Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1904-06-29
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 juin 1904 29 juin 1904
Description : 1904/06/29 (Numéro 181). 1904/06/29 (Numéro 181).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k286658k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
fce Numéro quotidien^ SEINE & SE/~E-ET-O~SE t 75 centimes = DEPARTEMENTS
50e Année = 3e Série = N° 181
Mercredi 29 Juin 1904
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
H..DE VILLEMESSANT
Fondateur
ÇRÈDACTION ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9e Arr1)
POUR LA PUBLICITÉ
S'ADRESSER, 26, RUE DROUOT
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de France et d'Algérie.
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant dès sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais). <
S O M M A I R E
Maisons célèbres HENRY ROUJON.
Gloria victis André Beadnier.
A l'Etranger Éh Allemagne Une manifesta-
tion pacifique Ignotus.
Figaro à Londres.
Ce que l'on dit de nous.
La Guerre russo-japonaise .André Nède.
Là fondation Rothschild pour l'hygiène sociale
̃ Edouard FUSTER.
Lés millions des Chartreux André Nancey.
La Chambre Lois sociales. La loi mili-
taire PAS-PERDUS.
Le Sénat >L' enseignement congréganisle A.
̃ Wampse.
FeuiHeton: Michel Ordioni: LORIOT-LECAU-
̃DEV.
Maisons ̃
célèbres
On nous menace d'une sortie des mo-
liôristes ils se préparent à envahir
Meudon.
Pourquoi Meudon plutôt que telle autre
place fortifiée?– Parce que leur zèle vient
d'y découvrir une villa Molière. Dire une
villa Béjart, serait plus prudent. Il est
exact que la veuve du grand comique
habita Meudon vers 1677. Molière était
mort depuis plus de trois ans. Après
l'avoir énormémenttrompé, tant avec des
marquis qu'avec les camarades de la
troupe, Armande voulut respirer l'air des
champs; Telle, Thérésa se, retira à As-
nières, mais sans avoir désespéré aucun
homme de génie. Quelques jours après
avoir' élu'cet asile .rustique,. Armande
Béjart se remaria avec Isaac-François
Guérin. Elle vécut vingt-trois ans à Men-
don et y rendit très heureux son second
époux. Nous ne l'en blâmons pas, mais
de là a classer parmi les monumentshis-
toriques le petit logis. de la rue des
P-ierres, il y a une nuance. .̃
Que viendrait faire l'ombre de Molière
dans' cet immeuble? Ni sa personne ni
son souvenir n'y habitèrent. Le molié-
risme ne peut pourtant pas s'étendre
jusqu'à Armande et François Guérin. Ce
sçrait pousser un peu loin l'idée de bloc.
L'oubli sied à ravir à la Béjart; ne le lui
refusons point.
̃̃' '̃ •̃" "•' ̃'
mettes, où l'âme du père de la littérature
revit tout entière. Ici, chaque pierre de
l'escalier, chaque tuile du vieux toit nous
parlent de génie. J'admire qu'on s'é-1
meuve si médiocrement- à l'idée de voir
disparaître l'ermitage de Mme. de Wa-
rens. Ils- sont pourtant' nombreux en-
core, ceux que trouble et ravit l'idylle
équivoque qui fut vécue entre ces
murs branlants. Je vois bien qu'on s'a-
dresse à l'Etat, lequel n'en peut mais.
Ainsi aime à procéder chez nous ce qui
s'appelle « l'initiative privée ». Lorsqu'elle
se mobilise, cette bienheureuse initia-
tive, c'est toujours pour aller voir un
ministreetrongerune tranche du budget.
Le soin et l'honneur de sauver la de-
meure où Jean-Jacques inventa un beau
reviennent à tous les soldats, maréchaux
ou conscrits, de l'armée des lettres, à
vous, à moi, à tout le monde, et aussi
aux gens de Chambéry. Il s'agit d'ailleurs
̃ d'un bien léger sacrifice. L'acquisition
de la précieuse bicoque n'atteindrait pas
le prix de trois coups de canon autour de
Port-Arthur.
Allons-nous recevoir une leçon de nos
voisi,ns les Suisses, qui revendiquent
plus que jamais la gloire de Rousseau
comme étant à eux? Le culte du philoso-
phe de Genève devient chez ses compa-
tri'otesune religion. -Une société vient de
se fonder là-bas pour établir des œuvres
de Jean-Jacques l'édition complète et dé-
finitive qui manque à la France. Diman-
che dernier, sur le lac de Bienne, les ad-
mirateurs suisses du poète des Confes-
sions se sont comptés autour de son
buste. On n'a pas entendu dire que la
littérature française ait envoyé là-bas le
moindre représentant. Nous avons ho-
noré de notre mieux, en ces derniers
jours, deux gloires inégales Monselet et
Napoléon. C'est à merveille, et cela té-
moigne de notre part de la plus heu-
reuse liberté d'esprit. Mais un souvenir
donné à Rousseau n'aurait nui ni au
vaincu de Belle-Alliance, ni à l'aimable
causeur de la Lorgnette littéraire!
..Cette île de Saint-Pierre est, avec les
Charmettes, le second lieu du monde où
Jean-Jacques ait pensé se plaire. Il ve- `
nait d'être expulsé du Val de Travers, et
quasi lapidé. Il fit choix, pour une,halte
dans, l'aventure, de cet îlot abandonné,
domaine de l'hôpital bernois..Messieurs
de Berne avaient plus ou moins promis de
l'y tolérer. Il s'établit là, pour reprendre
haleine et voir-venir. Au bout d'une se-
maine, ces, quelques arpents entourés
d'eau lui devinrent un univers. Il y bo-
tanisa avec volupté. Chaque jour, il go-
dillait de la grande à la petite île, prenant
soin de fréquemment atterrir, parce que
son chien n'aimait pas à naviguer. Il
songea à finir là son existence. « Je pre-
nais, dit-il, congé de mon siècle et de
nies contemporains, et je 'faisais mes
adieux au monde en me confinant dans
cette île pour le reste de mes jours.
Cette île allait devenir pour moi celle' de
Papimanie, ce bienheureux pays où l'on
dort. » Deux soucis le sollicitaient don-
ner aux Corses une Constitution digne
de ce nom, la méthode infaillible pour
devenir un peuple prospère et juste, cette
vraie recette du bonheur public dont les
grandes nations ne voulaient pas fonder à
l'îlot de Saint-Pierre une coloniedelapins.
Ilcommença parla seconde de ces entre-
prises. Chaque jour, des couples émi-
graient d'une île à l'autre dans le tablier.de
Thérèse-. Déjà les lapins pullulaient, bien-
tôt les Corses allaient jouir de nouvelles
lois de Minos, quand lesautorités bernoi-
ses, féroces comme tous les braves gens
qui ont peur, signifièrent au philosophe
un brutal congé. En vain offrit-il d'être re-
tenu en captivité sur son lac chéri. «J'en
vins àdésirer, avecuneardeurincroyable,
qu'au lieu de tolérer seulement mon habi-
tation dans cette île, on me la donnât pour
prison perpétuelle. » Messieurs dé Berne
furent inexorables. A l'entrée de l'hiver,
impotent, souffreteux, cachant ses mi-
sères physiques dans son costume d'Ar-
ménien et son désespoir sous sa superbe,
Jean-Jacques reprit son vagabondage. Il
avait eu à Saint-Pierre deux mois de
vacances, les seules de sa vie, depuis le
clos aux abeilles où Maman lui avait
enseigné l'amour et la pharmacopée. Ce-
pendant, M. de Voltaire, tout en don-
nant la comédie dans son château, riait
aux larmes de là dernière algarade du
« bâtard du chien de Diogène ». On
s'aimait déjà entre gens de lettres.
Nous avons réconcilié ces deux-là.
Ayant songé à Jean-Jacques, n'oublions
pas son intime ennemi. Après le devoir
de préserver les Charmettes, un autre
devoir nous sollicite, celui de sauver le
merveilleux château de Maisons-Laffitte
de la destruction qui le menacé: L'admi-
nistration des beaux-arts s'y emploie de
son mieux; mais, laissée à ses seules
ressources, elle risque d'échouer dans
son œuvre de salut. La somptueuse ha-
bitation des Longueil, chef-d'œuvre de
Mansart, est le type du monument histo-
rique, pour sa -beauté propre et pour
toute la gloire qu'elle a abritée.: Tour à
tour elle a vu Louis XIV, Louis XV et..
la du Barry, Marie-Antoinette, le maré-
chal Lannes et Napoléon. Laffitte y re-
cueillit Manuel et y conspira ayec Bé-
ranger. ̃.
Voltaire a failli y mourir.
En 1723, au lendemain dVEdipe
Arouet le jeune, en mal de la Henriade,
vint se. reposer chez son camarade de
jeunesse, le président de Maisons. C'é-
tait un magistrat latiniste- et physicien,
agronome à ses heures, qui se piquait de
bonnes lettres et-cultiva dans son parc
le premier café qui ait mûri en France.
