Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1906-01-10
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 10 janvier 1906 10 janvier 1906
Description : 1906/01/10 (Numéro 10). 1906/01/10 (Numéro 10).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2872229
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
826 Année 3* Sêrîe Na 10
Le Numêroquotidien&SEINE&SEINE-ET-blSEs 15 centimes l~«s DEPARTEMENTS i 20 centimes
Mercredi 10 Janvier 1906
Gaston CALMETTE
i Directeur-Gérant
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
̃RÉDACTION ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9« Arrt)
RÉDACTION ADMINISTRATIOHI
26, rue Drouot, Paris (9° Arrt)
TÉLÉPHONE, Trois lignes Nos 102.48 102.4? 102.49
POUR LA PUBLICITÉ
S'ADRESSER, 26, RUE DROUOT
À L'HOTEL DU « FIGARO ».
ET POtTR LES ANNONCES ET RÉCLAMES,
Chez MM. LAGRANGE, CERF & G*
8, place de la Bourse,
ABONNEMENT
Seine et Seine-Dt-Oise 15 » 30 ;»-, fiP,,JI
Départements 18 75 37 50 75 »
Union postale 2150 43. » 86 »
On sabonne dans tous les Bureaux de Postf
de France et à" Algérie.
«Loué par ceux-d, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. a (Beaumarchais.)
SOMMAIRE
-Révolution mentale: PIERRE DE Coubertin»
•Vers l'Elysée.- Les candidats de demain: M.
l ̃ Chaumié Jules Huret.
PAGE 2
Sur la Cote d'Azur: G. DE Montis.
La Conférence d'Algésiras Le Livre blanc.
l. PAGE 3
~A l'Étranger Serbie et Bulgarie Eugène
Lautier..
La Chambre: .L'élection du président: PAS-
PERDUS.
Le Sénat La rentrée Louis Ghevreuse.
Autour de la politique André Nancey.
PAGE 4
Les Associations cultuelles: André Nède.
Xa Vie universitaire Au musée pédagogique
Louis Hourticq. `
'Portraits de femmes: La baronne René Reille:
PAUL Acker.
;Les accroissements successifs de l'armée alle-
mande DE BEYRE.
Un explorateur grand officier de la Légion d'hon-
neur: Th. Janvrais.
Dans la marine Marc Landry.
Journaux et Revues: André Bèaunier.
PAGE 5
Dessin « Par fil spécial » t Albert Guil-
LAUME.
Gazette des Tribunaux Tribunal civil de la
Seine (4e Chambre): Le panache brisé «
̃ Henri' Varennes
PAGE 6.
Les Théâtres 'Galle Serge Panine
EMMANUEL Arène.
Trente Ans de théâtre ADRIEN Bernheim.
PAGE 7
Dessin A la Gaîté: Serge Panine De
Losques. •
Révolution mentais
Cet.- article va paraître en tête du premier
numéro de la Bévue pour les Français, revue
d'éducation et de propagande nationales fon-
dée par MM. le baron Pierre de Coubertin et
Gaston Bordat. Il résume les idées nouvelles
en faveur desquelles va être tenté ce nouvel
effort de notre collaborateur. La revue sera
mensuelle et coûtera 10 francs par an. Il est
superflu dé dire que nous joignons nos vœux
à– eeiix* des nombreux- -amw-Tju-lle compte
déjà.
S'il. fallait d'un mot caractériser cette
année 1905 si féconde en événements
d'une portée lointaine, nous dirions qu'un
fait y parait dominer et résumer tous les
autres l'unité politique du monde est
accomplie.
Nos pères avaient vu se former sous
leurs yeux étonnés son unité matérielle.
Auparavant, il semble qu'il y ait eu plu-
sieurs mondes isolés les uns des autres.
Les voyageurs qui lès avaient découverts
et les traversaient à grand renfort d'é-
nergie et d'endurance en rapportaient
4'étranges notions et des récits trou-
blants. On eût dit que les races écloses
en ces milieux différaient des nôtres au-
tant qu'en peuvent différer celles dont
tios imaginations peuplent les astres de
la voie lactée. Par la suite, une sorte de
brume se dissipa: la boule terrestre
apparut, rapetissée mais plus sédui-
sante, gagnant en intérêt ce qu'elle per-
dait en mystère, offrant à l'activité hu-
maine un ensemble assez uniforme
sous ses aspects inverses. On connut
que la civilisation pourrait s'établir en
tous lieux et y vivre. Bientôt, en effet,
un casino fonctionna au Yukori, l'im-
pératrice de Chine donna audience aux
ambassadrices, le shah de Perse se pro-
mena en automobile et des cartes pos-
tales illustrées portèrent le timbre de
Tombouctou. Du moins subsistait l'es-
pèce de hiérarchie créée par l'histoire
entre les divers Etats. Le Mikado ne
recevait pas de télégrammes de l'em-
pereur François-Joseph et le président
des Etats-Unis ne négociait point de
Concordat avec le Saint-Siège, les politi-
çiens d'Europe ne s'inquiétaient pas des
lois votées par le Parlement de la Nou-
velle-Zélande, les tarifs douaniers de la
Rhodesia ne comptaient pour rien dans
la balance, et la question des fortifica-
tions d'Apia ou de Pango-Pango n'atti-
rait l'attention de personne.
Ces temps ne sont plus, d'autres sont
nés. Les instituts vénérables ont seuls
qualité pour examiner à loisir s'il con-
vient de s'en réjouir ou de s'en, affliger.
Peut-être les deux conviennent-ils simul-
tanément dans tous les cas, notre tâche,
à nous autres simples mortels, est aisée
à définir sinon à remplir; de ce régime
nouveau il faut avant, tout nous accom-
moder. Et la première condition pour y
parvenir, c'est de modifier nos habitudes
mentales et de commencer à transfor-
mer résolument l'enseignement que re-
çoivent nos enfants. Le monde qu'on
leur apprend, comme celui qu'évoque
dans nos esprits la lecture, quotidienne
des gazettes, ne répondent plus à la réa-
lité. Les proportions géographiques et
sociales en sont devenues inexactes. La
philosophie même qu'en dégage l'étude
semble ridée et fanée.
Devrons-nous donc ajouter encore au
lourd bagage de connaissances exigé par
la civilisation ? Non, car l'entendement
humain a des limites; à trop le charger
on risquerait d'en entraver et d'en faus-
ser le fonctionnement. Mais des métho-
des différentes s'imposent. Savoirdavan-
tage ce serait difficile et dangereux ce
qu'on sait il faut le savoir autrement
voilà tout.
;••' .̃ • • ̃̃ '̃ **#*
Nous faisions de la synthèse. Vous en
;doutiez-vous? Eh bien, nous ferons de
.l'analyse maintenant. Les éléments de la
̃synthèse, en l'espèce, c'était le fragment
^sublime de terre et d'humanité qu'on àp- -j
pelle la Patrie c'était aussi l'honnête et
laborieux enclos au dedans duquel s'o-
pérait le développement normal de la
carrière. Nous appliquions tous nos ef-
forts à mieux scruter l'âme du pays, à
bien dégager sa personnalité, à nous te-
nir en étroite communion d'idées avec
lui. Nous visions d'autre part à ce que le
métier devînt une seconde nature insé-
parable de notre être. Par là par
l'étude exclusive des choses nationales
et l'attachement jaloux aux choses pro-
fessionnelles nous atteignions à une con-
ception équilibrée de la vie, à une règle
harmonieuse de conduite.
Aujourd'hui chaque patrie est devenue
étroitement solidaire des autres patries
non certes qu'elle tende à s'y absorber.
Les utopistes qui le croient ferment leurs
yeux à l'évidence, car les nations che-
minent au contraire vers une autonomie
plus âpre et plus complète; mais en
même temps elles réagissent sans çesse
les unes sur les autres; leurs moindres
gestes ont des répercussions inatten-
dues il est impossible à l'une d'elles de
remonter un courant universalisé, de
marcher seule au rebours des autres
sans s'exposer à la déchéance. De sorte
que la connaissance et la surveillance
de V étranger forment désormais une base
essentielle dit devoir civique. Si les Fran-
çais avaient connu en temps voulu la
question d'Egypte et la question du Ma-
roc, s'ils avaient compris les aspirations
intellectuelles du nouveau monde et les
besoins économiques du Japon, quel ren-
fort l'action gouvernementale n'aurait-
elle point reçu, à l'heure des initiatives
désirables ou des décisions fprcées, du
jugement assuré et de la volonté réflé-
chie de chacun d'eux? «
La carrière à son tour a cessé d'être
une voie droite et unie pour devenir une
piste embarassée de durs obstacles et de
carrefours indécis. L'homme qui n'est
propre qu'à une seule besogne risque
d'amers déboires sans compter que sa
besogne elle-même empiète progressi-
vement sur celle du voisin. Ne réclame-
t-on pas de l'architecte moderne qu'il
conçoive en artiste et exécute en ingé-
nieur, de l'usinier qu'il fasse œuvre
d'économiste et de sociologue avisé, de
l'officier qu'il se montre à la fois orga-
nisateur, éducateur, conférencier, du
professeur d'histoire qu'il applique à
son sujet les rigueurs de l'investiga--
tion scientifique, du médecin qu'il
ait approfondi les mystères de la psy-.
chologie ? Ne faut-il pas aussi que
le travailleur manuel auquel, les fonc-
tions publiques et privées sont ou-
vertes non plus seulement par là loi
mais par les mœurs, s'en acquitte hono-
rablement et participe dans tous les cas de
façon utile au mouvement syndical qui
s'impose à lui pour son bien ou pour son
mal? Le financier et le commerçant n'ont-
ils pas besoin d'être renseignés sur la
législation générale et les traités inter-
nationaux ?.
