Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1906-03-24
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 mars 1906 24 mars 1906
Description : 1906/03/24 (Numéro 83). 1906/03/24 (Numéro 83).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2872967
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Samedi 24 Mars 1906
Le Numéro avec le Supplément = SEINE &SEINE'ET-OISE 15 centimes DEPARTEMENTS 20 centimes
52e Année 3e Série N' 83
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
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de France et d'Algérie.
e Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me îxàte
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
S O HJL H/L -A. I K.E
Les rêves Fœmina.
L'arrivée dos secours EMILE BERR.
Le banquet Combes G. DAVENAY.
La Conférenàe d'Algésiras Tactique dilatoire
allemande JEAN DU Taillis.
A l'Etranger La crise de la Triplice.
Figaro à Londres.
La Chambre La loi de finances: PAS-PERDUS.
Le Sénat Interpellation Louis CHEVREUSE.
Journaux et Revues ANDRÉ BEAUNIER.
Petite chronique des lettres Ph.-Emm. Glaser.
La catastrophe de Courrières.
Le festival Mozart Robert BRUSSEL.
Lés Théâtres .• Théâtre royal d'Anvers "Le
Tasse" E. R.
Les Rêves
J'ai rêvé, la nuit dernière, que j'étais
seule sur une barque dont un vent pro-
digieux tendait les voiles brunes, et qui,
sans secousses, éperdument, filait sur
une mer convulsive. J'éprouvais une
grave et singulière joie. J'avais laissé
dans le port lointain mes responsabilités
et mes inquiétudes- J'étais libre et mer-
veilleusement calme. Tout à coup l'idée
me vint de carguer les voiles pleines de
vent, sans doute je suis un meilleur
marin qu'il ne semble, car j'y réussis
aisément. Et à l'instant j'abordai au
pied d'une ville rose et jaune qui brillait
de soleil. Des pêcheurs grincheux errant
sur la plage se refusèrent obstinément
à me dire le nom de leur pays. Qu'im-
portait ne savais-je pas de source
certaine que c'était le Paraguay ? Ce
que j'avais ignoré jusque-là mais
je le découvrais avec une dilatation de
tout mon cœur c'est que le Paraguay
fût le seul point de la terre où on est
heureux. J'avais abordé à la côte du
bonheur D'une allure de flânerie je
montais vers la ville, lorsque de la porte
d'un palais ciselé surgit un concierge.
Parmi des sourires bénévoles et des
congratulations fleuries cet homme ex-
,cel lent m'apprit que le prince Ruprecht
de Bavière roi du Paraguay a
la ̃suite. de circonstances que je ne
me charge pas j'expliquer, allait
venir se mettre à mes ordres. Au mo-
ment où je me préparais à goûter, avec
l'agrément d'une si honorable réception,
le soleil enivrant, l'éclatante saison, les
parfums sans pareils de cette terre déli-
cieuse, je fis la sottise de me réveiller.
La marée montante battait doucement
sous ma fenêtre, le soleil glaçait d'or les
maisons roses et jaunes et les palais
blancs, l'air sentait finement et âprement
le sel et les feuilles. Tout cela pourtant
avait moins de beauté que le Paraguay
de mon absurde rêve. L'éblouissante
Venise n'était pas le pays du bonheur.
Comme elles sont puissantes, ces ma-
gies du sommeil Me voici, et pour long-
temps sans doute, l'âme chargée d'un
impatient désir d'horizons inconnus, de
découvertes, de toute l'émotion .mysté-
rieuse des beaux voyages.
#
Il paraît que les constructions saugre-
nues du rêve sont l'œuvre d'une de nos
cellules ou d'un groupe de cellules
demeurées en état de veille et travaillant
sans subir la réglementation de toute la
machine cérébrale. L'explication ne me
contente guère. Je voudrais savoir la
cause de cette cause. Pourquoi la cellule
qui ne dort pas est-elle justement celle
qui dicte les rêves-pressentiments, par
exemple? Un motif la maintient en exci-
tation, elle et non pas une autre quel
est ce motif ?
Est-on insensé si l'on tient le rêve
pour une production logique, nécessaire
même, de l'intelligence et de la sensibi-
lité, si l'on croit qu'il peut être chargé de
nous révéler partiellement les zones in-
connues de notre territoire moral, de
nous apprendre du passé ancestral ce
que nous avons besoin d'en connaître, de
nous dévoiler des morceaux d'avenir?
Le rêve n'est presque jamais fait avec
de l'actualité. Ceux qui ont perdu des
êtres aimés savent que dans les nuits
qui suivent la séparation on ne rêve pas
de ses morts. Cependant durant qu'on
veille on ne pense qu'à eux; le temps
qui vient n'a plus d'intérêt, et si l'esprit
retourne au temps écoulé, c'est pour y
chercher leur image et rien qu'elle. En-
dormi, on échappe à la chère et tortu-
rante hypnose. Il arrive que, dans le plus
affreux désespoir, on fasse des reves
bouffons. Certes nos songes ne sont pas
créés par notre préoccupation du mo-
ment ils sortent de la partie de notre
vie que nous' ne savons plus, ou vont
illuminer celle que nous ne savons pas
encore.
̃J'imagine,ou plutôt je sens que le som-
meil paralyse l'intelligence factice et le
jugement déformé et déformant que
nous font les circonstances et la néces-
sité.
L'agitation apaisée, le mouvement vital
régularisé, le corps cessant de gâcher
des énergies en mimiques expressives,
l'esprit ne s'éparpillant plus sur mille
objets, l'instinct se délivre certainement
des entraves imposées par les rapports
sociaux. Qu'un danger s'approche, il ré-
veillera l'homme endormi, comme il
le fait pour l'animal. Dans la sécurité,
il s'emploie à lui rappeler ce' qu'il fut
avant d'être ce qu'il est, à lui annoncer ce
qu'il deviendra.
Tout le monde se rappelle ces rêves
émouvants au cours desquels on recon-
naît des contrées et des visages incon-
nus, et si chers soudainement Le mer-
veilleux Loti nous en a conté un dans la
page la plus pénétrante, peut-être, qu'il
ait écrite. II n'existe malheureusement
aucun moyen de prouver que, pendant
de tels songes, on ne fait que revivre la
vie d'un ancêtre oublié. Mais il en va au-
trement pour ceux qui avertissent et
qu'ensuite on voit se réaliser. Dire que
ces phénomènes si fréquents sont dus
au hasard semble un peu trop facile. Il
y a d'autres explications, je pense.
L'homme possède un pouvoir de dé-
chiffrer, sinon l'avenir tout entier, au
moins les grandes lignes de l'avenir;
mais l'étourdissement de l'existence fa-
tice et compliquée oblitère cet instinct
divinateur, et nous n'avons pas l'atten-
tion tranquille et dégagée qu'il nécessi-
terait.
Cela devrait être tellement simple de
connaître son propre avenir L'avenir
n'est-il pas tout entier inclus dans le
,passé ?
Chaque homme refait ce qu'il a fait
une fois. Pour savoir ce qui lui arrivera,
il n'aura qu'à se souvenir de ce qui lui est
arrivé. Seulement on oublie! La vie
nous oblige à nous croire sans cesse dif-
férents, renouvelés devant chaque cir-
constance nouvelle. Il faut qu'il en soit
ainsi. C'est dans cette illusion que nous
prenons lé courage d'agir. C'est elle aussi
qui, en falsifiant le passé, nous voile
l'avenir.
Que ne pourrions-nous connaître de
nous mêmes sans ce salutaire men-
songe Les maladies que nous devons
avoir sont à l'avance déterminées par
celles de nos ascendants, nos propres
habitudes, nos passions, nos vices et no-
tre faculté d'imprudence. Nbs douleurs
et nos joies sentimentales seront toutes
calquées quelles qu'en soient les oc-
casions sur la première douleur subie,
la première joie goûtée.- On peut man-
quer une carrière et en réussir une dif-
férente ? C'est alors qu'on n'avait pas
tout-à fait manqué la première et qu'un
peu plus tard on y eût réussi, les victo-
rieux doivent toujours vaincre et par un
procédé toujours le même l'adaptation,
qui est un incessant recommencement
des gestes de souplesse.
Le nombre des incidents qui traver-
sent les existences les plus agitées est-
très petit, et tous ont entre eux.un air
de famille. Il y a des gens qui seront
toujours trompés, des gens qui seront
toujours ruinés. Il y a ceux qui ne se-
'ront jamais ni l'un ni l'autre. Il y a les
gens « qui n'ont pas de chance » et ceux
« qui ont une veine insensée ». Les cir-
constances et les.individus .successifs
qui avec une singulière" persistance s'a-
charnent à constituer le bonheur des
uns, le malheur des autres sont parfois
de type fort différent il n'importe. Ce
ne sont pas les circonstances et les indi-
dividus qui déterminent le destin de
l'homme, mais son tempérament. Nous
n'arrivons à nous persuader cela que s'il
s'agit du voisin quant à nous, éternelle-
ment surpris d'être si malheureux, si
incompris le bonheur et le succès
étonnent moins, nous nous obstinons
à ne pas voir que, ayant été malheureux
et incompris dès le début de notre vie,
nous devions logiquement continuer et
continuerons de l'être puisque nous
sommes demeurés pareils.
L'avenir nous inquiète par son obscu-
rité ? C'est sa trop claire évidence qui
devrait nous faire peur. Mais nous ne
savons pas, Dieu merci
Pour nous tolérer et nous absoudre,
nous nous attribuons les vertus que nous
pourrions avoir, nous donnons à nos
actes des raisons décoratives, et nous ne
parvenons pas à comprendre pourquoi
tant d'impossibilités s'opposent à nos
désirs.
Bien que nous n'utilisions guère ces
observations, elles n'en sont pas moins
faites et enregistrées. La surface de la
conscience ne les a pas retenues, elles
sont allées plus profondément et demeu-
rent. C'est avec les notations de notre
subconscient que se construisent les
rêves qui nous apprendraient notre vrai
caractère si nous savions les interpréter,
et les rêves avertisseurs. ·
Par exemple Nous couvons une ma-
ladie qui ne doit se déclarer que dans
des mois. Nous l'ignorions, mais notre
physiologie a déjà senti la menace elle
sait. Nous sommes, en rêve, traversés
par une douleur, si légère qu'éveillés
nous ne l'eussions pas remarquée. L'ins-
tinct, que le sommeil libère, la constate,
en tire les conséquences dernières, et
nous rêvons la maladie que nous aurons
l'année suivante.
Je me souviens d'avoir eu un cauche-
mar fort déplaisant au sujet d'une per-
sonne dont je venais de faire la connais-
sance, et qui aux plus brillantes séduc-
tions de l'esprit semblait joindre les plus
solides qualités morales. Dans la suite,
cette si agréable personne m'a montré le
plus odieux caractère et procuré quel-
ques-uns des désagréments pronostiqués
par le mauvais rêve. Evidemment mon
inconscient avait discerné en elle ce que
ses manières parfaites cachaient d'abord
à mon jugement ignare.
Goncourt a dit quelque part qu'on 'de-
meurait tout le jour un peu amoureux de
la femme avec qui on avait eu en songe
de tendres aventures. Si on a rêvé ainsi,
c'est qu'on.aimait sans le savoir, ou qu'on
aimèra. C'est l'occasion de se méfier
C'en est une aussi que de se voir en rêve
commettant un crime. Il ne faut pas rire
de ces songes-là, mais s'en inquiéter. Ils
préviennent discrètement l'individu que
son potentiel de cruauté est plus grand
qu'il pense. C'est dans les rêves les plus
ridicules, les plus invraisemblables, les
plus éloignés de la personnalité qu'on se
croit, des possibilités qu'on s'imagine
avoir, qu'il faut chercher la plus péné-
trante explication de soi-même. Que
n'ai-je la place d'entasser ici tous les
exemples qui nie viennent à l'esprit de
ces mystérieux avis du sommeil
Dans l'antiquité, les interprètes des
songes devaient être gens d'esprit, sub-
tils observateurs de la bête bumaine,
physiologistes 'instinctifs et sagaces. Je
suppose que, sans avoir besoin de char-
latanerie, ils se trompaient fort peu et
renseignaient bien leurs clients. Leur
méthode était, en somme, plus simple et
plus certaine que la psychologie mo-
derne, laquelle est obligée de s'appuyer
sur des actes. Or personne ne sait ja-
mais tout sur un acte; le récit intéressé
le déforme, les circonstances physiques
et morales en sont mal connues, celui-
là même qui le commet le juge d'après
sa passion. Mais un rêve, comme cela
renseigne tien! C'est une manifestation
tellement sincère, si parfaitement libre!
Le rêve, c'est toujours une vérité voilée.
Un jour viendra où les songes seront
étudiés scientifiquement, classés par sé-
ries, expliqués comme les autres symp-
tômes de la maladie et de la santé,
comme les autres phénomènes intellec-
tuels et sensibles. On saura, alors, une
foule de détails désolants sur soi-même,
et on connaîtra son avenir, chose évi-
demment plus commode que plaisante.
Quant à moi, je ne doute pas que je
doive prochainement rencontrer le prince
Ruprecht de Bavière, roi du Paraguay,
et recevoir de lui quelque importante
communication.
Fœmina.
La Température
La dépression de. la Méditerranée s'est creu-
sée en s'étendant vers le Nord et l'Est; son
centre se trouvait hier matin près de Nice,
742mm. Les fortes pressions ne persistent plus.
que sur le sud-est du continent. A Paris, le
baromètre en baisse accusait hier, à midi,
755mm4-
Le vent est encore fort du nord-est à la
pointe du Cotentin et en Vendée; il est vio-
lent du nord-ouest dans le golfe du Lion, où
la mer est grosse.
Des pluies abondantes sont tombées sur la.
Méditerranée et les régions avoisinantes. On
signale des chutes de-neige à Rodez, à Mende
et à Clermont. A Rodez, la couche de neige a
une épaisseur de 15 à 20 centimètres elle a
50 centimètres dans la campagne.
La température a encore baissé sur nos
régions. Hier, à Paris, le thermomètre mar-
quait,, à sept heures du matin, 2° au-dessous
de zéro et 40 au-dessus l'après-midi. Ciel cou-
vert, temps très froid dans la soirée, neige
abondante.
Départements le matin Au-dessous de îéro,
oo0t Nantes et à Rochefort; i° à Bordeaux, à
Belfort, à Besançon, à Lyon et Gap, '2° à'
Nancy.
Au-dessus de \èro o°5 à Cette, 1° à Bou-
logne et à Biarritz, 2° à Brest, à Lorient et à
Perfignan, 3" à Cherbourg, au cap Béarn et
à Nice, 70 à Alger, il0 à Oran.
En France, le temps va rester froid des
averses de pluie et de neige sont probables.
Le soir; le baromètre était à 7S4mm.
(La température du 23 mars 1905' était
A Paris, thermomètre S» au-dessus de zéro
le matin; 180 l'après-midi. Baromètre 758mm
dans la matinée, 760m"" le soir.)
-OO~
Les Courses
Aujourd'hui, à deux heures, Courses à
Auteuil. Gagnants du Figaro
Prix Andréa Menuet; Barbor's Pole.
Prix Tant-Mieux Magnus; La RéaUté.
Prix Grandmaster Lauréat II Parent.
Prix de Porchefontaine Géorgien; Fragilité.
Prix Revenge Bec d'Ambès Zig.
Prix Augure Hanoï II; Barberini.
LE BUDGET
^>y La Chambre a terminé hier le vote
le pays accueillera avec satisfaction, car
plus la discussion se prolongeait, plus
les amendements d'intérêt électoral creu-
saient le déficit. Si la Chambre est con-
tente d'elle-même, c'est qu'elle n'est
vraiment pas difficile.
Notre éminent collaborateur Jules Ro-
che lui a fait entendre de rudes vérités,
qui n'ont pas eu l'heur de plaire à l'ex-
trême gauche. Les socialistes et les radi-
caux ne se bornent pas à jeter notre ar-
gent par les fenêtres, ils voudraient en-
core passer aux yeux du public pour ad-
ministrer la fortune de la France en
bons pères de famille. Ils sont trop am-
bitieux. Leur mauvaise humeur ne sau-
rait prévaloir contre les chiffres. Ce n'est
pas a nos lecteurs qu'il y a lieu d'ap-
prendre avec quelle profonde compé-
tence et quelle magistrale lucidité M.
Jules Roche sait analyser une situation
financière. Le tableau qu'il a présenté à
ses collègues de l'accroissement continu
des dépenses et de la dette publique est
terrifiant. Cinq milliards par an, dont
3 milliards 700 millions pour le budget
de l'Etat, le reste pour les départements
et les communes! Voilà ce que paye à
présent le contribuable français, dont
les ressources sont loin d'augmenter en
proportion de ses charges.
M. Poincaré, ministre des finances,
dont la science et le talent ne font pas
question, était tenu par sa fonction d'op-
poser à M. Jules Roche une note plus
optimiste. Au fond, ce qui résulte sur-
tout du discours du ministre des finan-
ces, c'est qu'il est assez peu éloigné
de partager l'avis de son redoutable
contradicteur. Si M. Poincaré réduit
quelques-uns des chiffres énoncés par
M. Jules Roche, c'est qu'il adopte dans
certains cas une autre méthode de comp-
tabilité. La réalité n'en est pas modifiée.