Maisons aimait' Voltaire, et ce devait être
facile pour un homme d'esprit que d'ai-
mer Voltaire à trente ans. La petite vé-
rôle sévissait alors à Paris et aux envi-
rons.. TJn soir, Voltaire, se sentant pris
de malaise, se fit saigner le plus qu'il
put: Le lendemain, il dut s'aliter. On
manda un médecin, célèbre pour avoir
combattu la peste dans .le Gévaudan, M.
de Gervasi. ̃; .:̃. •̃ *•̃̃
.II craignait, écrit Voltaire au baron de
Breteuil, de s'engager, inutilement: à traiter
dans un corps délicat et faible une petite vé-
role déjà parvenue au1 second jour de l'érup-
tion. Il vint cependant, et me trouva avec
une' fièvre maligne, .11 eut. d'abord une fort
mauvaise opinion de ma maladie. On m'anr.
nonça en même temps que la curé de Maisons,
qui s'intéressait il ma santé et qui ne craignait
point la petite vérole, demandait s'il pouvait
me voir sans m'incommoder je le fis entrer
aussitôt, je me confessai, et je fis mon testa-
ment, qui, comme vous croyez' bien, ne fut
pas long. Après cela, j'attendis la mort avec
assez de tranquillité, non toutefois sans re-
gretter de n'avoir pas mis la dernière main à
mon poème et à Mariamne,- ni sans être un
peu fâche de quitter' mes amis de si bonne
heure.
M. de Gervasi, au chevet de son malade,
fit preuve d'un génie qui fait frémir. Il
lui ordonna huit fois de l'émétique et lui
infligea deux cents pintes de limonade.
Voltaire triompha en quelques jours de
la maladie et du médecin. Les tendres
soins de ses hôtes, M. et Mme de Mai-
sons, achevèrent la cure. Pour remer-
cier ses amis, le convalescent faillit
incendier leur demeure. Quelques heures
après son départ, le feu éclatait au châ-
teau, dans la chambre qu'il venait de
quitter. Voltaire, en apprenant le danger
qu'avait couru ce séjour des grâces et de
l'amitié, pensa se remettre au lit. Le pré-
sident, qui enfut quitte pour un dégât de
cent mille livres, prit la chose en grand
seigneur «Il mit le comble à ses bontés,
dit Voltaire, en me prévenant lui-même
par des lettres qui font bien voir qu'il
excelle par le cœur comme par l'esprit.
Il s'occupait du soin de me consoler et il
semblait que ce fût moi dont il eût brûlé
le château. »
Quant au médecin de Gervasi, illustré
par cette guérison non moins que par ses
exploits dans le Gévaudan, Voltaire, re-
connaissant, le gratifia d'une épître, du
style jésuite le plus lamentable et le plus
pur ̃
Dans Maisons cependant jevoyaismes beauxjours
Vers leurs derniers moments précipiter leur cours.
Déjà près de mon lit la mort inexorable
Avait levé sur moi sa faux épouvantable.
Le vieux nocher des morts à sa voix accourut.
C'en était fait; sa main tranchait ma destinée.
Mais tu lui dis: Arrête » et la mort étonnée
Iteconnut son vainqueur, frémit et disparut.
Aujourd'hui M. de Gervasi recevrait
un bronze de Barbedienne. Voltaire fai-
sait de son mieux, à la mode du temps.
Sa gratitude, pour s'exprimer en vers
regrettables, n'en était pas moins sin-
cère. Il savait un gré infini à son sauveur
de l'avoir mis à même de terminer Ma-
riamne et de revoir Mlle de Livri. Cette
jeune personne, qui était au théâtre, avait
reçu d'Arouet quelques leçons de décla-
mation. Si nous 'en: croyons certains ma-
drigaux, d'une hardiesse cordiale, ces le-
çons auraient permis au professeur d'ac-
quérir sur l'anatomie de son élève des
notions intimes et précises. Le poète,
tout en buvant ses deux cents pintes/de
limonade, rêvait au moment où pourrait
reprendre entre lui et « Philis cet ai-
mable cours d'enseignement mutuel. L'i-
dée d'être grêlé lui déplaisait et il s'é-
criait avec une angoisse lyrique:
Cette aimable beauté qui m'a donné sa foi
Daignera-t-elle encor jeter les yeux sur moi?
Voltaire ne fut pas grêlé. Il retrouva
« Philis », qui s'appelait en prose Su-
zanne-Catherine.. Cette demoiselle ter-
"NeuspréféreriohsVoir classer les Char-
mina sa carrière par un mariage riche.
Mariamne put être achevée et fit un beau
four.
Laissera-t-on disparaître un chef-d'œu-
vre d'architecture, dans lequel Voltaire
s'est confessé?
Henry Rpujon.
Echos
` La Température
Les fortes pressions se trouvaient hier, dans
la matinée, à l'ouest de l'Europe à Paris, le
baromètre était à 768mm. Des pluies sont tom-
bées dans le nord du continent en France, loi
temps a été beau partout.Sur nos côtes, la mer'
est belle généralement.
La température s'est abaissée dans l'ouest
et le sudducontinent.A Paris, le thermomètre,
à sept heures du matin, marquait 150 au-des-;
sus de- zéro et 270 à quatre heures de l'après-
midi. Journée très belle .avec ciel très nua-
geux on notait 14» à Lyon, 210 à Biarritz, 25°
à Alger, 270 à -Païenne, 6» au puy de Dôme.
En France, la température ya.se .relever, un
temps beau est probable. Le soir,le baromètre
était à 76911111..
Dieppe (à 2 heures 43 de Paris). Temps
splendide,^her belle.. Thermomètre 200. I
Du New York Herald
A New-York Temps couvert, brumeux et
frais, avec des ondées l'après-midi. Tempé-
rature minima, -f- 190'; maxima, -+- 24°. Vent
frais, variable. Baromètre en baisse.
A Berlin Temps variable. Température,' 140.
A Londres Temps beau et clair. Tempéra-
ture minima, -K 80 maxima, + 22°. Vent
faible du sud-est. Baromètre stationnaire.
1 Les Courses
Aujourd'hui; à deux heures. Courses à
Colombes. -Gagnants du Figaro
Prix de Cannes: Iris ou Minuscule'.
Prix de Bequlieu:Lohissa.o\iP\iy gâteau.
Prix Junon La Sarre ou La Nëve.
Prix Jupiter Marsan ou Caleb.
Prix de Nice Oswald ou Burlats.
Prix Wawerer Bright ou Edna.
LES DÉPUTÉS-SOLDATS f¡
^x. Un de ces gêneurs qui ai ment è. ta-
de poser à la Chambre une question
odieusement indiscrète. Il a demandé
quel serait le devoir des députés; en
temps de guerre; il a même eu l'aplqmb
d'insister pour qu'on l'inscrivit dans la,
loi. ̃̃
Le fait est qu'il n'y est pas et que c'est
une grosse, pour ne pas dire une scan-
daleuse lacune. Au moment où, au nom
de l'égalité, on impose les mêmes obli-"
gations à tous les Français,' du .cèdre
à l'hysope, il paraîtra singulièrement
étrange que les députés aient oublié de
régler leur propre situation. Mais, ce qui
paraîtra plus extraordinaire encore, c'est
que, sommés de le faire,- ils s'y soient
héroïquement refusés.
Non d'ailleurs sans rodomontade. A
peine ce lièvre était-il levé qu'ils criaient
tous en masse et d'un même cœur « Nous
partirons! nous partirons! » et ils se
congratulaient entre eux de cet accès
d'enthousiasme. Seulement, lorsqu'on les
a invités à déposer leur patriotisme dans
un petit bout de texte légal, ils ont ré-
pondu qu'on insultait à leur héroïsme, et
ils n'ont pas marché.
Notez, comme l'a dit avec raison le mi-
nistre de la guerre, que le problème est
assez délicat et qu'on peut fort bien sou-
tenir qu'en cas de guerre déclarée le
premier devoir des députés est de rester
à la disposition de l'exécutif, ne fût-ce
que pour voter les millions nécessaires
à la défense nationale. Mais alors il' faut
le mettre d'avance dans la loi, afin de
ne pas s'exposer, le cas échéant, à légi-
férer sous le coup d'une crise où les pas-
sions se déchaînent et où les opinions
cessent d'être libres.
Qu'il soit loisible aux députés de
s'exempter eux-mêmes de ce service vio-
lemment égalitaire auquel ils astrei-
gnent tous leurs compatriotes sans ex-
ception, c'est déjà grave mais qu'ils
attendent pour cela que la guerre éclate,
c'est un défi sujet à tous les repentirs.
On l'a bien vu tout de suite. L'ex-com-
munard Vaillant, au lieu d'applaudir au
« Nous partirons » a dit très froide-
ment « Nous nous déclarerons en per-
manence » Ce brave homme voulait
sans doute se réserver le droit de
condamner à mort quelques généraux
comme Houchard et Custine. En tout
cas, ceux qui ontvu le Corps législatif f
entre Wœrth et Sedan savent que, pour
faire perdre les batailles, il n'y a rien de
tel que la permanence parlementaire.
-o-
A Travers Paris
Le Président de la République et Mme
Loubet ont reçu hier la visite de S. A. R.
le prince héritier de Grèce.
Le prince est arrivé à cinq heures à
l'Elysée, Où les honneurs lui ont été ren-
dus par un détachement d'infanterie rangé
dans la cour du palais, tambours et clai-
rons battant et sonnant aux champs.
