Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1906-01-09
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 janvier 1906 09 janvier 1906
Description : 1906/01/09 (Numéro 9). 1906/01/09 (Numéro 9).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k287221x
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Mardi 9 Janvier 1906
Le Numéro quotidien p= SEINE & SE1NE-ET-OISE s Î5 centimes s* DEPARTEMENTS 20 ceptimm
52' Année 3e Série H° 9
Gaston C ALMETTE
Directeur-Gérant
H. DE VILLEMESSANT
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< Loué par ceux-ci, blâmé par .ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumabchais.)
Le FIGARO parafa demain
avec HUIT pages
SOMMAIRE
Un livre du grand-duc Nicolas André BEAU-
NIER.
Vers l'Elysée Les candidats de demain Léon
Bourgeois JULES HURET.
Petit bleu de la C6te d'Azur Ajax.
Le Livre blanc sur le Maroc: Eugène LAUTIER.
Autour de la politique: André Nancey.
Dessin: Au Théâtre-Royal "Le gardien de
square" DE LosQUEs.
Affaires militaires Les tableaux d'avancement.
Quelques conseils pour vivre vieux Docteur
Maurice DE FLEURY.
Journaux et Revues: André BEAUNIER.
Les Théâtres: Théâtre-Royal: "Le Gardien de
square", "Péril jaune", '-La Zingara"
Emmanuel ARÈNE.
V UN LIVRE I
̃ DU ••
Grand- duc Nicolas
Le grand-duc Nicolas de Russie compte
parmi les historiens qui ont le mieux
contribué à l'étude du dix-neuvième
siècle commençant. Les documents nom-
breux qu'il a mis au jour, publiés et in-
terprétés, éclairent cette époque si im-
portante\où se constituaient tant d'idées
qui depuis ont fait leur chemin. Son
nouveau \livre éclaire peut-être aussi
l'époque contemporaine, plus qu'il ne l'a
prévu. S ~m~' y~
i #*# ̃ ̃•
Dans son premier essai, qui date de
1901 les Princes Dolgorouki, collabora-
teurs de l'Empereur Alexandre /*r durant
les premières, années de son règne, le
grand-duc Nicolas avait exposé l'histoire
de cette période où se prépara et où fut
livrée la Bataille des Trois Empereurs,
les négociations de 4'allianee russo-prus-
sienne et la* prise, d'armes d'Iéna. Sur la
guerre de 1807, les* documents russes
complètent et parfois infirment les rap-
ports de Bernadotte.
Le nouveau livre, dont la traduction
française, due à M. F. Billecocq, est ré-
cemment sortie des presses de l'Impri-
merie nationale, est précédé d'un avant-
propos de M. Frédéric Masson. C'est le
Comte Paul Stroganov, trois volumes in-
octavo, d'un intérêt très vif et très divers,
trésor de pièces inédites, de faits nou-
veaux, véritable bibliothèque dont il fau-
dra que désormais tiennent compte tous
les historiens de l'Europe post-révolu-
tionnaire.
M. Frédéric Masson, dans la simple et
belle étude qu'il a consacrée à cette oeu-
vre, en indique, avec la sûreté de sa
compétence, l'importance et le mérite.
Il loue justement cet historien dont les
qualités personnelles et les facilités par-
ticulières s'accordent au mieux d'un
travail excellent. Le grand-duc Nicolas a
réuni, dans sa résidence de Borjom, une
bibliothèque prodigieuse, une collection
de pièces manuscrites qui n'a guère de
rivale en Europe. Il a recherché les mi-'
niatures qui représentent ses personna-
ges, les personnages du temps qu'il res-
suscite, les objets qui leurontappartenu,
tout le souvenir épars de leur indivi-
dualité. De la sorte, il a pu joindre à
son savant ouvrage les portraits de
.quiconque y joue un rôle. Il a re-
trouvé le visage de tous les membres de
la famille Stroganov et de tous les colla-
borateurs d'Alexandre Ier. De même, lors-
qu'il préparait ses Princes Dolgorouki, il
fit graver les images des généraux russe*;
de 1812, qu'avait dessinés l'émigré frarir
çais Saint-Aubin et que conserve la bi-
bliothèque particulière de l'Empereur.
Ces travaux iconographiques, si utiles et
si attrayants, aboutiront bientôt à la pu-
blication d'un grand répertoire où seront
figurés, d'après des documents authenti-
ques et pour la plupart inédits, tous les
Russes qui, au cours de ces deux der-
niers siècles, ont marqué dans l'histoire
de leur pays et de l'Europe.
Est-il nécessaire d'ajouter que le grand-
duc Nicolas a dû à sa situation le privi-
1 lège heureux de consulter toutes les ar-
chives d'Etat, même « les plus secrètes
et les mieux gardées », et qu'il recourait
ainsi à des sources que nul historien
n'avait encore approchées? Il en a pro-
fité largement et dans un remarquable,
un admirable esprit de vérité. Son ou-
vrage se compose d'une claire et judi-
cieuse étude qu'accompagne une: profu-
sion de documents des plus précieux et
qui n'étaient pas tous indispensables à
la monographie du comte Paul Stroga-
nov, mais qui forment un recueil inesti-
mable de faits, de détails nouveaux, de
témoignages décisifs et de révélations
imprévues.
On sait que Paul Stroganov eut pour
précepteur un révolutionnaire français,
P mathématicien Romme. Le grand-duc
Nicolas publie à ce propos des extraits
abondants de la correspondance qu'é-
changèrent au cours de plusieurs années
le futur conseiller de l'empereur Alexan-
dre et ce précepteur imprévu. Ces lettres
sont amusantes, pittoresques et dignes
d'occuper non seulement l'historien mais
le philosophe; elles permettent d'étudier
la double psychologie du maître et de
l'élève les moins naturellement destinés
l'un à l'autre, l'influence exercée sur une
âme russe par les idées françaises et le
mélange harmonieux qui se fit de deux
singuliers caractères.
Paul Alexandrovitch Stroganov fut très
en faveur auprès d'Alexandre Ier pendant
une période émouvante où les destinées
de la Russie se décidèrent pour long-
temps.LejeuneEmpereur,ditM. Frédéric
Masson, « cherchait, à l'aide de quelques
jeunes gens de son entourage, les.moyens
de régulariser son gouvernement et d'a-
chever l'œuvre de Pierre le Grand en
donnant à ses sujets des garanties léga-
les, premier besoin d'une nation civili-
sée ». Paul Stroganov fut le confident,
le « directeur de conscience » de l'Empe-
reur. Il discutait avec lui la doctrine
d'une transformation politique et sociale
de la Russie; il lui exposait et il lui com-
mentait les principes de la Déclaration
des Droits de l'homme et du citoyen, les
idées de la Constituante. Il avait voyagé
par l'Europe, séjourné en France, fré-
quenté à Paris les séances de l'Assem-
blée, les réunions des clubs même il
avaitconnu Théroigne de Méricourt. Bref
il était au fait de toute l'idéologie révolu-
tionnaire il la révéla à l'Empereur. Peu
s'en fall'ut qu'il n'aboutît à une réforme,
dont on peut bien dire aujourd'hui qu'elle
était sans doute alors prématurée, mais
qui, tempérée avec prudence, allait peut-
être éviter à la Russie quelques-unes de
ses tribulations ultérieures.
Alexandre Ier tourna d'un autre côté
ses initiatives.' Après l'entrevue de Me-
mel, il s'occupa surtout de suprématie
européenne et abandonna son projet de
réformes intérieures.
Le grand-duc Nicolas publie les rap-
ports de Stroganov à l'Empereur, sa cor-
respondance avec ses collaborateurs, les
comptes rendus des séances du Comité
secret. C'est une histoire dont l'intérêt
n'est pas seulement rétrospectif mais le
trouble où se débat présentement l'em-
pire des tsars donne à ces pages une
poignante actualité, voire une utilité
politique.
Paul Stroganov notait au jour le jour,
sur ses cahiers, ses plans de réformes,
ceux que lui-même avait conçus et qu'il
comptait développer, et la marche pro-
gressive des travaux. L'élève du mathé-
maticien Romme était soucieux de clarté,
de logique, de méthode. Au premier
feuillet du tome Ior de ses cahiers, on lit:
«Quand, dans un pays, l'ordre de choses
est mauvais et qu'on veut le changer, il
faut: D'abord se rendre compte de
l'état dans lequel il est; ensuite, du
but où on en veut venir; et des moyens
qu'il fàut.employer.Rour-passer d'un état
à l'autre. » Ce texte est digne de remar-
que. La méthode, si simple et comme si
évidente, qu'on y, trouve résumée est
conforme étonnamment aux habitudes
de l'esprit français, sinon toujours
dans la pratique, au moins en théorie.