Le ministre conteste qu'elle soit me-
naçante mais il convient qu'elle est sé-
rieuse. Il ne nie point que le budget de
cette année comporte un déficit d'une
centaine de millions. Comme on estàJa
veille des élections, on le comblera non
par de nouveaux impôts, mais par un
nouvel emprunt. M. Poincaré fait re-
marquer que le crédit de la France est
excellent. Qui dit le contraire? Seule-
ment, on se demande s'il le resterait
toujours avec un Parlement s'entêtant
dans les mêmes habitudes de folle pro-
digalité.
M. Poincaré lui-même ne le pense pas,
puisqu'il a conclu par. un éloquent et
pressant appel à la sagesse et à l'écono-
mie. Cette conclusion, c'est celle de M.
Jules Roche. Il n'y a pas de divergence
d'opinion possible devant l'évidence. Et
personne ne s'imagine plus que les gas-
pillages' de ces vingt dernières années
pourraient continuer sans nous conduire
aux abîmes.
~=oo~
.̃' A Travers Paris
Les doctrinaires inquiets.
Les socialistes sont dans l'embarras;
ils se sentent pris, et de façon gênante,
entre leur doctrine et leur commodité.
Leur doctrine 'est intransigeante et leur
commodité l'est aussi. Que faire ?.
Unifiés, ils ont résolu de considérer
comme ennemis tous les dissidents, tous
les indépendants, tous les individualis-
tes. Parfait! Seulement, alors,il faut
combattre la candidature du citoyen
Briand, qui s'est rendu coupable de col-
laborer à un ministère bourgeois. Il le
faut, et voilà justement l'ennui,
parce qu'on a beau être socialiste, et so-
cialiste unifié, voire membre de la Com-
mission administrative du parti, un mi-
nistre est toujours un ministre, autant
dire un homme très considérable, et qui
fait honneur au parti qui l'a vu naître,
et qui vous peut rendre des services en-
fin, si la plus noire ingratitude ne l'a pas
encore aveuglé.
Combattre M. Gérault-Richard, ou M.
Deville, où M. Colliard, ce n'est rien: le
moindre unifié y suffit. Mais combattre
le ministre de l'instruction publique, et
des beaux-arts, et des cultes, un cama-
rade qui est, en quelque sorte, trois fois
ministre, diable c'est une autre affaire.
Quelques unifiés ardents avaient pré-
paré' une violente affiche; ils allaient la
faire imprimer. Seulement d'autres uni-
fiés n'osent pas, ils rechignent à se
brouiller avec un ministre, ils sentent la
difficulté d'une telle entreprise. Alors,
on a" prie la Commission administrative
de surseoir a l'impression de l'affiche.
On hésite, on tergiverse, on ne sait pas
trop.
Gageons que M. Briand, qui connaît
ses camarades, est bien tranquille
Quelques hommes de lettres, réunis
par les soins de la Société- des conféren-
ces, fêtaient hier soir, dans un restau-
rant de la rive gauche, M. Guglielmo
Ferrero, réminent' résurrecteur de Rome,
qui avait, dans la journée, magistrale-
ment parlé de Néron et d'Agrippine.
Il y avait là le vicomte Melchior de
Vogué, qui présidait-en face de M. Fer-
rero puis, entre autres, MM. Jules Ro-
che, René Doumic, André Michel, Gaston
Deschamps. Fernand Gregh, Chaumeix,
Russo, G. Latouche, etc. Le dîner fut
charmant. On y parla beaucoup de Rome,
d'Agrippine, de Claude, de Tibère, d'Au-
guste, de César mais dans la bouche de
M. Guglielmo Ferrero, ces noms péri-
més prennent un sens de vivante actua-
lité, tant le causeur sait l'art de généra-
liser ses sujets et de piquer dans l'anti-
quité les éléments qui autorisent les
comparaisons saisissantes avec les faits
modernes.
Au dessert, M. de Vogué porta, en
termes délicats, un toast ému à M. Fer-
rero, qui y répondit avec. une simple et
noble émotion. M. Russo, correspondant
italien, prit à son tour la parole pour re-
vendiquer fièrement pour son pays l'hon-
neur de compter M. Ferrero parmi ses
enfants, et le mot de la fin fut prononcé
par M. Fernand Gregh, qui, notant avec
humour tout ce qu'il y a d'art dans la
science historique de M. Ferrero, fit en
riant « Je bois à la poésie. »
Les arbres sont bêtes.
Voilà qu'on télégraphie, d'un peu par-
tout, que par suite de la neige et du
froid revenus la récolte des fruits est
compromise.
Oui vraiment ces arbres fruitiers ont
la tête dure. Tous les ans le soleil et le
vent leur font la même farce et tous les
ans ils s'y laissent prendre. Depuis des
siècles, il fait au commencement de mars
une température douce et printanière.
Alors, malgré tous les précédents, mal-
gré les almanachs de toutes les années
passées, malgré les proverbes, sans vou-
loir même consulter une collection de
journal, les voilà tous, pêchers, aman-
diers, pruniers, poiriers, pommiers, qui
revêtent leur adorable parure de fleurs
blanches, rosées ou rosés. On les admire,
ils sont exquis, ils isont la fraîcheur,. la
beauté,' la jeunesse de l'année. Huit
jours passent; la gelée vient voilà les
fleurs fanées et là récolte compromise.
Et les plus vieux comme les plus
jeunes, indociles à l'expérience, l'année
prochaine recommenceront les mêmes
folies, incorrigibles à jamais. -'̃̃;
On sait.que la censure va disparaître,
vaincue, tel le dragon de la Fable, par
M. Dujardin-Beaumetz-Bellérophon. Elle
aurait même disparu déjà sans la pro-
longation anormale de la discussion du
budget de 1906. Languissante, sachant
sa fin prochaine, elle se considère déjà
comme virtuellement abolie et ne manie
plus que d'une main défaillante ses ci-
seaux émoussés.
Les auteurs qui ont eu affaire à elle en
ces temps derniers ont pu reconnaitre
qu'elle n'était plus que l'ombre d'elle-
même. Le crayon bleu qui, jadis, barra
fébrilement d'innocents passages des ou-
vrages dramatiques contemporains, et
qui par contre oublia de zébrer tant de
couplets de revue à triple sens, le
crayon bleu' a perdu .toute autorité, et,
pris une bien mauvaise mine.
Pendant qu'elle disparaît en France .la
censure fleurit aux Etats-Unis. Elle n'y
sévit pas seulement sur les œuvres de
théâtre, elle réglemente aussi les ro-
mans et surveille de très près les tra-
ductions d'ouvrages français.
Mais n'allez pas croire que ce soit uni-
quementau point de vue de la gauloi-
serie du vocabulaire ou de l'inconve-
nance des situations. Certains censeurs
américains il en est dans chaque Etat
–estiment qu'il y a quelque chose de plus
dangereux que l'immoralité témoin l'ar-
rêt rendu par un examinateur du Far
West qui interdit décision, àvrai dire,
assez surprenante la vente d'œuvres
dé George Sand, Balzac, Feuillet et Al-
phonse Daudet.
'Ce fonctionnaire précisait ainsi ses
griefs
Les ouvrages susdits sont condamnables
en ce qu'ils répandent des idées fausses sur
la vie. Ils tendent à faire croire que la beauté
physique est un facteur beaucoup plus im-
portant que l'intelligence et le caractère. En
effet la réussite, ou le bonheur, des héroïnes-
de ces romans est due presque uniquement à
leurs charmes extérieurs et périssables et
non pas à leurs dualités morales. Ce qui est
mauvais.
Ne voilà-t-il pas un point de vue pro-
prement américain, et une façon pitto-
resque et d'ailleurs juste de juger
notre littérature ?
PETITES HISTOIRES
Il paraît que l'usage du tabac se répand de
plus- en plus de l'autre côté du détroit. En
voulez-vous une preuve frappante Une com-
pagnie de chemins de fer anglaise vient de
décider de placer dans chacun de ses trains
un compartiment spécialement réservé aux
dames « fumeurs » (Lady Smokers). Voilà une
initiative des plus intéressantes et qui ne va
point manquer de provoquer les commentaires
les plus divers.
L'usage du tabac pour les femmes a d'ail-
leurs trouvé des panégyristes convaincus. Il
paraît que l'agrément d'une cigarette peut,
dans certains cas, être un utile réconfort pour
les vertus chancelantes et que bien des mau-
vaises pensées s'évanouissent dans la fumée.
En effet, fumer est une distraction pour les
femmes qui s'ennuient, et l'on sait que lors-
qu'elles s'ennuient trop longtemps les femmes
finissent toujours par s'amuser.
Mais les partisans du tabac ne S'en tiennent
pas là et ils allèguent, pour démontrer son
excellente influence, les raisons les plus naïves.
Celle-ci par exemple: « Jamais un crime, ou un
vol, n'a été commis la cigarette à la bouche. »
Cet argument, n'est pas moins comique que
cet autre imaginé par un criminaliste, pour
prouver qu'une mauvaise conscience engen-
dre une triste humeur « Les criminels et les
malfaiteurs, disait cet homme étonnant, ne
connaissent point la gaieté,, car il n'est point
d'exemple qu'ils perpètrent leurs forfaits en
chantant. Il faut: bien, n'est-ce pas ? que
les crimin.alistes soient quelquefois plaisants.