Salué à sa descente de voiture par M.
Mollard, directeur du protocole, le colo-
nel Bouchez, gouverneur du palais, et
l'officier de jour, il a été accueilli en haut
du perron par le général Dubois, secré-
taire général de la Présidence, et l'offi-
cier de service, qui l'ont conduit aussitôt
vers le chef de l'Etat.
M. Loubet s'est avancé à la rencontre
du prince jusqu'au seuil du salon des
aides de camp et, après lui avoir serré
la main, il l'a emmené dans le grand sa-
lon- de l'Hémicycle où se trouvait Mme
Loubet.
Le prince s'est uniquement entretenu
avec le Président de la République et
Mme Loubet, tandis que les personnes
de sa suite et celles de l'entourage du
Président attendaient dans un salon voi-
sin, où ont eu lieu ensuite les présenta-
tions.
A cinq heures et demie, le Président de
la République, accompagné du général
Dubois, est allé rendre savisite à S. A. R.
le princede Grèce.
M. Marcel Sembat, socialiste et jus-
qu'ici ministériel obstiné, a joué un bien
mauvais tour à MM. Combes et Delcassé.
C'e'st lui en effet qui a proposé d'appeler
demain jeudi les ministres à s'expliquer
devant la Commission du' budget sur les
crédits de l'ambassade auprès du Va-
tican.
M. Combes se trouve donc dans l'obli-
gation de prendre parti soit pour l'aile
droite de sa majorité qui veut conserver
l'ambassade, soit pour l'aile gauche qui
veut la supprimer. Quoi qu'il fasse, il y
aura des mécontents; et cela par la faute
de'Sembat! Maladroit ou perfide, va-t-on
se demander dans le Bloc?
Mlle Marthe Dupuy, la nouvelle poé-
tesse, hier encore inconnue, aujourd'hui
presque célèbre, nous écrit, en prose, une
lettre où elle rectifie certains détails de
la biographie que publiait hier notre col-
laborateur Dambleteuse
Je suis fort touchée des éloges un tantinet
malicieux que veut bien me décerner le Fi-
garo, mais je proteste de toute ma force
«antre la légende de l'héritage qui m'a fait
soi-disant quitter l'administration. • ̃
Et plus loin, comme on l'avait vue
blonde sous les feux de la lumière élec-
trique, elle ajoute joliment
Je suis brune, monsieur, brune comme une
nuit de décembre. sans neige.
La lauréate du prix Sully-Prudhomme
espère qu'on voudra bien insérer sa pro-
testation.
Bien volontiers Et même un peu plus.
Car voici que' nous parvient l'une des
pièces de son volume de vers, que nous
̃livrons à la curiosité de nos lecteurs. Ce
̃sontdes stances qu'elle intitule «Simple
Adieu », et dont la dernière partie est
jct',un sentiment assez aigu
"Lorsqu'on •\ aura baissé ma dolente paupière,
Tu commenceras à m'aimer.
it)toe voix grave ainsi'qu'une oraison dernière
Tu chercheras à ranimer
Ma bouche sans sourire, et mon front sans pensée
Emacié par les douleurs.
Mais il sera trop tard. Impassible et glacée
Je dormirai,parmi les fleurs;
Et l'air sera très doux, et ce sera très triste.
Tu caresseras mes cheveux,
Près de la tempe, avec un linge de batiste,
En mo murmurant des aveux.
Et puis l'on te dira: « Retirez-vous, c'est l'heure
Où le prêtre va la bénir, »
Alors tu crieras « Non Pas encore Demeure,
0 toi que j'ai tant fait souffrir
Réponds-moi," mon enfant, n'est-ce pas que tu
Et mes lèvres resteront closes; [dors 1 »
Et tu' t'éloigneras, courbé par le remords,
̃ '••̃ ̃̃'̃̃ Et je m'en irai sur.les;r.pses. • "̃'
En attendant, mademoiselle, soyez heu-
reuse
.«., o.
.L'imagination publique n'a point cou-
tume de se mettre en frais d'ingéniosité
pour rajeunir la fraude électorale; elle
se fie d'ordinaire aux vieux procédés
que l'usage a rendus vénérables.. Les
Toulousains, qui. ont l'esprit agile, ont
senti la défaveur qu'entraînerait enfin
une semblable paresse.
Cette année ils ont innové. Et leur in-
novation est charmante. A la place des
morts, dont la carte électorale permet à
des personnes qui se portent fort bien
de déposer des bulletins utiles, ils ont
mobilisé les femmes. Habillées en hom-
mes, celles-ci ont marché au scrutin
avec une discipline de francs-maçons
chevronnés..
Le stratagème cependant ne passa point
inaperçu. Les gens informés affirment
qu'aux dernières élections municipales,
onîéur dut le ballottage! Une enquête
officieuse se poursuit sur cet aimable
scandale. Les uns s'en divertissent, les
autres s'en indignent. Ils ont tort. Grâce
aux politiciennes de Toulouse, la fraude
électorale prend une tournure gracieuse
qu'on n'était pointhabitué à lui voir. Etau
surplus leur travestissement accentue à
peine le caractère de mascarade que
montrent souvent les opérations de ce
genre.
Mme la duchesse d'Uzès douairière,
dont le nom a figuré en tête de toutes
les initiatives charitables de ce temps,
est parfois victime de cette belle popula-
rité.
Aussi nous prie-t-elle d'informer nos
lecteurs qu'elle n'a chargé personne de
faire aucune quête ni aucune démarche
pour aucune œuvre. Elle les met donc
en garde contre toutes personnes qui se
présenteraient chez eux en son nom.
Suite delà souscription pour le monu-
ment d'Henry Fouquier 1
Paul Meurice, 100 fr. Jacques Normand,
40 fr. M. Fernand Samuel, directeur des Va-
riétés, 50 fr. Total, 190 francs. Listes précé-
dentes, 5,005. Total général, 5,195 francs.
Mme Bertram Webb avait réuni hier,
dans son hôtel de l'avenue Henri-Martin,
l'élite de la colonie américaine et de la
société parisienne dans un but de bien-
faisance. Il s'agissait d'aider l'œuvre du
docteur Migot pour les vacances des en-
fants malades du faubourg Saint-An-
toine.
Le programme du concert, très bril-
lant, ne comprenait que des artistes des
Etats-Unis, mais des artistes excellents,
dignes de cette réunion si élégante, Mlle
Mosher, M. Hugues, et Mlle Farrar, ac-
compagnée par le marquis de Treba-
dello, qui ont été fort applaudis.
Mlle Farrar était l'étoile de ce pro-
gramme et elle a eu un triomphe. Rappe-
lée, acclamée, elle a été forcée de chan-
ter quantité de morceaux qui n'étaient
pas inscrits, le grand air de la fraviata, j
trio de Mascagni, Mattinata de Tosti,
Mignon, la Flûte enchantée, etc., etc.
Cette jeune artiste, qui est déjà une émi-
nente artiste et qui était entendue pour
la première fois à Paris, a eu un succès
colossal. Sa voix, très étendue, a autant
de puissance que de netteté sa phy-
sionomie, autant de charme que sa voix.
Sa prononciation est aussi parfaite en
français qu'en italien ou qu'en allemand.
Mlle Farrar, qui vient d'être fort ap-
plaudie en Suède et en Danemark, ap-
partient à l'Opéra royal de Berlin elle a
sa place tout indiquée à Paris.
Nous recevons la lettre suivante
Paris, 28 juin 1904.
Monsieur et cher Directeur,
On ne parle en ce moment' dans les salons
littéraires et artistiques que de deux inci-
dents sur lesquels peut-être aurez-vous votre
mot à dire.
Le premier a trait à l'Académie française
qui vient de renouveler son bureau pour le
troisième trimestre de l'année, comme vous
l'avez annoncé. Or l'usage veut que le chan-
celier soit le dernier académicien reçu. C'est
donc à M. René Bazin, reçu en avril, que de-
vait échoir cet honneur. Or, pour la première
fois, l'Académie a dérogé i l'usage en nom-
mant chancelier M. Ludovic Halévy. On chu-
chote tout bas que la politique a" joué son
rôle dans cette alfaire.' Ce n'est un mystère
pour personne que MM. Bazin et Halévy n'ont
pas en politique les mêmes 'idées..
Le second incident a trait au banquet an-
nuel que donne à l'Elysée le Président de la
République aux artistes des deux Salons. Le
Président avalt l'autre soir à sa droite M.
Tony Robert-Fleury, à sa gauche M. Roll.
Or c'est M. Carolus-Duran qui aurait dû,
comme président de la Société nationale des
beaux-arts, occuper cette dernière place. On
chuchote tout bas que la politique s'est en-
core mêlée de l'affaire.
Nous serions heureux d'avoir la version et
l'avis de notre vieux Figaro.
UN DE VOS abonnés.
Nous répondons bien volontiers au
désir de notre abonné. En ce qui con-
cerne Carolus-Duran, le mystère est ai-
sément explicable l'érninent président
de la Société nationale des beaux-arts
était absent de Paris; il se trouvait à
Londres, d'où, croyons-nous il n'est pas
encore revenu.
La question qui nous est posée au su-
jet de M. René Bazin est plus spécieuse.
II. est d'usage, en effet, que l'académi-
cien nouvellement reçu soit appelé aux
fonctions de1 chancelier de la Compa-
gnie, lors du premier renouvellement
du bureau qui suit sa réception solen-
nelle. Il ne nous paraît point toutefois
qu'il faille attribuer à des raisons poli-
tiques le fait qu'on s'écarta, dans l'es-
pèce, d'un usage consacré. L'Académie
,française ne passe pas, en effet, .pour
considérer avec malveillance les idées
politiques et sociales que représente
avec beaucoup de' 'distinction M. René
Bazin.
Ajoutons que le nouveau chancelier,
M. Ludovic Halévyy.fut précisément le
premier académicien qui signala jadis à
l'attention de ses collègues le délicat et
puissant écrivain de la j'erre qui meurt.
Rappelons que la grande Kermesse de
charité franco-canadienne, dont nous
donnions hier le beau programme, a
lieu ce soir au château de Fausse-Repose,
près de Versailles.
L'idéal des chauffeurs '1
Les merveilleuses voitures Hotchkiss
sont plus silencieuses qu'une' voiture
électrique. Elles sont extrêmement sou-
ples et faciles à conduire. Leur châssis,,
d'un fini irréprochable, est en acier-nic-
kel et se prête d'une façon spéciale à re-
cevoir les formes de carrosseries les plus
élégantes et les plus confortables.
Plus que jamais les tables font prime
en ce moment sur la terrasse du Restau-
rant des Ambassadeurs. C'est que non
seulement on y dîne au milieu des ver-
doyantes frondaisons et des fleurs, mais
encore que, tout en y dinant, on assiste
à Qui trop Ambass la nouvelle revue
de MM. de Gorsse et Nanteuil, dont
la presse vient de constater le brillant
succès. Et c'est, pour ces privilégiés,. à la
fois, un triple régal du palais, car les
menus sont savoureux; de l'esprit, car la
revue est excellente des yeux, car les
actualités sont jolies en diable.
Hors Paris
Spa Français Tel est le titre du nouvel
établissement thermal installé au Pecq-
Saint-Germain, au bas de la célèbre ter-
rasse, et dont l'inauguration a lieu au-
jourd'hui.
Au milieu d'un parc merveilleux, une
véritable ville d'eaux a été édifiée avec
tout le confort moderne. Deux fois par
jour, un orchestre dirigé par M. Font-
bonne se fera entendre, tandis que les
pièces à succès seront représentées dans
un ravissant théâtre. Un cercle privé,
un restaurant de premier ordre ont été
également installés, toutes choses qui
permettent de prédire' au Spa Français
un très gros succès.
De Vichy ••
« Le Concours hippique bat son plein
et chaque jour. la population estivale de
Vichy s'augmente d'arrivants nombreux.
Voici bien la grande station thermale en
pleine saison.
» Ainsi que nous avons eu plusieurs
fois l'occasion de le dire, indépendam-
ment de la foule des personnes qui vien-
nent demander aux eaux le rétablisse-
ment de leur santé, Vichy attire irrésis-
tiblement celles qui, tout en appréciant
le charme, des villégiatures champêtres,
tiennent à garder à leur portée les agré-
ments de la vie citadine. Or, Vichy offre
les ressources d'un grand centre, et son
Casino est devenu l'une des premières
scènes françaises après une excursion
en pleine campagne, on retrouve dans
ce splendide établissement la sensation
de l'ambiance parisienne. »
Nouvelles â la Main
Au Cercle
Pour la troisième' fois depuis le
commencement de l'année on repave la
place de l'Opéra.
Alors c'était bien inutile de la dé-
paver
Au contraire, mon ami, car si on
ne l'avait pas dépavée, on ne pourrait
pas la repaver.
Le Masque de Fer.
Gloria victis!
(PAR dépêche DE NOTRE envové SPÉCIAL)
Waterloo, 2S juin.
Je ne suis pas habitué beaucoup à da-
ter mes dépêches d'un champ de bataille.
Est-ce, pour cela qu'une telle angoisse
étreint ma gorge et que tremblent mes
doigts quand j'écris ce nom: Waterloo?.
L'endroit où je griffonne ces notes est
justement celui où se formaient et se re-
formaient, à la fin de l'action terrible,
les suprêmes carrés de la garde, lorsque
tout fut perdu, fors l'honneur mais,
pour l'honneur, comme ils sedébattireut!
Dès le matin, j'ai quitté Bruxelles, fié-
vreux, tant me tourmentait et m'appelait
ce lieu hanté d'histoire et de littérature.
Je partis plein d'ardeur et de curiosité
fervente.
N'étais-je pas un grenadier de la garde,
en imagination ?. C'est beaucoup dire
Du moins, n'étais-je pas cejeune Fabrice
del Dorigo, de là Chartreuse de Parme,
qui a délaissé son pays natal et les divers
intérêts de sa vie pour venir s'émouvoir
à la suite de l'Empereur?.
A Braine-l'Alleud, où j'arrive d'abord,
une foule nombreuse et remuante s'a-
gite, se bouscule et vocifère. Après le
calme du train, voici déjà la violence et
le tumulte qui me prennent. J'en suis
étourdi, harcelé. Waterloo, Belle-Alliance
et Mont-Saint-Jean sont loin. Comment
y arriver aussi vite que mon désir le ré-
clame ?
Je n'ai pas rencontré,com me Fabrice del
Dpngo, une bonne vivandière pour me
fournir un galopant cheval., Une guim-
barde que j'attrape et conquiers me trim-
balera.
Elle n'est pas « morne», ce matin, la
Plaine. •
"Dans, la pure,té de l'air- où'baigriént des
nuages innocents, elle, est radieuse et
fraîche. Le soleil joue avec ces nuages et
tantôt, se cache derrière eux et tantôt
rayonne joyeusement.
La .Plaine s'étend aussi .loin que peu-
ventaller. mes regards, verte et jolie, ou-
blieuse. Et, .tout d'abord, on n'y discerne
[ pçis'Jes.cirCQnstances de la stratégie for-
I midable. Mais elle a -des vallonnements
sournois où Ton devine que les régi-
ments' se dissimulèrent.
La foule augmente.. Elle emplit les
chemins, envahit les champs. Elle a des
flux et des reflux. Elle cherche sa route,
erre, court, revient sur ses pas. Elle
voudrait aller là-bas où l'Aigle de Gé-
rôme est dressé.
Son désordre lui donne l'air d'une
armée éperdue. Mais d'une armée La
Plaine se ranime, après le siècle écoulé
les troupes y reviennent.Hauts de forme
et chapeaux de paille, au lieu de casques
et de schakos. Pourtant,- il y a, dans ces
cohortes passionnées, quelques soldats,
de place en place, qui facilitent l'illusion
des soldats des Guides, avec le schako de
cuir luisant,, la tunique verte à brande-
bourgs orange et le pantalon groseille;
des chasseurs,- vêtus .d'amarante des
carabiniers sombres, étranges sous leurs s
petits chapeaux de postillons; et des
gendarmes magnifiques, à cheval ou à
pied, superbes sous l'immense et lourd
bonnet à poil qui écrase leurs têtes et, de
sa jugulaire, tient leurs bouches comme
un mors.
Et voici que surgissent de partout des
mendigots lamentables les uns n'ont
qu'une jambe et se balancent sur des
béquilles; les autres n'ont pas de jambes
du tout et, culs-de-jatte, se trainent pe-
samment. A certains, il manque un bras
ou deux. Et ils sont à demi nus; et ils
se plaignent leur voix lugubre et for-
cenée est comme un thrène de deuil et
comme une récrimination farouche. Ils
vous suivent et vous poursuivent. Il y en
a de tous côtés; ils sortent on ne sait
d'où et l'on dirait que les morts de 1815
émergent du sol et que les voici
Pour échapper. à cette hantise trop
forte et< gênante, je me faufile' et je
m'écarte. Et puis, il me faut retomber
dans le vacarme. Des camelots vendent
cartes postales, saucisson, bière, crabes,
crevettes, cerises et voire des liquides
capables d'enlever les taches sur les
étoffes, et voire des médicaments qu'ils
vantent au nom de Raspail. Dans un
chemin creux campent des Bohémiens
avec leurs roulottes singuliers visages
d'Orient. Et il y a des Anglais et des
Allemands autant que des Français et
des Belges. Comme jadis, l'Europe en-
tière s'est ici donné rendez-vous.
J'arrive à cette ferme d'Hougoumont,
que certains appellent Goumont. Les
Anglais étaient là. Ils tenaient fortement
cette position. Ah j'y surviens avec Jé-
rôme Bonaparte et, comme lui, j'aper-
çois, au delà, les blancs bâtiments de
Belle-Alliance où l'Empereur s'attarde;
et, comme Jérôme, je.me désole de voir
que l'Empereur ne vient pas à notre
aide. Comment nous néglige-t-il ainsi?
