Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1902-08-02
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 août 1902 02 août 1902
Description : 1902/08/02 (Numéro 214). 1902/08/02 (Numéro 214).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k285952z
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO SAMEDI 2 AOUT 19W
tance des capitaux français engagés,
que les actionnaires de la Caisse Inter-
nationale ont désiré choisir, comme li-
quidaleur, un avocat parisien.
Mais Me Linol n'hésite pas à reconnaî-
tre qu'en cette qualité, il aura à lutter
contre tous les acheteurs de titres qui
veulent se faire rembourser par la caisse
internationale des titres, dont beaucoup
n'ont plus aucune valeur.
Attendons-nous donc à voir encore
surgir après la Rente viagère et la Caisse
des familles, un nouveau scandalefinan-
cier.
P. S. Dans la soirée d'hier, on an-
nonçait qu'une instruction était ouverte
à Paris contre M. Cooman et les frères
Hutt. M. Roty, juge d'instruction, aurait
chargé M. Roy, commissaire aux délé-
gations judiciaires, de procéder à une
enquête. Les inculpations relevées se-
raient celles d'escroquerie et d'abus de
confiance.
AVIS DIVERS
pUEIL-MALMAISON. Les vieillards de la
maison de retraite fondée par M. Gognacq,
propriétaire des Grands Magasins de la Sama-
ritaine, ont fêté, avant-hier, les noces d'or de
M.etM"ie Bichi qui comptent à eux deux 165 ans.
il vant de partir en villégiature, n'oubliez pas
j[i_ d'acheter le dernier livre de GYP, les Amou-
reux, qui vient de paraître chez l'éditeur Juven.
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Âla. MER et dans les VILLES d'Eaux on man-
que souvent de bonne huile d'olive. Hâ-
tons-nous de dire que l' Union des Propriétaires
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Nouvelles Diverses
A PARIS
̃' '̃ • LE' CRIME D'ASNIÈRES'
Nous avons raconté hier qu'une femme
Sannois avait assassiné son mari à coups de
couteau, chemin des Cabçeufs à Asnières. M.
Gouraincourt, juge d'instruction, s'est rendu
sur le théâtre du crime et a interrogé la cou-
pable.
Il y avait six ans que les époux Sannois
étaient mariés.- Mme1 Sannois, âgée de vingt-
trois ans, a deux enfants, âgés de trois ans
et de quatre ans.
La maison où s'est déroulé ce drame épou-
vantable appartenait à M. Sannois qui, avec
un domestique cultivait lui-même ses champs.
Mme Sannois venait tous les jours avec le
domestique aux Halles vendre ses légumes.
Le maraîcher, qui se livrait à la boisson,
brutalisait sa femme, et chaque jour, les
scènes se renouvelaient.
Si j'ai frappé mon mari d'un coup de
couteau de cuisine, a déclaré Mme Saunois
au juge d'instruction, c'est que, pendant que
j'étais occupée à lier de l'oseille dans le jar-
din, il. s'était approché de moi en menaçant
de me tirer un coup de revolver. Mon domes-
tique avait dû le désarmer.
» Furieux, il était rentré dans la maison
où il. m'avait appelée et maltraitée de nou-
veau. Exaspérée, j'ai vu rouge. »
M. Sannois avait été frappé de trois coups
de couteau dans la gorge. Il avait eu la force
de se traîner -jusque dans la chambre où il
a expiré.
Son cadavre a été transporté à la Morgue
aux fins d'autopsie.
UNE ARRESTATION
Nous racontions, il y a quatre jours, qu'on
avait arrêté un Chilien, M. Arriagada, sous
l'inculpation d'avoir voulu vendre une perle
volée au marquis d'Anglesey.
Or, c'était tout le contraire. M. Arriagada
ayant appris qu'un individu était possesseur
de bijoux provenant du vol, avait proposé à
cet homme de lui racheter une perle à laquelle
le marquis tenait beaucoup. Il lui avait donné
rendez-vous et c'est en présence du secrétaire
de M. d'Anglesey venu tout exprès que le
marché allait se faire; lorsque la. police est
intervenue. Le voleur s'est sauvé et c'est M.
Arriagada qu'on a arrêté 1
L'erreur a, été vite reconnue. M. Aurelio
Arriagada, fils du général Arriagada, n'a pas
eu de peine à prouver son honorabilité et à
démontrer que c'était sur la prière du mar-
Feuilleton du FIGARO du 2 Août
X-jia. Colère
1
•- Suite
II .percevait vaguement alors qu'il y
aurait eu peut-être quelque ruse à ourdir,
quelque précaution à prendre pour se
mettre hors de cause. Mais il n'était
apte en cemomentàaucunecombinaison.
Son cerveau congestionné ne pouvait
élaborer que des idées simples d'im-
médiate et facile réalisation.
Ce qui lui semblait urgent, c'était de
redescendre à la hâte, pour qu'on ne
s'aperçût pas de son absence.
Après donc avoir fermé la porte à clef
derrière lui, il regagna l'escalier, écouta
de toute son anxiété, avant de s'y enga-
ger, si personne n'y circulait en ce mo-
ment, s'il n'entendait toucher à la ser-
rure d'aucune porte; puis il se risqua,
les tempes battantes, le cœur détraqué,
les mains humides et glacées.
Mais décidément le hasard était pour
lui.
Ni dans l'escalier ni dans l'apparte-
ment, aucune rencontre.
Et bientôt il était en sûreté dans sa
propre chambre.
Alors il défaillit comme un être qui
vient d'être frôlé par la foudre, comme
upe bêté traquée qui se terre au gîte, les
nerfs brusquement épuisés et gardant le
frisson convulsif delà cri se. i.
Oh maintenant. dormir M'enfer-
mer, disparaître de la vie jusqu'à caque
tout danger soit écarté
Reproduction interdite.
L. C
quis et pour lui rendre service qu'il s'était
chargé de cette transaction. Il a été remis en
iberté.
UN AUDACIEUX FAUSSAIRE
Sur une plainte du ministre de la marine,
M. Roty vient de faire arrêter un sieur C.
qui s'était présenté dernièrement au minis-
tère pour toucher différents mandats portant
la signature de M. Decrais.
M. C. prétendait avoir livré sur les ordres
de l'ancien ministre, un stock de marchan-
dises à une administration de la Martinique,
avant la catastrophe.
Comme sur les livres du ministère on ne
trouvait point trace de cette expédition, une
enquête fut ouverte et l'on reconnut que la
signature de M. Decrais avait été imitée.
M. C. a été inculpé de tentative d'extor-
sion de fonds.
LE CAISSIER DE LA FACULTÉ. DE MÉDECINE
Nous avons raconté, le 8 juin dernier, à la
suite de quelles circonstances, M. Pupin, se-
crétaire de l'Académie de médecine, et M.
Imauville, caissier, avaient été relevés de
leurs fonctions.
M. Imauville avait, on s'en souvient, puisé
dans la caisse dont on lui avait confié la
garde, et il avait dérobé une soixantaine, de
mille francs. M. Pupin, son chef hiérarchi-
que, s'était bien aperçu des détournements,
mais il avait eu pitié de son subordonné, cais-
sier depuis vingt-cinq ans à la Faculté, et,
sur la promesse de celui-ci de tout rembour-
ser, il s'était tu.
M. Boucart qui avait été chargé d'ouvrir
une instruction, vient de renvoyer M. Imau-
ville devant le Tribunal correctionnel, sous
l'inculpation d'abus de confiance. L'ancien
caissier a été examiné par le docteur aliéniste
Mottet, qui a déclaré que l'inculpé ne devait
pas être rendu entièrement responsable de
ses actes.
Quant à M. Pupin, qui a remboursé, de ses
propres deniers, les sommes détournées, il a
bénéficié d'une ordonnance de non-lieu.
Les cycles sont vendus avec un premier `r
versement ,de dix francs pour cent francs aux
Grands Magasins Dufayel. Articles de jardin,
Sport et Voyage, Photographie, Automobiles,
Armes de chasse. Nombreuses attractions.
L'ESCROQUERIE A L'AFFAIRE HUMBERT
Depuis quelque temps un individu, prenant
tantôt le nom de Mouillot, tantôt celui de
Delvaut, etc., se présentait dans les cafés et
restaurants du dixième arrondissement, en se
prétendant ancien secrétaire du commissariat
et inspecteur de police chargé spécialement
de l'affaire Humbert.
Je suis sur la piste, disait-il. Je crois
bien que je les aurai d'ici peu.
Puis il ajoutait
Ce qui m'ennuie, c'est que je ne peux
pas toucher les 25,000 francs de prime. Ça
m'est défendu. Mais on' pourrait s arranger.
Naturellement, il ne manquait pas de
clients. Il convenait alors qu aussitôt qu'il
serait en mesure de faire prendre les Hum-
bert, ce serait son associé qui les dénoncerait.
Comme cela on aurait la prime qu'on parta-
gerait, 12,500 francs chacun. En attendant,
il empruntait cent à cent cinquante francs
pour les frais préliminaires. On réglerait,
plus tard. • •̃••
Cela eût pu durer longtemps, car chaque
jour il changeait de café et recrutait des asso-
ciés nouveaux. Mais hier il tomba, sur un
monsieur qui, connaissant le vrai secrétaire
du quartier, le pria de venir avec lui au
bureau du commissaire. A ces mots, notre
homme dressa l'oreille et prit la fuite, lais-
sant son interlocuteur ébaubi.
La nouvelle s'est répandue et maintenant
les plaintes affluent. Mais il est probable que
l'adroit filou ne reparaîtra pas de sitôt. dans
les parages où il a opéré.
•+. •̃
LA BOMBE DE LA PLACE PÉREIRË
Grande émotion hier soir place Péreire. On
se montrait avec effroi un objet sphérique et
brillant duquel sortait une sorte de mèche.
Ce devait être évidemment une bombe. Un
caporal du génie s'avança, fit écarter la foule
et alla jeter sur l'engin du sable mouillé pour
attendre l'arrivée du commissaire de police
qu'on était allé prévenir.
Le commissaire accourut et, comme la mè-
che ne fumait pas, il écarta" le sable et exa-
mina l'objet.
C'était une boule de jardin en verre ar-
genté. La mèche était une corde qui avait
servi à l'attacher.
