'eux se trouve en détresse par suite d'un
accident au moteur,, l'autre, averti par la té-
légraphie sans fil, pourra voler à son se-
cours. »
Le savant professeur a annoncé ensuite
que deux voyages aériens, ayant pour but
une exploration arctique scientifique, au-
raient lieu l'été prochain. Il a terminé son
intéressante conférence en répétant que le
projet d'atteindre le pôle en dirigeable n'a-
vait rien de chimérique, et que c'était une
grande œuvre entreprise avec le concours du
monde civilisé et, en particulier, de la Nor
vège.
Autour de la politique
r ~.c=--
Les mandats d'arrêt en blanc
Au cours d'une conférence tenue hier ma-
tin au ministère de l'intérieur, M. Briand,
président du Conseil, M. Barthou, garde des
sceaux et M. Lépine, préfet de police, ont
examiné et arrêté d'un commun accord les
mesures rendues nécessaires par les condi-
tions dans lesquelles certaines arrestations
ont t été. opérées récemment au bois de Bou-
logne.
Le président- du Conseil a donné au préfet
de police des instructions précises tendant à
ne faire opérer désormais des arrestations
par les agents des mœurs qu'en cas de fla-
grant délit.
De son côté, le ministre de la justice a en-
voyé aux procureurs généraux une circulaire
ayant pour objet de limiter à des cas excep-
tionnels l'usage de mandats en blanc et d'en
réglementer les conditions pour- prévenir les
abus et empêcher les arrestations arbitraires.
Voici le passage essentiel de cette circu-
laire
Je ne saurais donc trop appeler l'attention des
magistrats sur l'obligation impérieuse de ne dé-
livrer de pareils mandats qu'avec la plus ex-
trême circonspection, dans des circonstances
tout a fait exceptionnelles et en l'absence de
tout autre moyen d'assurer la découverte et l'ar-
restation des prévenus. Je peux citer, par exem-
plp, le cas d'un crime, lorsque l'on ne possède
qu'un vague signalement d'un meurtrier à peine
entr'aperçu, ou encore, le délit de chantage,
lorsque l'auteur, non encore connu, doit se pré-
senter à une date précise en un lieu déterminé.
JCn dehors de ces hypothèses ou de telles
autres analogues qu'ils sauront discerner, les
juges d'instruction ne perdront jamais de vue
qu un mandat « sans nom de personne ne doit
être décerné que lorsqu'il existe un signalement
suffisamment précis, portant non seulement sur
le costume, indice souvent peu caractéristique et
en tout cas essentiellement modifiable, mais en-
core et surtout sur le détail dos particularités
physiques de l'inculpé. Le mandat énoncera
également, si possible, l'indication des endroits
ou des recherches utiles peuvent ûtro effectuées,
l'adresse des personnes avec lesquelles l'inculpé
a des relations en un mot, l'ensemble, des cir-
constances de fait qui sont susceptibles de
mettre sur sa trace.
Ces précautions ne, sauraient être trop mul-
tipljées. Elles ont pour objet d'assurer .contre
les risques d'erreur la liberté im'.iyiduellç.ià 'la-
quelle il ne peut Sti* porté atteinte sans preuves
suffisantes,- et de donner aux justiciables toutes
les garanties qu'ils ont le droit d'attendre d'une
justice prudente et impartiale.
J'ft vous prie de m'accuser réception de la .pré-
sente circulaire .et de la porter à la connaissance
de vos substituts et des juges d'instruction de
votre ressort, en attirant d'une façon toute spé-
ciale, leur attention sur l'intérêt que j'attache à
la stricte observation de ces prescriptions.
A la suite de cette conférence, M. Lépine a
été; chargé d'élaborer un projet de réorgani-
sation de la police des mœurs, dont il saisira
à bref délai le ministre de l'intérieur.
• '̃" ̃̃•' '̃ ̃•. A. A.
Notes d'un Parisien
SUR L'IMPÉRIALE
JE n'avais jamais entendu tirer des coups
de revolver dans la rue. C'est un peu
ridicule, par le temps qui court. Mais tout
vient à point, dit le proverbe, à qui sait
attendre. Et mercredi soir, comme je des-
cendais le boulevard Malesherbes sur
l'impériale du tramway, je ne fus pas au-
trement surpris d'entendre' quatre ou cinq
grosses détonations, régulières et lugu-
bres, dans le noir.
Aussitôt, la lourde cavalerie de la garde
républicaine s'ébranla, chargeant vers la
masse informe. Et c'était sinistre et beau
devoir les gros chevaux, galoper avecpe-
•santeur pour ̃ >a-Her ̃ •peut-être' à' la- 'nro-rti'
eux et les soldats qui les montaient. Mais
je vis alors combien la curiosité, qu'on
dit un sentiment si fort, est moins impé-
rieuse que la prudence. Autour du tram-
way, parmi les manifestants en cohue sur
la chaussée du boulevard, l'instinct ne fut
point de se précipiter dans la direction
de la bagarre que révélaient, au loin, ces
détonations anonymes. Non peu sou-
cieux vraiment de les identifier et s'en re-
mettant de ce soin aux journaux du len-
demain, tous détalèrent.
Et la course de notre tramway s'accom-
pagnait de cette escorte de fuyards, tandis
que, dans le fond du tableau, je voyais
encore les croupes des solides chevaux
qui fonçaient sans hésitation à la recher-
che de l'adversaire perfide.
Puis, comme le péril des uns fait la sé-
curité des autres, un « chauffeur '» de
taxi-auto, qui rentrait sur notre impé-
riale, sa journée finie, confia joyeuse-
ment, auprès de moi, cette pensée à son
camarade
Et pendant ce temps-là, mon vieux,
ce qu'on pourrait remonter les Champs-
Elysées toutes lanternes éteintes.
Petite Chronique des Lettres
Ce n'est pas, non certes, ce n'est pas
encore la vraie rentrée, et nous avons si
peu de littérature à nous mettre sous la
dent que la « Petite Chronique des Let-
tres » serait presque tentée de s'abstenir,
elle aussi, et de bouder. Mais elle tient à
donner le bon exemple, et puisque
hélas les vacances sont finies, à res-
ter à son poste de travail, même dans le
désert. Et puis, en me donnant une se-
maine de congé supplémentaire et non
prévu, je me priverais du très grand
plaisir de saluer, dès son apparition,
l'œuvre nouvelle d'un écrivain dont le
talent me séduit au plus haut point
Mme Jeanne Marni, qui vient de publier
un roman sous le titre Souffrir.
C'est la suite des aventures littéraires
et amoureuses de « Pierre Tisserand »
dont j'ai eu l'occasion déjà de vous en-
tretenir c'est la continuation d'une
guerre sans merci déclarée il un person-
nage de roman, que l'âpre talent de Mme
Jeanne Marni a. fait si vivant, si humain,
si réeK Vous n'avez pas oublié qu'elle
avait marié son héros; il était à prévoir
que c'était pour elle une occasion de
nous le montrer une fois de plus, « char-
meur sans scrupules, arriviste féroce,
délicieux mais méprisable amant », et le
fait est que cet homme de lettres se
conduit vis-à-vis de sa femme d'une fa-
çon abominable ses aventures, la façon
dont il se détache de la douce Henriette
alors que la maternité devrait au con-
traire la rendre à ses yeux deux fois
chère et deux fois sacrée, ses liaisons
scandaleuses, son coup de passion pour
sa première victime: son ancienne maî-
tresse Claire La Plaine, qui le repousse
avec horreur et dégoût, son accord enfin
avec une fâcheuse courtisane dont, la ri-
chesse suspecte est bien faite pour le
compromettre et pour l'avilir encore
tout cela est conté par Mme Jeanne
Marni avec ce soin méticuleux, cette
âprelé d'obstervation, cette verve- satiri-
que U'd&^lB(ifBùSè^cë)ïerë;foq'LieiïtJ; ào'-
briélé'U'e'x^ï'essfôiif qui 's'ont la'irtar'que-
de son talent si incisif et si personnel.