Ainsi l'amour de la patrie comme le
souci de la profession invitent à intro-
duire, dans l'instruction de l'adolescent
et dans l'information de l'adulte, des pro-
cédés appropriés aux besoins nouveaux
qui se révèlent. Il faut tenir le bloc mon-
dial toujours présent devant les intelli-
gences, y 'rapporter les calculs et les ré-
flexions. Il faut arriver à ce que le pro-
fil d'ensemble des continents s'évoque
aussi facilement que les contours de la
terre natale, à ce que les classifications
artificielles cessent de dissimuler l'unité
de la science, à ce que quelques périodes
et quelques races ne monopolisent plus
la mémoire et l'attention au détriment
du vaste creuset où se sont enfoncés qua-
rante siècles d'histoire et soixante mil-
liards d'êtres humains.
Les fondateurs de cette revue souhai-
tent d'être, dans la mesure de leurs
moyens, les pionniers d'une telle révo-
lution. Leur revue n'a point de pro-
gramme au sens habituel du mot. Mais
à défaut de programme, une publica-
tion périodique procède toujours d'un
dessein quelconque. Ils en ont un en
effet. Le voilà.
Pierre de Coubertin.
Ëchos
La Température
La pression barométrique a monté sur nos
régions, mais elle baisse rapidement sur les
îles Britanniques, qui se trouvent sous l'in-
fluence d'une nouvelle dépression venue du
large.
Le vent souffle en tempête du sud-ouest en
Zélande, du sud-est en Ecosse il est encore
fort de l'ouest sur la Manche, et la mer est
houleuse ou démontée dans presque toutes nos
stations. Enfin, les pluies sont générales en
Europe.
Le temps s'est légèrement refroidi sur nos
régions. Hier, à Paris, à sept heures du matin,
le thermomètre marquait 30 au-dessus de zéro
et 90 l'après-midi. La journée d'hier, en tout
semblable à celle de la veille, a été très désa-.
gréable pour les Parisiens.
Départements," le. matin
Au-dessus de \éro 3» à Belfort, 40 à Besan-
çon, au Mans et à Clermont, 50 à Lirpoges et
à Lyon, 70 à Boulogne et à Marseille, 8° à
Cette, à Cherbourg, à. Nantes et à Roche-
fort, 90 à Brest, à l'île d'Aix et à la Hague,
ioo à Lorient, n° à Ouessant, 120 à Biarritz,
150 à Oran et à Alger.
En France, des pluies sont probables dans
le Nord et l'Ouest le temps va rester doux.
Le soir, le baromètre était à 748mm,
(La température du 9 janvier 1905 était
En France pas de pluies nulle part. Thermo-
mètre 2° au-dessus.le.matin,- 7f>au-dessus de
zéro l'après-midi; baromètre 7Ô5mn> dans la
matinée, 764mm le soir.)
Du New York Herald
A New-York Beau. Température maxima:
zéro minima 90. Vent de l'ouest, plutôt
fort. Baromètre, stationnaire.
A Londres Temps beau Température ̃
maxima, 80 minima, 20. Vent du sud-ouest,
fort. Baromètre 74àma>, en baisse.
A Berlin Temps pluvieux. Température
50 à midi.
-·~ooc o-~
Les Courses
Aujourd'hui, à i heure 45, Courses à
Nice. Gagnants du Figaro
Prix Blondin Ecurie Lieux; Alexandra III.
Prix des Vétérans Violon II; Fragilité.
Prix d'Essai Ecurie Liénart; Auritum.
Prix du Conseil général Ecurie de Fon-
tarce Rigollard.
-ooaoo-
A Travers Paris
Deux douzièmes provisoires sont déjà
votés. Le gouvernement voudrait bien
qu'on s'en tînt là trois douzièmes, ce
serait beaucoup Nos députés vont donc
être invités, dès demain, àmettre, comme
on dit, les bouchées doubles, et à consa-
crer deux séances par jour à l'examen
du budget.
Les élections auront lieu vraisembla-
blement le dernier dimanche d'avril. La
Chambre se séparera donc à la fin n
de mars. Il lui restera comme on voit,
une fois le budget voté; peu de temps à
consacrer aux grandes affaires cinq ou
six semaines au plus. Cependant la
Chambre a l'ambition, semble-t-il, de
faire bien des choses en ces cinq ou six
semaines-là. Elle voudraitachever la dis-
cussion sur les retraites ouvrières elle
rêve de modifier la loi sur les syndicats
professionnels.
Quoi encore?
Une heureuse définition.
Un congrès des voyageurs de commerce
a eu lieu avant-hier à Toulouse. M.
Ruau, ministre de l'agriculture, le prési-
dait, et il a défini avec beaucoup de
bonhomie le rôle des ministres qui ne
sont jamais que des oiseaux de passage.
Aux applaudissements de son auditoire,
le ministre de l'agriculture a félicité les
voyageurs de commerce d'avoir su fon-
der des associations qui sèment par toute
la France la joie et le progrès, et il- a spi-
rituellement ajouté. que lui-même était
comme. un voyageur de l'agriculture.
Vous pensez si les assistants ont été
flattés D'autant que ce « voyageur »
de marque a laissé d'aimables traces de
son passage. M. Ruau a remis, en effet,
la croix du Mérite agricole à deux hono-
rablesmiembres du congrès. Ceux-ci', à
leur tour, ont voulu prouver qu'un bon
procédé n»est jamais perdu, et le congrès
arepoussé l'idée d'accorder la demi-place
sur les chemins de fer aux officiers de
la réserve.' C'était là, on s'en souvient,
une idée géniale de M. Berteaux, tou-
jours en quête de popularité. Elle n'au-
rait servi qu'à grever le budget, puisque
ce sont les contribuables qui en auraient
fait les frais sous forme de garantie d'in-
térêt aux. Compagnies.
Les voyageursde commerce ontprouvé
par là que, contrairement à la légende,
ils sont gens pratiques et ne se payent
pas seulement de grandes phrases et de
beaux gestes.
U Agence Havas communique aux jour-
naux la note suivante
Un journal du matin étant revenu .ces
jours-ci sur une communication que le gou-
vernement princier de lionaco aurait faite il
l'Humanité d'une note conlidentielle du Va-
tican, il est nécessaire do rappeler que déjà,
en présence de cette même allégation, le mi-
nistre du prince auprès du Saint-Siège a dé-
claré que rien ne permettait d'attribuer à un
fonctionnaire monégasque cet acte de tra-
hison. tD
Il résulte de ce qui précède que, même en
supposant qu'une fuite ait pu se produire par
la faute de l'un des nombreux intermédiaires
de ce genre de documents, il est tout à fait
injuste d'en vouloir faire remonter la respon-
sabilité jusqu'au gouvernement princier.
Deux personnalités très connues à Pa-
ris, et dont l'une occupe une place impor-
tante dans un des corps les plus considé-
rables de l'Etat, ont inauguré un nouveau
procédé de polémique privée.
Empruntant à la publicité commerciale
l'un de ses modes d'expression, elles rem-
placent la rencontre en champ clos ou la
poursuite judiciaire par la distribution à
domicile de circulaires imprimées, rédi-
gées alternativement par les deux adver-
saires.
Il faut dire que, depuis un an, les deux
personnalités dont nous parlons, et que
nous dissimulerons sous les pseudo-
nymes discrets de X et de Z, sont dans
les termes les moins affables.
L'origine de la querelle fut un voyage,
ou pour mieux dire une croisière orga-
nisée par M. X, le savant, et dont fit
partie M. Z, le haut fonctionnaire. Ce
dernier, au cours de la navigation, se
laissa, dit-on, entraîner par cette vieille
galanterie française et entoura de trop
de prévenances une jeune passagère du
bord. Plainte de la voyageuse, juste
courroux de M. X, reproches acrimo-
nieux de part et d'autres. On se quitta
mal, et une fois à Paris, M. Z, inquiet
des bruits qui, couraient sur son compte
et qu'il attribuait à M. X, fit imprimer
un premier factum qu'il adressa à toutes
ses connaissances, comme on fait d'une
lettre de faire part. En ce document M.
Z demandait à ses lecteurs de ne pas
attacher créance aux imputations- dis-
courtoises.dont il était l'objet de la part
du sieur X, qu'il se chargeait d'ailleurs
de châtier.