JJN CONSEIL PAR JOUR
Beignets d'abricots, dessert de saison. Pren-
dre de beaux abricots bien mûrs les couper
en deux ou en quatre suivant la grosseur les
rouler dans la farine et les faire frire comme
les beignets de pomme. A mesure que vous
les retirez, égouttez, saupoudrez de sucre et
passez dessus la pelle rougie pour les glacer.
Jean de Paris.
Mémento. M. Eugène Grifoison, rentier,
faubourg Saint-Martin, a été hier victime d'un
vol à la bousculade, sur le boulevard Poisson-
nière. On lui a pris 5,000 francs qu'il venait de
toucher au Comptoir d'escompte.
Un commencement d'incendie s'est déclaré
hier .soir, à six heures, 17, rue Clauzel, par suite
de l'imprudence d'une locataire, Mme Lauroux,
qui a renversé sur son parquet une lampe à pé-
trole allumée. Le feu a été très rapidement
éteint, mais Mme Lauroux a été grièvement
brûlée.
J. de P.
Mais, tout en proférant ce vœu, il sa-
vait qu'il allait avoir au contraire à se
guinder avec une intensité exagérée dans
le rôle que lui imposait l'obligation de
donner le change. Le salut dépendait de
son sang-froid, de sa ruse, du masque
qu'il se npuerait au visage. Il avait joué
naguère, pour placer ses fûts et ses bar-
riques, d'admirables comédies. Il en
avait conscience. C'était de quoi lui don-
ner de l'espoir. Qu'étaient cependant ces
parades auprès de la terrible comédie
dont dépendaient en ce moment, son
honneur, sa liberté, sa vie peut-être ?
Il serra les mâchoires en un geste de
suprême résolution, et, comme il eût dit
« En. scène » il se cria tout bas « De-
bout !» » ̃
En cet instant ses yeux rencontraient
la pendule..Il constatait
Neuf heures moins le quart.
Il se souvint que lorque sa fille l'avait
quitté, après leur causerie, elle lui avait
appris qu'il était huit heures un quart.
Il n'y avait donc qu'une demi-heure
qu'il s'était levé! Une demi-heure?. Et
il lui semblait que c'était autrefois, dans
une existence de rêve, en un temps où
il n'était pas le même homme qu'en ce
moment.
Comme il n'avait jamais médité sur
aucune idée générale, il ne s'était pas
avisé jusque-là que sa vie pût être ainsi
à la merci d'un brusque hasard, qu'il
pût cesser de rester, jusqu'à sa mort, le
Bouscabès qu'il avait toujours été. L'exis-
tence lui semblait un arbre que l'on
plante, qui se développe régulièrement,
qui, moins d'une maladie, ne cesse de
fleurir à la même place, de produire les
mêmes feuilles, de donner les miêmes
fruits.
II ne tenait pas compte de la foudre.
Maintenant même, tout frappé > qu'il
fût, il. se révoltait contre, l'invraisem-:
blance de la réalité. Il n'admettait pas
que, pour un coup de colère stupide, une
de ces effervescences auxquelles il se.
DANS LE S DÉPARTEMENTS
ET A L'ÉTRAUrQBB
UNE AGRESSION CONTRE M. CHANOT
«̃"»>»«» Marseille. M. Chanot, président
du Conseil général, candidat tête de liste dans
les élections municipales, qui obtint la majo-
rité au premier tour des élections municipales,
dimanche dernier, vient d'être l'objet ce soir,
à son domicile, d'une agression odieuse.
Il se trouvait en famille, lorsque trois indi-
vidus demandèrent à être reçus.
M. Chanot les fit entrer, et aussitôt l'un
d'eux, après quelques paroles échangées, se
précipita sur lui la main levée.
M. Chanot réussit à les tenir à distance et
les agresseurs durent se retirer, tandis que
les gens de la maison criaient « A l'assas-
sin ».
Trois individus, complices des trois au-
très, attendaient à la porte en surveillant i
les abords.
L'un d'eux a pu être arrêté, et a été conduit
à la Permanence, où il a fait connaître les
noms des auteurs de cette agression.
UN ÉNORME INCENDIE
Marseille. Un incendie, qui prend
de minute en minute de très grandes propor-
tions, a éclaté, vers huit heures et demie, dans
la forêt de Marseille-Veyre, du côté de Fon-
taine-d'Ivoire. Tous les postes de pompiers
ont été envoyés sur les lieux, ainsi qu'un dé-
tachement de troupes.
ACCIDENT D'AUTOMOBILE
*«* Le Havre. Un accident d'automo-
bile s'est produit hier soir, à onze heures, sur
la route Nationale, près de la ferme de So-
quence, à Graville. M. André Mousset, négo-
ciant au Havre, se rendait en automobile à
Harfleur, lorsqu'il aperçut devant lui une
femme qui marchait la tête enveloppée dans
un châle.
Il fit usage plusieurs fois de son avertisseur,
et, comme la femme ne. se dérangeait pas, il
cria. A son appel, elle se gara à droite, et M.
Mousset obliqua à gauche pour l'éviter. Mais,
à ce moment précis, elle fit un brusque écart
à gauche et fut atteinte par la roue de l'auto-
mobile.
On accourut pour la relever. Tous les se-
cours furent inutiles. Elle ne tarda pas à
expirer. Elle avait eu le crâne fracturé et
portait en outre des blessures sur diverses
parties du corps. La victime est une femme
Lesouef, âgée de soixante-treize ans, demeu-
rant à Montivilliers.
Le Havre. On est très inquiet sur
le sort du yacht à vapeur Jeanne, appartenant
à M. René Martin, directeur d'usine à Saint-
Denis.
Le Jeanne était parti de Saint-Denis à la
fin de la semaine dernière, ayant à bord M.
René Martin, un de ses amis, deux dames,
un matelot et un mécanicien, et s'était rendu
à Dieppe.
Il avait quitté ce port le 27 juillet allant au
Havre ou à Trouville.
Depuis, on n'a pas eu de ses nouvelles.
UN GRAVE ACCIDENT ̃ ̃
>-»~ Roy an. Un jeune homme de dix-
huit ans, nommé Pérodeau, demeurant à Saint-.
Georges-de-Didonne, est tombé d'une balan- (
çoire installée sur le champ de foire. ( 4
Il a reçu de si graves blessures à la tête qu'il
a succombé le lendemain.
t i
TREMBLEMENTS DE TERRE
»~>~>' Los Alamos (Californie). Une vio-
lente secousse de tremblement de terre, qui 1
s'est produite hier matin, un peu après une ̃ 1
heure, à Alamos (Californie), a, soit endom- ̃<
mage, soit détruit complètement les maisons ¡
en briques de la ville. Nombre de personnes
ont été projetées hors de leur lit. La panique
a été considérable; les dégâts sont sérieux,
mais personnes n'a péri. 1
On evalue à soixante-quinze le nombre des
secousses distinctes ressenties depuis le 27 1
courant. On en a ressenti trois hier matin,
de sept heures vingt-cinq à septheurestrente. 1
La dernière a été la plus violente.
Il y a eu aussi des secousses à Santa-Bar- ]
bara et Loupoc.
Une nouvelle secousse a eu lieu ce soir à ]
sept heures et demie. ]
A la même heure, une légère secousse a été 1
également ressentie à Santa-Barbara et à ]
Santa-Maria. i
Argus. i
NOTES ET SOUVENIRS
ANS M ~tn~TM
TRENTE AÏS 11 THÉÂTRE
Notre ami et éminent collaborateur
Emmanuel Arène, qui a donné un ta-
bleau si vivant des séances du Conser-
vatoire, avait bien raison d'affirmer qu'il
ne faut pas médire de cette grande Ecole.
Il faut avoir visité les théâtres et les
Conservatoires d'Allemagne et d'Autri-
che pour se rendre compte de cette
supériorité devant laquelle nos voisins
sont les premiers à s'incliner.
J'étais, précisément, le mois dernier,
laissait emporter à chaque instant sans y
attacher d'importance, et sans en avoir ja-
mais subi de dommage, que pour avoir
poussé brutalement hors de chez lui une
servante qui l'insultait après l'avoir exas-
péré, il n'admettait pas que, pour cette
misère, il eût en un instant creusé le
gouffre de l'Irréparable entre son passé
et son avenir,-qu'au lieu de continuer à
jouir de la vie entre sa femme et sa fille,
à sa table délicate, en son confortable
appartement, entouré de ses amis, il fût
menacé de l'horreur d'une prison:
Non, ce n'est pas possible Non, ce
ne sera pas On ne me mettra pas en pri-
son, moi, Bouscabès Il n'y a que les vo-
leurs et les assassins qu'on mette en pri-
son 1
Rassuré par cette naïveté, il concluait
Je m'en tirerai. il n'est pas admis-
sible que je 'ne nTen tire pas. `
Pour s'en tirer, il importait avant tout
qu'on ne pût établir aucune corrélation
entre la mort de la domestique et les cris
qui peut-être avaient été entendus à
la cuisine, la bousculade qu'on avait
peut-être perçue dans l'escalier.
En somme, nul témoin oculaire. ̃"
S'il était question de cris, de bouscu-
lade, Bouscabès pouvait nier qu'il y fût
pour quelque chose.
A distance, à travers des murs, on
confond une voix avec une autre!
On n'accuse pas un homme sur ce
simple indice!.
Il nierait donc.
Et, pour nier victorieusement, il se dé-
fendrait d'avoir même, de toute la mati-
née, mis les pieds à la cuisine
Comment, moi, vers huit heures et,
demie,' j'ai tempêté à' la cuisine J'étais
encore au lit 1
Que répondre à cet alibi pér'emptoirei
appuyé dïune be.lle -mine de surprise et
proféré de l'accent pénétrant avec lequel'
il avait endoctriné tant et tant d'ache-
teurs lorsqu'il négociait ?
Il s'çmpressa donc de.-(juittep ses pjua-
convié au dïnerdes professeurs du Conser-
vatoire. C'était, pour moi, un début.
J'étais donc un peu inquiet, comme il
sied à un débutant, lorsque j'entrai dans
l'immense salle à manger qui contenait
une centaine de couverts. Mais je fus vite
rassuré par le cordial accueil que me fit
M. Crosti, l'organisateur de cette victoire
artistique et culinaire. Je compris que le
fâcheux officialisme allait être exclu de
la réunion. Mon attente ne fut pas déçue:
M. Crosti fit mieux il remplaça le toast
traditionnel par quelques couplets joli-
ment tournés dans lesquels il parlait,
avec une malicieuse irrévérence, de cer-
taines traditions administratives que les
fonctionnaires, laborieux comme lui, ont,
plus que les autres, le droit de railler.
Je contemplais cette table gigantesque
autour de laquelle s'étaient rangés tous
ces hommes qui, quoi qu'on dise, sont et
restent les premiers dans leur art, et je
me reportais, non sans mélancolie, au
temps déjà éloigné où je sollicitais, en
compagnie de mon ami Philippe Crozier^
l'autorisation de suivre les cours du
Conservatoire. Oh j'avais renoncé au
désir de jouer la comédie (mon ventre
doré, comme on disait naguère chez Mo-
lière, m'imposerait aujourd'hui l'emploi
des pères nobles!); mais je caressais un
vaste projet celui de faire un substan-
tiel ouvrage sur notre Ecole de déclama-
tion. M. Emile Réty était alors secrétaire
général je le connaissais depuis bien
des années il n'était pas seulement le
frère de cet homme, excellent entre tous,
qui a laissé au Figaro d'inoubliables sou-
venirs, notre ami Charles Darcours il
était aussi le père de mon camarade de
collège Paul Réty, aujourd'hui un des
plus distingués fonctionnaires du minis-
tère de la marine. Je savais qu'Emile
Réty était aimé, respecté et craint en
cette Ecole dont il était le véritable chef,
mais sa cordialité un peu brusque me
faisait peur. Allait-il me permettre de
suivre les cours de Got, Delaunay,
Worms et Maubant? Il me combla et
m'accorda toutes les autorisations,mettant
à ma disposition les ouvrages parus sur
le Conservatoire, tout jusqu'à la biblio-
thèque. Les silhouettes artistiques d'un
côté, le Conservatoire de l'autre, il
n'en fallait pas plus pour calmer mon
ardeur juvénile et ma passion pour le
théâtre
Seulement, ajoutait le savant biblio-
thécaire, M. Weckerlin, je vous avertis
que votre besogne sera parfaitement inu-
tile. Tout ce qui devait être dit sur notre
Ecole a été dit. Tout ce qui a pu y être
fait a été fait.
.#
Je ne savais pas encore illusions de
la vingtième année 1 -que notre Conser-
vatoire a toujours été, depuis sa fonda-
tion, l'objet des mêmes critiques et four-
nit chaque année, vers la fin juillet,
aux feuilletonnistes, partant en vacances
et avides de sujets, des thèmes inépui-
sables. Naturellement, je rêvais des ré-
formes, et ces réformes étaient les plus
vastes du monde.
Je prétendais qu'il fallait créer deux
écoles distinctes l'une pour la musique,
l'autre pour la déclamation placer à la
tête de chacune d'elles un administrateur
spécial, comme si nous n'avions pas
assez de fonctionnaires Je demandais la
suppression, au mois de janvier, du
concours des pensions, jugeant qu'une
enquête sur la situation de chaque élève
s'imposait. C'était simplementl'impôt sur
le revenu que je préconisais. Au Con-
servatoire 1. Il y avait alors il faut
tout dire dans la classe de M. Delau-
nay, une toute jeune fille, blonde comme
les blés, d'une éclatante beauté, accom-
pagnée de sa maman, laquelle avait bien
plutôt l'air d'être sa sœur, et cette jeune
fille, à laquelle son maître prédisait le
plus brillant avenir, avait obtenu une pen-
sion comme elle n'en avait pas besoin
pour vivre, elle la rendit généreusement.
Cette jeune fille devait s'appeler Marie-
Louise Marsy.
Je souhaitais aussi que, comme autre-
fois, on rappelât les récompenses, ce qui
était, à mon sens, le meilleur moyen
d'indiquer aux élèves qu'ils n'ont pas
progressé.
Mais les grosses réformes, c'était l'or-
ganisation régulière et immédiate d'exer-
cices publics, c'est-à-dire de représenta-
tions.classiques données par les élèves
du Conservatoire (c'était, en somme, la
création de ce théâtre que M. Bodinier a
appelé Théâtre d'application); c'était l'o-
bligation, pour les premiers lauréats,
d'un stage de deux années à l'Odéon
c'était la défense aux candidats de dire,
au concours de fin d'année, une scène
moderne.
Oh pour l'interdiction des scènes mo-
toufles et son pantalon, de reprendre
position entre ses draps; puis il mit
en jeu la sonnerie électrique qui se trou-
vait à la tête de son lit.
Après quoi il se leva; et, nu-pieds, en
chemise flottante, il alla ouvrir la porte
de la chambre de sa femme, en s'ex-
clamant
Ah çà, voilà une demi-heure que je
sonne et personne ne vient 1 Sais-tu où
sont les bonnes ?
Je suis étonnée que la cuisinière ne
réponde pas.
Comme il était hors de vue, il put fré-
mir et pâlir librement. Il assura sa voix
pour faire observer
Comme je l'ai mise à la porte hier
soir, peut-être n'est-elle pas descendue,
ou est-elle partie
Sans avoir demandé son compte?
Je ne sais pas, moi C'est si bizarre
souvent, ces gens-là! Elle est peut-être
seulement allée se promener.Enfin elle
n'est pas à la cuisine, puisqu'elle ne
répond pas. Et la femme de chambre,
l'as-tu vue ?
EIIb doit être chez Louise.
Tu serais bien gentille de te lever et
de lui dire de m'apporter mon eau
chaude.
Bon 1
Il alla se recoucher, en laissant entr'-
ouverte la porte de communication. Il se
réjouissait de penser que la femme de
chambre, en apportant la bouillotte,cons-
taterait qu'il n'avait pas encore bougé de
son lit, ce matin-là, vers neuf heures.
Pendant que Mme Bouscabès se levait,
elle fit observer, d'une pièce à l'autre
• Je te croyais debout depuis long-
temps. Louise m'avait dît; que tu allais
te lever, quand elle est venue me. dire
bonjour. '"̃
• ,'A cette simple; question qui.1,- naiVe-
ment, ouvrait L'abîme sous ses pieds,. B
perçut de quelle présence d'esprit, de
quelle ingéniosité, de quelle hypocrisie
il allait falloir qu'il se mît en dépense-
dernes et l'obligation des scènes classi-
ques, j'étais férocel.. J'avais mis de mon
côté les professeurs d'abord, Sarcey en-
suite, à qui je contais fidèlement tout ce
qui se passait à l'Ecole. Il me semblait
qu'on n'apprend à jouer le drame qu'en
s'exerçant à la tragédie et qu'avant de
dire du Victor Hugo ou du Musset, il faut
avoir dit du Racine et du Molière. J'allais
plus loin je demandais que les élèves, se
destinant à la comédie, fussent contraints
de concourir en tragédie. Bref, encore
imbu des préceptes que je venais de re-
cevoir de mon professeur de rhétorique
Eugène Talbot, j'étais tout entier au réper-
toire classique. Je bondissais à la lecture
des programmes, accusant ceux-ci de
dire du Dumas, parce que l'auteur de
la Dame aux camélias faisait partie du
jury et ceux-là de négliger celui des
Effrontés parce qu'il n'en était pas.
Toutes ces idées indiquaient-elles une
âme de conspirateur?
Enfin, à tout prix, je voulais que les
concours de fin d'année eussent lieu à
l'Odéon, dont la vaste salle me paraissait
indiquée pour abriter jurés, élèves et
public le jour du concours final. Des
hommes avisés, comme mon ami M.
Eugène des Chapelles, alors chef du bu-
reau des théâtres, avaient beau me faire
remarquer que l'Odéon ne remplirait pas
le même but que le Conservatoire, que
les élèves n'étaient pas des comédiens
formés et qu'il était préférable de les ju-
ger sur une scène d'étude. Je ne vou-
lais rien entendre et, consciencieuse-
ment, chaque année, comme les cama-
rades, je refaisais l'article sur le Con-
servatoire, pestant contre tous et contre
tout, contre la jeune Desdémone qui, en
robe de soie si elle est riche, et en robe
de laine si elle est pauvre, vient se faire
étrangler par le bouillant Othello, lequel,
en habit noir, se donne des airs de
Mounet-Sully, se coiffe à la façon d'Al-
bert Lambert et se campe comme Paul
Mounet. Et je maudissais ce public
d'aspirants comédiens. riant à l'excès et
pleurant de même, ces lauréats témoi-
gnant, à l'appel de leur récompense, leur
mécontentement ou leur satisfaction par
un salut appris et fabriqué depuis des
mois.
Et je ne me disais pas que j'étais moi-
même aussi comédien, plus peut-être,
que ce lauréat, puisque, pour lui comme
pour moi, il n'y avait alors rien de vrai,
de bon et de beau que le théâtre avec sa
rampe et sa toile, sa cour et son jardin 1
Et me voici, après plus de vingt an-
nées, constatant que mes anciens étaient
des sages. Que d'articles inutiles! Que de
discussions oiseuses Nous avions alors
une demi-douzaine d'articles tout prêts
il y avait l'article-Conservatoire, l'article-
Koning, l'article-marchands de billets et
aussi,jeledisàmâhonte,rarticle-Sardou!
Nous ne comprenions pas que l'homme'
qui a fait Patrie! et la Haine, Divorçons et
les Vieux Garçons, Rabagas et la Famille
Benoîton, les Pattes de mouche et Nos
Intimes, et enfin Théodora et la Tosca,
qui a eu le sens de la haute tragédie,
qui nous a amusés, étonnés et conquis
par de simples procédés de drame, de
comédie et de vaudeville, qui a tracé, 'l'
quand il en a pris la peine, le tableau le
plus fin et le plus vivant de nos mœurs,
qui a touché à l'histoire et n'y a pas été
inférieur; nous ne comprenions pas. que
cet homme extraordinaire, à l'imagina-
tion si souple et si vive, si fertile et si
française, c'est le théâtre même, l'illu-
sion de la vie 1 Il y avait aussi l'article-
Censure, mais celui-là- et pour cause
m'était interdit.
