Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1899-07-03
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 juillet 1899 03 juillet 1899
Description : 1899/07/03 (Numéro 184). 1899/07/03 (Numéro 184).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k284805s
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
45e Année == 3e Série == N° 184
Lundi 3 Juillet 1899
Le Numéro = SEINE & SElNE-ET-OiSE 15 centimes = DÉPARTEMENTS t 20 centimes
Directeurs- Gérants
!f. DE RODAYS f A. PÉRTVIER
Rédacteur en chef. ? Administrateur,
6E0BBTAIBE CE LA HÔDACTIOM
Gaston CALMBTTS
TÉLÉPHOME if î02'46 Rédaction
TEJ*PH0»6 | 10247 Administration
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• de France et d'Algérie.
Les petits
côtés
Une tragédie ne peut jamais être tra-
gique jusqu'au bout. Même dans cette
arrivée de Dreyfus qui semblait laisser
fort peu de place aux observations plai-
santes, il s'est glissé quelques épisodes
amusants. Le drame était émouvant,
mais les entr'actes, du moins, ont été
gais. Nous avons eu, d'abord,- la lutte du
gouvernement. contre toute la presse
coalisée. D'ordinaire, quand un gouver-
nement se met la presse à dos, son
compte est bon. Cette fois, par hasard,
c'est la presse qui a été vaincue. Drey-
fus, qu'elle guettait depuis huit jours sur
tous les points de l'Océan et de la Man-
che, a débarqué à son nez et à sa
barbe. On avait fait venir des gendar-
mes, on avait -fait venir de la police,
mais on n'avait pas fait venir de re-
porters. Je ne sais même pas si, dans ces
conditions, l'arrivée est valable.
Mais la presse, au fond, est bonne fille.
Elle veut bien reconnaître, quoique
n'ayant pu le constater par elle-même,
que Dreyfus est arrivé. Supposons que,
par dépit, tous les journaux se fus-
sent entendus pour affirmer que le
S fax n'était pas encore signalé. Que pè-
seraient, contre cette belle unanimité,
toutes les déclarations du gouverne-
ment ? Un bon Français ne doit jamais
croire que ce qu'imprime son journal.
Les reporters y ont donc mis une cer-
taine générosité, et il faut vraiment leur
en savoir gré, car jamais on en avait
agi si librement à leur égard. Songez
donc qu'il en était venu de toutes les
parties du monde. Les Anglais, notam-
ment, avaient fourni un fort contingent,
et ils comptaient bien que ce serait un'
jeu de se procurer à prix d'or tous les
renseignements désirables.
On a même cité à ce propos un petit
incident qui, s'il n'est pas vrai, est bien
trouvé. C'est celui de ce reporter qui pre-
nait les gens à part et leur montrait un
chèque de douze cents francs
Qu'est-ce que. cela? lui deman-
dait-on.
Vous le voyez, c'est un chèque»
Et, à voix basse, il ajoutait
• > II est pour vous.
Comment pour moi.
Oui, pour vous, si vous m'indiquez
le jour de l'arrivée de Dreyfus J
.Les gens, naturellement, riaient au
nez du bon Anglais; et son choque lui est
resté pour compte. Il n'y a rien comçris,
et peut-être croit-il que la somme était
insuffisante. Car l'idée ne viendra jamais
à un reporter anglais qu'il puisse y avoir
un secret quelconque qui tienne contre
de l'argent. Nos reporters à nous n'ont
pas de ces mauvaises pensées, mais ja-
mais ils n'auraient cru, non plus, qu'un
pareil événement se passerait sans qu'ils
fussent invités. 'Et il a failli en résulter
quelque mauvaise humeur dans les
comptes rendus.
###
J'ai lu, par exemple, que vers quatre
heures du matin on commençait, a être
très énervé aux abords de la prison de
Rennes. Le train spécial avait été an-
noncé pour deux heures. A l'heure dite,
lés reporters se trouvaient à leur poste,
comptant bien qu'on ne les ferait pas at-
tendre. Mais le temps se passait, et le
prisonnier n'était pas encore signalé. On
sait aujourd'hui ce qui était advenu le
débarquement à Quiberon alors que tout
était prêt à Lorient, le gros temps de
mer empêchant d'aborder, un retard de
quatre heures dans le départ du train.
Mais à Rennes, on ignorait tous ces dé-
tàils les reporters ne voyaient qu'une
chose, c'est qu'on leur manquait d'é-
gards, et qu'on ne doit pas traiter ainsi le
premier pouvoir de l'Etat. La foule fai-
sait chorus avec eux, et à un moment
donné, elle a été sur le point de se fâ-
cher. Savez-vous contre qui? N'essayez
pas de chercher, vous ne trouveriez pas.
Je cite, en effet, un reporter: «Lafoule,
qui était très calme au début, commence
à devenir nerveuse cette attente prolon-
gée l'exaspère. Il est à prévoir qu'étant
donné cet état d'esprit, des manifesta-
tions hostiles vont se produire à l'arrivée
de Dreyfus. » 0 beautés de l'esprit et du
cceur humains Si cette foule se dispose à
manifester contre Dreyfus, ce n'est pas
parce qu'elle l'accuse d'avoir trahi, c'est
simplement parce qu'elle lui reproche
d'être en retard L'arrivée, heureuse-
ment, s'est effectuée si vite que personne
n'a eu le temps de s'y reconnaître. Autre-
ment, on ne sait pas de quoi auraient pu
être capables les braves gens à qui on
venait ainsi de faire passer la nuit blan-
che. Il y a un dialogue de ce genre-là
dans le théâtre de Labiche
Cet homme-là, tu sais, je ne veux
plus rien avoir.de commun avec lui.
Pourquoi donc?. C'est un malhon-
nête homme?.
Non seulement ça, mais voilà la
troisième fois qu'il manque à un ren-
dez-vous 1.
Dreyfus ne sait donc pas à quel point
il a joué la difficulté A peine débarqué,
se mettre tous les reporters à dos, ce
n'était vraiment pas de chance! Il est
vrai que les reporters n'ont pas la
rancune bien tenace l'actualité ne leur
en laisserait pas le temps. Déjà ils se
rattrapent de leur petite mésaventure
en nous donnant les détails les plus mi-
nutieux sur les côtés accessoires du
voyage. Le Sfax, notamment, nous est
décrit en long et en large, depuis le beau-
pré jusqu'au gaillard d'arrière. Nous sa-
vons que la cabine qu'occupait Dreyfus
s'ouvre par une porte à glissières. A dire
vrai, il n'y a pas, dans toute la marine
française, une seule porte qui ne s'ouvre
ainsi. De même, l'intérieur de la cabine,
tel qu'il nous est dépeint, ressemble à
toutes les cabines de tous les bateaux
connus. Mais ces détails font bien dans
une description, et une seule chose nVé-
tonne, c'est qu'on ne nous ait pas donné
encore la biographie complète et la pho-
tographie de tout l'équipage du Sfax,
depuis le commandant jusqu'au petit
mousse.
C'est l'éternelle histoire du mur der-
rière lequel il s'est passé quelque chose.
Dreyfus avait laissé sur sa table une
boîte de cigares vide un reporter l'a
emportée. Il est heureux qu'un autre
n'ait pas emporté la table. Quant aux inJ
terviews, vous pensez bien que chacun
en a eu pour son grade. Jamais notre
marine n'avait été soumise à une pareille
épreuve. On a interviewé, pêle-mêle, les
officiers et les matelots, et on a même en-
registré, pour l'histoire, une réflexion
pleine d'amertume du cuisinier, consta-
tant que là nourriture qu'il servait à
Dreyfus était très supérieure à celle qu'il
absorbait lui-même. Simple malice d'un
maître-coq qui veut faire croire qu'il ne
goûte pas aux plats qu'il confectionne!
Vous ai-je dit qu'il y avait, dans la
cabine du prisonnier, une toilette avec
un broc en zinc et une cuvette? Le
lit, en bois blanc, comprenait un som-
mier; un matelas, un traversin, un
oreiller et une couverture. Je dois ajou-
ter qu'au-dëssus de la toilette était une
glace avec cadre en pitchpin, et qu'une
lampe électrique éclairait la cabine. J'en-
tends bien que le public aurait peut-être
préféré avoir quelques renseignements
sur l'état d'âme de Dreyfus plutôt que
sur les meubles de sa chambre, mais les
meilleurs reporters du monde ne peu-
vent donner que ce qu'ils ont, et quand
l'information n'est pas précisément pal-
pitante, c'est bien le moins qu'elle soit
très abondante.
Les reporters ont donc fait tout leur
devoir, et il faut honorer en eux le cou-
rage malheureux. Ils n'auront pas perdu
leur temps, du reste on apprend tou-
jours quelque chose en voyageant. Ils
ont découvert, à un passage à niveau, un
homme qui n'avait jamais entendu parler
de l'affaire Dreyfus. Voilà celui qu'il eût
été intéressant d'interviewer; voilà l'exis-
tence qu'il aurait fallu nousdépeindre.EHe
n'est peut-être pas aussi exceptionnelle
qu'on le croit, et il y a,'dans ce simple
petit fait, une leçon pour tous les ora-
teurs, pour tous les publicistes qui,
constamment, font intervenir le pays
dans leurs discours et dans leurs écrits.