L'affaire se poursuivit et ces jours der-
niers tous les collègues et subordonnés
de M. Z, et jusqu'aux employés du pa-
lais où ses fonctions l'appellent à siéger,
reçurent à leur' tour une circulaire, éga-
lement imprimée, par laquelle M. X flé-
trissait la conduite de M. Z, lui repro-
chait amèrement de lui avoir envoyé des
témoins alors qu'il savait que ses
principes, à lui X, lui interdisaient le
duel et finissait par une allusion sévère
à l'aventure du bateau.
Ce libelle était signé du nom réel de
X, qui est-ô contraste 1 l'un des mots
les plus pacifiques de notre langue.
Les choses en sont là. On prévoit de
nouvelles circulaires des deux parties, et
en attendant on potine ferme.
C'est aujourd'hui, à deux heures, que
sera donné, au Châtelet, le premier des
deux grands concerts de la London
Symphony Orchestra et des Chœurs de
Leeds. Les exécutants de ces célèbres
sociétés musicales anglaises sont arri-
vés hier à Paris. Les auditions, qu'a or-
ganisées sir Charles Stanford, le compo-
siteur éminent, comportent des mor-
ceaux de.Bach, de Hœndel, de Beetho-
ven, de Saint-Saëns, de Berlioz, de Wa-
gner, de Strauss, de Stanford lui-même,
d'Elgar et de Sullivan, qui sont, avec lui,
les maîtres de l'école anglaise contem-
poraine.
Deux musiciens français conduiront
une partie du programme, M. André
Messager, l'auteur de Véronique et le
directeur artistique de Covent Garden,
et M. Colonne.
Au concert de demain assisteront
Le Président de la République et Mme Lou-
bet, M. Fallières, M. Doumer, sir Francis
Bertie, sir Reginald Lister, Mmes ia comtesse
Greffulhe, la princesse de Polignac, la com-
tesse de Castellane, etc.
Un deuxième concert sera donné ven-
dredi.
La London Symphony Orchestra pos-
sède les meilleurs instrumentistes de
Londres et les Chœurs de Leeds sont
justement réputés dans toute l'Angle-
terre. Trois cent cinquante chanteurs et
musiciens seront ainsi groupés sous
l'excellente direction de M. Stanford.
Parmi les solistes il faut citer Mme Maria
Brema et miss Perceval Allen.
Cette manifestation d'art, qui sera cer-
tainement considérée comme l'une des
plus gracieuses conséquences de l'en-
tente cordiale, révélera aux dilettantes
parisiens la musique anglaise qu'ils con-
naissent peu et qui est digne de leur ad-
miration.
LE STAGIAIRE
M. Lintilhac a prêté serment.
On avait dit à M. le sénateur et aux autres
avocats en herbe « Venez mardi à midi au
Palais, en cravate blanche et gants blancs. »
• Et M. le sénateur, en gants de fil blanc et
cravate blanche, hier, était exact au rendez-
vous. On le conduisit au vestiaire. Les demoi-
selles d'abord le prirent pour un vieux bâton-
nier dé province (il en vient beaucoup à Paris,
en ce moment, plaider pour des congréga-
tions). Mais le garçon de l'Ordre dit a Mon-
sieur, aussi, vient pour le serment. La de-
moiselle ne dit rien, pinça les lèvres et genti-
ment sous la cravate blanche (c'est la mode
pour le stagiaire) glissa la bavette profession-
nelle puis, parmi les robes des anciens, elle en
choisit une'large que M. le sénateur revêtit.
Puis, parmi des jeunes gens très jeunes et
très imberbes, très minces et très chevelus,
l'honorable législateur s'en alla au secrétariat
de l'Ordre, où il attendit que M. le bâtonnier
Chenu vînt se mettre à la tête de la petite
troupe des candidats au stage et les conduisît
à la i«! Chambre de la Cour.
Là, les choses eurent lieu comme d'habi-
tude. Nulle exception ne fut faite. M. Lintilhac
prit rang à son tour d'alphabet et dit Je le
jure comme les autres. A son nom que le
greffier avait appelé, ,M. le bâtonnier Ployer,
qui venait d'entrer, leva la tête et sourit.
M. le conseiller Durand fit de même d'autres
sourires passèrent sur d'autres lèvres. Et ce
fut tout.
M. Lintilhac avait prêté serment.
On sait que le poste célèbre de la
pointe Saint-Eustache a été transformé
en un magasin que la Ville de Paris a
loué à un marchand d'oranges.
L'histoire de ce poste est assez amu-
sante. C'est Louis XVI qui, quelques an-
nées avant la Révolution, l'avait fait
aménager pour les « gardes-françaises »
ayant mission de réprimer les troubles
causés dans la rue par les premiers
« sans-culottes ». Cette mission n'était
que temporaire, mais on avait pris l'ha-
bitude d'envoyer des soldats à la pointe
Saint-Eustache, et durant plus d'un
siècle se succédèrent dans le poste his-
torique des « chevau-légers », des gardes
nationaux, des voltigeurs et enfin des
municipaux.
Ce ne fut qu'en 1904 qu'on s'avisa que
nos braves « cipaux » étaient inutiles sur
ce lieu, les « sans-culottes » ayant dis-
paru depuis longtemps.
On supprima donc ce service, et la
Ville de Paris, jugeant avec raison qu'elle
pourrait tirer profit du poste inoccupé,
le loue maintenant à un négociant, ce
qui est tout profit pour son budget.
Au cours de la saison de chasse qui va
finir dans peu de jours, certains tireurs
raffinés ont essayé d'une mode nouvelle,
celle des lunettes jaunes, destinées à
éclairer le paysage lorsque le temps est
sombre ou lorsque le jour commence à
tomber. Ces verres couleur de soleil ont
en effet la propriété d'illuminer le champ
visuel. Et, par une conséquence logique,
ils ont aussi celle d'égayer la nature que
l'on regarde au travers d'eux. De là à
utiliser les verres jaunes pour le traite-
ment de la neurasthénie il semble qu'il
n'y ait qu'un.pas et l'idée vaut d'être
étudiée.
Grâce à ces lunettes magiques, les ciels
gris et mélancoliques se colorent de tons
dorés propres à réjouir l'âme.L'influence
du mauvais temps sur le caractère dis-
parait par là, la mauvaise humeur gé-
nérale s'amoindrit, le pessimisme s'atté-
nue, les bons côtés de la vie apparais-
sent, un peu de joie se répand sur la
terre maussade.
Vous apercevez tout de suite les in-
nombrables et beaux résultats d'un tel
état d'esprit: la santé reconquise, la paix
revenue dans nombre de ménages, beau-
coup de divorces évités, l'acrimonie des
polémiques, les haines de races, les dis-
sentiments politiques, la combativité des
antimilitaristes, tout cela adouci, tem-.
péré, mitigé, édulcoré; la philosophie
elle-même recevant une tout autre hn-
pulsion et orientée désormais vers un
optimisme indulgent, Nietzsche et Gobi-
neau démodés, Rabelais et Démocrite
triomphants.
Envérité,portons des lunettes jaunes.
MM. Arthur Tooth .et Sons, dont les édi-
tions d'estampes sont célèbres partout,
ont ouvert leur jolie galerie du boule-
vard des Capucines pour une exposition
qui va passionner tous les amateurs de
grands fauves il s'agit d'une très bril-
lante réunion de pastels de M. Arthur
Wardle, qui nous conduisent des mers
polaires au sable brûlant du désert, à la
recherche des lions, des tigres, des ja-
guars, des ours blancs, des pumas, des
léopards, des éléphants, etc. M..Wardle
est un animalier de race, dont les pas-
tels, d'un très beau caractère, méritent
d'être admirés et puis ce sera une oc-
casion de voir, en passant, les pièces les
plus récentes dont les grands éditeurs
Tooth et Sons ont enrichi leur porte-
feuille d'estampes.
La façon dont l'Hôtel Terminus de
Lyon se classe de suite et le succès qu'il
rencontre déjà auprès des voyayeurs, sont
la preuve que cet établissement, cons-
truit par la Compagnie P. L. M. à la
gare de Perrache, répondait à un vérita-
ble besoin.
Parmi les personnes descendues dans
cet hôtel dont la gérance a été confiée à
la Compagnie des Wagons-Lits comte
de Rumelé, marquis de Biron, prince
Bariatinsky, M. et Mme Tracy de Vaux,
baron de Cachard, comte de Valfous, M.
Boldini, M. Bardac, etc.
Une bonne nouvelle pour les gens du
monde.
A l'enseigne du « Restaurant de l'Ab-
baye », vient de s'ouvrir à Montmartre,
place Pigalle, un restaurant de premier
ordre, luxueusement aménagé, où peu-
vent manger, aussi bien que dans les
plus grands restaurants classés, les per-
sonnes qui, désireuses de passer leur
soirée à Montmartre, ne savaient, jus-
qu'ici, où aller dîner, avant, où aller
souper, après, en bonne compagnie. Le
directeur du « Restaurant de l'Abbaye »
est Prosper Rousseau (c'est dire l'èxcel-
lence de la direction), le chef est Savour-
nin, l'ancien collaborateur de Joseph
(c'est dire l'exquisité de la cuisine). Le
« Restaurant de l'Abbaye » va être le
rendez-vous du monde élégant.