Palémon..
L'Union artistique et philanthropique
des Femmes françaises, dont M. Henri
Deutsch (de la Meurthe) est le très dévoué
président d'honneur, donnera aujour-
d'hui, à trois heures, au théâtre Sarah-
Bernhardt, une représentation au béné-
fice des victimes de Courrières. Les
organisateurs de cette fête charitable se
sont assuré le concours de Mlle Louise
Grandjean, de l'Opéra deMme Ribeyre
et Mlle Andrée Lorec, de la Société.des
Concerts de Mme Tékley-Planel et des
compositeurs Emile Pessard, Paul Vidal,
Missa et Planel, qui dirigeront eux-
mêmes l'exécution de leurs œuvres.
Tous les instruments à cordes seront
tenus par cinquante jeunes filles lau-
réates du Conservatoire. Cette matinée
sera digne de la pensée généreuse, qui
l'a suscitée, et le grand succès n'en est
pas douteux.
Une nouvelle grève vient d'éclater,
celle des jardiniers; souhaitons qu'elle
s'apaise rapidement, et surtout qu'elle
n'entraîne pas celle des fleurs! Si pour-
tant cette éventualité redoutable devait
se produire, il y aurait de la ressource
pour les Parisiennes éprises de suaves
odeurs, puisque Lenthéric a su pour elles
ravir aux fleurs leur parfum et l'enfer-
mer dans ses flacons dVEolian qui con-
tiennent l'essence même des fleurs. Cha-
cun sait en effet que l'^olian, comme
tous les parfums de, Lenthéric, est en-
tièrement naturel.
Les reines de mi-carême qui traversè-
rent Paris avant-hier se souviendront
longtemps de cette journée triomphale;
elles se souviendront aussi des Folies-
Bergère, de l'Olympia où, pour elles et
leur suite,, M. Paul Ruez avait réservé de
confortables loges.
Elles étaient en joie en applaudissant
Footitt, Anne Dancrey, Mariette Sully,
les interprètes de la Revue de Victor de
Cottens. Elles furent énierveillées en
voyant les 20 Yokoda, les Maquettes ani-
mées de G. Bertrand, Paris-Ffitard et la
Kraquette, et le seront autant ce soir à
Parisiana où est donnée à leur intention
une soirée de gala.
-0-00-0-
Toutes les nations sont représentées
en ce moment au Casino de Paris, et cela
pour l'agrément des nombreux specta-
teurs.
C'est ainsi que nous voyons tour à tour
défiler devant nous des Japonais, les
Vainqueurs du Yalou, dont les exercices
sont d'un haut intérêt; des Russes, les
Aquamarinofï, chanteurs ,et danseurs
remplis de talent; une Américaine, co-
lored lady, missFlorence Yaymen, d'un
comique intense dans ses contorsions
sans compter Black and White, les Sis-
ters Warwicks, les Drolys et les Balza-
ros, numéros venus de tous les points du
monde.
Et tous ces artistes s'entendent à mer-
veille. Que n'en est-il de même à Algé-
siras 1
o-
Hors Paris
De Biarritz
« Le roi Edouard VII, accompagné de
sir Stanley Clarke, de l'Hon. Greville et
de plusieurs membres de la colonie an-
glaise, vient d'assister, dansle village de
Sare, à une grande partie de pelote bas-
que. Les joueurs avaient été choisis
parmi les plus illustres de la région. Le
chanteur,qui doit annoncer les coups des
pelotaris, s'avança vers le Roi et impro-
visa, ou du moins entonna, un poétique
et mélodieux compliment.
» Le Roi parut fort apprécier ce jeu
magnifique et félicita vivement les
joueurs. »
Ville d'instruction et d'éducation, ville
de séjour et centre d'excursions, Lau-
sanne est de plus en plus recherchée par
les'familles anglaises et françaises. Les
Grands Hôtels Riche-Mont et Beau-Site
sont déjà pleins, comme au> fort de la
saison. Tout près de ces deux Etablisse-
ments on va construire un Casino mu-
nicipal. En attendant, les grandes réu-
nions ont lieu à Riche-Mont et à Beau-
Site. C'est là que sera donné, à la fin de
mai, le banquet d'inauguration du Sim-
plon. Il n'y aura pas moins de huit cents
couverts.
De Rome
« Tout à l'Excelsior! C'est la maison
élue par la haute société cosmopolite qui
y trouve toutes les commodités de l'exis-
tence. comme on disait au grand siècle.
Les personnes qui voudront descendre à
l'Excelsior pour les fêtes de Pâques, si
brillantes et si curieuses, agiront pru-
demment en retenant leurs appartements
sans aucun retard. Le Restaurant, conçu
tout à fait à la française, a conquis les
suffrages des connaisseurs les plus diffi-
ciles il n'y a qu'une voix sur l'excel-
lence de la cuisine et de la cave. »
~oc:>
Nouvelles à la Main
Comment trouvez-vous ce citoyen
Broutchoux? 2
Pommé.
Le Masq ue de Fer.
DEMAIN
IDOTJ3S: :e>.a.^2-s
de J. L. FORAIN
r: A COURRIÈRES
llitiïÉs dossBcours
LJrs!HBCB US@ 0C~~M!â
(PAR dépêche de .notre envoyé SPÉCIAL)
Mûricourt, 23 mars, 7 h. du soir.
C'était aujourd'hui jour de paye à ,la
Compagnie de Courrières. Après douze
journées et douze nuits d'épouvanté et
de larmes, les vivants venaient toucher
le salaire des'morts
Le salaire des mineurs à la Compa-
gnie de Courrières. est payé, tous les
quinze jours, le 8 et le 23" de chaque
mois. La catastrophe étant survenue dans
la matinée du. 10 mars, une seule journée
de travail, celle du 9, se trouvait due aux
ouvriers morts ou survivants des fosses
dé Sallaumines, de Méricourt et de Billy-
Montigny. La Compagnie, en dehors des
secours déjà distribués par elle, et en at-
tendant le règlement des indemnités lé-
galement dues aux familles des sinistres,
avait, il est vrai, décidé d'inscrire au cré-
dit des ouvriers de ces trois fosses (morts
ou vivants) le salaire du samedi 10 et d'y
ajouter le prix de quatre demi-jour-
nées, celles des 12, 13, 14 et 15 mars
mais voilà huit jours qu'il n'y a plus
de salaire à toucher pour personne au-
tour des fosses maudites, et vous ima-
ginez quel surcroît de détresse eût ap-
porté dans tous ces pauvres ménages la
journée d'aujourd'hui, si le Comité local
de secours, que préside avec tant de dé-
vouement le préfet du Pas-de-Calais, M.
Duréault, n'avait eu la judicieuse et hu-
maine pensée de fixer au 23 mars la dis-
tribution des premiers secours officiels.
J'entends par secours officiels ceux qui
proviennent des souscriptions et des
dons particuliers, dont nous avons pu-
blié les listes, et qui, centralisés au Co-
mité de secours d'Arras, forment à cette
heure un total de plus d'un million de
francs.
Il est juste d'ajouter que, depuisie 10
mars, la charité privée n'a pas laissé sans
aide les malheureux sinistrés de Cour-,
rières. Des distributions d'argent ont été
faites par la Compagnie, par le comman-
dant Lasson, au nom du Président de la
République, par le clergé, par la presse
locale et par quelques donateurs qui
avaient tenu à venir eux-mêmes distri-
buer sur place les sommes dont ils dis-
posaient mais ce n'étaient là, au total,
que de chétives ressources contre la mi-
sère dont tant de familles étaient mena-
cées, et, à cet égard, la journée qui finit
a donc été bonne pour la première fois,
les dénuements ont été efficacement se-
courus, les désespoirs presque rassu-
Vingt-quatre communes se trouvaient
atteintes par le désastre. A chacun des
maires de ces communes, des question-
naires ont été adressés par le Comité
d'Arras, et chacun de ces questionnaires
demandait des renseignements sur la
victime qu'il concernait et sur sa famille.
Ce sont ces documents qui ont permis
au Comité d'Arras de connaître le nom-
bre exact des morts et d'établir le compte
des sommes nécessaires à la distribution
des premiers secours.
J'ai indiqué et je rappelle sur quelles
bases ce compte a été établi. Le Comité
distribue dans chaque famille 100 francs
par victime, plus 25 francs par enfant
non occupé, plus 50 francs par ascendant
non occupé. On peut mesurer, à l'impor-
tance de quelques sommes distribuées
aujourd'hui, l'horreur des effets de la
catastrophe les versements de 500 ovu
de 600 francs ont été assez nombreux.
Un vieillard de Noyelles sous Lens,
nommé Achille Clen, a touché 700 francs.
Il est vrai qu'il reste seul au monde,
avec six enfants en bas âge, tous à élever 1
Tout ce ou'on sait, tout ce au'on re-
Le Numéro avec le Supplément = SEINE &SEINE'ET-OISE 15 centimes DEPARTEMENTS 20 centimes
52e Année 3e Série N' 83
H. DE VILLEMESSANT
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de France et d'Algérie.
e Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me îxàte
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
S O HJL H/L -A. I K.E
Les rêves Fœmina.
L'arrivée dos secours EMILE BERR.
Le banquet Combes G. DAVENAY.
La Conférenàe d'Algésiras Tactique dilatoire
allemande JEAN DU Taillis.
A l'Etranger La crise de la Triplice.
Figaro à Londres.
La Chambre La loi de finances: PAS-PERDUS.
Le Sénat Interpellation Louis CHEVREUSE.
Journaux et Revues ANDRÉ BEAUNIER.
Petite chronique des lettres Ph.-Emm. Glaser.
La catastrophe de Courrières.
Le festival Mozart Robert BRUSSEL.
Lés Théâtres .• Théâtre royal d'Anvers "Le
Tasse" E. R.
Les Rêves
J'ai rêvé, la nuit dernière, que j'étais
seule sur une barque dont un vent pro-
digieux tendait les voiles brunes, et qui,
sans secousses, éperdument, filait sur
une mer convulsive. J'éprouvais une
grave et singulière joie. J'avais laissé
dans le port lointain mes responsabilités
et mes inquiétudes- J'étais libre et mer-
veilleusement calme. Tout à coup l'idée
me vint de carguer les voiles pleines de
vent, sans doute je suis un meilleur
marin qu'il ne semble, car j'y réussis
aisément. Et à l'instant j'abordai au
pied d'une ville rose et jaune qui brillait
de soleil. Des pêcheurs grincheux errant
sur la plage se refusèrent obstinément
à me dire le nom de leur pays. Qu'im-
portait ne savais-je pas de source
certaine que c'était le Paraguay ? Ce
que j'avais ignoré jusque-là mais
je le découvrais avec une dilatation de
tout mon cœur c'est que le Paraguay
fût le seul point de la terre où on est
heureux. J'avais abordé à la côte du
bonheur D'une allure de flânerie je
montais vers la ville, lorsque de la porte
d'un palais ciselé surgit un concierge.
Parmi des sourires bénévoles et des
congratulations fleuries cet homme ex-
,cel lent m'apprit que le prince Ruprecht
de Bavière roi du Paraguay a
la ̃suite. de circonstances que je ne
me charge pas j'expliquer, allait
venir se mettre à mes ordres. Au mo-
ment où je me préparais à goûter, avec
l'agrément d'une si honorable réception,
le soleil enivrant, l'éclatante saison, les
parfums sans pareils de cette terre déli-
cieuse, je fis la sottise de me réveiller.
La marée montante battait doucement
sous ma fenêtre, le soleil glaçait d'or les
maisons roses et jaunes et les palais
blancs, l'air sentait finement et âprement
le sel et les feuilles. Tout cela pourtant
avait moins de beauté que le Paraguay
de mon absurde rêve. L'éblouissante
Venise n'était pas le pays du bonheur.
Comme elles sont puissantes, ces ma-
gies du sommeil Me voici, et pour long-
temps sans doute, l'âme chargée d'un
impatient désir d'horizons inconnus, de
découvertes, de toute l'émotion .mysté-
rieuse des beaux voyages.
#
Il paraît que les constructions saugre-
nues du rêve sont l'œuvre d'une de nos
cellules ou d'un groupe de cellules
demeurées en état de veille et travaillant
sans subir la réglementation de toute la
machine cérébrale. L'explication ne me
contente guère. Je voudrais savoir la
cause de cette cause. Pourquoi la cellule
qui ne dort pas est-elle justement celle
qui dicte les rêves-pressentiments, par
exemple? Un motif la maintient en exci-
tation, elle et non pas une autre quel
est ce motif ?
Est-on insensé si l'on tient le rêve
pour une production logique, nécessaire
même, de l'intelligence et de la sensibi-
lité, si l'on croit qu'il peut être chargé de
nous révéler partiellement les zones in-
connues de notre territoire moral, de
nous apprendre du passé ancestral ce
que nous avons besoin d'en connaître, de
nous dévoiler des morceaux d'avenir?
Le rêve n'est presque jamais fait avec
de l'actualité. Ceux qui ont perdu des
êtres aimés savent que dans les nuits
qui suivent la séparation on ne rêve pas
de ses morts. Cependant durant qu'on
veille on ne pense qu'à eux; le temps
qui vient n'a plus d'intérêt, et si l'esprit
retourne au temps écoulé, c'est pour y
chercher leur image et rien qu'elle. En-
dormi, on échappe à la chère et tortu-
rante hypnose. Il arrive que, dans le plus
affreux désespoir, on fasse des reves
bouffons. Certes nos songes ne sont pas
créés par notre préoccupation du mo-
ment ils sortent de la partie de notre
vie que nous' ne savons plus, ou vont
illuminer celle que nous ne savons pas
encore.
̃J'imagine,ou plutôt je sens que le som-
meil paralyse l'intelligence factice et le
jugement déformé et déformant que
nous font les circonstances et la néces-
sité.
L'agitation apaisée, le mouvement vital
régularisé, le corps cessant de gâcher
des énergies en mimiques expressives,
l'esprit ne s'éparpillant plus sur mille
objets, l'instinct se délivre certainement
des entraves imposées par les rapports
sociaux. Qu'un danger s'approche, il ré-
veillera l'homme endormi, comme il
le fait pour l'animal. Dans la sécurité,
il s'emploie à lui rappeler ce' qu'il fut
avant d'être ce qu'il est, à lui annoncer ce
qu'il deviendra.
Tout le monde se rappelle ces rêves
émouvants au cours desquels on recon-
naît des contrées et des visages incon-
nus, et si chers soudainement Le mer-
veilleux Loti nous en a conté un dans la
page la plus pénétrante, peut-être, qu'il
ait écrite. II n'existe malheureusement
aucun moyen de prouver que, pendant
de tels songes, on ne fait que revivre la
vie d'un ancêtre oublié. Mais il en va au-
trement pour ceux qui avertissent et
qu'ensuite on voit se réaliser. Dire que
ces phénomènes si fréquents sont dus
au hasard semble un peu trop facile. Il
y a d'autres explications, je pense.
L'homme possède un pouvoir de dé-
chiffrer, sinon l'avenir tout entier, au
moins les grandes lignes de l'avenir;
mais l'étourdissement de l'existence fa-
tice et compliquée oblitère cet instinct
divinateur, et nous n'avons pas l'atten-
tion tranquille et dégagée qu'il nécessi-
terait.
Cela devrait être tellement simple de
connaître son propre avenir L'avenir
n'est-il pas tout entier inclus dans le
,passé ?
Chaque homme refait ce qu'il a fait
une fois. Pour savoir ce qui lui arrivera,
il n'aura qu'à se souvenir de ce qui lui est
arrivé. Seulement on oublie! La vie
nous oblige à nous croire sans cesse dif-
férents, renouvelés devant chaque cir-
constance nouvelle. Il faut qu'il en soit
ainsi. C'est dans cette illusion que nous
prenons lé courage d'agir. C'est elle aussi
qui, en falsifiant le passé, nous voile
l'avenir.
Que ne pourrions-nous connaître de
nous mêmes sans ce salutaire men-
songe Les maladies que nous devons
avoir sont à l'avance déterminées par
celles de nos ascendants, nos propres
habitudes, nos passions, nos vices et no-
tre faculté d'imprudence. Nbs douleurs
et nos joies sentimentales seront toutes
calquées quelles qu'en soient les oc-
casions sur la première douleur subie,
la première joie goûtée.- On peut man-
quer une carrière et en réussir une dif-
férente ? C'est alors qu'on n'avait pas
tout-à fait manqué la première et qu'un
peu plus tard on y eût réussi, les victo-
rieux doivent toujours vaincre et par un
procédé toujours le même l'adaptation,
qui est un incessant recommencement
des gestes de souplesse.
Le nombre des incidents qui traver-
sent les existences les plus agitées est-
très petit, et tous ont entre eux.un air
de famille. Il y a des gens qui seront
toujours trompés, des gens qui seront
toujours ruinés. Il y a ceux qui ne se-
'ront jamais ni l'un ni l'autre. Il y a les
gens « qui n'ont pas de chance » et ceux
« qui ont une veine insensée ». Les cir-
constances et les.individus .successifs
qui avec une singulière" persistance s'a-
charnent à constituer le bonheur des
uns, le malheur des autres sont parfois
de type fort différent il n'importe. Ce
ne sont pas les circonstances et les indi-
dividus qui déterminent le destin de
l'homme, mais son tempérament. Nous
n'arrivons à nous persuader cela que s'il
s'agit du voisin quant à nous, éternelle-
ment surpris d'être si malheureux, si
incompris le bonheur et le succès
étonnent moins, nous nous obstinons
à ne pas voir que, ayant été malheureux
et incompris dès le début de notre vie,
nous devions logiquement continuer et
continuerons de l'être puisque nous
sommes demeurés pareils.
L'avenir nous inquiète par son obscu-
rité ? C'est sa trop claire évidence qui
devrait nous faire peur. Mais nous ne
savons pas, Dieu merci
Pour nous tolérer et nous absoudre,
nous nous attribuons les vertus que nous
pourrions avoir, nous donnons à nos
actes des raisons décoratives, et nous ne
parvenons pas à comprendre pourquoi
tant d'impossibilités s'opposent à nos
désirs.
Bien que nous n'utilisions guère ces
observations, elles n'en sont pas moins
faites et enregistrées. La surface de la
conscience ne les a pas retenues, elles
sont allées plus profondément et demeu-
rent. C'est avec les notations de notre
subconscient que se construisent les
rêves qui nous apprendraient notre vrai
caractère si nous savions les interpréter,
et les rêves avertisseurs. ·
Par exemple Nous couvons une ma-
ladie qui ne doit se déclarer que dans
des mois. Nous l'ignorions, mais notre
physiologie a déjà senti la menace elle
sait. Nous sommes, en rêve, traversés
par une douleur, si légère qu'éveillés
nous ne l'eussions pas remarquée. L'ins-
tinct, que le sommeil libère, la constate,
en tire les conséquences dernières, et
nous rêvons la maladie que nous aurons
l'année suivante.
Je me souviens d'avoir eu un cauche-
mar fort déplaisant au sujet d'une per-
sonne dont je venais de faire la connais-
sance, et qui aux plus brillantes séduc-
tions de l'esprit semblait joindre les plus
solides qualités morales. Dans la suite,
cette si agréable personne m'a montré le
plus odieux caractère et procuré quel-
ques-uns des désagréments pronostiqués
par le mauvais rêve. Evidemment mon
inconscient avait discerné en elle ce que
ses manières parfaites cachaient d'abord
à mon jugement ignare.
Goncourt a dit quelque part qu'on 'de-
meurait tout le jour un peu amoureux de
la femme avec qui on avait eu en songe
de tendres aventures. Si on a rêvé ainsi,
c'est qu'on.aimait sans le savoir, ou qu'on
aimèra. C'est l'occasion de se méfier
C'en est une aussi que de se voir en rêve
commettant un crime. Il ne faut pas rire
de ces songes-là, mais s'en inquiéter. Ils
préviennent discrètement l'individu que
son potentiel de cruauté est plus grand
qu'il pense. C'est dans les rêves les plus
ridicules, les plus invraisemblables, les
plus éloignés de la personnalité qu'on se
croit, des possibilités qu'on s'imagine
avoir, qu'il faut chercher la plus péné-
trante explication de soi-même. Que
n'ai-je la place d'entasser ici tous les
exemples qui nie viennent à l'esprit de
ces mystérieux avis du sommeil
Dans l'antiquité, les interprètes des
songes devaient être gens d'esprit, sub-
tils observateurs de la bête bumaine,
physiologistes 'instinctifs et sagaces. Je
suppose que, sans avoir besoin de char-
latanerie, ils se trompaient fort peu et
renseignaient bien leurs clients. Leur
méthode était, en somme, plus simple et
plus certaine que la psychologie mo-
derne, laquelle est obligée de s'appuyer
sur des actes. Or personne ne sait ja-
mais tout sur un acte; le récit intéressé
le déforme, les circonstances physiques
et morales en sont mal connues, celui-
là même qui le commet le juge d'après
sa passion. Mais un rêve, comme cela
renseigne tien! C'est une manifestation
tellement sincère, si parfaitement libre!
Le rêve, c'est toujours une vérité voilée.
Un jour viendra où les songes seront
étudiés scientifiquement, classés par sé-
ries, expliqués comme les autres symp-
tômes de la maladie et de la santé,
comme les autres phénomènes intellec-
tuels et sensibles. On saura, alors, une
foule de détails désolants sur soi-même,
et on connaîtra son avenir, chose évi-
demment plus commode que plaisante.
Quant à moi, je ne doute pas que je
doive prochainement rencontrer le prince
Ruprecht de Bavière, roi du Paraguay,
et recevoir de lui quelque importante
communication.
Fœmina.
La Température
La dépression de. la Méditerranée s'est creu-
sée en s'étendant vers le Nord et l'Est; son
centre se trouvait hier matin près de Nice,
742mm. Les fortes pressions ne persistent plus.
que sur le sud-est du continent. A Paris, le
baromètre en baisse accusait hier, à midi,
755mm4-
Le vent est encore fort du nord-est à la
pointe du Cotentin et en Vendée; il est vio-
lent du nord-ouest dans le golfe du Lion, où
la mer est grosse.
Des pluies abondantes sont tombées sur la.
Méditerranée et les régions avoisinantes. On
signale des chutes de-neige à Rodez, à Mende
et à Clermont. A Rodez, la couche de neige a
une épaisseur de 15 à 20 centimètres elle a
50 centimètres dans la campagne.
La température a encore baissé sur nos
régions. Hier, à Paris, le thermomètre mar-
quait,, à sept heures du matin, 2° au-dessous
de zéro et 40 au-dessus l'après-midi. Ciel cou-
vert, temps très froid dans la soirée, neige
abondante.
Départements le matin Au-dessous de îéro,
oo0t Nantes et à Rochefort; i° à Bordeaux, à
Belfort, à Besançon, à Lyon et Gap, '2° à'
Nancy.
Au-dessus de \èro o°5 à Cette, 1° à Bou-
logne et à Biarritz, 2° à Brest, à Lorient et à
Perfignan, 3" à Cherbourg, au cap Béarn et
à Nice, 70 à Alger, il0 à Oran.
En France, le temps va rester froid des
averses de pluie et de neige sont probables.
Le soir; le baromètre était à 7S4mm.
(La température du 23 mars 1905' était
A Paris, thermomètre S» au-dessus de zéro
le matin; 180 l'après-midi. Baromètre 758mm
dans la matinée, 760m"" le soir.)
-OO~
Les Courses
Aujourd'hui, à deux heures, Courses à
Auteuil. Gagnants du Figaro
Prix Andréa Menuet; Barbor's Pole.
Prix Tant-Mieux Magnus; La RéaUté.
Prix Grandmaster Lauréat II Parent.
Prix de Porchefontaine Géorgien; Fragilité.
Prix Revenge Bec d'Ambès Zig.
Prix Augure Hanoï II; Barberini.
LE BUDGET
^>y La Chambre a terminé hier le vote
plus la discussion se prolongeait, plus
les amendements d'intérêt électoral creu-
saient le déficit. Si la Chambre est con-
tente d'elle-même, c'est qu'elle n'est
vraiment pas difficile.
Notre éminent collaborateur Jules Ro-
che lui a fait entendre de rudes vérités,
qui n'ont pas eu l'heur de plaire à l'ex-
trême gauche. Les socialistes et les radi-
caux ne se bornent pas à jeter notre ar-
gent par les fenêtres, ils voudraient en-
core passer aux yeux du public pour ad-
ministrer la fortune de la France en
bons pères de famille. Ils sont trop am-
bitieux. Leur mauvaise humeur ne sau-
rait prévaloir contre les chiffres. Ce n'est
pas a nos lecteurs qu'il y a lieu d'ap-
prendre avec quelle profonde compé-
tence et quelle magistrale lucidité M.
Jules Roche sait analyser une situation
financière. Le tableau qu'il a présenté à
ses collègues de l'accroissement continu
des dépenses et de la dette publique est
terrifiant. Cinq milliards par an, dont
3 milliards 700 millions pour le budget
de l'Etat, le reste pour les départements
et les communes! Voilà ce que paye à
présent le contribuable français, dont
les ressources sont loin d'augmenter en
proportion de ses charges.
M. Poincaré, ministre des finances,
dont la science et le talent ne font pas
question, était tenu par sa fonction d'op-
poser à M. Jules Roche une note plus
optimiste. Au fond, ce qui résulte sur-
tout du discours du ministre des finan-
ces, c'est qu'il est assez peu éloigné
de partager l'avis de son redoutable
contradicteur. Si M. Poincaré réduit
quelques-uns des chiffres énoncés par
M. Jules Roche, c'est qu'il adopte dans
certains cas une autre méthode de comp-
tabilité. La réalité n'en est pas modifiée.
Le ministre conteste qu'elle soit me-
naçante mais il convient qu'elle est sé-
rieuse. Il ne nie point que le budget de
cette année comporte un déficit d'une
centaine de millions. Comme on estàJa
veille des élections, on le comblera non
par de nouveaux impôts, mais par un
nouvel emprunt. M. Poincaré fait re-
marquer que le crédit de la France est
excellent. Qui dit le contraire? Seule-
ment, on se demande s'il le resterait
toujours avec un Parlement s'entêtant
dans les mêmes habitudes de folle pro-
digalité.