Le pays, il est, la plupart du temps, très
étranger 'à nos énjotiôns et h ij:os pas-
sions, et, dans les questions les plus
graves," il s'incarne dans ce paysan
qu| n'a riep lu, qui "n'a rien entendu,
et qui, sur le passage de Dreyfus, a deux
pas de la ville où doit se terminer ce
long drame, n'en continue pas moins sa
besogne routinière.
Et, à côté du paysan, regardez un
autre citoyen, tout aussi réussi dans son
genre c'est cet agent,de lassante qui, au
moment du débarquement, à Quiberon,
accourt sur le quai, avec son règlement
en main, et invoque s.olennelllement les
formalités administratives. Le Sfax ar-
rive des colonies il est donc soumis de
plein droit à la visite sanitaire. On de-
vrait même l'envoyer faire une petite
quarantaine dans un lazaret de la côte.
Ne faut-il pas, avant tout, observer
la forme ? On a eu toute sorte de
peines à faire comprendre à ce brave
homme que le moment était mal
choisi pour soulever de ces petites dif-
ficultés, et qu'on n'avait pas le temps
de s'arrêter à ses paperasses. Il a dû
croire, que c'était positivement la fin du
monde,et de cette tragédie dont il a eu un
acte sous les yeux, il ne restera dans son
esprit que cette infraction au règlement.
Question d'optique qui explique bien des
choses. Quelqu'un a dit « Les faits va-
rient suivant les yeux qui les regardent. »
La pensée est peut-être de Calino,; peut-
être aussi est-elle d'un philosophe.
Le Passant.
.AU JOUR LE JOUR
LE THÉATRE-GÉANT
DE
BOLOSSY KIRALFY
Paris va jouir d'un spectacle théâtral unique
au monde Bolossy Kiralfy est dans nos murs! l
Il y est même dans ses murs à lui, puisqu'un
Théâtre-Géant s'élève à la Porte-Maillot pour
jouer sa féerie monstre, l'Orient.
Le nom du génial imprésario est certaine-
ment connu de nos lecteurs. Artiste, dés l'en-
fance il courut le monde, de scène en scène,
de succès en succès. Directeur dé théâtre, il a
révolutionné l'Amérique et l'Angleterre par
des spectacles d'une. ampleur et .d'un éclat
inouïs, faisant manœuvrer dans des féeries
grandioses une armée d'artistes et de figu-
rants, de chevaux, d'éléphants, de chameaux,
de dromadaires, et des flottes véritables,
comme celle qu'on verra évoluer sur le bassin
du Théâtre-Géant, à la porte Maillot.
A New-York, Bolossy Kiralfy avait monté
d'abord la plupart des pièces françaises à
grand spectacle Patrie 1 le Tour du .Monde,
Michel Strogoff, etc., etc. Mais il se sentait à
rétroit dans le cadre de nos féeries du vieux
monde. Très érudit, très chercheur, passionné
pour les somptuosités défuntes des antiques
civilisations orientales, il entreprit de les res-
tituer dans des spectacles d'une exactitude
parfaite de décor et de mise en scène.
C'est ainsi qu'il donna le Roi Salomon, dont
le succès fut colossal. Les fêtes de la Cour de
la reine de Saba, reconstituées avec un scru-
puleux souci de la vérité historique (autant
qu'on en sache), et avec une pompé inimagi-
nable, mirent en émoi la Cinquième Avenue,
dont les quatre cents multimillionnaires n'a-
vaient pâs'méme rêvé de telles splendeurs.
Mais Bolossy Kiralfy a fait mieux encore. Il
nous apporte VOrient qui, déjà, dans une
forme moins aayjle et noias fastueuse, a été
représenté à Londres et à Bruxelles "avec/un
succès prodigieux.. J.
L'Orient que le grand imprésario va nèsm
montrer n'est pas l'Orient de nos jours, et c'est
pourquoi le cavalier de Pal, si fièrement campé
dans une des'affiches du Théâtre-Géant, est
revêtu d'une étrange armure moyennâgeuse.
C'est l'Orient des croisades, tumultueux, ter-
rible et splendide. De la Constantinople du
quinzième siècle, dans le dernier éclat de sa
splendeur -byzantine, l'action passe au mysté-
riéux royaume africain de Femirzah, dont
quelques ruines et quelques vieux manuscrits
attestent seuls encore l'antique grandeur. Elle
se termine dans le Londres si pittoresque
d'Henri V, le prince Hall de Shakespeare, au
milieu de réjouissances populaires et de cortè-
ges armoriés.
Pour loger cette féerie géante, un théâtre
géant le Théâtre-Géant Côlumbia a été
construit, sur les plans de l'émment architecte
M. Fouquiau, à la Porte-Maillot, couvrant un
terrain de 10,000 mètres La salle de spectacle
pourra contenir 6,000 spectateurs 1,500 ar-
tistès, hommes et femmes (et jolies femmes! 1
la fleur des corps de ballet d'Europe,)! figure-
ront dans la pièce, sans parler des figurants à
quatre pattes, qui ne ^ont pas petits person-
nages éléphants, chameaux, etc Et pour
ne rien dire de la flotte qui manceuvrera sur
un bassin de 1,000 mètres carrés.
Nous avons pu voir un instant le créateur
de ces merveilles, dans l'appartement modeste,
où, comme Lazare Carnot, il organise la vic-
toire. C'est au 40 de la rue des Mathurins, et
la porte en est plus assiégée que ne l'était
celle du 32, lorsque, il y a quelques jours, M.
Poincaré essayait de former un ministère.
Le célèbre imprésario doit toucher à la cin-
quantaine. On lui donnerait bien trente ans.
Plein d'activité et de flamme, une légère cal-
vitie est la seule concession qu'il ait faite au
temps. Entouré de régisseurs, de secrétaires,
de musiciens, d'électriciens, pressé par vingt
artistes en quête d'un engagement, il cause,
discute, dicte, signe, sous une pluie de. télé-
grammes, au bruit perpétuel de la sonnerie du
téléphone.
Je suis bien heureux, nous dit-il avec.une
expansion sincère, de me retrouver dans ce
Paris que j'aime tant, où j'ai eu mes premiers
succès d'artiste. Oui, j'ai joué à. l'ancien Vau-
deville de la place de la Bourse. J'ai joué à
Déjazet, dans le Dégel. Théophile Gautier
m'y remarqua et me signala, de sa plume d'or,
dans un de ses étincelants feuilletons du Mo-
niteur universel. Ce fut une des grandes. joies
de ma carrière d'artiste.
> Depuis, dans ma carrière d'imprésario,
aux Etats-Unis, en Angleterre, je n'ai jamais
cessé d'avoir les yeux sur Paris, de suivre vo-
tre mouvement littéraire et dramatique, si in-
téressant de venir chaque année me retrem-
per quelques jours dans cette .vibrant» atmos-
phère parisienne, «nique au monde. Je puis
dire que je n'ai pas cesfléi:d:-à-VpiF un jjied et un
œil sur le Boulevard. Et mon rêve a toujours
été d'obtenir pour mon œuvré' la consécration
de Paris.
» M'y voici, enfin, plein de joie et de con-
fiance. Vous le savez, j'ai voulu -ouvrir mon
théâtre avant l'Exposition, dès' cette année,
dès ce mois-ci," afin d'avoir d abord les applau-
dissements de Paris tout' seul, avant que le
monde entier vienne lui rendre visite. » ̃
J'ai. fait un tout de ces propos, pendant les-
quels le directeur du Théâtre-Géant s'est in*
terrompu vingt fois pour échanger quelques
mots, dans toutes les langues, avec la foule
qui le presse signer une lettre, répondre à
l'appel du téléphone, se lever brusquement
pour faire esquisser un pas aune danseuse, etc.
C'est l'activité faite homme 1
Son œuvre énorme en témoigne, d'ailleurs,
surabondamment. Poète, il invente l'action de
ses grandioses spectacles; érudit, il en re-
constitue le décor historique; metteur en scène,
il manœuvre sa troupe immense de 1,500 ar-
tistes, ses ballets colossaux de huit cents dan-
seuses, dirige toutes les répétitions, règle les
moindres détails, ardent, jeune, emporté par
la fièvre d'enthousiasme qui fait les grands ar-
tistes.
Cette consécration de gloire, qu'il vient de-
mander à Paris, Paris, prodigue de ses applau-
dissements à qui lui apporte une sensation
d'art nouvelle, ne la marchandera pas au Roi
des imprésarios il fera, sans le moindre doute,,
au Théâtre-Géant un gigantesque succès,
Georges de Céli.