Hors Paris
Le docteur Tanner, le premier en date
des jeûneurs professionnels, n'est pas
mort et, malgré ses soixante et onze ans,
il. continue. Il vient même de porter un
défi à un jeune rival, M. Van Wilcox,
qui prétend pouvoir rester soixante jours
sans manger, alors que les expériences
de Tanner n'ont jamais dépassé quarante
jours.
Van Wilcox affirme que la privation
de nourriture n'est pour lui nullement
pénible; il raconte qu'il engraisse et
prend des forces pendant ses périodes
de jeûne et que l'an dernier il a tra-
versé à pied tout le continent américain,
de New-York a San-Francisco, après
soixante jours d'abstinence totale.
Tanner n'est pas loin de partager cette
doctrine il maintient dans tous les cas
que c'est à son hygiène qu'il doit sa
verte vieillesse, et que si les hommes
mangeaient moins et buvaient plus
d'eau, les médecins n'auraient plus qu'à
chercher une autre profession.
a.-
Nouvelles à la Main
Entre bohèmes
Le 15 janvier approche.
Hélas c'est le moment de songer à
son loyer.
Comment es-tu avec ton proprié-
taire ?
En mauvais termes.
-Les télégraphistes, vexés de ce qu'on
ne les ait pas fait bénéficier de gratifica-
tions égales à celles des postiers, vien-
nent d'organiser un meeting dans un
café.
On a protesté ?
Et on a bu force litres de petit bleu.
Naturellement.
Le Masque de Fer.
Fantaisies parisiennes
LATINISTES ,1
-Vous vous contenterez, chers
collègues, de murmurer tout bas
le joli vers latin: Quandoque
bonus dormitat Homerus.
A peine M. Bourgeois, président d'âge de la
Chambre des députés, venait-il de prononcer,
au début de son joli et indulgent discours, la
phrase et la citation qu'on vient de lire, qu'une
certaine agitation se manifesta sur plusieurs
bancs. La droite- qui est parfois bien gauche
applaudit.
L'extrême gauche qui n'est pas toujours
extrêmement droite parut troublée. Au
bout d'un instant, quelques députés se réunis-
saient dans le couloir, et des propos s'échan-
geaient, nuancés d'inquiétude.
Ux BLOCARD fidèle. Qu'est-ce que c'est
que cette façon de nous citer de l'espéranto à
la tribune ?
UN autre. C'est du latin.
Ununifié. Toujours l'influence de Rome 1
UN « Union DÉMOCRATIQUE ». L'inten-
tion était bonne.
Un socialiste. Pouvez-vous dire ça 1
Vous n'avez donc pas entendu ? C'était une
manœuvre contre Sarrien 1
UN PROGRESSISTE. -Comment cela?
LE SOCIALISTE. Parfaitement la cita-
tion finissait par Doumerusl
LE PROGRESSISTE. H6)nërUs.i~ T~Z
LE SOCIALISTE. Mais non Doumerus i
Avec Homerus, ça n'aurait pas de sens.
UN « GAUCHE démocrUhque ». Je crois
pourtant que c'est le nom d'un poète.-
L'unifié. Latin ?
LE SOCIALISTE. Forcément. Mais qu'est-ce
que la phrase voulait dire ? Ce Bourgeois avait
l'air de croire que nous comprenions tous sa
citation. En voilà un mal élevé 1
L'UNIFIÉ. Je vais vous traduire le mot à
mot: Quandoque, Vous avez bonus, tort
dormitat, d'attaquer Homerus, le clérica-
lisme.
UN « extrême GAUCHE >. Pas du tout. La
signification exacte est celle-ci < La forma-
tion des associations cultuelles aura beau être
régie par un règlement d'administration pu-
blique, elle restera une. digue au développe-
ment de la démocratie rurale !»
LE PROGRESSISTE. Ah que le latin dit de
choses en peu de mots 1 Et quel est l'auteur
de ce beau vers ?
L' « EXTRÊME gauche >. Virgile. v
UN AUTRE. Cicéron.
UN AUTRE. Socrate.
UN AUTRE. Victor Hugo,
UN AUTRE (qui arrive de la bibliothèque).
Je viens de me renseigner. Le vers est d'Ho-
race.
VOIX DIVERSES (et d'ailleurs indifférentes).
Ah oui Horace.
L'unifié. Mais lequel?
UN autre. C'est vrai, ils étaient trois.
LE PROGRESSISTE. Trois ? f'
L'unifié. Mais oui, les trois Horaces ?
UN AUTRE. Sans compter « le vieil >. Ça
fait quatre.
UN autre. Ceux qui ont laissé un ou-
vrage bien connu: « les Imprécations de Ca-
mille ̃
VOIX DIVERSES. Ah oui!
L' « extrême GAUCHE >. Rentrons dans la
salle, citoyens: l'heure est venue d'aller voter
pour Sarrien.
L'unifié. Croyez-vous qu'il passera ?
L'« EXTRÊME GAUCHE ». Hum Qui risque
Sarrien n'a rien.
G.-A. de Caillavet.
Nous commencerons vendredi la pahJÏSSz
tion d'un roman, traduit en français pour
la première fois --r- •̃,̃ -s •̃̃
CHILCOTE, M. P.
̃̃.̃•. '••̃ par ^> ̃ '̃
Miss K. C. T^ÉURSTON ^>
Ce roman, récemment paru en Angle-
terre et aux Etats-Unis, y obtint un succès
colossal. Le su jet de l'ouvrage, à la fois très
dramatique et très amusant, emprunte un
intérêt particulier, comme on le verra, aux
circonstances politiques présentes. >
CHILCOTE, M. P., a été traduit pour le
Figaro par M. Alfred Martin, professeur
au lycée Janson-de-Sailly.
Vers l'Elysée
LES CANDIDATS DE DEMAIN
IW. CHAUMIÉ
Agen est une jolie petite ville. élégante,
aérée, à la fois vieillotte et moderne,
d'une gaieté discrète et dont le climat,
est doux. Les collines qui la bordent
d'un côté, de hauteur moyenne, exposées
au midi, lui font une intimité reposante
et tiède; mais, au bas, la Garonne rapide
gronde sans cesse sa menace, et-cela
empêche la cité de s'endormir. Nous.ne
sommes pas dans le Midi sec, brûlant, et
nerveux, car il y pleut assez souvent, Je
ciel y est voilé, les arbres, et les mon t5
s'y enveloppent d'une brume légère et
charmante. Les gens y sont souriants,
simples, calmes et spirituels. Ce n'est
certes pas la ville américaine, exagéré-
ment agitée; ce n'est pas non plus, mal-
gré la lenteur bavarde de ses marchands-,
l'étouffoir irrespirable de certaines pro-
vinces françaises.
J'aime Agen pour cet équilibre.- ̃
C'est là qu'est né M. Joseph Chaumié.
Et tout ce que je sais de lui m'autorise-
rait à mettre dans son portrait la plupart
des traits nécessaires pour peindre sa
ville natale.
La biographie du ministre de la jus-
tice, ancien ministre de l'instruction pu-
blique, est simple comme sa personne..
C'est celle d'un sage. Son enfance an-
nonce son adolescence, sur laquelle se
modèlera son âge mûr. Je ne connais,
pas de vie plus unie et plus droite^
Le grand-père de M. Chaumié avait
servi comme sous-lieutenant à
la Martinique; c'était un homme im-
mense, dont on fit un tambour-major de
la garde nationale en 1848. De retour en
France, il avait tenu à Agen sous les
Cornières -un hôtel qui passait pour le
meilleur de la ville. Il avait voulu don-
ner à son fils une éducation sérieuse'.
L'enfant, entré au petit séminaire d'Âgen,-
y fit ses humanités, puis, ne se sentant
pas la vocation, en sortitpourdevenirem-
ployé dansune maison d'agent de«hange
de la ville. La maison ayant périclité,
l'employé reprit la charge. Je crois qu'il
ne s'y enrichit pas. Toujours est-il que
lorsque Joseph Chaumié naquit, son acte °
de naissance porta «fils de M. Jacques
Silvain Chaumié, commis; rue du Pont-
de-ôaronne». •̃=•̃̃- •
Du côté de sa mère, Mlle Lacaze, Ift
ministre actuel descend d'une famille de
relieurs, en même temps marchands et
colleurs de papiers peints. Des contem-
porains se souviennent fort bien avoir
vu Mme Chaumié mère aider son père
dans le petit magasin de la rue du Pônt-
de-Garonne.
C'est donc encore une famille d'ou-
Le Numêroquotidien&SEINE&SEINE-ET-blSEs 15 centimes l~«s DEPARTEMENTS i 20 centimes
Mercredi 10 Janvier 1906
Gaston CALMETTE
i Directeur-Gérant
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
̃RÉDACTION ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9« Arrt)
RÉDACTION ADMINISTRATIOHI
26, rue Drouot, Paris (9° Arrt)
TÉLÉPHONE, Trois lignes Nos 102.48 102.4? 102.49
POUR LA PUBLICITÉ
S'ADRESSER, 26, RUE DROUOT
À L'HOTEL DU « FIGARO ».
ET POtTR LES ANNONCES ET RÉCLAMES,
Chez MM. LAGRANGE, CERF & G*
8, place de la Bourse,
ABONNEMENT
Seine et Seine-Dt-Oise 15 » 30 ;»-, fiP,,JI
Départements 18 75 37 50 75 »
Union postale 2150 43. » 86 »
On sabonne dans tous les Bureaux de Postf
de France et à" Algérie.
«Loué par ceux-d, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. a (Beaumarchais.)
SOMMAIRE
-Révolution mentale: PIERRE DE Coubertin»
•Vers l'Elysée.- Les candidats de demain: M.
l ̃ Chaumié Jules Huret.
PAGE 2
Sur la Cote d'Azur: G. DE Montis.
La Conférence d'Algésiras Le Livre blanc.
l. PAGE 3
~A l'Étranger Serbie et Bulgarie Eugène
Lautier..
La Chambre: .L'élection du président: PAS-
PERDUS.
Le Sénat La rentrée Louis Ghevreuse.
Autour de la politique André Nancey.
PAGE 4
Les Associations cultuelles: André Nède.
Xa Vie universitaire Au musée pédagogique
Louis Hourticq. `
'Portraits de femmes: La baronne René Reille:
PAUL Acker.
;Les accroissements successifs de l'armée alle-
mande DE BEYRE.
Un explorateur grand officier de la Légion d'hon-
neur: Th. Janvrais.
Dans la marine Marc Landry.
Journaux et Revues: André Bèaunier.
PAGE 5
Dessin « Par fil spécial » t Albert Guil-
LAUME.
Gazette des Tribunaux Tribunal civil de la
Seine (4e Chambre): Le panache brisé «
̃ Henri' Varennes
PAGE 6.
Les Théâtres 'Galle Serge Panine
EMMANUEL Arène.
Trente Ans de théâtre ADRIEN Bernheim.
PAGE 7
Dessin A la Gaîté: Serge Panine De
Losques. •
Révolution mentais
Cet.- article va paraître en tête du premier
numéro de la Bévue pour les Français, revue
d'éducation et de propagande nationales fon-
dée par MM. le baron Pierre de Coubertin et
Gaston Bordat. Il résume les idées nouvelles
en faveur desquelles va être tenté ce nouvel
effort de notre collaborateur. La revue sera
mensuelle et coûtera 10 francs par an. Il est
superflu dé dire que nous joignons nos vœux
à– eeiix* des nombreux- -amw-Tju-lle compte
déjà.
S'il. fallait d'un mot caractériser cette
année 1905 si féconde en événements
d'une portée lointaine, nous dirions qu'un
fait y parait dominer et résumer tous les
autres l'unité politique du monde est
accomplie.
Nos pères avaient vu se former sous
leurs yeux étonnés son unité matérielle.
Auparavant, il semble qu'il y ait eu plu-
sieurs mondes isolés les uns des autres.
Les voyageurs qui lès avaient découverts
et les traversaient à grand renfort d'é-
nergie et d'endurance en rapportaient
4'étranges notions et des récits trou-
blants. On eût dit que les races écloses
en ces milieux différaient des nôtres au-
tant qu'en peuvent différer celles dont
tios imaginations peuplent les astres de
la voie lactée. Par la suite, une sorte de
brume se dissipa: la boule terrestre
apparut, rapetissée mais plus sédui-
sante, gagnant en intérêt ce qu'elle per-
dait en mystère, offrant à l'activité hu-
maine un ensemble assez uniforme
sous ses aspects inverses. On connut
que la civilisation pourrait s'établir en
tous lieux et y vivre. Bientôt, en effet,
un casino fonctionna au Yukori, l'im-
pératrice de Chine donna audience aux
ambassadrices, le shah de Perse se pro-
mena en automobile et des cartes pos-
tales illustrées portèrent le timbre de
Tombouctou. Du moins subsistait l'es-
pèce de hiérarchie créée par l'histoire
entre les divers Etats. Le Mikado ne
recevait pas de télégrammes de l'em-
pereur François-Joseph et le président
des Etats-Unis ne négociait point de
Concordat avec le Saint-Siège, les politi-
çiens d'Europe ne s'inquiétaient pas des
lois votées par le Parlement de la Nou-
velle-Zélande, les tarifs douaniers de la
Rhodesia ne comptaient pour rien dans
la balance, et la question des fortifica-
tions d'Apia ou de Pango-Pango n'atti-
rait l'attention de personne.
Ces temps ne sont plus, d'autres sont
nés. Les instituts vénérables ont seuls
qualité pour examiner à loisir s'il con-
vient de s'en réjouir ou de s'en, affliger.
Peut-être les deux conviennent-ils simul-
tanément dans tous les cas, notre tâche,
à nous autres simples mortels, est aisée
à définir sinon à remplir; de ce régime
nouveau il faut avant, tout nous accom-
moder. Et la première condition pour y
parvenir, c'est de modifier nos habitudes
mentales et de commencer à transfor-
mer résolument l'enseignement que re-
çoivent nos enfants. Le monde qu'on
leur apprend, comme celui qu'évoque
dans nos esprits la lecture, quotidienne
des gazettes, ne répondent plus à la réa-
lité. Les proportions géographiques et
sociales en sont devenues inexactes. La
philosophie même qu'en dégage l'étude
semble ridée et fanée.
Devrons-nous donc ajouter encore au
lourd bagage de connaissances exigé par
la civilisation ? Non, car l'entendement
humain a des limites; à trop le charger
on risquerait d'en entraver et d'en faus-
ser le fonctionnement. Mais des métho-
des différentes s'imposent. Savoirdavan-
tage ce serait difficile et dangereux ce
qu'on sait il faut le savoir autrement
voilà tout.
;••' .̃ • • ̃̃ '̃ **#*
Nous faisions de la synthèse. Vous en
;doutiez-vous? Eh bien, nous ferons de
.l'analyse maintenant. Les éléments de la
̃synthèse, en l'espèce, c'était le fragment
^sublime de terre et d'humanité qu'on àp- -j
pelle la Patrie c'était aussi l'honnête et
laborieux enclos au dedans duquel s'o-
pérait le développement normal de la
carrière. Nous appliquions tous nos ef-
forts à mieux scruter l'âme du pays, à
bien dégager sa personnalité, à nous te-
nir en étroite communion d'idées avec
lui. Nous visions d'autre part à ce que le
métier devînt une seconde nature insé-
parable de notre être. Par là par
l'étude exclusive des choses nationales
et l'attachement jaloux aux choses pro-
fessionnelles nous atteignions à une con-
ception équilibrée de la vie, à une règle
harmonieuse de conduite.
Aujourd'hui chaque patrie est devenue
étroitement solidaire des autres patries
non certes qu'elle tende à s'y absorber.
Les utopistes qui le croient ferment leurs
yeux à l'évidence, car les nations che-
minent au contraire vers une autonomie
plus âpre et plus complète; mais en
même temps elles réagissent sans çesse
les unes sur les autres; leurs moindres
gestes ont des répercussions inatten-
dues il est impossible à l'une d'elles de
remonter un courant universalisé, de
marcher seule au rebours des autres
sans s'exposer à la déchéance. De sorte
que la connaissance et la surveillance
de V étranger forment désormais une base
essentielle dit devoir civique. Si les Fran-
çais avaient connu en temps voulu la
question d'Egypte et la question du Ma-
roc, s'ils avaient compris les aspirations
intellectuelles du nouveau monde et les
besoins économiques du Japon, quel ren-
fort l'action gouvernementale n'aurait-
elle point reçu, à l'heure des initiatives
désirables ou des décisions fprcées, du
jugement assuré et de la volonté réflé-
chie de chacun d'eux? «
La carrière à son tour a cessé d'être
une voie droite et unie pour devenir une
piste embarassée de durs obstacles et de
carrefours indécis. L'homme qui n'est
propre qu'à une seule besogne risque
d'amers déboires sans compter que sa
besogne elle-même empiète progressi-
vement sur celle du voisin. Ne réclame-
t-on pas de l'architecte moderne qu'il
conçoive en artiste et exécute en ingé-
nieur, de l'usinier qu'il fasse œuvre
d'économiste et de sociologue avisé, de
l'officier qu'il se montre à la fois orga-
nisateur, éducateur, conférencier, du
professeur d'histoire qu'il applique à
son sujet les rigueurs de l'investiga--
tion scientifique, du médecin qu'il
ait approfondi les mystères de la psy-.
chologie ? Ne faut-il pas aussi que
le travailleur manuel auquel, les fonc-
tions publiques et privées sont ou-
vertes non plus seulement par là loi
mais par les mœurs, s'en acquitte hono-
rablement et participe dans tous les cas de
façon utile au mouvement syndical qui
s'impose à lui pour son bien ou pour son
mal? Le financier et le commerçant n'ont-
ils pas besoin d'être renseignés sur la
législation générale et les traités inter-
nationaux ?.
Ainsi l'amour de la patrie comme le
souci de la profession invitent à intro-
duire, dans l'instruction de l'adolescent
et dans l'information de l'adulte, des pro-
cédés appropriés aux besoins nouveaux
qui se révèlent. Il faut tenir le bloc mon-
dial toujours présent devant les intelli-
gences, y 'rapporter les calculs et les ré-
flexions. Il faut arriver à ce que le pro-
fil d'ensemble des continents s'évoque
aussi facilement que les contours de la
terre natale, à ce que les classifications
artificielles cessent de dissimuler l'unité
de la science, à ce que quelques périodes
et quelques races ne monopolisent plus
la mémoire et l'attention au détriment
du vaste creuset où se sont enfoncés qua-
rante siècles d'histoire et soixante mil-
liards d'êtres humains.
Les fondateurs de cette revue souhai-
tent d'être, dans la mesure de leurs
moyens, les pionniers d'une telle révo-
lution. Leur revue n'a point de pro-
gramme au sens habituel du mot. Mais
à défaut de programme, une publica-
tion périodique procède toujours d'un
dessein quelconque. Ils en ont un en
effet. Le voilà.
Pierre de Coubertin.
Ëchos
La Température
La pression barométrique a monté sur nos
régions, mais elle baisse rapidement sur les
îles Britanniques, qui se trouvent sous l'in-
fluence d'une nouvelle dépression venue du
large.
Le vent souffle en tempête du sud-ouest en
Zélande, du sud-est en Ecosse il est encore
fort de l'ouest sur la Manche, et la mer est
houleuse ou démontée dans presque toutes nos
stations. Enfin, les pluies sont générales en
Europe.
Le temps s'est légèrement refroidi sur nos
régions. Hier, à Paris, à sept heures du matin,
le thermomètre marquait 30 au-dessus de zéro
et 90 l'après-midi. La journée d'hier, en tout
semblable à celle de la veille, a été très désa-.
gréable pour les Parisiens.
Départements," le. matin
Au-dessus de \éro 3» à Belfort, 40 à Besan-
çon, au Mans et à Clermont, 50 à Lirpoges et
à Lyon, 70 à Boulogne et à Marseille, 8° à
Cette, à Cherbourg, à. Nantes et à Roche-
fort, 90 à Brest, à l'île d'Aix et à la Hague,
ioo à Lorient, n° à Ouessant, 120 à Biarritz,
150 à Oran et à Alger.
En France, des pluies sont probables dans
le Nord et l'Ouest le temps va rester doux.
Le soir, le baromètre était à 748mm,
(La température du 9 janvier 1905 était
En France pas de pluies nulle part. Thermo-
mètre 2° au-dessus.le.matin,- 7f>au-dessus de
zéro l'après-midi; baromètre 7Ô5mn> dans la
matinée, 764mm le soir.)
Du New York Herald
A New-York Beau. Température maxima:
zéro minima 90. Vent de l'ouest, plutôt
fort. Baromètre, stationnaire.
A Londres Temps beau Température ̃
maxima, 80 minima, 20. Vent du sud-ouest,
fort. Baromètre 74àma>, en baisse.
A Berlin Temps pluvieux. Température
50 à midi.
-·~ooc o-~
Les Courses
Aujourd'hui, à i heure 45, Courses à
Nice. Gagnants du Figaro
Prix Blondin Ecurie Lieux; Alexandra III.
Prix des Vétérans Violon II; Fragilité.
Prix d'Essai Ecurie Liénart; Auritum.
Prix du Conseil général Ecurie de Fon-
tarce Rigollard.
-ooaoo-
A Travers Paris
Deux douzièmes provisoires sont déjà
votés. Le gouvernement voudrait bien
qu'on s'en tînt là trois douzièmes, ce
serait beaucoup Nos députés vont donc
être invités, dès demain, àmettre, comme
on dit, les bouchées doubles, et à consa-
crer deux séances par jour à l'examen
du budget.
Les élections auront lieu vraisembla-
blement le dernier dimanche d'avril. La
Chambre se séparera donc à la fin n
de mars. Il lui restera comme on voit,
une fois le budget voté; peu de temps à
consacrer aux grandes affaires cinq ou
six semaines au plus. Cependant la
Chambre a l'ambition, semble-t-il, de
faire bien des choses en ces cinq ou six
semaines-là. Elle voudraitachever la dis-
cussion sur les retraites ouvrières elle
rêve de modifier la loi sur les syndicats
professionnels.
Quoi encore?
Une heureuse définition.
Un congrès des voyageurs de commerce
a eu lieu avant-hier à Toulouse. M.
Ruau, ministre de l'agriculture, le prési-
dait, et il a défini avec beaucoup de
bonhomie le rôle des ministres qui ne
sont jamais que des oiseaux de passage.
Aux applaudissements de son auditoire,
le ministre de l'agriculture a félicité les
voyageurs de commerce d'avoir su fon-
der des associations qui sèment par toute
la France la joie et le progrès, et il- a spi-
rituellement ajouté. que lui-même était
comme. un voyageur de l'agriculture.
Vous pensez si les assistants ont été
flattés D'autant que ce « voyageur »
de marque a laissé d'aimables traces de
son passage. M. Ruau a remis, en effet,
la croix du Mérite agricole à deux hono-
rablesmiembres du congrès. Ceux-ci', à
leur tour, ont voulu prouver qu'un bon
procédé n»est jamais perdu, et le congrès
arepoussé l'idée d'accorder la demi-place
sur les chemins de fer aux officiers de
la réserve.' C'était là, on s'en souvient,
une idée géniale de M. Berteaux, tou-
jours en quête de popularité. Elle n'au-
rait servi qu'à grever le budget, puisque
ce sont les contribuables qui en auraient
fait les frais sous forme de garantie d'in-
térêt aux. Compagnies.
Les voyageursde commerce ontprouvé
par là que, contrairement à la légende,
ils sont gens pratiques et ne se payent
pas seulement de grandes phrases et de
beaux gestes.
U Agence Havas communique aux jour-
naux la note suivante
Un journal du matin étant revenu .ces
jours-ci sur une communication que le gou-
vernement princier de lionaco aurait faite il
l'Humanité d'une note conlidentielle du Va-
tican, il est nécessaire do rappeler que déjà,
en présence de cette même allégation, le mi-
nistre du prince auprès du Saint-Siège a dé-
claré que rien ne permettait d'attribuer à un
fonctionnaire monégasque cet acte de tra-
hison. tD
Il résulte de ce qui précède que, même en
supposant qu'une fuite ait pu se produire par
la faute de l'un des nombreux intermédiaires
de ce genre de documents, il est tout à fait
injuste d'en vouloir faire remonter la respon-
sabilité jusqu'au gouvernement princier.
Deux personnalités très connues à Pa-
ris, et dont l'une occupe une place impor-
tante dans un des corps les plus considé-
rables de l'Etat, ont inauguré un nouveau
procédé de polémique privée.
Empruntant à la publicité commerciale
l'un de ses modes d'expression, elles rem-
placent la rencontre en champ clos ou la
poursuite judiciaire par la distribution à
domicile de circulaires imprimées, rédi-
gées alternativement par les deux adver-
saires.
Il faut dire que, depuis un an, les deux
personnalités dont nous parlons, et que
nous dissimulerons sous les pseudo-
nymes discrets de X et de Z, sont dans
les termes les moins affables.
L'origine de la querelle fut un voyage,
ou pour mieux dire une croisière orga-
nisée par M. X, le savant, et dont fit
partie M. Z, le haut fonctionnaire. Ce
dernier, au cours de la navigation, se
laissa, dit-on, entraîner par cette vieille
galanterie française et entoura de trop
de prévenances une jeune passagère du
bord. Plainte de la voyageuse, juste
courroux de M. X, reproches acrimo-
nieux de part et d'autres. On se quitta
mal, et une fois à Paris, M. Z, inquiet
des bruits qui, couraient sur son compte
et qu'il attribuait à M. X, fit imprimer
un premier factum qu'il adressa à toutes
ses connaissances, comme on fait d'une
lettre de faire part. En ce document M.
Z demandait à ses lecteurs de ne pas
attacher créance aux imputations- dis-
courtoises.dont il était l'objet de la part
du sieur X, qu'il se chargeait d'ailleurs
de châtier.
L'affaire se poursuivit et ces jours der-
niers tous les collègues et subordonnés
de M. Z, et jusqu'aux employés du pa-
lais où ses fonctions l'appellent à siéger,
reçurent à leur' tour une circulaire, éga-
lement imprimée, par laquelle M. X flé-
trissait la conduite de M. Z, lui repro-
chait amèrement de lui avoir envoyé des
témoins alors qu'il savait que ses
principes, à lui X, lui interdisaient le
duel et finissait par une allusion sévère
à l'aventure du bateau.
Ce libelle était signé du nom réel de
X, qui est-ô contraste 1 l'un des mots
les plus pacifiques de notre langue.
Les choses en sont là. On prévoit de
nouvelles circulaires des deux parties, et
en attendant on potine ferme.
C'est aujourd'hui, à deux heures, que
sera donné, au Châtelet, le premier des
deux grands concerts de la London
Symphony Orchestra et des Chœurs de
Leeds. Les exécutants de ces célèbres
sociétés musicales anglaises sont arri-
vés hier à Paris. Les auditions, qu'a or-
ganisées sir Charles Stanford, le compo-
siteur éminent, comportent des mor-
ceaux de.Bach, de Hœndel, de Beetho-
ven, de Saint-Saëns, de Berlioz, de Wa-
gner, de Strauss, de Stanford lui-même,
d'Elgar et de Sullivan, qui sont, avec lui,
les maîtres de l'école anglaise contem-
poraine.
Deux musiciens français conduiront
une partie du programme, M. André
Messager, l'auteur de Véronique et le
directeur artistique de Covent Garden,
et M. Colonne.
Au concert de demain assisteront
Le Président de la République et Mme Lou-
bet, M. Fallières, M. Doumer, sir Francis
Bertie, sir Reginald Lister, Mmes ia comtesse
Greffulhe, la princesse de Polignac, la com-
tesse de Castellane, etc.
Un deuxième concert sera donné ven-
dredi.
La London Symphony Orchestra pos-
sède les meilleurs instrumentistes de
Londres et les Chœurs de Leeds sont
justement réputés dans toute l'Angle-
terre. Trois cent cinquante chanteurs et
musiciens seront ainsi groupés sous
l'excellente direction de M. Stanford.
Parmi les solistes il faut citer Mme Maria
Brema et miss Perceval Allen.
Cette manifestation d'art, qui sera cer-
tainement considérée comme l'une des
plus gracieuses conséquences de l'en-
tente cordiale, révélera aux dilettantes
parisiens la musique anglaise qu'ils con-
naissent peu et qui est digne de leur ad-
miration.
LE STAGIAIRE
M. Lintilhac a prêté serment.
On avait dit à M. le sénateur et aux autres
avocats en herbe « Venez mardi à midi au
Palais, en cravate blanche et gants blancs. »
• Et M. le sénateur, en gants de fil blanc et
cravate blanche, hier, était exact au rendez-
vous. On le conduisit au vestiaire. Les demoi-
selles d'abord le prirent pour un vieux bâton-
nier dé province (il en vient beaucoup à Paris,
en ce moment, plaider pour des congréga-
tions). Mais le garçon de l'Ordre dit a Mon-
sieur, aussi, vient pour le serment. La de-
moiselle ne dit rien, pinça les lèvres et genti-
ment sous la cravate blanche (c'est la mode
pour le stagiaire) glissa la bavette profession-
nelle puis, parmi les robes des anciens, elle en
choisit une'large que M. le sénateur revêtit.
Puis, parmi des jeunes gens très jeunes et
très imberbes, très minces et très chevelus,
l'honorable législateur s'en alla au secrétariat
de l'Ordre, où il attendit que M. le bâtonnier
Chenu vînt se mettre à la tête de la petite
troupe des candidats au stage et les conduisît
à la i«! Chambre de la Cour.
Là, les choses eurent lieu comme d'habi-
tude. Nulle exception ne fut faite. M. Lintilhac
prit rang à son tour d'alphabet et dit Je le
jure comme les autres. A son nom que le
greffier avait appelé, ,M. le bâtonnier Ployer,
qui venait d'entrer, leva la tête et sourit.
M. le conseiller Durand fit de même d'autres
sourires passèrent sur d'autres lèvres. Et ce
fut tout.
M. Lintilhac avait prêté serment.
On sait que le poste célèbre de la
pointe Saint-Eustache a été transformé
en un magasin que la Ville de Paris a
loué à un marchand d'oranges.
L'histoire de ce poste est assez amu-
sante. C'est Louis XVI qui, quelques an-
nées avant la Révolution, l'avait fait
aménager pour les « gardes-françaises »
ayant mission de réprimer les troubles
causés dans la rue par les premiers
« sans-culottes ». Cette mission n'était
que temporaire, mais on avait pris l'ha-
bitude d'envoyer des soldats à la pointe
Saint-Eustache, et durant plus d'un
siècle se succédèrent dans le poste his-
torique des « chevau-légers », des gardes
nationaux, des voltigeurs et enfin des
municipaux.
Ce ne fut qu'en 1904 qu'on s'avisa que
nos braves « cipaux » étaient inutiles sur
ce lieu, les « sans-culottes » ayant dis-
paru depuis longtemps.
On supprima donc ce service, et la
Ville de Paris, jugeant avec raison qu'elle
pourrait tirer profit du poste inoccupé,
le loue maintenant à un négociant, ce
qui est tout profit pour son budget.
Au cours de la saison de chasse qui va
finir dans peu de jours, certains tireurs
raffinés ont essayé d'une mode nouvelle,
celle des lunettes jaunes, destinées à
éclairer le paysage lorsque le temps est
sombre ou lorsque le jour commence à
tomber. Ces verres couleur de soleil ont
en effet la propriété d'illuminer le champ
visuel. Et, par une conséquence logique,
ils ont aussi celle d'égayer la nature que
l'on regarde au travers d'eux. De là à
utiliser les verres jaunes pour le traite-
ment de la neurasthénie il semble qu'il
n'y ait qu'un.pas et l'idée vaut d'être
étudiée.
Grâce à ces lunettes magiques, les ciels
gris et mélancoliques se colorent de tons
dorés propres à réjouir l'âme.L'influence
du mauvais temps sur le caractère dis-
parait par là, la mauvaise humeur gé-
nérale s'amoindrit, le pessimisme s'atté-
nue, les bons côtés de la vie apparais-
sent, un peu de joie se répand sur la
terre maussade.
Vous apercevez tout de suite les in-
nombrables et beaux résultats d'un tel
état d'esprit: la santé reconquise, la paix
revenue dans nombre de ménages, beau-
coup de divorces évités, l'acrimonie des
polémiques, les haines de races, les dis-
sentiments politiques, la combativité des
antimilitaristes, tout cela adouci, tem-.
péré, mitigé, édulcoré; la philosophie
elle-même recevant une tout autre hn-
pulsion et orientée désormais vers un
optimisme indulgent, Nietzsche et Gobi-
neau démodés, Rabelais et Démocrite
triomphants.
Envérité,portons des lunettes jaunes.
MM. Arthur Tooth .et Sons, dont les édi-
tions d'estampes sont célèbres partout,
ont ouvert leur jolie galerie du boule-
vard des Capucines pour une exposition
qui va passionner tous les amateurs de
grands fauves il s'agit d'une très bril-
lante réunion de pastels de M. Arthur
Wardle, qui nous conduisent des mers
polaires au sable brûlant du désert, à la
recherche des lions, des tigres, des ja-
guars, des ours blancs, des pumas, des
léopards, des éléphants, etc. M..Wardle
est un animalier de race, dont les pas-
tels, d'un très beau caractère, méritent
d'être admirés et puis ce sera une oc-
casion de voir, en passant, les pièces les
plus récentes dont les grands éditeurs
Tooth et Sons ont enrichi leur porte-
feuille d'estampes.
La façon dont l'Hôtel Terminus de
Lyon se classe de suite et le succès qu'il
rencontre déjà auprès des voyayeurs, sont
la preuve que cet établissement, cons-
truit par la Compagnie P. L. M. à la
gare de Perrache, répondait à un vérita-
ble besoin.
Parmi les personnes descendues dans
cet hôtel dont la gérance a été confiée à
la Compagnie des Wagons-Lits comte
de Rumelé, marquis de Biron, prince
Bariatinsky, M. et Mme Tracy de Vaux,
baron de Cachard, comte de Valfous, M.
Boldini, M. Bardac, etc.
Une bonne nouvelle pour les gens du
monde.
A l'enseigne du « Restaurant de l'Ab-
baye », vient de s'ouvrir à Montmartre,
place Pigalle, un restaurant de premier
ordre, luxueusement aménagé, où peu-
vent manger, aussi bien que dans les
plus grands restaurants classés, les per-
sonnes qui, désireuses de passer leur
soirée à Montmartre, ne savaient, jus-
qu'ici, où aller dîner, avant, où aller
souper, après, en bonne compagnie. Le
directeur du « Restaurant de l'Abbaye »
est Prosper Rousseau (c'est dire l'èxcel-
lence de la direction), le chef est Savour-
nin, l'ancien collaborateur de Joseph
(c'est dire l'exquisité de la cuisine). Le
« Restaurant de l'Abbaye » va être le
rendez-vous du monde élégant.
Hors Paris
Le docteur Tanner, le premier en date
des jeûneurs professionnels, n'est pas
mort et, malgré ses soixante et onze ans,
il. continue. Il vient même de porter un
défi à un jeune rival, M. Van Wilcox,
qui prétend pouvoir rester soixante jours
sans manger, alors que les expériences
de Tanner n'ont jamais dépassé quarante
jours.
Van Wilcox affirme que la privation
de nourriture n'est pour lui nullement
pénible; il raconte qu'il engraisse et
prend des forces pendant ses périodes
de jeûne et que l'an dernier il a tra-
versé à pied tout le continent américain,
de New-York a San-Francisco, après
soixante jours d'abstinence totale.
Tanner n'est pas loin de partager cette
doctrine il maintient dans tous les cas
que c'est à son hygiène qu'il doit sa
verte vieillesse, et que si les hommes
mangeaient moins et buvaient plus
d'eau, les médecins n'auraient plus qu'à
chercher une autre profession.
a.-
Nouvelles à la Main
Entre bohèmes
Le 15 janvier approche.
Hélas c'est le moment de songer à
son loyer.
Comment es-tu avec ton proprié-
taire ?
En mauvais termes.
-Les télégraphistes, vexés de ce qu'on
ne les ait pas fait bénéficier de gratifica-
tions égales à celles des postiers, vien-
nent d'organiser un meeting dans un
café.
On a protesté ?
Et on a bu force litres de petit bleu.
Naturellement.
Le Masque de Fer.
Fantaisies parisiennes
LATINISTES ,1
-Vous vous contenterez, chers
collègues, de murmurer tout bas
le joli vers latin: Quandoque
bonus dormitat Homerus.
A peine M. Bourgeois, président d'âge de la
Chambre des députés, venait-il de prononcer,
au début de son joli et indulgent discours, la
phrase et la citation qu'on vient de lire, qu'une
certaine agitation se manifesta sur plusieurs
bancs. La droite- qui est parfois bien gauche
applaudit.
L'extrême gauche qui n'est pas toujours
extrêmement droite parut troublée. Au
bout d'un instant, quelques députés se réunis-
saient dans le couloir, et des propos s'échan-
geaient, nuancés d'inquiétude.
Ux BLOCARD fidèle. Qu'est-ce que c'est
que cette façon de nous citer de l'espéranto à
la tribune ?
UN autre. C'est du latin.
Ununifié. Toujours l'influence de Rome 1
UN « Union DÉMOCRATIQUE ». L'inten-
tion était bonne.
Un socialiste. Pouvez-vous dire ça 1
Vous n'avez donc pas entendu ? C'était une
manœuvre contre Sarrien 1
UN PROGRESSISTE. -Comment cela?
LE SOCIALISTE. Parfaitement la cita-
tion finissait par Doumerusl
LE PROGRESSISTE. H6)nërUs.i~ T~Z
LE SOCIALISTE. Mais non Doumerus i
Avec Homerus, ça n'aurait pas de sens.
UN « GAUCHE démocrUhque ». Je crois
pourtant que c'est le nom d'un poète.-
L'unifié. Latin ?
LE SOCIALISTE. Forcément. Mais qu'est-ce
que la phrase voulait dire ? Ce Bourgeois avait
l'air de croire que nous comprenions tous sa
citation. En voilà un mal élevé 1
L'UNIFIÉ. Je vais vous traduire le mot à
mot: Quandoque, Vous avez bonus, tort
dormitat, d'attaquer Homerus, le clérica-
lisme.
UN « extrême GAUCHE >. Pas du tout. La
signification exacte est celle-ci < La forma-
tion des associations cultuelles aura beau être
régie par un règlement d'administration pu-
blique, elle restera une. digue au développe-
ment de la démocratie rurale !»
LE PROGRESSISTE. Ah que le latin dit de
choses en peu de mots 1 Et quel est l'auteur
de ce beau vers ?
L' « EXTRÊME gauche >. Virgile. v
UN AUTRE. Cicéron.
UN AUTRE. Socrate.
UN AUTRE. Victor Hugo,
UN AUTRE (qui arrive de la bibliothèque).
Je viens de me renseigner. Le vers est d'Ho-
race.
VOIX DIVERSES (et d'ailleurs indifférentes).
Ah oui Horace.
L'unifié. Mais lequel?
UN autre. C'est vrai, ils étaient trois.
LE PROGRESSISTE. Trois ? f'
L'unifié. Mais oui, les trois Horaces ?
UN AUTRE. Sans compter « le vieil >. Ça
fait quatre.
UN autre. Ceux qui ont laissé un ou-
vrage bien connu: « les Imprécations de Ca-
mille ̃
VOIX DIVERSES. Ah oui!
L' « extrême GAUCHE >. Rentrons dans la
salle, citoyens: l'heure est venue d'aller voter
pour Sarrien.
L'unifié. Croyez-vous qu'il passera ?
L'« EXTRÊME GAUCHE ». Hum Qui risque
Sarrien n'a rien.
G.-A. de Caillavet.
Nous commencerons vendredi la pahJÏSSz
tion d'un roman, traduit en français pour
la première fois --r- •̃,̃ -s •̃̃
CHILCOTE, M. P.
̃̃.̃•. '••̃ par ^> ̃ '̃
Miss K. C. T^ÉURSTON ^>
Ce roman, récemment paru en Angle-
terre et aux Etats-Unis, y obtint un succès
colossal. Le su jet de l'ouvrage, à la fois très
dramatique et très amusant, emprunte un
intérêt particulier, comme on le verra, aux
circonstances politiques présentes. >
CHILCOTE, M. P., a été traduit pour le
Figaro par M. Alfred Martin, professeur
au lycée Janson-de-Sailly.
Vers l'Elysée
LES CANDIDATS DE DEMAIN
IW. CHAUMIÉ
Agen est une jolie petite ville. élégante,
aérée, à la fois vieillotte et moderne,
d'une gaieté discrète et dont le climat,
est doux. Les collines qui la bordent
d'un côté, de hauteur moyenne, exposées
au midi, lui font une intimité reposante
et tiède; mais, au bas, la Garonne rapide
gronde sans cesse sa menace, et-cela
empêche la cité de s'endormir. Nous.ne
sommes pas dans le Midi sec, brûlant, et
nerveux, car il y pleut assez souvent, Je
ciel y est voilé, les arbres, et les mon t5
s'y enveloppent d'une brume légère et
charmante. Les gens y sont souriants,
simples, calmes et spirituels. Ce n'est
certes pas la ville américaine, exagéré-
ment agitée; ce n'est pas non plus, mal-
gré la lenteur bavarde de ses marchands-,
l'étouffoir irrespirable de certaines pro-
vinces françaises.
J'aime Agen pour cet équilibre.- ̃
C'est là qu'est né M. Joseph Chaumié.
Et tout ce que je sais de lui m'autorise-
rait à mettre dans son portrait la plupart
des traits nécessaires pour peindre sa
ville natale.
La biographie du ministre de la jus-
tice, ancien ministre de l'instruction pu-
blique, est simple comme sa personne..
C'est celle d'un sage. Son enfance an-
nonce son adolescence, sur laquelle se
modèlera son âge mûr. Je ne connais,
pas de vie plus unie et plus droite^
Le grand-père de M. Chaumié avait
servi comme sous-lieutenant à
la Martinique; c'était un homme im-
mense, dont on fit un tambour-major de
la garde nationale en 1848. De retour en
France, il avait tenu à Agen sous les
Cornières -un hôtel qui passait pour le
meilleur de la ville. Il avait voulu don-
ner à son fils une éducation sérieuse'.
L'enfant, entré au petit séminaire d'Âgen,-
y fit ses humanités, puis, ne se sentant
pas la vocation, en sortitpourdevenirem-
ployé dansune maison d'agent de«hange
de la ville. La maison ayant périclité,
l'employé reprit la charge. Je crois qu'il
ne s'y enrichit pas. Toujours est-il que
lorsque Joseph Chaumié naquit, son acte °
de naissance porta «fils de M. Jacques
Silvain Chaumié, commis; rue du Pont-
de-ôaronne». •̃=•̃̃- •
Du côté de sa mère, Mlle Lacaze, Ift
ministre actuel descend d'une famille de
relieurs, en même temps marchands et
colleurs de papiers peints. Des contem-
porains se souviennent fort bien avoir
vu Mme Chaumié mère aider son père
dans le petit magasin de la rue du Pônt-
de-Garonne.
C'est donc encore une famille d'ou-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 70.19%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 70.19%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1" Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00" France-Brésil France-Brésil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "FranceBr"
- Auteurs similaires Villemessant Hippolyte de Villemessant Hippolyte de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Villemessant Hippolyte de" or dc.contributor adj "Villemessant Hippolyte de")Jouvin Benoît Jouvin Benoît /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Jouvin Benoît" or dc.contributor adj "Jouvin Benoît")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k2872229/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k2872229/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k2872229/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k2872229/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k2872229
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k2872229
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k2872229/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest