Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1901-02-02
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 février 1901 02 février 1901
Description : 1901/02/02 (Numéro 33). 1901/02/02 (Numéro 33).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k285405t
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
*7a Année = 3* Série H° 33
Samedi 2 Février 1901
le Numéro SEINE & SEME-ET-OISE 15 centimes = DEPARTEMENTS 20 cenumes
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KDE RODAYS J A. PÉRIVIER
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Gaston CALMETTE
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A L'HÔTEL DU « PIQARO »
IES FUNÉRAILLES
.1 ̃ DE LA
Reine Victoria
v4fWr dépêche de notre correspondant)
Portsmouth, i" lévrier.
Ces funérailles sans pareilles telles
qu'on n?en a jamais vu, ont commencé
aujourd'hui par la translation des cen-
dres de la feue Reine, d'Osborne à Co-
wes et de Cowes à Portsmouth, où elles
resteront jusqu'à demain matin à bord
de Y Alberto.
Jusque dans la mort, la reine Victoria
a été favorisée par le beau temps. C'est
par un soleil que sa dépouille mor-
telle a quitté cette maison d'Osborne
construite pour elle par le prince Albert
et où elle se plaisait tant, au milieu d'ob-
jets qui lui rappelaient les plus douées,
lés plus heureuses années de sa vie;
•Pendant la nuit, des bateaux venus de.
Portsmouth avaient amené des troupes,
et ce matin, quand les habitants d'East
Cowes se sont répandus dans les étroites
rues de leur petite ville, ils les ont trou-
vées bordées d'une double haie de soldats
qui, parYorkAvemie.s'étendait jusqu'au
château' d'Osborne. Des deux côtés de
l'avenue on a placé des écussons noir et
argent, entourés de faisceaux de dra-
peaux, au centre desquels se détachent
les deux lettres R. V.
A midi, toutes les rues sont pleines de
monde, ainsi que l'avenue. A toutes les
fenêtres, sur les toits, partout où il est-
'possible de se poster pour voir le cortège,
il y a du monde et des grappes humaines
suspendues aux toits. Cette foule toute
noire offre l'aspect de quelque im-
mense' fourmilière. Çà et là, un canon de
fusil, la pique dorée d'un casque accro-
chent un rayon de 'soleil d'où jaillit une
lueur -soudaine -quelque chose comme
un éclair dans la nuit. Et à. chaque ins-
tant la foule augmente; silencieuse,
morne, attendant.
Il est près de deux heures quand, par
la porte du château, des highlanders
s'avancent, portant le cercueil de celle
qui fut la reine Victoria, et le déposent
sur l'affûtde canon couleur khaki auquel
sont attelés huit chevaux bruns que a
conduisent des artilleurs.
Sur le cercueil, on jette un poêle de
satin blanc où sont brodées, aux quatre
coins les armes d'Angleterre, et, sur ce
poêle, on met l'étendard royal, ainsi
qu'un coussin cramoisi sur lequel sont
posés la couronne royale, le sceptre et
les deux orbes, emblèmes de la royauté.
Quand tout est prêt, le cortège s'é-
brariïe.
En tête, trois piqueurs en livrée écar-
late, le crêpe au bras, puis un officier
général que suivent des détachements de
yeomanry et de milice; une musique
militaire et des tambours. Derrière ces
soldats, marchent des serviteurs écossais
et deux joueurs de cornemuse, également
en costume national, qui précèdent im-
médiatement le cercueil.
Des deux côtés de l'affût de canon, sont
les aides de camp de la Reine, et, der-
rière, le Roi, ayant à sa droite l'empereur
Guillaume et à sa gauche le duc de
Corinaught, suit le cercueil.
Le Roi et l'Empereur portent l'uni-
forme d'amiral de la flotte et le duc celui
de général.
Les trois princes s'avancent lente-
ment, dissimulant mal la poignante
émotion qui les étreint. Ils sont suivis
d'un groupe brillant de princes de la fa-
mille royale, au premier rang desquels
est le prince héritier allemand qui a
près de lui le prince Henri de Prusse.
Contraste frappant et touchant à la
fois, derrière les uniformes éclatants on
voir marcher, accablées par la douleur,
la reine Alexandra et les princesses de la
famille royale en grand^ deuil, le visage
caché par d'épais voiles noirs. Elles sont
trois par trois, comme de simples bour-
geoises suivant le convoi d'une parente.
Cela est tout à fait émouvant! Et sur le
passage de ces- femmes éplorées,les fronts
découverts s'inclinent profondément, et
les spectateurs, dont la plupart sont des
habitants de l'île qui ont vu depuis tant
d'années ces princesses vivre au mi-
lieu d'eux, ont peine à retenir leurs
larmes. i
Lentement, le cortège, que ferment les
serviteurs d'Osborne, se dirige vers le
Trinity Pier, pendant .que le roulement
des tambours fend l'air lugubrement ou
que la musique joue la Marche funèbre
de Chopin.
Quand, près du yacht Alberta, le cor-
tège s'arrête, le Roi, l'Empereur et le
duc de Connaught font le salut militaire,
pendant que les marins transportent le
cercueil à bord et le déposent sur le ca-
tafalque bas disposé sur le pont du
yacht. Le Roi; l'Empereur et les princes,
ainsi que la Reine et les princesses, pren-
nent place dans les chaloupes qui les
conduisent à leurs yachts.
C'est fini. L'île de Wight, la poétique
Vectis, a dit son dernier adieu à la reine
Victoria.
•̃ ̃; •̃ #*# ;.N ̃̃̃̃
Pendant que cette cérémonie avait lieu
à Cowes, Portsmouth présentait un coup
d'oeil des plus remarquables pour ceux
qui, comme moi, ont vu la réception de
la flotte française, de retour de Cronstadt
en août 1891, et la revue navale du ja-
bile de diamant en 1897. Il était impos-
sible de ne pas faire un retour en arrière.
Comme en ces deux occasions, il faisait
iun temps superbe; le soleil dorait dé
ses rayons les eaux du Soient et l'atmos-
.phère était claire. Seulement, il faisait
un froid très vif sur la plage de Portsea.
Sur la jetée, une foule énorme mais
pu lieu d'une foute «jimie, gaie. enVê*
tements de couleurs claires, c'était une
foule sombre, en vêtements de deuil, qui
regardait avec attention du côté de l'île
de Wight et du Soient.
Comme alors aussi, une longue file de
bâtiments de guerre, mais ces bâtiments
ont à leurs pavillons tous ces signes exté-
rieurs qui, pour l'œil exercé des marins
ou des habitants des côtes, indiquent le
de uil le plus profond.
Le croquis donné ci-dessous indique
fort exactement la position des navires,
mais rien ne peut dire l'impression sai-
sissante d'un tel spectacle.
Les heures se passent, et la foule, pa-
tiente, attend. Il est environ trois heures
quand, dans le silence, tonne un pre-
mier coup de canon. Cela npus'annonce
que l'Alberta', suivie de sa flottille de
yachts royaux, du Hohenzollern, de VEn-
chantress, yacht de l'amirauté, et de
l'Irene, yacht de la direction du pilotage,
s'est mise en route, portant le cercueil
de la reine Victoria. Les coups de canon
se succèdent et paraissent plus rappro-
chés, car, à mesure qu'avance l'escadre
funèbre, les bâtiments de guerre qui
font la haie depuis Cowes -tonnent à
l'envi, pour cesser le feu aussitôt que
V Alberto, les a passés. Si bien que, quand
le yacht arrivera à Portsmouth, un seul
coup de canon retentira tiré par le bâti-
ment qui est le plus près du port.
On attend toujours^ et bientôt on voit
arriver entre les deux lignes formées, à
droite de X Alberto, par les bâtiments
étrangers, à gauche par les bâtiments 1
anglais, une petite escadrille de huit tor-
pilleurs, précédant Y Alberto et, quel- I
ques instants après', apparaît le yacht
royal, dont le pont supporte comme un
dais-ou plutôt une tente dont on aurait
relevé les côtés abritant un catafalque .1
sur lequel est posé le cercueil.
