Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1906-01-03
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 janvier 1906 03 janvier 1906
Description : 1906/01/03 (Numéro 3). 1906/01/03 (Numéro 3).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
52e Année 3e Série H° 3
lô Numéro quotidien f= SEINE & SEINE-ET-OISE >'Ï5 centimes as DEPARTEMENTS s 20 centimes
Mercredi 3 Janvier 1906
Gaston CALMETTE
Directeur- Gérant
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
RÉDACTION ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9' Arr1)
RÉDACTION ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9° Arr')
T&ÉPHOHE, Trois lignes Nos 102.46 102,47 102.49
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de France et d'Algérie.
< loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout; de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
s o :m: d/e .a. i re
Mères vaillantes Paul Strauss.
La France ei l'Allemagne:
En famille: Pontecroix.
La municipalité de Westminster à Paris: JAN-
VILLE.
Les événements de Russie: IVAN.
A l'Etranger Quirinal et Vatican Eugène
LAUTIER.
Rome et la séparation André Nëde.
Dessin « Par fil spécial » ALBERT Guil-
laume.
Les élections sénatoriales Louis Chevreuse.
La Vie universitaire L'enseignement de l'his-
toire de l'Art: Louis HOURTICQ.
Les colonies PAUL Henrix.
L'incident Kirchhoffer-Greco.
Journaux et Revues: André Beaunier!
Feuilleton: L'Incendie: EDOUARD Rod.
Hères vaillantes
C'est à l'enfance et autour de l'enfance
que doit aboutir principalement l'épa-
nouissement contemporain de l'esprit
charitable et bienfaisant. Les doctrines
et les croyances les plus dissemblables
et les plusopposées conduisent à lamème
conclusion, encore fortifiée par des rai-
sons utilitaires d'ordre démographique
et national.
La diversité même des instruments de
puériculture est un gage de succès, parce
que les siiuations familiales n,e sont pas
invariablement identiques et queplusles
moyens d'aide et d'intervention sont va-
riés, mieux ils donnent satisfaction à des
besoins variables.
La crèche se trouve être, à mesure que
l'ouvrière s'extériorise davantage, un
abri nécessaire au même titre que l'école
maternelle et la garderie. Il n'est au pou-
voir de personne de supprimer les cau-
ses sociales qui entravent, dans les foyers
populaires, Rentier accomplissement du
devoir maternel; la femme du peuple
n'est pas- exemptée de travail parce
qu'elle supporte la tendre et pénible
charge d'un nourisson à élever, de plu-
sieurs enfants à nourrir; elle est d'au-
tant plus tenue d'apporter au ménage un
salaire d'appoint, une part contributive,
fût-elle modeste, que la famille est plus
nombreuse.
Les dames patronnesses, les bienfai-
trices, les visiteuses des pauvres, pour
ner parler que d'elles, connaissent à mer-
veille, dans leur réalité douloureuse, tout
ce qu'une maternité recèle d'embarras,
de tristesses et de souffrances dans les
faubourgs. Les services publics d'assis-
tance, d'hospitalité, d'accouchement, dont
le rayonnement secourable est si grand,
les belles œuvres privées, la Société de
charité maternelle, la Société d'allaite-
.ment maternel, la Société philanthrô-
pique, l'Hospitalité de nuit, les crèches
et les dispensaires, et bien d'autres en-
core, les cadettes comme les aînées, sont
comme un observatoire d'où l'on dé-
couvre les misères insoupçonnées en ce
qu'elles ont de plus intime et de plus
poignant.
La mère heureuse, qui n'a pas consa-
cré une heure par an à un patronage
attentif et personnel, ne se doute, pas du
nombre et de la gravité de ces détresses
maternelles par où toute nation civilisée
donne la mesure de ce qu'il lui reste à
accomplir pour l'abolition de ces vesti-
ges de barbarie et d'égoïsme impré-
voyant/
Ce qu'elle ne connaît pas non plus, celle
qui vit dans son nid ouaté sans jeter au-
tour d'elle des regards investigateurs et
compatissants, c'est la merveilleuse flo-
raison de vertus que l'Académie fran-
çaise est impuissante à récompenser et
dont le récit parvient rarement jusqu'à
elle, c'est l'incomparable moisson d'ac-
tes de dévouement qui se dissimulent et
s'ignorent.
La vaillance maternelle est à vrai dire
si répandue, si commune, qu'elle n'attire
pas l'attention. Le monstrueux seul
émerge, le crime et le vice émeuvent
l'opinion. Et les pessimistes triomphent
à peu de frais, sur des constatations ex-
ceptionnelles dont le retentissement est
hors de proportion avec leur fréquence
et leur régularité.
Les marâtres, hélas! existent, la chro-
nique des tribunaux ne nous l'apprend
que trop.
Mais combien, si l'on parcourt les hô-
pitaux, les bureaux de bienfaisance, les
cousultations de nourrissons, les institu-
tions charitables de toute nature, et pour
peu que l'on.soit mêlé à la vie scolaire
où l'enquête permanente sur le paupé-
risme peut et doit être si aisément insti-
tuée, n'aperçoit-on pas que la part du
bien l'emporte prodigieusement sur celle
du mal 1
M. Paul Deschanel a dit excellemment
à l'Académie française « Les bonnes
actions, les traits héroïques sont les
chefs-d'œuvre du génie populaire. » La
vaillance des mères a beau être monnaie
courante, elle n'en resplendit pas moins
comme la fleur de la pauvreté.
Ceux qui comme moi assistaient, il ya
peu de jours,à une fête du Mérite mater-
nel organisée. pour la première fois par
la municipalité et la crèche du troisième
arrondissement ont emporté de cette
brève et simple cérémonie une impres-
sion inoubliable.
Une femme de bien accomplie, qui se
donne toute aux mères pauvres et aux
bébés chétifs, Mme Mette, avait rédigé,
à l'appui des titres de chacune des dix
lauréates, une courte et substantielle no-
tice, dont elle donna, lecture à l'assem-
blée. Je ne résiste pas au désir de repro-
duire, sans en changer un mot et en
omettant seulement les noms, deux de
ces aperçus biographiques.
Mme X, qui vint sur l'estrade, tout en
pleurs, recevoir sa médaille de bonne
mère, est ainsi présentée « Cette jeune
femme de vingt-huit ans a déjà eu cinq
enfants, et trois grossesses brisées par
la fatigue, le chagrin, la maladie. Elle
sort de son lit pour venir recevoir la mo-
deste récompense que nous lui avons
décernée. Ni les mauvais traitements in-
fligés par un mari alcoolique, tubercu-
leux et devenu incapable de tout travail
suivi, ni les privations de toutes sortes,
ni les maladies, ni les deuils n'ont pu la
décourager. Elle supporte, accepte tout
pour l'amour des quatre petits qui lui
restent et dont les caresses sont sa seule
consolation. Mme X a confié successive-
ment ses trois derniers enfants à notre
crèche. »
Je vois encore cette figure attendris-
sante d'épouse martyre, de femme rési-
gnée, de mère courageuse. La maternité
triomphante brillait dans ses yeux mouil-
lés de larmes.
Une autre de ces mères méritantes,
dont la physionomie m'a moins frappé,
a ces états de service à son actif domes-
tique
« Mère de trois enfants. Toute jeune
elle eut les soucis d'une double mater-
nité, habitant avec une très vieille grand'-
mère un petit réduit sou^ les toits, cou-
chant sur un matelas posé à terre, un
bébé dans chaque bras.
» II y a trois ans, la famille s'est aug-
mentée d'un troisième bébé qui apporte
l'espoir d'un avenir plus doux, le papa
attendant la fin de sa période militaire
pour faire siens les deux aînés.
» En attendant, cette courageuse jeune
femme, seule avec ses petits (la grand'-
mère est morte), travaille de tout son
cœur et de toutes ses forces. Toujours
elle cacha ses larmes à ses enfants pour
lesquels elle n'eut que des sourires.
Aussi sont-ils aimables et gais. Mme Z
a résolu ce problème inouï de faire, dans
sa misère, de la joie pour ses petits.
Tous trois ont été nos pensionnaires. »
Ces deux exemples et j'en pourrais
citer bien d'autres, empruntés à la crè-
che du troisième arrondissement, à des.
œuvres similaires, à nos observations
personnelles mettent en relief les qua-
lités, de labeur, d'endurance, de volonté,
et pour tout dire d'amour maternel dont
font preuve de nombreuses, de très nom-
breuses femmes du peuple.
La distribution des prix de vertu, que
d'aucuns raillent, est trop réconfortante
pour que l'Académie songea en affaiblir
l'éclat. Loin de restreindre ces manifes-
tations de gratitude publique, il convient
au contraire de les multiplier et de les
généraliser, spécialement pour honorer
les mères irréprochables et exalter leur
vertu fondamentale. Des fêtes locales de
prix Montyon seront autant de chaires
et de tribunes de morale en action.