Et je voulais dire aujourd'hui ce qu'a-
vaient été comme professeurs les Got,
les Delaunay, les Worms et les Maubant,
ce que sont devenus leurs élèves. Je
voulais rappeler ce fameux concours de
comédie où trois jeunes filles se parta-
gèrent la première récompense Mlles
Brandès, Marsy et Bruck. Et me voici,
profitant des leçons de l'expérience, con-
fessant mes fautes, me rendant compte
de ce qu'est cette grande et admirable
Ecole, plein d'une respectueuse, affection
pour son chef et de sympathique estime
pour ses maîtres, gardant pour son secré-
taire général Fernand Bourgeat une amitié
fidèle, ayant moi-même le plaisir d'être
croqué par le délicieux Cappiello, aimant
enfin tout ce que j'ai renié, et reprenant
pour moi-même le mot, profondément
juste hélas de Dumas
Un homme qui, arrivé aux hon-
neurs, pense, dit et fait exactement le
contraire de ce qu'il disait, pensait et
faisait avant d'y arriver, ça n'est pas
nouveau'; ça n'est pas original, mais c'est
toujours amusant 1
Adrien Bernheim.
pour sortir intact de la passe où il venait
de s'engager.
Son imagination ne fit qu'un tour. Une
réponse immédiate s'imposait. Il la
trouva, fouetté par l'urgence
Oui, parbleu il y a une demi-
heure que. je serais levé, si on m'avait
apporté mon eau, quand j'ai sonné!
Il fallait me dire plus tôt d'appeler
la femme de chambre, chez Louise.
̃ Baste 1 rien ne pressait. Je ne voulais
pas te déranger. Je pensais que l'une ou
l'autre finirait par répondre.
Mme Bouscabès avait apparemment
revêtu son peignoir. Il l'entendit sortir
de sa chambre.
Et il se mit à méditer, la sueur au
front:
C'est une imprudence que je viens
de commettre, de déclarer à ma femme
que je n'ai pas encore quitté mon
lit. Car si Louise, après avoir dit bonjour
à sa mère,était repassée par ma chambre,
je m'exposais à me faire prendre en fla-
grant délit de mensonge. Elle n'est pas
repassée par ici.ma femme m'aurait
répondu: « Tu 'as quitté ton lit, puisque
Louise ne t'a pas revu dans ta chambre!»
Tout va bien, Mais c'est une.chance! Ah 1
maudite aventure Je donnerais dix mille
francs, cent mille frances, je me coupe-
rais un poing, pour en revenir à l'instant
qui a précédé ma colère et en prévoir
l'atroce conséquence. Et moi qui n'avais
jamais pris la colère pour une tare, pas
même pour un défaut! Si je m'en tire,
quelle leçon Une leçon qu'il faudrait
crier sur toutes les places publiques, affi-
cher sur tous les murs,, et que je serai
forcé d'enterrer avec moi
Il en était à cette exclamation quand sa
femme revint de.la chambre de leur fille
et s'approcha dé son lit.
C'était le premier être en présence du*
quel il se;trouvait depuis l'accident. Mal-
gré toute l'invraisemblance qu'il y avait
à supposer qu'elle pût en être informée,
il eut' vers çlle, instinctivement, un re-
COURRIER DES THEATRES
Aujourd'hui
Au Conservatoire, à une heure, distribu-
tion solennelle des prix.
Voici le résultat officiel de l'examen da
danse qui a eu lieu récemment à l'Opéra et
dont le tableau vient d'être affiché
M. Raymond passe sujet mime; M. Iter-
voult passe coryphée..
Mlles Vinchehn, Demaulde, Coudaire, Jonn-
son et Blanche Mante, de coryphées, passent
dans les premiers sujets.
Il a été procédé, de plus, au nouveau clas-v
sement que voici
Coryphées, 1™ division, 1" section Mlles La-'
batoux, Perroni, Bonnot, Louppe, Charrier. Mal'
let; 2" section Mlles Neetens, R. Piron,
Lozeron, W. Schloïnska, Kock, Marié.
2° division Mlles Manilève, Metzger, Map*
cellé, Urban, Kubler, Dantard, Lantier, André.
1" quadrille, 1™ division Mlles L. Mendez,
de Saunoy, J. Schloïnska, de Folly, Nicloud,
Itanauër, Soret, Raboin.
2° division Mlles L. Hugard, Millière, de
Verrey, Louvelle, Bertillon, Sohège, Hugon, Pou-
lain, Demoreira, Even, Cochin, Laugier.
2° quadrille, 1"» division Mlles J. Hugard,
Thierry, Lequien, Quinault, Inès, Delsaux, Mau-.
rial, Sorelle.
2* division, 1" section Mlles Carroy, Lefèvre,-
Coussot, C. Piron, Aveline, Thomas; 2* section
Mlles Maupoy, Lenclud, Boulay, Bayle, Emmo-
net, Brémont, Schwartz, Garnier (ces cinq der»
nières externes).
A la Comédie-Française on passe en revue,
avec beaucoup de succès tout le répertoira
classique, et l'administrateur général ne ca-
che pas sa satisfaction du résultat obtenu.
Hier, le Mariage forcé avec MM. Truffier,
Laugier, Hamel, Dehelly, Ch. Esquier, Bar-,
rai, Ravet et Mlle Nancy Martel, a été bien
accueilli. Quant au Cid, ce fut un triomphe.
Les quatre grands protagonistes, Albert Lam-
bert fils, vibrantRodrigue Paul Mounet, su--
perbe don Diègue; Mme S. Weber, une Ghi-
mène à la fois touchante et fougueuse; Mlle
Moreno, une charmante Infante, ont été cou-
verts d'applaudissements. Autour d'eux MM. J
Jacques Fenoux, Villain, Falconnier, Ch. Es-
quier, Hamel, Mlles Faylis et Lherbay ont
vaillamment défendu la Maison de Corneille.?' v
Demain dimanche nous aurons les Plai-
deurs et l'Avare, et mercredi l'Ecole des
maris.
u--
Voici la distribution complète des Phéni-
ciennes, le drame antique, en quatre actes et
en vers, adapté d'Euripide par M. Georges^
Rivollet, qui sera donné, pour la première
fois, le dimanche 10 août prochain, au théâ-
tre antique d'Orange
Œdipe MM. Mounet-Sully
Polynice Alb. Lambert fils
Créon Paul Mounet
Etéocle Jacques Fenoux
Un vieillard thébain Duparc
Un pâtre Gorde
Un messager Talrick
Le Pédagogue Thierry
Un chef thébain Doto
Un esclave Petit
Antigono Mmes'S. Weber
Jocaste Delvair ••
Menœoée Besson
Une Phénicienne Brille
Une Thébaine de Pouzols
"Orchestre sous la direction de M. Léon Lau-1
rent,,chef d'orchestre de la Comédie-Française.
C'est dans la salle du Trocadéro que se font
actuellement les répétitions.
Les fêtes d'Orange commenceront le 9 août
par une représentations d'Œdipe roi.
M. Paul Mariéton a choisi M. Jacques Cré-
pet comme secrétaire général chargé des rap-;
ports avec la presse. Lui adresser demandes'
et communnications, rue .Richepanse, n» 9'
Paris.
M. Guitry part aujourd'hui pour une petite
excursion en Ecosse. Avant son départ, le
nouveau directeur de la Renaissance a fait
un très heureux. engagement celui de Mme
Jane Hading, qui créera le rôle principal de la
pièce d'Alfred Capus avec laquelle M. Guitry
.ouvrira son théâtre.-
De plus, M. Guitry, qui compte faire procé-
der à une élégante réfection de la salle, a ré-
glé diiférentes questions administratives, no-
tamment celle de l'éclairage qui va être ins-
tallé selon les derniers perfectionnements et
permettra les plus intéressants effets de lu-
mière pour la mise en scène. Du reste on
peut être certain que l'habile directeur ne né-
gligera rien pour rendre au théâtre où il fit
représenter A niants avec quel succès
tout l'éclat artistique et mondain qu'il eut à i
cette fructueuse époque.
De Dieppe
« Grand succès pour Gavaut, Minard et'
Cie MM. Matrat, Guyon fils, Gildès, Dra-
quin, Mme Miller ont été très applaudis.
» Le Coup de fouet a produit un gros effet
plusieurs rappels pour Mmes Burty, Lian-
drée, Viarny et Pharos.
» Au tableau: la Famille Pont-Biquet, di-
manche. » ..J.
-j1'
De notre correspondant de Béziers
« En réponse à l'entrefilet du Figaro d'hier "Vf.
sur Mme begond-Weber, qui pourra être em-
pêchée de créer Parysatis à Beziers le^août,,1
jouant les Burgraves à Besançon le 16 août,
M. Castelbon de Beauxhostes nous adresse'
une lettre pour protester, attendu que l'émi-
nente tragédienne signa son engagement de-
puis près d'un an et que, la date de la repré-
sentation ne pouvant être changée, l'artiste
gard d'anxiété Etait-elle plus pâle que
de coutume, plus tremblante, ses yeux
avaient-ils l'air de recéler le redoutable
secret ?
Mais il constata qu'elle présentait son
aspect coutumier, que sa figure de bonne'
dévote, un peu pâle, un peu longue, déli--
cieusement bienveillante, et charmante
encore, malgré l'âge, sous la chasteté de ̃
ses bandeaux plats, ne décelait aucun
émoi.
Toute menue, elle venait dp traverser
la pièce, de cette marche glissante, silen-
cieuse, des personnes habituées à se.
mouvoir dans le recueillement des égli-
ses, et elle tendait le front au baiser de
son mari.
̃ II se dressa sur son séant; et, au lieu de
l'amical effleurement de lèvres dont il
avait coutume, matin et soir, envers elle,
il la prit par lé cou en -ses bras, et il l'é-
treignit d'un élan de malheureux qui de- v
mande un refuge à la tendresse d'un être
aimé.
Mais à peine, l'avait-il ainsi embras-
sée, qu'il craignait de s'être trahi.
« Comment va-t-elle expliquer cette éiïio-
tion ? »
Il se dégagea,l'esprit aux champs, pour
trouver une défaite.
Quelle misère, avec son tempérament
d'expansion à outrance, de ne pouvoir
crier son angoisse même à celle-là qui
était sa chère femme, d'avoir à se défier
d'elle comme d'un adversaire 1
Louise t'a dit ?.imagina-t-il.
Elle pensa qu'il était sous le coup du
prochain mariage de leur fille, etque c'é-
tait la cause de son émoi.
Louise avait en effet communiqué tout
à l'heure à sa mère que Bouscabès se dé-»
aiderait sans doute,, l'après-midi même, à.
engager les pourparlers., >
(A suivre.) Henri Pagat,
tance des capitaux français engagés,
que les actionnaires de la Caisse Inter-
nationale ont désiré choisir, comme li-
quidaleur, un avocat parisien.
Mais Me Linol n'hésite pas à reconnaî-
tre qu'en cette qualité, il aura à lutter
contre tous les acheteurs de titres qui
veulent se faire rembourser par la caisse
internationale des titres, dont beaucoup
n'ont plus aucune valeur.
Attendons-nous donc à voir encore
surgir après la Rente viagère et la Caisse
des familles, un nouveau scandalefinan-
cier.
P. S. Dans la soirée d'hier, on an-
nonçait qu'une instruction était ouverte
à Paris contre M. Cooman et les frères
Hutt. M. Roty, juge d'instruction, aurait
chargé M. Roy, commissaire aux délé-
gations judiciaires, de procéder à une
enquête. Les inculpations relevées se-
raient celles d'escroquerie et d'abus de
confiance.
AVIS DIVERS
pUEIL-MALMAISON. Les vieillards de la
maison de retraite fondée par M. Gognacq,
propriétaire des Grands Magasins de la Sama-
ritaine, ont fêté, avant-hier, les noces d'or de
M.etM"ie Bichi qui comptent à eux deux 165 ans.
il vant de partir en villégiature, n'oubliez pas
j[i_ d'acheter le dernier livre de GYP, les Amou-
reux, qui vient de paraître chez l'éditeur Juven.
( Voir aux annonces.)
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Âla. MER et dans les VILLES d'Eaux on man-
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tons-nous de dire que l' Union des Propriétaires
de Nice, 10, avenue de l'Opéra, Paris, envoie
par colis postaux son exquise huile d'olive.
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Nouvelles Diverses
A PARIS
̃' '̃ • LE' CRIME D'ASNIÈRES'
Nous avons raconté hier qu'une femme
Sannois avait assassiné son mari à coups de
couteau, chemin des Cabçeufs à Asnières. M.
Gouraincourt, juge d'instruction, s'est rendu
sur le théâtre du crime et a interrogé la cou-
pable.
Il y avait six ans que les époux Sannois
étaient mariés.- Mme1 Sannois, âgée de vingt-
trois ans, a deux enfants, âgés de trois ans
et de quatre ans.
La maison où s'est déroulé ce drame épou-
vantable appartenait à M. Sannois qui, avec
un domestique cultivait lui-même ses champs.
Mme Sannois venait tous les jours avec le
domestique aux Halles vendre ses légumes.
Le maraîcher, qui se livrait à la boisson,
brutalisait sa femme, et chaque jour, les
scènes se renouvelaient.
Si j'ai frappé mon mari d'un coup de
couteau de cuisine, a déclaré Mme Saunois
au juge d'instruction, c'est que, pendant que
j'étais occupée à lier de l'oseille dans le jar-
din, il. s'était approché de moi en menaçant
de me tirer un coup de revolver. Mon domes-
tique avait dû le désarmer.
» Furieux, il était rentré dans la maison
où il. m'avait appelée et maltraitée de nou-
veau. Exaspérée, j'ai vu rouge. »
M. Sannois avait été frappé de trois coups
de couteau dans la gorge. Il avait eu la force
de se traîner -jusque dans la chambre où il
a expiré.
Son cadavre a été transporté à la Morgue
aux fins d'autopsie.
UNE ARRESTATION
Nous racontions, il y a quatre jours, qu'on
avait arrêté un Chilien, M. Arriagada, sous
l'inculpation d'avoir voulu vendre une perle
volée au marquis d'Anglesey.
Or, c'était tout le contraire. M. Arriagada
ayant appris qu'un individu était possesseur
de bijoux provenant du vol, avait proposé à
cet homme de lui racheter une perle à laquelle
le marquis tenait beaucoup. Il lui avait donné
rendez-vous et c'est en présence du secrétaire
de M. d'Anglesey venu tout exprès que le
marché allait se faire; lorsque la. police est
intervenue. Le voleur s'est sauvé et c'est M.
Arriagada qu'on a arrêté 1
L'erreur a, été vite reconnue. M. Aurelio
Arriagada, fils du général Arriagada, n'a pas
eu de peine à prouver son honorabilité et à
démontrer que c'était sur la prière du mar-
Feuilleton du FIGARO du 2 Août
X-jia. Colère
1
•- Suite
II .percevait vaguement alors qu'il y
aurait eu peut-être quelque ruse à ourdir,
quelque précaution à prendre pour se
mettre hors de cause. Mais il n'était
apte en cemomentàaucunecombinaison.
Son cerveau congestionné ne pouvait
élaborer que des idées simples d'im-
médiate et facile réalisation.
Ce qui lui semblait urgent, c'était de
redescendre à la hâte, pour qu'on ne
s'aperçût pas de son absence.
Après donc avoir fermé la porte à clef
derrière lui, il regagna l'escalier, écouta
de toute son anxiété, avant de s'y enga-
ger, si personne n'y circulait en ce mo-
ment, s'il n'entendait toucher à la ser-
rure d'aucune porte; puis il se risqua,
les tempes battantes, le cœur détraqué,
les mains humides et glacées.
Mais décidément le hasard était pour
lui.
Ni dans l'escalier ni dans l'apparte-
ment, aucune rencontre.
Et bientôt il était en sûreté dans sa
propre chambre.
Alors il défaillit comme un être qui
vient d'être frôlé par la foudre, comme
upe bêté traquée qui se terre au gîte, les
nerfs brusquement épuisés et gardant le
frisson convulsif delà cri se. i.
Oh maintenant. dormir M'enfer-
mer, disparaître de la vie jusqu'à caque
tout danger soit écarté
Reproduction interdite.
L. C
quis et pour lui rendre service qu'il s'était
chargé de cette transaction. Il a été remis en
iberté.
UN AUDACIEUX FAUSSAIRE
Sur une plainte du ministre de la marine,
M. Roty vient de faire arrêter un sieur C.
qui s'était présenté dernièrement au minis-
tère pour toucher différents mandats portant
la signature de M. Decrais.
M. C. prétendait avoir livré sur les ordres
de l'ancien ministre, un stock de marchan-
dises à une administration de la Martinique,
avant la catastrophe.
Comme sur les livres du ministère on ne
trouvait point trace de cette expédition, une
enquête fut ouverte et l'on reconnut que la
signature de M. Decrais avait été imitée.
M. C. a été inculpé de tentative d'extor-
sion de fonds.
LE CAISSIER DE LA FACULTÉ. DE MÉDECINE
Nous avons raconté, le 8 juin dernier, à la
suite de quelles circonstances, M. Pupin, se-
crétaire de l'Académie de médecine, et M.
Imauville, caissier, avaient été relevés de
leurs fonctions.
M. Imauville avait, on s'en souvient, puisé
dans la caisse dont on lui avait confié la
garde, et il avait dérobé une soixantaine, de
mille francs. M. Pupin, son chef hiérarchi-
que, s'était bien aperçu des détournements,
mais il avait eu pitié de son subordonné, cais-
sier depuis vingt-cinq ans à la Faculté, et,
sur la promesse de celui-ci de tout rembour-
ser, il s'était tu.
M. Boucart qui avait été chargé d'ouvrir
une instruction, vient de renvoyer M. Imau-
ville devant le Tribunal correctionnel, sous
l'inculpation d'abus de confiance. L'ancien
caissier a été examiné par le docteur aliéniste
Mottet, qui a déclaré que l'inculpé ne devait
pas être rendu entièrement responsable de
ses actes.
Quant à M. Pupin, qui a remboursé, de ses
propres deniers, les sommes détournées, il a
bénéficié d'une ordonnance de non-lieu.
Les cycles sont vendus avec un premier `r
versement ,de dix francs pour cent francs aux
Grands Magasins Dufayel. Articles de jardin,
Sport et Voyage, Photographie, Automobiles,
Armes de chasse. Nombreuses attractions.
L'ESCROQUERIE A L'AFFAIRE HUMBERT
Depuis quelque temps un individu, prenant
tantôt le nom de Mouillot, tantôt celui de
Delvaut, etc., se présentait dans les cafés et
restaurants du dixième arrondissement, en se
prétendant ancien secrétaire du commissariat
et inspecteur de police chargé spécialement
de l'affaire Humbert.
Je suis sur la piste, disait-il. Je crois
bien que je les aurai d'ici peu.
Puis il ajoutait
Ce qui m'ennuie, c'est que je ne peux
pas toucher les 25,000 francs de prime. Ça
m'est défendu. Mais on' pourrait s arranger.
Naturellement, il ne manquait pas de
clients. Il convenait alors qu aussitôt qu'il
serait en mesure de faire prendre les Hum-
bert, ce serait son associé qui les dénoncerait.
Comme cela on aurait la prime qu'on parta-
gerait, 12,500 francs chacun. En attendant,
il empruntait cent à cent cinquante francs
pour les frais préliminaires. On réglerait,
plus tard. • •̃••
Cela eût pu durer longtemps, car chaque
jour il changeait de café et recrutait des asso-
ciés nouveaux. Mais hier il tomba, sur un
monsieur qui, connaissant le vrai secrétaire
du quartier, le pria de venir avec lui au
bureau du commissaire. A ces mots, notre
homme dressa l'oreille et prit la fuite, lais-
sant son interlocuteur ébaubi.
La nouvelle s'est répandue et maintenant
les plaintes affluent. Mais il est probable que
l'adroit filou ne reparaîtra pas de sitôt. dans
les parages où il a opéré.
•+. •̃
LA BOMBE DE LA PLACE PÉREIRË
Grande émotion hier soir place Péreire. On
se montrait avec effroi un objet sphérique et
brillant duquel sortait une sorte de mèche.
Ce devait être évidemment une bombe. Un
caporal du génie s'avança, fit écarter la foule
et alla jeter sur l'engin du sable mouillé pour
attendre l'arrivée du commissaire de police
qu'on était allé prévenir.
Le commissaire accourut et, comme la mè-
che ne fumait pas, il écarta" le sable et exa-
mina l'objet.
C'était une boule de jardin en verre ar-
genté. La mèche était une corde qui avait
servi à l'attacher.
JJN CONSEIL PAR JOUR
Beignets d'abricots, dessert de saison. Pren-
dre de beaux abricots bien mûrs les couper
en deux ou en quatre suivant la grosseur les
rouler dans la farine et les faire frire comme
les beignets de pomme. A mesure que vous
les retirez, égouttez, saupoudrez de sucre et
passez dessus la pelle rougie pour les glacer.
Jean de Paris.
Mémento. M. Eugène Grifoison, rentier,
faubourg Saint-Martin, a été hier victime d'un
vol à la bousculade, sur le boulevard Poisson-
nière. On lui a pris 5,000 francs qu'il venait de
toucher au Comptoir d'escompte.
Un commencement d'incendie s'est déclaré
hier .soir, à six heures, 17, rue Clauzel, par suite
de l'imprudence d'une locataire, Mme Lauroux,
qui a renversé sur son parquet une lampe à pé-
trole allumée. Le feu a été très rapidement
éteint, mais Mme Lauroux a été grièvement
brûlée.
J. de P.
Mais, tout en proférant ce vœu, il sa-
vait qu'il allait avoir au contraire à se
guinder avec une intensité exagérée dans
le rôle que lui imposait l'obligation de
donner le change. Le salut dépendait de
son sang-froid, de sa ruse, du masque
qu'il se npuerait au visage. Il avait joué
naguère, pour placer ses fûts et ses bar-
riques, d'admirables comédies. Il en
avait conscience. C'était de quoi lui don-
ner de l'espoir. Qu'étaient cependant ces
parades auprès de la terrible comédie
dont dépendaient en ce moment, son
honneur, sa liberté, sa vie peut-être ?
Il serra les mâchoires en un geste de
suprême résolution, et, comme il eût dit
« En. scène » il se cria tout bas « De-
bout !» » ̃
En cet instant ses yeux rencontraient
la pendule..Il constatait
Neuf heures moins le quart.
Il se souvint que lorque sa fille l'avait
quitté, après leur causerie, elle lui avait
appris qu'il était huit heures un quart.
Il n'y avait donc qu'une demi-heure
qu'il s'était levé! Une demi-heure?. Et
il lui semblait que c'était autrefois, dans
une existence de rêve, en un temps où
il n'était pas le même homme qu'en ce
moment.
Comme il n'avait jamais médité sur
aucune idée générale, il ne s'était pas
avisé jusque-là que sa vie pût être ainsi
à la merci d'un brusque hasard, qu'il
pût cesser de rester, jusqu'à sa mort, le
Bouscabès qu'il avait toujours été. L'exis-
tence lui semblait un arbre que l'on
plante, qui se développe régulièrement,
qui, moins d'une maladie, ne cesse de
fleurir à la même place, de produire les
mêmes feuilles, de donner les miêmes
fruits.
II ne tenait pas compte de la foudre.
Maintenant même, tout frappé > qu'il
fût, il. se révoltait contre, l'invraisem-:
blance de la réalité. Il n'admettait pas
que, pour un coup de colère stupide, une
de ces effervescences auxquelles il se.
DANS LE S DÉPARTEMENTS
ET A L'ÉTRAUrQBB
UNE AGRESSION CONTRE M. CHANOT
«̃"»>»«» Marseille. M. Chanot, président
du Conseil général, candidat tête de liste dans
les élections municipales, qui obtint la majo-
rité au premier tour des élections municipales,
dimanche dernier, vient d'être l'objet ce soir,
à son domicile, d'une agression odieuse.
Il se trouvait en famille, lorsque trois indi-
vidus demandèrent à être reçus.
M. Chanot les fit entrer, et aussitôt l'un
d'eux, après quelques paroles échangées, se
précipita sur lui la main levée.
M. Chanot réussit à les tenir à distance et
les agresseurs durent se retirer, tandis que
les gens de la maison criaient « A l'assas-
sin ».
Trois individus, complices des trois au-
très, attendaient à la porte en surveillant i
les abords.
L'un d'eux a pu être arrêté, et a été conduit
à la Permanence, où il a fait connaître les
noms des auteurs de cette agression.
UN ÉNORME INCENDIE
Marseille. Un incendie, qui prend
de minute en minute de très grandes propor-
tions, a éclaté, vers huit heures et demie, dans
la forêt de Marseille-Veyre, du côté de Fon-
taine-d'Ivoire. Tous les postes de pompiers
ont été envoyés sur les lieux, ainsi qu'un dé-
tachement de troupes.
ACCIDENT D'AUTOMOBILE
*«* Le Havre. Un accident d'automo-
bile s'est produit hier soir, à onze heures, sur
la route Nationale, près de la ferme de So-
quence, à Graville. M. André Mousset, négo-
ciant au Havre, se rendait en automobile à
Harfleur, lorsqu'il aperçut devant lui une
femme qui marchait la tête enveloppée dans
un châle.
Il fit usage plusieurs fois de son avertisseur,
et, comme la femme ne. se dérangeait pas, il
cria. A son appel, elle se gara à droite, et M.
Mousset obliqua à gauche pour l'éviter. Mais,
à ce moment précis, elle fit un brusque écart
à gauche et fut atteinte par la roue de l'auto-
mobile.
On accourut pour la relever. Tous les se-
cours furent inutiles. Elle ne tarda pas à
expirer. Elle avait eu le crâne fracturé et
portait en outre des blessures sur diverses
parties du corps. La victime est une femme
Lesouef, âgée de soixante-treize ans, demeu-
rant à Montivilliers.
Le Havre. On est très inquiet sur
le sort du yacht à vapeur Jeanne, appartenant
à M. René Martin, directeur d'usine à Saint-
Denis.
Le Jeanne était parti de Saint-Denis à la
fin de la semaine dernière, ayant à bord M.
René Martin, un de ses amis, deux dames,
un matelot et un mécanicien, et s'était rendu
à Dieppe.
Il avait quitté ce port le 27 juillet allant au
Havre ou à Trouville.
Depuis, on n'a pas eu de ses nouvelles.
UN GRAVE ACCIDENT ̃ ̃
>-»~ Roy an. Un jeune homme de dix-
huit ans, nommé Pérodeau, demeurant à Saint-.
Georges-de-Didonne, est tombé d'une balan- (
çoire installée sur le champ de foire. ( 4
Il a reçu de si graves blessures à la tête qu'il
a succombé le lendemain.
t i
TREMBLEMENTS DE TERRE
»~>~>' Los Alamos (Californie). Une vio-
lente secousse de tremblement de terre, qui 1
s'est produite hier matin, un peu après une ̃ 1
heure, à Alamos (Californie), a, soit endom- ̃<
mage, soit détruit complètement les maisons ¡
en briques de la ville. Nombre de personnes
ont été projetées hors de leur lit. La panique
a été considérable; les dégâts sont sérieux,
mais personnes n'a péri. 1
On evalue à soixante-quinze le nombre des
secousses distinctes ressenties depuis le 27 1
courant. On en a ressenti trois hier matin,
de sept heures vingt-cinq à septheurestrente. 1
La dernière a été la plus violente.
Il y a eu aussi des secousses à Santa-Bar- ]
bara et Loupoc.
Une nouvelle secousse a eu lieu ce soir à ]
sept heures et demie. ]
A la même heure, une légère secousse a été 1
également ressentie à Santa-Barbara et à ]
Santa-Maria. i
Argus. i
NOTES ET SOUVENIRS
ANS M ~tn~TM
TRENTE AÏS 11 THÉÂTRE
Notre ami et éminent collaborateur
Emmanuel Arène, qui a donné un ta-
bleau si vivant des séances du Conser-
vatoire, avait bien raison d'affirmer qu'il
ne faut pas médire de cette grande Ecole.
Il faut avoir visité les théâtres et les
Conservatoires d'Allemagne et d'Autri-
che pour se rendre compte de cette
supériorité devant laquelle nos voisins
sont les premiers à s'incliner.
J'étais, précisément, le mois dernier,
laissait emporter à chaque instant sans y
attacher d'importance, et sans en avoir ja-
mais subi de dommage, que pour avoir
poussé brutalement hors de chez lui une
servante qui l'insultait après l'avoir exas-
péré, il n'admettait pas que, pour cette
misère, il eût en un instant creusé le
gouffre de l'Irréparable entre son passé
et son avenir,-qu'au lieu de continuer à
jouir de la vie entre sa femme et sa fille,
à sa table délicate, en son confortable
appartement, entouré de ses amis, il fût
menacé de l'horreur d'une prison:
Non, ce n'est pas possible Non, ce
ne sera pas On ne me mettra pas en pri-
son, moi, Bouscabès Il n'y a que les vo-
leurs et les assassins qu'on mette en pri-
son 1
Rassuré par cette naïveté, il concluait
Je m'en tirerai. il n'est pas admis-
sible que je 'ne nTen tire pas. `
Pour s'en tirer, il importait avant tout
qu'on ne pût établir aucune corrélation
entre la mort de la domestique et les cris
qui peut-être avaient été entendus à
la cuisine, la bousculade qu'on avait
peut-être perçue dans l'escalier.
En somme, nul témoin oculaire. ̃"
S'il était question de cris, de bouscu-
lade, Bouscabès pouvait nier qu'il y fût
pour quelque chose.
A distance, à travers des murs, on
confond une voix avec une autre!
On n'accuse pas un homme sur ce
simple indice!.
Il nierait donc.
Et, pour nier victorieusement, il se dé-
fendrait d'avoir même, de toute la mati-
née, mis les pieds à la cuisine
Comment, moi, vers huit heures et,
demie,' j'ai tempêté à' la cuisine J'étais
encore au lit 1
Que répondre à cet alibi pér'emptoirei
appuyé dïune be.lle -mine de surprise et
proféré de l'accent pénétrant avec lequel'
il avait endoctriné tant et tant d'ache-
teurs lorsqu'il négociait ?
Il s'çmpressa donc de.-(juittep ses pjua-
convié au dïnerdes professeurs du Conser-
vatoire. C'était, pour moi, un début.
J'étais donc un peu inquiet, comme il
sied à un débutant, lorsque j'entrai dans
l'immense salle à manger qui contenait
une centaine de couverts. Mais je fus vite
rassuré par le cordial accueil que me fit
M. Crosti, l'organisateur de cette victoire
artistique et culinaire. Je compris que le
fâcheux officialisme allait être exclu de
la réunion. Mon attente ne fut pas déçue:
M. Crosti fit mieux il remplaça le toast
traditionnel par quelques couplets joli-
ment tournés dans lesquels il parlait,
avec une malicieuse irrévérence, de cer-
taines traditions administratives que les
fonctionnaires, laborieux comme lui, ont,
plus que les autres, le droit de railler.
Je contemplais cette table gigantesque
autour de laquelle s'étaient rangés tous
ces hommes qui, quoi qu'on dise, sont et
restent les premiers dans leur art, et je
me reportais, non sans mélancolie, au
temps déjà éloigné où je sollicitais, en
compagnie de mon ami Philippe Crozier^
l'autorisation de suivre les cours du
Conservatoire. Oh j'avais renoncé au
désir de jouer la comédie (mon ventre
doré, comme on disait naguère chez Mo-
lière, m'imposerait aujourd'hui l'emploi
des pères nobles!); mais je caressais un
vaste projet celui de faire un substan-
tiel ouvrage sur notre Ecole de déclama-
tion. M. Emile Réty était alors secrétaire
général je le connaissais depuis bien
des années il n'était pas seulement le
frère de cet homme, excellent entre tous,
qui a laissé au Figaro d'inoubliables sou-
venirs, notre ami Charles Darcours il
était aussi le père de mon camarade de
collège Paul Réty, aujourd'hui un des
plus distingués fonctionnaires du minis-
tère de la marine. Je savais qu'Emile
Réty était aimé, respecté et craint en
cette Ecole dont il était le véritable chef,
mais sa cordialité un peu brusque me
faisait peur. Allait-il me permettre de
suivre les cours de Got, Delaunay,
Worms et Maubant? Il me combla et
m'accorda toutes les autorisations,mettant
à ma disposition les ouvrages parus sur
le Conservatoire, tout jusqu'à la biblio-
thèque. Les silhouettes artistiques d'un
côté, le Conservatoire de l'autre, il
n'en fallait pas plus pour calmer mon
ardeur juvénile et ma passion pour le
théâtre
Seulement, ajoutait le savant biblio-
thécaire, M. Weckerlin, je vous avertis
que votre besogne sera parfaitement inu-
tile. Tout ce qui devait être dit sur notre
Ecole a été dit. Tout ce qui a pu y être
fait a été fait.
.#
Je ne savais pas encore illusions de
la vingtième année 1 -que notre Conser-
vatoire a toujours été, depuis sa fonda-
tion, l'objet des mêmes critiques et four-
nit chaque année, vers la fin juillet,
aux feuilletonnistes, partant en vacances
et avides de sujets, des thèmes inépui-
sables. Naturellement, je rêvais des ré-
formes, et ces réformes étaient les plus
vastes du monde.
Je prétendais qu'il fallait créer deux
écoles distinctes l'une pour la musique,
l'autre pour la déclamation placer à la
tête de chacune d'elles un administrateur
spécial, comme si nous n'avions pas
assez de fonctionnaires Je demandais la
suppression, au mois de janvier, du
concours des pensions, jugeant qu'une
enquête sur la situation de chaque élève
s'imposait. C'était simplementl'impôt sur
le revenu que je préconisais. Au Con-
servatoire 1. Il y avait alors il faut
tout dire dans la classe de M. Delau-
nay, une toute jeune fille, blonde comme
les blés, d'une éclatante beauté, accom-
pagnée de sa maman, laquelle avait bien
plutôt l'air d'être sa sœur, et cette jeune
fille, à laquelle son maître prédisait le
plus brillant avenir, avait obtenu une pen-
sion comme elle n'en avait pas besoin
pour vivre, elle la rendit généreusement.
Cette jeune fille devait s'appeler Marie-
Louise Marsy.
Je souhaitais aussi que, comme autre-
fois, on rappelât les récompenses, ce qui
était, à mon sens, le meilleur moyen
d'indiquer aux élèves qu'ils n'ont pas
progressé.
Mais les grosses réformes, c'était l'or-
ganisation régulière et immédiate d'exer-
cices publics, c'est-à-dire de représenta-
tions.classiques données par les élèves
du Conservatoire (c'était, en somme, la
création de ce théâtre que M. Bodinier a
appelé Théâtre d'application); c'était l'o-
bligation, pour les premiers lauréats,
d'un stage de deux années à l'Odéon
c'était la défense aux candidats de dire,
au concours de fin d'année, une scène
moderne.
Oh pour l'interdiction des scènes mo-
toufles et son pantalon, de reprendre
position entre ses draps; puis il mit
en jeu la sonnerie électrique qui se trou-
vait à la tête de son lit.
Après quoi il se leva; et, nu-pieds, en
chemise flottante, il alla ouvrir la porte
de la chambre de sa femme, en s'ex-
clamant
Ah çà, voilà une demi-heure que je
sonne et personne ne vient 1 Sais-tu où
sont les bonnes ?
Je suis étonnée que la cuisinière ne
réponde pas.
Comme il était hors de vue, il put fré-
mir et pâlir librement. Il assura sa voix
pour faire observer
Comme je l'ai mise à la porte hier
soir, peut-être n'est-elle pas descendue,
ou est-elle partie
Sans avoir demandé son compte?
Je ne sais pas, moi C'est si bizarre
souvent, ces gens-là! Elle est peut-être
seulement allée se promener.Enfin elle
n'est pas à la cuisine, puisqu'elle ne
répond pas. Et la femme de chambre,
l'as-tu vue ?
EIIb doit être chez Louise.
Tu serais bien gentille de te lever et
de lui dire de m'apporter mon eau
chaude.
Bon 1
Il alla se recoucher, en laissant entr'-
ouverte la porte de communication. Il se
réjouissait de penser que la femme de
chambre, en apportant la bouillotte,cons-
taterait qu'il n'avait pas encore bougé de
son lit, ce matin-là, vers neuf heures.
Pendant que Mme Bouscabès se levait,
elle fit observer, d'une pièce à l'autre
• Je te croyais debout depuis long-
temps. Louise m'avait dît; que tu allais
te lever, quand elle est venue me. dire
bonjour. '"̃
• ,'A cette simple; question qui.1,- naiVe-
ment, ouvrait L'abîme sous ses pieds,. B
perçut de quelle présence d'esprit, de
quelle ingéniosité, de quelle hypocrisie
il allait falloir qu'il se mît en dépense-
dernes et l'obligation des scènes classi-
ques, j'étais férocel.. J'avais mis de mon
côté les professeurs d'abord, Sarcey en-
suite, à qui je contais fidèlement tout ce
qui se passait à l'Ecole. Il me semblait
qu'on n'apprend à jouer le drame qu'en
s'exerçant à la tragédie et qu'avant de
dire du Victor Hugo ou du Musset, il faut
avoir dit du Racine et du Molière. J'allais
plus loin je demandais que les élèves, se
destinant à la comédie, fussent contraints
de concourir en tragédie. Bref, encore
imbu des préceptes que je venais de re-
cevoir de mon professeur de rhétorique
Eugène Talbot, j'étais tout entier au réper-
toire classique. Je bondissais à la lecture
des programmes, accusant ceux-ci de
dire du Dumas, parce que l'auteur de
la Dame aux camélias faisait partie du
jury et ceux-là de négliger celui des
Effrontés parce qu'il n'en était pas.
Toutes ces idées indiquaient-elles une
âme de conspirateur?
Enfin, à tout prix, je voulais que les
concours de fin d'année eussent lieu à
l'Odéon, dont la vaste salle me paraissait
indiquée pour abriter jurés, élèves et
public le jour du concours final. Des
hommes avisés, comme mon ami M.
Eugène des Chapelles, alors chef du bu-
reau des théâtres, avaient beau me faire
remarquer que l'Odéon ne remplirait pas
le même but que le Conservatoire, que
les élèves n'étaient pas des comédiens
formés et qu'il était préférable de les ju-
ger sur une scène d'étude. Je ne vou-
lais rien entendre et, consciencieuse-
ment, chaque année, comme les cama-
rades, je refaisais l'article sur le Con-
servatoire, pestant contre tous et contre
tout, contre la jeune Desdémone qui, en
robe de soie si elle est riche, et en robe
de laine si elle est pauvre, vient se faire
étrangler par le bouillant Othello, lequel,
en habit noir, se donne des airs de
Mounet-Sully, se coiffe à la façon d'Al-
bert Lambert et se campe comme Paul
Mounet. Et je maudissais ce public
d'aspirants comédiens. riant à l'excès et
pleurant de même, ces lauréats témoi-
gnant, à l'appel de leur récompense, leur
mécontentement ou leur satisfaction par
un salut appris et fabriqué depuis des
mois.
Et je ne me disais pas que j'étais moi-
même aussi comédien, plus peut-être,
que ce lauréat, puisque, pour lui comme
pour moi, il n'y avait alors rien de vrai,
de bon et de beau que le théâtre avec sa
rampe et sa toile, sa cour et son jardin 1
Et me voici, après plus de vingt an-
nées, constatant que mes anciens étaient
des sages. Que d'articles inutiles! Que de
discussions oiseuses Nous avions alors
une demi-douzaine d'articles tout prêts
il y avait l'article-Conservatoire, l'article-
Koning, l'article-marchands de billets et
aussi,jeledisàmâhonte,rarticle-Sardou!
Nous ne comprenions pas que l'homme'
qui a fait Patrie! et la Haine, Divorçons et
les Vieux Garçons, Rabagas et la Famille
Benoîton, les Pattes de mouche et Nos
Intimes, et enfin Théodora et la Tosca,
qui a eu le sens de la haute tragédie,
qui nous a amusés, étonnés et conquis
par de simples procédés de drame, de
comédie et de vaudeville, qui a tracé, 'l'
quand il en a pris la peine, le tableau le
plus fin et le plus vivant de nos mœurs,
qui a touché à l'histoire et n'y a pas été
inférieur; nous ne comprenions pas. que
cet homme extraordinaire, à l'imagina-
tion si souple et si vive, si fertile et si
française, c'est le théâtre même, l'illu-
sion de la vie 1 Il y avait aussi l'article-
Censure, mais celui-là- et pour cause
m'était interdit.
Et je voulais dire aujourd'hui ce qu'a-
vaient été comme professeurs les Got,
les Delaunay, les Worms et les Maubant,
ce que sont devenus leurs élèves. Je
voulais rappeler ce fameux concours de
comédie où trois jeunes filles se parta-
gèrent la première récompense Mlles
Brandès, Marsy et Bruck. Et me voici,
profitant des leçons de l'expérience, con-
fessant mes fautes, me rendant compte
de ce qu'est cette grande et admirable
Ecole, plein d'une respectueuse, affection
pour son chef et de sympathique estime
pour ses maîtres, gardant pour son secré-
taire général Fernand Bourgeat une amitié
fidèle, ayant moi-même le plaisir d'être
croqué par le délicieux Cappiello, aimant
enfin tout ce que j'ai renié, et reprenant
pour moi-même le mot, profondément
juste hélas de Dumas
Un homme qui, arrivé aux hon-
neurs, pense, dit et fait exactement le
contraire de ce qu'il disait, pensait et
faisait avant d'y arriver, ça n'est pas
nouveau'; ça n'est pas original, mais c'est
toujours amusant 1
Adrien Bernheim.
pour sortir intact de la passe où il venait
de s'engager.
Son imagination ne fit qu'un tour. Une
réponse immédiate s'imposait. Il la
trouva, fouetté par l'urgence
Oui, parbleu il y a une demi-
heure que. je serais levé, si on m'avait
apporté mon eau, quand j'ai sonné!
Il fallait me dire plus tôt d'appeler
la femme de chambre, chez Louise.
̃ Baste 1 rien ne pressait. Je ne voulais
pas te déranger. Je pensais que l'une ou
l'autre finirait par répondre.
Mme Bouscabès avait apparemment
revêtu son peignoir. Il l'entendit sortir
de sa chambre.
Et il se mit à méditer, la sueur au
front:
C'est une imprudence que je viens
de commettre, de déclarer à ma femme
que je n'ai pas encore quitté mon
lit. Car si Louise, après avoir dit bonjour
à sa mère,était repassée par ma chambre,
je m'exposais à me faire prendre en fla-
grant délit de mensonge. Elle n'est pas
repassée par ici.ma femme m'aurait
répondu: « Tu 'as quitté ton lit, puisque
Louise ne t'a pas revu dans ta chambre!»
Tout va bien, Mais c'est une.chance! Ah 1
maudite aventure Je donnerais dix mille
francs, cent mille frances, je me coupe-
rais un poing, pour en revenir à l'instant
qui a précédé ma colère et en prévoir
l'atroce conséquence. Et moi qui n'avais
jamais pris la colère pour une tare, pas
même pour un défaut! Si je m'en tire,
quelle leçon Une leçon qu'il faudrait
crier sur toutes les places publiques, affi-
cher sur tous les murs,, et que je serai
forcé d'enterrer avec moi
Il en était à cette exclamation quand sa
femme revint de.la chambre de leur fille
et s'approcha dé son lit.
C'était le premier être en présence du*
quel il se;trouvait depuis l'accident. Mal-
gré toute l'invraisemblance qu'il y avait
à supposer qu'elle pût en être informée,
il eut' vers çlle, instinctivement, un re-
COURRIER DES THEATRES
Aujourd'hui
Au Conservatoire, à une heure, distribu-
tion solennelle des prix.
Voici le résultat officiel de l'examen da
danse qui a eu lieu récemment à l'Opéra et
dont le tableau vient d'être affiché
M. Raymond passe sujet mime; M. Iter-
voult passe coryphée..
Mlles Vinchehn, Demaulde, Coudaire, Jonn-
son et Blanche Mante, de coryphées, passent
dans les premiers sujets.
Il a été procédé, de plus, au nouveau clas-v
sement que voici
Coryphées, 1™ division, 1" section Mlles La-'
batoux, Perroni, Bonnot, Louppe, Charrier. Mal'
let; 2" section Mlles Neetens, R. Piron,
Lozeron, W. Schloïnska, Kock, Marié.
2° division Mlles Manilève, Metzger, Map*
cellé, Urban, Kubler, Dantard, Lantier, André.
1" quadrille, 1™ division Mlles L. Mendez,
de Saunoy, J. Schloïnska, de Folly, Nicloud,
Itanauër, Soret, Raboin.
2° division Mlles L. Hugard, Millière, de
Verrey, Louvelle, Bertillon, Sohège, Hugon, Pou-
lain, Demoreira, Even, Cochin, Laugier.
2° quadrille, 1"» division Mlles J. Hugard,
Thierry, Lequien, Quinault, Inès, Delsaux, Mau-.
rial, Sorelle.
2* division, 1" section Mlles Carroy, Lefèvre,-
Coussot, C. Piron, Aveline, Thomas; 2* section
Mlles Maupoy, Lenclud, Boulay, Bayle, Emmo-
net, Brémont, Schwartz, Garnier (ces cinq der»
nières externes).
A la Comédie-Française on passe en revue,
avec beaucoup de succès tout le répertoira
classique, et l'administrateur général ne ca-
che pas sa satisfaction du résultat obtenu.
Hier, le Mariage forcé avec MM. Truffier,
Laugier, Hamel, Dehelly, Ch. Esquier, Bar-,
rai, Ravet et Mlle Nancy Martel, a été bien
accueilli. Quant au Cid, ce fut un triomphe.
Les quatre grands protagonistes, Albert Lam-
bert fils, vibrantRodrigue Paul Mounet, su--
perbe don Diègue; Mme S. Weber, une Ghi-
mène à la fois touchante et fougueuse; Mlle
Moreno, une charmante Infante, ont été cou-
verts d'applaudissements. Autour d'eux MM. J
Jacques Fenoux, Villain, Falconnier, Ch. Es-
quier, Hamel, Mlles Faylis et Lherbay ont
vaillamment défendu la Maison de Corneille.?' v
Demain dimanche nous aurons les Plai-
deurs et l'Avare, et mercredi l'Ecole des
maris.
u--
Voici la distribution complète des Phéni-
ciennes, le drame antique, en quatre actes et
en vers, adapté d'Euripide par M. Georges^
Rivollet, qui sera donné, pour la première
fois, le dimanche 10 août prochain, au théâ-
tre antique d'Orange
Œdipe MM. Mounet-Sully
Polynice Alb. Lambert fils
Créon Paul Mounet
Etéocle Jacques Fenoux
Un vieillard thébain Duparc
Un pâtre Gorde
Un messager Talrick
Le Pédagogue Thierry
Un chef thébain Doto
Un esclave Petit
Antigono Mmes'S. Weber
Jocaste Delvair ••
Menœoée Besson
Une Phénicienne Brille
Une Thébaine de Pouzols
"Orchestre sous la direction de M. Léon Lau-1
rent,,chef d'orchestre de la Comédie-Française.
C'est dans la salle du Trocadéro que se font
actuellement les répétitions.
Les fêtes d'Orange commenceront le 9 août
par une représentations d'Œdipe roi.
M. Paul Mariéton a choisi M. Jacques Cré-
pet comme secrétaire général chargé des rap-;
ports avec la presse. Lui adresser demandes'
et communnications, rue .Richepanse, n» 9'
Paris.
M. Guitry part aujourd'hui pour une petite
excursion en Ecosse. Avant son départ, le
nouveau directeur de la Renaissance a fait
un très heureux. engagement celui de Mme
Jane Hading, qui créera le rôle principal de la
pièce d'Alfred Capus avec laquelle M. Guitry
.ouvrira son théâtre.-
De plus, M. Guitry, qui compte faire procé-
der à une élégante réfection de la salle, a ré-
glé diiférentes questions administratives, no-
tamment celle de l'éclairage qui va être ins-
tallé selon les derniers perfectionnements et
permettra les plus intéressants effets de lu-
mière pour la mise en scène. Du reste on
peut être certain que l'habile directeur ne né-
gligera rien pour rendre au théâtre où il fit
représenter A niants avec quel succès
tout l'éclat artistique et mondain qu'il eut à i
cette fructueuse époque.
De Dieppe
« Grand succès pour Gavaut, Minard et'
Cie MM. Matrat, Guyon fils, Gildès, Dra-
quin, Mme Miller ont été très applaudis.
» Le Coup de fouet a produit un gros effet
plusieurs rappels pour Mmes Burty, Lian-
drée, Viarny et Pharos.
» Au tableau: la Famille Pont-Biquet, di-
manche. » ..J.
-j1'
De notre correspondant de Béziers
« En réponse à l'entrefilet du Figaro d'hier "Vf.
sur Mme begond-Weber, qui pourra être em-
pêchée de créer Parysatis à Beziers le^août,,1
jouant les Burgraves à Besançon le 16 août,
M. Castelbon de Beauxhostes nous adresse'
une lettre pour protester, attendu que l'émi-
nente tragédienne signa son engagement de-
puis près d'un an et que, la date de la repré-
sentation ne pouvant être changée, l'artiste
gard d'anxiété Etait-elle plus pâle que
de coutume, plus tremblante, ses yeux
avaient-ils l'air de recéler le redoutable
secret ?
Mais il constata qu'elle présentait son
aspect coutumier, que sa figure de bonne'
dévote, un peu pâle, un peu longue, déli--
cieusement bienveillante, et charmante
encore, malgré l'âge, sous la chasteté de ̃
ses bandeaux plats, ne décelait aucun
émoi.
Toute menue, elle venait dp traverser
la pièce, de cette marche glissante, silen-
cieuse, des personnes habituées à se.
mouvoir dans le recueillement des égli-
ses, et elle tendait le front au baiser de
son mari.
̃ II se dressa sur son séant; et, au lieu de
l'amical effleurement de lèvres dont il
avait coutume, matin et soir, envers elle,
il la prit par lé cou en -ses bras, et il l'é-
treignit d'un élan de malheureux qui de- v
mande un refuge à la tendresse d'un être
aimé.
Mais à peine, l'avait-il ainsi embras-
sée, qu'il craignait de s'être trahi.
« Comment va-t-elle expliquer cette éiïio-
tion ? »
Il se dégagea,l'esprit aux champs, pour
trouver une défaite.
Quelle misère, avec son tempérament
d'expansion à outrance, de ne pouvoir
crier son angoisse même à celle-là qui
était sa chère femme, d'avoir à se défier
d'elle comme d'un adversaire 1
Louise t'a dit ?.imagina-t-il.
Elle pensa qu'il était sous le coup du
prochain mariage de leur fille, etque c'é-
tait la cause de son émoi.
Louise avait en effet communiqué tout
à l'heure à sa mère que Bouscabès se dé-»
aiderait sans doute,, l'après-midi même, à.
engager les pourparlers., >
(A suivre.) Henri Pagat,
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