De loin, avec une lorgnette, on dis-
tingue le dais de velours cramoisi et
violet, et le cercueil couvert du poêle
blanc sur lequel étincelle la couronne
royale. Aux quatre coins du catafalque
sont quatre aides de, camp de la feue
Reine, tous les quatre appartenant à la
marine.Ils se tiennent immobiles comme
des statues. D'ailleurs, l'effet est très im-
pressionnant.
iï Alberto, a toute l'apparence d'un
vaisseau fantastique dont l'équipage se-
rait composé de fantômes. Immobile,
l'officier de vigie, à l'avant du yacht; im-
mobiles, les marins rangés sur le pont
immobile, le capitaine sur son banc de
quart. Seules, les aubes des roues frap-
pant l'eau soulèvent une mousse blanche
qui borde d'une frange argentée la coque
noire de l'Alberta, rehaussée de quelques
lignes d'or. L'Alberta paraît minuscule
à côté des autres bâtiments.
Mus par quelque force, surnaturelle;
invisible, de Southsea on voit alors très
nettement les torpilleurs qui tonnent et
passent devant la proue du Majestic pour
entrer dans le port. lîÂlberta suit, et le
Majestic tonne son dernier coup de
canon.
Mais, aussitôt, les forts et les batteries
saluent à leur tour. L'escadre pénètre,
pendant que les cloches des églises son-
nent un glas. Ralentissant leur allure,
torpilleurs et yachts entrent dans le port
et disparaissent dans le chenal qui con-'
duit au Clarence Yard le bassin où
l'Alberta sera amarré toute la nuit.
Il est près de cinq heures. La nuit
tombe sur ce spectacle admirable, inou-
bliable. La marine anglaise, cette souve-
raine des mers, a fait à sa souveraine dé-
funte des funérailles dignes du peuple
anglais, dignes de l'empire, dignes de la
reine Victoria, de la première impéra-
trice des Indes.
Il était juste que la Providence réser-
vât à la Reine de la plus grande puis-
sance maritime de l'univers de ren-
dre le dernier soupir dans cette rési-
dence d'Osborne, dans cette îledeWight t
que baignent les flots, en face de cet
arsenal de Portsmouth qui est l'âme
de la marine britannique, le sym-
bole de la puissance impériale. Il était
juste que la flotte anglaise fût la pre-
mière à rendre les derniers devoirs à
la reine Victoria. Il était juste aussi que
les puissances maritimes du monde, de-
puis la France jusqu'au Japon, depuis le
Portugal jusqu'à l'Allemagne, vinssent
prendre part à cette cérémonie et don-
ner, au peuple anglais et au roi
Edouard une marque de sympathie, en
rendant un suprême hommage à la
reine Victoria dont la postérité dira,
comme ses contemporains, que femme,
mère, souveraine parfaite, elle a emporté
dans la tombe le respect et radmjraiipn
(Je. tous les peuples de la terre. VUtafs.
?
A LONDRES
les opxTiioisrasrBs
Londres, 1er février.
Parmi les nombreuses couronnes envoyées
de l'étranger, on remarque celle de la prin-
cesse Hélène d'Orléans, en feuilles de lierre
et immortelles, entourée d'un; large ruban
noir portant cette inscription, en français:
« Hélène, reconnaissance éternelle » celle de
la petite princesse Elisabeth de Hesse, por-
tant ces mots « A ma chère gangan » celle
de la reine Wilhelmine, gui a 1 m. 20 de dia-
mètre, se compose de violettes de Parme pi-
quées de délicates orchidées 'blanches avec
de grandes feuilles de muguet et des bran-
ches d'orchidées teintées de rosé; celle du
président MacKinley, qui'a un diamètre de
2 m. 40 et une largeur de 60 centimètres, est
en rosés blanches, camélias et orchidées, avec
une' magnifique branche d'orchidées mauves
jetée; d'autres encore, superbes, envoyées
par l'impératrice Eugénie, M. Benjamin-
Constant, Mme Waddington, véuve de l'an-
cien ambassadeur de France à Londres,etc.'
Le Tsarévitch est arrivé à Londres -par
train spécial, à neuf heures et demie, du ma-
tin. Il a été reçu par lord ,Sutueld, au nom
du Roi.
Le Tsarévitch est accompagné du général
comte Woronzoff-Dachkow, du f comte Dach-
kow et du comte Sheremetjeff. Il s'est rendu
de la gare de Charing-Çross à Marlborough-
House. Lord Suffield est attaché a sa por-
sonne.
La mission représentant la reine de Hol-
lande a débarque à Victoria à neuf heures.
Le roi des Belges a quitté Douvres ce -ma-
tin.sur son yacht, pour Gravesend, où il dé-
barquera.
Quâtre trains ont quitté Londres ce matin
pour Southampton, emportant les membres
du Parlement et leurs femmes- en grand
deuil.
P'
Echos
La Température
Les pluies deviennent à peu 'près générales
sur nos côtes de la Méditerranée une aire de
fortes pressions s'avance sur le sud-est du
continent, mais à Paris le baromètre, à yS7mm
le matin à sept heures, baissait encore vers
midi et restait à 754mm à la tombée du jour.
On signale de la neige dans l'Est.
.Hier matin, le thermomètre marquait à Pa-
ris 10 au-dessus de .zéro et ,4°. dans l'après-
midi on notait 150. à Alger et 150 au-dessous
au pic du Midi. En France, un temps frais est
probable, avec pluie dans le Sud: Le soir, le
baromètre restait à 755n"n.
Monte-Carlo. Thermomètre le- matin à
huit heures^8° à midi, iô»; Pluie. v ,1
LE PORT DE LA SOUTANE
Le juge de paix de Tlsle-Adam a ac-
quitté, hier, cinq prêtres qui comparais-
saient devant lui pour avoir contrevenu
à un ^arrêté, municipal interdisant le port
de l'habit ecclésiastique dans la com-
mune de Persan. On sait, en effet, qu'il
y a quelques semaines, un maire, celui
de Kremlih-Bicêtre, je crois, a eu l'idée
biscornue de rédiger un arrêté interdi-
sant le passage sur sa commune aux ci-
toyens revêtus de la soutane. Il a eu des
imitateurs. Il devait en avoir.
Tous ceux qui ont étudié la mëdecine
savent que les personnes affligées de
certaines maladies nerveuses subissent
souvent une crise, lorsqu'elles assistent
à un accès survenant à des individus qui
souffrent du même mal qu'elles. Des
exemples copieux nous ont prouvé en
ces derniers temps que, sous ce rap-
port du moins, la bêtise ressemble à
l'épilepsie.
Il faut, en effet, que les magistrats mu-
nicipaux en aient une couche, comme
on dit familièrement, pour s'imaginer;
qu'ils penvent, à l'aide d'une signature
sur un bout de papier, réformer lés
mœurs de leur pays.. Mais cette manie
d'ennuyer le prochain sur les choses ac-
cessoires est la marque de ces esprits
bornés qui empêcheront toujours toute
réforme essentielle. Dans une ville
comme Paris, les maires dont je parle
nous apparaissent comme de bons to-
qués. Dans les endroits où ils opèrent,
on croit que c'est arrivé. Les uns les
considèrent comme de grands, citoyens
inflexibles sur les principes, tandis que
d'autres les prennent pour des bour-
reaux, des persécuteurs.
Il est navrant, du reste, d'avoir à cons-
tater presque journellement que ces exa-
gérations n'appartiennent en -propre à
aucun des deux partis qui luttent suc le
terrain religieux et politique.
Ainsi, tandis que des maires mobili-
sent leurs gardes champêtres pour obli-
ger les curés à s'habiller en "jaquette,
de l'autre côté, les BR. PP. jésuites font
lire à leurs élèves pendant les £epas, dans
le réfee|oif de la rue de V-augirard, les
discours prononcés àla Chambre parles
orateurs de l'opposition pendant les dé-
bats de la loi sur les associations. De
sorte que, tout en mangeantleur gigot et
leurs pommes de terre, lès enfants ap-
prennent, grâce à M; Lasies, que le gou-
,vernement veut « substituer en France
l'esprit étranger à l'esprit national, chas-
ser les moines, pour livrer la France aux
rabbins et aux pasteurs. » Ils boivent en
même temps que'leur « abondance » des
phrases dans le genre de celle-ci :« Si le
.milliard des côrigréganistes existe, il est
le produit de dons, tandis que chez les
juifs il y a 80 milliards qui sont le pro-
duit du vol. » Ce 'qui n'empêche pas le
P. du Lac de consacrer une- dizaine de
pages du son livre récent à démontrer
que les jésuites ont horreur de la politi-
que et sont plutôt favorables à la Répu-
blique.
