Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1905-12-11
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 décembre 1905 11 décembre 1905
Description : 1905/12/11 (Numéro 345). 1905/12/11 (Numéro 345).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2871911
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
JmE FIGAEO UWO! 11 DÉCEMBRE 1905
!Palais- Bourbon. C'était une mêlée
.onfuse où personne nes'entendait plus.
M. Dauzon sortit pour aller chercher les
agents, et pendant ce temps le faux ec-
clésiastique s'éclipsait.
Mais ici ce petit drame tourne au vau-
deville. En effet, par le beau dimanche
qu'il faisait, un rassemblement considé-
rable s'était formé devant le café, et
dans la foule, M. Dauzon, exaspéré et
menaçant, aperçut encore un- homme
revêtu d'une soutane. Cette fois, c'était
un vrai prêtre, un brave et digne prêtre
qui, descendant d'un omnibus, venait
s'informer de ce qui se passait. Le dé-
puté le prit pour son joueur de manille,
et s'avançant vers lui
Ce que vous avez fait là est indi-
Ignel. luieria-MÎ.
Quoi donc? demanda le prêtre in-
terloqué. ••
Vous le savez bien on ne s'atta-
ble pas, dans le costume que vous por-
tez, à une table de café pour jouer aux
cartes avec des femmes.
Moi! moi! protesta le pauvre
prêtre épouvanté.
Oui, vous
Et M. Dauzon, que ses amis de l'ex-
trême gauche n'auraient certainement
pas reconnu à ce moment-là, rappelait
l'infortuné et innocent ecclésiastique au
respect de son sacerdoce. C'est alors que
survint un troisième personnage, un
̃médecin celui-là, et à son tour il inter-
pella M. Dauzon, juste châtiment du ciel
pour un député qui est, lui-même, un
des grands interpellateurs de la Cham-
bre. M. Dauzon riposta vivement dans
une altercation un parlementaire n'est
jamais pris de court. Le médecin, répli-
qua de son côté, si 'bien que les agents,'
survenus juste, à point pour, n'y rien
comprendre,. emmenèrent les ;deux; in-
terlocuteurs au poste.
Tout s'y arrangea comme de juste. Le
député et le médecin furent relâchés, et
la foule, enfin mise au courant des dé-
tails de l'aventure, se dispersa en échan-
geant les commentaires les plus variés.
La fougueuse attitude du député de Lot-
et-Garonne étonnait bien des gens, mais
le plus surpris de tous était assurément
le bon abbé, objet de la méprise, et qui
s'expliquait difficilement que l'homme
qui venait de le rappeler si vertement et
d'ailleurs si injustement ses devoirs de
prêtre et aux convenances sacerdotales
fût, au Palais-Bourbon, un des adeptes
les plus déterminés de la politique anti-
religieuse qui a abouti aux lois que l'on
connaît.
Mais il n'est jamais troptard pour bien
faire, et peut-être, après tout, les pé-
cheurs les plus endurcis se réservent-ils
le dimanche pour se sanctifier
U» promeneur.
NOS HOTES ROYAUX
S. M. LE ROI DE PORTUGAL
Le roi dorh Carlos, après avoir expédié
son nombreux courrier avec son secré-
taire le comte d'Arnoso, est allé à onze
heures à la Madeleine pour entendre la
messe du dimanche. 1
De rètoupà l'hôtel Bristol, il adéjeuné
avec sa suite et a reçu ensuite le comte
Robert- dé Fiers; et M. Gaston-A. de Cail-
lavet, nos chers'amis et collaborateurs,
auteurs du ravissant à-propos dit par
Mlle Lender, chez le baron Henri de
Rothschlid, à l'abbaye des Vaux-de-
Cernay.
Puis, sorti seul à deux heures et de-
mie dans une victoria, le Roi est allé -à à
l'hôtel Liyerp.ool. pour rendre visite à
<;on auguste mère avec laquelle .il est
reste une demi-heure.
De là, après un tour au; Bois, Sa Ma-
jesté, qui suit toutes les découvertes
scientifiques, a tenu tout particulière-
ment à voir, dans son laboratoire même,
le professeur Branly qui, par l'invention
du tube radioconducteur, est, on peut le
dire, le créateurdelatélégraphiesans fil.
Le Roi a été heureux d'assister à une
série d'expériences dans lesquelles M.
Branly à fait fonctionner ses appareils
nouveaux rendant possibles à distance
l'allumage des phares, la détonation
d'armes à feu, les déplacements d'ob-
jets, etc.
Sa Majesté a été très intéressée par
ces démonstrations et par les multiples
applications de ces appareils, et en quit-
tant l'illustre savant elle lui a exprimé
sa vive satisfaction.
Revenu vers' les six heures à l'hôtel
Bristol, le Roi à retenu à sa table le
comte de Souza Roza et les personnes de
sa suite, avec qui il s'est rendu au, théâtre
de l'Athénée pour assister à la représen-
tation de Triplepatte. Reçu à son arrivée
par M. Damoy, il a été conduit aux avant-
scènes 23 et 25 qui avaient été retenues
à l'avance.
Sa Majesté recevra aujourd'hui, dans
l'après-midi, la baronne Henri de Roth-
schild, le comte J. Clary et le marquis
de Raigecourt.
Le Roi va envoyer à Lisbonne la su-
perbe statue de Barrias que la Ville de
Paris, lui a offerte en souvenir de sa
visite officielle en France.
S. M. LA REINE MÂRIÂ-PIÂ
Sa Majesté, accompagnée de la mar-
quise de Unbao et du colonel Benjamin
Pinto.aassistéà la messe:de onze heures
à Saint-Roch, •
De retour à l'hôtel Liverpool elle a dé-
jeuné avec son fils le due de Porto, les
personnes de sa suite et le lieutenant
Senna, aide de camp du prince.
Dans l'après-midi, la Reine après la
visite de son fils dom Carlos a. reçu suc-
cessivement le; comte et la. comtesse
Burnay, le comte et la comtesse de Ji-
menez de Molina, le docteur et Mme
Manuel Castro-Gnirnaraës, la comtesse
d'Azevedo de Silva.
Sortie à trois heures un quart avec sa
suite, Sa Majesté a visité le Salon de
l'automobile qui l'a vraiment étonnée.
Puis après un tour dans l'avenue des
Champs-Elysées, elle est revenue à l'hô-
tel Liverpool,. qui elle jj 'a plus quitté de la
soirée.
Sa Majesté recevra aujourd'hui la. vi-
site de S- A. S. le princede Monaco.
S. A. R. L'INFANT DOM AFFONSO
Mgr le duc de Porto; après avoir' dé-
jeuné chez sa mère, est sorti, avec son
aide de camp pour assister aux courses
d'Auteuil.
La veille, Son Altesse Royale, accom-
pagnée du comte de Penha-Lqnga et du
comte et de la comtesse de Jimenez de
Molina, s'était rendue à" Bonnelles chez
Mme la duchesse d'Uzès née Morte- 1
mart.
Après le déjeuner, l'infant dom Affonso
a suivi la chasse à courre en voiture.
De retour au château par un très beau
clair de lune, il a pris part au goûter et est
revenu à l'hôtel Liverpool en automobile
avec les mêmes personnes qui l'avaient
accompagné 4 l'aller.
Ferrari.
LcJ^pnSe § fa Wfe
SALONS
M. Henry Méring a donné avant-hier,.
dans ses salons de la rue du Colisée, une bril-
lante matinée musicale.
L'élégante assistance a chaleureusement
applaudi Mlles Roger et d'Elty, de l'Opéra,
puis Mme Magda Le Gofî,' qui de son admira-
ble voix a chanté en grande artiste l'air du
Freisc]nit\ et des mélodies de Massenet et
Gaston Paulin. •
Mme Marino Vagliarço a donné avant-
hier dans sa villa, à Cômpiègne, un dîner
suivi d'une sauterie et d'un souper servi par
petites tables. Parmi les invités `
Comtes et comtesses Carl Costa de Beauregard,
Pierre de Segonzac, d'Hautpoul, MM. et Mmes
Delagarde, R. Fournier-Sarlovèze, Pépin Lehal-
leur, François et Marc Froment-Meuriee, Outrey;
Mlle Coronio, Mmes John Balli, lient? de JPojano,
Clouet, Sairs, Vlasto; comtesse Durand de Beau-
regard, Mme et Mlle A. Vagrliano, comtes J. de La
Salle, de Bernis, Albert '.de Bortier de Sauvigny,
baron de Bercllheim, etc. ̃
»r
RENSEIGNEMENTS MONDAINS
Le prince et la princesse Nicolas de
Grèce ont quitté avant- hier Paris pour se ren->
dre à Venise où ils s'emb.ârquerofit avec leur
père et beau-père ̃ le roi des Hellènes pour
retourner à Athènes.
Leurs Altesses Royales ont, été saluées à
leur départ par la ministre de Grèce et Mme
Delyanni, la grande-duchesse Vladimir et le
grand-duc Boris Vladimirovitch.
Mme Emma Sandrini, la charmante pre-
miére danseuse de l'Opéra, ouvrira aux pre-
miers jours de janvier, 7, rue Moncev, un
cours de danse pour les jeunes filles du monde
et un cours spécial pour les enfants. Dans un
vaste local fort élégamment aménagé, Mme
Sandrini donnera aussi ses leçons et cours de
danse de théâtre, de danses anciennes, etc.,
etc. Déjà de nombreuses inscriptions ont été,
faites pour ce cours qui promet d'être un des
plus suivis.
La grande-duchesse Vladimir et son.fils
le grand-duc Boris Vladimirowitch sont arri-
vés hier soir à Cannes.
DEUIL
La duchesse de La Rochefoucauld est
frappée d'un grand deuil par la mort de M.
Mitchell, sénateur des Etats-Unis, décédé su-
bitement à Portland, dans l'Orégon.
Nous apprenons la mort: De la. vi-
comtesse Gabriel de Varax, née de Sampigny,
décédée en son château de la Forest de Viry
(Allier), à l'âge de trente et un ans.
̃̃ ̃•̃- ̃ Ferrari.
̃ï'iA.A.trTEU'IL
II faisait un temps délicieusement clair et
gai hier à Auteuil un rayon de soleil ayant
dissipé les brouillards de décembre, le pesage
du charmant champ de courses offrait un
aspect brillant et animé. Le public, plus nom-
breux.qu'à l'ordinaire, avait voulu profiter de
cette dernière réunion de dimanche, et les
femmes très élégantes formaient autour des
braseros.des groupes très pittoresques par un
chatoyant assemblage de toilettes de tons
chauds et variées. On reconnaissait parmi les
fidèles habituées
Duchesse de Morny, en velours noir, toque de
velours avec aigrettes de plumes blanches; Mme
Henri Lstellier, très élégante en drap noir, ja-
quette courte en broitscliwanz, toque de style en
taupe, avec do côté une toutfe d'aigrettes taupe;
Mme de' Guiroye, jupe et redingote longue en
velours noir, grand feutre blanc avec panacho
de plumes de coq vert et bronze comtesse G. de
Cheriséy, Mme F. Debenham, costume' en velours
vert, jaquette courte et vague en loutre, toque
en feutre blanc enguirlandé de rosés bronze ,ot
rouille, aigrette marron sur le côté Mme Arch-
deacon, en drap vert-tilleul, jaquette de loutre,
grand chapeau gris à plumes grises Mme J.