En prenant ainsi connaissance des
actes louables et méritoires de dévoue-
ment familial et maternel, les pouvoirs
publics et les bienfaiteurs privés appren-
dront à mieux calculer leur intervention,
à l'adapter davantage à des besoins ca-
chés, à des nécessités imprévues.
C'est par ce procédé que Mme Henri
Germain a pu se rendre compte, en lisant
les rapports de l'Académie des sciences
morales et politiques, de l'afflux des de-
mandes auxquelles ne peut faire face la
Fondation Carnot, et qu'elle a voulu
joindre sa magnifique offrande à celle de
la noble donatrice.
Je souhaite pour ma part que dans
chaque localité, dans chaque quartier
toutes les œuvres d'assistance mater-
nelle et infantile, quelle que soit leur dé-
nomination, prennent l'habitude de dis-
tribuer, avec apparat ou en toute simpli-
cité, des prix de vertu domestique, des
primes de maternité, afin de rendre
hommage aux mères vaillantes qui, pour
être légion, n'en méritent pas moins la
reconnaissance et l'appui de la nation.
Paul Strauss.
Echos
La Tempèrature
Les basses pressions du large continuent à
se propager lentement sur l'Europe occiden-
tale la pression est supérieure à 775mm sur
la Baltique et l'Allemagne. A Paris, le baro-
mètre est sensiblement stationnaire; il mar-
quait hier, à midi, TS9^m7-
La température a monté sur nos régions du
Nord et de l'Ouest. Le thermomètre marquait
hier, à Paris, à sept heures du matin, 20 au-
dessus de zéro, et 50 l'après-midi.
Départements, le matin
Au-dessous de zéro 10 à Clermont, 2° à
Lyon, 40 à Charleville et à Nancy, 60 à Be-
sançon, 70, à Gap, 90 à Belfort.
Au-dessus de $èro 1» à Dunkerque et à
Nice, 20 à Boulogne et à Cette, 40 à Marseille,
50 à Limoges, 6» au Mans, à Toulouse et à
Perpignan, po à Cherbourg, 80 à Nantes et à
Bordeaux, go à Rochefort, 10» à Ouessant, n»
à Brest, 140 à Oran, i5o à Alger, 160 à Biar-
ritz.
En France, un régime de vents du sud avec
temps doux et pluvieux est probable. Le soir,
le baromètre était à 75811111,
Du NewYork Herald:
A New-York :.Temps beau le matin, après-
midi couvert. Température maxima, 60 mi-
nima, 30. Vent de l'ouest plutôt fort. Ba-
romètre, sans tendance.
LES AFFAIRES SÉRIEUSES
Oy On répéterait volontiers ce mot his-
̃< torique « A demain les affaires
sérieuses 1 » car il contient toute une phi-
losophie qu'on a raison de pratiquer de
temps à autre et que nous pratiquons
tous, plus ou moins, depuis deux jours.
Malheureusement on ne peut guère s'y
arrêter, la vie nous presse et il faut, bon
gré mal gré, se remettre*en. route.
Avec quel plaisir on oublierait, au mi-
lieu de ces fêtes joyeuses, qu'avant une
petite semaine, la politique nous repren-
dra, qu'elle nous a déjà repris, que nous
aurons cent sénateurs nouveaux, que le
Parlement sera revenu et que le prési-
dent de la Chambré sera nommé. En vain
on écarterait toutes ces images les af-
faires sont les affaires i
C'est toujours un spectacle curieux
qu'une grande élection, comme celle de
dimanche prochain, dans laquelle Paris
ne semble pas directement intéressé. Au-
tour de lui, on s'agite, on se querelle,
parfois on se bat; toutes les ambitions,
toutes les passions se déchaînent; et lui,
il reste tranquille comme Baptiste. Ses
journaux lui donnent bien, çà et là,
quelque nouvelles de la bataille, mais il
n'y prête qu'une attention relative. La
série. B le laisse presque froid, et il se de-
mande plutôt ce qui se passe à Moscou
que ce qui se passe à Angers, à Lille et
dans quelques autres villes éparpillées
sur la carte de France.
Lille, Angers et ces autres villes sont
pourtantles chefs-lieux de grands dépar-
tements où il se passe quelque chose-
derrière le mur des fortifications de Pa-
ris et c'est à Paris, au Luxembourg, que
ce quelque chose aura son plein effet.
comme c'est à Versailles, le 16 janvier
prochain, qu'onen pourra mesurer toute
l'importance.
Aussi n'est-il plus temps de remettre à
demain les affaires sérieuses il faut s'en
occuper, ou du moins s'en préoccuper
dès aujourd'hui, s'il est vrai que, dans
l'incertitude où sont les partis sur le ré-
sultat final de l'élection présidentielle, le
renouvellement triennal du Sénat puisse
confirmer ou détruire des prévisions ac-
tuellement prématurées.
Certes, dans ce solennel steeple-chase,
dont le poteau est à l'Elysée, il y a des
favoris; mais, comme on dit, la course
reste assez ouverte pour donner lieu à
des surprises. Et qui oserait soutenir que
le déplacement d'un certain nombre de
voix sénatoriales ne suffise pas pour dé-
concerter les suppositions et bouleverser
les chances?
Il y a là une inconnue fort grave que
le scrutin de dimanche nous aidera peut-
être à dégager..
_oo-
A Travers Paris
Le Président de laRépublique recevra
ce matin, à onze heures, S. A. I. lé prince
Schoaes-soltan, second .fils du schah de
Perse, gui se rendra à l'Elysée accompa-
gné de son oncle le prince Idjlalod-
Dovleh et de S. Exc. Samad-khan-Mom-
tazos-saltaneh, ministre de Perse à
Paris.
A l'issue de cette entrevue, le Président
dé la République et Mme Loubet offiT-
ront un déjeuner en l'honneur des prin-
ces persans.
S. A. I. Schoaes-soltan, qui est depuis
quelques jours à Paris, visitera cette se-
maine Vincennes, Versailles et la ferme
nationale de Grignon. Il partira lundi
pour Nice, où il fera un court séjour
avant de repartir pour la Perse.
Préoccupation excusable.
II se confirme que c'est décidément le
16 janvier que s'ouvrira la conférence
d'Algésiras. Le Sultan aurait, parait-il,
accepté la date proposée par le gouverne-
ment espagnol. C'est donc de mardi en
huit que tous les diplomates se trouve-
ront réunis dans le vieil hôtel de ville
d'Algésiras où l'on a aménagé, à leur in-
tention,la salle des délibérations du Con-
seil municipal.
La première séance sera sans doute de
pure forme, et les plénipotentiaires l'em-
ploieront à faire connaissance entre eux
et à échanger des congratulations et des
politesses. Il est néanmoins possible
qu'on veuille aborder tout de suite les
affaires sérieuses, et, dans ce cas, les re-
présentants de la France se trouveront
dans un état d'infériorité assez excusa-
ble. C'est ce jour-là même, en effet,'que
doit avoir lieu l'élection du nouveau Pré-
sident de la République. Juste à l'heure
où la conférence se réunira à Algésiras,
le Congrès s'assemblera à Versailles.
Il ne faudra donc pas être surpris s'il
arrive aux plénipotentiaires français de
donner, à certains moments, des signes
de distraction. Plus d'une fois ils regar-
deront vers la porte, attendant le télé-
gramme qu'on ne manquera pas de leur
envoyer. La nouvelle, somme toute, sera
assez intéressante pour justifier ce sen-
timent de curiosité. 11 est d'ailleurs pro-
bable qu'il sera partagé par les autres
diplomates, et il n'y aurait rien d'éton-
nant a ce que ce fût l'un d'eux qui reçût,
le premier, l'annonce de l'élection. Ce ne
serait pas la première fois qu'au dehors
nos diplomates auraient appris par des
étrangers les .nouvelles concernant la
France.
1
Palmes refusée.
C'est de celles du martyre qu'il s'agit.
Les vingt-cinq condamnés du procès
antimilitariste se sont rendus hier, ac-
compagnés de leurs avocats, au greffe
de la Cour d'appel et ils y ont signé, un
pourvoi en cassation contre l'arrêt du
30 décembre. C'était assurément leur
droit, et rien n'est plus naturel, pour des
condamnés, que de chercher à faire
casser un jugement qui les a frappés, et
frappés surtout de peines fort élevées.
Mais nous ferons cependant remar-
quer qu'au lendemain du verdict quel-
ques-uns des condamnés, dans d'expan-
sives conversations avec des journa-
listes, avaient bruyamment manifesté
toute la joie que leur causait un pareil
arrêt. M. Hervé, notamment se félicitait
de sa coudamnation comme de l'acte de
propagande le meilleur et le plus fécond.
Tous les autres estimaient avec lui que
la sévérité du jury avait servi puissam-
men leur cause, et contrairement au pro-
verbe, ils employaient les vingt-quatre
heures d'usage à bénir leurs juges.
Jamais, vraiment, on n'avait vu des
condamnés aussi satisfaits de leur sort.
Auraient-ils, depuis lors, réfléchi ?
S'ils veulent que leur procès recommence,
ce n'est évidemment pas dans l'espoir
de voir leur peine augmentée. Ce serait
pousser trop loin l'amour du martyre. Il
est donc plus probable que nos antimilita-
ristes ne sollicitent un nouveau jury que
dans le désir, d'ailleurs compréhensible,
d'en obtenir un verdict d'acquittement.
Ils ont estimé, à la réflexion, que cette
seconde solution serait, tout compte fait,
plus avantageuse pour leur cause, et
surtout pour eux-mêmes. Elle serait, en
tout cas, moins morose.
On dit z Triste comme la porte
D'une prison »,
Etje crois, le diable m'emporte
Qu'on a raison
Spirituelle coïncidence.
Les juges de l'ancien temps, plus
gais, sans doute, que ceux d'aujourd'hui,
avaienteoutume de garder pour lesjours
du carnaval ce qu'on appelait les « cau-
ses grasses »*. Ils avaient toujours en ré-
serve, pour les environs du marli gras,
quelque jovial procès dans la plantu-
reuse et gaillarde manière de Rabelais,
oumème de Boccace.
Ces vieux rites ne sont plus observés
au Palais de justice. Peut-être parce qu'il
n'y a plus de causes grasses, ou, plus
probablement, parce qu'il y en a toute
l'année. On les juge donc comme elles
viennent, au jour le jour. Il est cepen-
dant difficile de ne voir qu'un simple
hasard, dans la date choisie pour l'ins-
cription au rôle de l'affaire de Gallay et
de laMerelli. C'est en effet pendant les
jours gris, les lundi 23, m irdi 27 et
mercredi 28 que le pseudo-baron de
Gravai et son aimable amie comparaî-
tront devant la Cour d'assisos.
Il est inutile de rappeler de quels ex-
ploits héroï-comiques les deux galants
accusés aurontà répondre. Ilssont encore
présents à toutes les mémoires. Etquand
onsf souvient des fameux virements du
Comptoir d'escompte, du départ pour le
Havre en automobile, de la joyeuse croi-
sière en yacht, et du retour moins bril-
lant en paquebot, on ne peut s'empêcher
de reconnaître que la magistrature, qui
sait être spirituelle à ses heures, a bien
choisi la date qu'il fallait pour juger cette
carnavalesque équipée.
La contagion des livres. `
On savait déjà qu'il fallait redouter la
contagion de certains livres. Mais on
croyait, jusqu'ici, que c'était seulement
au point de vue moral. II parait que le
danger est bien plus grand encore sous
le rapport matériel, et que c'est dans les
vieux livres de classe que les enfants
attrapent les germes de tous les fléaux
En passant de main en main, et de géné-
ration en génération, ces livres constitue-
raient de véritables véhicules de micro-
bes, et quantité de maladies contagieuses
seraient ainsi transmises bien inno-
cemment d'ailleurs par La Fontaine,
Corneille, le doux Racine et même Bos-
suet.
Que faire alors? D'honorables savants
proposent une solution très radicale. Il
faudrait constamment détruire les vieux
livres et constamment les faire réimpri-
mer. Erostrate, qui brûla la bibliothèque
d'Alexandrie,n'était donc pas si fouqu'on
l'avait dit, et peut-être avait-il voulu
simplement, parce moyen extrême, sau-
ver ses concitoyens de la tuberculose ou
de la peste. Il est vrai qu'on ne conseille
pas aujourd'hui des procédés aussi ab-
solus. Ce sont seulement les livres de
classe qu'il faudrait détruire, afin de
pouvoir chaque année, à la rentrée
d'octobre, en donner de tout neufs aux
petits enfants des écoles.
C'est une solution évidemment, et bien
avant les médecins il s'était trouvé des
spécialistes pour la préconiser. C'étaient
les libraires.
Demandez « l'Eau-de-Vie de Cognac »
de préférence à toute autre liqueur ou à
tout autre spiritueux. Elle seule est un
produit naturel, tandis que les autres li-
queurs ou spiritueux sont un produit ar-
tificiel. Elle est à la fois meilleure au
goût et plus hygiénique, et l'on peut très
bien avoir aujourd'hui de très bonne et
de très authentique « Eau-de-Vie de Co-
gnac » aux mêmes prix que ceux aux-
quels on peut se procurer les meilleures
liqueurs de table. C'est la « boisson na-
tionale « par excellence, puisque seule la
France, et dans la France un-seul coin
de terre privilégié et envié des autres
peuples, peut la produire, grâce à un sol,
un climat, des cépages et des procédés
de distillation spéciaux.
Caveant consules l
Gatilinasérajt-il à nos portes Il paraît
qu'un des auteurs de la première inter-
pellation annoncée au gouvernement
pour la rentrée, se nomme Cicéron. Mais,
à la réflexion, il est évident que ce ne
peut pas être celui dont on nous parlait
au collège, quoique, cependant, le Cicé-
ron d'aujourd'hui soit, lui aussi, séna-
teur.
Il représente la Guadeloupe, et c'est.
sur certains événements ou incidents qui
se sont produits dans cette colonie qu'il
entend s'expliquer avec les ministres. L'é-
loquence de son illustre homonyme ne
sera pas de trop à M. Cicéron s'il veut
démêler, pour les profanes, les affaires un
peu confuses et embrouillées de la Gua-
deloupe. Cela parait être. à distance, une
étrange mêlée d'hommes et de choses
de toutes les couleurs. Et nous nous sou-
venons de l'histoire d'un commissaire
enquêteur qui, envoyé dans une de nos
colonies analogues, avait essayé de se
documenter de son mieux. Son premier
soin pour cela avait été, avant de ques-
tionner les nègres et les mulâtres, de se
mettre en rapport avec les rares Euro-
péens qui habitaient la colonie. Mais
aussitôt son enquête avait été déclarée
suspecte, et devant ses conclusions assez
pessimistes les indigènes s'étaient écrié
Parbleu 1 un homme qui consultait
les blancs!
Espérons que M. ;Gicéron présenlera
les choses d'une façon un peu moins
sommaire et qu'il trouvera des argu-
ments plus concluants.. Quelque sollici-
tude, en effet, que le Parlement puisse
avoir pour les hommes de couleur, il ne
saurait oublier qu'il compte aussi dans
son sein pas mal de blancs!
Une intéressante tombola sera celle
qui vient d'être lancée au profit de la
charitable fondation de Mme ta duchesse
d'Uzès douairière, le Pouponnât du Nou-
zet (Seine-et-Oise) pour les nouveau-
nés, installé dans un site avenant avec
les conditions d'hygiène les plus moder-
nes et? les plus perfectionnées.
Un, important Comité de dames du
monde patronne cette œuvre excellente.
Tout le haut commerce de Paris a tenu
à lui apporter les lots les plus dési-
rables.
Le lot principal* est un magnifique
groupe de bronze cbijflô par Siot-Decau-
ville, œuvre de la duchesse d'Uzès, qui
l'a exécutée à cet efféti C'est la Fée aux
jouets une fée élég^ntp et svelte puise
des jouets dans une corne d'abondance
que lui tend un coquet Amour. De l'autre
main elle semble distribuer' ces joujoux
aux enfants. L'effet est gracieux et des
plus heureux. Plus heureux encore sera
le gagnant.
Le Figaro s'associe avec empresse-
ment à cette bienfaisante initiative. L'or-
ganisation de cette tombola a été con-
fiée à notre confrère Léo Claretie, prési-
dent de U Société des amateursdejouets
et jeux anciens. On trouve d 's billets à
un franc aux bureaux du Figaro.
II n'y a pas si longtemps que le Salon
de l'Automobile a fermé ses portesqu'on
ne puisse encore parler de quelques-uns
de ses succès, et parmi eux mentionner
tout spécialement celui que remporta
M. Emile Stern avec les voitures Léon
Bollée, la grande marque française dont
il est l'actif et triomphant agent.
Automobiles merveilleuses, dont M.
Emile Stern a toujours un choix superbe
dans ses magasins de la rue Montaigne,
les «Léon Bol lée ont conquis les connais-
seurs dont elles sont aujourd'hui la voi-
ture préférée.
WQO':l!CI
Nouvelles à la Main
On demande au jeune Toto
Eh bien, tu dois être content? ta
maman t'a donné un petit frère pour le
jour rie l'an
Et Toto, très amertume
Oh! il n'a pas voulu jouer!
Un homme politique interroge une
pythonisse en renom sur la future élec-
tion présidentielle:
Je sais qui sera élu, répond-elle,
mais je ne le dirai pas.
Pourquoi?
C'est le secret professionnel
A propos de la suppression de cer-
taines réceptions officielles
C'est une excellente habitude à
prendre de ne plus recevoir pour le jour
de l'an
Oui, mais c'est plutôt celle de don-
ner qu'il faudrait supprimer I
Le Masque de Fer.
Fantaisies parisienne.
1
PERIL CONJURÉ
Décidément le socialisme nous en vaut de
belles! Oyez plutôt:
Nul Parisien n'ignore que deux phénomènes
caractérisent le jour de l'an d'abord, l'impos-
sibilité de trouver un fiacre libre; secondement,
le foisonnement soudain et prodigieux d'une
profusion de mendiants tenaces, insidieux et
prolixes.
A chaque premier janvier, par un miracle
auprès duquel celui de la multiplication des
pains n'est que de la bière infime, ces sollici-
teurs se mettent à pulluler sur la voie publique
avec un zèle et un enthousiasme inconcevables.
Pour comprendre le fait, il faut savoir qu'en
cette journée fériée une foule de petits bour-
geois moyens, de rentiers aisés, voire de club-
men retors et d'anciens diplomates dénués de
délicatesse abandonnent leurs occupations
quotidiennes et se font mendiants pour vingt-
quatre heures.
La recette est en effet si exceptionnellement
copieuse ce jour-là, qu'ellepermet à ces malins
gaillards d'encaisser un joli pécule qu'ils dé-
penseront ensuite en de pàles orgies, à moins
qu'ils n'en corsent la dot de leurs filles qu'ils
marieront à des ingénieurs.
Quel reproche pourrait-on adresser à ces
ingénieux citoyens qui ne font en somme que
mettre en prétexte la maxime e Charité bien
ordonnée commence par soi-même. > ?̃
Mais revenons à la question, comme disait
Torquemada.
Le pullulement des mendiants du jour de
l'an est donc un usage acquis, séculaire, con-
sacré, qui fait partie de nos habitudes les plus
chères. Or apprenez de quel bouleversement
économique nous avons été menacés avant-
hier les mendiants ont failli se mettre en
grève
Voilà où nous ont menés les excitations
malsaines des meneurs collectivistes, la fu-
neste diffusion du mouvement syndical, toutes
les déplorables tendances encouragées par la
faiblesse de nos hommes d'Etat. Il s'en est
fallu d'un rien que le ^janvier {906 Paris se
réveillât sans mendiants
Une réunion avait eu lieu le 3o décembre à
la Bourse du travail.
Plusieurs membres de la corporation s'y
plaignirent hautement de la façon désobli-
geante dont les passants répondaient depuis
quelque temps à leurs sollicitations. En outre,
ils déclarèrent que la durée du travail était
trop longue, et se refusèrent à mendier désor-
mais plus de huit heures par jour.
Ces revendications furent affirmées par la
majorité, qui menaça d'abandonner l'ouvrage.
La situation était infiniment grave. Heureu.
sèment M. Lépine, à force de tact et de dé-
marches, put apaiser les meneurs. Et le
ter janvier 1906 se passa sans incidents.
Mais gare au prochain.
G.-A. de Caillavet.
La France
et l'Allemagne
Un de nos amis, qui fut à même, ces
jours derniers, de se renseigner très exacte-
ment sur ce que l'on pense à Berlin, nous
rapporte les impressions suivantes, dont les
lecteurs du Figaro apprécieront tout l'inté-
rêt
Vous avez remarqué, en France, et
très légitimement, et non sans surprise,
que le langage de la presse officieuse
allemande était en contradiction avec
les'sentiments pacifiques de l'pmpereur
Guillaume, sentiments que le Figaro a
fait connaître, le premierdans la presse,
et qui ont été confirmés, depuis, par
d'autres informations.
Malgré les polémiques des journaux
allemands, je puis vous affirmer que
l'empereur Guillaume est animé d'inton-
tions conciliantes, surtout depuis la lec-
ture du Livre jaune qui a montré la
bonne foi de la diplomatie française
dans l'affaire du Maroc.
Quelques jours après l'article du Fi-
garo, le Temps a publié quelques paroles
que Guillaume II avait prononcées dans
une réunion privée. Les journaux alle-
mands n'ont pu, quelles que fussent
leurs thèses sur la question marocaine,
publier un démenti autorisé de ces pa-
roles.
Je puis même vous dire que, dans une
circonstance récente, l'Empereur a fait,
allusion aux articles de la presse fran-
çaise, sur ses sentiments actuels ou SUI
ses propos. et qu'il paraissait satisfait
que l'opinion des deux pays eût été in-
formée de sa pensée.
Je n'affirme point que tout le monde,
à Berlin, ait partagé cette satisfaction de
l'Empereur. S'il n'y a point de « parti
de la guerre dans l'entourage immé-
diat de Guillaume II, Berlin est une
grande ville, et l'on y peut trouver des
pangermanistes trop ardents ou des bis-
marckiens attardés.
Mais l'Empereur. est le maitre.
Vous me dites qu'il est question
d'un nouveau discours prononcé par
Guillaume II, hier, à l'arsenal, pendant
les cérémonies du jour de l'an. Vous
.croyez savoir que l'accent de ce discours
était assez vif, et qu'il sonnait comme
une fanfare. Avez-vous le texte? Eh bien,
donc J'admets que, parlant devant des
soldats, l'Empereur ait tenu un langage
martial. Qu'y aurait-il d'étonnant nu
d'anormal et en quoi cela pourrait-il
vous émouvoir et, surtout, vous viser?
Pour tout ce qui touche aux polémi-
ques d'une partie de la presse allemande,
n'oubliez point qu'il y a un intérêt do
politique intérieure à tenir en haleine le
patriotisme germain et à le défendre
contre les théories délétères. On a, en
France, M. Gustave Hervé. En Allema-
gne, il y a M. Bebel, qui, sans doute, no
va pas aussi loin; mais, au regard du
monde offidel allemand, M. Pebel est
aussi sacrilège que M. Gustave Hervé ap-
parait par rapport aux opinions moyen-
nes des Français, accoutumés à presque
tout dire et à presque tout entendre.
Enfin, comment demander à la nation
allemande 259 millions de plus par an,
si l'on ne démontre pas l'absolue né-
cessité de cet énorme sacrifice? C'est
à quoi s'emploie une partie de la presse
d'outre-Rhin. Mais ceci ne doit pas em-
pêcher de voir l'essentiel. Or, il n'y a
pas à douter que l'empereur Guillaume
souhaite une bonne conférence d'A/gési-
ras, c'est-à-dire un accord qui pourra
aisément résulter de la modération des
points de vue en présence et qui, après
un examen courtois et loyal des droits
et des intérèts de tous, ne laisserait,
comme on a dit, ni vainqueur ni vaincu.
'•'• •' x.
EN FAMILLE
visitbs r>;a soxTVEs^ajrisrs
MONSIEUR, MADAME, LE PÈRE DE Monsieur
LA MÈRE de MADAME, l'Invité, Dédé (cinq ans)'
Lolotte (quatre ans).
Après le déjeuner, on prend le' café. Madame
oflre les liqueurs et distribue :les cigares. Ce.
pendant les journaux se déplient et chacun
s'absorbe en les événements du jour. Dans un
coin, Dédé et Lolotte jouent à la « réception des
souveraine ».
Dédé. "Moi, j'suis le roi de Portugal..»
Toi, t'es m'sieu Loubet.
LOLOTrE. -Ah non z'aime mieux être le
roi d'Espagne.
Dédé. Y sont pas venus en même temps.
Et pis le roi d'Espagne, c'é un homme.
Lolotte. Ben m'sieu Loubet qu'a de la
barbe
Dédé, péremptoire. Grand'mère aussi.
Donc, t'es m'sieu Loubet.
Lolotte. Non
Dédé. Si! Î
Lolotte. Non!
MADAME, qui sert les liqueurs, Taisez-
vous donc, les enfants. on ûe s'entend plus.
Mère, un peu de cassis?
LA MÈRE DE madame. Je veux bien, ma
chérie. (Montrant une gravure de, modes). Tu
as vu cette façorr de jupe ?. une merveille
MONSIEUR, reposant son journal. Il n'y a
pas à dire, nous sommes un grand peuplé.
LE PÈRE DE monsikor qui consulte les
cours. Pas tant que ça La Rente fléchit,
les Consolidés chancellent. Sais-tu ce que je
perds aujourd'hui ?
MONSIEUR. Je ne parle pas de notre
situation financière, mais de notre influence
morale; elle est énorme.
MADAME, offrant à l'invité. Une larme
de cognac?
JJixyïîê, très engageant. Vous çouv-/
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Mercredi 3 Janvier 1906
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< loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout; de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
s o :m: d/e .a. i re
Mères vaillantes Paul Strauss.
La France ei l'Allemagne:
En famille: Pontecroix.
La municipalité de Westminster à Paris: JAN-
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Dessin « Par fil spécial » ALBERT Guil-
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Les élections sénatoriales Louis Chevreuse.
La Vie universitaire L'enseignement de l'his-
toire de l'Art: Louis HOURTICQ.
Les colonies PAUL Henrix.
L'incident Kirchhoffer-Greco.
Journaux et Revues: André Beaunier!
Feuilleton: L'Incendie: EDOUARD Rod.
Hères vaillantes
C'est à l'enfance et autour de l'enfance
que doit aboutir principalement l'épa-
nouissement contemporain de l'esprit
charitable et bienfaisant. Les doctrines
et les croyances les plus dissemblables
et les plusopposées conduisent à lamème
conclusion, encore fortifiée par des rai-
sons utilitaires d'ordre démographique
et national.
La diversité même des instruments de
puériculture est un gage de succès, parce
que les siiuations familiales n,e sont pas
invariablement identiques et queplusles
moyens d'aide et d'intervention sont va-
riés, mieux ils donnent satisfaction à des
besoins variables.
La crèche se trouve être, à mesure que
l'ouvrière s'extériorise davantage, un
abri nécessaire au même titre que l'école
maternelle et la garderie. Il n'est au pou-
voir de personne de supprimer les cau-
ses sociales qui entravent, dans les foyers
populaires, Rentier accomplissement du
devoir maternel; la femme du peuple
n'est pas- exemptée de travail parce
qu'elle supporte la tendre et pénible
charge d'un nourisson à élever, de plu-
sieurs enfants à nourrir; elle est d'au-
tant plus tenue d'apporter au ménage un
salaire d'appoint, une part contributive,
fût-elle modeste, que la famille est plus
nombreuse.
Les dames patronnesses, les bienfai-
trices, les visiteuses des pauvres, pour
ner parler que d'elles, connaissent à mer-
veille, dans leur réalité douloureuse, tout
ce qu'une maternité recèle d'embarras,
de tristesses et de souffrances dans les
faubourgs. Les services publics d'assis-
tance, d'hospitalité, d'accouchement, dont
le rayonnement secourable est si grand,
les belles œuvres privées, la Société de
charité maternelle, la Société d'allaite-
.ment maternel, la Société philanthrô-
pique, l'Hospitalité de nuit, les crèches
et les dispensaires, et bien d'autres en-
core, les cadettes comme les aînées, sont
comme un observatoire d'où l'on dé-
couvre les misères insoupçonnées en ce
qu'elles ont de plus intime et de plus
poignant.
La mère heureuse, qui n'a pas consa-
cré une heure par an à un patronage
attentif et personnel, ne se doute, pas du
nombre et de la gravité de ces détresses
maternelles par où toute nation civilisée
donne la mesure de ce qu'il lui reste à
accomplir pour l'abolition de ces vesti-
ges de barbarie et d'égoïsme impré-
voyant/
Ce qu'elle ne connaît pas non plus, celle
qui vit dans son nid ouaté sans jeter au-
tour d'elle des regards investigateurs et
compatissants, c'est la merveilleuse flo-
raison de vertus que l'Académie fran-
çaise est impuissante à récompenser et
dont le récit parvient rarement jusqu'à
elle, c'est l'incomparable moisson d'ac-
tes de dévouement qui se dissimulent et
s'ignorent.
La vaillance maternelle est à vrai dire
si répandue, si commune, qu'elle n'attire
pas l'attention. Le monstrueux seul
émerge, le crime et le vice émeuvent
l'opinion. Et les pessimistes triomphent
à peu de frais, sur des constatations ex-
ceptionnelles dont le retentissement est
hors de proportion avec leur fréquence
et leur régularité.
Les marâtres, hélas! existent, la chro-
nique des tribunaux ne nous l'apprend
que trop.
Mais combien, si l'on parcourt les hô-
pitaux, les bureaux de bienfaisance, les
cousultations de nourrissons, les institu-
tions charitables de toute nature, et pour
peu que l'on.soit mêlé à la vie scolaire
où l'enquête permanente sur le paupé-
risme peut et doit être si aisément insti-
tuée, n'aperçoit-on pas que la part du
bien l'emporte prodigieusement sur celle
du mal 1
M. Paul Deschanel a dit excellemment
à l'Académie française « Les bonnes
actions, les traits héroïques sont les
chefs-d'œuvre du génie populaire. » La
vaillance des mères a beau être monnaie
courante, elle n'en resplendit pas moins
comme la fleur de la pauvreté.
Ceux qui comme moi assistaient, il ya
peu de jours,à une fête du Mérite mater-
nel organisée. pour la première fois par
la municipalité et la crèche du troisième
arrondissement ont emporté de cette
brève et simple cérémonie une impres-
sion inoubliable.
Une femme de bien accomplie, qui se
donne toute aux mères pauvres et aux
bébés chétifs, Mme Mette, avait rédigé,
à l'appui des titres de chacune des dix
lauréates, une courte et substantielle no-
tice, dont elle donna, lecture à l'assem-
blée. Je ne résiste pas au désir de repro-
duire, sans en changer un mot et en
omettant seulement les noms, deux de
ces aperçus biographiques.
Mme X, qui vint sur l'estrade, tout en
pleurs, recevoir sa médaille de bonne
mère, est ainsi présentée « Cette jeune
femme de vingt-huit ans a déjà eu cinq
enfants, et trois grossesses brisées par
la fatigue, le chagrin, la maladie. Elle
sort de son lit pour venir recevoir la mo-
deste récompense que nous lui avons
décernée. Ni les mauvais traitements in-
fligés par un mari alcoolique, tubercu-
leux et devenu incapable de tout travail
suivi, ni les privations de toutes sortes,
ni les maladies, ni les deuils n'ont pu la
décourager. Elle supporte, accepte tout
pour l'amour des quatre petits qui lui
restent et dont les caresses sont sa seule
consolation. Mme X a confié successive-
ment ses trois derniers enfants à notre
crèche. »
Je vois encore cette figure attendris-
sante d'épouse martyre, de femme rési-
gnée, de mère courageuse. La maternité
triomphante brillait dans ses yeux mouil-
lés de larmes.
Une autre de ces mères méritantes,
dont la physionomie m'a moins frappé,
a ces états de service à son actif domes-
tique
« Mère de trois enfants. Toute jeune
elle eut les soucis d'une double mater-
nité, habitant avec une très vieille grand'-
mère un petit réduit sou^ les toits, cou-
chant sur un matelas posé à terre, un
bébé dans chaque bras.
» II y a trois ans, la famille s'est aug-
mentée d'un troisième bébé qui apporte
l'espoir d'un avenir plus doux, le papa
attendant la fin de sa période militaire
pour faire siens les deux aînés.
» En attendant, cette courageuse jeune
femme, seule avec ses petits (la grand'-
mère est morte), travaille de tout son
cœur et de toutes ses forces. Toujours
elle cacha ses larmes à ses enfants pour
lesquels elle n'eut que des sourires.
Aussi sont-ils aimables et gais. Mme Z
a résolu ce problème inouï de faire, dans
sa misère, de la joie pour ses petits.
Tous trois ont été nos pensionnaires. »
Ces deux exemples et j'en pourrais
citer bien d'autres, empruntés à la crè-
che du troisième arrondissement, à des.
œuvres similaires, à nos observations
personnelles mettent en relief les qua-
lités, de labeur, d'endurance, de volonté,
et pour tout dire d'amour maternel dont
font preuve de nombreuses, de très nom-
breuses femmes du peuple.
La distribution des prix de vertu, que
d'aucuns raillent, est trop réconfortante
pour que l'Académie songea en affaiblir
l'éclat. Loin de restreindre ces manifes-
tations de gratitude publique, il convient
au contraire de les multiplier et de les
généraliser, spécialement pour honorer
les mères irréprochables et exalter leur
vertu fondamentale. Des fêtes locales de
prix Montyon seront autant de chaires
et de tribunes de morale en action.
En prenant ainsi connaissance des
actes louables et méritoires de dévoue-
ment familial et maternel, les pouvoirs
publics et les bienfaiteurs privés appren-
dront à mieux calculer leur intervention,
à l'adapter davantage à des besoins ca-
chés, à des nécessités imprévues.
C'est par ce procédé que Mme Henri
Germain a pu se rendre compte, en lisant
les rapports de l'Académie des sciences
morales et politiques, de l'afflux des de-
mandes auxquelles ne peut faire face la
Fondation Carnot, et qu'elle a voulu
joindre sa magnifique offrande à celle de
la noble donatrice.
Je souhaite pour ma part que dans
chaque localité, dans chaque quartier
toutes les œuvres d'assistance mater-
nelle et infantile, quelle que soit leur dé-
nomination, prennent l'habitude de dis-
tribuer, avec apparat ou en toute simpli-
cité, des prix de vertu domestique, des
primes de maternité, afin de rendre
hommage aux mères vaillantes qui, pour
être légion, n'en méritent pas moins la
reconnaissance et l'appui de la nation.
Paul Strauss.
Echos
La Tempèrature
Les basses pressions du large continuent à
se propager lentement sur l'Europe occiden-
tale la pression est supérieure à 775mm sur
la Baltique et l'Allemagne. A Paris, le baro-
mètre est sensiblement stationnaire; il mar-
quait hier, à midi, TS9^m7-
La température a monté sur nos régions du
Nord et de l'Ouest. Le thermomètre marquait
hier, à Paris, à sept heures du matin, 20 au-
dessus de zéro, et 50 l'après-midi.
Départements, le matin
Au-dessous de zéro 10 à Clermont, 2° à
Lyon, 40 à Charleville et à Nancy, 60 à Be-
sançon, 70, à Gap, 90 à Belfort.
Au-dessus de $èro 1» à Dunkerque et à
Nice, 20 à Boulogne et à Cette, 40 à Marseille,
50 à Limoges, 6» au Mans, à Toulouse et à
Perpignan, po à Cherbourg, 80 à Nantes et à
Bordeaux, go à Rochefort, 10» à Ouessant, n»
à Brest, 140 à Oran, i5o à Alger, 160 à Biar-
ritz.
En France, un régime de vents du sud avec
temps doux et pluvieux est probable. Le soir,
le baromètre était à 75811111,
Du NewYork Herald:
A New-York :.Temps beau le matin, après-
midi couvert. Température maxima, 60 mi-
nima, 30. Vent de l'ouest plutôt fort. Ba-
romètre, sans tendance.
LES AFFAIRES SÉRIEUSES
Oy On répéterait volontiers ce mot his-
̃< torique « A demain les affaires
sérieuses 1 » car il contient toute une phi-
losophie qu'on a raison de pratiquer de
temps à autre et que nous pratiquons
tous, plus ou moins, depuis deux jours.
Malheureusement on ne peut guère s'y
arrêter, la vie nous presse et il faut, bon
gré mal gré, se remettre*en. route.
Avec quel plaisir on oublierait, au mi-
lieu de ces fêtes joyeuses, qu'avant une
petite semaine, la politique nous repren-
dra, qu'elle nous a déjà repris, que nous
aurons cent sénateurs nouveaux, que le
Parlement sera revenu et que le prési-
dent de la Chambré sera nommé. En vain
on écarterait toutes ces images les af-
faires sont les affaires i
C'est toujours un spectacle curieux
qu'une grande élection, comme celle de
dimanche prochain, dans laquelle Paris
ne semble pas directement intéressé. Au-
tour de lui, on s'agite, on se querelle,
parfois on se bat; toutes les ambitions,
toutes les passions se déchaînent; et lui,
il reste tranquille comme Baptiste. Ses
journaux lui donnent bien, çà et là,
quelque nouvelles de la bataille, mais il
n'y prête qu'une attention relative. La
série. B le laisse presque froid, et il se de-
mande plutôt ce qui se passe à Moscou
que ce qui se passe à Angers, à Lille et
dans quelques autres villes éparpillées
sur la carte de France.
Lille, Angers et ces autres villes sont
pourtantles chefs-lieux de grands dépar-
tements où il se passe quelque chose-
derrière le mur des fortifications de Pa-
ris et c'est à Paris, au Luxembourg, que
ce quelque chose aura son plein effet.
comme c'est à Versailles, le 16 janvier
prochain, qu'onen pourra mesurer toute
l'importance.
Aussi n'est-il plus temps de remettre à
demain les affaires sérieuses il faut s'en
occuper, ou du moins s'en préoccuper
dès aujourd'hui, s'il est vrai que, dans
l'incertitude où sont les partis sur le ré-
sultat final de l'élection présidentielle, le
renouvellement triennal du Sénat puisse
confirmer ou détruire des prévisions ac-
tuellement prématurées.
Certes, dans ce solennel steeple-chase,
dont le poteau est à l'Elysée, il y a des
favoris; mais, comme on dit, la course
reste assez ouverte pour donner lieu à
des surprises. Et qui oserait soutenir que
le déplacement d'un certain nombre de
voix sénatoriales ne suffise pas pour dé-
concerter les suppositions et bouleverser
les chances?
Il y a là une inconnue fort grave que
le scrutin de dimanche nous aidera peut-
être à dégager..
_oo-
A Travers Paris
Le Président de laRépublique recevra
ce matin, à onze heures, S. A. I. lé prince
Schoaes-soltan, second .fils du schah de
Perse, gui se rendra à l'Elysée accompa-
gné de son oncle le prince Idjlalod-
Dovleh et de S. Exc. Samad-khan-Mom-
tazos-saltaneh, ministre de Perse à
Paris.
A l'issue de cette entrevue, le Président
dé la République et Mme Loubet offiT-
ront un déjeuner en l'honneur des prin-
ces persans.
S. A. I. Schoaes-soltan, qui est depuis
quelques jours à Paris, visitera cette se-
maine Vincennes, Versailles et la ferme
nationale de Grignon. Il partira lundi
pour Nice, où il fera un court séjour
avant de repartir pour la Perse.
Préoccupation excusable.
II se confirme que c'est décidément le
16 janvier que s'ouvrira la conférence
d'Algésiras. Le Sultan aurait, parait-il,
accepté la date proposée par le gouverne-
ment espagnol. C'est donc de mardi en
huit que tous les diplomates se trouve-
ront réunis dans le vieil hôtel de ville
d'Algésiras où l'on a aménagé, à leur in-
tention,la salle des délibérations du Con-
seil municipal.
La première séance sera sans doute de
pure forme, et les plénipotentiaires l'em-
ploieront à faire connaissance entre eux
et à échanger des congratulations et des
politesses. Il est néanmoins possible
qu'on veuille aborder tout de suite les
affaires sérieuses, et, dans ce cas, les re-
présentants de la France se trouveront
dans un état d'infériorité assez excusa-
ble. C'est ce jour-là même, en effet,'que
doit avoir lieu l'élection du nouveau Pré-
sident de la République. Juste à l'heure
où la conférence se réunira à Algésiras,
le Congrès s'assemblera à Versailles.
Il ne faudra donc pas être surpris s'il
arrive aux plénipotentiaires français de
donner, à certains moments, des signes
de distraction. Plus d'une fois ils regar-
deront vers la porte, attendant le télé-
gramme qu'on ne manquera pas de leur
envoyer. La nouvelle, somme toute, sera
assez intéressante pour justifier ce sen-
timent de curiosité. 11 est d'ailleurs pro-
bable qu'il sera partagé par les autres
diplomates, et il n'y aurait rien d'éton-
nant a ce que ce fût l'un d'eux qui reçût,
le premier, l'annonce de l'élection. Ce ne
serait pas la première fois qu'au dehors
nos diplomates auraient appris par des
étrangers les .nouvelles concernant la
France.
1
Palmes refusée.
C'est de celles du martyre qu'il s'agit.
Les vingt-cinq condamnés du procès
antimilitariste se sont rendus hier, ac-
compagnés de leurs avocats, au greffe
de la Cour d'appel et ils y ont signé, un
pourvoi en cassation contre l'arrêt du
30 décembre. C'était assurément leur
droit, et rien n'est plus naturel, pour des
condamnés, que de chercher à faire
casser un jugement qui les a frappés, et
frappés surtout de peines fort élevées.
Mais nous ferons cependant remar-
quer qu'au lendemain du verdict quel-
ques-uns des condamnés, dans d'expan-
sives conversations avec des journa-
listes, avaient bruyamment manifesté
toute la joie que leur causait un pareil
arrêt. M. Hervé, notamment se félicitait
de sa coudamnation comme de l'acte de
propagande le meilleur et le plus fécond.
Tous les autres estimaient avec lui que
la sévérité du jury avait servi puissam-
men leur cause, et contrairement au pro-
verbe, ils employaient les vingt-quatre
heures d'usage à bénir leurs juges.
Jamais, vraiment, on n'avait vu des
condamnés aussi satisfaits de leur sort.
Auraient-ils, depuis lors, réfléchi ?
S'ils veulent que leur procès recommence,
ce n'est évidemment pas dans l'espoir
de voir leur peine augmentée. Ce serait
pousser trop loin l'amour du martyre. Il
est donc plus probable que nos antimilita-
ristes ne sollicitent un nouveau jury que
dans le désir, d'ailleurs compréhensible,
d'en obtenir un verdict d'acquittement.
Ils ont estimé, à la réflexion, que cette
seconde solution serait, tout compte fait,
plus avantageuse pour leur cause, et
surtout pour eux-mêmes. Elle serait, en
tout cas, moins morose.
On dit z Triste comme la porte
D'une prison »,
Etje crois, le diable m'emporte
Qu'on a raison
Spirituelle coïncidence.
Les juges de l'ancien temps, plus
gais, sans doute, que ceux d'aujourd'hui,
avaienteoutume de garder pour lesjours
du carnaval ce qu'on appelait les « cau-
ses grasses »*. Ils avaient toujours en ré-
serve, pour les environs du marli gras,
quelque jovial procès dans la plantu-
reuse et gaillarde manière de Rabelais,
oumème de Boccace.
Ces vieux rites ne sont plus observés
au Palais de justice. Peut-être parce qu'il
n'y a plus de causes grasses, ou, plus
probablement, parce qu'il y en a toute
l'année. On les juge donc comme elles
viennent, au jour le jour. Il est cepen-
dant difficile de ne voir qu'un simple
hasard, dans la date choisie pour l'ins-
cription au rôle de l'affaire de Gallay et
de laMerelli. C'est en effet pendant les
jours gris, les lundi 23, m irdi 27 et
mercredi 28 que le pseudo-baron de
Gravai et son aimable amie comparaî-
tront devant la Cour d'assisos.
Il est inutile de rappeler de quels ex-
ploits héroï-comiques les deux galants
accusés aurontà répondre. Ilssont encore
présents à toutes les mémoires. Etquand
onsf souvient des fameux virements du
Comptoir d'escompte, du départ pour le
Havre en automobile, de la joyeuse croi-
sière en yacht, et du retour moins bril-
lant en paquebot, on ne peut s'empêcher
de reconnaître que la magistrature, qui
sait être spirituelle à ses heures, a bien
choisi la date qu'il fallait pour juger cette
carnavalesque équipée.
La contagion des livres. `
On savait déjà qu'il fallait redouter la
contagion de certains livres. Mais on
croyait, jusqu'ici, que c'était seulement
au point de vue moral. II parait que le
danger est bien plus grand encore sous
le rapport matériel, et que c'est dans les
vieux livres de classe que les enfants
attrapent les germes de tous les fléaux
En passant de main en main, et de géné-
ration en génération, ces livres constitue-
raient de véritables véhicules de micro-
bes, et quantité de maladies contagieuses
seraient ainsi transmises bien inno-
cemment d'ailleurs par La Fontaine,
Corneille, le doux Racine et même Bos-
suet.
Que faire alors? D'honorables savants
proposent une solution très radicale. Il
faudrait constamment détruire les vieux
livres et constamment les faire réimpri-
mer. Erostrate, qui brûla la bibliothèque
d'Alexandrie,n'était donc pas si fouqu'on
l'avait dit, et peut-être avait-il voulu
simplement, parce moyen extrême, sau-
ver ses concitoyens de la tuberculose ou
de la peste. Il est vrai qu'on ne conseille
pas aujourd'hui des procédés aussi ab-
solus. Ce sont seulement les livres de
classe qu'il faudrait détruire, afin de
pouvoir chaque année, à la rentrée
d'octobre, en donner de tout neufs aux
petits enfants des écoles.
C'est une solution évidemment, et bien
avant les médecins il s'était trouvé des
spécialistes pour la préconiser. C'étaient
les libraires.
Demandez « l'Eau-de-Vie de Cognac »
de préférence à toute autre liqueur ou à
tout autre spiritueux. Elle seule est un
produit naturel, tandis que les autres li-
queurs ou spiritueux sont un produit ar-
tificiel. Elle est à la fois meilleure au
goût et plus hygiénique, et l'on peut très
bien avoir aujourd'hui de très bonne et
de très authentique « Eau-de-Vie de Co-
gnac » aux mêmes prix que ceux aux-
quels on peut se procurer les meilleures
liqueurs de table. C'est la « boisson na-
tionale « par excellence, puisque seule la
France, et dans la France un-seul coin
de terre privilégié et envié des autres
peuples, peut la produire, grâce à un sol,
un climat, des cépages et des procédés
de distillation spéciaux.
Caveant consules l
Gatilinasérajt-il à nos portes Il paraît
qu'un des auteurs de la première inter-
pellation annoncée au gouvernement
pour la rentrée, se nomme Cicéron. Mais,
à la réflexion, il est évident que ce ne
peut pas être celui dont on nous parlait
au collège, quoique, cependant, le Cicé-
ron d'aujourd'hui soit, lui aussi, séna-
teur.
Il représente la Guadeloupe, et c'est.
sur certains événements ou incidents qui
se sont produits dans cette colonie qu'il
entend s'expliquer avec les ministres. L'é-
loquence de son illustre homonyme ne
sera pas de trop à M. Cicéron s'il veut
démêler, pour les profanes, les affaires un
peu confuses et embrouillées de la Gua-
deloupe. Cela parait être. à distance, une
étrange mêlée d'hommes et de choses
de toutes les couleurs. Et nous nous sou-
venons de l'histoire d'un commissaire
enquêteur qui, envoyé dans une de nos
colonies analogues, avait essayé de se
documenter de son mieux. Son premier
soin pour cela avait été, avant de ques-
tionner les nègres et les mulâtres, de se
mettre en rapport avec les rares Euro-
péens qui habitaient la colonie. Mais
aussitôt son enquête avait été déclarée
suspecte, et devant ses conclusions assez
pessimistes les indigènes s'étaient écrié
Parbleu 1 un homme qui consultait
les blancs!
Espérons que M. ;Gicéron présenlera
les choses d'une façon un peu moins
sommaire et qu'il trouvera des argu-
ments plus concluants.. Quelque sollici-
tude, en effet, que le Parlement puisse
avoir pour les hommes de couleur, il ne
saurait oublier qu'il compte aussi dans
son sein pas mal de blancs!
Une intéressante tombola sera celle
qui vient d'être lancée au profit de la
charitable fondation de Mme ta duchesse
d'Uzès douairière, le Pouponnât du Nou-
zet (Seine-et-Oise) pour les nouveau-
nés, installé dans un site avenant avec
les conditions d'hygiène les plus moder-
nes et? les plus perfectionnées.
Un, important Comité de dames du
monde patronne cette œuvre excellente.
Tout le haut commerce de Paris a tenu
à lui apporter les lots les plus dési-
rables.
Le lot principal* est un magnifique
groupe de bronze cbijflô par Siot-Decau-
ville, œuvre de la duchesse d'Uzès, qui
l'a exécutée à cet efféti C'est la Fée aux
jouets une fée élég^ntp et svelte puise
des jouets dans une corne d'abondance
que lui tend un coquet Amour. De l'autre
main elle semble distribuer' ces joujoux
aux enfants. L'effet est gracieux et des
plus heureux. Plus heureux encore sera
le gagnant.
Le Figaro s'associe avec empresse-
ment à cette bienfaisante initiative. L'or-
ganisation de cette tombola a été con-
fiée à notre confrère Léo Claretie, prési-
dent de U Société des amateursdejouets
et jeux anciens. On trouve d 's billets à
un franc aux bureaux du Figaro.
II n'y a pas si longtemps que le Salon
de l'Automobile a fermé ses portesqu'on
ne puisse encore parler de quelques-uns
de ses succès, et parmi eux mentionner
tout spécialement celui que remporta
M. Emile Stern avec les voitures Léon
Bollée, la grande marque française dont
il est l'actif et triomphant agent.
Automobiles merveilleuses, dont M.
Emile Stern a toujours un choix superbe
dans ses magasins de la rue Montaigne,
les «Léon Bol lée ont conquis les connais-
seurs dont elles sont aujourd'hui la voi-
ture préférée.
WQO':l!CI
Nouvelles à la Main
On demande au jeune Toto
Eh bien, tu dois être content? ta
maman t'a donné un petit frère pour le
jour rie l'an
Et Toto, très amertume
Oh! il n'a pas voulu jouer!
Un homme politique interroge une
pythonisse en renom sur la future élec-
tion présidentielle:
Je sais qui sera élu, répond-elle,
mais je ne le dirai pas.
Pourquoi?
C'est le secret professionnel
A propos de la suppression de cer-
taines réceptions officielles
C'est une excellente habitude à
prendre de ne plus recevoir pour le jour
de l'an
Oui, mais c'est plutôt celle de don-
ner qu'il faudrait supprimer I
Le Masque de Fer.
Fantaisies parisienne.
1
PERIL CONJURÉ
Décidément le socialisme nous en vaut de
belles! Oyez plutôt:
Nul Parisien n'ignore que deux phénomènes
caractérisent le jour de l'an d'abord, l'impos-
sibilité de trouver un fiacre libre; secondement,
le foisonnement soudain et prodigieux d'une
profusion de mendiants tenaces, insidieux et
prolixes.
A chaque premier janvier, par un miracle
auprès duquel celui de la multiplication des
pains n'est que de la bière infime, ces sollici-
teurs se mettent à pulluler sur la voie publique
avec un zèle et un enthousiasme inconcevables.
Pour comprendre le fait, il faut savoir qu'en
cette journée fériée une foule de petits bour-
geois moyens, de rentiers aisés, voire de club-
men retors et d'anciens diplomates dénués de
délicatesse abandonnent leurs occupations
quotidiennes et se font mendiants pour vingt-
quatre heures.
La recette est en effet si exceptionnellement
copieuse ce jour-là, qu'ellepermet à ces malins
gaillards d'encaisser un joli pécule qu'ils dé-
penseront ensuite en de pàles orgies, à moins
qu'ils n'en corsent la dot de leurs filles qu'ils
marieront à des ingénieurs.
Quel reproche pourrait-on adresser à ces
ingénieux citoyens qui ne font en somme que
mettre en prétexte la maxime e Charité bien
ordonnée commence par soi-même. > ?̃
Mais revenons à la question, comme disait
Torquemada.
Le pullulement des mendiants du jour de
l'an est donc un usage acquis, séculaire, con-
sacré, qui fait partie de nos habitudes les plus
chères. Or apprenez de quel bouleversement
économique nous avons été menacés avant-
hier les mendiants ont failli se mettre en
grève
Voilà où nous ont menés les excitations
malsaines des meneurs collectivistes, la fu-
neste diffusion du mouvement syndical, toutes
les déplorables tendances encouragées par la
faiblesse de nos hommes d'Etat. Il s'en est
fallu d'un rien que le ^janvier {906 Paris se
réveillât sans mendiants
Une réunion avait eu lieu le 3o décembre à
la Bourse du travail.
Plusieurs membres de la corporation s'y
plaignirent hautement de la façon désobli-
geante dont les passants répondaient depuis
quelque temps à leurs sollicitations. En outre,
ils déclarèrent que la durée du travail était
trop longue, et se refusèrent à mendier désor-
mais plus de huit heures par jour.
Ces revendications furent affirmées par la
majorité, qui menaça d'abandonner l'ouvrage.
La situation était infiniment grave. Heureu.
sèment M. Lépine, à force de tact et de dé-
marches, put apaiser les meneurs. Et le
ter janvier 1906 se passa sans incidents.
Mais gare au prochain.
G.-A. de Caillavet.
La France
et l'Allemagne
Un de nos amis, qui fut à même, ces
jours derniers, de se renseigner très exacte-
ment sur ce que l'on pense à Berlin, nous
rapporte les impressions suivantes, dont les
lecteurs du Figaro apprécieront tout l'inté-
rêt
Vous avez remarqué, en France, et
très légitimement, et non sans surprise,
que le langage de la presse officieuse
allemande était en contradiction avec
les'sentiments pacifiques de l'pmpereur
Guillaume, sentiments que le Figaro a
fait connaître, le premierdans la presse,
et qui ont été confirmés, depuis, par
d'autres informations.
Malgré les polémiques des journaux
allemands, je puis vous affirmer que
l'empereur Guillaume est animé d'inton-
tions conciliantes, surtout depuis la lec-
ture du Livre jaune qui a montré la
bonne foi de la diplomatie française
dans l'affaire du Maroc.
Quelques jours après l'article du Fi-
garo, le Temps a publié quelques paroles
que Guillaume II avait prononcées dans
une réunion privée. Les journaux alle-
mands n'ont pu, quelles que fussent
leurs thèses sur la question marocaine,
publier un démenti autorisé de ces pa-
roles.
Je puis même vous dire que, dans une
circonstance récente, l'Empereur a fait,
allusion aux articles de la presse fran-
çaise, sur ses sentiments actuels ou SUI
ses propos. et qu'il paraissait satisfait
que l'opinion des deux pays eût été in-
formée de sa pensée.
Je n'affirme point que tout le monde,
à Berlin, ait partagé cette satisfaction de
l'Empereur. S'il n'y a point de « parti
de la guerre dans l'entourage immé-
diat de Guillaume II, Berlin est une
grande ville, et l'on y peut trouver des
pangermanistes trop ardents ou des bis-
marckiens attardés.
Mais l'Empereur. est le maitre.
Vous me dites qu'il est question
d'un nouveau discours prononcé par
Guillaume II, hier, à l'arsenal, pendant
les cérémonies du jour de l'an. Vous
.croyez savoir que l'accent de ce discours
était assez vif, et qu'il sonnait comme
une fanfare. Avez-vous le texte? Eh bien,
donc J'admets que, parlant devant des
soldats, l'Empereur ait tenu un langage
martial. Qu'y aurait-il d'étonnant nu
d'anormal et en quoi cela pourrait-il
vous émouvoir et, surtout, vous viser?
Pour tout ce qui touche aux polémi-
ques d'une partie de la presse allemande,
n'oubliez point qu'il y a un intérêt do
politique intérieure à tenir en haleine le
patriotisme germain et à le défendre
contre les théories délétères. On a, en
France, M. Gustave Hervé. En Allema-
gne, il y a M. Bebel, qui, sans doute, no
va pas aussi loin; mais, au regard du
monde offidel allemand, M. Pebel est
aussi sacrilège que M. Gustave Hervé ap-
parait par rapport aux opinions moyen-
nes des Français, accoutumés à presque
tout dire et à presque tout entendre.
Enfin, comment demander à la nation
allemande 259 millions de plus par an,
si l'on ne démontre pas l'absolue né-
cessité de cet énorme sacrifice? C'est
à quoi s'emploie une partie de la presse
d'outre-Rhin. Mais ceci ne doit pas em-
pêcher de voir l'essentiel. Or, il n'y a
pas à douter que l'empereur Guillaume
souhaite une bonne conférence d'A/gési-
ras, c'est-à-dire un accord qui pourra
aisément résulter de la modération des
points de vue en présence et qui, après
un examen courtois et loyal des droits
et des intérèts de tous, ne laisserait,
comme on a dit, ni vainqueur ni vaincu.
'•'• •' x.
EN FAMILLE
visitbs r>;a soxTVEs^ajrisrs
MONSIEUR, MADAME, LE PÈRE DE Monsieur
LA MÈRE de MADAME, l'Invité, Dédé (cinq ans)'
Lolotte (quatre ans).
Après le déjeuner, on prend le' café. Madame
oflre les liqueurs et distribue :les cigares. Ce.
pendant les journaux se déplient et chacun
s'absorbe en les événements du jour. Dans un
coin, Dédé et Lolotte jouent à la « réception des
souveraine ».
Dédé. "Moi, j'suis le roi de Portugal..»
Toi, t'es m'sieu Loubet.
LOLOTrE. -Ah non z'aime mieux être le
roi d'Espagne.
Dédé. Y sont pas venus en même temps.
Et pis le roi d'Espagne, c'é un homme.
Lolotte. Ben m'sieu Loubet qu'a de la
barbe
Dédé, péremptoire. Grand'mère aussi.
Donc, t'es m'sieu Loubet.
Lolotte. Non
Dédé. Si! Î
Lolotte. Non!
MADAME, qui sert les liqueurs, Taisez-
vous donc, les enfants. on ûe s'entend plus.
Mère, un peu de cassis?
LA MÈRE DE madame. Je veux bien, ma
chérie. (Montrant une gravure de, modes). Tu
as vu cette façorr de jupe ?. une merveille
MONSIEUR, reposant son journal. Il n'y a
pas à dire, nous sommes un grand peuplé.
LE PÈRE DE monsikor qui consulte les
cours. Pas tant que ça La Rente fléchit,
les Consolidés chancellent. Sais-tu ce que je
perds aujourd'hui ?
MONSIEUR. Je ne parle pas de notre
situation financière, mais de notre influence
morale; elle est énorme.
MADAME, offrant à l'invité. Une larme
de cognac?
JJixyïîê, très engageant. Vous çouv-/
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