Le livre pourrait être pénible car c'est
une histoire douloureuse, si vivante
qu'elle apparaît vécue, mais une' mul-
titude d'observations amusantes, de
coins lestement croqués l'animent et
l'agrémentent et en font une çeuvre
complexe,: humaine, séduisante infini-
ment.
•' ]'̃̃' ̃ :"̃̃̃
M. B. Kozaliiewicz publie chez Fas-
quelle la tràdiiction d'un bien curieux
ronian de nïœurs juives, Meïr, par Mlle
Elise Orzcszko. C'est une histoire fort
dramatique de fanatisme religieux; his-
toire .d'allure tout à fait moyenâgeuse
qu'on s'étonne de voir située en plein
vingtième siècle. La véhémence dé ses
héros le farouche rabbin Isaac Todros
et Meïr Ezofowicz, le jeune juif enflammé
de.libéralisme qui se dresse contre lui,
nous surprend également; nous ne som-
mes guère habitués ici à ces fureurs jui-
ves et nous voyons mal deux israélites
aux prises dans une tragique querelle
religieuse et sociale, avec anathèmes,
malédictions et massacres à la clef; il
est vrai que nous sommes entourés ici
de sceptiques tandis que le roman d'Elise
Orzeszko, se déroule dans les steppes
'lointains' de la Lithuanîe il est vigou-
reux:, émouvant, un peu pénible parfois,
t'ffes toti'g-inal crt'iMttÔTCsqne'/ ̃ •
Et c'est encore la Croisée des chemins,
un nouveau roman de M. Ilfinry Bor-
deaux, dont une voix plus autorisée dira
le mérite un livre de M. Henri de Nous-
sanne, Roman pour ma fiancée; l'Inspi-
rée, par M. Gabriel Sarrazin, et Outra-
gée par Mme Cécile Cassot.
.̃• .;̃ ̃ y.̃_̃̃,̃ ̃̃ ̃
Histoires, Philosophie, Livres DIVERS.
La librairie Pion publie cette semaine
les septième et huitièmfe volumes de
l'œuvre magistrale du docteur Louis
Pastor Histoire des Papes depuis la fin
'du Moyen Age, « ouvrage écrit d'après
un grand nombre de documents inédits
extraits des archives. secrètes du Vatican
et autres », Cos volumes traduits avec
beaucoup de soin et d.'élégancc par M.
Alfred Poizat sont consacrés; tout entiers
au pape Léon X, « Médicis jusqu'aux
moelles, type du Florentin d'alors, poli-
tique très souple, point scrupuleux, infa-
tigablement actif, en même temps qu'ad-
mirateur extraordinairemont généreux
et fin de l'érudition, de, l'art et, de la
musique, mais qui manquait vraiment
trop du caractère, de la grandeur et de
la profondeur d'esprit de son prédéces-
seur, Jules II, le Pape le plus violent de
la Renaissance ». Ainsi, le pontificat de
Lécai X, dont le souvenir reste indisso,-
lublement lié il l'âge d'or de la Renais-
sance, i cette merveilleuse floraison
d'art et de littérature, ne fut point, tant
s'en faut, favorable aux intérêts de
l'Eglise ni à la renommée du Saint-
Siège cette conclusion ressort, éloquem-
ment du livre du docteur Louis Pastor,
modèle d'histoire scientifique et impar-
tiale appuyée sur une foule de documents
précieux, vérifiés sans cesse par des ré-
férences qui, loin de l'alourdir, la ren-
dent plus pittoresque encore et plus
attrayante et en font non seulement
l'histoire d'un Pape, mais l'histoire d'un
temps qui fut entre tous émouvant et
séduisant.
La gloire du Pape Léoh X ne sort pas
grandie de cette longue et consciencieuse
étude, car l'auteur estime que son ponti-
ficat, éclairé par les rayons de l'art de
Raphaël, fut' exagérément loué par les
humanistes et les poètes, et que, d'autre
part, il est trop certain qu'il « fut carac-
térisé par son abandon sans réserves
aux tendances moridaineset aux formes
brillantes de la nouvelle culture, ainsi
que par le recul du sentiment ecclésias-
tique et qu'il a été par là tout à fait
funeste au Saint-Siège ».
A la même librairie, le comte Charles
de Moiiy, ambassadeur de France, nous
donne les Souvenirs et causeries d'un di-
plomate. L'éminent ambassadeur est, on
le sait, un très délicat lettré; et l'on re-
trouve en des pages délicieuses de
finesse, .de sentiment et d'art, ce talent
littéraire qui fit le succès des' « Lettres
du Bosphore », mais si son agrément
littéraire est très vif, c'est surtout par
son intérêt historique que se recom-
mande l'ouvrage de M. Ch. de Méfiy:
« J'ai raconté dit-il dans ce volume,
les principaux souvenirs de ma vie di-
plomatique, les épisodes dont j'ai été té-
moin et ceux auxquels j'ai pris part
comme secrétaire d'ambassade, chargé
d'affaires, ministre plénipotentiaire et
ambassadeur; en rassemblant ces pages
où -je me suis efforcé ayant-tout d'être
exa'ct, 'je'n-ili'-pas -d"étutreJprétêrrtlïônr;qiVe
"d'apporter tnon faible conting'én't- à This1'
toire ». Et ce sont tour à tour, évoqués
par u,n homme qui les vit de près, qui
les connut,.qui y fut intimement mêlé,
les événements diplomatiques parmi les
plus importants de notre histoire con-
temporaine la délégation des affaires
étrangères à Tours, à Bordeaux, la con-
férence de Constantinople, le congrès de
Berlin, l'annexion de la Thessalje, le
blocus d'Athènes et l'histoire de la poli-
tique francophophe et mégalomane de
Crispi.
A signaler encore l'Hôtel des Inva-
lides par le général Niox une Elude
c1'i,tique d'histoire militaire (1809) de Ra-
tisbonne à Znaïm par M. E. Buat, chef
'd'escadron d'artillerie la Journée du
29 août -1 870 à l'armée de la Meuse par
P. N. cher d'escadron d'artillerie.
Et enfin, histoire future, qui, espérons-
le, ne sera jamais de l'histoire présente
M..EugèneDufeuille publie chezCalmann-
Lévy un ouvrage intitulé Sur la Penle
du collectivisme. où l'auteur, avec beau-
coup de vigueur, fait le procès de certai-
nes tendances actuelles et de certaines
coupables complaisances, étudie ce que
sera le régime collectiviste, le rôle:de la
Confédération générale du travail, les
vices du régime parlementaire, où, trop
occupé de réélections, on n'a pas le
temps de songer au péril qui menace la
société -e.U.a patrie, ct:;ç,onç]u.t en. disant,
qu'il' «aura rempli sa tâche à son gré
s'il a pu rendre plus sensible à quelques-
uns le péril où se trouve aujourd'hui
l'existence de ,1a propriété individuelle et
rallier quelques nouveaux suffrages au
seul moyen efficace de le conjurer pour
le moment. Quant à le faire disparaître
à tout jamais, ce serait un grand enfan-
tillage de Tespérej*. Entre ceux qui ne
possèdent pas et veulent prendre ce qu'ils
n'ont pas,et ceux qui possèdent et ne
veulent pas abandonner ce qu'ils ont, la
querelle est aussi vieille que le monde et
elle durera autant que lui ». Sages paro-
les, conseillères de prudence et de m'o-
dération dans les jugements à porter
sur les hommes et les choses de notre
temps si vilipendé.