M. Poincaré lui-même ne le pense pas,
puisqu'il a conclu par. un éloquent et
pressant appel à la sagesse et à l'écono-
mie. Cette conclusion, c'est celle de M.
Jules Roche. Il n'y a pas de divergence
d'opinion possible devant l'évidence. Et
personne ne s'imagine plus que les gas-
pillages' de ces vingt dernières années
pourraient continuer sans nous conduire
aux abîmes.
~=oo~
.̃' A Travers Paris
Les doctrinaires inquiets.
Les socialistes sont dans l'embarras;
ils se sentent pris, et de façon gênante,
entre leur doctrine et leur commodité.
Leur doctrine 'est intransigeante et leur
commodité l'est aussi. Que faire ?.
Unifiés, ils ont résolu de considérer
comme ennemis tous les dissidents, tous
les indépendants, tous les individualis-
tes. Parfait! Seulement, alors,il faut
combattre la candidature du citoyen
Briand, qui s'est rendu coupable de col-
laborer à un ministère bourgeois. Il le
faut, et voilà justement l'ennui,
parce qu'on a beau être socialiste, et so-
cialiste unifié, voire membre de la Com-
mission administrative du parti, un mi-
nistre est toujours un ministre, autant
dire un homme très considérable, et qui
fait honneur au parti qui l'a vu naître,
et qui vous peut rendre des services en-
fin, si la plus noire ingratitude ne l'a pas
encore aveuglé.
Combattre M. Gérault-Richard, ou M.
Deville, où M. Colliard, ce n'est rien: le
moindre unifié y suffit. Mais combattre
le ministre de l'instruction publique, et
des beaux-arts, et des cultes, un cama-
rade qui est, en quelque sorte, trois fois
ministre, diable c'est une autre affaire.
Quelques unifiés ardents avaient pré-
paré' une violente affiche; ils allaient la
faire imprimer. Seulement d'autres uni-
fiés n'osent pas, ils rechignent à se
brouiller avec un ministre, ils sentent la
difficulté d'une telle entreprise. Alors,
on a" prie la Commission administrative
de surseoir a l'impression de l'affiche.
On hésite, on tergiverse, on ne sait pas
trop.
Gageons que M. Briand, qui connaît
ses camarades, est bien tranquille
Quelques hommes de lettres, réunis
par les soins de la Société- des conféren-
ces, fêtaient hier soir, dans un restau-
rant de la rive gauche, M. Guglielmo
Ferrero, réminent' résurrecteur de Rome,
qui avait, dans la journée, magistrale-
ment parlé de Néron et d'Agrippine.
Il y avait là le vicomte Melchior de
Vogué, qui présidait-en face de M. Fer-
rero puis, entre autres, MM. Jules Ro-
che, René Doumic, André Michel, Gaston
Deschamps. Fernand Gregh, Chaumeix,
Russo, G. Latouche, etc. Le dîner fut
charmant. On y parla beaucoup de Rome,
d'Agrippine, de Claude, de Tibère, d'Au-
guste, de César mais dans la bouche de
M. Guglielmo Ferrero, ces noms péri-
més prennent un sens de vivante actua-
lité, tant le causeur sait l'art de généra-
liser ses sujets et de piquer dans l'anti-
quité les éléments qui autorisent les
comparaisons saisissantes avec les faits
modernes.
Au dessert, M. de Vogué porta, en
termes délicats, un toast ému à M. Fer-
rero, qui y répondit avec. une simple et
noble émotion. M. Russo, correspondant
italien, prit à son tour la parole pour re-
vendiquer fièrement pour son pays l'hon-
neur de compter M. Ferrero parmi ses
enfants, et le mot de la fin fut prononcé
par M. Fernand Gregh, qui, notant avec
humour tout ce qu'il y a d'art dans la
science historique de M. Ferrero, fit en
riant « Je bois à la poésie. »
Les arbres sont bêtes.
Voilà qu'on télégraphie, d'un peu par-
tout, que par suite de la neige et du
froid revenus la récolte des fruits est
compromise.
Oui vraiment ces arbres fruitiers ont
la tête dure. Tous les ans le soleil et le
vent leur font la même farce et tous les
ans ils s'y laissent prendre. Depuis des
siècles, il fait au commencement de mars
une température douce et printanière.
Alors, malgré tous les précédents, mal-
gré les almanachs de toutes les années
passées, malgré les proverbes, sans vou-
loir même consulter une collection de
journal, les voilà tous, pêchers, aman-
diers, pruniers, poiriers, pommiers, qui
revêtent leur adorable parure de fleurs
blanches, rosées ou rosés. On les admire,
ils sont exquis, ils isont la fraîcheur,. la
beauté,' la jeunesse de l'année. Huit
jours passent; la gelée vient voilà les
fleurs fanées et là récolte compromise.
Et les plus vieux comme les plus
jeunes, indociles à l'expérience, l'année
prochaine recommenceront les mêmes
folies, incorrigibles à jamais. -'̃̃;
On sait.que la censure va disparaître,
vaincue, tel le dragon de la Fable, par
M. Dujardin-Beaumetz-Bellérophon. Elle
aurait même disparu déjà sans la pro-
longation anormale de la discussion du
budget de 1906. Languissante, sachant
sa fin prochaine, elle se considère déjà
comme virtuellement abolie et ne manie
plus que d'une main défaillante ses ci-
seaux émoussés.
Les auteurs qui ont eu affaire à elle en
ces temps derniers ont pu reconnaitre
qu'elle n'était plus que l'ombre d'elle-
même. Le crayon bleu qui, jadis, barra
fébrilement d'innocents passages des ou-
vrages dramatiques contemporains, et
qui par contre oublia de zébrer tant de
couplets de revue à triple sens, le
crayon bleu' a perdu .toute autorité, et,
pris une bien mauvaise mine.
Pendant qu'elle disparaît en France .la
censure fleurit aux Etats-Unis. Elle n'y
sévit pas seulement sur les œuvres de
théâtre, elle réglemente aussi les ro-
mans et surveille de très près les tra-
ductions d'ouvrages français.
Mais n'allez pas croire que ce soit uni-
quementau point de vue de la gauloi-
serie du vocabulaire ou de l'inconve-
nance des situations. Certains censeurs
américains il en est dans chaque Etat
–estiment qu'il y a quelque chose de plus
dangereux que l'immoralité témoin l'ar-
rêt rendu par un examinateur du Far
West qui interdit décision, àvrai dire,
assez surprenante la vente d'œuvres
dé George Sand, Balzac, Feuillet et Al-
phonse Daudet.
'Ce fonctionnaire précisait ainsi ses
griefs
Les ouvrages susdits sont condamnables
en ce qu'ils répandent des idées fausses sur
la vie. Ils tendent à faire croire que la beauté
physique est un facteur beaucoup plus im-
portant que l'intelligence et le caractère. En
effet la réussite, ou le bonheur, des héroïnes-
de ces romans est due presque uniquement à
leurs charmes extérieurs et périssables et
non pas à leurs dualités morales. Ce qui est
mauvais.
Ne voilà-t-il pas un point de vue pro-
prement américain, et une façon pitto-
resque et d'ailleurs juste de juger
notre littérature ?
PETITES HISTOIRES
Il paraît que l'usage du tabac se répand de
plus- en plus de l'autre côté du détroit. En
voulez-vous une preuve frappante Une com-
pagnie de chemins de fer anglaise vient de
décider de placer dans chacun de ses trains
un compartiment spécialement réservé aux
dames « fumeurs » (Lady Smokers). Voilà une
initiative des plus intéressantes et qui ne va
point manquer de provoquer les commentaires
les plus divers.
L'usage du tabac pour les femmes a d'ail-
leurs trouvé des panégyristes convaincus. Il
paraît que l'agrément d'une cigarette peut,
dans certains cas, être un utile réconfort pour
les vertus chancelantes et que bien des mau-
vaises pensées s'évanouissent dans la fumée.
En effet, fumer est une distraction pour les
femmes qui s'ennuient, et l'on sait que lors-
qu'elles s'ennuient trop longtemps les femmes
finissent toujours par s'amuser.
Mais les partisans du tabac ne S'en tiennent
pas là et ils allèguent, pour démontrer son
excellente influence, les raisons les plus naïves.
Celle-ci par exemple: « Jamais un crime, ou un
vol, n'a été commis la cigarette à la bouche. »
Cet argument, n'est pas moins comique que
cet autre imaginé par un criminaliste, pour
prouver qu'une mauvaise conscience engen-
dre une triste humeur « Les criminels et les
malfaiteurs, disait cet homme étonnant, ne
connaissent point la gaieté,, car il n'est point
d'exemple qu'ils perpètrent leurs forfaits en
chantant. Il faut: bien, n'est-ce pas ? que
les crimin.alistes soient quelquefois plaisants.