Tout cela fut incendié. Des solides bâ-
tisses, il ne reste que la chapelle de l'an-
cien château petite chapelle où veille
une Vierge en bois, du quatorzième siè-
cle, maniérée, charmante, attentive à
bien porter sur sa main gauche l'Enfant
et à relever sur la hanche les plis de .»-
50e Année = 3e Série = N° 181
Mercredi 29 Juin 1904
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
H..DE VILLEMESSANT
Fondateur
ÇRÈDACTION ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9e Arr1)
POUR LA PUBLICITÉ
S'ADRESSER, 26, RUE DROUOT
A L'HOTEl. DU « FIGARO •
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de France et d'Algérie.
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant dès sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais). <
S O M M A I R E
Maisons célèbres HENRY ROUJON.
Gloria victis André Beadnier.
A l'Etranger Éh Allemagne Une manifesta-
tion pacifique Ignotus.
Figaro à Londres.
Ce que l'on dit de nous.
La Guerre russo-japonaise .André Nède.
Là fondation Rothschild pour l'hygiène sociale
̃ Edouard FUSTER.
Lés millions des Chartreux André Nancey.
La Chambre Lois sociales. La loi mili-
taire PAS-PERDUS.
Le Sénat >L' enseignement congréganisle A.
̃ Wampse.
FeuiHeton: Michel Ordioni: LORIOT-LECAU-
̃DEV.
Maisons ̃
célèbres
On nous menace d'une sortie des mo-
liôristes ils se préparent à envahir
Meudon.
Pourquoi Meudon plutôt que telle autre
place fortifiée?– Parce que leur zèle vient
d'y découvrir une villa Molière. Dire une
villa Béjart, serait plus prudent. Il est
exact que la veuve du grand comique
habita Meudon vers 1677. Molière était
mort depuis plus de trois ans. Après
l'avoir énormémenttrompé, tant avec des
marquis qu'avec les camarades de la
troupe, Armande voulut respirer l'air des
champs; Telle, Thérésa se, retira à As-
nières, mais sans avoir désespéré aucun
homme de génie. Quelques jours après
avoir' élu'cet asile .rustique,. Armande
Béjart se remaria avec Isaac-François
Guérin. Elle vécut vingt-trois ans à Men-
don et y rendit très heureux son second
époux. Nous ne l'en blâmons pas, mais
de là a classer parmi les monumentshis-
toriques le petit logis. de la rue des
P-ierres, il y a une nuance. .̃
Que viendrait faire l'ombre de Molière
dans' cet immeuble? Ni sa personne ni
son souvenir n'y habitèrent. Le molié-
risme ne peut pourtant pas s'étendre
jusqu'à Armande et François Guérin. Ce
sçrait pousser un peu loin l'idée de bloc.
L'oubli sied à ravir à la Béjart; ne le lui
refusons point.
̃̃' '̃ •̃" "•' ̃'
mettes, où l'âme du père de la littérature
revit tout entière. Ici, chaque pierre de
l'escalier, chaque tuile du vieux toit nous
parlent de génie. J'admire qu'on s'é-1
meuve si médiocrement- à l'idée de voir
disparaître l'ermitage de Mme. de Wa-
rens. Ils- sont pourtant' nombreux en-
core, ceux que trouble et ravit l'idylle
équivoque qui fut vécue entre ces
murs branlants. Je vois bien qu'on s'a-
dresse à l'Etat, lequel n'en peut mais.
Ainsi aime à procéder chez nous ce qui
s'appelle « l'initiative privée ». Lorsqu'elle
se mobilise, cette bienheureuse initia-
tive, c'est toujours pour aller voir un
ministreetrongerune tranche du budget.
Le soin et l'honneur de sauver la de-
meure où Jean-Jacques inventa un beau
reviennent à tous les soldats, maréchaux
ou conscrits, de l'armée des lettres, à
vous, à moi, à tout le monde, et aussi
aux gens de Chambéry. Il s'agit d'ailleurs
̃ d'un bien léger sacrifice. L'acquisition
de la précieuse bicoque n'atteindrait pas
le prix de trois coups de canon autour de
Port-Arthur.
Allons-nous recevoir une leçon de nos
voisi,ns les Suisses, qui revendiquent
plus que jamais la gloire de Rousseau
comme étant à eux? Le culte du philoso-
phe de Genève devient chez ses compa-
tri'otesune religion. -Une société vient de
se fonder là-bas pour établir des œuvres
de Jean-Jacques l'édition complète et dé-
finitive qui manque à la France. Diman-
che dernier, sur le lac de Bienne, les ad-
mirateurs suisses du poète des Confes-
sions se sont comptés autour de son
buste. On n'a pas entendu dire que la
littérature française ait envoyé là-bas le
moindre représentant. Nous avons ho-
noré de notre mieux, en ces derniers
jours, deux gloires inégales Monselet et
Napoléon. C'est à merveille, et cela té-
moigne de notre part de la plus heu-
reuse liberté d'esprit. Mais un souvenir
donné à Rousseau n'aurait nui ni au
vaincu de Belle-Alliance, ni à l'aimable
causeur de la Lorgnette littéraire!
..Cette île de Saint-Pierre est, avec les
Charmettes, le second lieu du monde où
Jean-Jacques ait pensé se plaire. Il ve- `
nait d'être expulsé du Val de Travers, et
quasi lapidé. Il fit choix, pour une,halte
dans, l'aventure, de cet îlot abandonné,
domaine de l'hôpital bernois..Messieurs
de Berne avaient plus ou moins promis de
l'y tolérer. Il s'établit là, pour reprendre
haleine et voir-venir. Au bout d'une se-
maine, ces, quelques arpents entourés
d'eau lui devinrent un univers. Il y bo-
tanisa avec volupté. Chaque jour, il go-
dillait de la grande à la petite île, prenant
soin de fréquemment atterrir, parce que
son chien n'aimait pas à naviguer. Il
songea à finir là son existence. « Je pre-
nais, dit-il, congé de mon siècle et de
nies contemporains, et je 'faisais mes
adieux au monde en me confinant dans
cette île pour le reste de mes jours.
Cette île allait devenir pour moi celle' de
Papimanie, ce bienheureux pays où l'on
dort. » Deux soucis le sollicitaient don-
ner aux Corses une Constitution digne
de ce nom, la méthode infaillible pour
devenir un peuple prospère et juste, cette
vraie recette du bonheur public dont les
grandes nations ne voulaient pas fonder à
l'îlot de Saint-Pierre une coloniedelapins.
Ilcommença parla seconde de ces entre-
prises. Chaque jour, des couples émi-
graient d'une île à l'autre dans le tablier.de
Thérèse-. Déjà les lapins pullulaient, bien-
tôt les Corses allaient jouir de nouvelles
lois de Minos, quand lesautorités bernoi-
ses, féroces comme tous les braves gens
qui ont peur, signifièrent au philosophe
un brutal congé. En vain offrit-il d'être re-
tenu en captivité sur son lac chéri. «J'en
vins àdésirer, avecuneardeurincroyable,
qu'au lieu de tolérer seulement mon habi-
tation dans cette île, on me la donnât pour
prison perpétuelle. » Messieurs dé Berne
furent inexorables. A l'entrée de l'hiver,
impotent, souffreteux, cachant ses mi-
sères physiques dans son costume d'Ar-
ménien et son désespoir sous sa superbe,
Jean-Jacques reprit son vagabondage. Il
avait eu à Saint-Pierre deux mois de
vacances, les seules de sa vie, depuis le
clos aux abeilles où Maman lui avait
enseigné l'amour et la pharmacopée. Ce-
pendant, M. de Voltaire, tout en don-
nant la comédie dans son château, riait
aux larmes de là dernière algarade du
« bâtard du chien de Diogène ». On
s'aimait déjà entre gens de lettres.
Nous avons réconcilié ces deux-là.
Ayant songé à Jean-Jacques, n'oublions
pas son intime ennemi. Après le devoir
de préserver les Charmettes, un autre
devoir nous sollicite, celui de sauver le
merveilleux château de Maisons-Laffitte
de la destruction qui le menacé: L'admi-
nistration des beaux-arts s'y emploie de
son mieux; mais, laissée à ses seules
ressources, elle risque d'échouer dans
son œuvre de salut. La somptueuse ha-
bitation des Longueil, chef-d'œuvre de
Mansart, est le type du monument histo-
rique, pour sa -beauté propre et pour
toute la gloire qu'elle a abritée.: Tour à
tour elle a vu Louis XIV, Louis XV et..
la du Barry, Marie-Antoinette, le maré-
chal Lannes et Napoléon. Laffitte y re-
cueillit Manuel et y conspira ayec Bé-
ranger. ̃.
Voltaire a failli y mourir.
En 1723, au lendemain dVEdipe
Arouet le jeune, en mal de la Henriade,
vint se. reposer chez son camarade de
jeunesse, le président de Maisons. C'é-
tait un magistrat latiniste- et physicien,
agronome à ses heures, qui se piquait de
bonnes lettres et-cultiva dans son parc
le premier café qui ait mûri en France.
Maisons aimait' Voltaire, et ce devait être
facile pour un homme d'esprit que d'ai-
mer Voltaire à trente ans. La petite vé-
rôle sévissait alors à Paris et aux envi-
rons.. TJn soir, Voltaire, se sentant pris
de malaise, se fit saigner le plus qu'il
put: Le lendemain, il dut s'aliter. On
manda un médecin, célèbre pour avoir
combattu la peste dans .le Gévaudan, M.
de Gervasi. ̃; .:̃. •̃ *•̃̃
.II craignait, écrit Voltaire au baron de
Breteuil, de s'engager, inutilement: à traiter
dans un corps délicat et faible une petite vé-
role déjà parvenue au1 second jour de l'érup-
tion. Il vint cependant, et me trouva avec
une' fièvre maligne, .11 eut. d'abord une fort
mauvaise opinion de ma maladie. On m'anr.
nonça en même temps que la curé de Maisons,
qui s'intéressait il ma santé et qui ne craignait
point la petite vérole, demandait s'il pouvait
me voir sans m'incommoder je le fis entrer
aussitôt, je me confessai, et je fis mon testa-
ment, qui, comme vous croyez' bien, ne fut
pas long. Après cela, j'attendis la mort avec
assez de tranquillité, non toutefois sans re-
gretter de n'avoir pas mis la dernière main à
mon poème et à Mariamne,- ni sans être un
peu fâche de quitter' mes amis de si bonne
heure.
M. de Gervasi, au chevet de son malade,
fit preuve d'un génie qui fait frémir. Il
lui ordonna huit fois de l'émétique et lui
infligea deux cents pintes de limonade.
Voltaire triompha en quelques jours de
la maladie et du médecin. Les tendres
soins de ses hôtes, M. et Mme de Mai-
sons, achevèrent la cure. Pour remer-
cier ses amis, le convalescent faillit
incendier leur demeure. Quelques heures
après son départ, le feu éclatait au châ-
teau, dans la chambre qu'il venait de
quitter. Voltaire, en apprenant le danger
qu'avait couru ce séjour des grâces et de
l'amitié, pensa se remettre au lit. Le pré-
sident, qui enfut quitte pour un dégât de
cent mille livres, prit la chose en grand
seigneur «Il mit le comble à ses bontés,
dit Voltaire, en me prévenant lui-même
par des lettres qui font bien voir qu'il
excelle par le cœur comme par l'esprit.
Il s'occupait du soin de me consoler et il
semblait que ce fût moi dont il eût brûlé
le château. »
Quant au médecin de Gervasi, illustré
par cette guérison non moins que par ses
exploits dans le Gévaudan, Voltaire, re-
connaissant, le gratifia d'une épître, du
style jésuite le plus lamentable et le plus
pur ̃
Dans Maisons cependant jevoyaismes beauxjours
Vers leurs derniers moments précipiter leur cours.
Déjà près de mon lit la mort inexorable
Avait levé sur moi sa faux épouvantable.
Le vieux nocher des morts à sa voix accourut.
C'en était fait; sa main tranchait ma destinée.
Mais tu lui dis: Arrête » et la mort étonnée
Iteconnut son vainqueur, frémit et disparut.
Aujourd'hui M. de Gervasi recevrait
un bronze de Barbedienne. Voltaire fai-
sait de son mieux, à la mode du temps.
Sa gratitude, pour s'exprimer en vers
regrettables, n'en était pas moins sin-
cère. Il savait un gré infini à son sauveur
de l'avoir mis à même de terminer Ma-
riamne et de revoir Mlle de Livri. Cette
jeune personne, qui était au théâtre, avait
reçu d'Arouet quelques leçons de décla-
mation. Si nous 'en: croyons certains ma-
drigaux, d'une hardiesse cordiale, ces le-
çons auraient permis au professeur d'ac-
quérir sur l'anatomie de son élève des
notions intimes et précises. Le poète,
tout en buvant ses deux cents pintes/de
limonade, rêvait au moment où pourrait
reprendre entre lui et « Philis cet ai-
mable cours d'enseignement mutuel. L'i-
dée d'être grêlé lui déplaisait et il s'é-
criait avec une angoisse lyrique:
Cette aimable beauté qui m'a donné sa foi
Daignera-t-elle encor jeter les yeux sur moi?
Voltaire ne fut pas grêlé. Il retrouva
« Philis », qui s'appelait en prose Su-
zanne-Catherine.. Cette demoiselle ter-
"NeuspréféreriohsVoir classer les Char-
mina sa carrière par un mariage riche.
Mariamne put être achevée et fit un beau
four.
Laissera-t-on disparaître un chef-d'œu-
vre d'architecture, dans lequel Voltaire
s'est confessé?
Henry Rpujon.
Echos
` La Température
Les fortes pressions se trouvaient hier, dans
la matinée, à l'ouest de l'Europe à Paris, le
baromètre était à 768mm. Des pluies sont tom-
bées dans le nord du continent en France, loi
temps a été beau partout.Sur nos côtes, la mer'
est belle généralement.
La température s'est abaissée dans l'ouest
et le sudducontinent.A Paris, le thermomètre,
à sept heures du matin, marquait 150 au-des-;
sus de- zéro et 270 à quatre heures de l'après-
midi. Journée très belle .avec ciel très nua-
geux on notait 14» à Lyon, 210 à Biarritz, 25°
à Alger, 270 à -Païenne, 6» au puy de Dôme.
En France, la température ya.se .relever, un
temps beau est probable. Le soir,le baromètre
était à 76911111..
Dieppe (à 2 heures 43 de Paris). Temps
splendide,^her belle.. Thermomètre 200. I
Du New York Herald
A New-York Temps couvert, brumeux et
frais, avec des ondées l'après-midi. Tempé-
rature minima, -f- 190'; maxima, -+- 24°. Vent
frais, variable. Baromètre en baisse.
A Berlin Temps variable. Température,' 140.
A Londres Temps beau et clair. Tempéra-
ture minima, -K 80 maxima, + 22°. Vent
faible du sud-est. Baromètre stationnaire.
1 Les Courses
Aujourd'hui; à deux heures. Courses à
Colombes. -Gagnants du Figaro
Prix de Cannes: Iris ou Minuscule'.
Prix de Bequlieu:Lohissa.o\iP\iy gâteau.
Prix Junon La Sarre ou La Nëve.
Prix Jupiter Marsan ou Caleb.
Prix de Nice Oswald ou Burlats.
Prix Wawerer Bright ou Edna.
LES DÉPUTÉS-SOLDATS f¡
^x. Un de ces gêneurs qui ai ment è. ta-
odieusement indiscrète. Il a demandé
quel serait le devoir des députés; en
temps de guerre; il a même eu l'aplqmb
d'insister pour qu'on l'inscrivit dans la,
loi. ̃̃
Le fait est qu'il n'y est pas et que c'est
une grosse, pour ne pas dire une scan-
daleuse lacune. Au moment où, au nom
de l'égalité, on impose les mêmes obli-"
gations à tous les Français,' du .cèdre
à l'hysope, il paraîtra singulièrement
étrange que les députés aient oublié de
régler leur propre situation. Mais, ce qui
paraîtra plus extraordinaire encore, c'est
que, sommés de le faire,- ils s'y soient
héroïquement refusés.
Non d'ailleurs sans rodomontade. A
peine ce lièvre était-il levé qu'ils criaient
tous en masse et d'un même cœur « Nous
partirons! nous partirons! » et ils se
congratulaient entre eux de cet accès
d'enthousiasme. Seulement, lorsqu'on les
a invités à déposer leur patriotisme dans
un petit bout de texte légal, ils ont ré-
pondu qu'on insultait à leur héroïsme, et
ils n'ont pas marché.
Notez, comme l'a dit avec raison le mi-
nistre de la guerre, que le problème est
assez délicat et qu'on peut fort bien sou-
tenir qu'en cas de guerre déclarée le
premier devoir des députés est de rester
à la disposition de l'exécutif, ne fût-ce
que pour voter les millions nécessaires
à la défense nationale. Mais alors il' faut
le mettre d'avance dans la loi, afin de
ne pas s'exposer, le cas échéant, à légi-
férer sous le coup d'une crise où les pas-
sions se déchaînent et où les opinions
cessent d'être libres.
Qu'il soit loisible aux députés de
s'exempter eux-mêmes de ce service vio-
lemment égalitaire auquel ils astrei-
gnent tous leurs compatriotes sans ex-
ception, c'est déjà grave mais qu'ils
attendent pour cela que la guerre éclate,
c'est un défi sujet à tous les repentirs.
On l'a bien vu tout de suite. L'ex-com-
munard Vaillant, au lieu d'applaudir au
« Nous partirons » a dit très froide-
ment « Nous nous déclarerons en per-
manence » Ce brave homme voulait
sans doute se réserver le droit de
condamner à mort quelques généraux
comme Houchard et Custine. En tout
cas, ceux qui ontvu le Corps législatif f
entre Wœrth et Sedan savent que, pour
faire perdre les batailles, il n'y a rien de
tel que la permanence parlementaire.
-o-
A Travers Paris
Le Président de la République et Mme
Loubet ont reçu hier la visite de S. A. R.
le prince héritier de Grèce.
Le prince est arrivé à cinq heures à
l'Elysée, Où les honneurs lui ont été ren-
dus par un détachement d'infanterie rangé
dans la cour du palais, tambours et clai-
rons battant et sonnant aux champs.
Salué à sa descente de voiture par M.
Mollard, directeur du protocole, le colo-
nel Bouchez, gouverneur du palais, et
l'officier de jour, il a été accueilli en haut
du perron par le général Dubois, secré-
taire général de la Présidence, et l'offi-
cier de service, qui l'ont conduit aussitôt
vers le chef de l'Etat.
M. Loubet s'est avancé à la rencontre
du prince jusqu'au seuil du salon des
aides de camp et, après lui avoir serré
la main, il l'a emmené dans le grand sa-
lon- de l'Hémicycle où se trouvait Mme
Loubet.
Le prince s'est uniquement entretenu
avec le Président de la République et
Mme Loubet, tandis que les personnes
de sa suite et celles de l'entourage du
Président attendaient dans un salon voi-
sin, où ont eu lieu ensuite les présenta-
tions.
A cinq heures et demie, le Président de
la République, accompagné du général
Dubois, est allé rendre savisite à S. A. R.
le princede Grèce.
M. Marcel Sembat, socialiste et jus-
qu'ici ministériel obstiné, a joué un bien
mauvais tour à MM. Combes et Delcassé.
C'e'st lui en effet qui a proposé d'appeler
demain jeudi les ministres à s'expliquer
devant la Commission du' budget sur les
crédits de l'ambassade auprès du Va-
tican.
M. Combes se trouve donc dans l'obli-
gation de prendre parti soit pour l'aile
droite de sa majorité qui veut conserver
l'ambassade, soit pour l'aile gauche qui
veut la supprimer. Quoi qu'il fasse, il y
aura des mécontents; et cela par la faute
de'Sembat! Maladroit ou perfide, va-t-on
se demander dans le Bloc?
Mlle Marthe Dupuy, la nouvelle poé-
tesse, hier encore inconnue, aujourd'hui
presque célèbre, nous écrit, en prose, une
lettre où elle rectifie certains détails de
la biographie que publiait hier notre col-
laborateur Dambleteuse
Je suis fort touchée des éloges un tantinet
malicieux que veut bien me décerner le Fi-
garo, mais je proteste de toute ma force
«antre la légende de l'héritage qui m'a fait
soi-disant quitter l'administration. • ̃
Et plus loin, comme on l'avait vue
blonde sous les feux de la lumière élec-
trique, elle ajoute joliment
Je suis brune, monsieur, brune comme une
nuit de décembre. sans neige.
La lauréate du prix Sully-Prudhomme
espère qu'on voudra bien insérer sa pro-
testation.
Bien volontiers Et même un peu plus.
Car voici que' nous parvient l'une des
pièces de son volume de vers, que nous
̃livrons à la curiosité de nos lecteurs. Ce
̃sontdes stances qu'elle intitule «Simple
Adieu », et dont la dernière partie est
jct',un sentiment assez aigu
"Lorsqu'on •\ aura baissé ma dolente paupière,
Tu commenceras à m'aimer.
it)toe voix grave ainsi'qu'une oraison dernière
Tu chercheras à ranimer
Ma bouche sans sourire, et mon front sans pensée
Emacié par les douleurs.
Mais il sera trop tard. Impassible et glacée
Je dormirai,parmi les fleurs;
Et l'air sera très doux, et ce sera très triste.
Tu caresseras mes cheveux,
Près de la tempe, avec un linge de batiste,
En mo murmurant des aveux.
Et puis l'on te dira: « Retirez-vous, c'est l'heure
Où le prêtre va la bénir, »
Alors tu crieras « Non Pas encore Demeure,
0 toi que j'ai tant fait souffrir
Réponds-moi," mon enfant, n'est-ce pas que tu
Et mes lèvres resteront closes; [dors 1 »
Et tu' t'éloigneras, courbé par le remords,
̃ '••̃ ̃̃'̃̃ Et je m'en irai sur.les;r.pses. • "̃'
En attendant, mademoiselle, soyez heu-
reuse
.«., o.
.L'imagination publique n'a point cou-
tume de se mettre en frais d'ingéniosité
pour rajeunir la fraude électorale; elle
se fie d'ordinaire aux vieux procédés
que l'usage a rendus vénérables.. Les
Toulousains, qui. ont l'esprit agile, ont
senti la défaveur qu'entraînerait enfin
une semblable paresse.
Cette année ils ont innové. Et leur in-
novation est charmante. A la place des
morts, dont la carte électorale permet à
des personnes qui se portent fort bien
de déposer des bulletins utiles, ils ont
mobilisé les femmes. Habillées en hom-
mes, celles-ci ont marché au scrutin
avec une discipline de francs-maçons
chevronnés..
Le stratagème cependant ne passa point
inaperçu. Les gens informés affirment
qu'aux dernières élections municipales,
onîéur dut le ballottage! Une enquête
officieuse se poursuit sur cet aimable
scandale. Les uns s'en divertissent, les
autres s'en indignent. Ils ont tort. Grâce
aux politiciennes de Toulouse, la fraude
électorale prend une tournure gracieuse
qu'on n'était pointhabitué à lui voir. Etau
surplus leur travestissement accentue à
peine le caractère de mascarade que
montrent souvent les opérations de ce
genre.
Mme la duchesse d'Uzès douairière,
dont le nom a figuré en tête de toutes
les initiatives charitables de ce temps,
est parfois victime de cette belle popula-
rité.
Aussi nous prie-t-elle d'informer nos
lecteurs qu'elle n'a chargé personne de
faire aucune quête ni aucune démarche
pour aucune œuvre. Elle les met donc
en garde contre toutes personnes qui se
présenteraient chez eux en son nom.
Suite delà souscription pour le monu-
ment d'Henry Fouquier 1
Paul Meurice, 100 fr. Jacques Normand,
40 fr. M. Fernand Samuel, directeur des Va-
riétés, 50 fr. Total, 190 francs. Listes précé-
dentes, 5,005. Total général, 5,195 francs.
Mme Bertram Webb avait réuni hier,
dans son hôtel de l'avenue Henri-Martin,
l'élite de la colonie américaine et de la
société parisienne dans un but de bien-
faisance. Il s'agissait d'aider l'œuvre du
docteur Migot pour les vacances des en-
fants malades du faubourg Saint-An-
toine.
Le programme du concert, très bril-
lant, ne comprenait que des artistes des
Etats-Unis, mais des artistes excellents,
dignes de cette réunion si élégante, Mlle
Mosher, M. Hugues, et Mlle Farrar, ac-
compagnée par le marquis de Treba-
dello, qui ont été fort applaudis.
Mlle Farrar était l'étoile de ce pro-
gramme et elle a eu un triomphe. Rappe-
lée, acclamée, elle a été forcée de chan-
ter quantité de morceaux qui n'étaient
pas inscrits, le grand air de la fraviata, j
trio de Mascagni, Mattinata de Tosti,
Mignon, la Flûte enchantée, etc., etc.
Cette jeune artiste, qui est déjà une émi-
nente artiste et qui était entendue pour
la première fois à Paris, a eu un succès
colossal. Sa voix, très étendue, a autant
de puissance que de netteté sa phy-
sionomie, autant de charme que sa voix.
Sa prononciation est aussi parfaite en
français qu'en italien ou qu'en allemand.
Mlle Farrar, qui vient d'être fort ap-
plaudie en Suède et en Danemark, ap-
partient à l'Opéra royal de Berlin elle a
sa place tout indiquée à Paris.
Nous recevons la lettre suivante
Paris, 28 juin 1904.
Monsieur et cher Directeur,
On ne parle en ce moment' dans les salons
littéraires et artistiques que de deux inci-
dents sur lesquels peut-être aurez-vous votre
mot à dire.
Le premier a trait à l'Académie française
qui vient de renouveler son bureau pour le
troisième trimestre de l'année, comme vous
l'avez annoncé. Or l'usage veut que le chan-
celier soit le dernier académicien reçu. C'est
donc à M. René Bazin, reçu en avril, que de-
vait échoir cet honneur. Or, pour la première
fois, l'Académie a dérogé i l'usage en nom-
mant chancelier M. Ludovic Halévy. On chu-
chote tout bas que la politique a" joué son
rôle dans cette alfaire.' Ce n'est un mystère
pour personne que MM. Bazin et Halévy n'ont
pas en politique les mêmes 'idées..
Le second incident a trait au banquet an-
nuel que donne à l'Elysée le Président de la
République aux artistes des deux Salons. Le
Président avalt l'autre soir à sa droite M.
Tony Robert-Fleury, à sa gauche M. Roll.
Or c'est M. Carolus-Duran qui aurait dû,
comme président de la Société nationale des
beaux-arts, occuper cette dernière place. On
chuchote tout bas que la politique s'est en-
core mêlée de l'affaire.
Nous serions heureux d'avoir la version et
l'avis de notre vieux Figaro.
UN DE VOS abonnés.
Nous répondons bien volontiers au
désir de notre abonné. En ce qui con-
cerne Carolus-Duran, le mystère est ai-
sément explicable l'érninent président
de la Société nationale des beaux-arts
était absent de Paris; il se trouvait à
Londres, d'où, croyons-nous il n'est pas
encore revenu.
La question qui nous est posée au su-
jet de M. René Bazin est plus spécieuse.