M. Daniel Halévy a publié, chez Cal-
mann-Lévy, un fort beau livre la Vie
de Frédéric Nietzsche, où les idées du
philosophe allemand, si répandues et; à
la fois si peu connues et si mal compri-
ses, sont .éclairées et étudiées à travers
sa vie. En des pages merveilleusement
compréhensives et documentées, l'au-
teurnous fait suivre, parallèlement, Texis-
tence tourmentée de l'homme et le cal-
vaire de cette pensée géniale et obscure,
jusqu'à la tristesse et au néant de la
folie et de la mort.
M. le docteur Binet-Sanglé, professeur
à l'école de psychologie, publie un vo-
lume intitulée la Folie de Jésus où, sans
souci pour des croyances respectables,
il soumet à l'examen médical des faits
et des miracles qui ne relèvent que de la
foi, et Mgr.Baudrillarl, recteur de l'Insti-
tut catholique de Paris, étudie les Uni-
versités catholiques de France et de l'é-
tranger, en une très intéressante pla^
quet'te.
M. Camille Mauclair publie sous le ti-
tre' la Religion de, la musique un livre
d'une compréhension très délicate, où,
avec beaucoup de grâce et de sensibilité,
il définit le sens intime de la musique,
développe des propositions sur la musi-
que, esquisse des figures de musiciens
et expose des idées générales sur la
musique contemporaine. J'ai beaucoup
goûté l'éloquente préface où il plaide la
cause des profanes « qui ne savent qu'a-
dorer la musique, ingénument, et n'o-
sent presque plus en parler qu'à eux-
mêmes, comme des croyants dédaignés
par des théologiens». La critique musi-
cale avec toute sa science ne peut rien
et ne doit rien valoir en dehors de
cette foi dont, « vous et moi »,.les igno-
rants, ressentons, avec tant de béati-
tude' la toute-puissante grâce. Il y t
dans^ la musique autre chose qu'un art
inventé par nous et dont les réalisa-
tions tombent sous la juridiction de la
critique, cet « \< autre chose », il nous
préexistait,' il nous survivra, il em-
plit l'éthor et nous crée un état de cons-
cience hyperphysique merveilleux, iuso-
lite et souverain la musique comme
volonté et comme représentation. »'
M. Adolphe Jullien, éminent critique,
étudie Musiciens d'hier et d'aujourd'hui;
M. Joachim Nin parle et écrit Pour l'Art
M. Th. Ribot étudie en un livre magis-
tral les Problèmes de psychologie affec-
tive MM. Albert B. Martinez et Maurice
Lcvandowski nous offrent une édition
nouvelle de leur œuvre considérable sur
Y Argentine au vingtième siècle, où la
hoï'issante République sud-américaine
est évoquée en des pages pittoresques
et instructives. Et le.s. poètes ̃'MVU&i^
Ray ter 'fktà&ëlfdiûetfeë'iRéfyolfys-, et; M-m &•;
Isabelle Dudit exalte en des vers d'une
inspiration élevée' et d'une forme fami-
lière, A m our et Maternité. "`'
Ph. -Emmanuel Glaser.
LES Revues. Sommaire de la Revue des
Deux-Mondes du 15 octobre 1909 « George An-
derson », première partie, par Mrs Humphry
Ward «Au couchant de la Monarchie, V.
La, victoire de Turgot, Le lendemain do la
victoire », par M. le marquis de Ségur, de
l'Académie française « Une amitié féminine
de Chateaubriand, Madame de Duras, Lettres
inédites », par M. Victor Girard; « La mê-
lée des religions en Orient », par M. Louis
Bertrand; « L'Union des colonies britan-
niques sud-africaines », par M. Biard d'Au-
net « Deux ennemis de la Compagnie du
Saint-Sacrement, Molière et Port-Royal »,
par M. Alfred Rébelliau Revue musicale
« Trouvères et troubadours », par M. Camille
Bellaigue; Revues étrangères « Une seconde
partie de. la Flûte enchantée », par M. T, de
Wj'zewa « Chronique de la quinzaine, His-
toire politique », par M. Francis Charmes, de
l'Académie française « Bulletin bibliogra-
phique ».
La Revue du 15 octobre (Paris, 45, rue
Jacob) contient des documents inédits du
plus haut intérêt sur Un Fils de Napoléon Iur,
par le docteur M. Billard une magistrale
etudo du docteur Max Nordau, sur « le Sens
de l'Histoire ». la fin des Lettres, inédites si
remarquées de Sainte-Beuve un brillant ar-
ticle d'Henry Bérenger sur « le Peintre do
t Florence, » ;u»-,b,ea.u, portait liUér,a,U'e,dfl
« Paul-Mafgdeïmè Ti -par-GëorgÊS 'PélffBsîcr 'r
des pages suggestives do C.-M. Savarit, sur
« l'Avenir des forces invisibles »; do très
curieux documents inédits sur les Souf-
frances des prisonniers français dans l'île de
Caprera, par le baron de Maricourt G. Sa-
"vitch nous révèle « Alexandre Kouprine »;
des pages toutes d'actualité sur « la Beauté
de Paris », par G. BenoH-Lévy Paul Gsell,
« le Mouvement dramatique », etc.
A L'INSTITUT
ACADÉA1IE FRANÇAISE
L'Académie française, présidée hier
par M. Ribot, qu'assistaient MM. Jean
Richepin et Gabriel Hanotaux, a décidé
d'accepter un legs de M. Broquette, qui
dispose en sa faveur d'une grande partie
de sa fortune pour fonder des prix de
vertu, des prix littéraires et des prix
destinés à recompenser les instituteurs.
L'acceptation est naturellement provi-
soire et soumise à l'approbation du
Conseil d'Etat, approbation qui d'ailleurs
n'est pas douteuse.
M. Broqueltc habitait Seine-Port. Il y
avait été l'ami do. M. Ernest Lçgouvé et
il y était le voisin de M. Paladilhe.
Ses biens se composent d'un immeu-
ble sis à Paris et donnant 90,000 francs
de revenu; de deux propriétés1, dont
celle de Seine-Port, et d'environ 50,000
francs de valeurs. Mais il y a*un passif
non encore déterminé et des legs parti-
culiers assez importants.
L'Académie a reçu de bonnes nouvel-
les de son secrétaire perpétuel, M. Thu-
reau-DaVigin, dont l'état s'était légère-
ment aggravé mercredi par l'apparition
d'un point pleurétique. Un télégramme
envoyé hier d'Athènes annonçait que
toute complication inquiétante était
écartée et que la fièvre avait disparu. On
peut espérer que la convalescence sera
désormais constante, et il est possible
que M. Thureau-Dangin rentre à Paris
avant la fin du mois.
Ch, Dauzats.
WISSEMBOURG
Le combat du 4 août 1870
Notre collaborateur P. Giffard rappe-
lait hier l'émotion causée par la nouvelle
de l'échec de Wissembourg. Au moment
où l'on va commémorer les morts de
cette sanglante journée il faut en rappe-
ler les phases.
Le maréchal de Mac-Mâhon, qui était
en Algérie lors de là déclaration de
guerre, n'était pas encore arrivé en Al-
sace que le 'général Ducrot, estimant
justement que 300 hommes à Wissem-
bourg et 200 hommes à Lauterbourg
étaient des forces insignifiantes, avait dé-
cidé l'évacuation de ces villes et la con-
centration de toutes les troupes vers
Strasbourg.
Cette mesure avait déplu à Paris. Ne
semblait-on pas ainsi livrer sans résis-
tance l'entrée de l'Alsace à l'ennemi?
D'autre part, l'intendance protestait
privée dé la manutention de Wissem-
bourg, elle se jugeait hors d'état d'ali-
menter l'armée. Le maréchal, pour ces
raisons, prit donc le parti de réoccuper-
̃-W-îssem'b'èiip^ l-l^efikilïlrgëtfîa a'msiéi-i
Lembach,; devait soutenir à-gauche. Un ̃ i • •
contrefort des Vosges, le Hochwald, se?
pare Lembach de Wissembourg. Il est •-••<̃ l
traversé par le col du Pigeonnier, à1.
41 kilomètres de cette derniènf ville.. >
Celle-ci, bâtie au fond de la vallée de ̃
la Lauter, qui coule de l'ouest à l'est, ̃'̃?
est dominée au sud par le plateau du •̃̃̃ -̃>'
Geissberg et au nord par le plateau du >̃
Schweigen., ctau ̃ • .-̃• r
Arrivé le 3 août au soir devant Wjs* '̃
sembourg, le général ̃Douay, suivant le -̃• '•[ ~`
sage conseil du général Ducrot, ne péné- ?
tra pas dans la ville, mais s'établit sur ̃
le Geissberg. Sa division, fatiguée d'une
étape de 31 kilomètres sous la pluie, s'é- »
tablit au bivouac avec des avant-poste? »
placés à courte distance et un peu aji ̃ î
hasard, car il faisait nuit, et le général .>
n'avait .d'autre carte qu'un croquis som-
maire envoyé par le chef détat^major ('
du général Ducrot. •. '3 )
A l'aube du 4, il détache un de ses
régiments, le 78° de ligne, au col du ̃*̃
Pigeonnier, suivant l'ordre reçu, ne gar- ̃:
dant ainsi que les deux régiments d in;
fanterie de la brigade Montmarie, les
turcos du général Pellé, trois batteries
et une brigade de cavalerie (3° hussards
et 110 chasseurs). ̃ - Une reconnaissance de chasseurs, en-r •*
voyée de bonne heure, longe ]&$• r'èrn'-1;' H
.parts de la ville qu'est venu pçcup.e/ yo,
;:b'atailfon' du t4°';(;comittandânt tïaudj,"
puis après avoir reconnu la présence de ̃
batteries ennemies sur le SchweigQti,
elle fait un tourdans la plaine, à l'est, Ct î ̃
rentre au camp, sans avoir essuyé un. K
seul coup de fusil. ̃̃ t
Elle ne rapportait malheureusement »
aucun renseignement sur la force do
l'adversaire et, dès huit heures et demie,
les -4,800 hommes d'Abel Douay vont.. se ''̃
trouver en présence de trois corps allô-
inands, le 2" bavarois, les 5" et 11" pru§- '̃'
siens, soit plus de 80,000 hommes.
Le prince royal, profitant des forêts et
des vignes, avait fait avancer ses, troi^r i
pes couvert, et l'armée allemande oc-'1
cupait depuis le plateau du Schwcigo.o, ̃ r
au nord, jusqu'au Niederwald au sud-
est, une sorte de fer à cheval renfér-
m^nt Wissembourg et menaçant parseà.
deux branches le plateau du Geissberg.
C'est aux deux extrémités de cette ligne
enveloppante que la lutte sera, partjèû*
lièrement terrible. A gauche, les tu'rcû.a ''[
du général Pelle se battent comme, dos t
diables et cherchent à arrêter les mas1-
ses bavaroises qui descendent du Schwei-
gen pour enlever WissémbOurg, où irt ?
commandant Liaud résiste avec son seul ̃
bataillon à toute une division. Les car-
touches épuisées, les turcos foncent à l;y ?
baïonnette les baïonnettes faussées. H s
luttent encore, mordent, étranglent Vn'i* v ''• >
yersairc. Mais le nombre .l'emporte. LjCs ',».
obus incendient la ville, les turcos reçu^ `
lent, et la petite garnison est cernée.
Pendant ce temps, à droite, les 5" et
11e corps prussiens se sont rués sur le
Geissberg, dont les 50° et 74° de lign'e r
défendent les pentes, pied à pied, à tpa-
vers les vignes et les houblonnières. *̃,
château du Geissberg, à l'ouest du pla-
teau, offre un refuge où la résistance est
acharnée. Deux heures sonnent au clo-
cher de Wissembourg quand les 500
hommes qui le défendent encore sont
obligés de se rendre. Depuis midi.
lé commandement de la division a été
pris par le général Pelle, car le gé-
néral Douay, blessé au ventre par un
éclat d'obus, a été emporté mourant
dans la ferme de Schafbousch, en arriéré,
du château, ainsi que le capitaine d'état-;
major du Closel et son officier d'ordori»
nance, le lieutenant dc-Mareuil, qui sont
tombés à ses côtés. Impossible d'em-
porter les blessés, car la division n'a pa? \y
une seule voiture d'ambulance, ni merne
un cacolet. ',],
Autour de la ferme, 500 hommes dès' i
503 et 74° résistent encore jusqu'à trois
heures contre 30,000 Allemands qui oc-
cupent maintenant le plateau. Il leur faut
alors rejoindre le reste de la brigade qui .>
se retire au sud par la route de au,- ̃. j
guenau. • > ̃>
Malheureusement la petite garnison ̃
de Wissembourg n'a pu exécuter à midi 1i ̃
et demi l'ordre de quitter la ville,. Elle y ̃ >
est cornée de toutes parts. Par la porto
de Landau, trois régiments bavarois sont ;•
entrés et acculent a la porte de Bitchë
les derniers défenseurs que commande
maintenant le capitaine Bertrand, lç
commandant Liaud ayant été blessé. r .<
Le Conseil municipal a négocié avec le .̃
général bavarois Bothmer la reddition
de la villa, le capitaine Bertrand et les ;'[
autres officiers sont fait prisonniers sur c •
parole, les hommes, après avoir forriié >>
les faisceaux, sont enfermés dans l'église.. •̃
VI1 est ti'ois. ̃feeiiresr-ol} demie, La lu\jCjft;.jj4
:dônci durél-^éiit-Jièuiies<.JLivtte ii'mïquë
!ôt 'malheureuse ment inutile, ear.que pa«n -c, ;w
r" FIL C 1 AL! .}'i"¡'
j. VPAR FILJ SPÉCIAL» = ^at^F.
L'ATTRACTION ARCTIQUE
Au pôle Nord en dirigeable
Les échecs des expéditions aéronautiques
au pôle Nord n'ont pas découragé d'auda-
çieux explorateurs qui ont projeté d'employer
les dirigeables comme moyen de transport et
d'investigation.
Le dernier de ces projets est celui du pro-
fesseur Hergesell, de Berlin, qui a décidé de
se rendre au pôle Nord avec un Zeppelin.
"Vpici déjà plusieurs mois qu'il en parle, et,
comme son idée a paru dès le début chimé-
rique à beaucoup de personnes, il a entre-
pris de faire à son sujet un certain nombre
de conférences explicatives et démonstra-
tives.
Il vient de faire une de ces conférences,
hier soir, à la Société norvégienne d'aviation
à Christiania, en présence du roi Haakon,
qu'entourait un très nombreux public. Nan-
sen et Amunden se trouvaient parmi les au-
diteurs. .< <.
Le professeur Hergesell a tout d'abord ex-
pliqué que, contrairement à ce qui avait été
annoncé, l'expédition projetée n'était pas une
expédition prochaine. Elle ne pourra guère
avoir lieu avant deux ou trois ans, lorsque
le cortite Zeppelin sera parvenu ̃>– ce qu'il
croit fermement -"in -donner .£ sos dirigea-
bles uh"Tayon; d'action- de' 2,500 kiïwnètres,
leur'permettant de rester dans les airs trois
ou quatre jours sans atterrir.