̃ Eh bien que voûtez-vous ? Les exagé-
rations s'appellent les unes les autres.
Ici, voilà des gens qui sèment la
dans l'âme, des enfants. Là-bas,
/ce sont des maires qui manifestent
̃comme ils peuvent l'horreur que leur
inspire le prêtre.
Décidément, ce pauvre pays est plein
de citoyens qui luttent à qui sera le plus
>bête, J.'Gornély.
A Travers Paris
Les témoins de M. Paul Deschanel,
pour son mariage avec Mlle Germaine
Brice, seront M. le Président de la Ré-
publique et M. Legouvé, doyen de l'Aca-
idémie française.
Mme Loubet. assistera ce. matin au
service officiel qui sera célébré à onze
heures, en l'église anglicane de la rue
d'Aguesseau, à la mémoire de la reine
d'Angleterre. Elle sera- accompagnée de
Mmes la générale Dubois et Combarieu.
M. AJiel. Combarieu, secrétaire général
de la Présidence, représentera à cette cé-
rémonie le Président de la République.
Le service, identique à celui qui sera
célébré à la cathédrale de Saint-Paul à
Londres, se composera d'un hymne pro-
cessionnel, des deux- psaumes préférés
de la reine Victoria, les psaumes XC et
GXXX, et d'.un hymne de Ch. Gounod.
La tenue, pour tous les invités qui ne
seront pas en uniforme, est la redingote.
Après le service officiel de onze heures, 1
^n second service sera célébré cet aprôs-
^îtdi, à <|eiiK heures et demie. Demain
4)mancftë, le R!év. docteur Noyés pro-
noncera 1'oraison funèbre de la Reine.
Deux fauteuils sont actuellement va-
cants à l'Académie française.pâr la mort
de M. le duc de Broglie et de M., le
vicomte H. de Borhier. w
Quoique cette double vacance ne soit
pas encore déclarée, on donne déjà
comme certaines lés candidatures de
MM. Etienne Lamy, Frédéric Masson,
G. de Porto-Riche, René Bazin, etc. On
assure, d'autre part, que plusieurs aca-
démiciens, qui lui ont déjà donné leurs
suffrages lors de précédentes élections,
auraient pensé à M. Ernest Daudet pour
le fauteuil du duc de Broglie.
Il résulte des entretiens qui ontou lieu
entre les académiciens présents à la
séance de jeudi dernier, et dont quel-
ques échos sont parvenus jusqu'à nous,
que les deux candidats réunissant les
plus grandes chances ne figureraient pas
jusqu'à présent parmi les candidats ci-
•tés; :̃̃̃
Un de ces derniers, cependant, M.
Etienne Lamy paraissait avoir son élec-
tion assurée. A la suite de son échec au
fauteuil d'Edouard Pailleron, où M. Paul
Hervieu l'emporta d'une voix sur lui,
une sorte d'engagement avait été pris
envers lui. On lui aurait demandé, pa-
raît-il, d'attendre encore et les voix qui
lui semblaient assurées se porteraient
sur le marquis de Vogué, grand seigneur
comme le duc de Broglie, ancien ambas-
sadeur à Vienne, auteur de savants tra-
vaux historiques, principal propriétaire
du Correspondant et déjà membre de
l'Institut. Le marquis de Vogué, appar-
tient, en effet, à l'Académie des sciences
morales et politiques.
Pour le fauteuil de M. Henri de Bor-
nier, on met en avant, à l'Académie
même, le nom de M.. Edmond Rostand.
C'est assez dire que l'auteur de l'Aiglon,
s'il se présente, trouvera le terrain tout
préparé. m
Le Sénat nouveau siècle.
On vient de commencer au Sénat les
travaux d'aménagement. d'une salle
d'escrime avec cabinet de toilette, appa-
reils à douches et salon de coiffure du
dernier modèle.
Ce sont les anciens appartements de
Marie de Médicis, donnant au rez-de-
chaussée sur le jardin du Luxembourg,
;que l'on transforme ainsi pour recevoir
les maîtres d'armes, les garçons de dou-
ches et les coiffeurs.
Nous ne savions pas qu'il y eût parmi
les vénérables sénateurs tant d'amateurs
des nobles jeux de l'épée. Mais il suffit
d'assister à une seule séance du Sénat
pour se convaipere que le nombre des
chauves domine dans la haute assem-
blée et que le coiffeur spécial du Sénat
sera peu occupé par ses clients.
Le cadeau de noces offert à S. M., la
reine Wilhelmine de Hollande par ses
su jets qui habitent Paris et les grandes
villes de France partira ce soir pour La
Haye.
C'est un exquis surtout composé de six
pièces,; en argent fin ciselé plateau à
fond de glace et corbeille de miliëu? et
quatre flambeaux pour les angles.
Le tout est de pur style rocaille. C'est,
en effet, d'après les modèles de Germain,
orfèvre du roi Louis XV, que ce surtout
a été ciselé. ̃
La corbeille porte deux écussons au
chiffre W,- H. -initiales "des deux au-
:gusteé époux, surmonté d'uire cou->
ronneroyale.
Au-dessous du plateau sont gravés les
noms des membres du Comité chargé
par les colonies hollandaises des grandes
villes de France d'offrir ce présent à la
Reine.
Au surtout est joint un album de vingt-
cinq pages portant les noms des Hollan-
dais habitant la France, album artisti-
quement relié en maroquin du Levant
rouge vif, chargé sur les plats du. double
chiffre et de la couronne royale et bordé
intérieurement en or avec gardes de
'tabis.
En même temps que le surtout et
cet album partira pour la Hollande un
petit cabinet de haut style offert par le
corps diplomatique.
M. Barbedette, sénateur de la Cha-
rente-Inférieure, est mort hier matin, à
huit heures, à Paris.
Il était âgé de soixante-treize ans.
Après avoir fait son droit à Poitiers, où
il était né, il était entré dans la magis-
trature, où il resta jusqu'en 1870. Il se
démit ensuite de ses fonctions et fut élu
conseiller général pour le canton de La
Rochelle-Est; puis, après deux échecs en
1876 et 1877, il entra en 1878 à la Cham-
bre comme député de l'arrondissement
de La Rochelle. Il siégea au Palais-Bour-
bon jusqu'en 1885, date à laquelle il fut
élu sénateur de la Charente-Inférieure.
M. Barbedette siégeait à la gauche ré-
publicaine, et il utilisait les nombreux
loisirs que lui laissait le Sénat en s'adon-
nant à la critique musicale. On a de lui
des études appréciées sur Beethoven
sur Chopin et sur Weber.
M. Barbedette sera enterré à La Ro-
chelle. • ,̃
Le pont Alexandre-111 a été débarrassé
'hier soir des échafaudages qui mas-
quaient encore le motif qui couronne le
sommet de son arc en amont.
Ce décor, différent de celui qui se
trouve à l'aval, représente la Seine et la
JMéva groupées autour de l'aigle russe
bicéphale. I
On se rappelle qu'un accident survenu
à la fonderie où l'on préparait ce groupe
avait empêché qu'il fût placé avant
l'Exposition.
Le mal est aujourd'hui réparé et le
décor du pont Alexandre est complet.
Les sauveteurs des Saintes-Maries-de-
la-Mer, à qui notre collaborateur Serge
Basset est allé porter, comme à ceux de
Carro, leur part de la souscription spon-
tanément ouverte parles amis du Figaro
au profit de tous les vaillants qui partici-
pèrent au sauvetage de la Russia, vien-
nent d'adresser à notre rédacteur en chef
la lettre suivante
Monsieur le Rédacteur en chef,
Les sauveteurs des Saintes-Maries-derla-
îler, Camargue- (Bouches-du-Rhône), profon-
dément' touchés de votre bienveillante atten-
tion, ontl'honneur de vous prier de vouloir
bien agréer, ainsi que tous les souscripteurs,
l'assurance de leur vive et durable reconnais.
sance. ̃
Vos tout dévoués,
Les'patrons du, canot des volontaires des
Saintes-Maries-de-la-Mer,
Taillet-Sellier»
Les visites officielles au Salon de l'au-
tomobile, du cycle et des sports.