C'est la manière de Descartes ces
lignes sont l'application rigoureuse et
intelligente de la méthode cartésienne
aux choses de la politique. La formule
est excellente et tous les mots en sont
valables. Elle commence par poser ce
principe ou cette question de la
« volonté » impériale. L'Empereur vou-
lait-il changer l'ordre de choses dont il
apercevait, dont on lui montrait les in-
convénients ?. La suite de l'aventure a
bien prouvé que Stroganov était clair-
voyant quand ïl posait ainsi le problème.
Stroganov écrivait: « L'Empereur est
monté sur le trône avec les meilleures
dispositions pour établir les choses sur
le meilleur pied possible. Il n'y a que
son inexpérience, son caractère mou et
indolent qui s'y opposent. » Et il argu-
mentait ainsi « Puisqu'il a un caractère
mou, le moyen d'avoir sur lui l'empire
nécessaire pour faire le bien est de le
subjuguer. Comme il est d'une grande
pureté de principes, le moyen de le sou-
mettre est de rapporter tout à des prin-
cipes très purs et de la justesse desquels
il ne puisse pas douter. Etc.» Paul
Stroganov raisonnait à merveille; et, s'il
a finalement échoué dans son œuvre, la
faute n'en est ni à la méthode ni au dé-
vouement qu'il eut pour ses idées: les
événements furent plus forts que lui,
mais il avait de bonnes intentions, un
clair esprit pour les mettre en valeur,
une tenace énergie pour les réaliser.
L'ouvrage du grand-duc Nicolas Mi-
khaïlovitch est un livre de science et de
bonne foi, un livre d'historien qui ne
plaide pas, qui ne cherche pas à démon-
trer au delà de la stricte signification des
faits dûment vérifiés, mais qui, par le
simple exposé de la vérité vraie, vaut
un enseignement, est capable d'agir.
André Beaunier.
Echos
La Température
La situation atmosphérique a été encore
troublée dans le nord-ouest de l'Europe par
une dépression qui a passé hier sur les îles
Britanniques et dont le centre se trouvait sur
les Pays-Bas 739mm. La baisse s'est étendue
jusqu'en Provence. Hier à midi on notait à
Paris 747mm 3.
Des pluies sont tombées sur l'ouest et le
nord du continent; en France, elles ont été
générales. Quant à la mer, elle est très hou-
leuse dans nos stations de la Manche et de
l'Océan.
La température a monté sur presque toutes
nos régions. Elle était hier,, à Paris, de 8°
au-dessus de zéro à- sept heures du matin et
go à deux heures de l'après-midi. Journée
encore très humide, ciel couvert et à la pluie.
Départements, le matin
Au-dessus de \èro 50 à Lyon, 6° à Dunker-
que, à Belfort, à Besançon et à Nice, 70 à Bou-
logne, au Mans,à Charleville, à Nancy,à Perpi-
gnan et Cannes,8<>à Marseille,9°àCherbourg,
à Brest, à Nantes et à Limoges, ioo à Oues-
sant, à Lorient, à Clermont et à Cette, ii« à
Rochefort et à l'île d'Aix, 120 à Bordeaux et à
Toulouse, 140 à Biarritz, 15» à Alger, 160 à
Oran.
En France, un temps à éclaircies et à aver-
ses est probable; la température va rester
assez élevée. Le soir, le baromètre était
à 75omm.
(La température du 8 janvier 1905 était
Pluies en France. Thermomètre o« le matin,
60 au-dessus de zéro l'après-midi baromètre
775mm dans la matinée, 776mm le soir.)
Du New York Herald
A New-York Neige continue. Température
maxima, 1° minima, 30. Vent du nord-
ouest, plutôt fort. Baromètre agité.
A Londres Température maxima, 90
minima, 50. Vent du sud-ouest, tempête. Ba-
romètre, 75omm, en hausse.
A Berlin Temps nuageux. Température
50 à midi.
LES ÉLECTIONS SÉNATORIALES
w>w En définitive, le Bloc a perdu di-
< manche trois sièges sénatoriaux.
Dans plusieurs départements ses candi-
dats ont sensiblement moins de voix
qu'aux élections précédentes. Mais la
grande défaite a été indiscutablement
celle de la délation.
M. Debierre a reçu pour tous ses collè-
gues la leçon la plus méritée. Personne
n'a encore oublié le rôle actif qu'il a
joué dans l'entreprise de délation or-
ganisée contre les officiers par le général
André et le Grand-Orient. Ami et colla-
borateur du célèbre P. Vadecard, M.
Debierre est un de ces hommes dont on
dit que leur nom est tout un programme.
Il incarnait la grande pensée du règne
de M. Combes, la quintessence de la po-
litique combiste. Or ce candidat repré-
sentatif et typique a été battu. Et dans
quelles conditions!
Il a été battu, lui seul, alors que tous
ses compagnons de liste arrivaient au po-
teau. Et par qui a-t-il été remplacé? Par
M. Lozé, qui, dans cette même affaire
des fiches, avait adopté l'attitude la plus
nette et la plus courageuse, n'hésitant
pas à proclamer que dans le Conseil de
l'ordre de la Légion d'honneur, dont il
est membre, il avait résisté de toutes ses
forces à la pression officielle qui s'exer-
çait en faveur des délateurs. M. Lozé, par;
ces déclarations, avait démasqué le dou-
ble jeu de M. Combes, qui travaillait
dans l'ombre à sauver les rédacteurs de
fiches, bien qu'il renonçât à les défendre
devant le Parlement. Le succès de M.
Lozé accentue encore la signification de
l'échec de M. Debierre. C'est la condam-
nation la plus claire et la plus formelle
de la délation, de ses complices et de ses
complaisants.
Il est vrai que la composition du Sénat
n'a pas très sensiblement changé. Mais
on peut supposer que les leçons du scru-
tin d'hier ne seront pas inutiles et ôte-
ront toute envie de revenir jamais aux
procédés dont la chute de M. Combes et
l'avènement de M. Rouvier ont heureu-
sement marqué la fin.
('
A Travers Paris
La princesse Henri de Battenberg
et sa fille la. princesse Victoria-Eugénie
sont arrivées hier soir à Paris, par le
train de 6 h. 40, avec le colonel lord
William Cecil, miss Minnie Cochrane et
M. Paoli, l'aimable commissaire spé-
cial, qui, honoré depuis longtemps d'une
affection spéciale par tous )es membres
de la .maison royale d'Angleterre, avait
voulu accompagner à titre privé Leurs
Altesses royales de Calais à Paris.
Les princesses ont été saluées à leur
arrivée à la gare du Nord par sir Francis
Bertie, ambassadeur d'Angleterre, et
l'Hon. Reginald Lister.
Leurs Altesses royales, descendues à
l'hôtel de Saint-James et d'Albany, res-
teront une huitaine dejours à Paris, et
se rendront ensuite à Biarritz, chez la
princesse Frederica de Hanovre.
Les princesses ont été rejointes par le
prince Alexandre-Albert de Battenberg,
midshipman sur le vaisseau de ligne
Cœsar, arrivé hier soir même de Madrid
par le Sud-Express.
S. M. l'impératrice douairière de Rus-
sie Maria Féodorovna vient de faire par-
venir à Mme Bompard, ambassadrice
de France, un certain nombre de dis-
tinctions destinées à témoigner de la
gratitude impériale aux dames qui cons-
tituaient à Paris le Comité de l'OEuvre
des victimes de la guerre, fondée l'an
dernier par Mme Bompard et dirigée
par elle avec une admirable énergie.
La très dévouée présidente du Comité
parisien, Mme Pol Fabry, reçoit l'insigne
supérieur de la Croix-Rouge de Russie.
Les insignes de la Croix-Rouge sont en
outre accordés à toutes ses zélées colla-
boratrices Mmes de Blignières, Klobb
et Cornille, Mlles Jeanne de Blignières,
Laure, Marguerite et Caroline de Peretti,
et Henriette Le Bleu. Enfin M. Marcerou,
qui a secondé l'oeuvre avec un grand
dévouement, reçoit la même distinction.
On a plaidé hier à la 3a Chambre sup-
plémentaire du Tribunal de la Seine le
divorce d'une très haute personnalité pa-
risienne.
M. Gourdin, que son nom prédestinait
à manier la canne et qui, sans shako,
frise les deux mètres, est tambour-major
de la légion de la garde républicaine.
Il est officier d'académie et décoré d'or-
dres étrangers. Compositeur distingué,
M. Gourdin a écrit un « morceau de genre
avec échos, pour trompes de chasse »
intitulé Idylle champenoise.
Il a été question de ce morceau de
trompes dans le procès d'hier, car l'au-
teur l'avait dédié « à sa femme ». Me Al-
bert Clemenceau, dans sa plaidoirie, a
beaucoup parlé aussi d'un simple tam-
bour, l'ordonnance de M. Gourdin, con-
tre lequel le demandeur en divorce avait
des griefs que la loi ne permet pas de
préciser avant que soit prononcé le juge-
ment. Le Tribunal rendra cette décision
à huitaine.
L'heure a sonné. du branle-bas de dé-
part. Elles s'en vont; les petites bara-.
ques, et voilà déjà que l'an nouveau a
fini d'être le Nouvel An.
Elles s'en vont tout doucement, comme
à regret, et M. Lépine a pour elles des
indulgences de bon parrain. Il a l'air de
ne pas s'apercevoir qu'elles s'attardent.
C'était avant-hier leur dernier jour, et
'dans la matinée d'hier quelques-unes,
furtivement, s'entr'ouvraient encore aux
passants. Le' soir, c'était fini. Çà et là,
sur le boulevard, des paquets de plan-
ches disloquées s'appuyaient aux arbres
ou s'allongeaient sur le trottoir mouillé
autour de ces épaves, d'autres baraques
demeuraient debout, mais silencieuses
sous leurs devantures closes, et comme
endormies. On eût dit qu'un commence-
ment d'habitude les retenait là.
Aujourd'hui, tout de même, il faudra
plier bagage. Il n'est si bonne compagnie
qui ne se quitte, et si bon préfet qui ne se
lasse.
UN EXEMPLE
Nous savions qu'il se fait couramment, chez
nos amis d'outre-Manche, une grande con-
sommation de harengs saurs. La campagne
électorale 'vient d'ouvrir à cette industrie un
débouché nouveau. Le hareng saur est désor-
mais en Angleterre autre chose qu'un aliment
économique et qui donne soif il est un pro-
jectile dont s'arment les femmes qui ont le
goût de la discussion. A Manchester, M. Bal-
four ayant soutenu dans une réunion publique
des opinions que ses auditrices n'approuvaient
point, celles-ci l'ont bombardé littéralement, I
disent les dépêches, < à coups de harengs
saurs ».
Il est vrai qu'en ces bagarres, les femmes
courent quelques risques et c'est de quoi
excuser la violence de leurs gestes. A Burton
on Trent, un adversaire de lord Burton n'a
pas trouvé de meilleur moyen de protester
contre certains propos de l'orateur que
de tomber sur lady Burton à coups de
poing Voilà qui promet, et nous en verrons
bien d'autres.
Un journal n'annonçait-il pas hier que le
jù-jitse faisait fureur, depuis quelque temps,
chez les jeunes filles de la meilleure société
anglaise? Elles ont même inventé, pour s'a-
donner à ce sport, un costume charmant ki-
mono blanc, culotte et bas de soie noirs. Quel-
ques-unes sont déjà très fortes à ce jeu; tant
mieux! nous apprendrons bientôt que par elles
lady Burton a été vengée 1
Voilà des exemples, .et le féminisme britan-
nique est en train.de prendre quelque avance
;sur le nôtre
-ooo~
MM. Georges Breittmayer et Louis
d'IIurcourt, témoins de M. Kirchhoffer
ont reçu hier la dépêche suivante du
maître d'armes italien Agesilao Greco,
en réponse au télégramme qu'ils lui
avaient fait parvenir et que nos lecteurs
connaissent
Rome, 6 janvier, 5 h. 30 soir.
Je proteste contre votre appréciation je
prouverai le contraire. J'attends ici sans m'en-
gager pour ailleurs. Gx~CO.
•̃̃ •̃•••̃ "Agesilao Greco.
MM. Breittmayer et Louis d'Hurcourt
ont répondu par la dépèche suivante
Reçu votre dépêche déclarant que « at-
tendez Rome sans vous engager pour ail-
leurs ». Nous constatons que vous ne consti-
tuez pas témoins. Votre refus devenir à Paris
en cas impossibilité rencontre à Rome est
inacceptable et est considéré par nous comme
un refus de vous battre..
Georges BREITTMAYER,
Louisd'HURCOURT.
Nous avons reçu d'autre part de M.
Greco un long télégramme dans lequel
il s'attache à faire retomber sur MM.
Breittmayer et d'Hurcoui't la responsa-
bilité de l'impossibilité d'une rencontre
à Rome. Ce sont là des mots et non des
faits. Ce qui ressort de cet incident, c'est
que MM. Kirchhoffer, Breittmayer et
d'Hurcourt, offensés par le maître d'ar-
mes italien, sont prêts à se battre soit à
Rome soit à Paris, et que M. Greco ne
veut rendre réparation qu'à Rome, où la
chose, ainsi que des précédents l'ont dé-
montré, est matériellement impossible.
Pour les pauvres.
On se rappelle qu'au mois de juillet
dernier Mme Henri Rochefort fut vic-
time d'un accident de voiture. Le fiacre
dans lequel elle'se trouvait suivait un
itinéraire bien connu des Parisiennes
il allait du Louvre au Bon Marché, lors-
qu'au coin de la rue du Bac et du boule-
vard Saint-Germain il fut à demi ren-
versé par une automobile. Mme Henri
Rochefort fut blessée au front, légère-
ment, mais elle éprouva une assez vive
commotion nerveuse.
Hier, elle se portait partie civile et,
accompagnée de son mari, elle venait à
l'audience réclamer du propriétaire de
l'automobile des dommages-intérêts.
La somme que vous allouerez à ma
cliente, a déclaré Me Gautier-Rougeville, son
avocat, sera intégralement versée à une œuvre
de charité. Ainsi la maladresse, la coupable
imprudence d'un chauffeur deviendra l'ori-
gine d'une bonne action.
Le Tribunal a condamné le prévenu à
25 francs d'amende et accordé à la partie
civile 500 francs de dommages-intérêts.
Et voilà comme quoi, grâce à la jolie
générosité de Mme Henri Rochefort, si les
pauvres n'ont pas souvent l'occasion de
ramasser vingt-cinq louis sous le pas
d'un cheval, pour une fois ils les auront
trouvés sous les pneus d'une auto qui
faillit écraser une Parisienne.
Il y a un point sur lequel les révolu-
tionnaires ne sont pas tout à fait d'ac-
cord celui-ci L'alcoolisme doit-il être
ou non combattu?
Le leader socialiste Vandervelde est
d'avis qu'il le faut combattre, et il en a
donné hier les raisons en une conférence
qu'il a faite à la Bourse du travail. Il
semblait que tout le monde l'approuvât
une motion même avait été .votée, où il
était déclaré que « combattre sans répit
l'alcoolisme est une condition nécessaire
de l'émancipation prolétarienne ».
Hélas 1 le journal l'Avant-Garde n'est
point de cet avis. L'Avant-Garde raille le [
zèle des antialcooliques et insinue qu'il
y a là un piège tendu aux révolutionnai-
res, un « dérivatif opposé à l'effort de
leur propagande ».
Alors on ne sait plus.
1 Beaucoup de Parisiens qui croyaient
tombée en désuétude la mode d'échanger
des cartes de visite au nouvel an s'éton-
nent de constater que ces cartes conti-
nuent de voyager aussi lentement qu'au-
trefois. Elles mettent à peu près huit
jours à se rendre d'un point à l'autre de
Paris. Alors, on envoie donc toujours
autant de cartes?
Non. Mais il paraît qu'une autre mode
a remplacé celle-ci. Dans un grand nom-
bre de familles, la carte postale illustrée
a remplacé l'antique bristol; en sorte que
l'encombrement des paniers dans les
bureaux de postes est aussi effroyable
que jadis. Les postiers se plaignent même
d'avoir eu, cette année, un peu plus de
papier encore à timbrer que naguère.
Les antimilitaristes d'Auxerre ne sont
pas contents du jury de la Seine, et se
préparent à lui donner une sérieuse
leçon. Ils viennent de décider 1° d'orga-
niser dans toute la France une manifes-
tation « monstre » en l'honneur des
condamnés, 2" de faire tirer « à un mil-
lion d'exemplaires » l'affiche condamnée
par le jury de la Seine, et de la répandre
partout, 3° de propager dans les casernes
un nouveau traité antimilitariste « plus
violent que tout ce qui a été dit jusqu'à
présent ».
Il y a des juges à Auxerre, et il faut
espérer que les criminelles folies qu'on
nous annonce n'y seront pas plus tolé-
rées quelles ne le furent à Paris.
L'anormale température du commen-
cement de l'année, la brume et la pluie,
qui si souvent sévissent, ont occasionné
d'innombrables grippes, bronchites et
rhumes, particulièrement chez les per-
sonnes de complexion délicate. Le plus
sûr moyen de se prémunir contre cette
humidité pénétrante est incontestable-
ment de se tonifier, d'augmenter la dose
d'énergie vitale.
Le régime vivifiant du Vin Mariani est
tout indiqué dans ce but. Ce cordial sti-
mulant met du soleil au cœur et de la
chaleur dans tout notre organisme par
les journées les plus grises et les plus
froides. Pris en grogs (deux tiers de Vin
Mariani, un tiers d'eau sucrée, chauf-
fer sans bouillir)., il constitue un mer-
veilleux réactif, d'un goût délicieux, qui
immunise absolument et enraye le mal
dès son début.
Aucun stimulant n'agit avec autant de
puissance et de rapidité.
Pour couper court à toute confusion,
en raison de la similitude de noms avec
certaines autres marques, la Société des
AnciensEtablissements Georges Richard,
dont les voitures portaient la marque
« Richard-Brasier », vient de décider de
modifier ainsi sa raison sociale et sa
marque
La raison sociale est, à dater de main-
tenant, « Société de Construction d'Au-
tomobiles « Le Trèfle à 4 feuilles » et les
voitures porteront la marque « Voitures
Brasier ».
Hors Paris
Une vue inoubliable sur la mer et la
principauté de Monaco, d'admirables
jardins à la flore exotique, des chambres
où le confort le plus raffiné le dispute à
l'élégance la plus réelle et qui, toutes,
sont exposées au midi, des salons où 1'o.n
est assuré de ne rencontrer qu'une élite,
un tramway électrique qui en quelques
secondes vous amène au Casino voilà
ce qu'offre à ses hôtes le Riviera-Palace
de Monte-Carlo.
Relevé sur la dernière page du regi s-
tre de cet hôtel prince et princesse J.
de Broglie, M. et Mme Van der, Broeck,
vicomte de Beauchamp, M. et Mme E. L.
Maxwell, M. et Mme Stern, comte etcom-
tesse L. de Vassart d'Hozier, etc.
De Monte-Carlo
« La quatorzième Exposition internatio-
nale de peinture et de sculpture du palais
des Beaux-Arts vient d'être officiellement
inaugurée par S. Exc. M. Olivier Ritt,
gouverneur général de la Principauté, en
présence de M. Dujardin-Beaumetz, sous-
secrétaire d'Etat aux beaux-arts, au mi-
lieu d'une affluence très nombreuse.
» M. Denys Puech, membre de l'Insti-
tut, remplaçant M. Bonnat, président du
Comité des beaux-arts de Monte-Carlo,
accompagnait le gouverneur et le minis-
tre au cours de leur visite à travers les
diverses salles de l'exposition.
» M. Dujardin-Beaumetz a été fort
agréablement surpris du nombre et de
la qualité des œuvres exposées; il a sur-
tout manifesté son très vif plaisir en
présence d'une exposition dont les orga-
nisateurs, bien qu'elle fût loin de Paris,
ont réussi à faire un Salon d'une haute
valeur; et, apprenantde M. Denys Puech
que, parmi ces organisateurs, le plus
immédiatement actif était M. Jacquier,
le dévoué secrétairedu palais des Beaux-
Arts, M. Dujardin-Beauuietz lui en a
fait directementses compliments les plus
vifs. »
_T;
Nouvelles â la Main
Deux vieux camarades de collège^ se
rencontrent:
Savez-vous ce qu'est devenu Laba-
dens, notre ancien marchand de soupe?
Il a mal fini il a bu un bouillon.
Un auteur dramatique et un critique se 1
rencontrent dans une rue de Passy
LE critique. Bonjour! Imaginez-vous, 1
que .je viens de louer un appartement. }
L'AUTEUR, qui a de la rancune. Ça
vous est plus facile que de louer uce^
pièce 1, •'̃̃-̃ Le Masque de Fer.
Le Masque do Fer.
–s~
DEMAIN
Par fil spécial"
Dessins d'Albert GUILLAUME
Vers l'Elysée
LES CANDIDATS DE DEMAIN
M. LÉON BOURGEOIS
Avec M. Fallières, on aurait à l'Ely-
sée des avocats, des diplomates et des
politiciens; avec M. Doumer, les hom-
mes des grandes affaires, industriels,
banquiers, commerçants, et aussi des gé-
néraux, tous hommes d'action avec M.
Léon Bourgeois, des artistes, des philo-
sophes, des savants et des lettrés.
Cette construction, un peu fragile peut-
être, suffit tout de même à synthétiser
la figure des trois principaux champions
du prochain septennat.
Pour M. Léon Bourgeois, la démons-
tration de ses goûts vrais est facile à
faire. Car on en trouve, d'un bout à
l'autre de sa vie, les traces profondes.
Dès l'âge de six ans et demi, quand il
suivait les cours de la petite pension La-
garrigue, rue du Roi-Doré, au Marais, il
savait se faire aimer de tous ses camara-
des par sa serviabilité, par son empres-
sement à calmer les querelles, à raccom-
moder ceux qui s'étaient brouillés, par
une tendresse déjà vive et déjà fidèle
pour ses amis. Un peu plus tard, à la
pension Massin, d'où il suivait les cours
du lycée Charlemagne, il était le compa-
gnon que tous recherchaient pour la pro-
menade du jeudi. Le père Lesage, direc-
teur de l'établissement, possédait un
jardin de plaisance à Ménilmontant;
les élèves s'y rendaient en rangs de
trois, et le futur orateur s'exerçait à
l'art., de la parole par des récits de lec-
tures où brodaitson imagination précoce.
S'il avait lu les Trois Mousquetaires,
par exemple, et qu'un chapitre échap-
pât à sa mémoire, il y suppléait instan-
tanément avec ce don d'improvisation
qui devait être plus tard' son triomphe.
Ses camarades, dont quelques-uns sont
devenus ses amis, s'appelaient Cavai-
gnac, Berteaux, Louis Legendre, Girette,
Richepin. C'étaient les temps héroïques
où le jeune Cavaignac refusait de se
laisser couronner de la main du prince
impérial. Il y avait au lycée deux sujets
d'étonnement la mémoire inouïe de
Jean Richepin et la faculté d'assimilation
de Léon Bourgeois. Richepin apprenait t
en quatre minutes trente vers de grec
pris au hasard dans n'importe quel au-
teur, et qu'il ne comprenait pas! Léon
Bourgeois, lui, n'avait pas ce genre de
mémoire mécanique et phénoménale. Il
lui fallait comprendre pour retenir. Déjà
il classait les idées qui lui étaient acces-
sibles, les groupait méthodiquement et
les liait entre elles par un raisonnement
logique. Mais ce qu'on admirait le plus
chez lui, c'est qu'il comprenait tout et
expliquait tout avec cette clarté incompa-
rable qui fait dire de lui Quand Bour-
geois se met à parler dans une discus-
sion, c'est une lampe allumée qu'on pose
sur la table, le soir tombé. » Il tenait la
tête de la classe quand il le voulait.
Comme il avait toujours fini ses devoirs
et appris ses leçons bien avant les au-
tres, il paraissait souvent flâner, alors
qu'en réalité sa petite cervelle travaillait
encore.
Il grandit. Son père, horloger rue
François-Miron, était, lui aussi, une sorte
de philosophe à l'esprit voltairien, ferme
et libéré. Il le laissa choisir lui-même sa
carrière. La philosophie l'attirait, mais
son extraordinaire faculté verbale le
poussa vers le droit. Survint la guerre.
Le jeune étudiant, qui n'avait que dix-
neuf ans, s'engagea dans la garde na-
tionale. Il n'eut pas l'occasion d'être un
héros, mais il avait fait son devoir. La
guerre terminée, il prit sa licence et son
doctorat, plaida un peu.
De cette époque de sa jeunesse, ilreste
dans la mémoire de ses amis le souvenir
d'une grâce exquise, d'une gaieté saine et
franche, d'une bonne humeur constante
qui rayonnaient autour de lui comme un
printemps. L'étudiant en droit nourri
d'Auguste Comte, de'Taine et de Spencer,
se passionnait en même temps pour
les belles formes du langage, récitait les
poètes par coeur, improvisait lui-même
avec une facilité éblouissante des dis-
cours en vers, par jeu, comme on fait
encore au quartier Latin. Il se récréait
certes, avec ses camarades, mais sans
excès; on le voyait où l'on s'amuse, mais
c'est qu'il venait de travailler, et cet équi-
libre salubre et normal, qui est le signe
de sa nature riche, luiconserva cette vi-
gueur généreuse et cette souplesse d'es-
prit qui sont une des marques de son
tempérament. Parfois ses amis essayaient
de le retenir au. Quartier, mais son père
'et ses deux sœurs l'attendaient pour di-
ner, et jamais il ne consentit à les déce-
voir. « Cela leur ferait de la peine », di-
sait-il.
Un jour, le hasard le fit rencontrer M.
Christophle, alors avocat au Conseil
d'Etat, qui le prit comme secrétaire.
Quelque temps après, en 1876, M. Chris-
tophle, devenu ministre des travaux pu-
blics, emmena avec lui ses secrétaires,
créa pour Léon Bourgeois, qui n'avait
que vingt-six ans, un bureau du conten-
tieux.
A partir de ce moment, la carrière de
M. Bourgeois suit une progression verti-
gineuse et d'une telle rapidité- il le dit
lui-même qu'il en conserva long-
Jemjps comme le sentime&t d'une trépi-
Le Numéro quotidien p= SEINE & SE1NE-ET-OISE s Î5 centimes s* DEPARTEMENTS 20 ceptimm
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< Loué par ceux-ci, blâmé par .ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumabchais.)
Le FIGARO parafa demain
avec HUIT pages
SOMMAIRE
Un livre du grand-duc Nicolas André BEAU-
NIER.
Vers l'Elysée Les candidats de demain Léon
Bourgeois JULES HURET.
Petit bleu de la C6te d'Azur Ajax.
Le Livre blanc sur le Maroc: Eugène LAUTIER.
Autour de la politique: André Nancey.
Dessin: Au Théâtre-Royal "Le gardien de
square" DE LosQUEs.
Affaires militaires Les tableaux d'avancement.
Quelques conseils pour vivre vieux Docteur
Maurice DE FLEURY.
Journaux et Revues: André BEAUNIER.
Les Théâtres: Théâtre-Royal: "Le Gardien de
square", "Péril jaune", '-La Zingara"
Emmanuel ARÈNE.
V UN LIVRE I
̃ DU ••
Grand- duc Nicolas
Le grand-duc Nicolas de Russie compte
parmi les historiens qui ont le mieux
contribué à l'étude du dix-neuvième
siècle commençant. Les documents nom-
breux qu'il a mis au jour, publiés et in-
terprétés, éclairent cette époque si im-
portante\où se constituaient tant d'idées
qui depuis ont fait leur chemin. Son
nouveau \livre éclaire peut-être aussi
l'époque contemporaine, plus qu'il ne l'a
prévu. S ~m~' y~
i #*# ̃ ̃•
Dans son premier essai, qui date de
1901 les Princes Dolgorouki, collabora-
teurs de l'Empereur Alexandre /*r durant
les premières, années de son règne, le
grand-duc Nicolas avait exposé l'histoire
de cette période où se prépara et où fut
livrée la Bataille des Trois Empereurs,
les négociations de 4'allianee russo-prus-
sienne et la* prise, d'armes d'Iéna. Sur la
guerre de 1807, les* documents russes
complètent et parfois infirment les rap-
ports de Bernadotte.
Le nouveau livre, dont la traduction
française, due à M. F. Billecocq, est ré-
cemment sortie des presses de l'Impri-
merie nationale, est précédé d'un avant-
propos de M. Frédéric Masson. C'est le
Comte Paul Stroganov, trois volumes in-
octavo, d'un intérêt très vif et très divers,
trésor de pièces inédites, de faits nou-
veaux, véritable bibliothèque dont il fau-
dra que désormais tiennent compte tous
les historiens de l'Europe post-révolu-
tionnaire.
M. Frédéric Masson, dans la simple et
belle étude qu'il a consacrée à cette oeu-
vre, en indique, avec la sûreté de sa
compétence, l'importance et le mérite.
Il loue justement cet historien dont les
qualités personnelles et les facilités par-
ticulières s'accordent au mieux d'un
travail excellent. Le grand-duc Nicolas a
réuni, dans sa résidence de Borjom, une
bibliothèque prodigieuse, une collection
de pièces manuscrites qui n'a guère de
rivale en Europe. Il a recherché les mi-'
niatures qui représentent ses personna-
ges, les personnages du temps qu'il res-
suscite, les objets qui leurontappartenu,
tout le souvenir épars de leur indivi-
dualité. De la sorte, il a pu joindre à
son savant ouvrage les portraits de
.quiconque y joue un rôle. Il a re-
trouvé le visage de tous les membres de
la famille Stroganov et de tous les colla-
borateurs d'Alexandre Ier. De même, lors-
qu'il préparait ses Princes Dolgorouki, il
fit graver les images des généraux russe*;
de 1812, qu'avait dessinés l'émigré frarir
çais Saint-Aubin et que conserve la bi-
bliothèque particulière de l'Empereur.
Ces travaux iconographiques, si utiles et
si attrayants, aboutiront bientôt à la pu-
blication d'un grand répertoire où seront
figurés, d'après des documents authenti-
ques et pour la plupart inédits, tous les
Russes qui, au cours de ces deux der-
niers siècles, ont marqué dans l'histoire
de leur pays et de l'Europe.
Est-il nécessaire d'ajouter que le grand-
duc Nicolas a dû à sa situation le privi-
1 lège heureux de consulter toutes les ar-
chives d'Etat, même « les plus secrètes
et les mieux gardées », et qu'il recourait
ainsi à des sources que nul historien
n'avait encore approchées? Il en a pro-
fité largement et dans un remarquable,
un admirable esprit de vérité. Son ou-
vrage se compose d'une claire et judi-
cieuse étude qu'accompagne une: profu-
sion de documents des plus précieux et
qui n'étaient pas tous indispensables à
la monographie du comte Paul Stroga-
nov, mais qui forment un recueil inesti-
mable de faits, de détails nouveaux, de
témoignages décisifs et de révélations
imprévues.
On sait que Paul Stroganov eut pour
précepteur un révolutionnaire français,
P mathématicien Romme. Le grand-duc
Nicolas publie à ce propos des extraits
abondants de la correspondance qu'é-
changèrent au cours de plusieurs années
le futur conseiller de l'empereur Alexan-
dre et ce précepteur imprévu. Ces lettres
sont amusantes, pittoresques et dignes
d'occuper non seulement l'historien mais
le philosophe; elles permettent d'étudier
la double psychologie du maître et de
l'élève les moins naturellement destinés
l'un à l'autre, l'influence exercée sur une
âme russe par les idées françaises et le
mélange harmonieux qui se fit de deux
singuliers caractères.
Paul Alexandrovitch Stroganov fut très
en faveur auprès d'Alexandre Ier pendant
une période émouvante où les destinées
de la Russie se décidèrent pour long-
temps.LejeuneEmpereur,ditM. Frédéric
Masson, « cherchait, à l'aide de quelques
jeunes gens de son entourage, les.moyens
de régulariser son gouvernement et d'a-
chever l'œuvre de Pierre le Grand en
donnant à ses sujets des garanties léga-
les, premier besoin d'une nation civili-
sée ». Paul Stroganov fut le confident,
le « directeur de conscience » de l'Empe-
reur. Il discutait avec lui la doctrine
d'une transformation politique et sociale
de la Russie; il lui exposait et il lui com-
mentait les principes de la Déclaration
des Droits de l'homme et du citoyen, les
idées de la Constituante. Il avait voyagé
par l'Europe, séjourné en France, fré-
quenté à Paris les séances de l'Assem-
blée, les réunions des clubs même il
avaitconnu Théroigne de Méricourt. Bref
il était au fait de toute l'idéologie révolu-
tionnaire il la révéla à l'Empereur. Peu
s'en fall'ut qu'il n'aboutît à une réforme,
dont on peut bien dire aujourd'hui qu'elle
était sans doute alors prématurée, mais
qui, tempérée avec prudence, allait peut-
être éviter à la Russie quelques-unes de
ses tribulations ultérieures.
Alexandre Ier tourna d'un autre côté
ses initiatives.' Après l'entrevue de Me-
mel, il s'occupa surtout de suprématie
européenne et abandonna son projet de
réformes intérieures.
Le grand-duc Nicolas publie les rap-
ports de Stroganov à l'Empereur, sa cor-
respondance avec ses collaborateurs, les
comptes rendus des séances du Comité
secret. C'est une histoire dont l'intérêt
n'est pas seulement rétrospectif mais le
trouble où se débat présentement l'em-
pire des tsars donne à ces pages une
poignante actualité, voire une utilité
politique.
Paul Stroganov notait au jour le jour,
sur ses cahiers, ses plans de réformes,
ceux que lui-même avait conçus et qu'il
comptait développer, et la marche pro-
gressive des travaux. L'élève du mathé-
maticien Romme était soucieux de clarté,
de logique, de méthode. Au premier
feuillet du tome Ior de ses cahiers, on lit:
«Quand, dans un pays, l'ordre de choses
est mauvais et qu'on veut le changer, il
faut: D'abord se rendre compte de
l'état dans lequel il est; ensuite, du
but où on en veut venir; et des moyens
qu'il fàut.employer.Rour-passer d'un état
à l'autre. » Ce texte est digne de remar-
que. La méthode, si simple et comme si
évidente, qu'on y, trouve résumée est
conforme étonnamment aux habitudes
de l'esprit français, sinon toujours
dans la pratique, au moins en théorie.
C'est la manière de Descartes ces
lignes sont l'application rigoureuse et
intelligente de la méthode cartésienne
aux choses de la politique. La formule
est excellente et tous les mots en sont
valables. Elle commence par poser ce
principe ou cette question de la
« volonté » impériale. L'Empereur vou-
lait-il changer l'ordre de choses dont il
apercevait, dont on lui montrait les in-
convénients ?. La suite de l'aventure a
bien prouvé que Stroganov était clair-
voyant quand ïl posait ainsi le problème.
Stroganov écrivait: « L'Empereur est
monté sur le trône avec les meilleures
dispositions pour établir les choses sur
le meilleur pied possible. Il n'y a que
son inexpérience, son caractère mou et
indolent qui s'y opposent. » Et il argu-
mentait ainsi « Puisqu'il a un caractère
mou, le moyen d'avoir sur lui l'empire
nécessaire pour faire le bien est de le
subjuguer. Comme il est d'une grande
pureté de principes, le moyen de le sou-
mettre est de rapporter tout à des prin-
cipes très purs et de la justesse desquels
il ne puisse pas douter. Etc.» Paul
Stroganov raisonnait à merveille; et, s'il
a finalement échoué dans son œuvre, la
faute n'en est ni à la méthode ni au dé-
vouement qu'il eut pour ses idées: les
événements furent plus forts que lui,
mais il avait de bonnes intentions, un
clair esprit pour les mettre en valeur,
une tenace énergie pour les réaliser.
L'ouvrage du grand-duc Nicolas Mi-
khaïlovitch est un livre de science et de
bonne foi, un livre d'historien qui ne
plaide pas, qui ne cherche pas à démon-
trer au delà de la stricte signification des
faits dûment vérifiés, mais qui, par le
simple exposé de la vérité vraie, vaut
un enseignement, est capable d'agir.
André Beaunier.
Echos
La Température
La situation atmosphérique a été encore
troublée dans le nord-ouest de l'Europe par
une dépression qui a passé hier sur les îles
Britanniques et dont le centre se trouvait sur
les Pays-Bas 739mm. La baisse s'est étendue
jusqu'en Provence. Hier à midi on notait à
Paris 747mm 3.
Des pluies sont tombées sur l'ouest et le
nord du continent; en France, elles ont été
générales. Quant à la mer, elle est très hou-
leuse dans nos stations de la Manche et de
l'Océan.
La température a monté sur presque toutes
nos régions. Elle était hier,, à Paris, de 8°
au-dessus de zéro à- sept heures du matin et
go à deux heures de l'après-midi. Journée
encore très humide, ciel couvert et à la pluie.
Départements, le matin
Au-dessus de \èro 50 à Lyon, 6° à Dunker-
que, à Belfort, à Besançon et à Nice, 70 à Bou-
logne, au Mans,à Charleville, à Nancy,à Perpi-
gnan et Cannes,8<>à Marseille,9°àCherbourg,
à Brest, à Nantes et à Limoges, ioo à Oues-
sant, à Lorient, à Clermont et à Cette, ii« à
Rochefort et à l'île d'Aix, 120 à Bordeaux et à
Toulouse, 140 à Biarritz, 15» à Alger, 160 à
Oran.
En France, un temps à éclaircies et à aver-
ses est probable; la température va rester
assez élevée. Le soir, le baromètre était
à 75omm.
(La température du 8 janvier 1905 était
Pluies en France. Thermomètre o« le matin,
60 au-dessus de zéro l'après-midi baromètre
775mm dans la matinée, 776mm le soir.)
Du New York Herald
A New-York Neige continue. Température
maxima, 1° minima, 30. Vent du nord-
ouest, plutôt fort. Baromètre agité.
A Londres Température maxima, 90
minima, 50. Vent du sud-ouest, tempête. Ba-
romètre, 75omm, en hausse.
A Berlin Temps nuageux. Température
50 à midi.
LES ÉLECTIONS SÉNATORIALES
w>w En définitive, le Bloc a perdu di-
< manche trois sièges sénatoriaux.
Dans plusieurs départements ses candi-
dats ont sensiblement moins de voix
qu'aux élections précédentes. Mais la
grande défaite a été indiscutablement
celle de la délation.
M. Debierre a reçu pour tous ses collè-
gues la leçon la plus méritée. Personne
n'a encore oublié le rôle actif qu'il a
joué dans l'entreprise de délation or-
ganisée contre les officiers par le général
André et le Grand-Orient. Ami et colla-
borateur du célèbre P. Vadecard, M.
Debierre est un de ces hommes dont on
dit que leur nom est tout un programme.
Il incarnait la grande pensée du règne
de M. Combes, la quintessence de la po-
litique combiste. Or ce candidat repré-
sentatif et typique a été battu. Et dans
quelles conditions!
Il a été battu, lui seul, alors que tous
ses compagnons de liste arrivaient au po-
teau. Et par qui a-t-il été remplacé? Par
M. Lozé, qui, dans cette même affaire
des fiches, avait adopté l'attitude la plus
nette et la plus courageuse, n'hésitant
pas à proclamer que dans le Conseil de
l'ordre de la Légion d'honneur, dont il
est membre, il avait résisté de toutes ses
forces à la pression officielle qui s'exer-
çait en faveur des délateurs. M. Lozé, par;
ces déclarations, avait démasqué le dou-
ble jeu de M. Combes, qui travaillait
dans l'ombre à sauver les rédacteurs de
fiches, bien qu'il renonçât à les défendre
devant le Parlement. Le succès de M.
Lozé accentue encore la signification de
l'échec de M. Debierre. C'est la condam-
nation la plus claire et la plus formelle
de la délation, de ses complices et de ses
complaisants.
Il est vrai que la composition du Sénat
n'a pas très sensiblement changé. Mais
on peut supposer que les leçons du scru-
tin d'hier ne seront pas inutiles et ôte-
ront toute envie de revenir jamais aux
procédés dont la chute de M. Combes et
l'avènement de M. Rouvier ont heureu-
sement marqué la fin.
('
A Travers Paris
La princesse Henri de Battenberg
et sa fille la. princesse Victoria-Eugénie
sont arrivées hier soir à Paris, par le
train de 6 h. 40, avec le colonel lord
William Cecil, miss Minnie Cochrane et
M. Paoli, l'aimable commissaire spé-
cial, qui, honoré depuis longtemps d'une
affection spéciale par tous )es membres
de la .maison royale d'Angleterre, avait
voulu accompagner à titre privé Leurs
Altesses royales de Calais à Paris.
Les princesses ont été saluées à leur
arrivée à la gare du Nord par sir Francis
Bertie, ambassadeur d'Angleterre, et
l'Hon. Reginald Lister.
Leurs Altesses royales, descendues à
l'hôtel de Saint-James et d'Albany, res-
teront une huitaine dejours à Paris, et
se rendront ensuite à Biarritz, chez la
princesse Frederica de Hanovre.
Les princesses ont été rejointes par le
prince Alexandre-Albert de Battenberg,
midshipman sur le vaisseau de ligne
Cœsar, arrivé hier soir même de Madrid
par le Sud-Express.
S. M. l'impératrice douairière de Rus-
sie Maria Féodorovna vient de faire par-
venir à Mme Bompard, ambassadrice
de France, un certain nombre de dis-
tinctions destinées à témoigner de la
gratitude impériale aux dames qui cons-
tituaient à Paris le Comité de l'OEuvre
des victimes de la guerre, fondée l'an
dernier par Mme Bompard et dirigée
par elle avec une admirable énergie.
La très dévouée présidente du Comité
parisien, Mme Pol Fabry, reçoit l'insigne
supérieur de la Croix-Rouge de Russie.
Les insignes de la Croix-Rouge sont en
outre accordés à toutes ses zélées colla-
boratrices Mmes de Blignières, Klobb
et Cornille, Mlles Jeanne de Blignières,
Laure, Marguerite et Caroline de Peretti,
et Henriette Le Bleu. Enfin M. Marcerou,
qui a secondé l'oeuvre avec un grand
dévouement, reçoit la même distinction.
On a plaidé hier à la 3a Chambre sup-
plémentaire du Tribunal de la Seine le
divorce d'une très haute personnalité pa-
risienne.
M. Gourdin, que son nom prédestinait
à manier la canne et qui, sans shako,
frise les deux mètres, est tambour-major
de la légion de la garde républicaine.
Il est officier d'académie et décoré d'or-
dres étrangers. Compositeur distingué,
M. Gourdin a écrit un « morceau de genre
avec échos, pour trompes de chasse »
intitulé Idylle champenoise.
Il a été question de ce morceau de
trompes dans le procès d'hier, car l'au-
teur l'avait dédié « à sa femme ». Me Al-
bert Clemenceau, dans sa plaidoirie, a
beaucoup parlé aussi d'un simple tam-
bour, l'ordonnance de M. Gourdin, con-
tre lequel le demandeur en divorce avait
des griefs que la loi ne permet pas de
préciser avant que soit prononcé le juge-
ment. Le Tribunal rendra cette décision
à huitaine.
L'heure a sonné. du branle-bas de dé-
part. Elles s'en vont; les petites bara-.
ques, et voilà déjà que l'an nouveau a
fini d'être le Nouvel An.
Elles s'en vont tout doucement, comme
à regret, et M. Lépine a pour elles des
indulgences de bon parrain. Il a l'air de
ne pas s'apercevoir qu'elles s'attardent.
C'était avant-hier leur dernier jour, et
'dans la matinée d'hier quelques-unes,
furtivement, s'entr'ouvraient encore aux
passants. Le' soir, c'était fini. Çà et là,
sur le boulevard, des paquets de plan-
ches disloquées s'appuyaient aux arbres
ou s'allongeaient sur le trottoir mouillé
autour de ces épaves, d'autres baraques
demeuraient debout, mais silencieuses
sous leurs devantures closes, et comme
endormies. On eût dit qu'un commence-
ment d'habitude les retenait là.
Aujourd'hui, tout de même, il faudra
plier bagage. Il n'est si bonne compagnie
qui ne se quitte, et si bon préfet qui ne se
lasse.
UN EXEMPLE
Nous savions qu'il se fait couramment, chez
nos amis d'outre-Manche, une grande con-
sommation de harengs saurs. La campagne
électorale 'vient d'ouvrir à cette industrie un
débouché nouveau. Le hareng saur est désor-
mais en Angleterre autre chose qu'un aliment
économique et qui donne soif il est un pro-
jectile dont s'arment les femmes qui ont le
goût de la discussion. A Manchester, M. Bal-
four ayant soutenu dans une réunion publique
des opinions que ses auditrices n'approuvaient
point, celles-ci l'ont bombardé littéralement, I
disent les dépêches, < à coups de harengs
saurs ».
Il est vrai qu'en ces bagarres, les femmes
courent quelques risques et c'est de quoi
excuser la violence de leurs gestes. A Burton
on Trent, un adversaire de lord Burton n'a
pas trouvé de meilleur moyen de protester
contre certains propos de l'orateur que
de tomber sur lady Burton à coups de
poing Voilà qui promet, et nous en verrons
bien d'autres.
Un journal n'annonçait-il pas hier que le
jù-jitse faisait fureur, depuis quelque temps,
chez les jeunes filles de la meilleure société
anglaise? Elles ont même inventé, pour s'a-
donner à ce sport, un costume charmant ki-
mono blanc, culotte et bas de soie noirs. Quel-
ques-unes sont déjà très fortes à ce jeu; tant
mieux! nous apprendrons bientôt que par elles
lady Burton a été vengée 1
Voilà des exemples, .et le féminisme britan-
nique est en train.de prendre quelque avance
;sur le nôtre
-ooo~
MM. Georges Breittmayer et Louis
d'IIurcourt, témoins de M. Kirchhoffer
ont reçu hier la dépêche suivante du
maître d'armes italien Agesilao Greco,
en réponse au télégramme qu'ils lui
avaient fait parvenir et que nos lecteurs
connaissent
Rome, 6 janvier, 5 h. 30 soir.
Je proteste contre votre appréciation je
prouverai le contraire. J'attends ici sans m'en-
gager pour ailleurs. Gx~CO.
•̃̃ •̃•••̃ "Agesilao Greco.
MM. Breittmayer et Louis d'Hurcourt
ont répondu par la dépèche suivante
Reçu votre dépêche déclarant que « at-
tendez Rome sans vous engager pour ail-
leurs ». Nous constatons que vous ne consti-
tuez pas témoins. Votre refus devenir à Paris
en cas impossibilité rencontre à Rome est
inacceptable et est considéré par nous comme
un refus de vous battre..
Georges BREITTMAYER,
Louisd'HURCOURT.
Nous avons reçu d'autre part de M.
Greco un long télégramme dans lequel
il s'attache à faire retomber sur MM.
Breittmayer et d'Hurcoui't la responsa-
bilité de l'impossibilité d'une rencontre
à Rome. Ce sont là des mots et non des
faits. Ce qui ressort de cet incident, c'est
que MM. Kirchhoffer, Breittmayer et
d'Hurcourt, offensés par le maître d'ar-
mes italien, sont prêts à se battre soit à
Rome soit à Paris, et que M. Greco ne
veut rendre réparation qu'à Rome, où la
chose, ainsi que des précédents l'ont dé-
montré, est matériellement impossible.
Pour les pauvres.
On se rappelle qu'au mois de juillet
dernier Mme Henri Rochefort fut vic-
time d'un accident de voiture. Le fiacre
dans lequel elle'se trouvait suivait un
itinéraire bien connu des Parisiennes
il allait du Louvre au Bon Marché, lors-
qu'au coin de la rue du Bac et du boule-
vard Saint-Germain il fut à demi ren-
versé par une automobile. Mme Henri
Rochefort fut blessée au front, légère-
ment, mais elle éprouva une assez vive
commotion nerveuse.
Hier, elle se portait partie civile et,
accompagnée de son mari, elle venait à
l'audience réclamer du propriétaire de
l'automobile des dommages-intérêts.
La somme que vous allouerez à ma
cliente, a déclaré Me Gautier-Rougeville, son
avocat, sera intégralement versée à une œuvre
de charité. Ainsi la maladresse, la coupable
imprudence d'un chauffeur deviendra l'ori-
gine d'une bonne action.
Le Tribunal a condamné le prévenu à
25 francs d'amende et accordé à la partie
civile 500 francs de dommages-intérêts.
Et voilà comme quoi, grâce à la jolie
générosité de Mme Henri Rochefort, si les
pauvres n'ont pas souvent l'occasion de
ramasser vingt-cinq louis sous le pas
d'un cheval, pour une fois ils les auront
trouvés sous les pneus d'une auto qui
faillit écraser une Parisienne.
Il y a un point sur lequel les révolu-
tionnaires ne sont pas tout à fait d'ac-
cord celui-ci L'alcoolisme doit-il être
ou non combattu?
Le leader socialiste Vandervelde est
d'avis qu'il le faut combattre, et il en a
donné hier les raisons en une conférence
qu'il a faite à la Bourse du travail. Il
semblait que tout le monde l'approuvât
une motion même avait été .votée, où il
était déclaré que « combattre sans répit
l'alcoolisme est une condition nécessaire
de l'émancipation prolétarienne ».
Hélas 1 le journal l'Avant-Garde n'est
point de cet avis. L'Avant-Garde raille le [
zèle des antialcooliques et insinue qu'il
y a là un piège tendu aux révolutionnai-
res, un « dérivatif opposé à l'effort de
leur propagande ».
Alors on ne sait plus.
1 Beaucoup de Parisiens qui croyaient
tombée en désuétude la mode d'échanger
des cartes de visite au nouvel an s'éton-
nent de constater que ces cartes conti-
nuent de voyager aussi lentement qu'au-
trefois. Elles mettent à peu près huit
jours à se rendre d'un point à l'autre de
Paris. Alors, on envoie donc toujours
autant de cartes?
Non. Mais il paraît qu'une autre mode
a remplacé celle-ci. Dans un grand nom-
bre de familles, la carte postale illustrée
a remplacé l'antique bristol; en sorte que
l'encombrement des paniers dans les
bureaux de postes est aussi effroyable
que jadis. Les postiers se plaignent même
d'avoir eu, cette année, un peu plus de
papier encore à timbrer que naguère.
Les antimilitaristes d'Auxerre ne sont
pas contents du jury de la Seine, et se
préparent à lui donner une sérieuse
leçon. Ils viennent de décider 1° d'orga-
niser dans toute la France une manifes-
tation « monstre » en l'honneur des
condamnés, 2" de faire tirer « à un mil-
lion d'exemplaires » l'affiche condamnée
par le jury de la Seine, et de la répandre
partout, 3° de propager dans les casernes
un nouveau traité antimilitariste « plus
violent que tout ce qui a été dit jusqu'à
présent ».
Il y a des juges à Auxerre, et il faut
espérer que les criminelles folies qu'on
nous annonce n'y seront pas plus tolé-
rées quelles ne le furent à Paris.
L'anormale température du commen-
cement de l'année, la brume et la pluie,
qui si souvent sévissent, ont occasionné
d'innombrables grippes, bronchites et
rhumes, particulièrement chez les per-
sonnes de complexion délicate. Le plus
sûr moyen de se prémunir contre cette
humidité pénétrante est incontestable-
ment de se tonifier, d'augmenter la dose
d'énergie vitale.
Le régime vivifiant du Vin Mariani est
tout indiqué dans ce but. Ce cordial sti-
mulant met du soleil au cœur et de la
chaleur dans tout notre organisme par
les journées les plus grises et les plus
froides. Pris en grogs (deux tiers de Vin
Mariani, un tiers d'eau sucrée, chauf-
fer sans bouillir)., il constitue un mer-
veilleux réactif, d'un goût délicieux, qui
immunise absolument et enraye le mal
dès son début.
Aucun stimulant n'agit avec autant de
puissance et de rapidité.
Pour couper court à toute confusion,
en raison de la similitude de noms avec
certaines autres marques, la Société des
AnciensEtablissements Georges Richard,
dont les voitures portaient la marque
« Richard-Brasier », vient de décider de
modifier ainsi sa raison sociale et sa
marque
La raison sociale est, à dater de main-
tenant, « Société de Construction d'Au-
tomobiles « Le Trèfle à 4 feuilles » et les
voitures porteront la marque « Voitures
Brasier ».
Hors Paris
Une vue inoubliable sur la mer et la
principauté de Monaco, d'admirables
jardins à la flore exotique, des chambres
où le confort le plus raffiné le dispute à
l'élégance la plus réelle et qui, toutes,
sont exposées au midi, des salons où 1'o.n
est assuré de ne rencontrer qu'une élite,
un tramway électrique qui en quelques
secondes vous amène au Casino voilà
ce qu'offre à ses hôtes le Riviera-Palace
de Monte-Carlo.
Relevé sur la dernière page du regi s-
tre de cet hôtel prince et princesse J.
de Broglie, M. et Mme Van der, Broeck,
vicomte de Beauchamp, M. et Mme E. L.
Maxwell, M. et Mme Stern, comte etcom-
tesse L. de Vassart d'Hozier, etc.
De Monte-Carlo
« La quatorzième Exposition internatio-
nale de peinture et de sculpture du palais
des Beaux-Arts vient d'être officiellement
inaugurée par S. Exc. M. Olivier Ritt,
gouverneur général de la Principauté, en
présence de M. Dujardin-Beaumetz, sous-
secrétaire d'Etat aux beaux-arts, au mi-
lieu d'une affluence très nombreuse.
» M. Denys Puech, membre de l'Insti-
tut, remplaçant M. Bonnat, président du
Comité des beaux-arts de Monte-Carlo,
accompagnait le gouverneur et le minis-
tre au cours de leur visite à travers les
diverses salles de l'exposition.
» M. Dujardin-Beaumetz a été fort
agréablement surpris du nombre et de
la qualité des œuvres exposées; il a sur-
tout manifesté son très vif plaisir en
présence d'une exposition dont les orga-
nisateurs, bien qu'elle fût loin de Paris,
ont réussi à faire un Salon d'une haute
valeur; et, apprenantde M. Denys Puech
que, parmi ces organisateurs, le plus
immédiatement actif était M. Jacquier,
le dévoué secrétairedu palais des Beaux-
Arts, M. Dujardin-Beauuietz lui en a
fait directementses compliments les plus
vifs. »
_T;
Nouvelles â la Main
Deux vieux camarades de collège^ se
rencontrent:
Savez-vous ce qu'est devenu Laba-
dens, notre ancien marchand de soupe?
Il a mal fini il a bu un bouillon.
Un auteur dramatique et un critique se 1
rencontrent dans une rue de Passy
LE critique. Bonjour! Imaginez-vous, 1
que .je viens de louer un appartement. }
L'AUTEUR, qui a de la rancune. Ça
vous est plus facile que de louer uce^
pièce 1, •'̃̃-̃ Le Masque de Fer.
Le Masque do Fer.
–s~
DEMAIN
Par fil spécial"
Dessins d'Albert GUILLAUME
Vers l'Elysée
LES CANDIDATS DE DEMAIN
M. LÉON BOURGEOIS
Avec M. Fallières, on aurait à l'Ely-
sée des avocats, des diplomates et des
politiciens; avec M. Doumer, les hom-
mes des grandes affaires, industriels,
banquiers, commerçants, et aussi des gé-
néraux, tous hommes d'action avec M.
Léon Bourgeois, des artistes, des philo-
sophes, des savants et des lettrés.
Cette construction, un peu fragile peut-
être, suffit tout de même à synthétiser
la figure des trois principaux champions
du prochain septennat.
Pour M. Léon Bourgeois, la démons-
tration de ses goûts vrais est facile à
faire. Car on en trouve, d'un bout à
l'autre de sa vie, les traces profondes.
Dès l'âge de six ans et demi, quand il
suivait les cours de la petite pension La-
garrigue, rue du Roi-Doré, au Marais, il
savait se faire aimer de tous ses camara-
des par sa serviabilité, par son empres-
sement à calmer les querelles, à raccom-
moder ceux qui s'étaient brouillés, par
une tendresse déjà vive et déjà fidèle
pour ses amis. Un peu plus tard, à la
pension Massin, d'où il suivait les cours
du lycée Charlemagne, il était le compa-
gnon que tous recherchaient pour la pro-
menade du jeudi. Le père Lesage, direc-
teur de l'établissement, possédait un
jardin de plaisance à Ménilmontant;
les élèves s'y rendaient en rangs de
trois, et le futur orateur s'exerçait à
l'art., de la parole par des récits de lec-
tures où brodaitson imagination précoce.
S'il avait lu les Trois Mousquetaires,
par exemple, et qu'un chapitre échap-
pât à sa mémoire, il y suppléait instan-
tanément avec ce don d'improvisation
qui devait être plus tard' son triomphe.
Ses camarades, dont quelques-uns sont
devenus ses amis, s'appelaient Cavai-
gnac, Berteaux, Louis Legendre, Girette,
Richepin. C'étaient les temps héroïques
où le jeune Cavaignac refusait de se
laisser couronner de la main du prince
impérial. Il y avait au lycée deux sujets
d'étonnement la mémoire inouïe de
Jean Richepin et la faculté d'assimilation
de Léon Bourgeois. Richepin apprenait t
en quatre minutes trente vers de grec
pris au hasard dans n'importe quel au-
teur, et qu'il ne comprenait pas! Léon
Bourgeois, lui, n'avait pas ce genre de
mémoire mécanique et phénoménale. Il
lui fallait comprendre pour retenir. Déjà
il classait les idées qui lui étaient acces-
sibles, les groupait méthodiquement et
les liait entre elles par un raisonnement
logique. Mais ce qu'on admirait le plus
chez lui, c'est qu'il comprenait tout et
expliquait tout avec cette clarté incompa-
rable qui fait dire de lui Quand Bour-
geois se met à parler dans une discus-
sion, c'est une lampe allumée qu'on pose
sur la table, le soir tombé. » Il tenait la
tête de la classe quand il le voulait.
Comme il avait toujours fini ses devoirs
et appris ses leçons bien avant les au-
tres, il paraissait souvent flâner, alors
qu'en réalité sa petite cervelle travaillait
encore.
Il grandit. Son père, horloger rue
François-Miron, était, lui aussi, une sorte
de philosophe à l'esprit voltairien, ferme
et libéré. Il le laissa choisir lui-même sa
carrière. La philosophie l'attirait, mais
son extraordinaire faculté verbale le
poussa vers le droit. Survint la guerre.
Le jeune étudiant, qui n'avait que dix-
neuf ans, s'engagea dans la garde na-
tionale. Il n'eut pas l'occasion d'être un
héros, mais il avait fait son devoir. La
guerre terminée, il prit sa licence et son
doctorat, plaida un peu.
De cette époque de sa jeunesse, ilreste
dans la mémoire de ses amis le souvenir
d'une grâce exquise, d'une gaieté saine et
franche, d'une bonne humeur constante
qui rayonnaient autour de lui comme un
printemps. L'étudiant en droit nourri
d'Auguste Comte, de'Taine et de Spencer,
se passionnait en même temps pour
les belles formes du langage, récitait les
poètes par coeur, improvisait lui-même
avec une facilité éblouissante des dis-
cours en vers, par jeu, comme on fait
encore au quartier Latin. Il se récréait
certes, avec ses camarades, mais sans
excès; on le voyait où l'on s'amuse, mais
c'est qu'il venait de travailler, et cet équi-
libre salubre et normal, qui est le signe
de sa nature riche, luiconserva cette vi-
gueur généreuse et cette souplesse d'es-
prit qui sont une des marques de son
tempérament. Parfois ses amis essayaient
de le retenir au. Quartier, mais son père
'et ses deux sœurs l'attendaient pour di-
ner, et jamais il ne consentit à les déce-
voir. « Cela leur ferait de la peine », di-
sait-il.
Un jour, le hasard le fit rencontrer M.
Christophle, alors avocat au Conseil
d'Etat, qui le prit comme secrétaire.
Quelque temps après, en 1876, M. Chris-
tophle, devenu ministre des travaux pu-
blics, emmena avec lui ses secrétaires,
créa pour Léon Bourgeois, qui n'avait
que vingt-six ans, un bureau du conten-
tieux.
A partir de ce moment, la carrière de
M. Bourgeois suit une progression verti-
gineuse et d'une telle rapidité- il le dit
lui-même qu'il en conserva long-
Jemjps comme le sentime&t d'une trépi-
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