Palémon..
L'Union artistique et philanthropique
des Femmes françaises, dont M. Henri
Deutsch (de la Meurthe) est le très dévoué
président d'honneur, donnera aujour-
d'hui, à trois heures, au théâtre Sarah-
Bernhardt, une représentation au béné-
fice des victimes de Courrières. Les
organisateurs de cette fête charitable se
sont assuré le concours de Mlle Louise
Grandjean, de l'Opéra deMme Ribeyre
et Mlle Andrée Lorec, de la Société.des
Concerts de Mme Tékley-Planel et des
compositeurs Emile Pessard, Paul Vidal,
Missa et Planel, qui dirigeront eux-
mêmes l'exécution de leurs œuvres.
Tous les instruments à cordes seront
tenus par cinquante jeunes filles lau-
réates du Conservatoire. Cette matinée
sera digne de la pensée généreuse, qui
l'a suscitée, et le grand succès n'en est
pas douteux.
Une nouvelle grève vient d'éclater,
celle des jardiniers; souhaitons qu'elle
s'apaise rapidement, et surtout qu'elle
n'entraîne pas celle des fleurs! Si pour-
tant cette éventualité redoutable devait
se produire, il y aurait de la ressource
pour les Parisiennes éprises de suaves
odeurs, puisque Lenthéric a su pour elles
ravir aux fleurs leur parfum et l'enfer-
mer dans ses flacons dVEolian qui con-
tiennent l'essence même des fleurs. Cha-
cun sait en effet que l'^olian, comme
tous les parfums de, Lenthéric, est en-
tièrement naturel.
Les reines de mi-carême qui traversè-
rent Paris avant-hier se souviendront
longtemps de cette journée triomphale;
elles se souviendront aussi des Folies-
Bergère, de l'Olympia où, pour elles et
leur suite,, M. Paul Ruez avait réservé de
confortables loges.
Elles étaient en joie en applaudissant
Footitt, Anne Dancrey, Mariette Sully,
les interprètes de la Revue de Victor de
Cottens. Elles furent énierveillées en
voyant les 20 Yokoda, les Maquettes ani-
mées de G. Bertrand, Paris-Ffitard et la
Kraquette, et le seront autant ce soir à
Parisiana où est donnée à leur intention
une soirée de gala.
-0-00-0-
Toutes les nations sont représentées
en ce moment au Casino de Paris, et cela
pour l'agrément des nombreux specta-
teurs.
C'est ainsi que nous voyons tour à tour
défiler devant nous des Japonais, les
Vainqueurs du Yalou, dont les exercices
sont d'un haut intérêt; des Russes, les
Aquamarinofï, chanteurs ,et danseurs
remplis de talent; une Américaine, co-
lored lady, missFlorence Yaymen, d'un
comique intense dans ses contorsions
sans compter Black and White, les Sis-
ters Warwicks, les Drolys et les Balza-
ros, numéros venus de tous les points du
monde.
Et tous ces artistes s'entendent à mer-
veille. Que n'en est-il de même à Algé-
siras 1
o-
Hors Paris
De Biarritz
« Le roi Edouard VII, accompagné de
sir Stanley Clarke, de l'Hon. Greville et
de plusieurs membres de la colonie an-
glaise, vient d'assister, dansle village de
Sare, à une grande partie de pelote bas-
que. Les joueurs avaient été choisis
parmi les plus illustres de la région. Le
chanteur,qui doit annoncer les coups des
pelotaris, s'avança vers le Roi et impro-
visa, ou du moins entonna, un poétique
et mélodieux compliment.
» Le Roi parut fort apprécier ce jeu
magnifique et félicita vivement les
joueurs. »
Ville d'instruction et d'éducation, ville
de séjour et centre d'excursions, Lau-
sanne est de plus en plus recherchée par
les'familles anglaises et françaises. Les
Grands Hôtels Riche-Mont et Beau-Site
sont déjà pleins, comme au> fort de la
saison. Tout près de ces deux Etablisse-
ments on va construire un Casino mu-
nicipal. En attendant, les grandes réu-
nions ont lieu à Riche-Mont et à Beau-
Site. C'est là que sera donné, à la fin de
mai, le banquet d'inauguration du Sim-
plon. Il n'y aura pas moins de huit cents
couverts.
De Rome
« Tout à l'Excelsior! C'est la maison
élue par la haute société cosmopolite qui
y trouve toutes les commodités de l'exis-
tence. comme on disait au grand siècle.
Les personnes qui voudront descendre à
l'Excelsior pour les fêtes de Pâques, si
brillantes et si curieuses, agiront pru-
demment en retenant leurs appartements
sans aucun retard. Le Restaurant, conçu
tout à fait à la française, a conquis les
suffrages des connaisseurs les plus diffi-
ciles il n'y a qu'une voix sur l'excel-
lence de la cuisine et de la cave. »
~oc:>
Nouvelles à la Main
Comment trouvez-vous ce citoyen
Broutchoux? 2
Pommé.
Le Masq ue de Fer.
DEMAIN
IDOTJ3S: :e>.a.^2-s
de J. L. FORAIN
r: A COURRIÈRES
llitiïÉs dossBcours
LJrs!HBCB US@ 0C~~M!â
(PAR dépêche de .notre envoyé SPÉCIAL)
Mûricourt, 23 mars, 7 h. du soir.
C'était aujourd'hui jour de paye à ,la
Compagnie de Courrières. Après douze
journées et douze nuits d'épouvanté et
de larmes, les vivants venaient toucher
le salaire des'morts
Le salaire des mineurs à la Compa-
gnie de Courrières. est payé, tous les
quinze jours, le 8 et le 23" de chaque
mois. La catastrophe étant survenue dans
la matinée du. 10 mars, une seule journée
de travail, celle du 9, se trouvait due aux
ouvriers morts ou survivants des fosses
dé Sallaumines, de Méricourt et de Billy-
Montigny. La Compagnie, en dehors des
secours déjà distribués par elle, et en at-
tendant le règlement des indemnités lé-
galement dues aux familles des sinistres,
avait, il est vrai, décidé d'inscrire au cré-
dit des ouvriers de ces trois fosses (morts
ou vivants) le salaire du samedi 10 et d'y
ajouter le prix de quatre demi-jour-
nées, celles des 12, 13, 14 et 15 mars
mais voilà huit jours qu'il n'y a plus
de salaire à toucher pour personne au-
tour des fosses maudites, et vous ima-
ginez quel surcroît de détresse eût ap-
porté dans tous ces pauvres ménages la
journée d'aujourd'hui, si le Comité local
de secours, que préside avec tant de dé-
vouement le préfet du Pas-de-Calais, M.
Duréault, n'avait eu la judicieuse et hu-
maine pensée de fixer au 23 mars la dis-
tribution des premiers secours officiels.
J'entends par secours officiels ceux qui
proviennent des souscriptions et des
dons particuliers, dont nous avons pu-
blié les listes, et qui, centralisés au Co-
mité de secours d'Arras, forment à cette
heure un total de plus d'un million de
francs.
Il est juste d'ajouter que, depuisie 10
mars, la charité privée n'a pas laissé sans
aide les malheureux sinistrés de Cour-,
rières. Des distributions d'argent ont été
faites par la Compagnie, par le comman-
dant Lasson, au nom du Président de la
République, par le clergé, par la presse
locale et par quelques donateurs qui
avaient tenu à venir eux-mêmes distri-
buer sur place les sommes dont ils dis-
posaient mais ce n'étaient là, au total,
que de chétives ressources contre la mi-
sère dont tant de familles étaient mena-
cées, et, à cet égard, la journée qui finit
a donc été bonne pour la première fois,
les dénuements ont été efficacement se-
courus, les désespoirs presque rassu-
Vingt-quatre communes se trouvaient
atteintes par le désastre. A chacun des
maires de ces communes, des question-
naires ont été adressés par le Comité
d'Arras, et chacun de ces questionnaires
demandait des renseignements sur la
victime qu'il concernait et sur sa famille.
Ce sont ces documents qui ont permis
au Comité d'Arras de connaître le nom-
bre exact des morts et d'établir le compte
des sommes nécessaires à la distribution
des premiers secours.
J'ai indiqué et je rappelle sur quelles
bases ce compte a été établi. Le Comité
distribue dans chaque famille 100 francs
par victime, plus 25 francs par enfant
non occupé, plus 50 francs par ascendant
non occupé. On peut mesurer, à l'impor-
tance de quelques sommes distribuées
aujourd'hui, l'horreur des effets de la
catastrophe les versements de 500 ovu
de 600 francs ont été assez nombreux.
Un vieillard de Noyelles sous Lens,
nommé Achille Clen, a touché 700 francs.
Il est vrai qu'il reste seul au monde,
avec six enfants en bas âge, tous à élever 1
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