A côté de cette condition d'exécution indis-
dispensable, mais réalisable, selon le confé-
rencier, s'en trouvent d'autres, accessoires,
qui rentrent plus spécialement dans la pré-
paration de l'expédition. Celles-ci vont être
étudiées de suite, et le prince Henri de
Prusse, qu'accompagnera le comte Zeppelin,
se rendra prochainement dans les régions
polaires dans ce but. Il établira une station
centrale dans la baie de Cross, au Spitzberg.
« Puis, dès 1911, a déclaré M. Hergesell, le
prince Henri 4o Prusse fera de longues tra-
versées- par delà les mers, en prenant pour
point, de départ notre station de la mer du
Nord. En 1912, nous comptons arriver au
Spitzberg avec deux dirigeables. Car, si l'un
d'eux se trouve en détresse par suite d'un
accident au moteur,, l'autre, averti par la té-
légraphie sans fil, pourra voler à son se-
cours. »
Le savant professeur a annoncé ensuite
que deux voyages aériens, ayant pour but
une exploration arctique scientifique, au-
raient lieu l'été prochain. Il a terminé son
intéressante conférence en répétant que le
projet d'atteindre le pôle en dirigeable n'a-
vait rien de chimérique, et que c'était une
grande œuvre entreprise avec le concours du
monde civilisé et, en particulier, de la Nor
vège.
Autour de la politique
r ~.c=--
Les mandats d'arrêt en blanc
Au cours d'une conférence tenue hier ma-
tin au ministère de l'intérieur, M. Briand,
président du Conseil, M. Barthou, garde des
sceaux et M. Lépine, préfet de police, ont
examiné et arrêté d'un commun accord les
mesures rendues nécessaires par les condi-
tions dans lesquelles certaines arrestations
ont t été. opérées récemment au bois de Bou-
logne.
Le président- du Conseil a donné au préfet
de police des instructions précises tendant à
ne faire opérer désormais des arrestations
par les agents des mœurs qu'en cas de fla-
grant délit.
De son côté, le ministre de la justice a en-
voyé aux procureurs généraux une circulaire
ayant pour objet de limiter à des cas excep-
tionnels l'usage de mandats en blanc et d'en
réglementer les conditions pour- prévenir les
abus et empêcher les arrestations arbitraires.
Voici le passage essentiel de cette circu-
laire
Je ne saurais donc trop appeler l'attention des
magistrats sur l'obligation impérieuse de ne dé-
livrer de pareils mandats qu'avec la plus ex-
trême circonspection, dans des circonstances
tout a fait exceptionnelles et en l'absence de
tout autre moyen d'assurer la découverte et l'ar-
restation des prévenus. Je peux citer, par exem-
plp, le cas d'un crime, lorsque l'on ne possède
qu'un vague signalement d'un meurtrier à peine
entr'aperçu, ou encore, le délit de chantage,
lorsque l'auteur, non encore connu, doit se pré-
senter à une date précise en un lieu déterminé.
JCn dehors de ces hypothèses ou de telles
autres analogues qu'ils sauront discerner, les
juges d'instruction ne perdront jamais de vue
qu un mandat « sans nom de personne ne doit
être décerné que lorsqu'il existe un signalement
suffisamment précis, portant non seulement sur
le costume, indice souvent peu caractéristique et
en tout cas essentiellement modifiable, mais en-
core et surtout sur le détail dos particularités
physiques de l'inculpé. Le mandat énoncera
également, si possible, l'indication des endroits
ou des recherches utiles peuvent ûtro effectuées,
l'adresse des personnes avec lesquelles l'inculpé
a des relations en un mot, l'ensemble, des cir-
constances de fait qui sont susceptibles de
mettre sur sa trace.
Ces précautions ne, sauraient être trop mul-
tipljées. Elles ont pour objet d'assurer .contre
les risques d'erreur la liberté im'.iyiduellç.ià 'la-
quelle il ne peut Sti* porté atteinte sans preuves
suffisantes,- et de donner aux justiciables toutes
les garanties qu'ils ont le droit d'attendre d'une
justice prudente et impartiale.
J'ft vous prie de m'accuser réception de la .pré-
sente circulaire .et de la porter à la connaissance
de vos substituts et des juges d'instruction de
votre ressort, en attirant d'une façon toute spé-
ciale, leur attention sur l'intérêt que j'attache à
la stricte observation de ces prescriptions.
A la suite de cette conférence, M. Lépine a
été; chargé d'élaborer un projet de réorgani-
sation de la police des mœurs, dont il saisira
à bref délai le ministre de l'intérieur.
• '̃" ̃̃•' '̃ ̃•. A. A.
Notes d'un Parisien
SUR L'IMPÉRIALE
JE n'avais jamais entendu tirer des coups
de revolver dans la rue. C'est un peu
ridicule, par le temps qui court. Mais tout
vient à point, dit le proverbe, à qui sait
attendre. Et mercredi soir, comme je des-
cendais le boulevard Malesherbes sur
l'impériale du tramway, je ne fus pas au-
trement surpris d'entendre' quatre ou cinq
grosses détonations, régulières et lugu-
bres, dans le noir.
Aussitôt, la lourde cavalerie de la garde
républicaine s'ébranla, chargeant vers la
masse informe. Et c'était sinistre et beau
devoir les gros chevaux, galoper avecpe-
•santeur pour ̃ >a-Her ̃ •peut-être' à' la- 'nro-rti'
eux et les soldats qui les montaient. Mais
je vis alors combien la curiosité, qu'on
dit un sentiment si fort, est moins impé-
rieuse que la prudence. Autour du tram-
way, parmi les manifestants en cohue sur
la chaussée du boulevard, l'instinct ne fut
point de se précipiter dans la direction
de la bagarre que révélaient, au loin, ces
détonations anonymes. Non peu sou-
cieux vraiment de les identifier et s'en re-
mettant de ce soin aux journaux du len-
demain, tous détalèrent.
Et la course de notre tramway s'accom-
pagnait de cette escorte de fuyards, tandis
que, dans le fond du tableau, je voyais
encore les croupes des solides chevaux
qui fonçaient sans hésitation à la recher-
che de l'adversaire perfide.
Puis, comme le péril des uns fait la sé-
curité des autres, un « chauffeur '» de
taxi-auto, qui rentrait sur notre impé-
riale, sa journée finie, confia joyeuse-
ment, auprès de moi, cette pensée à son
camarade
Et pendant ce temps-là, mon vieux,
ce qu'on pourrait remonter les Champs-
Elysées toutes lanternes éteintes.
Petite Chronique des Lettres
Ce n'est pas, non certes, ce n'est pas
encore la vraie rentrée, et nous avons si
peu de littérature à nous mettre sous la
dent que la « Petite Chronique des Let-
tres » serait presque tentée de s'abstenir,
elle aussi, et de bouder. Mais elle tient à
donner le bon exemple, et puisque
hélas les vacances sont finies, à res-
ter à son poste de travail, même dans le
désert. Et puis, en me donnant une se-
maine de congé supplémentaire et non
prévu, je me priverais du très grand
plaisir de saluer, dès son apparition,
l'œuvre nouvelle d'un écrivain dont le
talent me séduit au plus haut point
Mme Jeanne Marni, qui vient de publier
un roman sous le titre Souffrir.