Échos
"̃̃ La Température
La. situation reste très mauvaise; de gros
temps sévissent sur nos côtes de la Manche
et de l'Océan où la mer est agitée et houleuse;
de fortes pluies sont signalées en France un
peu partout. Dans nos régions du Nord, la
baisse de la température continue. Hier, à
Paris, le thermomètre indiquait 16° au-dessus
le matin à huit heures, et. 20° dans l'après-
midi on notait 260 à Alger. En France, les
averses restent toujours probables avec temps
frais. Le soir, le baromètre était, à 755mm,
après avoir indiqué 754mm dans la matinée.
Dieppe. Thermomètre 160, Mer forte.
Temps couvert.
_~roe"_
Les Courses
A deux heures, Courses à Vincennes.
Gagnants de Robert Miïlon:
Prix de la Reine Bonnet Vert.
Prix, de la Demi-Lune Lucetta.
Prix de Sceaux Nissan.
Prix des Capucines: Général Albert.
Prix du Belvédère Mylord.
Prix de Bicêtre Brigantine.
A DES CONFRÈRES SACRES
Les reporters présents à Rennes se
sont tous extasiés sur l'habileté des me-
sures prises par l'administration pour
soustraire à leur curiosité, et surtout à
l'attention du public, l'arrivée de Drey-
fus. On à réussi à épargner à Dreyfus
les cris de mort qui l'auraient accueilli,
et peut-être une agression, une bagarïe
dont il ne fût pas sorti vivant.
Je crois que les reporters exagèrent.
Je crois que ta population de Rennes
éveillée eût laissé passer le prisonnier au
milieu d'elle en gardant le silenoei Je ne,
puis me faire à l'idée d'appartenir à la
même nationalité que des hommes capa-
bles d'insulter un malheureux que la
Cour de cassation, à l'unanimité, de ses
membres, présume innocent, puisqu'elle
te renvoie devant un Conseil de) guerre,
après; avoir attribué à un autre la pièce
unique sur laquelle il a été condamné.
Le fait seul que de pareilles précau-
tions aient pu,' aient dû être prises in-
dique à quelle aberration morale, à quelle
dégénérescence intellectuelle une partie
de jour en jour plus restreinte des Fran-
çais est descendue, sous l'influence de
iquelques journaux.
Jamais la profession que j'exerce avec
amour depuis trente ans ne m'a paru
plus avilie qu'en ces jours tristes, et je
cherche de tous les côtés les moyens de
la relever, Aussi ne saurait-on s'étonner
que j'aie pensé à adjurer quelques confrè-
res en J--C- qui sont entrés dans notre
métier depuis peu, sous la bannière du
Christ, et qui aujourd'hui couvrent la
France entière du réseau de leurs publi-
cations. Il s'agit des Pères Assomption-
nistes, et de leurs Croix.
Mes Pères,' leur dirais-je volontiers,
comme vous devez souffrir en ce mo-
ment en constatant qu'il reste parmi
nous tant de chrétiens qui sont contre la
'justice, et tant de chrétiennes qui sont
contre la' charité I Vous vous êtes faits
journalistes. Vous avez mis la main sur
cet outil moderne qui s'appelle la presse,
et vous avez démontré une fois de plus
combien est puissant l'esprit d'associa-
tion, puisque vous avez péché plus de lec-
teurs que les disciples ne péchèrent de
poissons lors de la pêche miraculeuse.
Celà/mës Pères, constitue entre vos
mains. une très grande force. Mais votre
succès vous impose une très grande res-
ponsabilité. Carvq,us êtes responsables et,
comme vous croyez en Dieu, vous êtes
responsables devant lui. C'est à vous
qu'il demanderait forcément compte des
égarements de l'opinion, si vous n'arri-
viez pas à. les corriger, en négligeant de
les combattre.
Pe^isez-yous à ce qu'il vous reproche-
rait, au jour du dernier jugement,' "si,
tenant en main les esprits des simples,
vous aviez fait répéter à ce peuple chré-
tienne blasphème juif qui fut cause de la
mort du, Christ- Il est opportun qu'un
seul homme meure pour le salut du peu-
ple ? Penaezrvous duquel air irrité il vous
verrait .arriver dan,s la vallée deJosaphat,
£ mes Pères si vous collaboriez -avec
cette hor s'être donné. la tache de. détruire la pelli-
cule chrétienne laissée sur nos âmes par
dix-neuf siècles de civilisation?
ËUë est si éraiUée déjà cette pellicule
Op. "combien nous avons besoin d'une
nouvelle couche de christianisme sur nos
férocités païennes qui reparaissent Cette
couche, c'est à vous de nous la donner.
Enseignez, donc à vos lecteurs. la ..man-
suétude,' la. douceur, la pitié, la charitô,.le
« Rendes à César » que -le grand Pape
Léon XIII commente si souvent à. notre
intention. Rédacteurs des Çtvix, Phres
journalistes, Pères Assomptionnis.tes, ne
nous précipitez^ ,pas dans lès térièbres
inférieures, ou il n'y a que des pleurs
et des grincements de dents J. Con-
nély..
A Travers Paris
Le prince de Monaco a adressé à
Mme Dreyfus la lettre suivante
« Madame,
» Vous avez défendu l'honneur de votre
mari avec une vaillance admirable, et la
justice triomphante vous apporte une
réparation due.
» Pour aider les honnêtes gens à vous
faire oublier tant de douleurs et tant de
souffrances, j'invite votre mari à venir
chez moi, au château de Marchais, dès
que l'œuvre sainte de la justice sera
accomplie.
» La présence d'un martyr, vers qui
la conscience de l'humanité tournait son
angoisse, honorera ma maison.
» Parmi les sympathies qui vont à
vous; madame, il n'y en a pas de plus
sincère ni de plus respectueuse que la
mienne.
» Albert, prince de Monaco. »
̃̃̃
Le château de Marchais, résidence
d'automne du prince de Monaco, est dans
le diépartement de l'Aisne, à vingt kilo-
mètres de Laon.
cr
La garden-pàrty de l'Elysée a été, hier,
très, brillante; commencée à trois heures,
elle ne s'est terminée' qu'après sept heu-
res.
Le Président de la République et Mme
Emile Loubet ont reçu d'abord leurs in-
vités, à l'entrée des salons, pendant
quelque temps, puis ils se sont rendus
dans le magnifique jardin du palais, tan-
dis que le bal s'ouvrait dans la grande
salle construite à cet'effet pendant la pré-
sidence de M. Carnot, et qui ne fut ja-
mais plus brillamment ni plus gracieu-
sement utilisée.
Plusieurs milliers de personnes appar-
tenant au monde diplomatique et officiel
et à la haute société parisienne avaient
tenu à se rendre' à la réception de M. le
Présidjent de lai République et de Mme
Emile Loubet,' qui ont été très touchés
de cette manifestation.
On a beaucoup remarqué, dans la
foule des jeunes filles, les élèves de Saint-
Denis, des Loges et d'Ecouen, qui parais-
saient enchantées de ce congé d'un ca-
ractère si nouveau pour elles.
Le ministère Waldeck-Rousseau ne
.compte que trois de ses membres décorés
de la Légion d'honneur: M. le général
de Galliffet, ministre de la guerre, est
grand-croix; M. Decrais, ministre des
colonies, est commandeur, et M. Del-
cassé, ministre des: affaires étrangères,
est:eh@Y»lier. • Y-
Le cabinet Dupuy a eu, au contraire,
un moment, cinq de ses membres déco-
rés de notre ordre national M. Krantz,
.•commandeur MM. de Freycinet, Guil-
lain et Paul Delombre, officiers, et M.
Delcassé, chevalier. C'était le cabinet
comptant le plus de ministres décorés.
A ce propos, se douterait-on que la
Chambre actuelle contient un grand
nombre de décorés de la Légion d'hon-
neur ? Il n'y.en a pas moins de quatre-
vingt-dix, dont cinq commandeurs, qua-
torze officiers, et soixante et onze cheva-
liers.
L'Institut se donne depuis quelque
temps la coquetterie des noces d'or.
C'est Chevreul qui mit à la mode ces
petites cérémonies que l'on voit avec
plaisir se renouveler presque chaque an-
née.
On fêtait, il y a deux ans, au palais
Mazarin, le cinquantenaire de l'élection
de M. Faye,- doyen de l'Institut, à l'Aca-
démie des sciences.
Cette année, ce sont les noces d'or de
M. Ravaisson-Mollien avec l'Académie
des inscriptions et belles-lettres que l'on
célébrera son collègue de l'Académie
des beaux-arts, M. Chaplain, vient de
graver à cette intention un portrait de
lui qui lui sera offert en médaille.
L'année prochaine on fêtera les noces
d'or de M. Wallon, secrétaire perpétuel
de l'Académie des inscriptions et belles-
lettres depuis 1873, élu membre de cette
Compagnie en 1850, en attendant celles
de M. Legouvé, doyen de l'Académie
française, élu en 1855, et de M. Hermite,
membre depuis 1856 de l'Académie des
sciences.
M. Fallières, président du Sénat, a reçu
hier la visite de MM. Roujon, Bouvard
et Charles Normand, président de la So-
ciété des Amis des monuments parisiens,
qui lui ont remis une pétition dont voici
le texte
La Société des Amis des monuments pari-
siens exprime le vœu de ne pas laisser porter
atteinte à l'aspect des abords du palais du
Luxembourg; justement émue des dancers
dont le menace la construction projetée d'un
bâtiment de rapport, elle pense que l'éléva-
tion de ce bâtimentaurait certainement pour
résultat de masquer de façon déplorable la
façade d'un'des plus beaux monuments de
Paris, de donner a cette, extrémité de la "rue
de Tournon un aspect des plus fâcheux, enfin
de provoquer des difficultés de circulation en
cet endroit dangereux.
M. Fallières a répondu qu'il félicitait la
Société de son heureuse initiative; puis
quelques observations ont été échangées
avec MM. Roujon et Bouvard.
M. Charles Normand a fait connaître
que d'autres démarches seraient faites;
il a insisté sur l'urgence de la question,
car chaque jour de retard peut entraîner
à des frais supplémentaires.
Les pompiers de Paris ont fait hier
une première sortie d'essai avec une vof-
ture automobile construite dans leurs
ateliers d'après les indications du colonel
Krebs.'
Un break, rouge, de forme analogue
aux voitures servant au transport du
matériel des incendies et monté par six
hommes, a parcouru le quai de l'Arche-
vêché, la rue de la Colombe, la rue d'Ar-
cole, la place du Parvis-Notre-Dame.
L'automobile des pompiers s'est com-
portera à merveille et sa vitesse fait bien
augurer de la rapidité du futur ser-
vice d'incendie, auquel pourtant on
n'avait rien à reprocher. Un officier de
la caserne du boulevard du Palais, où est
remisée cette automobile, nous assurait
qu'avec le nouveau matériel sans che-
vaux, à la formation duquel on travaille
très activement, ce service gagnerait le
double du temps qu'il lui faut actuelle-
ment pour assurer les secours.
Paris sera la première ville dotée d'un
matériel d'incendie automobile, et, si tout
va bien, on en pourrait faire l'essai pra-
tique, dans une certaine mesure, dès
l'année prochaine.
Quelques pensées
Dans toute ma vie déjà longue, j'ai
connu seulement un homme qui ne s'é-
tait brouillé avec personne.
Quel était ce phénomène?
Un homme sans illusions. On ne
l'avait jamais déçu.
•
L'esprit est, ou il n'est point; mais il ne
veut d'aucune épithète.
On dit cependant le faux esprit.
Eh bien, ce. qu'on appelle esprit
faux, c'est encore la sottise, mal dési-
gnée.
:jf>
Les personnes incapables de vivre sans
un continuel..entourage sont justement
celles qui disent le plus volontiers du
mal des autres.
Nous avons le plaisir d'annoncer à. nos
lecteurs qu'en raison de l'affluence
croissante des curieux, l'Exposition pho-
tographique de M. Hanriau, dont Emile
Gautier a dit ici tout le bien qu'il faut
dire, va être prolongée jusqu'au 15 juillet.
M. Hanriau doit à l'obligeance de la
Bioffraph Company, qui lui a gracieuse-
ment communiqué ses clichés, d'avoir
pu reproduire le portrait de S. S. le Sou-
verain Pontife Léon XIII, « cinématogra-
phié » dans les jardins du Vatican. Grâce
aux incomparables qualités de ses pa-
piers au platine, M. Hanriau a pu obte-
nir un merveilleux agrandissement qui
sera exposé, dès aujourd'hui lundi, dans
la Salle du Figaro.
Nouvelles a' la Main
A Brest.
Désolé de n'avoir pu utiliser ses pla-
ques sensibles, un photographe se rési-
gne à prendre quelques vues de l'Océan.
Au moment d/çaér-er»- il adresse aux
flots démontés, aux vagues énormes et t
furieuses, le sacramentel:
Ne bougeons plus
-:tt CI 0
L'art d'éviter les répétitions de mots.
Rendant compte de l'inauguration par
M. Baudin, hier, du chemin de fer du.
Mont-Dore, un reporter a télégraphié à
son journal:
« En arrivant à Laqueuille, le ministre
a été enchanté de celui qu'on lui a
fait. »
Le Masque de Fer.
tt:n-:ej
Visite à bord du «Sfas»
(Par dépêche de notre, correspondant particulier)
Brest,2juillet.
Enfin nous voici à bord du légendaire
vaisseau. Il est neuf heures du matin.
La rade est superbe, sous un clair soleil
dont l'ardeur est atténuée par une brise
très vive qui souffle du large.
Il fait un peu moins chaud ici qu'à
la Guyane,. nous dit le lieutenant de
vaisseau Roque qui nous reçoit à la
coupée et se met immédiatement à notre
disposition pour nous fournir tous les
renseignements désirables.
A ce moment, l'équipage est occupé au
nettoyage du navire; l'eau coule de toutes
parts, les cuivres des canons reluisent
sous un astiquage énergique; les com-
mandements et les coups de sifflet reten-
tissent, même on tire le canon. C'est ` `
l'amiral Barrera qui passe tout à côté de
nous avec le commandant du Sfax. Leur
chaloupe se dirige vers le Borda où doit
avoir lieu une inspection.
Et tout aussitôt voici l'excellent lieute-.
nant de vaisseau Roque assailli de ques-
tions. Il nous montre tout d'abord l'es-
pace qui était réservé à Dreyfus pour ses
promenades quotidiennes, espace situé à
bâbord, entre la coupée et la passerelle
du commandant. ̃
II se promenait là tous les jours,
nous dit-il. Il avait devant et derriè-
lui un factionnaire, de même qu'il y en
avait un aussi en permanence- devant la
porte de sa cabine. ~7
Nous demandons à voir la cabine la
voici..C'est la première à bâbord arrière
ce n'est pas une cabine bien luxueuse,
fous en verrez le détail plus loin. Elle
est occupée d'ordinaire par un maître de
manoeuvres. Pour voisin, Dreyfus avait
précisément le lieutenant de vaisseau
Roque, lequel prétend que Ton dormait
tranquillement dans la cabine d'à côté.
En face et plus au'fond, sur le même
côté, se trouvent les cabines du lieute-
nant de vaisseau Bihél, de l'enseigne de
vaisseau Crétin et Je poste des aspirants.
Devant la porte même sont couchées,
dans leurs supports, d'énormes torpilles;
puis des fusils et des sabres .partout. Ici
encore on nous affirme que durant la
traversée tout entière, Dreyfus n'a pas
prononcé une seule parole, qu'il s'est
bien porté et a semblé avoir une con-
fiance absolue dans le résultat du procès
de revision.
Je vous disais hier, d'après mon inter-
view par le hublot, que quand Dreyfus
avait besoin de quelque chose; il devait
écrire au capitaine en second du Sfax, i
M. le lieutenaoA de vaisseau Champanhac.
Seul, avec le médecin du bord, M.. °
Briend, cet officier voyait tous les jours
Dreyfus. Le lieutenant de vaisseau ._̃-
Châmpanhac nous montre l'une des de-
mandes écrites de Dreyfus dont voici le"
texte:
Le capitaine d'artillerie Alfred Dreyfus se-
rait reconnaissant au capitaine Champanhac
de mettre à sa disposition quelques livres de
marine et une carte de l'Atlantique. Que îes
soirées sont donc longues
Ce billet est écrit d'une écriture hardie.
A première vue, elle semble n'avoir au-
cune analogie avec celle du fac-similé du
bordereau.
M. Champanhac paraît s'étonner de la
curiosité si vive qut a précédé en'France
l'arrivée du Sfax. Il déclare que, en co
qui le concerne, il afait tout son possible
pour que Dreyfus soit traité avec huma-
nité durant tout le voyage. Il reconnaît
aussi que, depuis le commencement, le
ministrede la marine a fait; lui aussi, tout
son possible pour dépister non seule-
ment la presse, mais le, public tout en-
tier. C'est le jeudi soir, à trois heures de
l'après-midi, comme le Figaro l'avait
appris d'ailleurs, que le Sfax arriva en
vue de Lorient, puis de Quiberon. A ce
moment, il fut accosté par le station-
naire Caudan, du port de Lorient, qui lui
portait l'ordre de rester au large jus-
qu'au lendemain vendredi, à neuf heures
du soir. Depuis la relâche du cap Saint-
Vincent, où l'on était resté deux jours,
on savait que le lieu d'atterrissage était
Quiberon, mais l'heure fixée pour le dé-
barquement était ignorée.
Pendant que les officiers fournissent
ainsi réponse à tout ce qui leur est de-
mandé, je m'abouche. avec quelques .<
hommes de l'équipage! Par eux j'ap-
prends quelques petits détails ignorés.
Par exemple Dreyfus se faisait raser
chaque matin, Dreyfus écrivait, lisait et
dessinait tout en fumant des cigares et
des cigarettes faites à la main, il man-
geait des viandes,, des légumes de
conserve, le, tout avec grand appétit, ce
qui le faisait engraisser à vue d'œil. Il
avait le mal de mer de temps en temps,
mais, à part ça, ne paraissait en proie
à aucune souffrance physique. |:
Quand il se promenait sur le ponf.1'
me dit un chauffeur, il allait d'un pas
décidé, les mains derrière le dos, suu-
riant quelquefois à ceux d'entre nous
qui le regardaient fixement. >
Votre opinion est-elle qu'il est cou-
pable, qu'il est capable d'avoir trahi ? `?
Je n'en "sais rien. Ce qu'il y a de sûr.
Lundi 3 Juillet 1899
Le Numéro = SEINE & SElNE-ET-OiSE 15 centimes = DÉPARTEMENTS t 20 centimes
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• de France et d'Algérie.
Les petits
côtés
Une tragédie ne peut jamais être tra-
gique jusqu'au bout. Même dans cette
arrivée de Dreyfus qui semblait laisser
fort peu de place aux observations plai-
santes, il s'est glissé quelques épisodes
amusants. Le drame était émouvant,
mais les entr'actes, du moins, ont été
gais. Nous avons eu, d'abord,- la lutte du
gouvernement. contre toute la presse
coalisée. D'ordinaire, quand un gouver-
nement se met la presse à dos, son
compte est bon. Cette fois, par hasard,
c'est la presse qui a été vaincue. Drey-
fus, qu'elle guettait depuis huit jours sur
tous les points de l'Océan et de la Man-
che, a débarqué à son nez et à sa
barbe. On avait fait venir des gendar-
mes, on avait -fait venir de la police,
mais on n'avait pas fait venir de re-
porters. Je ne sais même pas si, dans ces
conditions, l'arrivée est valable.
Mais la presse, au fond, est bonne fille.
Elle veut bien reconnaître, quoique
n'ayant pu le constater par elle-même,
que Dreyfus est arrivé. Supposons que,
par dépit, tous les journaux se fus-
sent entendus pour affirmer que le
S fax n'était pas encore signalé. Que pè-
seraient, contre cette belle unanimité,
toutes les déclarations du gouverne-
ment ? Un bon Français ne doit jamais
croire que ce qu'imprime son journal.
Les reporters y ont donc mis une cer-
taine générosité, et il faut vraiment leur
en savoir gré, car jamais on en avait
agi si librement à leur égard. Songez
donc qu'il en était venu de toutes les
parties du monde. Les Anglais, notam-
ment, avaient fourni un fort contingent,
et ils comptaient bien que ce serait un'
jeu de se procurer à prix d'or tous les
renseignements désirables.
On a même cité à ce propos un petit
incident qui, s'il n'est pas vrai, est bien
trouvé. C'est celui de ce reporter qui pre-
nait les gens à part et leur montrait un
chèque de douze cents francs
Qu'est-ce que. cela? lui deman-
dait-on.
Vous le voyez, c'est un chèque»
Et, à voix basse, il ajoutait
• > II est pour vous.
Comment pour moi.
Oui, pour vous, si vous m'indiquez
le jour de l'arrivée de Dreyfus J
.Les gens, naturellement, riaient au
nez du bon Anglais; et son choque lui est
resté pour compte. Il n'y a rien comçris,
et peut-être croit-il que la somme était
insuffisante. Car l'idée ne viendra jamais
à un reporter anglais qu'il puisse y avoir
un secret quelconque qui tienne contre
de l'argent. Nos reporters à nous n'ont
pas de ces mauvaises pensées, mais ja-
mais ils n'auraient cru, non plus, qu'un
pareil événement se passerait sans qu'ils
fussent invités. 'Et il a failli en résulter
quelque mauvaise humeur dans les
comptes rendus.
###
J'ai lu, par exemple, que vers quatre
heures du matin on commençait, a être
très énervé aux abords de la prison de
Rennes. Le train spécial avait été an-
noncé pour deux heures. A l'heure dite,
lés reporters se trouvaient à leur poste,
comptant bien qu'on ne les ferait pas at-
tendre. Mais le temps se passait, et le
prisonnier n'était pas encore signalé. On
sait aujourd'hui ce qui était advenu le
débarquement à Quiberon alors que tout
était prêt à Lorient, le gros temps de
mer empêchant d'aborder, un retard de
quatre heures dans le départ du train.
Mais à Rennes, on ignorait tous ces dé-
tàils les reporters ne voyaient qu'une
chose, c'est qu'on leur manquait d'é-
gards, et qu'on ne doit pas traiter ainsi le
premier pouvoir de l'Etat. La foule fai-
sait chorus avec eux, et à un moment
donné, elle a été sur le point de se fâ-
cher. Savez-vous contre qui? N'essayez
pas de chercher, vous ne trouveriez pas.
Je cite, en effet, un reporter: «Lafoule,
qui était très calme au début, commence
à devenir nerveuse cette attente prolon-
gée l'exaspère. Il est à prévoir qu'étant
donné cet état d'esprit, des manifesta-
tions hostiles vont se produire à l'arrivée
de Dreyfus. » 0 beautés de l'esprit et du
cceur humains Si cette foule se dispose à
manifester contre Dreyfus, ce n'est pas
parce qu'elle l'accuse d'avoir trahi, c'est
simplement parce qu'elle lui reproche
d'être en retard L'arrivée, heureuse-
ment, s'est effectuée si vite que personne
n'a eu le temps de s'y reconnaître. Autre-
ment, on ne sait pas de quoi auraient pu
être capables les braves gens à qui on
venait ainsi de faire passer la nuit blan-
che. Il y a un dialogue de ce genre-là
dans le théâtre de Labiche
Cet homme-là, tu sais, je ne veux
plus rien avoir.de commun avec lui.
Pourquoi donc?. C'est un malhon-
nête homme?.
Non seulement ça, mais voilà la
troisième fois qu'il manque à un ren-
dez-vous 1.
Dreyfus ne sait donc pas à quel point
il a joué la difficulté A peine débarqué,
se mettre tous les reporters à dos, ce
n'était vraiment pas de chance! Il est
vrai que les reporters n'ont pas la
rancune bien tenace l'actualité ne leur
en laisserait pas le temps. Déjà ils se
rattrapent de leur petite mésaventure
en nous donnant les détails les plus mi-
nutieux sur les côtés accessoires du
voyage. Le Sfax, notamment, nous est
décrit en long et en large, depuis le beau-
pré jusqu'au gaillard d'arrière. Nous sa-
vons que la cabine qu'occupait Dreyfus
s'ouvre par une porte à glissières. A dire
vrai, il n'y a pas, dans toute la marine
française, une seule porte qui ne s'ouvre
ainsi. De même, l'intérieur de la cabine,
tel qu'il nous est dépeint, ressemble à
toutes les cabines de tous les bateaux
connus. Mais ces détails font bien dans
une description, et une seule chose nVé-
tonne, c'est qu'on ne nous ait pas donné
encore la biographie complète et la pho-
tographie de tout l'équipage du Sfax,
depuis le commandant jusqu'au petit
mousse.
C'est l'éternelle histoire du mur der-
rière lequel il s'est passé quelque chose.
Dreyfus avait laissé sur sa table une
boîte de cigares vide un reporter l'a
emportée. Il est heureux qu'un autre
n'ait pas emporté la table. Quant aux inJ
terviews, vous pensez bien que chacun
en a eu pour son grade. Jamais notre
marine n'avait été soumise à une pareille
épreuve. On a interviewé, pêle-mêle, les
officiers et les matelots, et on a même en-
registré, pour l'histoire, une réflexion
pleine d'amertume du cuisinier, consta-
tant que là nourriture qu'il servait à
Dreyfus était très supérieure à celle qu'il
absorbait lui-même. Simple malice d'un
maître-coq qui veut faire croire qu'il ne
goûte pas aux plats qu'il confectionne!
Vous ai-je dit qu'il y avait, dans la
cabine du prisonnier, une toilette avec
un broc en zinc et une cuvette? Le
lit, en bois blanc, comprenait un som-
mier; un matelas, un traversin, un
oreiller et une couverture. Je dois ajou-
ter qu'au-dëssus de la toilette était une
glace avec cadre en pitchpin, et qu'une
lampe électrique éclairait la cabine. J'en-
tends bien que le public aurait peut-être
préféré avoir quelques renseignements
sur l'état d'âme de Dreyfus plutôt que
sur les meubles de sa chambre, mais les
meilleurs reporters du monde ne peu-
vent donner que ce qu'ils ont, et quand
l'information n'est pas précisément pal-
pitante, c'est bien le moins qu'elle soit
très abondante.
Les reporters ont donc fait tout leur
devoir, et il faut honorer en eux le cou-
rage malheureux. Ils n'auront pas perdu
leur temps, du reste on apprend tou-
jours quelque chose en voyageant. Ils
ont découvert, à un passage à niveau, un
homme qui n'avait jamais entendu parler
de l'affaire Dreyfus. Voilà celui qu'il eût
été intéressant d'interviewer; voilà l'exis-
tence qu'il aurait fallu nousdépeindre.EHe
n'est peut-être pas aussi exceptionnelle
qu'on le croit, et il y a,'dans ce simple
petit fait, une leçon pour tous les ora-
teurs, pour tous les publicistes qui,
constamment, font intervenir le pays
dans leurs discours et dans leurs écrits.
Le pays, il est, la plupart du temps, très
étranger 'à nos énjotiôns et h ij:os pas-
sions, et, dans les questions les plus
graves," il s'incarne dans ce paysan
qu| n'a riep lu, qui "n'a rien entendu,
et qui, sur le passage de Dreyfus, a deux
pas de la ville où doit se terminer ce
long drame, n'en continue pas moins sa
besogne routinière.
Et, à côté du paysan, regardez un
autre citoyen, tout aussi réussi dans son
genre c'est cet agent,de lassante qui, au
moment du débarquement, à Quiberon,
accourt sur le quai, avec son règlement
en main, et invoque s.olennelllement les
formalités administratives. Le Sfax ar-
rive des colonies il est donc soumis de
plein droit à la visite sanitaire. On de-
vrait même l'envoyer faire une petite
quarantaine dans un lazaret de la côte.
Ne faut-il pas, avant tout, observer
la forme ? On a eu toute sorte de
peines à faire comprendre à ce brave
homme que le moment était mal
choisi pour soulever de ces petites dif-
ficultés, et qu'on n'avait pas le temps
de s'arrêter à ses paperasses. Il a dû
croire, que c'était positivement la fin du
monde,et de cette tragédie dont il a eu un
acte sous les yeux, il ne restera dans son
esprit que cette infraction au règlement.
Question d'optique qui explique bien des
choses. Quelqu'un a dit « Les faits va-
rient suivant les yeux qui les regardent. »
La pensée est peut-être de Calino,; peut-
être aussi est-elle d'un philosophe.
Le Passant.
.AU JOUR LE JOUR
LE THÉATRE-GÉANT
DE
BOLOSSY KIRALFY
Paris va jouir d'un spectacle théâtral unique
au monde Bolossy Kiralfy est dans nos murs! l
Il y est même dans ses murs à lui, puisqu'un
Théâtre-Géant s'élève à la Porte-Maillot pour
jouer sa féerie monstre, l'Orient.
Le nom du génial imprésario est certaine-
ment connu de nos lecteurs. Artiste, dés l'en-
fance il courut le monde, de scène en scène,
de succès en succès. Directeur dé théâtre, il a
révolutionné l'Amérique et l'Angleterre par
des spectacles d'une. ampleur et .d'un éclat
inouïs, faisant manœuvrer dans des féeries
grandioses une armée d'artistes et de figu-
rants, de chevaux, d'éléphants, de chameaux,
de dromadaires, et des flottes véritables,
comme celle qu'on verra évoluer sur le bassin
du Théâtre-Géant, à la porte Maillot.
A New-York, Bolossy Kiralfy avait monté
d'abord la plupart des pièces françaises à
grand spectacle Patrie 1 le Tour du .Monde,
Michel Strogoff, etc., etc. Mais il se sentait à
rétroit dans le cadre de nos féeries du vieux
monde. Très érudit, très chercheur, passionné
pour les somptuosités défuntes des antiques
civilisations orientales, il entreprit de les res-
tituer dans des spectacles d'une exactitude
parfaite de décor et de mise en scène.
C'est ainsi qu'il donna le Roi Salomon, dont
le succès fut colossal. Les fêtes de la Cour de
la reine de Saba, reconstituées avec un scru-
puleux souci de la vérité historique (autant
qu'on en sache), et avec une pompé inimagi-
nable, mirent en émoi la Cinquième Avenue,
dont les quatre cents multimillionnaires n'a-
vaient pâs'méme rêvé de telles splendeurs.
Mais Bolossy Kiralfy a fait mieux encore. Il
nous apporte VOrient qui, déjà, dans une
forme moins aayjle et noias fastueuse, a été
représenté à Londres et à Bruxelles "avec/un
succès prodigieux.. J.
L'Orient que le grand imprésario va nèsm
montrer n'est pas l'Orient de nos jours, et c'est
pourquoi le cavalier de Pal, si fièrement campé
dans une des'affiches du Théâtre-Géant, est
revêtu d'une étrange armure moyennâgeuse.
C'est l'Orient des croisades, tumultueux, ter-
rible et splendide. De la Constantinople du
quinzième siècle, dans le dernier éclat de sa
splendeur -byzantine, l'action passe au mysté-
riéux royaume africain de Femirzah, dont
quelques ruines et quelques vieux manuscrits
attestent seuls encore l'antique grandeur. Elle
se termine dans le Londres si pittoresque
d'Henri V, le prince Hall de Shakespeare, au
milieu de réjouissances populaires et de cortè-
ges armoriés.
Pour loger cette féerie géante, un théâtre
géant le Théâtre-Géant Côlumbia a été
construit, sur les plans de l'émment architecte
M. Fouquiau, à la Porte-Maillot, couvrant un
terrain de 10,000 mètres La salle de spectacle
pourra contenir 6,000 spectateurs 1,500 ar-
tistès, hommes et femmes (et jolies femmes! 1
la fleur des corps de ballet d'Europe,)! figure-
ront dans la pièce, sans parler des figurants à
quatre pattes, qui ne ^ont pas petits person-
nages éléphants, chameaux, etc Et pour
ne rien dire de la flotte qui manceuvrera sur
un bassin de 1,000 mètres carrés.
Nous avons pu voir un instant le créateur
de ces merveilles, dans l'appartement modeste,
où, comme Lazare Carnot, il organise la vic-
toire. C'est au 40 de la rue des Mathurins, et
la porte en est plus assiégée que ne l'était
celle du 32, lorsque, il y a quelques jours, M.
Poincaré essayait de former un ministère.
Le célèbre imprésario doit toucher à la cin-
quantaine. On lui donnerait bien trente ans.
Plein d'activité et de flamme, une légère cal-
vitie est la seule concession qu'il ait faite au
temps. Entouré de régisseurs, de secrétaires,
de musiciens, d'électriciens, pressé par vingt
artistes en quête d'un engagement, il cause,
discute, dicte, signe, sous une pluie de. télé-
grammes, au bruit perpétuel de la sonnerie du
téléphone.
Je suis bien heureux, nous dit-il avec.une
expansion sincère, de me retrouver dans ce
Paris que j'aime tant, où j'ai eu mes premiers
succès d'artiste. Oui, j'ai joué à. l'ancien Vau-
deville de la place de la Bourse. J'ai joué à
Déjazet, dans le Dégel. Théophile Gautier
m'y remarqua et me signala, de sa plume d'or,
dans un de ses étincelants feuilletons du Mo-
niteur universel. Ce fut une des grandes. joies
de ma carrière d'artiste.
> Depuis, dans ma carrière d'imprésario,
aux Etats-Unis, en Angleterre, je n'ai jamais
cessé d'avoir les yeux sur Paris, de suivre vo-
tre mouvement littéraire et dramatique, si in-
téressant de venir chaque année me retrem-
per quelques jours dans cette .vibrant» atmos-
phère parisienne, «nique au monde. Je puis
dire que je n'ai pas cesfléi:d:-à-VpiF un jjied et un
œil sur le Boulevard. Et mon rêve a toujours
été d'obtenir pour mon œuvré' la consécration
de Paris.
» M'y voici, enfin, plein de joie et de con-
fiance. Vous le savez, j'ai voulu -ouvrir mon
théâtre avant l'Exposition, dès' cette année,
dès ce mois-ci," afin d'avoir d abord les applau-
dissements de Paris tout' seul, avant que le
monde entier vienne lui rendre visite. » ̃
J'ai. fait un tout de ces propos, pendant les-
quels le directeur du Théâtre-Géant s'est in*
terrompu vingt fois pour échanger quelques
mots, dans toutes les langues, avec la foule
qui le presse signer une lettre, répondre à
l'appel du téléphone, se lever brusquement
pour faire esquisser un pas aune danseuse, etc.
C'est l'activité faite homme 1
Son œuvre énorme en témoigne, d'ailleurs,
surabondamment. Poète, il invente l'action de
ses grandioses spectacles; érudit, il en re-
constitue le décor historique; metteur en scène,
il manœuvre sa troupe immense de 1,500 ar-
tistes, ses ballets colossaux de huit cents dan-
seuses, dirige toutes les répétitions, règle les
moindres détails, ardent, jeune, emporté par
la fièvre d'enthousiasme qui fait les grands ar-
tistes.
Cette consécration de gloire, qu'il vient de-
mander à Paris, Paris, prodigue de ses applau-
dissements à qui lui apporte une sensation
d'art nouvelle, ne la marchandera pas au Roi
des imprésarios il fera, sans le moindre doute,,
au Théâtre-Géant un gigantesque succès,
Georges de Céli.
Échos
"̃̃ La Température
La. situation reste très mauvaise; de gros
temps sévissent sur nos côtes de la Manche
et de l'Océan où la mer est agitée et houleuse;
de fortes pluies sont signalées en France un
peu partout. Dans nos régions du Nord, la
baisse de la température continue. Hier, à
Paris, le thermomètre indiquait 16° au-dessus
le matin à huit heures, et. 20° dans l'après-
midi on notait 260 à Alger. En France, les
averses restent toujours probables avec temps
frais. Le soir, le baromètre était, à 755mm,
après avoir indiqué 754mm dans la matinée.
Dieppe. Thermomètre 160, Mer forte.
Temps couvert.
_~roe"_
Les Courses
A deux heures, Courses à Vincennes.
Gagnants de Robert Miïlon:
Prix de la Reine Bonnet Vert.
Prix, de la Demi-Lune Lucetta.
Prix de Sceaux Nissan.
Prix des Capucines: Général Albert.
Prix du Belvédère Mylord.
Prix de Bicêtre Brigantine.
A DES CONFRÈRES SACRES
Les reporters présents à Rennes se
sont tous extasiés sur l'habileté des me-
sures prises par l'administration pour
soustraire à leur curiosité, et surtout à
l'attention du public, l'arrivée de Drey-
fus. On à réussi à épargner à Dreyfus
les cris de mort qui l'auraient accueilli,
et peut-être une agression, une bagarïe
dont il ne fût pas sorti vivant.
Je crois que les reporters exagèrent.
Je crois que ta population de Rennes
éveillée eût laissé passer le prisonnier au
milieu d'elle en gardant le silenoei Je ne,
puis me faire à l'idée d'appartenir à la
même nationalité que des hommes capa-
bles d'insulter un malheureux que la
Cour de cassation, à l'unanimité, de ses
membres, présume innocent, puisqu'elle
te renvoie devant un Conseil de) guerre,
après; avoir attribué à un autre la pièce
unique sur laquelle il a été condamné.
Le fait seul que de pareilles précau-
tions aient pu,' aient dû être prises in-
dique à quelle aberration morale, à quelle
dégénérescence intellectuelle une partie
de jour en jour plus restreinte des Fran-
çais est descendue, sous l'influence de
iquelques journaux.
Jamais la profession que j'exerce avec
amour depuis trente ans ne m'a paru
plus avilie qu'en ces jours tristes, et je
cherche de tous les côtés les moyens de
la relever, Aussi ne saurait-on s'étonner
que j'aie pensé à adjurer quelques confrè-
res en J--C- qui sont entrés dans notre
métier depuis peu, sous la bannière du
Christ, et qui aujourd'hui couvrent la
France entière du réseau de leurs publi-
cations. Il s'agit des Pères Assomption-
nistes, et de leurs Croix.
Mes Pères,' leur dirais-je volontiers,
comme vous devez souffrir en ce mo-
ment en constatant qu'il reste parmi
nous tant de chrétiens qui sont contre la
'justice, et tant de chrétiennes qui sont
contre la' charité I Vous vous êtes faits
journalistes. Vous avez mis la main sur
cet outil moderne qui s'appelle la presse,
et vous avez démontré une fois de plus
combien est puissant l'esprit d'associa-
tion, puisque vous avez péché plus de lec-
teurs que les disciples ne péchèrent de
poissons lors de la pêche miraculeuse.
Celà/mës Pères, constitue entre vos
mains. une très grande force. Mais votre
succès vous impose une très grande res-
ponsabilité. Carvq,us êtes responsables et,
comme vous croyez en Dieu, vous êtes
responsables devant lui. C'est à vous
qu'il demanderait forcément compte des
égarements de l'opinion, si vous n'arri-
viez pas à. les corriger, en négligeant de
les combattre.
Pe^isez-yous à ce qu'il vous reproche-
rait, au jour du dernier jugement,' "si,
tenant en main les esprits des simples,
vous aviez fait répéter à ce peuple chré-
tienne blasphème juif qui fut cause de la
mort du, Christ- Il est opportun qu'un
seul homme meure pour le salut du peu-
ple ? Penaezrvous duquel air irrité il vous
verrait .arriver dan,s la vallée deJosaphat,
£ mes Pères si vous collaboriez -avec
cette hor
cule chrétienne laissée sur nos âmes par
dix-neuf siècles de civilisation?
ËUë est si éraiUée déjà cette pellicule
Op. "combien nous avons besoin d'une
nouvelle couche de christianisme sur nos
férocités païennes qui reparaissent Cette
couche, c'est à vous de nous la donner.
Enseignez, donc à vos lecteurs. la ..man-
suétude,' la. douceur, la pitié, la charitô,.le
« Rendes à César » que -le grand Pape
Léon XIII commente si souvent à. notre
intention. Rédacteurs des Çtvix, Phres
journalistes, Pères Assomptionnis.tes, ne
nous précipitez^ ,pas dans lès térièbres
inférieures, ou il n'y a que des pleurs
et des grincements de dents J. Con-
nély..
A Travers Paris
Le prince de Monaco a adressé à
Mme Dreyfus la lettre suivante
« Madame,
» Vous avez défendu l'honneur de votre
mari avec une vaillance admirable, et la
justice triomphante vous apporte une
réparation due.
» Pour aider les honnêtes gens à vous
faire oublier tant de douleurs et tant de
souffrances, j'invite votre mari à venir
chez moi, au château de Marchais, dès
que l'œuvre sainte de la justice sera
accomplie.
» La présence d'un martyr, vers qui
la conscience de l'humanité tournait son
angoisse, honorera ma maison.
» Parmi les sympathies qui vont à
vous; madame, il n'y en a pas de plus
sincère ni de plus respectueuse que la
mienne.
» Albert, prince de Monaco. »
̃̃̃
Le château de Marchais, résidence
d'automne du prince de Monaco, est dans
le diépartement de l'Aisne, à vingt kilo-
mètres de Laon.
cr
La garden-pàrty de l'Elysée a été, hier,
très, brillante; commencée à trois heures,
elle ne s'est terminée' qu'après sept heu-
res.
Le Président de la République et Mme
Emile Loubet ont reçu d'abord leurs in-
vités, à l'entrée des salons, pendant
quelque temps, puis ils se sont rendus
dans le magnifique jardin du palais, tan-
dis que le bal s'ouvrait dans la grande
salle construite à cet'effet pendant la pré-
sidence de M. Carnot, et qui ne fut ja-
mais plus brillamment ni plus gracieu-
sement utilisée.
Plusieurs milliers de personnes appar-
tenant au monde diplomatique et officiel
et à la haute société parisienne avaient
tenu à se rendre' à la réception de M. le
Présidjent de lai République et de Mme
Emile Loubet,' qui ont été très touchés
de cette manifestation.
On a beaucoup remarqué, dans la
foule des jeunes filles, les élèves de Saint-
Denis, des Loges et d'Ecouen, qui parais-
saient enchantées de ce congé d'un ca-
ractère si nouveau pour elles.
Le ministère Waldeck-Rousseau ne
.compte que trois de ses membres décorés
de la Légion d'honneur: M. le général
de Galliffet, ministre de la guerre, est
grand-croix; M. Decrais, ministre des
colonies, est commandeur, et M. Del-
cassé, ministre des: affaires étrangères,
est:eh@Y»lier. • Y-
Le cabinet Dupuy a eu, au contraire,
un moment, cinq de ses membres déco-
rés de notre ordre national M. Krantz,
.•commandeur MM. de Freycinet, Guil-
lain et Paul Delombre, officiers, et M.
Delcassé, chevalier. C'était le cabinet
comptant le plus de ministres décorés.
A ce propos, se douterait-on que la
Chambre actuelle contient un grand
nombre de décorés de la Légion d'hon-
neur ? Il n'y.en a pas moins de quatre-
vingt-dix, dont cinq commandeurs, qua-
torze officiers, et soixante et onze cheva-
liers.
L'Institut se donne depuis quelque
temps la coquetterie des noces d'or.
C'est Chevreul qui mit à la mode ces
petites cérémonies que l'on voit avec
plaisir se renouveler presque chaque an-
née.
On fêtait, il y a deux ans, au palais
Mazarin, le cinquantenaire de l'élection
de M. Faye,- doyen de l'Institut, à l'Aca-
démie des sciences.
Cette année, ce sont les noces d'or de
M. Ravaisson-Mollien avec l'Académie
des inscriptions et belles-lettres que l'on
célébrera son collègue de l'Académie
des beaux-arts, M. Chaplain, vient de
graver à cette intention un portrait de
lui qui lui sera offert en médaille.
L'année prochaine on fêtera les noces
d'or de M. Wallon, secrétaire perpétuel
de l'Académie des inscriptions et belles-
lettres depuis 1873, élu membre de cette
Compagnie en 1850, en attendant celles
de M. Legouvé, doyen de l'Académie
française, élu en 1855, et de M. Hermite,
membre depuis 1856 de l'Académie des
sciences.
M. Fallières, président du Sénat, a reçu
hier la visite de MM. Roujon, Bouvard
et Charles Normand, président de la So-
ciété des Amis des monuments parisiens,
qui lui ont remis une pétition dont voici
le texte
La Société des Amis des monuments pari-
siens exprime le vœu de ne pas laisser porter
atteinte à l'aspect des abords du palais du
Luxembourg; justement émue des dancers
dont le menace la construction projetée d'un
bâtiment de rapport, elle pense que l'éléva-
tion de ce bâtimentaurait certainement pour
résultat de masquer de façon déplorable la
façade d'un'des plus beaux monuments de
Paris, de donner a cette, extrémité de la "rue
de Tournon un aspect des plus fâcheux, enfin
de provoquer des difficultés de circulation en
cet endroit dangereux.
M. Fallières a répondu qu'il félicitait la
Société de son heureuse initiative; puis
quelques observations ont été échangées
avec MM. Roujon et Bouvard.
M. Charles Normand a fait connaître
que d'autres démarches seraient faites;
il a insisté sur l'urgence de la question,
car chaque jour de retard peut entraîner
à des frais supplémentaires.
Les pompiers de Paris ont fait hier
une première sortie d'essai avec une vof-
ture automobile construite dans leurs
ateliers d'après les indications du colonel
Krebs.'
Un break, rouge, de forme analogue
aux voitures servant au transport du
matériel des incendies et monté par six
hommes, a parcouru le quai de l'Arche-
vêché, la rue de la Colombe, la rue d'Ar-
cole, la place du Parvis-Notre-Dame.
L'automobile des pompiers s'est com-
portera à merveille et sa vitesse fait bien
augurer de la rapidité du futur ser-
vice d'incendie, auquel pourtant on
n'avait rien à reprocher. Un officier de
la caserne du boulevard du Palais, où est
remisée cette automobile, nous assurait
qu'avec le nouveau matériel sans che-
vaux, à la formation duquel on travaille
très activement, ce service gagnerait le
double du temps qu'il lui faut actuelle-
ment pour assurer les secours.
Paris sera la première ville dotée d'un
matériel d'incendie automobile, et, si tout
va bien, on en pourrait faire l'essai pra-
tique, dans une certaine mesure, dès
l'année prochaine.
Quelques pensées
Dans toute ma vie déjà longue, j'ai
connu seulement un homme qui ne s'é-
tait brouillé avec personne.
Quel était ce phénomène?
Un homme sans illusions. On ne
l'avait jamais déçu.
•
L'esprit est, ou il n'est point; mais il ne
veut d'aucune épithète.
On dit cependant le faux esprit.
Eh bien, ce. qu'on appelle esprit
faux, c'est encore la sottise, mal dési-
gnée.
:jf>
Les personnes incapables de vivre sans
un continuel..entourage sont justement
celles qui disent le plus volontiers du
mal des autres.
Nous avons le plaisir d'annoncer à. nos
lecteurs qu'en raison de l'affluence
croissante des curieux, l'Exposition pho-
tographique de M. Hanriau, dont Emile
Gautier a dit ici tout le bien qu'il faut
dire, va être prolongée jusqu'au 15 juillet.
M. Hanriau doit à l'obligeance de la
Bioffraph Company, qui lui a gracieuse-
ment communiqué ses clichés, d'avoir
pu reproduire le portrait de S. S. le Sou-
verain Pontife Léon XIII, « cinématogra-
phié » dans les jardins du Vatican. Grâce
aux incomparables qualités de ses pa-
piers au platine, M. Hanriau a pu obte-
nir un merveilleux agrandissement qui
sera exposé, dès aujourd'hui lundi, dans
la Salle du Figaro.
Nouvelles a' la Main
A Brest.
Désolé de n'avoir pu utiliser ses pla-
ques sensibles, un photographe se rési-
gne à prendre quelques vues de l'Océan.
Au moment d/çaér-er»- il adresse aux
flots démontés, aux vagues énormes et t
furieuses, le sacramentel:
Ne bougeons plus
-:tt CI 0
L'art d'éviter les répétitions de mots.
Rendant compte de l'inauguration par
M. Baudin, hier, du chemin de fer du.
Mont-Dore, un reporter a télégraphié à
son journal:
« En arrivant à Laqueuille, le ministre
a été enchanté de celui qu'on lui a
fait. »
Le Masque de Fer.
tt:n-:ej
Visite à bord du «Sfas»
(Par dépêche de notre, correspondant particulier)
Brest,2juillet.
Enfin nous voici à bord du légendaire
vaisseau. Il est neuf heures du matin.
La rade est superbe, sous un clair soleil
dont l'ardeur est atténuée par une brise
très vive qui souffle du large.
Il fait un peu moins chaud ici qu'à
la Guyane,. nous dit le lieutenant de
vaisseau Roque qui nous reçoit à la
coupée et se met immédiatement à notre
disposition pour nous fournir tous les
renseignements désirables.
A ce moment, l'équipage est occupé au
nettoyage du navire; l'eau coule de toutes
parts, les cuivres des canons reluisent
sous un astiquage énergique; les com-
mandements et les coups de sifflet reten-
tissent, même on tire le canon. C'est ` `
l'amiral Barrera qui passe tout à côté de
nous avec le commandant du Sfax. Leur
chaloupe se dirige vers le Borda où doit
avoir lieu une inspection.
Et tout aussitôt voici l'excellent lieute-.
nant de vaisseau Roque assailli de ques-
tions. Il nous montre tout d'abord l'es-
pace qui était réservé à Dreyfus pour ses
promenades quotidiennes, espace situé à
bâbord, entre la coupée et la passerelle
du commandant. ̃
II se promenait là tous les jours,
nous dit-il. Il avait devant et derriè-
lui un factionnaire, de même qu'il y en
avait un aussi en permanence- devant la
porte de sa cabine. ~7
Nous demandons à voir la cabine la
voici..C'est la première à bâbord arrière
ce n'est pas une cabine bien luxueuse,
fous en verrez le détail plus loin. Elle
est occupée d'ordinaire par un maître de
manoeuvres. Pour voisin, Dreyfus avait
précisément le lieutenant de vaisseau
Roque, lequel prétend que Ton dormait
tranquillement dans la cabine d'à côté.
En face et plus au'fond, sur le même
côté, se trouvent les cabines du lieute-
nant de vaisseau Bihél, de l'enseigne de
vaisseau Crétin et Je poste des aspirants.
Devant la porte même sont couchées,
dans leurs supports, d'énormes torpilles;
puis des fusils et des sabres .partout. Ici
encore on nous affirme que durant la
traversée tout entière, Dreyfus n'a pas
prononcé une seule parole, qu'il s'est
bien porté et a semblé avoir une con-
fiance absolue dans le résultat du procès
de revision.
Je vous disais hier, d'après mon inter-
view par le hublot, que quand Dreyfus
avait besoin de quelque chose; il devait
écrire au capitaine en second du Sfax, i
M. le lieutenaoA de vaisseau Champanhac.
Seul, avec le médecin du bord, M.. °
Briend, cet officier voyait tous les jours
Dreyfus. Le lieutenant de vaisseau ._̃-
Châmpanhac nous montre l'une des de-
mandes écrites de Dreyfus dont voici le"
texte:
Le capitaine d'artillerie Alfred Dreyfus se-
rait reconnaissant au capitaine Champanhac
de mettre à sa disposition quelques livres de
marine et une carte de l'Atlantique. Que îes
soirées sont donc longues
Ce billet est écrit d'une écriture hardie.
A première vue, elle semble n'avoir au-
cune analogie avec celle du fac-similé du
bordereau.
M. Champanhac paraît s'étonner de la
curiosité si vive qut a précédé en'France
l'arrivée du Sfax. Il déclare que, en co
qui le concerne, il afait tout son possible
pour que Dreyfus soit traité avec huma-
nité durant tout le voyage. Il reconnaît
aussi que, depuis le commencement, le
ministrede la marine a fait; lui aussi, tout
son possible pour dépister non seule-
ment la presse, mais le, public tout en-
tier. C'est le jeudi soir, à trois heures de
l'après-midi, comme le Figaro l'avait
appris d'ailleurs, que le Sfax arriva en
vue de Lorient, puis de Quiberon. A ce
moment, il fut accosté par le station-
naire Caudan, du port de Lorient, qui lui
portait l'ordre de rester au large jus-
qu'au lendemain vendredi, à neuf heures
du soir. Depuis la relâche du cap Saint-
Vincent, où l'on était resté deux jours,
on savait que le lieu d'atterrissage était
Quiberon, mais l'heure fixée pour le dé-
barquement était ignorée.
Pendant que les officiers fournissent
ainsi réponse à tout ce qui leur est de-
mandé, je m'abouche. avec quelques .<
hommes de l'équipage! Par eux j'ap-
prends quelques petits détails ignorés.
Par exemple Dreyfus se faisait raser
chaque matin, Dreyfus écrivait, lisait et
dessinait tout en fumant des cigares et
des cigarettes faites à la main, il man-
geait des viandes,, des légumes de
conserve, le, tout avec grand appétit, ce
qui le faisait engraisser à vue d'œil. Il
avait le mal de mer de temps en temps,
mais, à part ça, ne paraissait en proie
à aucune souffrance physique. |:
Quand il se promenait sur le ponf.1'
me dit un chauffeur, il allait d'un pas
décidé, les mains derrière le dos, suu-
riant quelquefois à ceux d'entre nous
qui le regardaient fixement. >
Votre opinion est-elle qu'il est cou-
pable, qu'il est capable d'avoir trahi ? `?
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