Sur l'invitation qui lui a été faite par
M. Philippe Laloge, député de la Seine,
délégué par M. Rives, commissaire gé-
néral, au nom du Comité d'organisation
du Salon de l'automobile, M. Paul Des-
chanel, président de la Chambre des dé-
putés, a promis de se rendre/au Grand
Palais demain dimanche, à deiix heures.
D'autre part, M. Millerand, ministre
du commerce, qui avait été empêché d'i-
naugurer le Salon 'de l'automobile, du
cycle et des sports, a avisé le commis-
saire général qu'il s'y rendrait officiel-
lement lundi, à dix heures et demie du
matin.
t. Q
Deux livres de genre différent qui vien-
nent de paraître chez les éditeurs Cal-
mann Lévy, et dont on parle beaucoup
en ce moment le second volume de la
Duchesse de Bourgogne par le comte
d'HaussonvilIe, ouvrage remarquable sur
le dix-huitième siècle, rempli de détails
anecdotiques, puis le nouveau roman de
Léon de Tinseau, Au coin d'une dot, où
sont si finement étudiés le snobisme
provincial et l'américanisme moderne,
et qui, en quelques jours, a atteint sa
9e édition.
La reine Victoria touchait pour sa liste
civile 9 millions et demi; la reine d'Es-
pagne touche 7 millions etdemi; le Tsar,
25 millions; Guillaume II, 15 millions.
«Mon Dieu me disait un philosophe, il
n'en faut pas tant pour être heureux je
me contenterais de la liste civile qui me
permettrait de prendre après chaque re-
pas un petit verre d'anisette Marie
Brizard et Roger.
Hors Paris'
Parmi les hauts personnages arrivés à
Londres, pour les funérailles de S. M. la
reine Victoria, et descendus au Carlton
Hôtel
LL. EExc. le comte d'Eulenbourg, maréchal
de la Cour impériale d'Allemagne; le comte
A. de Wedel, grand écuyer; M. von Plessen,
général d'infanterie, commandant du quar-
tier général, aide de camp de Sa Majesté
le docteur von Leuthold, médecin général de
Sa Majesté M7 von Grumme, capitaine de
corvette, aide de camp de Sa Majesté, de la
suite de S. M. l'empereur d'Allemagne;
S. A. le duc de Saxe-Altenbourg, accompa-
gné du major von Sydow, et de sa suite;
S. A. R. le prince Louis-Philippe de Bour-
bon, comte d'Eu;
LL. EExc. Turkhan-pacha, général, aide de
camp de Sa Majesté; Karatheodori-pacha,
général; M. Nassir, lieutenant-général, en-
voyés extraordinaires de Si M. le sultan de
Turquie ̃ ̃
S. Exo. Klemes Aug., comte de Wedel,
chambellan. Drésideiit de l'intendance de la
Cour, représentant S. A. R. le grand-duc
d'Oldenbourg;
Le comte de Hardenberg, grand écuyer de
la Cour, représentant de S. A. R,, le grand-
duc de Mecklembourg-Schwerin;
M. Craemerj capitaine de cavalerie, aide
de camp; lord William Cecil, de la suite de
S. A. R. le grand-duc de Hesse;
Le comte de Bourboulon, maréchal de la
Cour; major général Vinaroff, aide de camp"
honoraire de Son Altesse Royale capitaine
Nicolas Radew, aide de camp de Son Altesse
Royale, envoyés de S. A. R. le prince dé
Bulgarie; M. de Reixleben, maréchal de la
Cour, représentant de S. A. S. le prince de
Hohenlohe; le major de Brandis, de la suite
de S. A. R. le prince de Hohenzollern.
S. Exc. M. A. de Mier, ministre plénipo-
tentiaire du Mexique à Paris S. Exc. M. Th.
de Souza-Rosa, ministre du. Portugal à Pa-
ris S. Exc. M. Fernando Cruz, ministre de
Guatemala à Paris; M. Louis F. de Oliveira
Cezar, secrétaire de la légation de la Républi-
que Argentine à Paris le colonel de Rauch,
commandant le 1er régiment de dragons de la
garde impériale (régiment de la reine d'An-
gleterre) le lieutenant-colonel de Rauch,
commandant le 5e hussards, prince Blûcher
(régiment du prince de Galles).
De notre correspondant de Rome
« On se montre très flatté dans le
monde officiel de la décision prise par le
Président Loubet d'envoyer au roi d'Italie
le grand cordon de la Légion d'honneur.
On y voit une preuve de plus des excel-
lentes relations existant depuis quelque
temps entre les deux pays, et qui pour-
ront encore s'améliorer.
» La remise des insignes aura lieu
lundi matin en forme solennelle. Deux
voitures de gala de la Cour iront prendre
au palais Farnèse M. Barrère ayant qua-
lité d'ambassadeur extraordinaire, et le
colonel Silvestre, officier de. la maison
militaire du Président de la République.
» Le roi Victor-Emmanuel III les rece-
vra dans la salle du trône, entouré des
hauts dignitaires de sa Cour en grand .1
uniforme. »
De Monte-Carlo
« L'ouverture du Tournoi internatio*
nal d'échecs, qui devait avoir lieu ven-
dredi 1er février, est ajournée à lundi
matin 4 février en raison des obsèques.
,de S. M. la reine Victoria, les champions
du tournoi ont, à l'unanimité,, demandé
que la première séance fût différée. L'ad-
ministration de la Société des Bains de
mer's'est empressée de déférer à ce
.désir. »
"Q 'C.
Nouvelles à la Main
Dans une discussion à propos du sél,
qui prolonge la vie humaine d'après tes
uns et engendre, au contraire, 'force ma-
ladies selon les autres, Drolichon prend à
son tour la parole
II est certain, dit-ÎI, que le.-sel
conserve. Ainsi, il y a dans ma famille
une estampe du dix-huitième siècle ré-
présentant la femme de Loth après sa
métamorphose. Eh bien l éi~e es~i~clnü·
métamorphose. Eh ien eHeesf admi-
rablement conservée 1
Un pianiste qui ne brille pas par la mo-
destie se flattait d'avoir, à son dernier
concert; absolument « enlevé son audi-
toire ».
C'est vrai, confirme un ami après
le premier morceau, il n'y avait plus per-
sonne dans la salle 1
Xe Masçue de Fer.
La Prime
du FIGARO
Nous recevons différentes lettres de~iïos
acheteurs au numéro demandant s'il leur
est possible de se procurer 7e premier
numéro des MODES, que nous ayons offert
gratuitement à tous nos abonnés et que nos
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toute la durée de leur abonnement.
Ce numéro, mis en vente chez tous les
libraires mardi dernier, a été rapidement
épuisé; mais à partir de demain nos lec~
teurs pourront se procurer la Nouvelle
éditibn à la Librairie du Figaro, chez
tous les libraires et dans les gares*
Bruit de la mort de Li-Hung-Ghang
S'il faut en croire une dépêche de Tien-
Tsin adressée à la Gazette de Francfort,
la maladie de Li-Hung-Chang n'était pas
le moins du monde d'origine « diploma-
tique ». Cette dépêche annonce, en effet,
que le vieux vice-roi a succombé à la
fièvre qui depuis plusieurs jours le mi-
nait.
Un seul télégramme mentionne jus-
qu'ici cet événement.. On peut donc en-
core le mettre en doute, d'autant que
nous avons une dépêche de New-York
disant que le 31 janvier Li-Hung-Chang
avait demandé aux ministres étrangers
de se réunir chez lui la semaine pro-
chaine.
Mais il est. évident qu'à l'âge de Li-
Hung-Ghang quatre-vingts ans pas-
sés une maladie, même bénigne à
ses débuts, peut empirer très vite. Aussi
n'y a-t-il rien d'invraisemblable à ce que
la nouvelle donnée par la Gazette de
Franc fort soit authentique.
Si elle l'est," on doit aussitôt se deman-
der quelle influence aura sur la marche
des négociations la disparition du vice-
roi. Et à cette question on peut difficile-
ment répondre, car tout dépendra des
idées et du caractère du plénipotentiaire
qui sera désigné à sa place.̃•
A tout prendre, cependant, on ne peut
que regretter la mort de Li-Hung-Chang.
Certes, il avait tous les défauts particu-
liers aux Célestiaux il était rusé, dissi-
mulé et retors. Il avait eu, au cours des
derniers événements, une attitude indé-
clse qui venait de son désir de mjénager
Samedi 2 Février 1901
le Numéro SEINE & SEME-ET-OISE 15 centimes = DEPARTEMENTS 20 cenumes
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KDE RODAYS J A. PÉRIVIER
̃- Rédacteur en chef l Administrateur
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Gaston CALMETTE
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IES FUNÉRAILLES
.1 ̃ DE LA
Reine Victoria
v4fWr dépêche de notre correspondant)
Portsmouth, i" lévrier.
Ces funérailles sans pareilles telles
qu'on n?en a jamais vu, ont commencé
aujourd'hui par la translation des cen-
dres de la feue Reine, d'Osborne à Co-
wes et de Cowes à Portsmouth, où elles
resteront jusqu'à demain matin à bord
de Y Alberto.
Jusque dans la mort, la reine Victoria
a été favorisée par le beau temps. C'est
par un soleil que sa dépouille mor-
telle a quitté cette maison d'Osborne
construite pour elle par le prince Albert
et où elle se plaisait tant, au milieu d'ob-
jets qui lui rappelaient les plus douées,
lés plus heureuses années de sa vie;
•Pendant la nuit, des bateaux venus de.
Portsmouth avaient amené des troupes,
et ce matin, quand les habitants d'East
Cowes se sont répandus dans les étroites
rues de leur petite ville, ils les ont trou-
vées bordées d'une double haie de soldats
qui, parYorkAvemie.s'étendait jusqu'au
château' d'Osborne. Des deux côtés de
l'avenue on a placé des écussons noir et
argent, entourés de faisceaux de dra-
peaux, au centre desquels se détachent
les deux lettres R. V.
A midi, toutes les rues sont pleines de
monde, ainsi que l'avenue. A toutes les
fenêtres, sur les toits, partout où il est-
'possible de se poster pour voir le cortège,
il y a du monde et des grappes humaines
suspendues aux toits. Cette foule toute
noire offre l'aspect de quelque im-
mense' fourmilière. Çà et là, un canon de
fusil, la pique dorée d'un casque accro-
chent un rayon de 'soleil d'où jaillit une
lueur -soudaine -quelque chose comme
un éclair dans la nuit. Et à. chaque ins-
tant la foule augmente; silencieuse,
morne, attendant.
Il est près de deux heures quand, par
la porte du château, des highlanders
s'avancent, portant le cercueil de celle
qui fut la reine Victoria, et le déposent
sur l'affûtde canon couleur khaki auquel
sont attelés huit chevaux bruns que a
conduisent des artilleurs.
Sur le cercueil, on jette un poêle de
satin blanc où sont brodées, aux quatre
coins les armes d'Angleterre, et, sur ce
poêle, on met l'étendard royal, ainsi
qu'un coussin cramoisi sur lequel sont
posés la couronne royale, le sceptre et
les deux orbes, emblèmes de la royauté.
Quand tout est prêt, le cortège s'é-
brariïe.
En tête, trois piqueurs en livrée écar-
late, le crêpe au bras, puis un officier
général que suivent des détachements de
yeomanry et de milice; une musique
militaire et des tambours. Derrière ces
soldats, marchent des serviteurs écossais
et deux joueurs de cornemuse, également
en costume national, qui précèdent im-
médiatement le cercueil.
Des deux côtés de l'affût de canon, sont
les aides de camp de la Reine, et, der-
rière, le Roi, ayant à sa droite l'empereur
Guillaume et à sa gauche le duc de
Corinaught, suit le cercueil.
Le Roi et l'Empereur portent l'uni-
forme d'amiral de la flotte et le duc celui
de général.
Les trois princes s'avancent lente-
ment, dissimulant mal la poignante
émotion qui les étreint. Ils sont suivis
d'un groupe brillant de princes de la fa-
mille royale, au premier rang desquels
est le prince héritier allemand qui a
près de lui le prince Henri de Prusse.
Contraste frappant et touchant à la
fois, derrière les uniformes éclatants on
voir marcher, accablées par la douleur,
la reine Alexandra et les princesses de la
famille royale en grand^ deuil, le visage
caché par d'épais voiles noirs. Elles sont
trois par trois, comme de simples bour-
geoises suivant le convoi d'une parente.
Cela est tout à fait émouvant! Et sur le
passage de ces- femmes éplorées,les fronts
découverts s'inclinent profondément, et
les spectateurs, dont la plupart sont des
habitants de l'île qui ont vu depuis tant
d'années ces princesses vivre au mi-
lieu d'eux, ont peine à retenir leurs
larmes. i
Lentement, le cortège, que ferment les
serviteurs d'Osborne, se dirige vers le
Trinity Pier, pendant .que le roulement
des tambours fend l'air lugubrement ou
que la musique joue la Marche funèbre
de Chopin.
Quand, près du yacht Alberta, le cor-
tège s'arrête, le Roi, l'Empereur et le
duc de Connaught font le salut militaire,
pendant que les marins transportent le
cercueil à bord et le déposent sur le ca-
tafalque bas disposé sur le pont du
yacht. Le Roi; l'Empereur et les princes,
ainsi que la Reine et les princesses, pren-
nent place dans les chaloupes qui les
conduisent à leurs yachts.
C'est fini. L'île de Wight, la poétique
Vectis, a dit son dernier adieu à la reine
Victoria.
•̃ ̃; •̃ #*# ;.N ̃̃̃̃
Pendant que cette cérémonie avait lieu
à Cowes, Portsmouth présentait un coup
d'oeil des plus remarquables pour ceux
qui, comme moi, ont vu la réception de
la flotte française, de retour de Cronstadt
en août 1891, et la revue navale du ja-
bile de diamant en 1897. Il était impos-
sible de ne pas faire un retour en arrière.
Comme en ces deux occasions, il faisait
iun temps superbe; le soleil dorait dé
ses rayons les eaux du Soient et l'atmos-
.phère était claire. Seulement, il faisait
un froid très vif sur la plage de Portsea.
Sur la jetée, une foule énorme mais
pu lieu d'une foute «jimie, gaie. enVê*
tements de couleurs claires, c'était une
foule sombre, en vêtements de deuil, qui
regardait avec attention du côté de l'île
de Wight et du Soient.
Comme alors aussi, une longue file de
bâtiments de guerre, mais ces bâtiments
ont à leurs pavillons tous ces signes exté-
rieurs qui, pour l'œil exercé des marins
ou des habitants des côtes, indiquent le
de uil le plus profond.
Le croquis donné ci-dessous indique
fort exactement la position des navires,
mais rien ne peut dire l'impression sai-
sissante d'un tel spectacle.
Les heures se passent, et la foule, pa-
tiente, attend. Il est environ trois heures
quand, dans le silence, tonne un pre-
mier coup de canon. Cela npus'annonce
que l'Alberta', suivie de sa flottille de
yachts royaux, du Hohenzollern, de VEn-
chantress, yacht de l'amirauté, et de
l'Irene, yacht de la direction du pilotage,
s'est mise en route, portant le cercueil
de la reine Victoria. Les coups de canon
se succèdent et paraissent plus rappro-
chés, car, à mesure qu'avance l'escadre
funèbre, les bâtiments de guerre qui
font la haie depuis Cowes -tonnent à
l'envi, pour cesser le feu aussitôt que
V Alberto, les a passés. Si bien que, quand
le yacht arrivera à Portsmouth, un seul
coup de canon retentira tiré par le bâti-
ment qui est le plus près du port.
On attend toujours^ et bientôt on voit
arriver entre les deux lignes formées, à
droite de X Alberto, par les bâtiments
étrangers, à gauche par les bâtiments 1
anglais, une petite escadrille de huit tor-
pilleurs, précédant Y Alberto et, quel- I
ques instants après', apparaît le yacht
royal, dont le pont supporte comme un
dais-ou plutôt une tente dont on aurait
relevé les côtés abritant un catafalque .1
sur lequel est posé le cercueil.
De loin, avec une lorgnette, on dis-
tingue le dais de velours cramoisi et
violet, et le cercueil couvert du poêle
blanc sur lequel étincelle la couronne
royale. Aux quatre coins du catafalque
sont quatre aides de, camp de la feue
Reine, tous les quatre appartenant à la
marine.Ils se tiennent immobiles comme
des statues. D'ailleurs, l'effet est très im-
pressionnant.
iï Alberto, a toute l'apparence d'un
vaisseau fantastique dont l'équipage se-
rait composé de fantômes. Immobile,
l'officier de vigie, à l'avant du yacht; im-
mobiles, les marins rangés sur le pont
immobile, le capitaine sur son banc de
quart. Seules, les aubes des roues frap-
pant l'eau soulèvent une mousse blanche
qui borde d'une frange argentée la coque
noire de l'Alberta, rehaussée de quelques
lignes d'or. L'Alberta paraît minuscule
à côté des autres bâtiments.
Mus par quelque force, surnaturelle;
invisible, de Southsea on voit alors très
nettement les torpilleurs qui tonnent et
passent devant la proue du Majestic pour
entrer dans le port. lîÂlberta suit, et le
Majestic tonne son dernier coup de
canon.
Mais, aussitôt, les forts et les batteries
saluent à leur tour. L'escadre pénètre,
pendant que les cloches des églises son-
nent un glas. Ralentissant leur allure,
torpilleurs et yachts entrent dans le port
et disparaissent dans le chenal qui con-'
duit au Clarence Yard le bassin où
l'Alberta sera amarré toute la nuit.
Il est près de cinq heures. La nuit
tombe sur ce spectacle admirable, inou-
bliable. La marine anglaise, cette souve-
raine des mers, a fait à sa souveraine dé-
funte des funérailles dignes du peuple
anglais, dignes de l'empire, dignes de la
reine Victoria, de la première impéra-
trice des Indes.
Il était juste que la Providence réser-
vât à la Reine de la plus grande puis-
sance maritime de l'univers de ren-
dre le dernier soupir dans cette rési-
dence d'Osborne, dans cette îledeWight t
que baignent les flots, en face de cet
arsenal de Portsmouth qui est l'âme
de la marine britannique, le sym-
bole de la puissance impériale. Il était
juste que la flotte anglaise fût la pre-
mière à rendre les derniers devoirs à
la reine Victoria. Il était juste aussi que
les puissances maritimes du monde, de-
puis la France jusqu'au Japon, depuis le
Portugal jusqu'à l'Allemagne, vinssent
prendre part à cette cérémonie et don-
ner, au peuple anglais et au roi
Edouard une marque de sympathie, en
rendant un suprême hommage à la
reine Victoria dont la postérité dira,
comme ses contemporains, que femme,
mère, souveraine parfaite, elle a emporté
dans la tombe le respect et radmjraiipn
(Je. tous les peuples de la terre. VUtafs.
?
A LONDRES
les opxTiioisrasrBs
Londres, 1er février.
Parmi les nombreuses couronnes envoyées
de l'étranger, on remarque celle de la prin-
cesse Hélène d'Orléans, en feuilles de lierre
et immortelles, entourée d'un; large ruban
noir portant cette inscription, en français:
« Hélène, reconnaissance éternelle » celle de
la petite princesse Elisabeth de Hesse, por-
tant ces mots « A ma chère gangan » celle
de la reine Wilhelmine, gui a 1 m. 20 de dia-
mètre, se compose de violettes de Parme pi-
quées de délicates orchidées 'blanches avec
de grandes feuilles de muguet et des bran-
ches d'orchidées teintées de rosé; celle du
président MacKinley, qui'a un diamètre de
2 m. 40 et une largeur de 60 centimètres, est
en rosés blanches, camélias et orchidées, avec
une' magnifique branche d'orchidées mauves
jetée; d'autres encore, superbes, envoyées
par l'impératrice Eugénie, M. Benjamin-
Constant, Mme Waddington, véuve de l'an-
cien ambassadeur de France à Londres,etc.'
Le Tsarévitch est arrivé à Londres -par
train spécial, à neuf heures et demie, du ma-
tin. Il a été reçu par lord ,Sutueld, au nom
du Roi.
Le Tsarévitch est accompagné du général
comte Woronzoff-Dachkow, du f comte Dach-
kow et du comte Sheremetjeff. Il s'est rendu
de la gare de Charing-Çross à Marlborough-
House. Lord Suffield est attaché a sa por-
sonne.
La mission représentant la reine de Hol-
lande a débarque à Victoria à neuf heures.
Le roi des Belges a quitté Douvres ce -ma-
tin.sur son yacht, pour Gravesend, où il dé-
barquera.
Quâtre trains ont quitté Londres ce matin
pour Southampton, emportant les membres
du Parlement et leurs femmes- en grand
deuil.
P'
Echos
La Température
Les pluies deviennent à peu 'près générales
sur nos côtes de la Méditerranée une aire de
fortes pressions s'avance sur le sud-est du
continent, mais à Paris le baromètre, à yS7mm
le matin à sept heures, baissait encore vers
midi et restait à 754mm à la tombée du jour.
On signale de la neige dans l'Est.
.Hier matin, le thermomètre marquait à Pa-
ris 10 au-dessus de .zéro et ,4°. dans l'après-
midi on notait 150. à Alger et 150 au-dessous
au pic du Midi. En France, un temps frais est
probable, avec pluie dans le Sud: Le soir, le
baromètre restait à 755n"n.
Monte-Carlo. Thermomètre le- matin à
huit heures^8° à midi, iô»; Pluie. v ,1
LE PORT DE LA SOUTANE
Le juge de paix de Tlsle-Adam a ac-
quitté, hier, cinq prêtres qui comparais-
saient devant lui pour avoir contrevenu
à un ^arrêté, municipal interdisant le port
de l'habit ecclésiastique dans la com-
mune de Persan. On sait, en effet, qu'il
y a quelques semaines, un maire, celui
de Kremlih-Bicêtre, je crois, a eu l'idée
biscornue de rédiger un arrêté interdi-
sant le passage sur sa commune aux ci-
toyens revêtus de la soutane. Il a eu des
imitateurs. Il devait en avoir.
Tous ceux qui ont étudié la mëdecine
savent que les personnes affligées de
certaines maladies nerveuses subissent
souvent une crise, lorsqu'elles assistent
à un accès survenant à des individus qui
souffrent du même mal qu'elles. Des
exemples copieux nous ont prouvé en
ces derniers temps que, sous ce rap-
port du moins, la bêtise ressemble à
l'épilepsie.
Il faut, en effet, que les magistrats mu-
nicipaux en aient une couche, comme
on dit familièrement, pour s'imaginer;
qu'ils penvent, à l'aide d'une signature
sur un bout de papier, réformer lés
mœurs de leur pays.. Mais cette manie
d'ennuyer le prochain sur les choses ac-
cessoires est la marque de ces esprits
bornés qui empêcheront toujours toute
réforme essentielle. Dans une ville
comme Paris, les maires dont je parle
nous apparaissent comme de bons to-
qués. Dans les endroits où ils opèrent,
on croit que c'est arrivé. Les uns les
considèrent comme de grands, citoyens
inflexibles sur les principes, tandis que
d'autres les prennent pour des bour-
reaux, des persécuteurs.
Il est navrant, du reste, d'avoir à cons-
tater presque journellement que ces exa-
gérations n'appartiennent en -propre à
aucun des deux partis qui luttent suc le
terrain religieux et politique.
Ainsi, tandis que des maires mobili-
sent leurs gardes champêtres pour obli-
ger les curés à s'habiller en "jaquette,
de l'autre côté, les BR. PP. jésuites font
lire à leurs élèves pendant les £epas, dans
le réfee|oif de la rue de V-augirard, les
discours prononcés àla Chambre parles
orateurs de l'opposition pendant les dé-
bats de la loi sur les associations. De
sorte que, tout en mangeantleur gigot et
leurs pommes de terre, lès enfants ap-
prennent, grâce à M; Lasies, que le gou-
,vernement veut « substituer en France
l'esprit étranger à l'esprit national, chas-
ser les moines, pour livrer la France aux
rabbins et aux pasteurs. » Ils boivent en
même temps que'leur « abondance » des
phrases dans le genre de celle-ci :« Si le
.milliard des côrigréganistes existe, il est
le produit de dons, tandis que chez les
juifs il y a 80 milliards qui sont le pro-
duit du vol. » Ce 'qui n'empêche pas le
P. du Lac de consacrer une- dizaine de
pages du son livre récent à démontrer
que les jésuites ont horreur de la politi-
que et sont plutôt favorables à la Répu-
blique.
̃ Eh bien que voûtez-vous ? Les exagé-
rations s'appellent les unes les autres.
Ici, voilà des gens qui sèment la
dans l'âme, des enfants. Là-bas,
/ce sont des maires qui manifestent
̃comme ils peuvent l'horreur que leur
inspire le prêtre.
Décidément, ce pauvre pays est plein
de citoyens qui luttent à qui sera le plus
>bête, J.'Gornély.
A Travers Paris
Les témoins de M. Paul Deschanel,
pour son mariage avec Mlle Germaine
Brice, seront M. le Président de la Ré-
publique et M. Legouvé, doyen de l'Aca-
idémie française.
Mme Loubet. assistera ce. matin au
service officiel qui sera célébré à onze
heures, en l'église anglicane de la rue
d'Aguesseau, à la mémoire de la reine
d'Angleterre. Elle sera- accompagnée de
Mmes la générale Dubois et Combarieu.
M. AJiel. Combarieu, secrétaire général
de la Présidence, représentera à cette cé-
rémonie le Président de la République.
Le service, identique à celui qui sera
célébré à la cathédrale de Saint-Paul à
Londres, se composera d'un hymne pro-
cessionnel, des deux- psaumes préférés
de la reine Victoria, les psaumes XC et
GXXX, et d'.un hymne de Ch. Gounod.
La tenue, pour tous les invités qui ne
seront pas en uniforme, est la redingote.
Après le service officiel de onze heures, 1
^n second service sera célébré cet aprôs-
^îtdi, à <|eiiK heures et demie. Demain
4)mancftë, le R!év. docteur Noyés pro-
noncera 1'oraison funèbre de la Reine.
Deux fauteuils sont actuellement va-
cants à l'Académie française.pâr la mort
de M. le duc de Broglie et de M., le
vicomte H. de Borhier. w
Quoique cette double vacance ne soit
pas encore déclarée, on donne déjà
comme certaines lés candidatures de
MM. Etienne Lamy, Frédéric Masson,
G. de Porto-Riche, René Bazin, etc. On
assure, d'autre part, que plusieurs aca-
démiciens, qui lui ont déjà donné leurs
suffrages lors de précédentes élections,
auraient pensé à M. Ernest Daudet pour
le fauteuil du duc de Broglie.
Il résulte des entretiens qui ontou lieu
entre les académiciens présents à la
séance de jeudi dernier, et dont quel-
ques échos sont parvenus jusqu'à nous,
que les deux candidats réunissant les
plus grandes chances ne figureraient pas
jusqu'à présent parmi les candidats ci-
•tés; :̃̃̃
Un de ces derniers, cependant, M.
Etienne Lamy paraissait avoir son élec-
tion assurée. A la suite de son échec au
fauteuil d'Edouard Pailleron, où M. Paul
Hervieu l'emporta d'une voix sur lui,
une sorte d'engagement avait été pris
envers lui. On lui aurait demandé, pa-
raît-il, d'attendre encore et les voix qui
lui semblaient assurées se porteraient
sur le marquis de Vogué, grand seigneur
comme le duc de Broglie, ancien ambas-
sadeur à Vienne, auteur de savants tra-
vaux historiques, principal propriétaire
du Correspondant et déjà membre de
l'Institut. Le marquis de Vogué, appar-
tient, en effet, à l'Académie des sciences
morales et politiques.
Pour le fauteuil de M. Henri de Bor-
nier, on met en avant, à l'Académie
même, le nom de M.. Edmond Rostand.
C'est assez dire que l'auteur de l'Aiglon,
s'il se présente, trouvera le terrain tout
préparé. m
Le Sénat nouveau siècle.
On vient de commencer au Sénat les
travaux d'aménagement. d'une salle
d'escrime avec cabinet de toilette, appa-
reils à douches et salon de coiffure du
dernier modèle.
Ce sont les anciens appartements de
Marie de Médicis, donnant au rez-de-
chaussée sur le jardin du Luxembourg,
;que l'on transforme ainsi pour recevoir
les maîtres d'armes, les garçons de dou-
ches et les coiffeurs.
Nous ne savions pas qu'il y eût parmi
les vénérables sénateurs tant d'amateurs
des nobles jeux de l'épée. Mais il suffit
d'assister à une seule séance du Sénat
pour se convaipere que le nombre des
chauves domine dans la haute assem-
blée et que le coiffeur spécial du Sénat
sera peu occupé par ses clients.
Le cadeau de noces offert à S. M., la
reine Wilhelmine de Hollande par ses
su jets qui habitent Paris et les grandes
villes de France partira ce soir pour La
Haye.
C'est un exquis surtout composé de six
pièces,; en argent fin ciselé plateau à
fond de glace et corbeille de miliëu? et
quatre flambeaux pour les angles.
Le tout est de pur style rocaille. C'est,
en effet, d'après les modèles de Germain,
orfèvre du roi Louis XV, que ce surtout
a été ciselé. ̃
La corbeille porte deux écussons au
chiffre W,- H. -initiales "des deux au-
:gusteé époux, surmonté d'uire cou->
ronneroyale.
Au-dessous du plateau sont gravés les
noms des membres du Comité chargé
par les colonies hollandaises des grandes
villes de France d'offrir ce présent à la
Reine.
Au surtout est joint un album de vingt-
cinq pages portant les noms des Hollan-
dais habitant la France, album artisti-
quement relié en maroquin du Levant
rouge vif, chargé sur les plats du. double
chiffre et de la couronne royale et bordé
intérieurement en or avec gardes de
'tabis.
En même temps que le surtout et
cet album partira pour la Hollande un
petit cabinet de haut style offert par le
corps diplomatique.
M. Barbedette, sénateur de la Cha-
rente-Inférieure, est mort hier matin, à
huit heures, à Paris.
Il était âgé de soixante-treize ans.
Après avoir fait son droit à Poitiers, où
il était né, il était entré dans la magis-
trature, où il resta jusqu'en 1870. Il se
démit ensuite de ses fonctions et fut élu
conseiller général pour le canton de La
Rochelle-Est; puis, après deux échecs en
1876 et 1877, il entra en 1878 à la Cham-
bre comme député de l'arrondissement
de La Rochelle. Il siégea au Palais-Bour-
bon jusqu'en 1885, date à laquelle il fut
élu sénateur de la Charente-Inférieure.
M. Barbedette siégeait à la gauche ré-
publicaine, et il utilisait les nombreux
loisirs que lui laissait le Sénat en s'adon-
nant à la critique musicale. On a de lui
des études appréciées sur Beethoven
sur Chopin et sur Weber.
M. Barbedette sera enterré à La Ro-
chelle. • ,̃
Le pont Alexandre-111 a été débarrassé
'hier soir des échafaudages qui mas-
quaient encore le motif qui couronne le
sommet de son arc en amont.
Ce décor, différent de celui qui se
trouve à l'aval, représente la Seine et la
JMéva groupées autour de l'aigle russe
bicéphale. I
On se rappelle qu'un accident survenu
à la fonderie où l'on préparait ce groupe
avait empêché qu'il fût placé avant
l'Exposition.
Le mal est aujourd'hui réparé et le
décor du pont Alexandre est complet.
Les sauveteurs des Saintes-Maries-de-
la-Mer, à qui notre collaborateur Serge
Basset est allé porter, comme à ceux de
Carro, leur part de la souscription spon-
tanément ouverte parles amis du Figaro
au profit de tous les vaillants qui partici-
pèrent au sauvetage de la Russia, vien-
nent d'adresser à notre rédacteur en chef
la lettre suivante
Monsieur le Rédacteur en chef,
Les sauveteurs des Saintes-Maries-derla-
îler, Camargue- (Bouches-du-Rhône), profon-
dément' touchés de votre bienveillante atten-
tion, ontl'honneur de vous prier de vouloir
bien agréer, ainsi que tous les souscripteurs,
l'assurance de leur vive et durable reconnais.
sance. ̃
Vos tout dévoués,
Les'patrons du, canot des volontaires des
Saintes-Maries-de-la-Mer,
Taillet-Sellier»
Les visites officielles au Salon de l'au-
tomobile, du cycle et des sports.
Sur l'invitation qui lui a été faite par
M. Philippe Laloge, député de la Seine,
délégué par M. Rives, commissaire gé-
néral, au nom du Comité d'organisation
du Salon de l'automobile, M. Paul Des-
chanel, président de la Chambre des dé-
putés, a promis de se rendre/au Grand
Palais demain dimanche, à deiix heures.
D'autre part, M. Millerand, ministre
du commerce, qui avait été empêché d'i-
naugurer le Salon 'de l'automobile, du
cycle et des sports, a avisé le commis-
saire général qu'il s'y rendrait officiel-
lement lundi, à dix heures et demie du
matin.
t. Q
Deux livres de genre différent qui vien-
nent de paraître chez les éditeurs Cal-
mann Lévy, et dont on parle beaucoup
en ce moment le second volume de la
Duchesse de Bourgogne par le comte
d'HaussonvilIe, ouvrage remarquable sur
le dix-huitième siècle, rempli de détails
anecdotiques, puis le nouveau roman de
Léon de Tinseau, Au coin d'une dot, où
sont si finement étudiés le snobisme
provincial et l'américanisme moderne,
et qui, en quelques jours, a atteint sa
9e édition.
La reine Victoria touchait pour sa liste
civile 9 millions et demi; la reine d'Es-
pagne touche 7 millions etdemi; le Tsar,
25 millions; Guillaume II, 15 millions.
«Mon Dieu me disait un philosophe, il
n'en faut pas tant pour être heureux je
me contenterais de la liste civile qui me
permettrait de prendre après chaque re-
pas un petit verre d'anisette Marie
Brizard et Roger.
Hors Paris'
Parmi les hauts personnages arrivés à
Londres, pour les funérailles de S. M. la
reine Victoria, et descendus au Carlton
Hôtel
LL. EExc. le comte d'Eulenbourg, maréchal
de la Cour impériale d'Allemagne; le comte
A. de Wedel, grand écuyer; M. von Plessen,
général d'infanterie, commandant du quar-
tier général, aide de camp de Sa Majesté
le docteur von Leuthold, médecin général de
Sa Majesté M7 von Grumme, capitaine de
corvette, aide de camp de Sa Majesté, de la
suite de S. M. l'empereur d'Allemagne;
S. A. le duc de Saxe-Altenbourg, accompa-
gné du major von Sydow, et de sa suite;
S. A. R. le prince Louis-Philippe de Bour-
bon, comte d'Eu;
LL. EExc. Turkhan-pacha, général, aide de
camp de Sa Majesté; Karatheodori-pacha,
général; M. Nassir, lieutenant-général, en-
voyés extraordinaires de Si M. le sultan de
Turquie ̃ ̃
S. Exo. Klemes Aug., comte de Wedel,
chambellan. Drésideiit de l'intendance de la
Cour, représentant S. A. R. le grand-duc
d'Oldenbourg;
Le comte de Hardenberg, grand écuyer de
la Cour, représentant de S. A. R,, le grand-
duc de Mecklembourg-Schwerin;
M. Craemerj capitaine de cavalerie, aide
de camp; lord William Cecil, de la suite de
S. A. R. le grand-duc de Hesse;
Le comte de Bourboulon, maréchal de la
Cour; major général Vinaroff, aide de camp"
honoraire de Son Altesse Royale capitaine
Nicolas Radew, aide de camp de Son Altesse
Royale, envoyés de S. A. R. le prince dé
Bulgarie; M. de Reixleben, maréchal de la
Cour, représentant de S. A. S. le prince de
Hohenlohe; le major de Brandis, de la suite
de S. A. R. le prince de Hohenzollern.
S. Exc. M. A. de Mier, ministre plénipo-
tentiaire du Mexique à Paris S. Exc. M. Th.
de Souza-Rosa, ministre du. Portugal à Pa-
ris S. Exc. M. Fernando Cruz, ministre de
Guatemala à Paris; M. Louis F. de Oliveira
Cezar, secrétaire de la légation de la Républi-
que Argentine à Paris le colonel de Rauch,
commandant le 1er régiment de dragons de la
garde impériale (régiment de la reine d'An-
gleterre) le lieutenant-colonel de Rauch,
commandant le 5e hussards, prince Blûcher
(régiment du prince de Galles).
De notre correspondant de Rome
« On se montre très flatté dans le
monde officiel de la décision prise par le
Président Loubet d'envoyer au roi d'Italie
le grand cordon de la Légion d'honneur.
On y voit une preuve de plus des excel-
lentes relations existant depuis quelque
temps entre les deux pays, et qui pour-
ront encore s'améliorer.
» La remise des insignes aura lieu
lundi matin en forme solennelle. Deux
voitures de gala de la Cour iront prendre
au palais Farnèse M. Barrère ayant qua-
lité d'ambassadeur extraordinaire, et le
colonel Silvestre, officier de. la maison
militaire du Président de la République.
» Le roi Victor-Emmanuel III les rece-
vra dans la salle du trône, entouré des
hauts dignitaires de sa Cour en grand .1
uniforme. »
De Monte-Carlo
« L'ouverture du Tournoi internatio*
nal d'échecs, qui devait avoir lieu ven-
dredi 1er février, est ajournée à lundi
matin 4 février en raison des obsèques.
,de S. M. la reine Victoria, les champions
du tournoi ont, à l'unanimité,, demandé
que la première séance fût différée. L'ad-
ministration de la Société des Bains de
mer's'est empressée de déférer à ce
.désir. »
"Q 'C.
Nouvelles à la Main
Dans une discussion à propos du sél,
qui prolonge la vie humaine d'après tes
uns et engendre, au contraire, 'force ma-
ladies selon les autres, Drolichon prend à
son tour la parole
II est certain, dit-ÎI, que le.-sel
conserve. Ainsi, il y a dans ma famille
une estampe du dix-huitième siècle ré-
présentant la femme de Loth après sa
métamorphose. Eh bien l éi~e es~i~clnü·
métamorphose. Eh ien eHeesf admi-
rablement conservée 1
Un pianiste qui ne brille pas par la mo-
destie se flattait d'avoir, à son dernier
concert; absolument « enlevé son audi-
toire ».
C'est vrai, confirme un ami après
le premier morceau, il n'y avait plus per-
sonne dans la salle 1
Xe Masçue de Fer.
La Prime
du FIGARO
Nous recevons différentes lettres de~iïos
acheteurs au numéro demandant s'il leur
est possible de se procurer 7e premier
numéro des MODES, que nous ayons offert
gratuitement à tous nos abonnés et que nos
ABONNÉS D'UN AN recevront pendàqt
toute la durée de leur abonnement.
Ce numéro, mis en vente chez tous les
libraires mardi dernier, a été rapidement
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teurs pourront se procurer la Nouvelle
éditibn à la Librairie du Figaro, chez
tous les libraires et dans les gares*
Bruit de la mort de Li-Hung-Ghang
S'il faut en croire une dépêche de Tien-
Tsin adressée à la Gazette de Francfort,
la maladie de Li-Hung-Chang n'était pas
le moins du monde d'origine « diploma-
tique ». Cette dépêche annonce, en effet,
que le vieux vice-roi a succombé à la
fièvre qui depuis plusieurs jours le mi-
nait.
Un seul télégramme mentionne jus-
qu'ici cet événement.. On peut donc en-
core le mettre en doute, d'autant que
nous avons une dépêche de New-York
disant que le 31 janvier Li-Hung-Chang
avait demandé aux ministres étrangers
de se réunir chez lui la semaine pro-
chaine.
Mais il est. évident qu'à l'âge de Li-
Hung-Ghang quatre-vingts ans pas-
sés une maladie, même bénigne à
ses débuts, peut empirer très vite. Aussi
n'y a-t-il rien d'invraisemblable à ce que
la nouvelle donnée par la Gazette de
Franc fort soit authentique.
Si elle l'est," on doit aussitôt se deman-
der quelle influence aura sur la marche
des négociations la disparition du vice-
roi. Et à cette question on peut difficile-
ment répondre, car tout dépendra des
idées et du caractère du plénipotentiaire
qui sera désigné à sa place.̃•
A tout prendre, cependant, on ne peut
que regretter la mort de Li-Hung-Chang.
Certes, il avait tous les défauts particu-
liers aux Célestiaux il était rusé, dissi-
mulé et retors. Il avait eu, au cours des
derniers événements, une attitude indé-
clse qui venait de son désir de mjénager
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