C'est la suite des aventures littéraires
et amoureuses de « Pierre Tisserand »
dont j'ai eu l'occasion déjà de vous en-
tretenir c'est la continuation d'une
guerre sans merci déclarée il un person-
nage de roman, que l'âpre talent de Mme
Jeanne Marni a. fait si vivant, si humain,
si réeK Vous n'avez pas oublié qu'elle
avait marié son héros; il était à prévoir
que c'était pour elle une occasion de
nous le montrer une fois de plus, « char-
meur sans scrupules, arriviste féroce,
délicieux mais méprisable amant », et le
fait est que cet homme de lettres se
conduit vis-à-vis de sa femme d'une fa-
çon abominable ses aventures, la façon
dont il se détache de la douce Henriette
alors que la maternité devrait au con-
traire la rendre à ses yeux deux fois
chère et deux fois sacrée, ses liaisons
scandaleuses, son coup de passion pour
sa première victime: son ancienne maî-
tresse Claire La Plaine, qui le repousse
avec horreur et dégoût, son accord enfin
avec une fâcheuse courtisane dont, la ri-
chesse suspecte est bien faite pour le
compromettre et pour l'avilir encore
tout cela est conté par Mme Jeanne
Marni avec ce soin méticuleux, cette
âprelé d'obstervation, cette verve- satiri-
que U'd&^lB(ifBùSè^cë)ïerë;foq'LieiïtJ; ào'-
briélé'U'e'x^ï'essfôiif qui 's'ont la'irtar'que-
de son talent si incisif et si personnel.
Le livre pourrait être pénible car c'est
une histoire douloureuse, si vivante
qu'elle apparaît vécue, mais une' mul-
titude d'observations amusantes, de
coins lestement croqués l'animent et
l'agrémentent et en font une çeuvre
complexe,: humaine, séduisante infini-
ment.
•' ]'̃̃' ̃ :"̃̃̃
M. B. Kozaliiewicz publie chez Fas-
quelle la tràdiiction d'un bien curieux
ronian de nïœurs juives, Meïr, par Mlle
Elise Orzcszko. C'est une histoire fort
dramatique de fanatisme religieux; his-
toire .d'allure tout à fait moyenâgeuse
qu'on s'étonne de voir située en plein
vingtième siècle. La véhémence dé ses
héros le farouche rabbin Isaac Todros
et Meïr Ezofowicz, le jeune juif enflammé
de.libéralisme qui se dresse contre lui,
nous surprend également; nous ne som-
mes guère habitués ici à ces fureurs jui-
ves et nous voyons mal deux israélites
aux prises dans une tragique querelle
religieuse et sociale, avec anathèmes,
malédictions et massacres à la clef; il
est vrai que nous sommes entourés ici
de sceptiques tandis que le roman d'Elise
Orzeszko, se déroule dans les steppes
'lointains' de la Lithuanîe il est vigou-
reux:, émouvant, un peu pénible parfois,
t'ffes toti'g-inal crt'iMttÔTCsqne'/ ̃ •
Et c'est encore la Croisée des chemins,
un nouveau roman de M. Ilfinry Bor-
deaux, dont une voix plus autorisée dira
le mérite un livre de M. Henri de Nous-
sanne, Roman pour ma fiancée; l'Inspi-
rée, par M. Gabriel Sarrazin, et Outra-
gée par Mme Cécile Cassot.
.̃• .;̃ ̃ y.̃_̃̃,̃ ̃̃ ̃
Histoires, Philosophie, Livres DIVERS.
La librairie Pion publie cette semaine
les septième et huitièmfe volumes de
l'œuvre magistrale du docteur Louis
Pastor Histoire des Papes depuis la fin
'du Moyen Age, « ouvrage écrit d'après
un grand nombre de documents inédits
extraits des archives. secrètes du Vatican
et autres », Cos volumes traduits avec
beaucoup de soin et d.'élégancc par M.
Alfred Poizat sont consacrés; tout entiers
au pape Léon X, « Médicis jusqu'aux
moelles, type du Florentin d'alors, poli-
tique très souple, point scrupuleux, infa-
tigablement actif, en même temps qu'ad-
mirateur extraordinairemont généreux
et fin de l'érudition, de, l'art et, de la
musique, mais qui manquait vraiment
trop du caractère, de la grandeur et de
la profondeur d'esprit de son prédéces-
seur, Jules II, le Pape le plus violent de
la Renaissance ». Ainsi, le pontificat de
Lécai X, dont le souvenir reste indisso,-
lublement lié il l'âge d'or de la Renais-
sance, i cette merveilleuse floraison
d'art et de littérature, ne fut point, tant
s'en faut, favorable aux intérêts de
l'Eglise ni à la renommée du Saint-
Siège cette conclusion ressort, éloquem-
ment du livre du docteur Louis Pastor,
modèle d'histoire scientifique et impar-
tiale appuyée sur une foule de documents
précieux, vérifiés sans cesse par des ré-
férences qui, loin de l'alourdir, la ren-
dent plus pittoresque encore et plus
attrayante et en font non seulement
l'histoire d'un Pape, mais l'histoire d'un
temps qui fut entre tous émouvant et
séduisant.
La gloire du Pape Léoh X ne sort pas
grandie de cette longue et consciencieuse
étude, car l'auteur estime que son ponti-
ficat, éclairé par les rayons de l'art de
Raphaël, fut' exagérément loué par les
humanistes et les poètes, et que, d'autre
part, il est trop certain qu'il « fut carac-
térisé par son abandon sans réserves
aux tendances moridaineset aux formes
brillantes de la nouvelle culture, ainsi
que par le recul du sentiment ecclésias-
tique et qu'il a été par là tout à fait
funeste au Saint-Siège ».
A la même librairie, le comte Charles
de Moiiy, ambassadeur de France, nous
donne les Souvenirs et causeries d'un di-
plomate. L'éminent ambassadeur est, on
le sait, un très délicat lettré; et l'on re-
trouve en des pages délicieuses de
finesse, .de sentiment et d'art, ce talent
littéraire qui fit le succès des' « Lettres
du Bosphore », mais si son agrément
littéraire est très vif, c'est surtout par
son intérêt historique que se recom-
mande l'ouvrage de M. Ch. de Méfiy:
« J'ai raconté dit-il dans ce volume,
les principaux souvenirs de ma vie di-
plomatique, les épisodes dont j'ai été té-
moin et ceux auxquels j'ai pris part
comme secrétaire d'ambassade, chargé
d'affaires, ministre plénipotentiaire et
ambassadeur; en rassemblant ces pages
où -je me suis efforcé ayant-tout d'être
exa'ct, 'je'n-ili'-pas -d"étutreJprétêrrtlïônr;qiVe
"d'apporter tnon faible conting'én't- à This1'
toire ». Et ce sont tour à tour, évoqués
par u,n homme qui les vit de près, qui
les connut,.qui y fut intimement mêlé,
les événements diplomatiques parmi les
plus importants de notre histoire con-
temporaine la délégation des affaires
étrangères à Tours, à Bordeaux, la con-
férence de Constantinople, le congrès de
Berlin, l'annexion de la Thessalje, le
blocus d'Athènes et l'histoire de la poli-
tique francophophe et mégalomane de
Crispi.
A signaler encore l'Hôtel des Inva-
lides par le général Niox une Elude
c1'i,tique d'histoire militaire (1809) de Ra-
tisbonne à Znaïm par M. E. Buat, chef
'd'escadron d'artillerie la Journée du
29 août -1 870 à l'armée de la Meuse par
P. N. cher d'escadron d'artillerie.
Et enfin, histoire future, qui, espérons-
le, ne sera jamais de l'histoire présente
M..EugèneDufeuille publie chezCalmann-
Lévy un ouvrage intitulé Sur la Penle
du collectivisme. où l'auteur, avec beau-
coup de vigueur, fait le procès de certai-
nes tendances actuelles et de certaines
coupables complaisances, étudie ce que
sera le régime collectiviste, le rôle:de la
Confédération générale du travail, les
vices du régime parlementaire, où, trop
occupé de réélections, on n'a pas le
temps de songer au péril qui menace la
société -e.U.a patrie, ct:;ç,onç]u.t en. disant,
qu'il' «aura rempli sa tâche à son gré
s'il a pu rendre plus sensible à quelques-
uns le péril où se trouve aujourd'hui
l'existence de ,1a propriété individuelle et
rallier quelques nouveaux suffrages au
seul moyen efficace de le conjurer pour
le moment. Quant à le faire disparaître
à tout jamais, ce serait un grand enfan-
tillage de Tespérej*. Entre ceux qui ne
possèdent pas et veulent prendre ce qu'ils
n'ont pas,et ceux qui possèdent et ne
veulent pas abandonner ce qu'ils ont, la
querelle est aussi vieille que le monde et
elle durera autant que lui ». Sages paro-
les, conseillères de prudence et de m'o-
dération dans les jugements à porter
sur les hommes et les choses de notre
temps si vilipendé.
M. Daniel Halévy a publié, chez Cal-
mann-Lévy, un fort beau livre la Vie
de Frédéric Nietzsche, où les idées du
philosophe allemand, si répandues et; à
la fois si peu connues et si mal compri-
ses, sont .éclairées et étudiées à travers
sa vie. En des pages merveilleusement
compréhensives et documentées, l'au-
teurnous fait suivre, parallèlement, Texis-
tence tourmentée de l'homme et le cal-
vaire de cette pensée géniale et obscure,
jusqu'à la tristesse et au néant de la
folie et de la mort.
M. le docteur Binet-Sanglé, professeur
à l'école de psychologie, publie un vo-
lume intitulée la Folie de Jésus où, sans
souci pour des croyances respectables,
il soumet à l'examen médical des faits
et des miracles qui ne relèvent que de la
foi, et Mgr.Baudrillarl, recteur de l'Insti-
tut catholique de Paris, étudie les Uni-
versités catholiques de France et de l'é-
tranger, en une très intéressante pla^
quet'te.
M. Camille Mauclair publie sous le ti-
tre' la Religion de, la musique un livre
d'une compréhension très délicate, où,
avec beaucoup de grâce et de sensibilité,
il définit le sens intime de la musique,
développe des propositions sur la musi-
que, esquisse des figures de musiciens
et expose des idées générales sur la
musique contemporaine. J'ai beaucoup
goûté l'éloquente préface où il plaide la
cause des profanes « qui ne savent qu'a-
dorer la musique, ingénument, et n'o-
sent presque plus en parler qu'à eux-
mêmes, comme des croyants dédaignés
par des théologiens». La critique musi-
cale avec toute sa science ne peut rien
et ne doit rien valoir en dehors de
cette foi dont, « vous et moi »,.les igno-
rants, ressentons, avec tant de béati-
tude' la toute-puissante grâce. Il y t
dans^ la musique autre chose qu'un art
inventé par nous et dont les réalisa-
tions tombent sous la juridiction de la
critique, cet « \< autre chose », il nous
préexistait,' il nous survivra, il em-
plit l'éthor et nous crée un état de cons-
cience hyperphysique merveilleux, iuso-
lite et souverain la musique comme
volonté et comme représentation. »'
M. Adolphe Jullien, éminent critique,
étudie Musiciens d'hier et d'aujourd'hui;
M. Joachim Nin parle et écrit Pour l'Art
M. Th. Ribot étudie en un livre magis-
tral les Problèmes de psychologie affec-
tive MM. Albert B. Martinez et Maurice
Lcvandowski nous offrent une édition
nouvelle de leur œuvre considérable sur
Y Argentine au vingtième siècle, où la
hoï'issante République sud-américaine
est évoquée en des pages pittoresques
et instructives. Et le.s. poètes ̃'MVU&i^
Ray ter 'fktà&ëlfdiûetfeë'iRéfyolfys-, et; M-m &•;
Isabelle Dudit exalte en des vers d'une
inspiration élevée' et d'une forme fami-
lière, A m our et Maternité. "`'
Ph. -Emmanuel Glaser.
LES Revues. Sommaire de la Revue des
Deux-Mondes du 15 octobre 1909 « George An-
derson », première partie, par Mrs Humphry
Ward «Au couchant de la Monarchie, V.
La, victoire de Turgot, Le lendemain do la
victoire », par M. le marquis de Ségur, de
l'Académie française « Une amitié féminine
de Chateaubriand, Madame de Duras, Lettres
inédites », par M. Victor Girard; « La mê-
lée des religions en Orient », par M. Louis
Bertrand; « L'Union des colonies britan-
niques sud-africaines », par M. Biard d'Au-
net « Deux ennemis de la Compagnie du
Saint-Sacrement, Molière et Port-Royal »,
par M. Alfred Rébelliau Revue musicale
« Trouvères et troubadours », par M. Camille
Bellaigue; Revues étrangères « Une seconde
partie de. la Flûte enchantée », par M. T, de
Wj'zewa « Chronique de la quinzaine, His-
toire politique », par M. Francis Charmes, de
l'Académie française « Bulletin bibliogra-
phique ».
La Revue du 15 octobre (Paris, 45, rue
Jacob) contient des documents inédits du
plus haut intérêt sur Un Fils de Napoléon Iur,
par le docteur M. Billard une magistrale
etudo du docteur Max Nordau, sur « le Sens
de l'Histoire ». la fin des Lettres, inédites si
remarquées de Sainte-Beuve un brillant ar-
ticle d'Henry Bérenger sur « le Peintre do
t Florence, » ;u»-,b,ea.u, portait liUér,a,U'e,dfl
« Paul-Mafgdeïmè Ti -par-GëorgÊS 'PélffBsîcr 'r
des pages suggestives do C.-M. Savarit, sur
« l'Avenir des forces invisibles »; do très
curieux documents inédits sur les Souf-
frances des prisonniers français dans l'île de
Caprera, par le baron de Maricourt G. Sa-
"vitch nous révèle « Alexandre Kouprine »;
des pages toutes d'actualité sur « la Beauté
de Paris », par G. BenoH-Lévy Paul Gsell,
« le Mouvement dramatique », etc.
A L'INSTITUT
ACADÉA1IE FRANÇAISE
L'Académie française, présidée hier
par M. Ribot, qu'assistaient MM. Jean
Richepin et Gabriel Hanotaux, a décidé
d'accepter un legs de M. Broquette, qui
dispose en sa faveur d'une grande partie
de sa fortune pour fonder des prix de
vertu, des prix littéraires et des prix
destinés à recompenser les instituteurs.
L'acceptation est naturellement provi-
soire et soumise à l'approbation du
Conseil d'Etat, approbation qui d'ailleurs
n'est pas douteuse.
M. Broqueltc habitait Seine-Port. Il y
avait été l'ami do. M. Ernest Lçgouvé et
il y était le voisin de M. Paladilhe.
Ses biens se composent d'un immeu-
ble sis à Paris et donnant 90,000 francs
de revenu; de deux propriétés1, dont
celle de Seine-Port, et d'environ 50,000
francs de valeurs. Mais il y a*un passif
non encore déterminé et des legs parti-
culiers assez importants.
L'Académie a reçu de bonnes nouvel-
les de son secrétaire perpétuel, M. Thu-
reau-DaVigin, dont l'état s'était légère-
ment aggravé mercredi par l'apparition
d'un point pleurétique. Un télégramme
envoyé hier d'Athènes annonçait que
toute complication inquiétante était
écartée et que la fièvre avait disparu. On
peut espérer que la convalescence sera
désormais constante, et il est possible
que M. Thureau-Dangin rentre à Paris
avant la fin du mois.