Stern, comtesse Zogheb, en liberty violet-évêque,
toque de même teinte; Mme Seminario en
drap bleu, jaquette do loutre, chapeau de
velours noir à plumes blanches; comtesse J.
Lepic, en drap gris-perle, jaquette de lou-
tre, grand chapeau de velours noir et plumes
noires princesse d'Isenburg-, en drap gris clair,
boléro de chinchilla, toque en velours violet
et plumes de même teinte Mme C. Stuart, en
drap et velours noir, grand paletot de loutre,
capeline de feutre prune avec rubans bronze
vert; Mme A. de Gournay, Mme Petit-Delchet,
Mlle M. Sée, etc., etc.
ÉLECTION LÉGISLATIVE
̃̃ • '̃•-•'RHONE' ̃ ̃•̃"̃ ̃̃:
Lyon (Se circonscription)
Inscrits 7,845. Votants 5,006.
MM. Victor Fort, soc. indèp/ 2.506 ÉLU
Mouttet, socialiste unifié. 1.869
Ecochard, progressiste. 596
Il s'agissait de remplacer M. Augagneur, de-
venu gouverneur général de Madagascar. M. Au-
feafrneur, socialiste, avait été élu, le 6 novembre
1,904, sans concurrent, par 4,237 voix sur 4,(ÎS8 vo-
tants, en remplacement de M. Kraiiss. décodé.
M. Krauss, également socialiste, avait été élu par
3,780 voix aux élections générales de 1002.
Les Événements de Russie
TOUJOURS LA GRÈVE
(De notre envoyé spécial)
Saint-Pétersbourg, 5 décembre.
L'idée qu'on se faisait.' d'une petite
grève de quatre ou cinq jours celle de
la plupart des innocents que les me-
neurs ont embarqués dans cette galère
va-t-elle prévaloir? On l'espère!
On espère que demain, jour de paye,
la masse du contingent postier et télé-
graphiste reprendra son service après
avoir fait au pouvoir et au public cette
gaminerie et cette offense.
Les meneurs ne désarment pas. Ils
tiennent à leur programme la capitula-
tion d'un gouvernement qui. que.
Voici ce qu'ils publient ce matin, pour
répondre aux appels que la direction des
postes adressait hier aux gens .de bonne
volonté, lesquels ont travaillé en assez
grand nombre toute la nuit, et non sans
un certain courage, à trier les lettres,
imprimés et journaux:
Citoyens! 1
De quel nom faut-il qualifier ces ennemis
de la grève, ces rots, ces vils rais qui font
tout leur possible pour empêcher nos justee
rèvendications d'aboutir ?
Ils viennent en aide au gouvernement, à
cette autocratie pourrie qui ne connaît pour
se défendre que la bande noire et la nagaïka
des cosaques.
Que devons-nous faire pour punir ces au-
teurs d'un véritable crime politique ?.
Immoraux, déshonnêtés. il faut que leurs
noms soient connus et voués à l'opprobre
Il faut que ces indignes soient boycottés 1
Que personne ne leur tende la main
Il y a parmi eux des étudiants: qu'ils soient
punis par leurs camarades Etc.
Hier soir, on a pu voir circuler 'des
voitures de la poste les unes étaient
escortées; les autres, conduites par un
simple cocher militaire, n'avaient même
pas de convoyeur. Aucun accident.
L'agitation est plus sensible autour du
bureau central. Les dames et demoi-
selles, presque à l'unanimité, et les deux
tiers -des- hommes veulent reprendre le
service, mais n'osent pas. Ils ont peur
des coups et des menaces de Moscou,
car Moscou menace quiconque enfrein-
fivii les décretsde son Comité central.
Les télégraphistes se font inscrira en
assez grand nombre pour reprendre le
.travail, eux aussi. Mais c'est toujours
Moscou qui les gêne, On les inscrit sans
leur donner rien à faire, provisoire-
ment.
D'autre part, le préfet de Pétersbourg
a fait afficher ce matin un règlement qui
interdit à défaut de lois sur la ma-
tière de porter atteinte à la liberté du
travail, sous peine de 500 roubles d'a-
mende ou de trois mois de prison. Les
grévistes de tout ordre, que vise cette
affiche blanche, ouvrent des yeux éton-
nés. Ils se déclarent très surpris qu'on
ose ainsi les empêcher de faire ce
qu'ils appellent « de la propagande». Ils
s'imaginent évidemment que les droits
qui leur ont été concédés ne comportent
pas de contre-partie. Toute résistance,à à
leur tyrannie leur parait une'offense à la
liberté dont l'Empereur vient de leur
faire don.
Nous sommes toujours sans lettres.
Seuls les banquiers et les gros négociants
qui ont une boîte à la poste centrale ont
été mis aujourd'hui en possession de
leur courrier, et encore du seul courrier
arrivé cette nuit. Tous les autres sont en
plan, soit ici, soit en route, soit a Wir-
ballen. Sans doute les équipes d'ambu-'
lants constituées avec des .éléments mili-
taires vont les acheminer peu à peu jus-
qu'à Saint-Pétersbourg. Mais que ce sera
long!
Et qui les distribuera?
Le troupier russe ne sait pas lire. Il
ferait donc un mauvais potchtillion. Là
est le gros inconvénient le tri est chose
plusaisée, avec les volotaireset'ceux des'
employés qui ont recommencé à tra-
vailler.
Avec Moscou, les communications té-
léphoniques ont été rétablies. C'est ici un
jeu de .cache-cache délicieux! Une nuit
le téléphone est coupé, l'autre nuit on le
raccommode. Le lendemain, les demoi-
selles s'en vont à la maison des sapeurs
les remplacent. Puis les demoiselles re-
viennent les sapeurs s'en retournent à
la caserne c'est le tour des électriciens
de brouiller les réseaux pour faire une
farce aimable à l'administration. On voit
qu'on est. dans un pays encore jeune
pour la libciHé, quoique vjeux sous tant
de rapports
Toujours à Moscou, le préfet de police
demande qu'on le relève de ses fonctions.
Il ne se sent pas de force à tenir tête aux
événements.
Les typographes moscovites ont été
réunis par leur Syndicat, qui leur a pro-
̃posé de se mettre en grève une fois de
plus.
À quoi les typographes ont faif'cette
réponse (elle est intéressante à retenir
pour les gens qui cherchent à se rensei-
gner)
Pas de petites grèves économi-
ques (sic) à présent. Ce serait user nos
forces. Gardons-les pour la gigantesque
grève générale politique (sic) qu'il» sera
nécessaire de déclarer bientôt
A Moscou encore, les social-démo-
crates, socialistes -révolutionnaires et
quelques constitutionnels-démocrates se
sont réunis pour voter un blâme- aux
modérés des Zemstvos et d'ailleurs. « Ce
qu'il nous faut à bref délai, ont dit les
divers orateurs, c'est la révolte armée,
avec la république démocratique. »
La Douma de la Ville sainte a voté
10,000 roubles qui seront distribués aux
soldats restés fidèles, dont la conduite a
été méritoire à Sébastopol.
A Péterebourg le premier train de Sé-
bastopol est arrivé hier te premier,
depuis les événements ¡
Le communiqué de M. Witte, dont'j'ai
télégraphié tout à l'heure un résumé, de-
vrait mettre tout le monde d'accord. Il
est tardif, comme toujours en ce pays,
mais clair.
Il demande qu'on ne s'impatiente pas
il dit que si la liberté a été donnée, ce
n'est pas pour qu'on la reprenne, que ce
qui a été promis sur parole sera écrit,
mais qu'on n'a pas eu trop de temps jus-
qu'ici pour s'occuper des troubles et de
ceux qui les fomentent. Autrement ce
serait chose faite.
En attendantla Douma, des lois tran-
sitoires vont être promulguées, sur la
presse, sur les associations, sur le droit
de suffrage. Plus tard la Douma les rec-
tifiera si elle le juge à propos. Qu'on
prenne encore un peu de patience le
grand travail préparatoire que nécessite
le nouvel état de choses sera prêt dans
une douzaine de jours.
C'est en quelque sorte, point par point,
la satisfaction donnée aux réclamations
que j'ai si souvent enregistrées ici depuis
un grand mois. Il n'y a plus, je pense, a
douter à présent, et ce dernier crédit ne
sera pas, cspérons-lo, au-dessus des
moyens du libéralisme russe le plus
jaloux.
Une note officielle dit que les malades
sont, en chiffre rond, LJ5,000 à l'armée
de Mandchourie, qu'on ne peut expédier
de .Kharbine qu'un train sanitaire par
jour, soit 6,000 hommes par mois," Il
faut donc compter quatre grands mois
pour le rapatriement de ces 25,000 ma-
lades. Et alors leur nombre se sera en-
core accru: c'est inévitable.
Quant aux valides, le gouvernement
ne se désintéresse pas de leur sort, car
d'actifs pourparlers étaient entamés avec
le Lloyd de Brème, lorsque la crise télé-
graphique est survenue, pour assurer
l'évacuation de gros contingents par
Vladivostok:
Ce qui domine toutes ces tristesses
les Russes n'ont pas l'air de le compren-
dre, hélas! c'est une crise économique
dont les effets commencent à se faire
sentir; elle s'avance à grands pas.
Pense-t-on, au surplus, que de pareilles
secousses puissent être infligées à un
pays comme celui-ci, op l'Etat est tout,
sans que le contre-coup en apparaisse
vite dans les affaires, dès que l'Etat os-
cille'sur sa" base?
On voit -je crois t'avoir déjà dit, mais
il est bon de le rénétfir- des Russes
commerçants qui, 3e farouches liber-
Dick.
taires qu'ils étaient, sont déjà devenus
ce que nous appellerions en France des
bourgeois' conservateurs, conserva-
teurs de ce qu'ils attendent, bien entendu,
c'est-à-dire du tsarisme libéral.
La crise économique leur a ouvert les
yeux sur les dangers de la politicomanie.
Les échéances souffrent; les petites
faillites sont nombreuses; les grosses
ont commencé à défiler. L'autre semaine
on en a compté deux énormes ici.
Evidemment, le rôle des révolution-
naires internationalistes est de conduire
ce pays à la ruine. Mais ce n'est pas le
rôle des Russes de bon sens et il y en
a- de leur emboîter le pas.
Ceux-là n'ont plus chance d'enrayer
des catastrophes qu'en s'unjssant sur le
terrain du loyalisme libéral.
Hors de là, il semble qu'on ne puisse en-
trevoir de salut. Les Russes avisés com-
mencent à le comprendre. Sauront-ils se
grouper, fonder un grand parti natio-
nal,;celui du tsarisme amendé, moder-
nisé, large de vues, ardent aux réformes
de -la marine, de l'armére, sans parier'du
reste Voilà ce qu'il faut se demander.
MaisJe salut n'est que là,' dans la sec-
tion immédiate de la queue révolution-
naire.
-Pierre Giffard.
̃LA SITUATION .̃
Les actions du comte Witte sont évi-
demment en baisse. On le dit fort mal
èrj Coùr,'et les 'journaux lui sont en ma-
jorité hostiles. On parle toujours de
tiraillements dans son propre ministère
et Ton- recommence à faire courir le
bruit d'une dictature du comte Ignatieff.
Ce qui est certain, c'est que l'on se dé-
cide agir contre les grévistes. Notre
envoyé. spécial nous télégraphie
Saint-PétersbcHirs:, 9 décembre,
via Bydtkuhnen.
La cavalerie et l'infanterie ont cerné au-
jourd'hui le local du Conseil des délégués
ouvriers et de l'Union des ouvriers typogra-
phes et ont arrêté M. Kroustalew, président
du Conseil des délégués ouvriers.
On croit que d'autres arrestations ont été
faites. Personne' ne peut plus sortir de la
maison.
'Une petite émeute a éclaté autour de la
poste centrale. Un groupe de grévistes voulait
empêcher l'entrée des employés volontaires
l'un de ces derniers a tiré'un coup de revolver
et a été tué d'un coup dé poignard. La police
accourut. Elle fut accueillie à. coups de revol-
ver. Un agent et deux facteurs ont été tués.
La grève continue. La poste marche à moi-
tié, c'est-à-dire sans facteurs ni levées des
boites urbaines, ni bureaux de quartier.
Tout le Central paraît fonctionner. Quant au
télégraphe, la situation empire. Tous les em-
ployés masculins ont disparu, et au guichet
principal trône aujourd'hui mon amie, ladame
fidèle a l'Empereur, avec ses deux aides. Je
lui demande avec intérêt comment elle fait
parvenir les dépêches. ̃;
Par Je train, m'a-t-olle répondu avec mé-
làncbjie. -Pierre Giffard.
0$ télégraphie en^ outre qu'en Fin-
lande les grévistes du;télégraphe ont été,
avisés. par ordre de M. Dournovo, mi-
nistre de l'intérieur, qu'ils seraient révo-
qués s'ils n'avaient pas repris leur ser-
vice .aujourd'hui à midi. Malgré cette
menace, aucun n'est rentré.
A Grodno, les agents .de police se sont
mis en grève.
A Kexholm, deux compagnies d'infan-
terie se sont mutinées.
ARiazan, des soldats d'infanterie ont
parcouru les rues en cortège avec des
drapeaux rouges et ont adressé à leurs
colonels une pétition demandant l'amé-.
̃lioration de l'ordinaire et de l'habille-
ment. • ̃• >
4 l'Etranger
~A."È 1-
Le nouveau ministère anglais
Le ministère libéral est constitué en
Angleterre: l'opinion publique française
lui doit un salut de sympathie, une
confiante bienvenue. Quelques person-
nes, ici, redoutaient le changement qui
vient de se produire chez nos voisins.
Elles se demandaient si le gouvernement
libéral pratiquerait l'« entente cordiale »
dans le même esprit que le gouver-
nement conservateur..Ces craintes se
fondaient sur ce que la politique libé-
rale anglaise a, d'ordinaire, moins de
décision et plus de réserve que la poli-
tique conservatrice. En Angleterre, ce
sont les conservateurs qui entreprennent t
et les libéraux quiconservent.
Telles sont du moins les traditions et
telles sont les données de l'histoire. La
classe bourgeoise, où le parti libéral re-
crute ses adhérents de marque et la plu-
part de ses chefs, place la prudence au
premier rang des vertus et n'aime pas
risquer ou simplement déplacer son cen-
tre de gravité qui est lourd. Et je songe,
en écrivant ceci, qu'aux temps lointains
de la querelle' entre Fox, qui était un gros
homme, et Pitt, qui était d'essence moins
massive, il y avait une plaisanterie
conservatrice un peu grasse pour définir
tout gouvernement libéral « une ad-
ministration aux assises larges ». Je ne
puis me permettre de traduire littérale-
ment, car il faudrait l'audace de Shak-
speare, et je ne suis pas là pour vous
raconter le Songe d'une nuit d'été.
Mais le parti libéral d'à présent est un
parti tout pénétré d'esprit nouveau. Il
renferme des éléments jeunes, ardents,
patriotes qu'on a qualifiés quelquefois
d' « impérialistes ». La guerre du Trans-
vaal a permis de discerner, parmi les li-
béraux anglais, cette tendance heureuse
pour la vitalité du parti etpqurlagrandeur
de l'Angleterre. Cette nuance du parti li-
béral est représentée, d'une manière im-
portante et éminente, dans le nouveau mi-
nistère. anglais. Certes, le. départ de lord
Lansdowne ne nous laisse pas indiffé-
rents. On pourrait difficilement oublier
'ici le nom. de cet homme d'Etat qui a
révélé, au Foreign Office, des dons si
remarquables etqui fut, pour notre pays,
,un ami loyal et sûr. Mais, dans ces der-
niers temps,, les déclarations publiques
des principaux membres du parti libé-
ral ont montré qu'ils voyaient, comme
lord Lansdowne, dans l' « entente corr
diale » avec la France, le véritable et du-
rable intérêt de l'Angleterre!
Sir Edward Grey dont on relira plus
loin un tout récent discours déclarait
que cette entente est l'un des « points
cardinaux » de la politique anglaise et
que le parti libéral n'y changerait rien.
Mêmes affirmations,peu de temps après,
de M. John Morley, dont le tempé-
rament et la nature d'esprit ne res-
semblent guère à ceux de sir Edward
Grey. Et lord Rosebery lui-même, qui
n'a pas été toujours très tendre avec
nous, parlant il y aquelqùes jours à peine,
disait qu'il aimait tous les peuples,,
mais que, s'il était oblige de choisir entre
les Français et les Allemands, sa préfé-
rence irait aux premiers. Pour que lord
Rosebery, l'ami intime des Bismarck, ait
laissé passer une occasion cette occa-
sion -de marquer son originalité et son
goût pour la dissidence, il faut que l'opi-
nion générale de l'Angleterre ne per-
mette pas la fantaisie sur cette question
essentielle,
Le portefeuille des affaires étrangères,
dans le nouveau cabinet, échoit sir
Edward Grey l'un de ces libéraux
nouveau style dont je parlais tout à
l'heure. Sir Edward Grey est un homme
jeune encore qui a déjà une belle car-
rière et à qui peut revenir un jour la di-
rection du parti. Le successeur de lord
Lansdowqfe fut sous-secrétaired'Etat aux
affaires étrangères sous lord Rosebery.
La France ne se dégageait pas encore
dès excès de la politique coloniale et
noirs avons eu affaire, en une ou deux
rencontres très délicates, à sir Edward
Grey. Il s'y montra très Anglais et c'est
une raison de plus pour que nous ayons
foi dans la vue très haute qu'il a du rôle
mondial 'de §a .patrie..
Sir Edward. Grey sait ce qu'il-veut et
l'exprime clairement. Dès ses débuts
dans la vie politique, il, attirait l'attention
par son talent précis; son esprit nct'et
cette maturité précoce qui fait que l'An-
gleterre accorde vite et généreusement le
crédit et l'autorité à ses jeunes parle-
mentaires. Elle n'a jamais rien perdu à
placer sa confiance en des chefs qui
n'aient pas encore usé leur énergie et
leur volonté. Sir Edward Grey arrive
aux affaires en un- moment où ce' n'est
pas l'occasion qui -se dérobe à la valeur
des hommes.
Eugène Lautiei.
DERNIÈRES NOUVELLES
Service spécial du "Figaro";
Les prix Nobel ̃
Christiania, 10 .décembre.
La distribution, des .prix- Nobel a cu lieu
aajourd'hui à Christiania, avec un éclat inac-
coutumé. C'était en effet la première céré-
monie non politique qui se célébrait dans la
capitale de la Norvège depuis l'avènement de
Hakon VII, et le jeune roi l'a présidée avec
la Reine, entouré des ministres, des mem-
bres du Storthing et de tout le corps diplo-
matique.
C'est M. Lœvland, ministre des affaires
étrangères, qui a lu le palmarès, qu'il a fait
précéder d'un discours dans lequel il a rap-
pelé l'œiivro de Nobel et fait des vœux pour
que les idées qui ont inspiré sa généreuse
fondation restent en honneur.
Voici'quels sont cette année les bénéficiai-
res du prix Nobel
Le prix pour la paix est attribué à Mme
Bertha de Suttner;
Le prix pour la médecine, au professeur
Robert Koch, pour ses travaux et ses décou-
dertes concernant la tuberculose
Les prix pour la physique au professeur
Lenard, de Kiel, pour ses travaux sur les
rayons cathodiques
Le prix pour la chimie, au professeur von
Baeyer, de Munich, pour ses recherches sur
l'indigo et le triphenyl méthaue
Le prix de littérature, à M. Henryk Sien-
kiewiez. ̃'
Nouvelles saintes
Rome, 10 décembre.
Ce matin, Pie X,. a présidé une cérémonie
politico-religieuse concernant spécialement la
France. Il s'agissait de la prochaine béatifi-
cation des religieuses françaises de Com-
piègne qui furent massacrées à l'époque de la
Terreur.
L'on n'avait pas encore dit si les victimes
de Révolutions pouvaient être considérées
comme mart5Ts, parce qu'on craignait d'en
avoir trop aujourd'hui, la Congrégation des
Rites s'est prononcée dans le sens affirmatif,
et sans doute la politique n'a pas été étran-
gère à cette décision. La cérémonie d'anjour-
d'hui peut être considérée comme une pre-
mière réponse du Pape à la politique antire-
ligicuse de la France. Félix II. v
Le ministère espagnol
Madrid, 10 décembre.
Le ministère est à peine constitué et l'on
parle déjà de sa chute. Des bruits de crise
ont couru cet après-midi, et l'on attend avec
impatience la fin d'un Conseil qui a lieu
ce soir.
Le Trans-Alaska-Sibérien
Ëydtkuhnen, 10 décembre.
LeTrans-Alaska-Sibérien, d'après le projet
Loïcti de Lobel, yjent d'être approuvé par la
Russie. Le gouvernement a nommé une Com-
mission pour établir un cahier des charges.
Un incident à Shanghai
Shanghaï, 10 décembre.
Des efforts tentés par les autorités chi-
noises pour accroitre leur influence dans la
ville européenne ont occasionné un incident
désagréable au Tribunal mixte. Vendredi der-
nier, l'assesseur anglais, se conformanf aux
instructions récemment données par le corps
consulaire, ordonnait il la police de conduire
à la prison municipale deux femmes dont le
jugement était renvoyé à huitaine. Le juge
chinois enjoignit au contraire de les incar-
cérer à la prison chinoise et ses coureurs
attaquèrent les agents de police. Ceux-ci ri-
postèrent et exécutèrent les ordres de l'asses-
seur anglais en dépit des menaces du second
juge qui les invitait à se souvenir qu'ils
étaient Chinois et non pas étrangers.
Une grande effervescence règne parmi les
résidants chinois, qui tiennent des réunions.
Ils ont menacé de mettre à l'index tous les
étrangers, si l'assesseur anglais n'est pas dé-
placé. et si les inspecteurs de, police ne sont
pas congédiés. ̃
L'Amérique du Sud
DANS L'ARGENTINE
Buenos-Airës, 10 décembre.
La santé du général Mitre occupe toujours
l'attention publique. Son fils aîné, M. Emilio
Mitre, répondait, au commencement de la
maladie de son illustre père, à tous les télé-
grammes d'Europe et' d'Amérique. mais il en
est venu une telle quantité qu'il s'est vu forcé
de ne' répondre .qu'à ceux des chefs d'Etat.
Les présidents do l'Uruguay, du Chili, du
Brésil, du Paraguay, du Pérou s'informent
continuellement de la santé de l'éminent his-
torien et homme d'Etat-
Ses forces diminuent peu à peu. Dans la
rue San-Martin où est sa vieille et modeste
maison, do .nombreux groupes attendent pour
lire le bulletin desanté 'qu'on affiche sur une
ardoise a sa porte/ Sur -le registre d'inscrip-
tions, les signatures sont déjà incalculables.
Tout le corps diplomatique et consulaire est
allé s'inscrire.
Le président Quintana s'est installé à Bel-
grano pour passer l'été, à ,l
vicb.
Le, président Quintana a reçu une proposi-
tion qui, bien que sous une forme singulière,
démontre quel est le prestige de la colonisa-
tion du pays à l'extérieur. La communica-
tion est datée de Boada, Salamanca (Espa-
gne), et signée par M. Emilio Regidor, secré-
taire de la municipalité. Il y est dit, entre
autres choses, que le village en entier, avec
tous les corps de métier qui s'y trouvent,, par-
tira pour l'Argentine si on leur donne le pas-
sage gratuit. Le ministre de l'agriculture a
répondu affirmativement. G. «
DANS L'URUGUAY
Montevideo, 10 décembre. V
A la suite de la conversion de la Dette in-
térieure 6 0/0 en extérieure 5 0/0 par (les
banquiers français, d'autres capitaux du mar-
ché de Paris sont arrivés pour être placés
dans différentes entreprises du pays. Le nou-
veau port de La Paloma, dans le départe-
ment de Rocha. presque à l'entrée de l'estuaire
du Rio de la Plata, est décidé. Toutes les for-
ces économiques du pays se développent au
milieu d'une ère de tranquillité as.surée. E.
AU PARAGUAY
Asuncion, 10 décembre.
Le Congrès paraguayen a voté la déposition
du président Gauna, et a nommé à sa place
le docteur Baez.
Tout est tranquille dans la République.– A,
Figaro à Londres
(Service spécial do notre bureau de Londres, 8,Kew Co/entryStr, W),
̃
LE MINISTÈRE CAMPBELL BANNERMAN
Londres, 10 décembre.
Le ministère libéral est constitué. En voici
la composition officielle, telle qu'elle a été
approuvée ce soir par le Roi
Premier ministre, premier lord de la TréSQ?
rerie sir Henry Campbell Bannermanj
Lord chancelier sir Robert Reid;
Chancelier' de l'Echiquier M. Àsquith
Intérieur M. Herbert Gladstone
Affaires étrangères sir Edward Gray;
Colonies comte Elgin
Guerre M. Haldane;
Secrétaire pour l'Inde M. John Morley.
Premier lord de l'Amirauté lQrd-ïwçad-
mouth
Président du Board of Trade M.. Lloyd
George
Président du Local Government Board
M. John Burns;
Secrétaire pour l'Ecosse M. John Sinclair;
Agriculture comte Carrington;
Postmastcr général M. Sidnev Bux.ton-f*1'
Secrétaire pour l'Irlande M. Bryce";
Président du Conseil: comte Cre'we
Lord du Sceauprivé: marquis de Ripon;
Ministre de l'Instruction publique M. Bir-
ril
Chancelier du duché de Lancaster: sir Henry
Fowler.
Cette liste contient beaucoup de noms nou-
veaux, ou du moins de noms qui n'ont jamais
figuré dans aucun ministère. 11 y a, on effet,
dix ans que les libéraux ont perdu le pou-
voir, et les rangs se sont clairsemés des an-
ciens collaborateurs de Gladstone restés dans
le cabinet Rosebery, oui vit la défaite du
parti libéral' en 1895. 'lrois sont morts sir
William Harcourt, lord Kimberley et lord
Herschell; quatre se sont retirés do la poli-
tique active sir George Trevelyan, M, Shaw-
Lefevre, M. Arthur Acland et lord Arnold
Morley et lord Spencer, leader du parti à la
Chambre des lords est trop vieux, trop malade
maintenant pour assumer la charge du pou-
voir.
Deux même do ceux qui n'ont pas cru de-
voir refuser leur concours à sir Henry Camp-
bell Bannerman n'ont accepté que des siné-
cures. LordRipon, qui a soixante-dix-huit ans,
et qui fut ministre des colonies, est lord du
Sceau privé, et sir Henry Fowler, qui en a
soixante-quinze, est chancelier du duché do
Lancastre, fonctions qui leur donnent seule-
ment le droit de faire bénéficier do leur lon-
gue expérience leurs collègues du cabinet.
Le plus en vue des nouveaux ministres,
celui qui nous intéresse le plus, sir Edward
Grey, est encore jeune. Il n'a que quarante-
trois ans. Il a été de, 1893 à 1895, squ3-seçrJ7.
""taire" d'Etat" "au 'Tdrëïgn Office soiîs "lord Ro-
sebery et lord Kimborley. Jamais choix ne
fut plus unanimerilérit- ratifié par l'opinion.
C'est que l'on est assuré que sir Edward
Grey continuera la politique vraiment natio-
nale de lord Lansdowno et nous en avons la
garantie dans ses propres déclarations. Voici,
en effet, comment il s'exprimait, lo 20, octo-
bre dernier, dans un discours pronoricé-à-un
banquet de l'Association libérale do la Cité da
Londres
« On fait circuler, dans certains milieux, le v
bruit qu'un' changement do' gouvernement''
amènerait un changement dans la politique.,
étrangère de la Grande-Bretagne. Il n'y arieiv
de fondé dans cette affirmation.
» Il y a trois points cardinaux dans la poli-
tique étrangère anglaise. Ce sont: 1° l'amitié
avec les Etats-Unis 2» l'alliance avec le Ja-
pon 30 l'accord avec la Franco. Il n'y a au-
cun de ces points que le parti libéral désira ̃
voir changer.
» Il est cependant à souhaiter que la situa-
tion de la Russie se rétablisse dans les cqn-,
seils de l'Europe. Je ne peux pas mentionner
la Russie sans parler aussi de l'Allemagne. La
condition de toute améliorationdans les rela-
tions publiques entre l'Allemagne et l'An-
glctcrre c'est que tes relations de l'Allenia- •'
gne et de la France soient bonnes et équita-
bles. >r • ̃
M. Asquith, chaneelier -de l'Echiquier, est
avec sir Edward Grey, dont il est l'ami, l'un.
des personnages les plus importants du cabi-
net.Il a cinquante-trois ans et à été ministre
de l'intérieur dattsrlâ dernière administration1
libérale. Orateur 'ôléga'nf,' il est désigné pour
prendre la direction "du "p'arti libéral auxCom-
munes lorsque sir Henry Campbell Bnnner-
ntan croira le moment venu de passer à la
Chambre des lords.
Le nouveau ministre de l'intérieur, M. Her-
bert Gladstone, est le fils aîné du Grand Old-
Man. Il est pour là première fois minisire.
Sous le dernier ministère de son père, dont il'
avait été d'abord le secrétaire particulier, ii
avait été sous-secrétaire d'Etat h l'intérieur, et
lord Rosebery l'avait fait premier commis-
saire aux travaux publics, mais sans lui don-
ner un siège dans le cabinet.
Sir Robert Reid, lord chancelier, est,comni3
il convient, un légiste éminent, et lord Elgin,
ministre des colonies, s'est distingué dans la
vice-royauté de l'Inde qui est presque hère-
ditaire dans la famille.
L'Amirauté échoit à lord Tweedmoiith.qui
fut lord du Sceau privé, dans le ministère
Rosebery et le ministre delà guerre, M. liai-
dane, est aussi un légiste.
Le 'ministère 'dë'TInde est donné à un
homme éminent' M. John Morley, le disciple
fidèle, le biographe' de Gladstone, écrivain de
premier ordre, orateur fécond, cloquent j
qui fut secrétaire d'Etat pour l'Irlande et
qu'un radicalisme trop. tranché et son amour,
de l'étude et du .travail ont. seuls .empêché
de tirer de la pplitique tous les avantages
qu'il avait le droit d'en attendre.
Le ministère du commerce est donné à M.
Lloyd George, C'est'une des figures les' plu»
intéressantes du cabinet où il fait ses débuts.
M. Lloyd George est un des meilleurs ora-
teurs du parti libéràl et, ce qui vaut mieux,
un de ses plus habiles politiciens. Il est éner-
gique, éloquent, d'opinions très avancées,
mais d'esprit très ouvert. On le comparerait
volontiers à M. Millerand qui, coïncidence
curieuse, fut comme lui ministre du cora*
meree, ̃
VIENT DE PARAITRE V
Le Monde moderne de Noël est le plus
beau et le plus intéressant spécimen de re.
vue illustrée de la famille existant en
France. Jolies illustrations, textes intéres-
sants, un roman complet tout à. fait déli-
cieux, 180 pages compactes de texte et
d'illustrations représentant la matière .de,
dix francs de livres pour i fr. 50, de fort
jolies primes remboursant l'abonnement.
Il faut voir le Monde moderne et s'y aboa-"
ner.LibraineFélixJuven.ns.rueReàurnur.
!Palais- Bourbon. C'était une mêlée
.onfuse où personne nes'entendait plus.
M. Dauzon sortit pour aller chercher les
agents, et pendant ce temps le faux ec-
clésiastique s'éclipsait.
Mais ici ce petit drame tourne au vau-
deville. En effet, par le beau dimanche
qu'il faisait, un rassemblement considé-
rable s'était formé devant le café, et
dans la foule, M. Dauzon, exaspéré et
menaçant, aperçut encore un- homme
revêtu d'une soutane. Cette fois, c'était
un vrai prêtre, un brave et digne prêtre
qui, descendant d'un omnibus, venait
s'informer de ce qui se passait. Le dé-
puté le prit pour son joueur de manille,
et s'avançant vers lui
Ce que vous avez fait là est indi-
Ignel. luieria-MÎ.
Quoi donc? demanda le prêtre in-
terloqué. ••
Vous le savez bien on ne s'atta-
ble pas, dans le costume que vous por-
tez, à une table de café pour jouer aux
cartes avec des femmes.
Moi! moi! protesta le pauvre
prêtre épouvanté.
Oui, vous
Et M. Dauzon, que ses amis de l'ex-
trême gauche n'auraient certainement
pas reconnu à ce moment-là, rappelait
l'infortuné et innocent ecclésiastique au
respect de son sacerdoce. C'est alors que
survint un troisième personnage, un
̃médecin celui-là, et à son tour il inter-
pella M. Dauzon, juste châtiment du ciel
pour un député qui est, lui-même, un
des grands interpellateurs de la Cham-
bre. M. Dauzon riposta vivement dans
une altercation un parlementaire n'est
jamais pris de court. Le médecin, répli-
qua de son côté, si 'bien que les agents,'
survenus juste, à point pour, n'y rien
comprendre,. emmenèrent les ;deux; in-
terlocuteurs au poste.
Tout s'y arrangea comme de juste. Le
député et le médecin furent relâchés, et
la foule, enfin mise au courant des dé-
tails de l'aventure, se dispersa en échan-
geant les commentaires les plus variés.
La fougueuse attitude du député de Lot-
et-Garonne étonnait bien des gens, mais
le plus surpris de tous était assurément
le bon abbé, objet de la méprise, et qui
s'expliquait difficilement que l'homme
qui venait de le rappeler si vertement et
d'ailleurs si injustement ses devoirs de
prêtre et aux convenances sacerdotales
fût, au Palais-Bourbon, un des adeptes
les plus déterminés de la politique anti-
religieuse qui a abouti aux lois que l'on
connaît.
Mais il n'est jamais troptard pour bien
faire, et peut-être, après tout, les pé-
cheurs les plus endurcis se réservent-ils
le dimanche pour se sanctifier
U» promeneur.
NOS HOTES ROYAUX
S. M. LE ROI DE PORTUGAL
Le roi dorh Carlos, après avoir expédié
son nombreux courrier avec son secré-
taire le comte d'Arnoso, est allé à onze
heures à la Madeleine pour entendre la
messe du dimanche. 1
De rètoupà l'hôtel Bristol, il adéjeuné
avec sa suite et a reçu ensuite le comte
Robert- dé Fiers; et M. Gaston-A. de Cail-
lavet, nos chers'amis et collaborateurs,
auteurs du ravissant à-propos dit par
Mlle Lender, chez le baron Henri de
Rothschlid, à l'abbaye des Vaux-de-
Cernay.
Puis, sorti seul à deux heures et de-
mie dans une victoria, le Roi est allé -à à
l'hôtel Liyerp.ool. pour rendre visite à
<;on auguste mère avec laquelle .il est
reste une demi-heure.
De là, après un tour au; Bois, Sa Ma-
jesté, qui suit toutes les découvertes
scientifiques, a tenu tout particulière-
ment à voir, dans son laboratoire même,
le professeur Branly qui, par l'invention
du tube radioconducteur, est, on peut le
dire, le créateurdelatélégraphiesans fil.
Le Roi a été heureux d'assister à une
série d'expériences dans lesquelles M.
Branly à fait fonctionner ses appareils
nouveaux rendant possibles à distance
l'allumage des phares, la détonation
d'armes à feu, les déplacements d'ob-
jets, etc.
Sa Majesté a été très intéressée par
ces démonstrations et par les multiples
applications de ces appareils, et en quit-
tant l'illustre savant elle lui a exprimé
sa vive satisfaction.
Revenu vers' les six heures à l'hôtel
Bristol, le Roi à retenu à sa table le
comte de Souza Roza et les personnes de
sa suite, avec qui il s'est rendu au, théâtre
de l'Athénée pour assister à la représen-
tation de Triplepatte. Reçu à son arrivée
par M. Damoy, il a été conduit aux avant-
scènes 23 et 25 qui avaient été retenues
à l'avance.
Sa Majesté recevra aujourd'hui, dans
l'après-midi, la baronne Henri de Roth-
schild, le comte J. Clary et le marquis
de Raigecourt.
Le Roi va envoyer à Lisbonne la su-
perbe statue de Barrias que la Ville de
Paris, lui a offerte en souvenir de sa
visite officielle en France.
S. M. LA REINE MÂRIÂ-PIÂ
Sa Majesté, accompagnée de la mar-
quise de Unbao et du colonel Benjamin
Pinto.aassistéà la messe:de onze heures
à Saint-Roch, •
De retour à l'hôtel Liverpool elle a dé-
jeuné avec son fils le due de Porto, les
personnes de sa suite et le lieutenant
Senna, aide de camp du prince.
Dans l'après-midi, la Reine après la
visite de son fils dom Carlos a. reçu suc-
cessivement le; comte et la. comtesse
Burnay, le comte et la comtesse de Ji-
menez de Molina, le docteur et Mme
Manuel Castro-Gnirnaraës, la comtesse
d'Azevedo de Silva.
Sortie à trois heures un quart avec sa
suite, Sa Majesté a visité le Salon de
l'automobile qui l'a vraiment étonnée.
Puis après un tour dans l'avenue des
Champs-Elysées, elle est revenue à l'hô-
tel Liverpool,. qui elle jj 'a plus quitté de la
soirée.
Sa Majesté recevra aujourd'hui la. vi-
site de S- A. S. le princede Monaco.
S. A. R. L'INFANT DOM AFFONSO
Mgr le duc de Porto; après avoir' dé-
jeuné chez sa mère, est sorti, avec son
aide de camp pour assister aux courses
d'Auteuil.
La veille, Son Altesse Royale, accom-
pagnée du comte de Penha-Lqnga et du
comte et de la comtesse de Jimenez de
Molina, s'était rendue à" Bonnelles chez
Mme la duchesse d'Uzès née Morte- 1
mart.
Après le déjeuner, l'infant dom Affonso
a suivi la chasse à courre en voiture.
De retour au château par un très beau
clair de lune, il a pris part au goûter et est
revenu à l'hôtel Liverpool en automobile
avec les mêmes personnes qui l'avaient
accompagné 4 l'aller.
Ferrari.
LcJ^pnSe § fa Wfe
SALONS
M. Henry Méring a donné avant-hier,.
dans ses salons de la rue du Colisée, une bril-
lante matinée musicale.
L'élégante assistance a chaleureusement
applaudi Mlles Roger et d'Elty, de l'Opéra,
puis Mme Magda Le Gofî,' qui de son admira-
ble voix a chanté en grande artiste l'air du
Freisc]nit\ et des mélodies de Massenet et
Gaston Paulin. •
Mme Marino Vagliarço a donné avant-
hier dans sa villa, à Cômpiègne, un dîner
suivi d'une sauterie et d'un souper servi par
petites tables. Parmi les invités `
Comtes et comtesses Carl Costa de Beauregard,
Pierre de Segonzac, d'Hautpoul, MM. et Mmes
Delagarde, R. Fournier-Sarlovèze, Pépin Lehal-
leur, François et Marc Froment-Meuriee, Outrey;
Mlle Coronio, Mmes John Balli, lient? de JPojano,
Clouet, Sairs, Vlasto; comtesse Durand de Beau-
regard, Mme et Mlle A. Vagrliano, comtes J. de La
Salle, de Bernis, Albert '.de Bortier de Sauvigny,
baron de Bercllheim, etc. ̃
»r
RENSEIGNEMENTS MONDAINS
Le prince et la princesse Nicolas de
Grèce ont quitté avant- hier Paris pour se ren->
dre à Venise où ils s'emb.ârquerofit avec leur
père et beau-père ̃ le roi des Hellènes pour
retourner à Athènes.
Leurs Altesses Royales ont, été saluées à
leur départ par la ministre de Grèce et Mme
Delyanni, la grande-duchesse Vladimir et le
grand-duc Boris Vladimirovitch.
Mme Emma Sandrini, la charmante pre-
miére danseuse de l'Opéra, ouvrira aux pre-
miers jours de janvier, 7, rue Moncev, un
cours de danse pour les jeunes filles du monde
et un cours spécial pour les enfants. Dans un
vaste local fort élégamment aménagé, Mme
Sandrini donnera aussi ses leçons et cours de
danse de théâtre, de danses anciennes, etc.,
etc. Déjà de nombreuses inscriptions ont été,
faites pour ce cours qui promet d'être un des
plus suivis.
La grande-duchesse Vladimir et son.fils
le grand-duc Boris Vladimirowitch sont arri-
vés hier soir à Cannes.
DEUIL
La duchesse de La Rochefoucauld est
frappée d'un grand deuil par la mort de M.
Mitchell, sénateur des Etats-Unis, décédé su-
bitement à Portland, dans l'Orégon.
Nous apprenons la mort: De la. vi-
comtesse Gabriel de Varax, née de Sampigny,
décédée en son château de la Forest de Viry
(Allier), à l'âge de trente et un ans.
̃̃ ̃•̃- ̃ Ferrari.
̃ï'iA.A.trTEU'IL
II faisait un temps délicieusement clair et
gai hier à Auteuil un rayon de soleil ayant
dissipé les brouillards de décembre, le pesage
du charmant champ de courses offrait un
aspect brillant et animé. Le public, plus nom-
breux.qu'à l'ordinaire, avait voulu profiter de
cette dernière réunion de dimanche, et les
femmes très élégantes formaient autour des
braseros.des groupes très pittoresques par un
chatoyant assemblage de toilettes de tons
chauds et variées. On reconnaissait parmi les
fidèles habituées
Duchesse de Morny, en velours noir, toque de
velours avec aigrettes de plumes blanches; Mme
Henri Lstellier, très élégante en drap noir, ja-
quette courte en broitscliwanz, toque de style en
taupe, avec do côté une toutfe d'aigrettes taupe;
Mme de' Guiroye, jupe et redingote longue en
velours noir, grand feutre blanc avec panacho
de plumes de coq vert et bronze comtesse G. de
Cheriséy, Mme F. Debenham, costume' en velours
vert, jaquette courte et vague en loutre, toque
en feutre blanc enguirlandé de rosés bronze ,ot
rouille, aigrette marron sur le côté Mme Arch-
deacon, en drap vert-tilleul, jaquette de loutre,
grand chapeau gris à plumes grises Mme J.
Stern, comtesse Zogheb, en liberty violet-évêque,
toque de même teinte; Mme Seminario en
drap bleu, jaquette do loutre, chapeau de
velours noir à plumes blanches; comtesse J.
Lepic, en drap gris-perle, jaquette de lou-
tre, grand chapeau de velours noir et plumes
noires princesse d'Isenburg-, en drap gris clair,
boléro de chinchilla, toque en velours violet
et plumes de même teinte Mme C. Stuart, en
drap et velours noir, grand paletot de loutre,
capeline de feutre prune avec rubans bronze
vert; Mme A. de Gournay, Mme Petit-Delchet,
Mlle M. Sée, etc., etc.
ÉLECTION LÉGISLATIVE
̃̃ • '̃•-•'RHONE' ̃ ̃•̃"̃ ̃̃:
Lyon (Se circonscription)
Inscrits 7,845. Votants 5,006.
MM. Victor Fort, soc. indèp/ 2.506 ÉLU
Mouttet, socialiste unifié. 1.869
Ecochard, progressiste. 596
Il s'agissait de remplacer M. Augagneur, de-
venu gouverneur général de Madagascar. M. Au-
feafrneur, socialiste, avait été élu, le 6 novembre
1,904, sans concurrent, par 4,237 voix sur 4,(ÎS8 vo-
tants, en remplacement de M. Kraiiss. décodé.
M. Krauss, également socialiste, avait été élu par
3,780 voix aux élections générales de 1002.
Les Événements de Russie
TOUJOURS LA GRÈVE
(De notre envoyé spécial)
Saint-Pétersbourg, 5 décembre.
L'idée qu'on se faisait.' d'une petite
grève de quatre ou cinq jours celle de
la plupart des innocents que les me-
neurs ont embarqués dans cette galère
va-t-elle prévaloir? On l'espère!
On espère que demain, jour de paye,
la masse du contingent postier et télé-
graphiste reprendra son service après
avoir fait au pouvoir et au public cette
gaminerie et cette offense.
Les meneurs ne désarment pas. Ils
tiennent à leur programme la capitula-
tion d'un gouvernement qui. que.
Voici ce qu'ils publient ce matin, pour
répondre aux appels que la direction des
postes adressait hier aux gens .de bonne
volonté, lesquels ont travaillé en assez
grand nombre toute la nuit, et non sans
un certain courage, à trier les lettres,
imprimés et journaux:
Citoyens! 1
De quel nom faut-il qualifier ces ennemis
de la grève, ces rots, ces vils rais qui font
tout leur possible pour empêcher nos justee
rèvendications d'aboutir ?
Ils viennent en aide au gouvernement, à
cette autocratie pourrie qui ne connaît pour
se défendre que la bande noire et la nagaïka
des cosaques.
Que devons-nous faire pour punir ces au-
teurs d'un véritable crime politique ?.
Immoraux, déshonnêtés. il faut que leurs
noms soient connus et voués à l'opprobre
Il faut que ces indignes soient boycottés 1
Que personne ne leur tende la main
Il y a parmi eux des étudiants: qu'ils soient
punis par leurs camarades Etc.
Hier soir, on a pu voir circuler 'des
voitures de la poste les unes étaient
escortées; les autres, conduites par un
simple cocher militaire, n'avaient même
pas de convoyeur. Aucun accident.
L'agitation est plus sensible autour du
bureau central. Les dames et demoi-
selles, presque à l'unanimité, et les deux
tiers -des- hommes veulent reprendre le
service, mais n'osent pas. Ils ont peur
des coups et des menaces de Moscou,
car Moscou menace quiconque enfrein-
fivii les décretsde son Comité central.
Les télégraphistes se font inscrira en
assez grand nombre pour reprendre le
.travail, eux aussi. Mais c'est toujours
Moscou qui les gêne, On les inscrit sans
leur donner rien à faire, provisoire-
ment.
D'autre part, le préfet de Pétersbourg
a fait afficher ce matin un règlement qui
interdit à défaut de lois sur la ma-
tière de porter atteinte à la liberté du
travail, sous peine de 500 roubles d'a-
mende ou de trois mois de prison. Les
grévistes de tout ordre, que vise cette
affiche blanche, ouvrent des yeux éton-
nés. Ils se déclarent très surpris qu'on
ose ainsi les empêcher de faire ce
qu'ils appellent « de la propagande». Ils
s'imaginent évidemment que les droits
qui leur ont été concédés ne comportent
pas de contre-partie. Toute résistance,à à
leur tyrannie leur parait une'offense à la
liberté dont l'Empereur vient de leur
faire don.
Nous sommes toujours sans lettres.
Seuls les banquiers et les gros négociants
qui ont une boîte à la poste centrale ont
été mis aujourd'hui en possession de
leur courrier, et encore du seul courrier
arrivé cette nuit. Tous les autres sont en
plan, soit ici, soit en route, soit a Wir-
ballen. Sans doute les équipes d'ambu-'
lants constituées avec des .éléments mili-
taires vont les acheminer peu à peu jus-
qu'à Saint-Pétersbourg. Mais que ce sera
long!
Et qui les distribuera?
Le troupier russe ne sait pas lire. Il
ferait donc un mauvais potchtillion. Là
est le gros inconvénient le tri est chose
plusaisée, avec les volotaireset'ceux des'
employés qui ont recommencé à tra-
vailler.
Avec Moscou, les communications té-
léphoniques ont été rétablies. C'est ici un
jeu de .cache-cache délicieux! Une nuit
le téléphone est coupé, l'autre nuit on le
raccommode. Le lendemain, les demoi-
selles s'en vont à la maison des sapeurs
les remplacent. Puis les demoiselles re-
viennent les sapeurs s'en retournent à
la caserne c'est le tour des électriciens
de brouiller les réseaux pour faire une
farce aimable à l'administration. On voit
qu'on est. dans un pays encore jeune
pour la libciHé, quoique vjeux sous tant
de rapports
Toujours à Moscou, le préfet de police
demande qu'on le relève de ses fonctions.
Il ne se sent pas de force à tenir tête aux
événements.
Les typographes moscovites ont été
réunis par leur Syndicat, qui leur a pro-
̃posé de se mettre en grève une fois de
plus.
À quoi les typographes ont faif'cette
réponse (elle est intéressante à retenir
pour les gens qui cherchent à se rensei-
gner)
Pas de petites grèves économi-
ques (sic) à présent. Ce serait user nos
forces. Gardons-les pour la gigantesque
grève générale politique (sic) qu'il» sera
nécessaire de déclarer bientôt
A Moscou encore, les social-démo-
crates, socialistes -révolutionnaires et
quelques constitutionnels-démocrates se
sont réunis pour voter un blâme- aux
modérés des Zemstvos et d'ailleurs. « Ce
qu'il nous faut à bref délai, ont dit les
divers orateurs, c'est la révolte armée,
avec la république démocratique. »
La Douma de la Ville sainte a voté
10,000 roubles qui seront distribués aux
soldats restés fidèles, dont la conduite a
été méritoire à Sébastopol.
A Péterebourg le premier train de Sé-
bastopol est arrivé hier te premier,
depuis les événements ¡
Le communiqué de M. Witte, dont'j'ai
télégraphié tout à l'heure un résumé, de-
vrait mettre tout le monde d'accord. Il
est tardif, comme toujours en ce pays,
mais clair.
Il demande qu'on ne s'impatiente pas
il dit que si la liberté a été donnée, ce
n'est pas pour qu'on la reprenne, que ce
qui a été promis sur parole sera écrit,
mais qu'on n'a pas eu trop de temps jus-
qu'ici pour s'occuper des troubles et de
ceux qui les fomentent. Autrement ce
serait chose faite.
En attendantla Douma, des lois tran-
sitoires vont être promulguées, sur la
presse, sur les associations, sur le droit
de suffrage. Plus tard la Douma les rec-
tifiera si elle le juge à propos. Qu'on
prenne encore un peu de patience le
grand travail préparatoire que nécessite
le nouvel état de choses sera prêt dans
une douzaine de jours.
C'est en quelque sorte, point par point,
la satisfaction donnée aux réclamations
que j'ai si souvent enregistrées ici depuis
un grand mois. Il n'y a plus, je pense, a
douter à présent, et ce dernier crédit ne
sera pas, cspérons-lo, au-dessus des
moyens du libéralisme russe le plus
jaloux.
Une note officielle dit que les malades
sont, en chiffre rond, LJ5,000 à l'armée
de Mandchourie, qu'on ne peut expédier
de .Kharbine qu'un train sanitaire par
jour, soit 6,000 hommes par mois," Il
faut donc compter quatre grands mois
pour le rapatriement de ces 25,000 ma-
lades. Et alors leur nombre se sera en-
core accru: c'est inévitable.
Quant aux valides, le gouvernement
ne se désintéresse pas de leur sort, car
d'actifs pourparlers étaient entamés avec
le Lloyd de Brème, lorsque la crise télé-
graphique est survenue, pour assurer
l'évacuation de gros contingents par
Vladivostok:
Ce qui domine toutes ces tristesses
les Russes n'ont pas l'air de le compren-
dre, hélas! c'est une crise économique
dont les effets commencent à se faire
sentir; elle s'avance à grands pas.
Pense-t-on, au surplus, que de pareilles
secousses puissent être infligées à un
pays comme celui-ci, op l'Etat est tout,
sans que le contre-coup en apparaisse
vite dans les affaires, dès que l'Etat os-
cille'sur sa" base?
On voit -je crois t'avoir déjà dit, mais
il est bon de le rénétfir- des Russes
commerçants qui, 3e farouches liber-
Dick.
taires qu'ils étaient, sont déjà devenus
ce que nous appellerions en France des
bourgeois' conservateurs, conserva-
teurs de ce qu'ils attendent, bien entendu,
c'est-à-dire du tsarisme libéral.
La crise économique leur a ouvert les
yeux sur les dangers de la politicomanie.
Les échéances souffrent; les petites
faillites sont nombreuses; les grosses
ont commencé à défiler. L'autre semaine
on en a compté deux énormes ici.
Evidemment, le rôle des révolution-
naires internationalistes est de conduire
ce pays à la ruine. Mais ce n'est pas le
rôle des Russes de bon sens et il y en
a- de leur emboîter le pas.
Ceux-là n'ont plus chance d'enrayer
des catastrophes qu'en s'unjssant sur le
terrain du loyalisme libéral.
Hors de là, il semble qu'on ne puisse en-
trevoir de salut. Les Russes avisés com-
mencent à le comprendre. Sauront-ils se
grouper, fonder un grand parti natio-
nal,;celui du tsarisme amendé, moder-
nisé, large de vues, ardent aux réformes
de -la marine, de l'armére, sans parier'du
reste Voilà ce qu'il faut se demander.
MaisJe salut n'est que là,' dans la sec-
tion immédiate de la queue révolution-
naire.
-Pierre Giffard.
̃LA SITUATION .̃
Les actions du comte Witte sont évi-
demment en baisse. On le dit fort mal
èrj Coùr,'et les 'journaux lui sont en ma-
jorité hostiles. On parle toujours de
tiraillements dans son propre ministère
et Ton- recommence à faire courir le
bruit d'une dictature du comte Ignatieff.
Ce qui est certain, c'est que l'on se dé-
cide agir contre les grévistes. Notre
envoyé. spécial nous télégraphie
Saint-PétersbcHirs:, 9 décembre,
via Bydtkuhnen.
La cavalerie et l'infanterie ont cerné au-
jourd'hui le local du Conseil des délégués
ouvriers et de l'Union des ouvriers typogra-
phes et ont arrêté M. Kroustalew, président
du Conseil des délégués ouvriers.
On croit que d'autres arrestations ont été
faites. Personne' ne peut plus sortir de la
maison.
'Une petite émeute a éclaté autour de la
poste centrale. Un groupe de grévistes voulait
empêcher l'entrée des employés volontaires
l'un de ces derniers a tiré'un coup de revolver
et a été tué d'un coup dé poignard. La police
accourut. Elle fut accueillie à. coups de revol-
ver. Un agent et deux facteurs ont été tués.
La grève continue. La poste marche à moi-
tié, c'est-à-dire sans facteurs ni levées des
boites urbaines, ni bureaux de quartier.
Tout le Central paraît fonctionner. Quant au
télégraphe, la situation empire. Tous les em-
ployés masculins ont disparu, et au guichet
principal trône aujourd'hui mon amie, ladame
fidèle a l'Empereur, avec ses deux aides. Je
lui demande avec intérêt comment elle fait
parvenir les dépêches. ̃;
Par Je train, m'a-t-olle répondu avec mé-
làncbjie. -Pierre Giffard.
0$ télégraphie en^ outre qu'en Fin-
lande les grévistes du;télégraphe ont été,
avisés. par ordre de M. Dournovo, mi-
nistre de l'intérieur, qu'ils seraient révo-
qués s'ils n'avaient pas repris leur ser-
vice .aujourd'hui à midi. Malgré cette
menace, aucun n'est rentré.
A Grodno, les agents .de police se sont
mis en grève.
A Kexholm, deux compagnies d'infan-
terie se sont mutinées.
ARiazan, des soldats d'infanterie ont
parcouru les rues en cortège avec des
drapeaux rouges et ont adressé à leurs
colonels une pétition demandant l'amé-.
̃lioration de l'ordinaire et de l'habille-
ment. • ̃• >
4 l'Etranger
~A."È 1-
Le nouveau ministère anglais
Le ministère libéral est constitué en
Angleterre: l'opinion publique française
lui doit un salut de sympathie, une
confiante bienvenue. Quelques person-
nes, ici, redoutaient le changement qui
vient de se produire chez nos voisins.
Elles se demandaient si le gouvernement
libéral pratiquerait l'« entente cordiale »
dans le même esprit que le gouver-
nement conservateur..Ces craintes se
fondaient sur ce que la politique libé-
rale anglaise a, d'ordinaire, moins de
décision et plus de réserve que la poli-
tique conservatrice. En Angleterre, ce
sont les conservateurs qui entreprennent t
et les libéraux quiconservent.
Telles sont du moins les traditions et
telles sont les données de l'histoire. La
classe bourgeoise, où le parti libéral re-
crute ses adhérents de marque et la plu-
part de ses chefs, place la prudence au
premier rang des vertus et n'aime pas
risquer ou simplement déplacer son cen-
tre de gravité qui est lourd. Et je songe,
en écrivant ceci, qu'aux temps lointains
de la querelle' entre Fox, qui était un gros
homme, et Pitt, qui était d'essence moins
massive, il y avait une plaisanterie
conservatrice un peu grasse pour définir
tout gouvernement libéral « une ad-
ministration aux assises larges ». Je ne
puis me permettre de traduire littérale-
ment, car il faudrait l'audace de Shak-
speare, et je ne suis pas là pour vous
raconter le Songe d'une nuit d'été.
Mais le parti libéral d'à présent est un
parti tout pénétré d'esprit nouveau. Il
renferme des éléments jeunes, ardents,
patriotes qu'on a qualifiés quelquefois
d' « impérialistes ». La guerre du Trans-
vaal a permis de discerner, parmi les li-
béraux anglais, cette tendance heureuse
pour la vitalité du parti etpqurlagrandeur
de l'Angleterre. Cette nuance du parti li-
béral est représentée, d'une manière im-
portante et éminente, dans le nouveau mi-
nistère. anglais. Certes, le. départ de lord
Lansdowne ne nous laisse pas indiffé-
rents. On pourrait difficilement oublier
'ici le nom. de cet homme d'Etat qui a
révélé, au Foreign Office, des dons si
remarquables etqui fut, pour notre pays,
,un ami loyal et sûr. Mais, dans ces der-
niers temps,, les déclarations publiques
des principaux membres du parti libé-
ral ont montré qu'ils voyaient, comme
lord Lansdowne, dans l' « entente corr
diale » avec la France, le véritable et du-
rable intérêt de l'Angleterre!
Sir Edward Grey dont on relira plus
loin un tout récent discours déclarait
que cette entente est l'un des « points
cardinaux » de la politique anglaise et
que le parti libéral n'y changerait rien.
Mêmes affirmations,peu de temps après,
de M. John Morley, dont le tempé-
rament et la nature d'esprit ne res-
semblent guère à ceux de sir Edward
Grey. Et lord Rosebery lui-même, qui
n'a pas été toujours très tendre avec
nous, parlant il y aquelqùes jours à peine,
disait qu'il aimait tous les peuples,,
mais que, s'il était oblige de choisir entre
les Français et les Allemands, sa préfé-
rence irait aux premiers. Pour que lord
Rosebery, l'ami intime des Bismarck, ait
laissé passer une occasion cette occa-
sion -de marquer son originalité et son
goût pour la dissidence, il faut que l'opi-
nion générale de l'Angleterre ne per-
mette pas la fantaisie sur cette question
essentielle,
Le portefeuille des affaires étrangères,
dans le nouveau cabinet, échoit sir
Edward Grey l'un de ces libéraux
nouveau style dont je parlais tout à
l'heure. Sir Edward Grey est un homme
jeune encore qui a déjà une belle car-
rière et à qui peut revenir un jour la di-
rection du parti. Le successeur de lord
Lansdowqfe fut sous-secrétaired'Etat aux
affaires étrangères sous lord Rosebery.
La France ne se dégageait pas encore
dès excès de la politique coloniale et
noirs avons eu affaire, en une ou deux
rencontres très délicates, à sir Edward
Grey. Il s'y montra très Anglais et c'est
une raison de plus pour que nous ayons
foi dans la vue très haute qu'il a du rôle
mondial 'de §a .patrie..
Sir Edward. Grey sait ce qu'il-veut et
l'exprime clairement. Dès ses débuts
dans la vie politique, il, attirait l'attention
par son talent précis; son esprit nct'et
cette maturité précoce qui fait que l'An-
gleterre accorde vite et généreusement le
crédit et l'autorité à ses jeunes parle-
mentaires. Elle n'a jamais rien perdu à
placer sa confiance en des chefs qui
n'aient pas encore usé leur énergie et
leur volonté. Sir Edward Grey arrive
aux affaires en un- moment où ce' n'est
pas l'occasion qui -se dérobe à la valeur
des hommes.
Eugène Lautiei.
DERNIÈRES NOUVELLES
Service spécial du "Figaro";
Les prix Nobel ̃
Christiania, 10 .décembre.
La distribution, des .prix- Nobel a cu lieu
aajourd'hui à Christiania, avec un éclat inac-
coutumé. C'était en effet la première céré-
monie non politique qui se célébrait dans la
capitale de la Norvège depuis l'avènement de
Hakon VII, et le jeune roi l'a présidée avec
la Reine, entouré des ministres, des mem-
bres du Storthing et de tout le corps diplo-
matique.
C'est M. Lœvland, ministre des affaires
étrangères, qui a lu le palmarès, qu'il a fait
précéder d'un discours dans lequel il a rap-
pelé l'œiivro de Nobel et fait des vœux pour
que les idées qui ont inspiré sa généreuse
fondation restent en honneur.
Voici'quels sont cette année les bénéficiai-
res du prix Nobel
Le prix pour la paix est attribué à Mme
Bertha de Suttner;
Le prix pour la médecine, au professeur
Robert Koch, pour ses travaux et ses décou-
dertes concernant la tuberculose
Les prix pour la physique au professeur
Lenard, de Kiel, pour ses travaux sur les
rayons cathodiques
Le prix pour la chimie, au professeur von
Baeyer, de Munich, pour ses recherches sur
l'indigo et le triphenyl méthaue
Le prix de littérature, à M. Henryk Sien-
kiewiez. ̃'
Nouvelles saintes
Rome, 10 décembre.
Ce matin, Pie X,. a présidé une cérémonie
politico-religieuse concernant spécialement la
France. Il s'agissait de la prochaine béatifi-
cation des religieuses françaises de Com-
piègne qui furent massacrées à l'époque de la
Terreur.
L'on n'avait pas encore dit si les victimes
de Révolutions pouvaient être considérées
comme mart5Ts, parce qu'on craignait d'en
avoir trop aujourd'hui, la Congrégation des
Rites s'est prononcée dans le sens affirmatif,
et sans doute la politique n'a pas été étran-
gère à cette décision. La cérémonie d'anjour-
d'hui peut être considérée comme une pre-
mière réponse du Pape à la politique antire-
ligicuse de la France. Félix II. v
Le ministère espagnol
Madrid, 10 décembre.
Le ministère est à peine constitué et l'on
parle déjà de sa chute. Des bruits de crise
ont couru cet après-midi, et l'on attend avec
impatience la fin d'un Conseil qui a lieu
ce soir.
Le Trans-Alaska-Sibérien
Ëydtkuhnen, 10 décembre.
LeTrans-Alaska-Sibérien, d'après le projet
Loïcti de Lobel, yjent d'être approuvé par la
Russie. Le gouvernement a nommé une Com-
mission pour établir un cahier des charges.
Un incident à Shanghai
Shanghaï, 10 décembre.
Des efforts tentés par les autorités chi-
noises pour accroitre leur influence dans la
ville européenne ont occasionné un incident
désagréable au Tribunal mixte. Vendredi der-
nier, l'assesseur anglais, se conformanf aux
instructions récemment données par le corps
consulaire, ordonnait il la police de conduire
à la prison municipale deux femmes dont le
jugement était renvoyé à huitaine. Le juge
chinois enjoignit au contraire de les incar-
cérer à la prison chinoise et ses coureurs
attaquèrent les agents de police. Ceux-ci ri-
postèrent et exécutèrent les ordres de l'asses-
seur anglais en dépit des menaces du second
juge qui les invitait à se souvenir qu'ils
étaient Chinois et non pas étrangers.
Une grande effervescence règne parmi les
résidants chinois, qui tiennent des réunions.
Ils ont menacé de mettre à l'index tous les
étrangers, si l'assesseur anglais n'est pas dé-
placé. et si les inspecteurs de, police ne sont
pas congédiés. ̃
L'Amérique du Sud
DANS L'ARGENTINE
Buenos-Airës, 10 décembre.
La santé du général Mitre occupe toujours
l'attention publique. Son fils aîné, M. Emilio
Mitre, répondait, au commencement de la
maladie de son illustre père, à tous les télé-
grammes d'Europe et' d'Amérique. mais il en
est venu une telle quantité qu'il s'est vu forcé
de ne' répondre .qu'à ceux des chefs d'Etat.
Les présidents do l'Uruguay, du Chili, du
Brésil, du Paraguay, du Pérou s'informent
continuellement de la santé de l'éminent his-
torien et homme d'Etat-
Ses forces diminuent peu à peu. Dans la
rue San-Martin où est sa vieille et modeste
maison, do .nombreux groupes attendent pour
lire le bulletin desanté 'qu'on affiche sur une
ardoise a sa porte/ Sur -le registre d'inscrip-
tions, les signatures sont déjà incalculables.
Tout le corps diplomatique et consulaire est
allé s'inscrire.
Le président Quintana s'est installé à Bel-
grano pour passer l'été, à ,l
vicb.
Le, président Quintana a reçu une proposi-
tion qui, bien que sous une forme singulière,
démontre quel est le prestige de la colonisa-
tion du pays à l'extérieur. La communica-
tion est datée de Boada, Salamanca (Espa-
gne), et signée par M. Emilio Regidor, secré-
taire de la municipalité. Il y est dit, entre
autres choses, que le village en entier, avec
tous les corps de métier qui s'y trouvent,, par-
tira pour l'Argentine si on leur donne le pas-
sage gratuit. Le ministre de l'agriculture a
répondu affirmativement. G. «
DANS L'URUGUAY
Montevideo, 10 décembre. V
A la suite de la conversion de la Dette in-
térieure 6 0/0 en extérieure 5 0/0 par (les
banquiers français, d'autres capitaux du mar-
ché de Paris sont arrivés pour être placés
dans différentes entreprises du pays. Le nou-
veau port de La Paloma, dans le départe-
ment de Rocha. presque à l'entrée de l'estuaire
du Rio de la Plata, est décidé. Toutes les for-
ces économiques du pays se développent au
milieu d'une ère de tranquillité as.surée. E.
AU PARAGUAY
Asuncion, 10 décembre.
Le Congrès paraguayen a voté la déposition
du président Gauna, et a nommé à sa place
le docteur Baez.
Tout est tranquille dans la République.– A,
Figaro à Londres
(Service spécial do notre bureau de Londres, 8,Kew Co/entryStr, W),
̃
LE MINISTÈRE CAMPBELL BANNERMAN
Londres, 10 décembre.
Le ministère libéral est constitué. En voici
la composition officielle, telle qu'elle a été
approuvée ce soir par le Roi
Premier ministre, premier lord de la TréSQ?
rerie sir Henry Campbell Bannermanj
Lord chancelier sir Robert Reid;
Chancelier' de l'Echiquier M. Àsquith
Intérieur M. Herbert Gladstone
Affaires étrangères sir Edward Gray;
Colonies comte Elgin
Guerre M. Haldane;
Secrétaire pour l'Inde M. John Morley.
Premier lord de l'Amirauté lQrd-ïwçad-
mouth
Président du Board of Trade M.. Lloyd
George
Président du Local Government Board
M. John Burns;
Secrétaire pour l'Ecosse M. John Sinclair;
Agriculture comte Carrington;
Postmastcr général M. Sidnev Bux.ton-f*1'
Secrétaire pour l'Irlande M. Bryce";
Président du Conseil: comte Cre'we
Lord du Sceauprivé: marquis de Ripon;
Ministre de l'Instruction publique M. Bir-
ril
Chancelier du duché de Lancaster: sir Henry
Fowler.
Cette liste contient beaucoup de noms nou-
veaux, ou du moins de noms qui n'ont jamais
figuré dans aucun ministère. 11 y a, on effet,
dix ans que les libéraux ont perdu le pou-
voir, et les rangs se sont clairsemés des an-
ciens collaborateurs de Gladstone restés dans
le cabinet Rosebery, oui vit la défaite du
parti libéral' en 1895. 'lrois sont morts sir
William Harcourt, lord Kimberley et lord
Herschell; quatre se sont retirés do la poli-
tique active sir George Trevelyan, M, Shaw-
Lefevre, M. Arthur Acland et lord Arnold
Morley et lord Spencer, leader du parti à la
Chambre des lords est trop vieux, trop malade
maintenant pour assumer la charge du pou-
voir.
Deux même do ceux qui n'ont pas cru de-
voir refuser leur concours à sir Henry Camp-
bell Bannerman n'ont accepté que des siné-
cures. LordRipon, qui a soixante-dix-huit ans,
et qui fut ministre des colonies, est lord du
Sceau privé, et sir Henry Fowler, qui en a
soixante-quinze, est chancelier du duché do
Lancastre, fonctions qui leur donnent seule-
ment le droit de faire bénéficier do leur lon-
gue expérience leurs collègues du cabinet.
Le plus en vue des nouveaux ministres,
celui qui nous intéresse le plus, sir Edward
Grey, est encore jeune. Il n'a que quarante-
trois ans. Il a été de, 1893 à 1895, squ3-seçrJ7.
""taire" d'Etat" "au 'Tdrëïgn Office soiîs "lord Ro-
sebery et lord Kimborley. Jamais choix ne
fut plus unanimerilérit- ratifié par l'opinion.
C'est que l'on est assuré que sir Edward
Grey continuera la politique vraiment natio-
nale de lord Lansdowno et nous en avons la
garantie dans ses propres déclarations. Voici,
en effet, comment il s'exprimait, lo 20, octo-
bre dernier, dans un discours pronoricé-à-un
banquet de l'Association libérale do la Cité da
Londres
« On fait circuler, dans certains milieux, le v
bruit qu'un' changement do' gouvernement''
amènerait un changement dans la politique.,
étrangère de la Grande-Bretagne. Il n'y arieiv
de fondé dans cette affirmation.
» Il y a trois points cardinaux dans la poli-
tique étrangère anglaise. Ce sont: 1° l'amitié
avec les Etats-Unis 2» l'alliance avec le Ja-
pon 30 l'accord avec la Franco. Il n'y a au-
cun de ces points que le parti libéral désira ̃
voir changer.
» Il est cependant à souhaiter que la situa-
tion de la Russie se rétablisse dans les cqn-,
seils de l'Europe. Je ne peux pas mentionner
la Russie sans parler aussi de l'Allemagne. La
condition de toute améliorationdans les rela-
tions publiques entre l'Allemagne et l'An-
glctcrre c'est que tes relations de l'Allenia- •'
gne et de la France soient bonnes et équita-
bles. >r • ̃
M. Asquith, chaneelier -de l'Echiquier, est
avec sir Edward Grey, dont il est l'ami, l'un.
des personnages les plus importants du cabi-
net.Il a cinquante-trois ans et à été ministre
de l'intérieur dattsrlâ dernière administration1
libérale. Orateur 'ôléga'nf,' il est désigné pour
prendre la direction "du "p'arti libéral auxCom-
munes lorsque sir Henry Campbell Bnnner-
ntan croira le moment venu de passer à la
Chambre des lords.
Le nouveau ministre de l'intérieur, M. Her-
bert Gladstone, est le fils aîné du Grand Old-
Man. Il est pour là première fois minisire.
Sous le dernier ministère de son père, dont il'
avait été d'abord le secrétaire particulier, ii
avait été sous-secrétaire d'Etat h l'intérieur, et
lord Rosebery l'avait fait premier commis-
saire aux travaux publics, mais sans lui don-
ner un siège dans le cabinet.
Sir Robert Reid, lord chancelier, est,comni3
il convient, un légiste éminent, et lord Elgin,
ministre des colonies, s'est distingué dans la
vice-royauté de l'Inde qui est presque hère-
ditaire dans la famille.
L'Amirauté échoit à lord Tweedmoiith.qui
fut lord du Sceau privé, dans le ministère
Rosebery et le ministre delà guerre, M. liai-
dane, est aussi un légiste.
Le 'ministère 'dë'TInde est donné à un
homme éminent' M. John Morley, le disciple
fidèle, le biographe' de Gladstone, écrivain de
premier ordre, orateur fécond, cloquent j
qui fut secrétaire d'Etat pour l'Irlande et
qu'un radicalisme trop. tranché et son amour,
de l'étude et du .travail ont. seuls .empêché
de tirer de la pplitique tous les avantages
qu'il avait le droit d'en attendre.
Le ministère du commerce est donné à M.
Lloyd George, C'est'une des figures les' plu»
intéressantes du cabinet où il fait ses débuts.
M. Lloyd George est un des meilleurs ora-
teurs du parti libéràl et, ce qui vaut mieux,
un de ses plus habiles politiciens. Il est éner-
gique, éloquent, d'opinions très avancées,
mais d'esprit très ouvert. On le comparerait
volontiers à M. Millerand qui, coïncidence
curieuse, fut comme lui ministre du cora*
meree, ̃
VIENT DE PARAITRE V
Le Monde moderne de Noël est le plus
beau et le plus intéressant spécimen de re.
vue illustrée de la famille existant en
France. Jolies illustrations, textes intéres-
sants, un roman complet tout à. fait déli-
cieux, 180 pages compactes de texte et
d'illustrations représentant la matière .de,
dix francs de livres pour i fr. 50, de fort
jolies primes remboursant l'abonnement.
Il faut voir le Monde moderne et s'y aboa-"
ner.LibraineFélixJuven.ns.rueReàurnur.
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