II. est d'usage, en effet, que l'académi-
cien nouvellement reçu soit appelé aux
fonctions de1 chancelier de la Compa-
gnie, lors du premier renouvellement
du bureau qui suit sa réception solen-
nelle. Il ne nous paraît point toutefois
qu'il faille attribuer à des raisons poli-
tiques le fait qu'on s'écarta, dans l'es-
pèce, d'un usage consacré. L'Académie
,française ne passe pas, en effet, .pour
considérer avec malveillance les idées
politiques et sociales que représente
avec beaucoup de' 'distinction M. René
Bazin.
Ajoutons que le nouveau chancelier,
M. Ludovic Halévyy.fut précisément le
premier académicien qui signala jadis à
l'attention de ses collègues le délicat et
puissant écrivain de la j'erre qui meurt.
Rappelons que la grande Kermesse de
charité franco-canadienne, dont nous
donnions hier le beau programme, a
lieu ce soir au château de Fausse-Repose,
près de Versailles.
L'idéal des chauffeurs '1
Les merveilleuses voitures Hotchkiss
sont plus silencieuses qu'une' voiture
électrique. Elles sont extrêmement sou-
ples et faciles à conduire. Leur châssis,,
d'un fini irréprochable, est en acier-nic-
kel et se prête d'une façon spéciale à re-
cevoir les formes de carrosseries les plus
élégantes et les plus confortables.
Plus que jamais les tables font prime
en ce moment sur la terrasse du Restau-
rant des Ambassadeurs. C'est que non
seulement on y dîne au milieu des ver-
doyantes frondaisons et des fleurs, mais
encore que, tout en y dinant, on assiste
à Qui trop Ambass la nouvelle revue
de MM. de Gorsse et Nanteuil, dont
la presse vient de constater le brillant
succès. Et c'est, pour ces privilégiés,. à la
fois, un triple régal du palais, car les
menus sont savoureux; de l'esprit, car la
revue est excellente des yeux, car les
actualités sont jolies en diable.
Hors Paris
Spa Français Tel est le titre du nouvel
établissement thermal installé au Pecq-
Saint-Germain, au bas de la célèbre ter-
rasse, et dont l'inauguration a lieu au-
jourd'hui.
Au milieu d'un parc merveilleux, une
véritable ville d'eaux a été édifiée avec
tout le confort moderne. Deux fois par
jour, un orchestre dirigé par M. Font-
bonne se fera entendre, tandis que les
pièces à succès seront représentées dans
un ravissant théâtre. Un cercle privé,
un restaurant de premier ordre ont été
également installés, toutes choses qui
permettent de prédire' au Spa Français
un très gros succès.
De Vichy ••
« Le Concours hippique bat son plein
et chaque jour. la population estivale de
Vichy s'augmente d'arrivants nombreux.
Voici bien la grande station thermale en
pleine saison.
» Ainsi que nous avons eu plusieurs
fois l'occasion de le dire, indépendam-
ment de la foule des personnes qui vien-
nent demander aux eaux le rétablisse-
ment de leur santé, Vichy attire irrésis-
tiblement celles qui, tout en appréciant
le charme, des villégiatures champêtres,
tiennent à garder à leur portée les agré-
ments de la vie citadine. Or, Vichy offre
les ressources d'un grand centre, et son
Casino est devenu l'une des premières
scènes françaises après une excursion
en pleine campagne, on retrouve dans
ce splendide établissement la sensation
de l'ambiance parisienne. »
Nouvelles â la Main
Au Cercle
Pour la troisième' fois depuis le
commencement de l'année on repave la
place de l'Opéra.
Alors c'était bien inutile de la dé-
paver
Au contraire, mon ami, car si on
ne l'avait pas dépavée, on ne pourrait
pas la repaver.
Le Masque de Fer.
Gloria victis!
(PAR dépêche DE NOTRE envové SPÉCIAL)
Waterloo, 2S juin.
Je ne suis pas habitué beaucoup à da-
ter mes dépêches d'un champ de bataille.
Est-ce, pour cela qu'une telle angoisse
étreint ma gorge et que tremblent mes
doigts quand j'écris ce nom: Waterloo?.
L'endroit où je griffonne ces notes est
justement celui où se formaient et se re-
formaient, à la fin de l'action terrible,
les suprêmes carrés de la garde, lorsque
tout fut perdu, fors l'honneur mais,
pour l'honneur, comme ils sedébattireut!
Dès le matin, j'ai quitté Bruxelles, fié-
vreux, tant me tourmentait et m'appelait
ce lieu hanté d'histoire et de littérature.
Je partis plein d'ardeur et de curiosité
fervente.
N'étais-je pas un grenadier de la garde,
en imagination ?. C'est beaucoup dire
Du moins, n'étais-je pas cejeune Fabrice
del Dorigo, de là Chartreuse de Parme,
qui a délaissé son pays natal et les divers
intérêts de sa vie pour venir s'émouvoir
à la suite de l'Empereur?.
A Braine-l'Alleud, où j'arrive d'abord,
une foule nombreuse et remuante s'a-
gite, se bouscule et vocifère. Après le
calme du train, voici déjà la violence et
le tumulte qui me prennent. J'en suis
étourdi, harcelé. Waterloo, Belle-Alliance
et Mont-Saint-Jean sont loin. Comment
y arriver aussi vite que mon désir le ré-
clame ?
Je n'ai pas rencontré,com me Fabrice del
Dpngo, une bonne vivandière pour me
fournir un galopant cheval., Une guim-
barde que j'attrape et conquiers me trim-
balera.
Elle n'est pas « morne», ce matin, la
Plaine. •
"Dans, la pure,té de l'air- où'baigriént des
nuages innocents, elle, est radieuse et
fraîche. Le soleil joue avec ces nuages et
tantôt, se cache derrière eux et tantôt
rayonne joyeusement.
La .Plaine s'étend aussi .loin que peu-
ventaller. mes regards, verte et jolie, ou-
blieuse. Et, .tout d'abord, on n'y discerne
[ pçis'Jes.cirCQnstances de la stratégie for-
I midable. Mais elle a -des vallonnements
sournois où Ton devine que les régi-
ments' se dissimulèrent.
La foule augmente.. Elle emplit les
chemins, envahit les champs. Elle a des
flux et des reflux. Elle cherche sa route,
erre, court, revient sur ses pas. Elle
voudrait aller là-bas où l'Aigle de Gé-
rôme est dressé.
Son désordre lui donne l'air d'une
armée éperdue. Mais d'une armée La
Plaine se ranime, après le siècle écoulé
les troupes y reviennent.Hauts de forme
et chapeaux de paille, au lieu de casques
et de schakos. Pourtant,- il y a, dans ces
cohortes passionnées, quelques soldats,
de place en place, qui facilitent l'illusion
des soldats des Guides, avec le schako de
cuir luisant,, la tunique verte à brande-
bourgs orange et le pantalon groseille;
des chasseurs,- vêtus .d'amarante des
carabiniers sombres, étranges sous leurs s
petits chapeaux de postillons; et des
gendarmes magnifiques, à cheval ou à
pied, superbes sous l'immense et lourd
bonnet à poil qui écrase leurs têtes et, de
sa jugulaire, tient leurs bouches comme
un mors.
Et voici que surgissent de partout des
mendigots lamentables les uns n'ont
qu'une jambe et se balancent sur des
béquilles; les autres n'ont pas de jambes
du tout et, culs-de-jatte, se trainent pe-
samment. A certains, il manque un bras
ou deux. Et ils sont à demi nus; et ils
se plaignent leur voix lugubre et for-
cenée est comme un thrène de deuil et
comme une récrimination farouche. Ils
vous suivent et vous poursuivent. Il y en
a de tous côtés; ils sortent on ne sait
d'où et l'on dirait que les morts de 1815
émergent du sol et que les voici
Pour échapper. à cette hantise trop
forte et< gênante, je me faufile' et je
m'écarte. Et puis, il me faut retomber
dans le vacarme. Des camelots vendent
cartes postales, saucisson, bière, crabes,
crevettes, cerises et voire des liquides
capables d'enlever les taches sur les
étoffes, et voire des médicaments qu'ils
vantent au nom de Raspail. Dans un
chemin creux campent des Bohémiens
avec leurs roulottes singuliers visages
d'Orient. Et il y a des Anglais et des
Allemands autant que des Français et
des Belges. Comme jadis, l'Europe en-
tière s'est ici donné rendez-vous.
J'arrive à cette ferme d'Hougoumont,
que certains appellent Goumont. Les
Anglais étaient là. Ils tenaient fortement
cette position. Ah j'y surviens avec Jé-
rôme Bonaparte et, comme lui, j'aper-
çois, au delà, les blancs bâtiments de
Belle-Alliance où l'Empereur s'attarde;
et, comme Jérôme, je.me désole de voir
que l'Empereur ne vient pas à notre
aide. Comment nous néglige-t-il ainsi?
Tout cela fut incendié. Des solides bâ-
tisses, il ne reste que la chapelle de l'an-
cien château petite chapelle où veille
une Vierge en bois, du quatorzième siè-
cle, maniérée, charmante, attentive à
bien porter sur sa main gauche l'Enfant
et à relever sur la hanche les plis de .»-
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