Ch, Dauzats.
WISSEMBOURG
Le combat du 4 août 1870
Notre collaborateur P. Giffard rappe-
lait hier l'émotion causée par la nouvelle
de l'échec de Wissembourg. Au moment
où l'on va commémorer les morts de
cette sanglante journée il faut en rappe-
ler les phases.
Le maréchal de Mac-Mâhon, qui était
en Algérie lors de là déclaration de
guerre, n'était pas encore arrivé en Al-
sace que le 'général Ducrot, estimant
justement que 300 hommes à Wissem-
bourg et 200 hommes à Lauterbourg
étaient des forces insignifiantes, avait dé-
cidé l'évacuation de ces villes et la con-
centration de toutes les troupes vers
Strasbourg.
Cette mesure avait déplu à Paris. Ne
semblait-on pas ainsi livrer sans résis-
tance l'entrée de l'Alsace à l'ennemi?
D'autre part, l'intendance protestait
privée dé la manutention de Wissem-
bourg, elle se jugeait hors d'état d'ali-
menter l'armée. Le maréchal, pour ces
raisons, prit donc le parti de réoccuper-
̃-W-îssem'b'èiip^ l-l^efikilïlrgëtfîa a'msiéi-i
Lembach,; devait soutenir à-gauche. Un ̃ i • •
contrefort des Vosges, le Hochwald, se?
pare Lembach de Wissembourg. Il est •-••<̃ l
traversé par le col du Pigeonnier, à1.
41 kilomètres de cette derniènf ville.. >
Celle-ci, bâtie au fond de la vallée de ̃
la Lauter, qui coule de l'ouest à l'est, ̃'̃?
est dominée au sud par le plateau du •̃̃̃ -̃>'
Geissberg et au nord par le plateau du >̃
Schweigen., ctau ̃ • .-̃• r
Arrivé le 3 août au soir devant Wjs* '̃
sembourg, le général ̃Douay, suivant le -̃• '•[ ~`
sage conseil du général Ducrot, ne péné- ?
tra pas dans la ville, mais s'établit sur ̃
le Geissberg. Sa division, fatiguée d'une
étape de 31 kilomètres sous la pluie, s'é- »
tablit au bivouac avec des avant-poste? »
placés à courte distance et un peu aji ̃ î
hasard, car il faisait nuit, et le général .>
n'avait .d'autre carte qu'un croquis som-
maire envoyé par le chef détat^major ('
du général Ducrot. •. '3 )
A l'aube du 4, il détache un de ses
régiments, le 78° de ligne, au col du ̃*̃
Pigeonnier, suivant l'ordre reçu, ne gar- ̃:
dant ainsi que les deux régiments d in;
fanterie de la brigade Montmarie, les
turcos du général Pellé, trois batteries
et une brigade de cavalerie (3° hussards
et 110 chasseurs). ̃ -
voyée de bonne heure, longe ]&$• r'èrn'-1;' H
.parts de la ville qu'est venu pçcup.e/ yo,
;:b'atailfon' du t4°';(;comittandânt tïaudj,"
puis après avoir reconnu la présence de ̃
batteries ennemies sur le SchweigQti,
elle fait un tourdans la plaine, à l'est, Ct î ̃
rentre au camp, sans avoir essuyé un. K
seul coup de fusil. ̃̃ t
Elle ne rapportait malheureusement »
aucun renseignement sur la force do
l'adversaire et, dès huit heures et demie,
les -4,800 hommes d'Abel Douay vont.. se ''̃
trouver en présence de trois corps allô-
inands, le 2" bavarois, les 5" et 11" pru§- '̃'
siens, soit plus de 80,000 hommes.
Le prince royal, profitant des forêts et
des vignes, avait fait avancer ses, troi^r i
pes couvert, et l'armée allemande oc-'1
cupait depuis le plateau du Schwcigo.o, ̃ r
au nord, jusqu'au Niederwald au sud-
est, une sorte de fer à cheval renfér-
m^nt Wissembourg et menaçant parseà.
deux branches le plateau du Geissberg.
C'est aux deux extrémités de cette ligne
enveloppante que la lutte sera, partjèû*
lièrement terrible. A gauche, les tu'rcû.a ''[
du général Pelle se battent comme, dos t
diables et cherchent à arrêter les mas1-
ses bavaroises qui descendent du Schwei-
gen pour enlever WissémbOurg, où irt ?
commandant Liaud résiste avec son seul ̃
bataillon à toute une division. Les car-
touches épuisées, les turcos foncent à l;y ?
baïonnette les baïonnettes faussées. H s
luttent encore, mordent, étranglent Vn'i* v ''• >
yersairc. Mais le nombre .l'emporte. LjCs ',».
obus incendient la ville, les turcos reçu^ `
lent, et la petite garnison est cernée.
Pendant ce temps, à droite, les 5" et
11e corps prussiens se sont rués sur le
Geissberg, dont les 50° et 74° de lign'e r
défendent les pentes, pied à pied, à tpa-
vers les vignes et les houblonnières. *̃,
château du Geissberg, à l'ouest du pla-
teau, offre un refuge où la résistance est
acharnée. Deux heures sonnent au clo-
cher de Wissembourg quand les 500
hommes qui le défendent encore sont
obligés de se rendre. Depuis midi.
lé commandement de la division a été
pris par le général Pelle, car le gé-
néral Douay, blessé au ventre par un
éclat d'obus, a été emporté mourant
dans la ferme de Schafbousch, en arriéré,
du château, ainsi que le capitaine d'état-;
major du Closel et son officier d'ordori»
nance, le lieutenant dc-Mareuil, qui sont
tombés à ses côtés. Impossible d'em-
porter les blessés, car la division n'a pa? \y
une seule voiture d'ambulance, ni merne
un cacolet. ',],
Autour de la ferme, 500 hommes dès' i
503 et 74° résistent encore jusqu'à trois
heures contre 30,000 Allemands qui oc-
cupent maintenant le plateau. Il leur faut
alors rejoindre le reste de la brigade qui .>
se retire au sud par la route de au,- ̃. j
guenau. • > ̃>
Malheureusement la petite garnison ̃
de Wissembourg n'a pu exécuter à midi 1i ̃
et demi l'ordre de quitter la ville,. Elle y ̃ >
est cornée de toutes parts. Par la porto
de Landau, trois régiments bavarois sont ;•
entrés et acculent a la porte de Bitchë
les derniers défenseurs que commande
maintenant le capitaine Bertrand, lç
commandant Liaud ayant été blessé. r .<
Le Conseil municipal a négocié avec le .̃
général bavarois Bothmer la reddition
de la villa, le capitaine Bertrand et les ;'[
autres officiers sont fait prisonniers sur c •
parole, les hommes, après avoir forriié >>
les faisceaux, sont enfermés dans l'église.. •̃
VI1 est ti'ois. ̃feeiiresr-ol} demie, La lu\jCjft;.jj4
:dônci durél-^éiit-Jièuiies<.JLivtte ii'mïquë
!ôt 'malheureuse ment inutile, ear.que pa«n -c, ;w
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 71.08%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 71.08%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1" Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00" France-Brésil France-Brésil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "FranceBr"
- Auteurs similaires Villemessant Hippolyte de Villemessant Hippolyte de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Villemessant Hippolyte de" or dc.contributor adj "Villemessant Hippolyte de")Jouvin Benoît Jouvin Benoît /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Jouvin Benoît" or dc.contributor adj "Jouvin Benoît")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 5/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k288612g/f5.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k288612g/f5.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k288612g/f5.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k288612g/f5.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k288612g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k288612g
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k288612g/f5.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest